25 MAI — Bordel de merde … Ma bouche s’ouvre face à ce désastre qui se joue sous mes yeux. J’ai assisté à pas mal d’incendies depuis que je suis ambulancière mais à chaque fois, ce type de feu me laisse sans voix. C’est à la fois impressionnant et monstrueusement inquiétant. Une bonne partie des pompiers de la ville et des comtés voisins tentent encore de maîtriser et d’arrêter l’incendie. D’autres essayent de calmer les dégâts ayant déjà touchés les infrastructures et ma caserne fait partie de ceux-là. Enfin ma caserne, celle de laquelle je dépends. Garde plus longues que d’habitude, si mes muscles commencent à me faire sentir que la fatigue est grande, je ne me démonte pas pour autant. Premiers sur les lieux d’un incendie s’étant déclaré aux alentours de six heures du matin, pompiers et secouristes se sont engouffrés à l’intérieur à la recherche des habitants qui n’auraient pas pu sortir à temps du bâtiment en flammes. Et moi je reste là, avec mon intérimaire Jerry, à regarder mes amis foncer droit vers le danger. On pourrait croire qu’à force je serais habituée, que l’inquiétude serait moins forte, ce n’est pas le cas. Ces pompiers sont ma seconde famille, à chaque fois qu’ils partent combattre les flammes ou qu’ils font des tentatives périlleuses pour sauver quelqu’un, j’ai peur. Avec un incendie aussi impressionnant que celui qui sévit dans le coin, je suis tendue à chaque intervention. Pourtant celle-ci ressemble à n’importe laquelle, ça ne change pas grand-chose. Encore moins lorsque j’entends le chef confirmer qu’une autre équipe ne serait pas trop demandée. Il faut à peine cinq minutes pour que de nouvelles sirènes s’approchent de là où nous nous trouvons. Et je les regarde qui s’affairent, écoutent les ordres de nos deux chefs avant de rejoindre les pompiers de la 48. C’est surtout là que je remarque Lory qui s’approche de nous, elle-même prête à entrer si on nous le demande. « Salut … » Je souffle en reportant mon regard sur l’immeuble. « J’ai entendu dire que vous étiez sur un incendie plutôt difficile avant de venir ici, tu tiens le choque ? » Parler c’est souvent le meilleur moyen que j’ai pour ne pas trop penser et faire taire mes craintes. Là autant dire que des craintes j’en ai pas mal.

@loryana falcone

feat. @Teddy Jorgensen   → Depuis maintenant plusieurs semaines Los Angeles est sous les flammes, comme souvent depuis plusieurs années, et je n’arrive toujours pas à m’habituer à tout ce qu’il s’y passe. J’avais presque oublié ce désastre lorsque j’avais quitté l’Amérique pour l’Afrique, mais la réalité m’avait frappé en pleine tête lorsque j’étais revenue à la caserne 51 fin du mois de Juin. Depuis ma reprise j’avais déjà été sur des incendies afin de porter notre aide aux victimes et bien que ça soit ma passion, celle d’aider les autres, il faut avouer que psychologiquement ça devient dur. Nous voyons des personnes souffrir mais également des victimes succomber à l’incendie...et je sais déjà qu’on va devoir prendre des rendez-vous chez une psy afin de se libérer de tout ce poids. Voir des personnes de son âge, ou plus jeune encore, fermer les yeux à tout jamais n’est pas anodin et à chaque nouvelle perte notre chagrin et notre colère augmente. Du fond de mon coeur j’espère que cet incendie va bientôt prendre fin car nous sommes déjà tous touché par cette catastrophe naturelle. Bref. J’ai pris mon service au début de la journée et très rapidement on a été appelé à rejoindre une autre caserne pour apporter notre aide sur un incendie. Encore un. Je ne compte même plus le nombre d’appels que nous avons eu de ce genre depuis mon retour. Ma nouvelle coéquipière n’est pas présente aujourd’hui puisqu’elle doit se rendre en formation quelques heures par mois, mais une autre ambulancière s’est jointe à moi pour la journée. J’ai à peine eu le temps de faire un topo sur la situation à ma collègue que nous étions déjà arrivées. L’ambulance enfin garée je sortais pour aller voir l’autre caserne et je souriais en voyant Teddy. Je ne l’avais pas vu depuis plusieurs mois, puisque j’avais quitté l’Amérique pendant 2mois et demi, et ça me faisait plaisir de la revoir même si j’aurai préféré que ça soit dans d’autres circonstances. « Salut. » Je laissais mon regard se poser sur l’immeuble avant de grimacer. « Oui on enchaîne les incendies depuis plusieurs jours donc physiquement ça devient difficile.. » Il n’y avait pas que les bons côtés, il fallait l’avouer mais il ce métier (ou devrais-je dire ma passion) me plaisait toujours autant. « Je tiens le coup car j’ai réussi à mettre mon cerveau sur pause le temps des interventions...et toi comment tu te sens ? » Oui c’était important de connaître l’état émotionnel de nos collègues afin de mieux gérer les crises durant les interventions. « Qu’est-ce qu’on a ici…? » Je n’avais pas eu un topo très complet venant de ma caserne donc j’espérais qu’elle puisse m’éclaircir un peu plus.

