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« Très bien, je vous ferai des propositions pour que ça colle avec vos envies. J'ai déjà plusieurs idées en tête. Je devrais pouvoir vous faire ça, sous une semaine ? On a un peu de temps devant nous mais je préfère anticiper et puis ça vous laisse tout le temps d'en rediscuter avec votre fiancé entre temps. » Tout ce que je suis capable de faire est agiter la tête. Pour une femme capable de négocier des contrats et poser sur la table ce qu’elle veut sans en démordre à moins d’obtenir quelque chose de satisfaisant, autant dire que là je suis bien sage. Cela dit vie privée et vie professionnelle ne sont pas la même chose. Je ne suis pas la même personne dans l’une et dans l’autre, toutes les personnes me connaissant un tant soit peu le savent. Je peux être un requin dans le milieu du sport et un petit chaton le reste du temps – avec des griffes tout de même. Mon mariage m’angoisse. Contrairement à Tommy c’est mon premier et je n’ai pas la moindre idée de tout ce à quoi je dois penser. Soulagée que l’une de mes meilleures amies à New York s’occupe de ma robe et que le lieu soit à peu près fixé, ma tête va tout de même exploser rien que de penser à tout ce qu’il faut encore faire. « Ça devrait être bon, de toute manière je reviendrai vers vous une fois que j’en aurais parlé avec lui. J’aime assez l’anticipation aussi. » Répliquai-je, un large sourire aux lèvres. L’organisation c’est mon dada, j’aime le fait que Lara le soit également, ça me donne toute confiance en elle. Non pas que je doutais de ses capacités, elle m’a été recommandée par une personne de confiance, mais j’aime me faire une idée par moi-même. Mon angoisse confiée à la jeune femme, elle ne tarde toutefois pas à me rassurer en me répondant : « Ne vous en faites pas, je suis là avant tout pour vous simplifier la vie. Il y a beaucoup de choses auxquelles penser mais je suis là pour vous aider, notamment avec la paperasse. Mais si vous voulez on peut fixer un rendez-vous la semaine prochaine, si vous et votre fiancé êtes disponibles ? Comme je vous disais j’aurais déjà fait quelques ébauches notamment pour le lieu de réception et le thème. Ensuite viendront tout ce qui concerne la décoration, le menu, les invités et le costume de Monsieur également. » Encore une fois, je secoue la tête pour lui faire comprendre que je comprends tout ce qu’elle me dit. Légèrement rassurée, je souffle doucement et cesse de jouer avec mes mains, ce dont je viens tout juste de me rendre compte. « Je pourrais voir ça une fois rentrée, puisque je gère un peu son emploi du temps je serais plus à même de vous dire quand ça sera bon. Tout en m’assurant que ça va de son côté. » Confirmé-je pendant qu’elle attrape plusieurs brochures qu’elle tend devant moi. Ces dernières dans mes mains, je les feuillette rapidement avec un sourire. « Tenez, si vous souhaitez jeter un œil avec votre fiancé et puis on pourra voir ça plus en détails. Mais ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer. Je sais que ça fait beaucoup de choses à penser d’un coup mais je suis là pour ça. », « Merci ! » Dis-je avec franchise. Puis, ne sachant pas trop ce qui doit désormais se passer, je pince mes lèvres et ose demander : « Donc c’est tout ce qu’il fallait pour ce premier rendez-vous et nous parlerons du reste avec Tommy ? » Elle affirme d’un mouvement de la tête et j’en fais de même. « Génial ! Dans ce cas, je reviens vers vous aussi vite que possible ! » Toutes les deux debout, je serre sa main en la remerciant une énième fois alors qu’elle me guide vers la porte de son bureau. Paroles d’usage échangées, je salue également sa secrétaire sur le chemin de la sortie et me sens nettement plus légère en regagnant ma voiture.

