Tray & Sam

I can’t believe I’m finally meeting you (fb)

’J’arrive pas à croire que je vais faire ça… Putain j’arrive pas à croire que je vais faire ça…’ La même phrase tournait en boucle dans la tête de Sam depuis plusieurs jours, déjà. Pourquoi est-ce qu’il avait accepté de faire ça ? Ok, ça faisait des années qu’il connaissait Travis, mais si ça se trouvait, c’était un mec totalement bidon, qui n’existait pas du tout, et il allait se faire kidnapper. C’était extrêmement peu probable, vu qu’ils avaient déjà fait plusieurs conversations en facetime, qu’ils s’écrivaient tous les jours et s’appelaient minimum une fois par semaine, oh et sans compter le fait que la gueule de son ami était étalée absolument partout sur les couvertures de magazines de musique. Ouais… Peu probable qu’il existe pas, donc. Pourtant, l’idée que tout ça ne soit qu’une vaste plaisanterie était toujours là, dans un coin de sa tête. Sûrement parce qu’il ne s’était pas assez méfié, avant. Parce que ça lui était arrivé, qu’un mec le drague pour au final l’afficher devant tout le lycée. Bon, là il ne s’agissait pas de drague – vraiment, vraiment pas – mais ça pouvait quand même finir tout aussi mal. Quoique… Il n’avait plus grand-chose à perdre, quand il y pensait. Il n’avait jamais vraiment eu d’amis, pas de relation sentimentale, aucune crédibilité face aux gens de son âge, et maintenant il avait même perdu l’envie de travailler et de s’en sortir. En fait, c’était sûrement pour ça qu’il avait accepté. Parce qu’en dehors de Robbie, ce type inatteignable qui représentait absolument tout ce qu’il n’était pas, Tray était la seule personne, la seule chose, qui avait une constance dans sa vie, qui lui faisait du bien. Alors ouais, il avait accepté de le voir. D’aller chez lui, même, pour éviter la foule et les journalistes. Pourtant il continuait de paniquer. Il s’était réveillé aux aurores, l’estomac complètement noué à l’idée de ce qui allait se passer dans la journée. Personne n’était au courant, bien évidemment. A qui est-ce qu’il aurait pu le dire, de toute façon ? Sa mère qui était sûrement écroulée sur le canapé, à cuver de la veille ou à être déjà bien atteinte par la boisson pour la journée ? Son frère à qui il ne parlait plus ? Ses amis qui n’existaient pas ? Robbie qui ne lui parlait que parce qu’il avait pitié de lui ? Ouais, ça ne laissait pas grand monde, hein ?
Il avait reçu un message un peu plus tôt, de Travis, pour lui dire qu’il était rentré chez lui et qu’il pouvait donc venir. Puisqu’il s’était réveillé à une heure pas possible, il était déjà prêt, et avait juste attendu ce fameux sms pour se lever de son lit, où il était occupé à lire, et sortir. Pas besoin de passer par le salon, sa mère n’avait fait aucun bruit alors elle devait dormir. Le trajet fut un peu long jusque chez le guitariste. Ils n’habitaient vraiment pas dans le même coin, Sam n’était pas hyper habitué à venir par ici, où les boutiques de luxes côtoyaient les immenses appartements. La marche lui fit cependant du bien, desserrant un peu le nœud de son estomac. Au fond, il avait hâte de le rencontrer, Travis. Passer du virtuel au réel, ça allait être complètement dingue. Et puis, au moins, il aurait la certitude que ce mec était bien réel, qu’il n’avait pas confié absolument tout ce qu’il y avait à savoir sur lui – c’est-à-dire pas grand-chose – à une personne qui n’existait pas du tout. Une fois devant la porte de l’appartement – il avait vérifié l’adresse au moins douze fois – il leva le bras, et resta figé un instant. Il était tétanisé par ce qui se trouvait, ou ne se trouvait pas, derrière cette porte. Il ferma les yeux et frappa doucement, attendant le cœur battant qu’on vienne lui ouvrir. Il ne fallut que quelques secondes avant que le battant ne s’ouvre et qu’il découvre derrière le visage si familier de Travis. Il aurait pu en chialer, tellement il était soulagé. Il ne protesta pas contre le câlin, même s’il n’y était pas forcément habitué, c’était assez agréable. Puis il entra dans l’appartement, les mains fermement enfoncées dans les poches de son jean, le regard un peu bas. Maintenant, il avait peur que Tray le trouve trop nul, trop bizarre, trop… Lui. Complètement con comme réflexion, encore une fois, et pourtant ! Il sourit légèrement au guitariste et hocha la tête.