(+400 mots)
.

Nos gardes sont compliquées avec cet incendie majeur. Nous sommes loin de les enchaîner naturellement, une équipe après l’autre. Plus les pompiers sont nombreux sur le front et moins les flammes avancent. Ça veut malheureusement dire que nous fatiguons plus et que nous sommes plus sujets à faire des erreurs. Pour l’instant rien de grave n’a été à déplorer mais je reste méfiante, sur le qui-vive à vrai dire. Mais je ne suis pas étonnée de savoir que le centre a envoyé une autre équipe nous aider. Nous ne sommes pas des surhommes et j’admets m’inquiéter un peu pour les gars. Ils ont beau jouer les durs, assurer qu’ils vont bien, qu’ils préviendront si jamais ils ne se sentent plus en forme, je continue de douter. Je me détends néanmoins de voir la caserne 51 débarquer. Plus d’hommes c’est nous rassurer un peu plus … ou augmenter les pertes, mais ça je préfère ne pas y penser. Être positive, c’est le plus important dans ce genre de cas. Et la distraction ce n’est pas une mauvaise chose, c’est appréciable de revoir Loryana après tout ce temps, même si ça aurait pu être dans de meilleures circonstances. « Je vois ce que tu veux dire, je pense déjà à toutes ces heures de sommeil que je compte bien rattraper ensuite. » Parce que ça va s’arrêter, je ne vois pas d’autres issues à cette situation. Los Angeles et les alentours ne vont pas totalement partir en fumée, ça va se calmer … J’ignore seulement quand et quels seront les dégâts qui en découleront. « Je tiens le coup. J’ai pensé à sortir les pompons pour encourager l’équipe mais je me suis dit que ça serait déplacé. » Je tente de plaisanter avant de grimacer. « Comme tu peux le voir, j’ai besoin de repos mais ça va. » Je lui assure. Ça pourrait être pire de toute manière et nous pourrions même être dans cet immeuble, sous une chaleur insoutenable. « Ils sont au cinquième étage sans l’ombre d’une personne. Ils font le tour des étages pour s’assurer que c’est pareil avant d’arroser mais apparemment, ils ne sont pas assez pour tout faire avant … tu vois quoi. » Avant que la chaleur fasse que les plafonds vont s’effondrer et qu’il y aura des dégâts humains mais nous n’en arriverons pas là, certainement pas !