« Non, t’as fait ce qui était le mieux pour toi. » Les dents serrées, je préfère ne rien rajouter à ça. Sans doute a-t-elle raison : j’ai fait ce qu’il y avait de mieux pour moi. Je ne lui ai jamais dit la vérité sur ma famille, sur moi. J’ai décidé pour elle, je l’ai éloigné pour la protéger mais aussi pour me protéger. Parce que je savais et que je sais encore que j’aurais souffert si quelque chose lui était arrivé et, bien sûr, je suis persuadé qu’elle aurait été blessée et j’aurais fait une connerie. Oh oui, j’aurais fait une sacrée grosse connerie si la moindre chose lui était arrivée. En ça Kalia a raison : j’ai fait ça pour moi. C’était aussi pour elle, bien sûr, mais c’était avant tout pour moi. Qu’est-ce que je peux répondre à ça ? Je pourrais lui donner raison, nous le savons tous les deux mais mon silence est assez éloquent comme ça. Tout va trop vite. A l’instant où Naël trottine dans ma direction, tout vol en éclats. Je sais pourquoi parce que je sais ce qu’elle s’imagine qu’après elle j’ai trouvé une bonne petite femme que j’ai épousé et à qui j’ai fait un enfant. Elle ne pourrait pas plus se tromper. Jamais je n’ai refais ma vie. Je couche à droite et à gauche, prends mon pied pour oublier le vide que j’ai en moi depuis que je l’ai laissé partir. Mais je n’ai pas refait ma vie. Même en le sachant je n’arrive pas à m’exprimer. Il est loin le Shiloh Falcone sûr de lui que rien ne peut démonter. Rien ni personne. Hormis elle. En voyant son visage se décomposer lorsqu’elle réalise que Naël est mon enfant, je ne parviens pas à aligner deux mots. Mon esprit refuse de créer des phrases cohérentes et j’agis comme un adolescent pré-pubère devant son crush du moment. La seule chose que je parviens à lui dire c’est que je suis désolé. Evidemment je ne développe pas plus que ça. Son regard me donne un coup de couteau dans le cœur. J’avale ma salive avec difficulté et mords l’intérieur de ma joue avant de sortir une connerie. « Il est trop tard pour être désolé » Contact visuel brisé, je décide de ne pas la retenir, ça n’apportera rien de bon que ça soit pour elle ou même pour moi. Je dois la laisser dans mon passé, c’est ce qu’il y a de mieux pour nous deux. Je me décale donc pour la laisser passer mais ne bouge pas lorsqu’elle s’éloigne. Naël continu de tapoter dans ses mains en toute innocence alors que son père regarde une fois de plus la seule femme qu’il a aimé s’éloigner sans la retenir.

Bordel de putain de merde ! Si mon souffle n'était pas aussi court et mon corps tendu à l'extrême c'est ce que j'aurais dit sans même avoir besoin d'y réfléchir. Mes muscles me font mal comme jamais et mon myocarde bat à tout rompre dans ma poitrine. Je meurs de chaud et je suis en sueur. Mais, bon sang, je suis réellement sur un petit nuage. Heureuse de retrouver Will, de le retrouver complètement, mon sourire n'arrive plus à quitter mes lèvres. Maintenant que le blocage est effacé – j'ignore si ça durera une fois sortis d'ici – je me fous de savoir qu'on nous regarde, que des personnes prennent leur pied à nous observer. Je ne pense qu'à nous deux, à ce que nous retrouvons enfin. Je ne pense qu'à ses yeux plein de désir et ce sourire satisfait qu'il affiche sans gêne. Je me focalise sur ses caresses et sur les réactions que ça provoquent dans tout mon corps. Ses baisers sur ma peau brûlante me manquaient. Qu'importe si je parvenais à le satisfaire jusqu'à présent, il est clair que ça n'a rien à voir avec ce que nous éprouvons ce soir. Nouvel orgasme atteint, je le laisse se redresser sans pour autant bouger. Je suis très bien là où je suis, contre mon petit ami, son corps collé au mien, à reprendre mon souffle. Ce n'est pas terminé, nous le savons tous les deux. Je le sens encore en moi, bien au chaud mais surtout excité malgré la puissance de son dernier orgasme. Flattée, je bouge très lentement au point de sentir une vague d'électricité se propager partout en moi. « J'suis accro à toi, j'y peux rien, t'es ma drogue. » Immédiatement je redresse la tête de sorte à croiser son regard. Je m'y plonge quelques secondes mais ses lèvres s'abattent sur les miennes sans crier gare. J'y réponds avec autant de fureur et autant d'amour. Mes bras noués autour de son cou, il saisit mes hanches et m'oblige à aller plus vite. J'en viens à ne plus respirer convenablement bien que ma bouche reste à quelques millimètres de la sienne. Mes ongles s'enfoncent dans la peau de son dos et le griffent sans que je parvienne à me contrôler. Par moment je parviens à l'embrasser mais jamais trop longtemps, mes gémissements prenant le dessus sur le reste. Son bassin vient plus vite et plus profondément à la rencontre du mien et malgré les vagues de plaisir, je garde mon regard ancré dans le sien, mon front posé contre le sien. Il nous faut à peine quelques minutes pour être submergés par un plaisir intense qui nous fait crier en parfaite synchronisation. « Je vais pas marcher droit demain. » Plaisanté-je en embrassant ses lèvres puis sa mâchoire. « Je t'aime. » Soufflé-je à son oreille en le forçant à retomber sur le lit. Je me laisse glisser sur le côté, en sueur mais heureuse. Peu importe si nous allons devoir prendre quelques minutes pour récupérer, cette chambre nous l'avons payé, je compte bien reprendre mon souffle et à mes esprits avant de sortir d'ici.

