2016. Roxy allait donc rencontrer mon père. C’était une première pour moi de présenter une femme à ma famille. Si je n’avais pas vu cela comme une nécessité, c’était important pour ma petite-amie, qui avait été vexé que je ne leur ai même pas parlé de son existence. Je ne la dissimulais pas, c’est juste que mes relations avec ma famille étaient compliquées, et je craignais leur comportement au contact d’autrui, plus que tout au monde. Parce que je les connaissais et qu’ils étaient embarrassants au possible. Je ne pouvais même pas m’imaginer ce que Roxy allait penser en voyant mon père. Il était le genre d’homme qui manquait de personnalité, qui positivait sans arrêt même quand la situation était critique, et qui s’accrochait à ma mère telle une sangsue alors qu’ils étaient divorcés depuis plus de vingt- cinq ans maintenant. Après avoir contacté mon père pour lui demander s’il était possible de passer ce dimanche midi et que je viendrais accompagné, celui-ci avait posé toutes sortes de questions inutiles et j’avais coupé court à la conversation en lui disant de faire comme d’habitude mais pour une personne en plus et que nous serions là à midi. Pas plus d’informations, je refusais qu’il s’enflamme déjà au téléphone. Nous avions donc conduit jusqu’à Lincoln Heights où mon père avait son garage et sa petite maison, celle dans laquelle j’avais grandi, du moins durant les weekends. Garant ma voiture qui, évidemment attirerait l’œil dans ce quartier modeste, mon père sortit tout de suite de la maison comme s’il nous attendait de pied ferme. Il était plutôt bel homme pour son âge, élancé, toujours en bonne forme, mais un peu vieilli par le dur labeur. Il agitait le bras comme s’il saluait un couple princier en s’avançant vers moi. Il se stoppa net quand il vit Roxy sortir de la voiture. « J’étais sûr que tu étais hétéro mon fils ! Et woooow tu as bon goût, comme ton père ! Dans mes bras, fiston ! » Je levais les yeux au ciel, m’avançant vers mon père, le laissant passer ses bras autour de mes épaules. « Salut Papa. » Me retournant vers Roxy, je lui tendais la main pour l’inciter à s’avancer. « Je te présente Roxy, ma petite-amie. Roxy, voici Sam Ellis, mon père. » Mon père n’y alla pas par quatre chemins et déposa un gros baiser sur la joue de ma petite-amie, conquis. « Si j’avais su j’aurais sorti mon habit du dimanche ! Tu es canon Roxy ! » Et se reculant, je le vis fermer la porte de la maison et je fronçais les sourcils. « …Qu’est-ce que tu fais ? » Mon père répondit en haussant les épaules comme si j’avais posé une question stupide. « Eh bah je ferme la maison ! Ca t’embête si on prend ta voiture, elle est plus classe ! Ca fera moins tâche dans le quartier de ta mère. » J’accusais le coup et je fronçais les sourcils. « Comment ça, on va chez ma mère ?! » Je réalisais, et je tempêtais : « Tu pouvais pas t’empêcher d’ouvrir ta grande bouche, ma parole ! Il faut toujours que tu la mêles à tout ! » Soupirant je regardais Roxy, bougon. « Bon tu verras la maison de mon père une autre fois. Changement de registre, on va à Beverly Hills… » Dans le palace de mon cher beau père Jack Stewart, et de ma mère, Maggie. Dans la voiture, mon père harcelait Roxy de questions, et je ne cessais de le rappeler à l’ordre ou d’inciter Roxy à ne pas lui répondre : « Tu peux lui dire qu’il te saoule, il ne le prendra pas mal, il le sait. » Dis-je mes lunettes de soleil sur le nez, les yeux rivés sur la route, agacé que mon père m’ait fait un coup pareil. Ce dernier s’expliqua : « Je croyais que tu lui en avais parlé ! On impressionne une fille avec leur barraque, pas avec mon taudis ! Elle était furieuse que tu ne lui aies rien dit ! Mais elle est tellement sexy quand elle s’énerve… » Il avait des étoiles plein les yeux, et je claquais des doigts : « Allo Sam, ici la Terre on arrête de rêver ! » Et comme si je ne lui parlais pas, il s’avança de nouveau pour parler à Roxy. « T’es mannequin ? Mon Blake il pourrait aussi ! Mais il a toujours préféré les feds… Il te parle à toi ? Car il partage rien… » J’étais là, mais je ne tenais pas à créer de polémique, c’était déjà assez bien difficile comme ça. On arrivait devant l’immense portail de la demeure de mon beau-père, et je m’adressais à l’agent de sécurité qui pouffa de rire en me voyant, me souhaitant bonne chance. Il savait donc ce que j’allais subir. Je me garais à l’endroit habituel, au pied des escaliers après avoir roulé le long de la longue allée. Je n’eus pas le temps de sortir de la voiture que ma mère dévalait les escaliers sa robe volant au vent, nous gratifiant ou non, de ses sous-vêtements Victoria Secrets. Elle était comme d’habitude, surmaquillée, portant des talons bien trop hauts, et jouant les grandes divas. « Sam, voyons, je t’avais dit de mettre une chemise plus valorisante, regarde-toi tu as l’air d’un gigolo ! » Mon père en était béat. Il l’aimait toujours, je me demandais comment. « Toi, le vaurien, je ne te dis même pas bonjour, je vais en abimer mon maquillage si je m’énerve. » Je ne la calculais même pas, elle était désespérante. Elle resta la bouche bée un long moment avant de pousser un cri en voyant Roxy, sautant presque de joie. « OH MY GOOOOOOOOOD ! Chérie mais tu es resplendissante, moi c’est Margaret, mais tu peux m’appeler Maggie ma chérie, et tu es ? Mon idiot de fils n’a même pas fait les présentations ! » Esquissant un sourire large, de sa dentition parfaitement refaite, elle me fusilla du regard : « Tu ferais bien de la garder, je crois pas qu’il soit possible de te supporter ! Ton père a foiré ton éducation. » Sur ces mots, elle saisit Roxy par le bras et la poussa à monter dans la grande demeure, où Jack, nous attendait et se présenta poliment à Roxy, des allures de Richard Gere dans l’attitude.