@loryana falcone

feat. @Teddy Jorgensen   → Depuis ce début d’année et mon divorce j’ai l’impression d’avancer au ralenti, je me suis encore plus donné pour ma caserne...ça me permet de penser à autre chose, d’éviter de laisser les souvenirs me percuter de plein fouet. Heureusement pour moi j’ai pu quitter l’Amérique durant 2 mois et demi afin de me ressourcer au Togo mais depuis mon retour ici j’ai l’impression de n’être que l’ombre de moi-même. Je dois être la seule à le ressentir car j’essaie de montrer à tout le monde que je vais bien. Sourire aux lèvres, j’amène toujours ma touche d’humour, je rigole..enfin je suis restée la même aux yeux de mon entourage mais je sais qu’une chose peut me trahir. Mon poids. J’ai perdu quelques kilos à force de travailler mais j’essaie de ne pas trop me focaliser sur ça. Aujourd’hui va être une rude journée et je le sais. Je donnerai toute ma force et mon énergie dans cet incendie, durant cette garde, car c’est mon rôle et je suis fière d’en être arrivée là. Bref assez pensée. Je me ressaisi pour me concentrer sur mon amie et j’hoche la tête pour valider ses dires. « On va en avoir besoin mais nos chefs de bataillon le savent. » Je ne connaissais pas intimement sa caserne mais à ses dires nos deux chefs étaient similaires et je ne doutais pas des jours de repos qu’ils nous donneront à la fin de cette catastrophe. Ils veulent notre bien-être et c’est assez rare de nos jours. « Tu risques de les déconcentrer surtout. » dis-je avant de rire. « Mais j’aurai aimé voir ça ! » Oui j’imaginais très bien Teddy en pompom girl devant ses bâtiments mais je n’étais pas sur que ça soit validé par ses collègues..cependant cette image me faisait du bien. « C’est le plus important, ne pas s’oublier malgré tout ce qui nous entoure. » Oui Lory tu devrais appliquer tes propres conseils. Notre métier n’était pas facile tous les jours et il fallait arriver à se ressourcer entre deux gardes afin de toujours être au mieux de notre forme mais surtout pour ne pas se bouffer le moral à cause de tout ce que nous voyons...le burn out, la seule chose qui pouvait me faire peur. Que ferais-je sans l’ambulance ? Pas grand-chose bien que j’ai d’autres idées en tête. Ambulancière est ma passion, mon rêve d’enfance. Je laissais mon regard se poser sur le bâtiment alors qu’on ressentait de plus en plus la chaleur des flammes et je grimaçais tout en hochant la tête. « Je vois, nos pompiers vont leur donner un coup de mains et il nous reste qu’à espérer qu’il n’y ait pas de victimes. » Oui c’était tout ce dont je souhaitais mais je me doutais qu’on allait devoir apporter notre aide pour des personnes ayant préférée rester chez eux au lieu de fuir les flammes...

(+400 mots)
.

J’adore mon métier, jamais je ne reviendrais là-dessus, ce qui ne veut pas dire que certaines gardes ne sont pas plus difficiles que d’autres. Malgré ça, je suis fière de ce que je fais et fière de mon parcours. En tant qu’ambulancière ce n’est pas bien difficile d’évoluer dans une caserne mais je sais être extrêmement chanceuse. A la 48 c’est ma seconde famille et je sais que je le dois à Abigael. Prenant petit à petit le rôle de second père, mon passé avec cette caserne explique probablement la raison pour laquelle j’y suis autant attachée. Surtout, ça explique mon inquiétude à chaque fois qu’ils rentrent dans un bâtiment en flammes et défient le danger pour sauver des gens. C’est un sentiment que je fais taire autant que possible mais avec les journées que nous venons d’enchaîner, il devient difficile de garder sans arrêt le sourire aux lèvres et prétendre aller bien. Mais ça me fait du bien de voir un autre visage familier et amical. « Ouais, du moment que la situation se calme … Finalement mes heures de sommeil manquées me semblent bien futiles à côté de tout ça. » Je fais un grand geste de la main pour englober le bâtiment en proie aux flammes bien que je fasse aussi référence à l’incendie qui ravage les alentours. « Une prochaine fois, sait-on jamais ! » Dis-je avec un sourire qui n’est pas forcé contrairement à ceux que j’offre pour rassurer tout le monde. « J’en serais bien capable en plus ! » Et bien sûr ça ferait jaser pendant un petit moment mais si ça peut remonter le moral des troupes pourquoi pas ? Parfois ce petit grain de folie que j’avais avant me manque, autant le laisser refaire surface. Topo rapidement fait, elle parle des pompiers qui apparaissent avec deux habitants n’ayant pas pu sortir avant que l’incendie ne prennent de l’ampleur. « Au boulot ! »  Dis-je en faisant signe à mon intérimaire de me suivre. Vérifier les voies respiratoires, s’assurer que la fumée n’a pas fait trop de dégâts, s’assurer qu’il n’y a pas de brûlures trop graves, c’est presque une habitude mais quand j’entends nos radios grésiller, je lève les yeux vers le bâtiment. On a un enfant inconscient, six ans tout au plus … Je frissonne et lance un regard à Lory. « Vous vous en chargé ? On finit avec ceux deux-là si tu veux ? » Demandé-je en voyant déjà l’un des gars de la 48 sortir avec le petit dans les bras.

