De retour de mon weekend depuis quelques heures seulement, j'ai passé les heures restantes avant l'arrivée de tout le monde dans les bras de Benvolio cherchant en lui tout le courage et la force que je vais avoir besoin pour affronter mes démons ce soir et dire absolument toute la vérité à mes proches. J'ai terriblement peur de leur réaction, mais surtout, j'ai de la difficulté à croire qu'après cette soirée, ma famille sera au courant de l'enfer que j'ai vécu avec Jax, des cauchemars et de tout ce que j'affronte depuis trop longtemps. Je sais que mes mensonges pèsent très lourd sur tout le monde et c'est pour cette raison qu'il est plus que temps la vérité sorte. Évidemment, mes parents ne sont pas encore au courant, mais je sais très bien que je vais devoir les affronter un jour ou l'autre. La seule chose c'est que.. je ne sais même pas encore comment je vais faire ce soir pour tout dire, j'ignore si je vais pouvoir continuer les confessions de ce genre trop souvent. Ça me replonge dans beaucoup trop de souvenirs que je ne veux pas revivre et ça ne m'aide pas du tout à dormir paisiblement. Debout dans la cuisine en train de terminer de préparer un dessert pour ce soir, mais surtout pour me changer les idées, je me laisse rapidement déconcentrer par Ben qui passe ses bras autour de mes hanches et pose un baiser sur ma joue comme pour m'annoncer qu'il part. Je suis sur mon petit nuage depuis samedi soir et à vrai dire, j'aimerais ne pas avoir à quitter du tout cette bulle et ses bras. C'est comme si je n'arrive toujours pas à réaliser que cette fois-ci, tout ça c'est bien plus réel que tout et très honnêtement, je ne peux pas être plus heureuse que là. Le regard de Ben veut tout dire à l'instant où il doit partir. Il sait très bien que j'aimerais qu'il reste avec moi, mais il sait aussi que je dois affronter tout cela seule pour m'aider à... cheminer, je ne sais pas. Un dernier baiser devant la porte avant qu'il ne quitte pour de bon, je le regarde refermer la porte et prends une grande respiration pour calmer ma nervosité. Tout va bien aller Casey. C'est ce que je me répète sans cesse, mais je doute que cela fonctionne réellement... Dans quelques minutes je ne vais plus être seule et je vais devoir tout dire. C'est suffisant pour me faire paniquer et me donner envie de tout faire sauf d'y penser. C'est un peu plus difficile maintenant que Ben n'est plus là. Je ne me sens pas bien, j'ai de la difficulté à respirer convenablement, mais je dois retenir mes larmes. Pour l'instant du moins.
Travailler en ayant l'esprit ailleurs n'est pas la meilleure chose à faire quand on travaille pour le FBI. Malgré l'envie que j'avais, je n'arrivais absolument pas à me mettre la tête dans les dossiers, pourtant ce n'était pas faute d'en avoir une tonne accumulé sur mon bureau. A vrai dire, j'avais pas mal de travail en retard depuis quelques semaines mais j'avais deux bonnes raisons à cela. D'une, j'enquêtais sur l'affaire de ma carrière et de deux, je devais gérer les problèmes que rencontrait ma famille au quotidien. Je n'étais apparemment pas destinée à avoir l'esprit libre avant mon mariage mais à force, je m'étais fait une raison en espérant que ce n'était pas la vie qui tentait de m'envoyer des signes. Heureusement, j'étais plutôt terre à terre et je ne croyais pas vraiment en l'âme divine qui envoie des signes pour nous alerter sur nos potentiels erreurs. Je laissais mes dossiers de côté et pour une fois je quittais le bureau avant 18h, chose plus que rare depuis des mois. Cela dit, même si Blake était une raison suffisante, Casey l'était d'autant plus. Elle souhaitait tous nous voir pour enfin mettre un terme à des mois, voir des années de mensonges. Je ne savais pas du tout de quoi elle voulait nous parler mais j'avais peur, j'étais angoissée et stressée. Il n'était pas faux de dire que lorsque j'avais passé le dernier carrefour menant à sa rue, mon cœur avait accéléré plus que lors de mes interventions parfois bien plus dangereuses. Quand l'affectif entrait en jeu, j'avais bien plus de mal à me contrôler. Une fois garée devant chez elle, je me dirigeais vers la porte toquant tout en regardant autour, déformation professionnelle. « Salut toi. » dis-je à ma petite sœur lorsqu'elle ouvrait la porte. Je la prenais dans mes bras, déposant au passage un baiser rassurant sur son front. Malgré un week-end avec Ben, elle n'avait pas la mine que j'espérais mais avec ce qui nous attendait ce soir, ce n'était pas si étonnant. « Je suis un peu en avance je crois, tu m'offres une bière ? » Histoire de détendre l'atmosphère en attendant Oliana.