« Je suis content aussi d’être là, merci de m’avoir invité… »

Tray & Sam

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En fait, ça lui faisait un bien fou de se trouver là, en face de lui, de voir qu’il était réel, pas juste un mec qu’il s’était inventé dans sa tête. Sam, il avait eu plein d’amis imaginaires, quand il était gosse. Quand Seb était parti, il s’était entouré comme il l’avait pu. Des peluches, des figurines, mais surtout des gens qu’il imaginait, pour se rassurer. Il n’avait personne autour de lui, alors il s’inventait un entourage. Pendant un temps, il avait pensé que Tray était pareil : imaginaire. Qu’il l’avait inventé, qu’en fait il ne parlait à personne, qu’il n’y avait personne derrière l’écran. L’avoir au téléphone la première fois avait un peu atténué cette impression, et encore plus lorsqu’ils s’étaient vus en facetime. Pour autant, Sam s’était dit qu’il avait peut-être tourné dingue, c’était encore plus plausible que le fait d’avoir vraiment un ami… Sauf que cette fois, il l’avait devant lui. Tray était là, en chair et en os. Merde, vraiment, il aurait pu chialer. Il rit légèrement en l’entendant dire qu’il ne devait pas avoir peur, et secoua la tête.

« J’ai pas peur, hein. J’suis juste… J’sais pas, surpris ? Que tu sois réel, en fait. Tu sais que j’ai pas de vrais amis, alors j’pense que j’ai cru jusqu’au dernier moment que t’étais juste un fake, tu vois ? Mais j’ai pas peur. »

Il n’avait jamais peur de rien, en fait. La plupart des gens avaient peur de perdre leurs proches, lui ça ne lui faisait rien. Il n’était même pas sûr d’avoir une famille, alors il s’en foutait. Le seul qu’il avait, c’était Tray. Il n’avait aucune phobie, aucune inquiétude face à la vie. Il vivait jour après jour, affrontait tout avec une attitude blasée, lassé de la vie à à peine 18 ans. Mais là, pour la première fois depuis longtemps, il se sentait juste heureux. Heureux d’être avec Tray, de passer un peu de temps avec lui. En entendant sa proposition d’avancer jusqu’au salon, il hocha la tête et se mit en marche, haussant les épaules.

« J’veux bien de l’eau, s’teuplé. Il est cool ton appart ! »

Vraiment sympa, mais ça l’étonnait pas trop. Travis avait les moyens de vivre de façon confortable, et c’était cool de se dire que peut-être, un jour, quand il aurait trouvé quoi foutre de sa vie, lui aussi pourrait habiter dans un endroit chouette, pas un truc miteux qui puait l’alcool et la misère. Alors qu’il s’asseyait sur le canapé, son regard fut attiré par un panier qui se trouvait dans un coin et son regard s’illumina.

« Putain ! J’avais oublié que t’avais un chien ! Il est où ? J’adore les chiens… »

Tray & Sam

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Clairement, il était plus que réel, même. Putain ce que c’était bizarre d’être là, d’être avec lui. Pour la première fois de sa vie, Sam avait un ami de chair et d’os, et il en était sûr à 100%. Il le suivit tranquillement jusqu’au salon, et sa première question fut forcément en rapport avec son chien. Les animaux, Sam adorait ça. Il avait toujours adoré ça et il espérait qu’un jour il aurait un chez-lui assez grand pour en accueillir. C’était pas demain la veille, mais quand même. Il attrapa le verre qui lui était tendu et en but quelques gorgées avant que Tray ne lui réponde. Il le laissa ensuite partir mais en voyant la chienne approcher, il reposa son verre pour se mettre à lui frotter la tête, un grand sourire aux lèvres. Elle voulait visiblement le renifler des pieds à la tête et il se laissa faire bien volontiers.

« Elle est trop mignonne ! Putain j’aimerais trop avoir un chien… C’est un de mes rêves, c’est abusé. »

Il aurait pu rêver de revoir à nouveau son père, que sa relation avec son frère s’arrange, que sa mère sorte de l’alcool, qu’il puisse enfin arrêter de travailler au cinéma pour subvenir à ses besoins puisque tout l’argent de la maison passait dans les bouteilles d’alcool… Mais non. Lui, ce qu’il voulait, c’était un chien. Sûrement parce que c’était l’animal le plus fidèle qui soit, et qu’il savait qu’il ne serait donc jamais trahi par un chien. Ouais, ça devait être ça. Il releva finalement la tête pour fixer à nouveau son regard sur Tray.