@loryana falcone

feat. @Teddy Jorgensen   → Le fait que je sois revenue juste avant le départ des incendies me fait prendre conscience que j’ai pris la meilleure décision en quittant l’Afrique. Ma ville avait grandement besoin d’aide et je me devais de tout faire pour les sortir de cette catastrophe climatique...Ce n’était pas toujours facile mais j’étais fière de moi à chaque fois que je faisais le bien autour de moi. « Les feux sont un peu moins denses que la semaine dernière alors je garde espoir. » Nos pompiers, et autres pompiers de villes voisines, faisaient de leur mieux pour reculer les flammes et c’était grâce à eux si nous pouvions bientôt voir la fin de cette tragédie. « On évitera donc de parler de nos cernes. » dis-je avant de lâcher un petit rire nerveux. J’avais accumulé beaucoup de retard de sommeil depuis le début d’année mais surtout depuis que j’étais revenue à la caserne. Oui ça fait du bien de rigoler ensemble mais la réalité nous a très rapidement rattrapé puisque des victimes commencent à sortir des flammes...c’est à nous de jouer. Je regardais Teddy et son coéquipier prendre en charge deux personnes mais je ne m’approche pas trop car je sais que d’autres ne vont pas tarder à arriver puisque nous entendons les radios sonner. Je commence à expliquer deux trois petites choses à ma collègue du jour avant de tourner mon regard vers mon amie. « Oui on le prend en charge. » Les enfants. Je ne suis pas très à l’aise avec ce genre de soins car j’ai toujours peur qu’ils laissent la vie derrière eux...mais quelle joie quand ils reprennent conscience. Je prends le brancard avant d’aller vers les pompiers, j’écoute ce qu’ils ont à me dire puis on l’installe sur le brancard avant de faire quelques examens afin de savoir ce qu’il a vraiment. Cependant, malgré les médicaments il ne reprend pas conscience et il faut qu’on donne tout pour encourager à revenir parmi nous. Je prend un masque à oxygène avant de lui poser sur son visage afin d’espérer le voir bouger ne serait-ce d’un doigt. Je continue de le stimuler mais toujours pas de réponse de sa part...« On va devoir commencer à masser pour ne pas le perdre. » dis-je à ma collègue et sans plus attendre je place le brancard dans l’ambulance pour commencer à le masser. Je n’ai pas envie de laisser cette image aux personnes qui nous regarderaient, cela reste intime. Bref je commence à le masser tout en lui parlant pour l’inciter à revenir...

(+400 mots)
.

« C’est ce que j’ai entendu dire je ne sais plus quand … J’ai un peu perdu la notion du temps honnêtement. » Admis-je en faisant la grimace. Je ne saurais pas dire avec certitude le jour que nous sommes, c’est dire. La fatigue et les gardes cumulées en sont la cause bien que je ne voudrais être nulle part ailleurs. Aider les autres c’est ma vocation alors la date du calendrier ce n’est qu’un détail. En revanche, apprendre que les incendies se calment ça donne de l’espoir. Autant que les propos de Lory qui me font rire. « De toute manière souligner qu’une femme a des cernes se serait très mal vue. » Petit sourire amusé au coin des lèvres, je lui lance un regard entendu avant que les gars ne sortent du bâtiment et que ceux restés nous fassent une annonce qui me donne des sueurs froides. Je déteste lorsque les enfants sont blessés, mettre mes sentiments de côté, rester neutre, c’est quasiment impossible dans ce genre de cas. Je serais prête à m’en occuper mais je préfère voir avec Lory qui décide de le faire. Mon intérimaire et moi m’approchons des deux habitants, l’un s’installant sur le brancard, l’autre à l’arrière de l’ambulance. Je vérifie les voies aériennes et compagnie pour m’assurer que tout va bien et souris pour les rassurer. « Ça devrait aller. On va vous donner un peu d’oxygène et vous emmener aux urgences pour un check-up plus complet. » Annoncé-je avant d’entendre les propos de la blonde non loin. « Tu gères, Phil ? » Que je demande à mon acolyte du moment qui approuve d’un mouvement du chef en posant déjà un masque à oxygène sur l’une des deux victimes alors que je m’empresse déjà de rejoindre les ambulanciers de la 51. « T’as besoin d’aide ? » Je demande en la regardant commencer le massage cardiaque, mon cœur battant à tout rompre à l’idée que ce pauvre gamin qui n’a même pas vécu parte déjà parce que la vie peut être une chienne lorsqu’elle s’y met.