J’ai été pas très bien tout le week-end. Fatiguée, le cœur battant la chamade au moindre effort, la seule sortie que j’ai réalisée a été de promener sur la plage Bumblebee, mais je dois avouer que même cette marche m’a épuisé. Cameron aux alertes direct m’a forcé à me reposer le plus clair de mon temps, mais cela n’empêche cette boule au ventre de me bouffer de l’intérieur. Je sais ce que mon corps tente de me dicter, et je sais aussi que mon état ne va pas aller mieux ces prochains jours. Cette situation me ronge totalement. Je me rends compte que ma jumelle, oui, la moitié de moi-même me ment encore. On avait promis qu’il n’y aurait plus de secrets ni de mensonges. Mais là voilà, une nouvelle fois. Ça me tue à chaque fois : de réaliser qu’ils préfèrent tous choisir pour moi, juste pour me protéger, de réaliser qu’ils sont incapables de me faire confiance. Si Cameron n’a maintenant plus de secrets, Roxy a fini par nous révéler son secret par obligation parce qu’elle a été prise sur le fait. Casey a été plus coriace, et je crois qu’en réalité, c’est celui de trop. Je le sens au plus profond de moi - quelque chose se brise. Quelque chose dérange. Elle avait sans doute raison Casey : elle va nous décevoir. Pas pour ce qu’elle cache, mais pour ce qu’elle fait là. A nous tenir à l’écart alors qu’elle semble totalement mal. Et je connais ça, putain. Je connais quand on a juste envie de se foutre en l’air parce que la vie nous semble trop difficile d’être vécu, quand tout part en vrille et qu’on a plus aucun repère, qu’on tente de s’accrocher, chaque jours, et qu’au final on se réveille le lendemain avec ces démons plus puissants. Oh, je connais ça – mais j’ai tenu bon pour elles, pour eux. Parce qu’ils étaient là, parce qu’ils m’aidaient. Mais elle… ? Comment peut-on l’aider si on ne sait même pas contre quoi on se bat hein ? Je suis énervée, déçue, stressée et dégoutée à la fois. Je suis mal, mal, mal – et même en sonnant à la porte de Casey, je sais très bien que je n’irais pas bien quoi qu’elle nous dise ce soir. J’espère simplement que mon cœur tiendra le choc. C’est ce que j’essaye de me dire lorsque la porte s’ouvre sur ma sœur jumelle. « Salut » dis-je d’une voix bien trop timide, loin de mon attitude normale.