2016. Aujourd'hui était un jour important pour moi, comme pour Blake, et c'était en quelque sorte une nouvelle étape dans notre relation. On avait tendance à dire que la rencontre avec les parents était un palier nécessaire pour que la relation devienne d'autant plus sérieuse et je commençais à me dire que c'était sans doute une réalité. Bien sur, je n'avais pas besoin de connaître la famille de mon petit-ami pour savoir que notre histoire était solide mais au bout de quelques mois, je trouvais légitime de connaître ses proches maintenant que je connaissais son passé ainsi que son enfance. J'avais hâte de connaître son père et de ce qu'il m'en avait dit, c'était un sacré numéro tout comme sa mère avec un degré supérieur de conneries si j'avais tout compris. Je n'étais pas spécialement stressée et une fois sur place, les premiers mots de monsieur Ellis me firent rire ce qui évaporait toute l'angoisse que j'aurais pu ressentir. Blake autre qu'hétéro ? Difficile à imaginer mais c'était surement une blague pour dire qu'il avait été célibataire bien trop longtemps à son goût. Je suivais Blake et souriais à Sam le laissant m'embrasser sur la joue déjà amusée par le personnage. « Enchantée Sam et vous êtes parfait comme vous êtes ! » répondis-je avec la même familiarité. Après tout, si il me mettait autant à l'aise ce n'était pas pour que je commence à répondre avec un ton pompeux du moins c'était ma façon de voir les choses. D'ailleurs, ces dernières ne se passaient pas vraiment comme prévu puisque je comprenais rapidement que nous n'allions finalement pas déjeuner ici mais chez la mère de Blake. Rien de tout ça n'était prévu et mon petit ami ne cachait pas son agacement. Il était évident que Sam ne savait rien refuser à son ex-femme et ça me faisait presque mal au cœur. Il semblait encore totalement sous le charme et sous l'emprise de cette femme qui ne lui donnait plus l'heure sauf quand elle en avait besoin depuis longtemps. « Pas de soucis mais je vais arriver les mains vides... » J'avais emmené une bouteille pour son père ne sachant évidemment pas que les événements allaient tourner ainsi. Peut-être ne méritait-elle pas de fleurs mais c'était la moindre des choses de ne pas arriver sans rien. Je me ré-installais en voiture tentant de sourire à Blake pour le détendre alors que je sentais qu'il n'était pas du tout ravi de la tournure de notre déjeuner « simple et en petit comité ». Mon petit-ami était soudainement en mode ours mal léché mais j'allais faire mon possible pour illuminer sa journée. Les voir se chamailler était presque drôle et à voir comme Sam était un bavard, je me demandais comment il pouvait avoir un fils aussi discret et introverti. « A vrai dire, je passe déjà un très bon moment ! » répondis-je amusée alors que je répondais sans gêne aux questions qu'il me posait. Je n'avais rien à cacher et s'il souhaitait me connaître ainsi, je n'en voyais pas le problème. Je me retenais de rire en les entendant et mordais l'intérieur de ma joue ne souhaitant pas manquer de respect à qui que ce soit. « C'est gentil mais je ne suis pas mannequin non, mais je suis d'accord avec vous, Blake aurait pu faire une super carrière ! » J'adressais un large sourire à mon compagnon avant de reprendre. « Il partage ce qu'il peut tout comme moi, je suis aussi agent fédéral. » Que les choses soient dites maintenant puisque après m'avoir demandé tous les détails de ma vie, la question sur mon métier allait forcément arriver. Au bout de quelques minutes, on arrivait devant une villa énorme et je baissais légèrement mes lunettes de soleil mise en montant en voiture, pour admirer la battisse. Wahou, ça valait toutes les maisons de stars qui étaient montrées à la télé -et c'était peu dire puisque je me croyais dans Dynasty-. Je descendais de voiture avant de voir une femme débarquer tel un ouragan et je comprenais vite que c'était elle, la fameuse Maggie si « sexy » quand elle est énervée. Je la regardais tentant de sourire mais je ne savais plus ou regarder tellement son maquillage était prononcé. Je n'étais pas du genre à juger les gens mais de ce que je savais de cette dame, elle aimait autant se regarder le nombril que faire des commentaires acerbes à son fils unique et son ex mari. « Ravie de vous connaître Maggie, je suis Roxy. » dis-je poliment alors que les mots que j'entendais ensuite me faisait bondir. Bien sur, je devais garder une poker face puisque me prendre la tête avec ma belle-mère dès les 5 premières minutes de notre rencontre n'était pas franchement un bon plan. « Au contraire, je n'ai jamais rencontré un homme aussi bien éduqué que votre fils. » Et de ce que je voyais, ce n'était pas grâce à elle. J'avais de la peine pour Sam mais aussi pour Blake qui n'avait aucune de reconnaissance de sa propre mère. Il fallait que je tienne le coup avec sa personnalité disons spéciale. Je saluais Jack, bien plus posé que sa femme et des airs d'acteur hollywoodien ayant passé du temps à méditer. C'était à se demander comment il arrivait à supporter la tornade Maggie. « J'avais apporté une bouteille croyant ne déjeuner qu'avec Sam, je suis désolée, j'espère qu'elle ira à ce que vous avez prévu. » Je la tendais à Jack, maître des lieux et souriais tout de même gênée d'arriver dans un tel endroit avec simplement une bouteille même si ça restait un grand cru.