@loryana falcone

feat. @Teddy Jorgensen   → On enchaînait les gardes depuis quelques semaines mais personnellement ça ne me dérangeait pas puisque j’avais besoin de ça pour éviter de trop penser même si je n’oublierai jamais tout ce que nous étions entrain de vivre. Je regardais mon amie tout en hochant la tête et en grimaçant. « Je ressens la même chose que toi et j’espère que ça ne sera qu’un mauvais souvenir d’ici quelques jours..» J’avais espoir même si j’étais la seule à y croire. On continuait à faire de notre mieux et j’étais plutôt fière de nous, de tout ce que nous faisions pour les victimes de cette catastrophe… Je laissais mes pensées de côté quand elle me parlait des cernes et je riais tout en hochant la tête. « Oh ça je le sais bien mais entre femmes on peut ! » Je connaissais suffisamment Teddy pour connaître ses limites et savoir jusqu’où je pouvais aller dans mes paroles ainsi que dans mes actes. J’adorai m’amuser avec les personnes qui m’entourait et Teddy n’échappait pas à la règle puisque je saisissais toutes les perches à chaque fois que je le pouvais. J’étais une vraie enfant et je l’assumais entièrement.
Très rapidement des victimes sortent des flammes et on doit prendre en charge un enfant. Instantanément j’essaie de mettre mes sentiments de côté car je n’ai pas envie de laisser mes émotions prendre le dessus et de ne pas réussir à réanimer cette victime. C’est compliqué pour moi de devoir soigner des enfants depuis le début de l’année car j’ai appris que je ne pourrai jamais être maman...donc forcément mes souvenirs reviennent plus rapide que prévu, à mon plus grand malheur. Bref je laissais tout ça de côté pour me concentrer à nouveau sur ce petit bout qui n’attends qu’une chose : qu’on l’aide à revenir parmi nous. Je commence le massage cardiaque tout en lui donnant de l’oxygène afin de ne pas le perdre totalement…et doucement je tourne mon visage vers Teddy qui arrive. « Je veux bien que tu prennes le relais d’ici quelques minutes, s’il te plait. » Oui car un massage cardiaque reste physique et on sait tous qu’il ne peut être efficace que si nous donnons notre maximum. Passer le relais dans ce genre de situation est primordiale. « Allez réveille toi...» chuchotais-je entre deux massages cardiaque. Je sentais que la chaleur était présente, ce stresse que je ressentais commençais à me faire perdre un peu pied. Et si nous étions entrain de perdre l’enfant ? Tout est compliqué. « Tu prends le relais Teddy ? » Je la laisse prendre ma place et je cherche une nouvelle seringue afin de lui injecter une nouvelle dose afin de maximiser ses chances de revenir...

(+400 mots)
.