Je suis tellement nerveuse, je n'arrive pas à me concentrer sur autre chose que sur la visite de mes soeurs et ça me fait complètement flipper. Oh je sais que je dois me calmer parce que si je ne le fais pas, ça risque de très mal se passer. Déjà, je suis persuadée que je vais pleurer, que je vais avoir de la difficulté à leur expliquer toute la situation et que je vais probablement chercher constamment mes mots, mais je dois absolument le faire parce que si je continue à raconter des mensonges à mes proches, je vais finir par tous les perdre et c'est déjà bien compliqué comme ça, je ne veux pas avoir en plus à vivre toutes ces épreuves-là seule. Déjà, je sais que ça risque d'être compliqué pour elles de comprendre pourquoi j'en ai parlé à Ben et Blake, mais pas à elles et à vrai dire, je n'ai même plus d'excuses valables pour leur expliquer, mais je préfère tout de même les garder tous les deux hors de la discussion parce qu'ils n'ont rien demandé. C'est mon mensonge, c'est mon histoire et c'est moi qui leur a demandé de ne rien dire. J'espère seulement qu'elles vont comprendre mes raisons et que Roxy va surtout comprendre l'état dans lequel j'étais lorsqu'elle m'a retrouvée dans les bras de Blake qui tentait de me réconforter à Hawaii. Je me sens encore coupable pour cette histoire même si elle a passé sa semaine avec moi pendant l'absence de Ben. Quant à Ollie, je sais qu'elle n'acceptera pas encore le fait que je lui ai menti, mais il est trop tard pour revenir dans le passé et maintenant, je veux qu'elles soient toutes les deux présentes pour moi. Me dirigeant à la porte lorsque j'entends cogner, je découvre Rox et l'a prends dans mes bras, un très léger sourire aux lèvres. « Salut.. non t'en fais pas, Ollie devrait être là bientôt. » Je la laisse entrer puis me dirige vers le réfrigérateur pour lui donner une bière. « Désolé, j'en ai plus, mais... j'ai d'autres boissons plus fortes ou sinon de l'eau. » Pas le temps d'entendre sa réponse que j'entends à nouveau cogner à la porte et je vais ouvrir pour découvrir Ollie. « Salut.. » Je la serre doucement contre moi et la laisse entrer à son tour puis me dirige au salon où elles sont toutes les deux. « Un truc à boire Ollie? » Dis-je en attendant aussi la réponse de Rox, puis je vais dans la cuisine pour chercher le tout, revenant ensuite vers mes soeurs. « Merci d'être là en tout cas... je... je sais que je n'ai pas été la soeur exemplaire ces derniers temps et je voulais m'excuser pour... ça. »
Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre en venant voir Casey, mais je me doutais que nous n'allions pas passer la soirée à nous raconter des potins en riant entre deux verres de vin. Malheureusement, quelque chose de plus tragique se tramait sans que je ne le sache ou même qu'Oliana le sache. Nous étions toutes les deux dans le floue total et ce soir, nous allions enfin comprendre le comportement si étrange de Casey depuis quelques mois. Je m'étais posée beaucoup de questions et je devais avouer que j'avais préféré me dire qu'elle était stressée, fatiguée ou même sur les nerfs plutôt que de trop chercher à comprendre le pourquoi du comment. Je m'en voulais mais ma petite sœur m'avait confirmé que même si j'avais tenté quoi que ce soit, je n'aurais pas pu deviner. C'était à la fois intriguant et préoccupant. « De l'eau ce sera très bien. » dis-je finalement alors que même si j'avais espéré qu'une bière me donne du courage, je ne préférais pas non plus taper dans de l'alcool fort. Quelques minutes plus tard, Oliana arrivait et je lui esquissais un sourire après l'avoir salué alors qu'elle semblait dans un état second, probablement angoissée par ce que nous pouvions apprendre ce soir. Je m'installais dans un des fauteuils attendant le retour de Casey. « C'est normal, tu avais besoin de nous et nous... de réponses. » dis-je simplement. « On veut juste comprendre pas faire ton procès. » Parce que même si elle n'avait pas agit comme d'habitude, c'était un fait, je n'avais pas envie de la blâmer sans savoir ce qui l'avait finalement poussé à agir ainsi.