2016. « C’est mon charme naturel, fils, elle est déjà séduite ! » Lance mon père amusé par le compliment de Roxy. Evidemment, il ne va pas s’en remettre et cherchera à se faire mousser dès qu’il en aura l’occasion. Je l’ignore, levant les yeux au ciel, déjà fatigué de les gérer toute une journée, mais Roxy en avait fait la demande, alors j’accédais au moindre de ses désirs. J’avais une sainte horreur des bouleversements d’organisation. Méticuleux au possible, si les choses ne se passaient pas comme prévu, ça m’agaçait. Mon père le savait très bien et pourtant, il s’était empressé de tout balancer à ma mère et voilà que nous allions nous rendre chez celle qui avait toujours fait passer sa carrière fantôme au-dessus de ma vie. Et malgré mes griefs à son encontre, mon père continuait d’essayer de nous rapprocher, ce qui ne risquait pas d’arriver tant nous étions différents. Je ne comprenais pas l’adoration que mon père avait pour ma mère, mais il disait souvent que je n’avais pas connu ma mère à l’époque qui était loin d’être un pot de peinture ambulant, qui était plus que charmante et qui selon lui avait un réel talent non-exploité. En revanche, il n’avait jamais caché qu’elle n’avait jamais souhaité être mère, du moins pas à cette époque-là, et qu’élever un enfant avait probablement dû lui peser sur la conscience, et elle n’avait cherché qu’à en retirer quelque chose pour son compte personnel. Au fond, elle n’avait rien gagné en venant de moi, et je ne comptais pas que ça change. Roxy fut contrarier d’arriver les mains vides chez ma mère et je secouais la tête : « Ils sont pleins aux as, ils ont besoin de rien. » Et mon père boirait probablement les trois-quarts de la bouteille à lui tout seul pour se donner contenance face à ma mère. En attendant, il faisait – un peu trop – la conversation à Roxy durant le trajet. « Donc vous vous êtes rencontrés au travail ? Il t’a raconté comment j’ai séduit sa mère ? Je l’ai rencontrée au lycée, et je lui promettais de faire le tour de l’Amérique dans ma Mustang ! C’était bien ce temps-là… » Roxy semblait bien s’entendre avec mon père, voire même l’adorer, ce qui me subjuguait quand on savait que j’étais complètement différent de lui. Peut-être qu’elle appréciait les pipelettes. D’ailleurs, mon père continuait de faire la conversation en racontant tout et n’importe quoi. « Lui il voulait faire militaire ! Il te l’a dit ? Pour une fois dans sa vie, il m’a écouté. Il est arrivé par hasard dans notre vie, mais c’est quand même mon garçon ! J’aurais préféré qu’il m’aide ici au garage, mais il ne voulait pas. Il voulait sauver la planète ! Sa mère voulait qu’il fasse acteur, mais elle n’a pas réussi non plus à lui transmettre sa passion ! Remarque… Howard, son cousin est militaire ! Mon frère dit que c’est une fierté ! Moi je dis que c’est parce qu’il a pas eu trop le choix, il est un peu tête brûlée… et.. il.. » Il ne savait pas s’arrêter, alors je le coupais : « Papa ! Tu saoules, stop ! » Mon père parvint à se taire pour les quelques minutes restantes du trajet. Dans le quartier de Beverly Hills où vivait Jack, on pouvait apercevoir de nombreuses stars, mais je n’y prêtais jamais attention. Eux aimaient cette vie, pas moi. Arrivés chez les Stewart, ma mère jouait déjà les divas, et se permettait de faire tout un tas de réflexions. Mais, elle semblait encenser Roxy ce qui était un vrai bon point pour moi. D’ailleurs, ma petite-amie se fit un malin plaisir à la remettre en place ce qui me fit sourire. Mais Margaret avait réponse à tout. « Roxy chérie, il essaie juste de t’impressionner, Blake est vraiment ingrat comme garçon ! Tu te rends compte qu’il n’appelle jamais sa mère ? Il ne vient me voir que si son père vient ! Et pourtant j’ai payé toute sa scolarité ! » Elle faisait la victime, et s’attribuait tous les mérites comme d’habitude. Je les suivais jusqu’à tomber sur Jack, à qui je fis rapidement les présentations. Roxy s’excusa pour la bouteille qu’elle avait ramené et Jack la pria de ne pas s’en faire, tel un gentleman. « Que veux-tu de plus ? C’est très bien, ne t’en fais pas. Tu n’étais pas obligée. Ca nous fait plaisir. C’est rare que Blake vienne manger maintenant. Fais comme chez toi Roxy, mets-toi à l’aise, que veux-tu boire ? » S’il y avait une personne avec qui j’arrivais à avoir une conversation, c’était lui. Mais comme ma mère était sa siamoise à le suivre partout, je ne le faisais pas très souvent. « Jack chéri, parle avec Blake plutôt que de me voler Roxy, elle et moi on a des choses à se dire ! » Encore une fois, il fallait qu’elle soit la vedette, et elle tirait ma petite-amie par le bras, que je fixai d’un air désolé. « Alors dis-moi tout chérie ! Comment ça s’est passé ? Je veux TOUT savoir ! Viens, on va boire des cocktails dehors, après je te montrerais ma garde-robe ! Tu savais que Karl Lagerfeld me dessine des robes ? » Ce n’était pas vrai, Chanel avait dû le faire une fois suite à un de ses caprices. Ma mère me faisait hérisser le poil, et je râlais face à son comportement alors que mon père me portait un verre de vin qu’il me força dans la main. « On s’en fout. Laisse-la tranquille tu l’étouffes comme tu étouffes ta peau avec tes multiples fonds de teint. » J’étais toujours railleur avec ma génitrice. Mais elle me le rendait bien. « Va te raser la barbe on dirait un zoulou ! » Je ricanais et une fois de plus, je m’en éloignais pour aller faire un tour dans l’immense jardin, tandis que ma mère poursuivait comme si je ne l’avais pas interrompue. « Alors ma chérie, semaine prochaine toi et moi on se fait une journée thalasso, massage, spa, la totale entre femmes ! Et après on ira faire les boutiques ensemble, et tu me feras plaisir de refaire le placard de ton homme, il y a du laisser-aller ! » Et mon père discutait avec Jack et comme d’habitude, Sam était le seul à rire, Jack faisait mine de le trouver drôle.