La situation s’avère un peu plus compliqué de jour en jour. Nous sommes humains après tout et comme tout être humain arrive un moment où nous fatiguons. Les gardes s’enchaînent tout comme les interventions et je sens que j’approche de mes limites. Je continue de forcer jour après jour parce que c’est ce que je dois faire, parce que c’est mon travail et que je n’ai pas le droit de craquer. Ces personnes ont besoin de nous, je ne pourrais pas me le pardonner si je baisse les bras aussi facilement. Alors je garde la tête haute et je fais taire ma fatigue. Je relaye tout dans un coin de ma tête, je fais taire mes douleurs musculaires, ma fatigue et je me concentre sur mon travail. Tant que je ne fais aucune erreur c’est que tout va bien, mais lorsque ça sera le cas j’arrêterai tout. En attendant faire équipe nous soulage du poids de ce travail dans une période de grands incendies et voir une tête connue ainsi qu’apprécié fait plaisir. « Vivement ces quelques jours ! » C’est de l’impatience mais je fatigue réellement au cas où ça ne se verrait pas physiquement et le commentaire de Lory ne peut que me faire rire – ce qui fait du bien ! « On va dire ça, oui. Et puis c’est toi, j’accepte un peu mieux dirons-nous. » Les plaisanteries mises de côté et le travail repris, on se retrouve à s’occuper des blessés de l’immeuble. On arrête de parler et on met nos cerveaux au boulot pour aider ces personnes. Moi, c’est assez rapide, en revanche le petit garçon dont s’occupe l’équipe de Loryana semble être dans un état difficile, raison pour laquelle je m’empresse d’aller voir si je peux lui donner un coup de main. Réponse positive pour quand elle sera fatiguée, je l’observe faire ces gestes que je connais par cœur avec une touche d’inquiétude pour cet enfant. J’essaye de prier tout être supérieur pour épargner ce petit qui n’a rien demandé et qui a encore toute sa vie devant lui. Parce que je déteste lorsque les enfants sont touchés, je déteste ça très, très sérieusement. Entendre en plus la blonde insister pour qu’il se réveille me donne la nausée et les larmes aux yeux. Mais, une fois encore, je ne dis rien parce que ça pourrait empirer la situation. Du moins jusqu’à ce qu’elle me passe le relais. Je n’attends pas une seconde de plus pour la remplacer alors qu’elle lui injecte une nouvelle seringue pour maximiser nos chances. Mes bras habitués aux mouvements savent ce qu’ils doivent faire sans que je n’aie à réfléchir. C’est la seule chance pour qu’il n’ait pas de lésions sévères si nous parvenons à le sauver. Alors je continue encore et encore jusqu’à ce qu’un battement revienne et que le soulagement me submerge. « Il est de retour ! » M’exclamé-je en me poussant pour laisser Lory reprendre sa place et faire monter le brancard dans l’ambulance. « On se rejoint aux urgences ! » Je m’empresse de retrouver la mienne, claquant les portes arrières pour grimper derrière le volant et filer vers les urgences les plus proches.

@loryana falcone

feat. @Teddy Jorgensen   → J’ai eu la change de pouvoir me ressourcer avant les incendies de Los Angeles et heureusement car même avec cette chance je me sens exténuée, au bord de la rupture mais je continue de tenir le coup  car je déteste me plaindre. On laissait les flammes rythmer nos journées et les muscles commençaient à trembler et à ne plus accepter qu’on travaille aussi durement. « Et je sais que je pourrai me faire pardonner si un jour je vais trop loin. » dis-je avant de rire légèrement. J’avais un franc parlé assez fort mais j’assumais entièrement mes propos et ce avec n’importe qui...encore plus avec mon entourage.
On laisse nos plaisanteries de côté quand deux victimes arrivent et je dois m’occuper d’un enfant inconscient. Ce n’est pas facile de devoir faire face à toutes ses émotions qui nous percutent en plein visage mais je dois faire face...rester sereine et tout donner pour le ramener à nous. Malheureusement après plusieurs longues minutes je n’y arrive pas alors je préfère laisser la main à ma coéquipière, Teddy, afin que le geste soit plus efficace. Oui j’aurai aimé le ramener à nous mais il faut savoir écouter son corps afin d’accepter cet échec et puis le plus important serait qu’il revienne à nous. Je m’écarte légèrement tout en regardant Teddy et cet enfant et doucement, mais sûrement, je vois son visage reprendre des couleurs et ça me rassure. On est sur la bonne voie. En effet quelques secondes après j’entends mon amie m’informer qu’il est revenu. « Génial ! » Je la laisse prendre le recul pour reprendre les devants afin de rester à ses côtés au cas où. « Parfait on vous suit. » Je regardais mon coéquipier avant de lui demander de prendre le volant afin que je reste dans l’ambulance aux côtés de cet enfant afin de lui apporter mon aide et lui donner un médicament pour le soulager.  Je ferme nos portes de l’ambulance et je laisse mon coéquipier suivre l’ambulance de devant. Après plusieurs minutes on arrive enfin aux urgences et je descend le brancard de l’ambulance avant de faire le topo aux médecins qui arrivent vers nous et je les suis afin de les aider dans les premiers gestes mais très rapidement je me dois de prendre du recul pour les laisser prendre en charge notre victime. Je viens de passer le relais et me connaissant je sais que je reviendrai le voir prochainement… Je donne l’alerte à notre chef de bataillon, nous sommes de nouveau libre pour une nouvelle intervention. Doucement je tourne mon visage avant de voir Teddy et son collègue non loin, et je décide d’aller les rejoindre avec mon coéquipier. « Merci Teddy. » dis-je alors que je mentionnais le fait qu’elle ait ramené l’enfant à nous.

(+400 mots)
.