Je doute qu’il avait prévu que notre soirée soit une telle catastrophe. Personne n’aurait pu le voir venir, pas même moi qui pensais m'habituer à mes sauts d’humeur. Je ne contrôle plus rien et ça ne me plaît pas. J’ai pris l'habitude de tout diriger dans ma vie depuis aussi loin que remonte ma mémoire. Je déteste laisser de la place à l'incertitude et ce soir j’ai été dévorée par celle-ci. Nous accumulons les disputes et je n’ai pas la moindre idée de vers où nous nous dirigeons mais par moment j’ai l’impression que c’est droit dans le mur. Tout est allé si vite entre nous que nous n’avons pas eu le temps de planifier. Le bébé a tout bousculé et je suis certaine que les choses auraient été différentes si je n'avais pas été enceinte. Sept mois que nous sommes ensemble. Sept mois et nous avons acheté notre maison en plus d'attendre notre premier enfant … Ça va trop vite. Malgré ça je sais que mes sentiments pour lui sont sincères. Je l’aime vraiment, sans doute parce que nous étions amis avant d’être amants, mais je n'en doute pas. Nous retrouver à la maison me permet de tenter de retrouver un semblant de contrôle. Au moins ici je n’ai pas à me donner en spectacle. Je peux réfléchir convenablement et ne pas laisser la panique m’envahir plus que ça n'est déjà le cas. Je tente de calmer les choses en parlant de nourriture, en plaisantant sur le sujet des sushis pour tenter de retrouver le sourire. « C'est vrai que ce serait une chose complètement horrible à faire. Heureusement pour toi, je ne compte pas manger des sushis. Surtout que la pizza me tente tout autant. » Dit-il en cherchant déjà notre pizza sur l’application de son téléphone. Je suis prête à tout manger de toute manière, je ne suis pas difficile. Et manger me fera du bien. Manger me fait toujours du bien. Oui, pour moi manger c’est la vie. « Prends-en deux ! » Lancé-je en regardant son écran dont les photos de pizza me font saliver. « Celle au chèvre et miel s’il te plaît. » Je mordille ma lèvre en imaginant déjà le goût merveilleux de cette pizza pour me concentrer ensuite que le sérieux de notre conversation. « Je ne saurais même pas par où commencer.. Et j’ai toujours été confiant par rapport à mon charme ou avec les femmes, mais là-dessus, y a toujours la voix de mon père qui me revient en tête. Je sais que c’est con, je n’ai juste pas envie de décevoir personne.. surtout pas toi. » J’embrasse le creux de sa main posée sur ma joue et lui souris avec tendresse. « Ton père on l'emmerde. » Répliqué-je avec sincérité. « Prends-le temps d’y réfléchir, t'es pas pressé. Mais ça peut être une piste. Quoi que tu décides je te soutiendrai toujours. » Pas seulement parce que lui ne cesse de me soutenir mais bien parce que je tiens à lui et que je veux aussi pouvoir veiller sur lui.