A peine ais-je le temps de la voir ouvrir la porte qu’elle vient me serrer dans ses bras comme un besoin vital. Mes bras la serre aussi, moins convaincu de cette signification mais je refuse de mettre une énième barrière entre nous. Lorsqu’on rentre enfin, Roxy est déjà là, je lui dépose un léger baiser sur la tempe et je m’installe sur l’un des canapés en ajoutant : « Cameron ne devrait pas tarder – il était à son écurie. » Je souris timidement. Ça aurait nettement plus simple s’il avait été là pour me donner la force déjà, parce que ces derniers temps, si je tiens c’est uniquement grâce à lui. Casey me propose quelque chose à boire, mais je décline parce que j’ai le cœur serré, l’estomac aussi. Je ne pourrais rien avaler, je le sais, sans vomir derrière. « Non, merci c’est bon. » Et pourtant, j’ai la gorge sèche et la tête qui peut vite partir, j’en ai conscience. Mais je ne dis rien, je prends sur moi parce que Casey a encore plus besoin de nous. Lorsque Casey parle, mes mains jouent ensemble pour tenter de contenir mon angoisse. Mes sœurs me connaissent mieux que quiconque, et je sais qu’elles savent que c’est inhabituel chez moi. D’être aussi réservée et absente, de ne pas ouvrir ma grande gueule, mais j’ai tellement la gorge nouée que je reste passible. Je n’arrive pas à penser à ce pourquoi Casey nous a tant repoussé, malgré elle. Et je sais au fond de moi que c’est grave – Je ne sais pas…c’est cette connexion entre jumelle. Je le sens. Je l’ai toujours senti à vrai dire. A chaque fois qu’elle tentait de nous dire qu’elle allait bien, à chaque fois qu’elle nous mentait dans les yeux, au fond j’insistais parce que j’en avais conscience. Et putain, ça me donne envie de vomir. Alors, lorsque Roxy l’encourage à parler parce qu’on veut juste savoir, je ne dis toujours rien. Je suis juste incapable de faire face à ça. J’ai juste besoin qu’il soit là pour me donner sa force.
« Faut vraiment que j’y aille ! » Je râle en lançant un regard à Zack. Ce n’était pas prévu, j’ai encore cette réunion à la con qui va me prendre des heures, mais il faut vraiment que j’y aille. Y a un truc qui cloche chez Casey et ça fait un moment qu’on le sent sans parvenir à en savoir plus. Ce soir, elle est supposée nous parler et parce que je sais qu’elle aura besoin de soutien comme Roxy et Oliana, je n’aime pas l’idée de faire passer cette foutue réunion avant ma famille. Je n’ai jamais aimé ça de toute manière. Zack me lance le regard qui signifie qu’il m’analyse puis soupire. « Dégage ton cul de là, je vais gérer. » Pour une fois, je n’hésite pas et je le remercie d’une tape à l’épaule en filant déjà des locaux. J’en profite pour prévenir ma femme que je suis sur le chemin – même si j’attends que Garrett arrive – et je tape du pied durant tout le trajet jusque chez Casey. Le fait est que je n’ai pas la moindre idée de ce qu’elle compte nous annoncer. Ça semble être assez gros pour la ronger et, évidemment, je ne sais pas trop ce que je dois en penser. Est-ce que je dois avoir peur ? Vouloir la protéger à tout prix ? M’énerver ? Je n’en ai pas la moindre foutue idée mais je me promets d’être le soutien dont elle a besoin, au même titre qu’elle a été là pour moi lorsque j’étais au plus bas. A destination, j’informe Garrett que je le préviendrai lorsque j’aurais besoin qu’il revienne et je trottine autant que possible avec ma prothèse jusqu’à la porte qui ne tarde pas à savoir après mes quelques coups. « Désolé du retard ! » Je souffle en la serrant contre moi, un baiser contre sa tempe pour finalement la suivre jusqu’à la pièce où sont déjà Roxy et Oliana. Baiser sur le front pour ma sœur et sur les lèvres pour ma femme, je m’installe sur l’accoudoir près d’elle et la laisse entoure ma taille de son bras. « J’ai rien manqué, si ? »