2016. Je ne pouvais retenir un sourire à la remarque de Sam Ellis. Blake m'avait parlé de son père et il n'avait pas menti, c'était un sacré phénomène à l'opposé de son fils. C'était amusant de les voir ensemble même si j'avais la sensation que les rôles père/fils étaient inversés tant le plus jeune tentait de canaliser le plus âgé. Je comprenais désormais ce que m'avait expliqué Blake sur sa famille mais je ne voyais pas en quoi son père pouvait lui faire honte. Il était joviale et drôle, ce qui était bien plus agréable que de trouver quelqu'un de rigide et austère. Si j'avais espéré pouvoir me préparer un peu plus pour rencontrer Maggie Stewart, c'était raté. Sam n'avait, une fois de plus, pas pu résister à accéder au moindre de ses désirs et nous partions sans tarder en direction de sa grande villa. Il était évident que Blake n'était pas du tout content de ce changement de programme et au vu de sa relation plutôt distante avec sa mère, je ne pouvais que le comprendre. Nous n'avions pas vraiment parlé d'une date pour que je la rencontre, préférant y aller étape par étape, ce qui en soit était un peu raté aujourd'hui. Cela dit, j'allais faire mon possible pour que cette journée soit le plus supportable possible pour mon petit-ami. « Oui c'est exact, on s'est rencontrés au travail. » répondis-je en souriant avant de renchérir. « Il ne m'a rien dit mais je serai ravie d'entendre cette histoire un jour. » Je sentais déjà le regard noir de Blake sur moi parce qu'il avait du entendre cette histoire un milliard de fois. Je trouvais Sam attachant et si ça pouvait lui faire plaisir de me raconter un bout de sa vie alors je n'étais pas contre. Je laissais échapper un petit rire lorsque Blake coupait son père et je posais une main sur son épaule. « Vous pouvez être fier de votre fils Sam, il est le meilleur élément de tout le bureau. » Et c'était peu dire. D'ailleurs, je n'étais pas mécontente qu'il n'ait pas choisi de partir faire la guerre ou de rester au garage avec son père parce que si tel avait été sa décision, nous serions des étrangers l'un pour l'autre à l'heure actuelle. Le trajet fut agréable et une fois à Beverly Hills, je regrettais presque qu'il n'ait pas été plus long. Je souriais légèrement crispée en sentant les faux ongles de Maggie entrer dans mon bras sans qu'elle ne le remarque. Cette femme était un phénomène ! « Je ne pense pas qu'il soit le plus ingrat de sa famille. » Cette phrase traversait mes lèvres avant même que je ne puisse la retenir mais j'offrais un large sourire à Maggie pour faire passer mon ton acerbe de la manière la plus douce qui soit. Avec un peu de chance, elle allait interpréter mes paroles autrement, elle semblait forte pour ça. « Je vous remercie Jack, c'est très gentil. » répondis-je en lui offrant un sourire sincère. « Oui avec plaisir, ce que vous avez mais pas un alcool fort s'il vous plait. » Je n'avais jamais aimé la vodka, le whisky ou tout autre alcool de bar qui semblait adapter au soir de cuite intense. J'étais plutôt vin rouge ou blanc sucré et à voir de la demeure, je me doutais que le choix était large. « Oui je vous suis et... Je ne savais pas mais je suis ravie pour vous. » Il n'était peut-être pas adapté de lui dire que je me fichais pas mal de la mode et que des robes à 3000 dollars me rendait malade quand on voyait ce que gagnait un pompier ou une infirmière à côté. Il n'était pas l'heure au débat et je prenais simplement sur moi. « Comment s'est passée ma rencontre avec Blake, vous voulez dire ? » demandais-je pas certaine de bien la comprendre même si je faisais un effort pour m'adapter. Entendant Blake, je lâchais un petit rire amusé lui jetant un regard complice. Décidément, il savait remettre sa mère en place et c'était absolument magique si on me demandait mon avis. « Au contraire, sa barbe lui va à merveille ! » Et je n'avais pas envie qu'il la rase, ça lui donnait un charme supplémentaire. Et évidemment, je ne relevais pas sa réflexion et l'expression qu'elle employait, plus que déplacée à mes yeux. « C'est adorable à vous Maggie mais je crains de ne pas être disponible la semaine prochaine, j'ai énormément de travail et peu de temps pour faire les magasins ou une journée spa... » Pas que j'en profitais pour me défiler mais un peu quand même soyons honnêtes. Elle n'était désagréable mais je doutais pouvoir passer une journée entière à l'écouter surtout si c'était pour parler maquillage, grand couturier ou pire, l'entendre geindre sur son propre fils. « J'aime la façon dont il s'habille et je ne le laisserai pas me dire comment m'habiller alors je ne me permettrai pas de le faire pour lui. » Qu'elle le veuille ou non d'ailleurs. Elle n'avait pas son mot à dire et lui offrant un sourire courtois, je m'excusais et la laissais pour aller vers Jack qui venait de me servir un verre. Je le remerciais avant d'aller vers mon petit-ami à quelques pas, dans l'immense jardin. « Moi qui pensais que tu en rajoutais... Je dois dire que je te dois des excuses, ta mère est... totalement comme tu l'avais décrit. » Je le regardais avec un léger sourire en coin et trinquais doucement mon verre contre le sien. « A cette journée qui n'est déjà pas de tout repos. » plaisantais-je avant de boire quelques gorgées de mon verre.