« Et une mère parfaite » Je frissonne. Je frissonne sérieusement en l'entendant m'appeler ainsi. Être mère est un rêve et un cauchemar à la fois et maintenant que ce rêve-cauchemar devient une réalité je suis partagée entre l'excitation d'avoir un enfant et la peur d'échouer dans ce rôle. Tommy sera à mes côtés, je ne serais jamais seule, ce qui ne veut pas dire que je suis totalement rassurée. Cela dit, je n'ai pas l'occasion d'y penser plus longtemps que ma main est guidée par celle de mon fiancé droit vers son membre particulièrement dur. Nouveau frisson mais pour une toute autre raison cette fois. Je me laisse tenter. Je m'autorise à lui donner du plaisir même si j'aurais préféré le faire autrement. C'est mieux que rien et il n'y a que lui qui importe, lui et mon envie de l'aider à se détendre. Alors ma main monte et descend le long de sa virilité, provoque immédiatement un grognement de plaisir ainsi qu'une difficulté à respirer. Mon geste s'arrête. Mes sourcils se froncent, inquiète de le voir peiner à respirer. « Continue bébé, pitié, j’en ai besoin » J'hésite encore, sa main revient sur la mienne, m'oblige à reprendre ce que je faisais, ses yeux suppliants posés sur moi. « J’ai …besoin …de perdre pied. » J'ignore si c'est une bonne chose seulement je n'arrive pas à aller contre sa demande. De bas en haut, ma main monte. Elle accélère lorsque je le sens se tendre bien que toujours attentive à sa respiration saccadée. Son orgasme arrive plus vite que je ne l'aurais imaginé, des jours d'attente, des jours de torture qui jouent contre lui. Sa semence se répand dans ma main et sur lui alors qu'il tremble et que je continue jusqu'à être certaine qu'il est apaisé. Mais je reste inquiète. Malgré son masque, je vois à quel point il a du mal à respirer et je m'en veux presque de m'être installée sur lui et d'avoir joué avec le feu. « Je t’aime tellement bébé. Merci. » Me dit-il après m'avoir embrassé avec passion malgré sa respiration laborieuse. Redescendue, j'attrape de quoi m'essuyer la main et de quoi le nettoyer. Papiers jetées, je retourne vers lui prête à m'allonger en veillant à ne pas lui faire de mal. « Jess, si c’est une fille » Surprise par sa phrase, encore redressée, je pose sur lui un regard plein d'incompréhension. « Je sais que tu n’aimes pas ton deuxième prénom. Mais … cet enfant sera la plus belle chose de toi. Je veux que tu penses à notre enfant quand tu penseras à Jessamine, non pas à cette raison qui te le fait détester. Elle sera parfaite, comme toi. » Les larmes me montent aux yeux. Je me laisse retomber contre le lit et contre lui, le visage enfoui dans son cou que j'embrasse. « Je ne sais pas ce que je ferais sans toi. Je sais que ça me donne l'image de la fille complètement dépendante mais ça me va très bien parce que je me fous de l'avis des autres du moment que je t'ai toi. » Paupières fermées, je prends sa main et la porte à mes lèvres. « On l’appellera Jess si c'est une fille, je te le promets. Et elle sera parfaite parce que ça sera notre fille. Elle sera parfaite parce que je t'aime et que nos enfants en seront la preuve. » Sans lâcher sa main, je la porte à mon ventre et embrasse de nouveau son cou. « Dors maintenant, tu en as besoin. Je reste là, je te laisse pas. »

« Y a quelque chose qui ne va pas ? » Qu'est-ce qui va ? Ce serait la bonne question à poser. Mes hormones me jouent des tours sans arrêt, je suis fatiguée, mes nausées vont et viennent comme bon leur semble, mon corps gonfle à vu d’œil et je suis incapable de prendre du plaisir avec mon petit ami ! Je sais que Will n'y est pour rien et moi non plus à vrai dire, ça ne dissipe pas ma frustration. Pas alors que nous avons été habitués à profiter pleinement l'un de l'autre avant que la grossesse ne soit à un stade aussi avancé. Maintenant … eh bien je me sens ridicule et loin d'être désirable. Une nouveauté que je n'apprécie pas du tout. Je n'ai jamais eu honte de mon corps jusqu'à être enceinte. J'ai toujours su avoir ce qu'il fallait là où il fallait. Fière de mes formes, je les ai utilisé à mon avantage même si, parfois, c'était pour oublier plus que pour prendre du plaisir. Mais ça je ne peux même pas le faire et Will en paye les frais. Je me déteste, ne me supporte plus pour cette raison. Les larmes me brûlent les yeux. Je fais tout mon possible pour les refouler alors que je me rhabille et alerte mon petit ami. Tu m'étonnes ! Lui qui était prêt à me faire atteindre l'extase, il se retrouve avec une folle furieuse qui fait tout pour fuir son regard. Je suis épuisée et encore loin de l'accouchement. Il me reste encore trop de mois avant de me sentir mieux et encore, je ne suis pas sûre que ça ira mieux tout de suite. Oh j'aime déjà notre enfant, ça ne veut pas dire que je supporte bien la grossesse. Rejointe par le brun, sa main passe sous mon menton et me force à lever les yeux vers lui. Son regard plein de tendresse et de compréhension me donne d'autant plus envie de pleurer. « Hey ... ma belle, je ne veux pas que tu t'excuses d'accord ? Ne t'en fais pas pour moi, ce n'est pas la faute de personne ... » Je renifle sans la moindre élégance et tente encore de fuir son regard, ce que Will ne me laisse pas faire. Mon visage capturé entre ses grandes mains – ses mains merveilleuses qui, habituellement, savent me faire grimper au rideau – il chasse les larmes que je n'ai pas su contenir. « Je ne vais jamais en avoir marre de toi tu comprends ? Et même si t'es carrément bandante et magnifique, notre relation n'est pas uniquement basée sur le sexe. Je suis fou amoureux de toi Em, ça ne changera jamais, promis. » C'est assez pour que le barrage cède. Je me mets à pleurer et me glisse dans ses bras, ignorant l'expression de son désir pour moi entre nous. Je suis fatiguée de tout ça. Fatiguée d'avoir l'impression d'être une déception. Fatiguée de ne pas être plus forte uniquement parce que mes hormones me jouent des tours. Fatiguée par ma frustration et celle qu'il va finir par éprouver. Mais je console dans ses bras. Je m'accroche à son amour et à l'assurance que tout finira par rentrer dans l'ordre. Il le faut !