Mes mains tremblent déjà. Je sais que ça ne risque pas d'être facile comme soirée et à vrai dire, je donnerais tout en ce moment pour que Ben soit avec moi, pour qu'il m'apporte le soutien que j'ai besoin parce que j'ai l'impression que je vais craquer très rapidement. Dès que Roxy arrive, j'ai déjà l'impression que je ne vais pas arriver à le faire. Ses bras m'entourent et je sais que si je reste trop longtemps contre elle, je vais déjà commencer à pleurer et ce n'est pas une bonne idée. Rien ne risque d'être facile et juste à voir le visage d'Ollie qui ne semble pas convaincue lorsqu'elle arrive et que je la serre automatiquement contre moi, je sais que je risque de les décevoir, encore une fois. De toute façon, je ne suis bonne qu'à ça... M'annonçant que Cam ne devrait pas tarder à arriver, je propose aux filles un truc à boire et Rox me mentionne que de l'eau ce sera parfait alors qu'Ollie refuse l'offre. Le verre d'eau maintenant donné à ma soeur, je prends une grande respiration et les remercient d'être là tout en m'excusant déjà à l'avance même si je sais que je vais probablement le refaire. Au moment où je veux commencer mes aveux, quelques coups se font entendre et je me précipite à la porte de l'appartement pour y découvrir évidemment Cameron qui ne perd pas de temps à déposer ses lèvres sur ma tempe pour aller rejoindre les filles. Prenant à nouveau une grande respiration, je tente de trouver tout le courage dont j'ai besoin pour ça, mais c'est difficile. J'ai peur de les décevoir parce que je n'ai pas été suffisamment forte pour partir lorsque c'était le temps, partir avant de me laisser des séquelles pour la vie puisque même si celles qui étaient apparentes ne le sont plus maintenant, celles que j'ai dans ma tête sont encore trop puissantes pour que j'oublie tout. Et les derniers événements n'ont pas non plus aidés à ce que j'arrive à me sentir plus... forte. « Tu n'as rien manqué non... mais merci d'être là. » Que je souffle simplement. « Je ne sais pas trop par où commencer pour être honnête... mais si je suis aussi étrange et même distante ces derniers temps c'est parce que... y a quelques mois j'ai revu Jax, il... je sais que je n'ai jamais parlé vraiment de notre rupture et en fait c'est parce que j'ai réellement voulu l'oublier... » Lèvres pincées, j'ai déjà la voix qui craque alors que je n'ai encore absolument rien dit. « Hm... pendant notre dernière année ensemble il... il a commencé à être encore plus jaloux de Ben qu'il ne l'était déjà et.. il est devenu... » Debout devant mes soeurs et mon frère, je réalise que mes mains tremblent encore comme pas possible et qu'une larme coule tranquillement le long de ma joue. J'ai l'impression que couteau me transperce le coeur en ce moment. Pourquoi est-ce que ça fait si mal ? « Il... est devenu violent... il me crachait des insultes sans cesse au visage, il me... frappait et... » Je m'arrête à nouveau pensant à toutes les fois où j'ai dû cacher les marques qu'il me faisait, à cette fameuse nuit où il m'a fait tomber des escaliers de notre appartement, à toutes ces fois où il voyait que j'envoyais des coeurs à Ben par sms où que je revenais de son appartement tard le soir. « Il... pensait que je le trompait avec Ben et il me punissait... de... toutes les manières possibles... » Mes larmes coulent définitivement sur mes joues et je suis incapable de m'arrêter. Parce que oui, Jax a abusé de moi, autant physiquement, verbalement et... sexuellement. Et juste d'y penser me donne mal au coeur. J'ai de la difficulté à respirer, je n'arrive même plus à les regarder dans les yeux parce que j'ai trop honte et encore.. je n'ai même pas tout dit.