2016. Je ne savais pas si en vivant chez mon père plutôt que ma mère, j’aurais été différent et lui aurais ressemblé davantage. Au fond, dans ma famille, tous s’accordaient à dire que je ne ressemblais à personne. Discret au possible alors que ma famille était exubérante et pleine de vie. J’étais le vilain petit canard, et si j’avais évolué dans un environnement particulier, celui-ci n’avait fait que renforcer ma différence. Mais j’étais heureux de l’être, ne souhaitant leur ressembler sous aucun prétexte. Je savais que Roxy finirait par me demander ce que je reprochais à mon père, puisqu’il lui apparaissait plus que charmant, mais elle ne pouvait saisir la rancœur que j’éprouvais. Mon père avait toujours été un homme admirable, bosseur, plaisantin, qui menait sa petite vie comme bon lui semblait. Mais il y avait une chose qu’il avait faite et qui avait brisé toute l’admiration que j’avais pour lui : il avait toujours placé ma mère avant qui que ce soit d’autre, quand bien même elle le traitait comme un moins que rien et qu’elle avait refait sa vie. Et j’avais été en première ligne, faisant les frais de cet amour aveugle, car il n’avait pas souhaité s’opposer à elle et lui dire que le traitement qu’elle m’avait réservé toutes ces années durant, n’était pas digne d’une mère. Il n’avait pas su voir que le gouffre s’était creusé entre lui et moi, et il continuait de se comporter comme si de rien était. Pour moi, mon salut aurait pu venir de mon père. Il était venu de Jack, et j’avais désormais plus de respect pour mon beau-père que pour mon propre géniteur, même si ça n’enlevait pas les liens du sang. « Je te raconterai tout, même les petits secrets de Blake ! » Qu’il soufflait à l’attention de Roxy, un petit rire amusé suivit. Je ne voyais pas de quoi il voulait parler puisque je considérais n’avoir rien d’intéressant à dissimuler. Roxy semblait prendre goût à inciter mon père à parler, et derrière mes lunettes de soleil, mes yeux se révulsaient presque tant j’étais consterné. Je demeurais silencieux tandis qu’ils poursuivaient leur conversation et qu’elle posait une main sur mon épaule pour me complimenter indirectement. Je me sentais con, parce que j’étais bougon au possible alors qu’il semblerait que ça fasse vraiment plaisir à Roxy de rencontrer mon père. « Moi je suis fier de lui, lui un peu moins… » Avouai mon père avant de se pincer les lèvres, conscient de mon manque d’admiration pour lui. « Tu veux pas non plus qu’on te plaigne ?! » Je rétorquai aussi sec en arquant un sourcil et regardant mon père dans le rétroviseur central. Je ne pouvais pas m’empêcher d’être sur les nerfs. J’entendis mon père chuchoter à Roxy : « Il est toujours comme ça quand on va chez sa mère… » Et il le déplorait. Les relations étaient différentes avec ma mère. Je pouvais déjà voir que Roxy prenait sur elle, et ça devait lui demander beaucoup d’énergie. Elle avait beau répondre aux piques de ma mère, cette dernière faisait mine de ne pas les remarquer, usant de pirouettes dont elle avait le secret. « Tu as raison, tu ne connais pas Howard, il est pire ! Les Ellis sont de la mauvaise graine ! » Elle n’en était plus une, et si elle devait encore se trainer mon père qui était toujours dans ses pattes et qu’elle avait un fils dont elle n’avait jamais voulu, il semblerait qu’elle soit malgré tout intéressée par nos vies et nos partenaires. Jack s’en accommodait et je me demandais comment il pouvait le faire. Ecoutant les recommandations de Roxy, ce dernier s’enquit à trouver une bonne bouteille de vin qui saurait lui convenir tandis que ma mère continuait d’accaparer ma petite-amie. « Oui, je veux tout savoir ma chérie ! Je t’avoue que je commençais à m’inquiéter pour lui ! Je lui en ai présentées des femmes et elles étaient toutes à ses pieds, mais je n’ai jamais compris son problème ! Il sait combler une femme ? Je veux dire, tu n’es pas vierge ma chérie ? » Sa curiosité mal placée refaisait surface. De toutes les femmes qu’elle m’avait présentées, je n’étais sortie avec aucune : d’une parce que je n’étais pas intéressé par les femmes présentes dans le showbiz, mais également parce que ce n’était pas à ma mère à s’occuper de ma vie amoureuse. Elle allait trop loin et je ne pouvais m’empêcher de la remettre à sa place, ce qui fit rire Roxy, mais alors que ma petite-amie prenait une nouvelle fois ma défense, ma mère considérait cela comme de la soumission, et écorchant le prénom de la jeune femme au passage, elle lui fit un cours de féminisme à deux francs. « Romy Chérie, il faut que tu t’endurcisses un peu, il ne faut pas croire que l’homme est dominant ! Il fait négligé ! » Il ne m’en fallut pas plus pour passer une main dans mes cheveux bien trop longs à son goût pour me foutre d’elle : « T’as vu mère, je me suis laissé pousser les cheveux, puisque tu n’aimes pas ! » Je fis un clin d’œil à Roxy pour la remercier à ma façon de me soutenir face à la harpie. Roxy déclina poliment l’offre de ma mère, mais celle-ci ne comptait pas la libérer de ses obligations. « Chérie, ce n’est pas négociable, je viendrais te chercher samedi à dix heures ! Ne me remercie pas ! » Et sur ce, alors que Roxy prit congé d’elle, elle s’enquit à aller beugler sur la gouvernante aux fourneaux. Roxy me rejoignit dans le jardin, verre à la main, tandis que je tenais une bière récupérée des mains de mon père. Passant mon bras dans le dos de ma petite-amie, je posais une main sur sa taille et je lui répondis doucement. « Et encore… là, elle est de bonne humeur, tu l’as pas entendue hurler à l’assassin parce qu’elle ne retrouve plus son chandail vert criard. » Alors qu’elle faisait tinter son verre contre le mien, je croisai son regard et jugeai que je lui devais des excuses. « Je suis désolé, je suis rarement de bonne humeur quand je viens ici. Viens, je vais te montrer quelque chose… » J’avais de la difficulté à apprécier les moments en famille. Prenant sa main, je descendis avec elle au sous-sol, éclairant la pièce qui dévoila ce qui ressemblait à une chambre d’adolescent, pleine de médailles sportives, de babioles, une planche de surf rangée dans le coin, un punching-bag et surtout un canapé convertible sur lequel je dormais alors que j’avais un lit cinq étoiles dans la pièce au premier étage. « Je dormais dans le sous-sol plutôt que dans ma chambre, car j’entendais moins ma mère. Du coup, j’avais aménagé tout ça en étant adolescent… » J’estimais que ça lui permettait de mieux me connaitre.