« Et du coup, t’es là pour longtemps ? Tu vis plus à New-York ? »

Pas qu’il n’aime pas l’idée, tout au contraire. Il voulait juste être sûr que c’était bien ça, pour ne pas être déçu si jamais il n’avait pas vraiment tout compris… Avoir Tray juste à côté, savoir qu’il pouvait être chez lui en quelques minutes de métro, c’était juste incroyable. Des années qu’ils étaient amis, mais Sam sentait que maintenant, tout allait prendre une autre tournure. Plus obligés d’attendre que l’heure soit parfaite pour s’appeler avec le décalage horaire, plus besoin d’attendre des heures qu’il réponde à un sms, plus besoin que la relation ne repose que sur leurs téléphones… Merde, ça faisait un bien fou.

Tray & Sam

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Sam sourit largement en entendant la réponse de Tray. Ouais, il lui disait ce qu’il avait envie d’entendre, mais ça changeait rien au fait que ça faisait vraiment plaisir. Au moins il se foutait pas de sa gueule en lui disant qu’il était con d’avoir un rêve aussi simpliste. Il y pouvait rien, au fond, s’il avait pas de grands rêves. La gloire ça l’intéressait pas, le fric non plus… Il se foutait tellement de tout que parfois il se demandait ce qu’il foutait encore ici. Il secoua légèrement la tête pour sortir de ses pensées et sourit doucement à Tray, hochant la tête.

« Ouais, carrément. Merci. »

Passer du virtuel au réel, c’était définitivement chelou. Mais Sam sentait qu’il pourrait vraiment s’y habituer. Bon, ce serait certainement un peu long, mais… Pour la première fois de sa vie, il avait réellement quelqu’un sur qui compter, juste là, à portée de main. Quelqu’un de bien, la seule personne de sa vie qui ne l’ait pas abandonné. Seul son père entrait également dans cette catégorie. Parce que lui n’avait pas choisi de tomber au combat, alors ça ne comptait pas comme un abandon, pas à ses yeux. Il hocha lentement la tête en entendant la réponse de Travis et sourit à nouveau, réellement heureux.

« Cool ! C’est genre la première fois qu’on se retrouve dans la même ville pour plus de quelques heures. Ça va être hyper chelou. Mais cool. Tu penses… »

Il hésita, se mordillant l’intérieur de la joue. C’était probablement une question con. Une question hyper débile. Mais Tray était la personne qui se rapprochait le plus d’un frère pour lui, et il voyait son retour dans la ville comme une chance de découvrir ce que ça faisait réellement, d’avoir une famille. Il releva les yeux vers lui.

« Tu penses qu’on pourra faire… Genre… Des trucs, ensemble ? J’sais pas un ciné ou… Des trucs comme ça ? »

Tray & Sam

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D’accord, c’était carrément chelou de bégayer pour demander un truc pareil. Mais merde, il avait pas l’habitude, Sam ! Tray, c’était son seul vrai ami et jusqu’à présent, ils ne s’étaient parlé que par internet, par caméra ou clavier interposé. Donc nan, il ne savait pas ce qu’on faisait avec des amis, comment on planifiait, ou quoi que ce soit. Mais ouais, ça lui disait vraiment bien, de sortir avec un « pote », d’aller au ciné ou… Ou il ne savait pas quoi, au fond. Il voulait juste voir ce que ça faisait, c’était tout. Et merde ce que c’était con de penser ça… Il se doutait bien que les gens de son âge ne pensaient pas à des trucs pareils. Encore un truc qui le mettait à l’écart, mais bon, ça, c’était pas nouveau… Un grand sourire étira ses lèvres en entendant la réponse de Tray et il haussa légèrement les épaules.

« J’sais pas ! On verra bien, tu sais bien que j’suis pas habitué à être sociable alors j’connais pas ma limite. »

C’était bien la seule personne avec qui il pouvait être 100% honnête, sans jamais hésiter, sans jamais se dire qu’il allait être jugé. Depuis le temps, le guitariste était habitué à sa franchise brutale. Du moins, il l’espérait réellement. S’il ne l’était pas…. Bon, ça pouvait être gênant. Il réfléchit un peu lorsque Tray lui demanda s’il avait déjà des idées, fronçant les sourcils. Hm, non, il ne savait pas vraiment. Ils faisaient quoi, les gens, quand ils sortaient ? Finalement, il lança un regard un peu perdu au brun et secoua la tête.

« Euh, bah, non. Je sais pas trop. T’as des idées, toi ? »