Un vrai gamin ! En train de bouder dans mon coin dès qu’Oswald se met à rire, je me retiens de lui répliquer que si je veux Oliana aussi proche de moi c’est uniquement de sa faute. C’est elle qui a voulu jouer l’entremetteuse, qui nous a mis tous les deux dans cette situation, elle devrait comprendre que maintenant je n’ai pas du tout envie de voir la brune s’éloigner. Depuis Noël nous nous retrouvons plus que jamais. Cette seconde chance à laquelle je ne croyais plus semble enfin arriver et je me jette dessus de peur qu’elle ne me glisse entre les doigts. Je ne supporterai pas de la perdre une nouvelle fois, nous le savons l’un comme l’autre. Certains pourraient dire qu’il n’y a aucune raison mais Oliana et moi en connaissons au moins une. Celle que nous avons soigneusement évité pendant des années tout sachant qu’elle était là, silencieuse mais ravageuse. Son cœur pourrait lâcher définitivement. Il pourrait décider de me l’arracher sans crier gare. Lui mentir, la protéger de la douleur due à sa perte de mémoire, c’était pour préserver son cœur et la garder en vie. De l’égoïsme dont je ne peux pas totalement m’excuser. Je tiens trop à elle, l’aime beaucoup trop, pour accepter ce que je sais pourtant depuis des années. Alors cette chance qui s’offre à nous, je ne peux pas la laisser passer, y compris lorsqu’il s’agit seulement de l’avoir près de moi pour ma séance de rééducation. Oswald lui demande si elle accepte de m’aider et Oliana ne se fait pas prier. Face à elle, ses mains qui descendent le long de mon torse pour retrouver mes hanches me font frissonner. Il n’y aurait pas eu Garrett et Oswald, je n’aurais pas donné cher de notre résistance. Il me suffit de croiser son regard pour savoir qu’elle en a autant envie que moi. Parler d’un souvenir charnel n’a pas aidé et la bosse dans mon short de bain non plus. « Je suis droguée à la tienne. » Sourire au coin des lèvres, ces mots m’apaisent, me rassurent. J’aime le fait de la retrouver et de la voir laisser tomber ses barrières. J’adore que nous nous lancions une nouvelle fois dans notre relation. Un retour à zéro qui fera de notre histoire quelque chose de plus beau, je n’en doute pas. « Qu’est-ce que je dois faire ? » Patient, je lui explique les gestes qu’elle doit m’aider à effectuer. Il ne lui faut pas longtemps pour comprendre que je n’avais pas besoin d’elle – si elle ne l’avait pas encore réalisé. Le bas de mon dos me tire, comme mes hanches, je prends ça comme une preuve que ça travaille et tente de m’accrocher à l’idée que tout ce travail n’est pas inutile. Cela dit, je n’ai d’yeux que pour elle malgré l’automatisme de mes mouvements. « Je vais rêver de toi cette nuit. Comme à chaque nuit. » Me confie-t-elle, son visage niché dans mon cou, son souffle chaud me faisant frissonner autant que ce qu’elle vient de me dire. « Je n’ai jamais cessé de rêver de toi. » Admis-je à mon tour. Je ne cesserai jamais de le faire. Oliana est ma raison de vivre. Nous étions faits pour nous trouver et pour nous aimer. Je n’ai pas été certain de grand-chose dans ma vie, mais ça c’est une certitude qui ne quittera jamais.