2016. Blake était très différent de son père et si j'appréciais au bout de quelques minutes, sa personnalité, je n'aurais pas pour autant voulu changer celle de mon petit-ami. J'aimais sa discrétion, son tempérament doux et calme mais aussi ses répliques piquantes dont lui seul avait le secret. Assurément, il me fallait quelqu'un comme Blake parce que quelqu'un d'aussi excentrique que Sam n'aurait surement pas collé, sur le long terme, avec mon caractère. Je regardais le père et le fils, tour à tour, et si beaucoup de choses semblaient les lier, il était évident qu'un fossé les séparait. De ce que j'avais compris et pour imager leur relation, Sam préférait de loin sauter ce fossé pour Maggie que pour son propre fils. C'était assez triste comme constat mais on ne naissait pas parent, on le devenait et autant l'un que l'autre n'avait jamais réellement brillé dans ce rôle. « Parce qu'il a des secrets ? Je serai curieuse de les connaître. » Pas sur qu'il en ait réellement le connaissant mais je laissais le plaisir à Sam de m'en raconter tout de même. Peut-être y avait il, et c'était surement le cas, des éléments de son enfance qui m'était encore inconnu. Je retenais une grimace gênée en les entendant et je lançais un sourire poli à mon beau-père. Je n'avais pas envie qu'il se sente mal même si la rancœur de son fils n'était du qu'à ses actes passés. Cela dit, je ne souhaitais pas m'en mêler, ça ne me regardait pas réellement et nous n'étions pas là pour mettre mal à l'aise qui que ce soit. « Peut-être qu'on aurait du rester entre nous alors. » C'était un peu tard pour ça mais respecter le programme initial aurait surement arrangé l'humeur de Blake qui jusqu'à ce qu'on arrive chez son père, était plutôt bonne. Malheureusement, les choses n'allaient pas franchement aller en s'arrangeant. Je regardais Maggie sans réagir à son pique sur les Ellis qui n'avait évidemment pas lieu d'être comme tout ce qu'elle disait mais c'était un autre débat. Je prenais sur moi, voulant faire bonne figure pour Blake plus que pour quiconque d'autre. Il était hors de question que je donne plus d'eau au moulin des reproches de sa mère. Heureusement pour moi, je n'avais pas encore mon verre et j'aurais surement recraché ce que j'avais en bouche, si tel avait été le cas. Le culot de cette femme. « C'est un peu déplacé comme question mais si je peux vous rassurer sur les performances de mon votre fils, vous n'avez pas à vous en faire de ce côté là Maggie. » Elle était l'opposé de Blake, sans gêne, extravertie au possible, bruyante... Je comprenais actuellement ce qui lui était insupportable et pourquoi il instaurait autant de distance entre lui et sa famille. « Et pour revenir au sujet principal, on s'est rencontrés au travail. » Et si il était possible de parler de notre rencontre plutôt que de notre vie sexuelle, je n'étais pas contre. « Je m'appelle Roxy à vrai dire, enfin c'est le prénom que m'ont donné mes parents et j'en suis assez fière donc si on pouvait s'en tenir à Roxy au lieu de Romy, ça me plairait assez. » Je lui souriais d'un sourire pincée avant de regarder Blake qui narguait sa mère avec ses cheveux longs. J'adorais sa coupe et si je ne lui disais jamais comment se coiffer, je savais lui donner mon avis sur ce qu'il faisait de son beau visage. De toute façon, tout lui allait et si pour Maggie c'était se laisser dominer alors soit. Je n'avais donc pas le choix que de passer un samedi entier avec elle et si je gardais un visage neutre, au fond de moi, je criais à l'angoisse extrême. J'avais une semaine pour me trouver la meilleure excuse du monde, faire déménager Blake et changer nos numéros de téléphone, ça devait être faisable. J'avais rejoins mon cher et tendre dans le jardin et sentir sa main sur moi m'apaisait instantanément. « Parce qu'elle n'est pas au maximum de ses aigus là ? » demandais-je amusée. « Ne t'excuse pas, tu as le droit, tu as une histoire familiale compliquée avec tes parents, je le savais en te demandant de venir. » Même si évidemment, je n'avais pas imaginé rencontrer son père, sa mère et son beau-père le même jour. Cela dit, c'était un peu une pierre deux coups. Je le suivais sans attendre descendant au sous-sol et je fronçais les sourcils avant de découvrir une chambre d'adolescent, de bibelots divers, des livres, des médailles. Je regardais autour de moi, scrutant la pièce comme si je visitais un musée. « Elle te laissait dormir ici ? Tu devais vraiment avoir besoin de ne plus l'entendre pour préférer le sous-sol aux chambres de luxe qu'il doit y avoir là haut. » Je touchais les médailles du bout des doigts avant de le regarder. « Elles sont toutes à toi ? » J'étais curieuse de connaître leur histoire. A vrai dire, si cette journée ne se passait pas comme prévu, elle prenait une tournure plutôt appréciable. Je découvrais encore de nouvelles choses sur Blake, j'apprenais encore qui il avait été plus jeune et ce qui l'avait poussé à devenir l'homme qu'il était aujourd'hui. « J'aime en savoir plus sur toi... Peut-être que je te montrerai ma chambre d'adolescente, moi aussi. » Que je dis d'un sourire malicieux alors que ma chambre se trouvait chez mes parents et elle n'avait pas vraiment changé depuis mon départ. Pourtant, ce n'était pas faute d'avoir dit à mes parents d'en faire ce qu'ils voulaient mais je les soupçonnais d'être nostalgique de la vie avec leurs filles devenues adultes.
2016. Je le devinais, mon père devait souhaiter beaucoup de courage à Roxy pour me supporter au quotidien. Il était conscient de mon côté sauvage, solitaire, fermé par moments. Et je pense qu’intérieurement, à mentionner mes ‘secrets’, il souhaitait la mettre en garde sur les facettes de mon comportement. Mais Roxy avait déjà pu les expérimenter. Et elle n’avait pas fui. Je ne pensais pas que mon père veuille me nuire, mais il avait l’air de vouloir être sûr qu’elle sache dans quoi elle s’embarquait. Bien sûr, il avait probablement des anecdotes à partager au sujet de mon enfance, que j’avais oubliées au fil des années. Rien ne me paraissait important dans l’enfance que j’avais menée. J’avais été un adolescent plus épanoui, ce qui semblait rare, mais je ne le devais qu’à Jack, qui a défaut d’être mon père, m’avait intégré à sa famille comme un membre à part entière et qui avait rendu mon quotidien plus facile, sans juger mon absence de conversation ou mon isolement. Jetant un regard à Roxy, je réponds avant que mon père ne se lance dans un monologue. « J’en ai pas, il va t’inventer des trucs… » Mon père s’insurge, et tandis qu’il râle, je me refocalise sur la route et ne dit plus un mot. Alors que Roxy faisait le constat vérifié qu’il aurait