J'étais stressée, c'était un fait. Cela dit je me posais aussi mille et une question et je n'avais qu'une envie, c'était que Casey se libère du fardeau qu'elle portait. Je ne savais pas du tout ce qu'elle allait nous dire mais j'étais prête à tout entendre. Elle avait tué quelqu'un par accident ? Je pouvais gérer. Elle avait volé ? Je pouvais la couvrir. Je pouvais littéralement survivre à tout, du moins c'était ce que je pensais. Cameron nous avait rejoint et je n'étais pas mécontente d'avoir mon frère à mes côtés. Certes, mes sœurs étaient plus importante que tout mais Cameron n'en restait pas moins important. Malgré le fait que nous n'avions aucun lien de sang, nous avions ceux du cœur et cela valait parfois plus. Je me tournais vers Casey, prête à écouter. Ma petite sœur semble souffrir, elle n'a pas encore dit un seul mot mais j'ai la sensation qu'elle prend sur elle comme si elle utilisait toutes ses ressources pour nous avouer ses mensonges. Je fronçais doucement les sourcils avant de porter instinctivement ma main vers ma bouche. Non ce n'était pas possible ! Ma sœur n'avait pas pu vivre cet enfer nous mes yeux sans que je ne le vois. Jax, ce petit-ami toujours souriant et serviable en public n'était autre qu'un monstre pervers narcissique. Je serrais les dents à me les casser et passais mes mains sur mon visage sentant mes tripes se retourner dans tous les sens. J'étais prête à faire une recherche, à la première heure demain, quitte à surpasser mes droits d'agent fédéral. J'allais fumer cet enculé. « Casey... » dis-je simplement en me levant pour la prendre dans mes bras et la laisser s'effondrer. Je n'osais pas imaginer ce qu'elle avait vécu et surtout le poids de sa douleur depuis quelques mois. Je regrettais qu'elle ne nous ai rien dit, qu'elle ait préféré souffrir en silence. Nous étions une famille et on devait se serrer les coudes dans l'adversité même si ce qui arrivait dépassait l'entendement. « Je suis tellement désolée. » soufflais-je contre son oreille sans réussir à la lâcher. Si il y avait bien une personne sur terre qui ne méritait pas de croiser un psychopathe, c'était bien elle, même si je ne le souhaitais à personne non plus.
Lorsque Cameron arrive, son baiser m’électrifie, et je m’accroche à lui comme pour y trouver ma force. Je suis anxieuse, mon cœur est défaillant depuis quelques jours, et je ne sais pas si j’arriverai à supporter une horrible annonce. Parce que c’est de ça qu’il s’agit, je le sens. Casey – ça fait des mois qu’elle n’est pas bien, qu’elle nous ment à la tronche, et cela après même d’avoir promis de ne plus avoir secret pour nous au Canada. Mais c’est surtout ce lien entre nous – le fameux lien entre jumelles qui s’irrite chaque jour, parce que quelque chose la ronge. C’est comme si elle osait me transmettre son malaise intérieure au fur et à mesure, et c’est bien trop violent pour que j’arrive à le contrôler. Je n’ai jamais été forte pour ça, alors par réflexe lorsque Casey démarre une de mes mains vient saisir celle de Cameron. Je l’écoute, entre par mes oreilles, raisonnent dans ma tête et serre mon cœur. Elle nous parle de Jax, de leur relation, du fait qu’elle voulait vraiment l’oublier…qu’il était jaloux, qu’il était violent, l’insultant, la frappait, et… Pire. Mon cœur manque un premier battement. J’ai soudainement mal à la poitrine à mesure qu’elle s’effondre face à nous, parce qu’elle n’arrive toujours pas à aller jusqu’au bout. La main de Cameron se fait plus vive sur la mienne, mais j’ai les oreilles qui bourdonnent, ma respiration qui déraille. Lorsque je vois Roxy se lever pour prendre Casey dans ses bras, j’en suis incapable. Mes jambes ne me soutiendront pas, j’en suis persuadée. Je tente d’encaisser ce malaise que je suis en train de faire. Je manque d’air, et lorsque j’entends Cameron me souffler de respirer, je n’y arrive pas. Tout ce que j’entends, c’est ce martèlement de ce putain de cœur qui à la vitesse d’un train continue sa route. Elle est là, cette fameuse crise qui aurait pu me tuer. Celle qui a empêché Cameron de me révéler la vérité, celle qui a bousillé ma vie pendant plus d’un an, qui a bousillé la relation avec mes parents, celle qui a fait mentir mes sœurs. Elle est si puissante, et si violente que la douleur à la poitrine m’empêche même de crier.
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Mer 1 Avr - 5:23