été préférable que l’on passe le déjeuner chez mon père, prenant conscience que si j’avais été d’accord pour un repas chez mon père, je n’étais pas encore prêt à la confronter à la diva sans talent, mais finalement, je n’avais pas le choix et mon père penaud, se justifiait encore en invoquant mon manque de visites chez ma mère. « Elle ne le voit pas… et puis elle voulait aussi te connaitre ! » Et pourtant, elle n’était pas censée être au courant, donc c’était bien qu’il n’avait pas tenu sa langue. Le mal était fait, mais s’il n’y avait pas eu Roxy, je serais peut-être reparti aussi sec chez moi. Je n’avais pas envie de lui faire de scène pour sa première rencontre avec mon géniteur – voire mes géniteurs pour le coup – mais ça influait sur ma mauvaise humeur du jour. L’interrogatoire de l’inquisitrice commence et ma mère se plait à poser des questions malaisantes et j’aurais dû briefer Roxy à ce sujet. Elle n’avait pas de limite et se fichait bien de la bienséance. Elle était intrusive et comptait tout savoir. « Ah donc vous le faites régulièrement ! » Qu’elle conclut ravie en riant, heureuse de savoir que nous avions une vie sexuelle épanouie. Elle devait se faire des idées, et il ne fallait plus qu’espérer qu’elle n’en rajoute pas une couche et qu’elle tombe dans l’indécent. Adepte des conclusions hâtives, elle pointa Roxy du doigt alors qu’elle venait de lui dire que nous nous étions rencontrés au travail. « Tu es sa secrétaire ! C’est toujours comme ça ! Je ne dis pas que tu es facile chérie, mais on en pince toutes pour le patron ! » Et encore une fois, elle gloussa. La remarque de Roxy au sujet de son prénom me fit sourire. Je sentais qu’elle perdait patience. « Oh pardonne-moi darling, je suis dyslexique, mais uniquement avec les prénoms ! Ta chevelure est sublime, qui est ton coiffeur ? » Je me penchais vers Roxy pour lui souffler : « Tu n’es pas obligée de répondre à toutes ses questions puériles. » Elle était libre de voguer au gré du vent dans l’immense bâtisse. Elle en avait déjà marre. Elle avait tenu plus longtemps que moi. « Ooooh non… » Elle était capable de bien pire la grande Maggie. Je soupirai. Si Roxy ne m’en voulait pas par rapport à mon manque d’appréciation de la journée, ça me contrariait que tout ne se passe pas comme prévu. « Même, j’aurais voulu que ça se passe autrement. » Je voulais qu’on s’isole un moment, histoire de passer à autre chose et de ne plus entendre ma mère hurler et glousser à tout va. Dans le sous-sol, rien n’avait changé ou presque. Ils n’en avaient pas besoin avec les garages et toutes les autres pièces de la maison. Mais la femme de ménage ne devait pas nettoyer le sous-sol de fond en comble. A la question de Roxy, je lui explique que Jack avait fait en sorte que je puisse venir ici quand j’en ressentais le besoin. « Oui, j’y étais bien et mon beau-père avait débarrassé la pièce pour que j’ai un endroit à moi parce que ça ne se passait pas très bien avec ses enfants. » Et bien sûr, j’y avais passé de longs moments quand je n’étais pas dehors. Je souris à la question de Roxy, hochant la tête pour lui donner confirmation. « Oui… des médailles d’arts martiaux pour la plupart. » Histoire de partager un peu plus, j’ajoutais : « Je ne supportais pas perdre, et ne pas faire toutes les compétitions possibles de la région, c’était perdre. » Un vrai compétiteur, ce qui impliquait que j’en avais beaucoup, mais elles ne signifiaient pas grand-chose à mes yeux. « Je t’en ai déjà beaucoup dit ! » Que j’admets d’un petit sourire timide. Jamais je n’ai autant partagé avec quelqu’un. « Tu avais des posters de boys bands ? » Je la taquine, parce qu’au fond je me demande quelle adolescente elle a été.
2016. Sam semblait vouloir me mettre en garde, gentiment évidemment, contre certains aspects un peu rustres de son fils. C'était prévenant mais il ne semblait pas savoir à quel point je connaissais Blake. Evidemment, j'avais encore des choses à découvrir mais sa froideur, son indépendance et son côté solitaire n'avaient plus vraiment de secrets pour moi. Je l'acceptais avec ses qualités -bien nombreuses- et ses défauts et il en faisait de même pour moi. Il était hors de question que je le change, après tout, si j'étais tombée amoureuse de lui pour ce qu'il était ce n'était pas pour le façonner d'une autre façon. Je leur souriais toujours amusée de les voir se défier sans méchanceté. Ils étaient à l'opposé l'un de l'autre et pourtant, on sentait que quelque chose les unissait tout de même, probablement les liens du sang quoi qu'on en dise. Sam tentait de se justifier sur le changement de planning mais en vain, il avait contrarié Blake et aucune de ses explications ne seraient valables. J'étais, pour ma part, plutôt contente que Maggie veuille me connaître même si j'allais rapidement comprendre ma douleur. Si Blake considérait que j'étais une tornade, il me paraissait évident que sa génitrice était un ouragan. Je me trouvais parfois bien trop directe dans mes mots mais finalement en comparaison, j'étais dans une bonne moyenne. « Vous pouvez en tirer cette conclusion. » dis-je en tentant de ne pas être trop gênée par cette conversation. Je n'avais pas pour habitude de parler de ma vie intime avec quelqu'un d'autre que mon petit-ami alors en parler avec sa mère était quelque chose dont je n'étais pas certaine de pouvoir m'y faire. Bien que nos personnalités soient différentes sur de nombreux points, nous étions similaires sur le sujet de ce qui se passe dans notre chambre reste dans notre chambre. Cela ne regardait que nous et je n'étais à l'aise pour en débattre qu'avec mon partenaire. J'avais espoir que Maggie se concentre sur un autre sujet, rapidement. « Non, je ne suis pas sa secrétaire. » dis-je fermement alors que ce stéréotype avait tendance à m'agacer mais je me reprenais, lui offrant un sourire. « Nous sommes collègues et j'en pince juste pour son costume toujours bien repassé. » plaisantais-je sans savoir si elle allait comprendre ma blague ou la prendre au premier degré. Tant pis, j'avais tenté et au pire, j'allais faire sourire Blake. D'ailleurs, je le regardais en approuvant de la tête lui faisant signe que ça ne me dérangeait pas. A vrai dire, il fallait aussi que j'apprenne à la connaître et que je fasse ma place si je voulais qu'à un moment donné elle se souvienne de mon prénom mais aussi qu'elle ne pouvait avoir le dessus sur moi. Maggie menait son petit monde mais elle n'avait aucune emprise sur son fils et je ne comptais pas à ce qu'elle en ait sur moi non plus, je laissais ce plaisir à son ex-mari. Bien qu'il me fasse de la peine. « Le même qu'Angelina Jolie voyons, qui d'autre ? » Oui, je me payais un peu sa tête mais je le faisais avec une voix douce et un sourire qui allait parfaitement avec. Si je n'avais pas pu m'extirper du gué-tapant pour le week-end prochain, je prenais ma petite revanche. J'avais rejoins Blake et je me sentais déjà plus apaisée et mes oreilles aussi, par la même occasion. Je laissais échapper un rire avant de boire une gorgée de mon verre. Je ne critiquais pas sa famille, elle était comme elle était, la mienne aussi avait des défauts. « Ce n'est pas grave, je suis contente de les rencontrer et je sais que tu as accepté qu'on vienne chez ta mère et Jack juste pour moi. » Je lui souriais tout en caressant sa joue réellement touchée des efforts qu'il faisait juste pour me faire plaisir et me prouver qu'il prenait très au sérieux notre relation. Parce qu'en soit, tout ce qu'on vivait actuellement n'avait que ce but là. Je l'avais suivi dans le sous-sol et j'étais étonnée de découvrir cette chambre. Toutefois, elle ressemblait plus à Blake que le reste de la maison, bien trop tape à l’œil. « Jack est gentil. Pourquoi ça ne se passait pas bien avec ses enfants ? » Je devinais que ça n'avait pas du s'arranger avec le temps puisque il ne m'en avait jamais parlé et qu'il se disait fils unique. « Je vois que cette passion remonte à loin alors. » Je souriais de plus belle m'approchant pour lire ce qui était inscrit sur les médailles ainsi que pour mieux les regarder. « Tu me connais, j'en veux toujours plus. » Que je dis en lui adressant un sourire malicieux. Je me retournais vers lui avant de rire en secouant la tête. « Est-ce que j'ai la tête à avoir eu des posters de boys-and dans ma chambre ? » J'arquais un sourcils avant de regarder ailleurs. « Seulement de Justin Timberlake et pendant quelques semaines après je me suis reprise. » plaisantais-je en souriant de plus belle. J'avais eu une petite période mais j'avais laissé le fan-girling à mes petites sœurs préférant autre chose qu'écouter des cassettes de « chanteurs à minettes » comme j'aimais les appeler. « Je te remercie de partager autant avec moi... je veux dire, ta famille et tes souvenirs d'enfance. Ça me fait plaisir que tu me fasses confiance. » J'avais besoin de lui dire et de lui faire comprendre que j'étais reconnaissante de ce qu'il faisait. Je savais pertinemment que ce n'était pas dans ses habitudes et encore une fois, il me surprenait dans le bon sens. J'étais plus que certaine d'avoir fait le bon choix avec lui et cette journée n'était qu'une confirmation supplémentaire.
2016. Ma famille s’imaginait toujours que je finirais seul. Ils ne me trouvaient pas ancré dans la société et ils disaient que ce n’était pas plus mal vu le métier dangereux que j’exerçais. Selon mes parents, je périrais un jour en mission. Si ça devait probablement arranger ma mère, mon père lui redoutait ce genre de moment. Ainsi, je ne communiquais jamais sur le travail, tout simplement parce qu’il se faisait des idées, donc il valait mieux qu’il ne sache rien. Il n’y avait que Roxy pour comprendre l’attrait de ce métier et se rendre compte que mon comportement n’avait rien d’unique. Au FBI, nous apprenions à gérer nos émotions parce que rien n’était simple puisque nous étions témoins des pires horreurs de l’humanité. Toutefois, j’admettais aisément que je n’avais pas eu à beaucoup travailler sur mon comportement puisque j’avais toujours été introverti et peut-être qu’aujourd’hui, Roxy pouvait réaliser pourquoi sans que je lui explique. Ma mère avait décidé d’être fidèle à elle-même et de trop en faire. Elle n’avait de cesse de donner des conseils qui n’avaient ni queue ni tête, d’autant plus qu’elle ne connaissait rien de notre relation et se permettait pourtant d’émettre un avis. « Tu sais chérie, tu devrais pas trop le stimuler comme ça, il faut te faire désirer, sinon il va se lasser. » J’avais décidé de ne pas lui répondre, de ne plus me fatiguer pour si peu. Elle ne changerait plus à son âge et ça allait empirer au fur et à mesure qu’elle vieillirait. Ma mère avait toujours quelque chose à dire, elle savait tout mieux que personne alors qu’au fond, elle ne savait rien. Elle se complaisait dans des stéréotypes, des clichés. Mais tant que son cher et tendre ne le lui ferait pas remarquer, elle continuerait. « Ah ça… Je ne sais pas d’où il sait repasser… Il devait être une femme dans une autre vie. » Au fond, à vouloir quitter le nid rapidement, j’avais appris à tout faire tout seul. Etant maniaque, je n’avais pas relâché mes efforts jusqu’à ce que ma chemise n’ait plus aucun pli, et toutes les autres qui avaient suivi. Ma mère ne semblait même pas avoir de réel intérêt pour Roxy, elle se contentait soit de l’accabler soit de lui poser des questions intrusives. Mais je ne m’en mêlais pas car j’estimais que Roxy était suffisamment armée pour lui tenir tête. Il me semblait d’ailleurs que Roxy avait compris que tout ce qui intéressait ma mère, était les stars d’Hollywood. « Ah mais tu connais Angie ? Elle est A-DO-RABLE ! Mais elle a un peu trop de gosses pour moi ! » Encore et toujours. Ma mère ne comprenait pas le second degré visiblement. Il était certain que si Roxy ne coupait pas la conversation pour souffler, elle en aurait un mal de crâne cette nuit. Alors qu’elle m’avançait qu’elle était tout de même contente d’être ici et qu’elle avait bien compris que je faisais l’effort pour elle, je soupirai : « Oui parce que je savais que ça te ferait plaisir de les connaitre. » Mais elle pouvait aisément comprendre que je n’étais pas vraiment dans mon élément, pas même dans cette chambre qui était la mienne quelques années durant avant que je ne rejoigne la fac puis Quantico. Ce sacrifice, je le faisais pour lui montrer que j’étais capable de penser aux besoins et envies de quelqu’un d’autre que moi, en l’occurrence, elle. Si le sous-sol faisait trois fois la chambre que j’avais chez mon père, on y retrouvait une certaine simplicité, n’étant pas fan du matériel à outrance et de l’excentricité de ma mère. Quant aux enfants de Jack, je pense que je les dépréciais autant que ce qu’il était déçu de leur comportement. Ils avaient été odieux avec lui, et ma mère ne l’avait pas supporté, elle avait fait en sorte qu’ils ne viennent plus. « Des connards pourris gâtés qui n’ont aucun respect. Ils ne sont pas venus beaucoup de fois mais ça a suffi pour m’agacer à l’époque. » S’ils ne m’embêtaient pas directement, leur présence m’avait toujours été hostile et Jack avait souvent dit qu’il aurait préféré avoir un enfant comme moi. J’hausse les épaules. Oui Jack est un homme bien, mais pas doué pour éduquer ses enfants car trop gentil. Ce n’est pas mon problème de toute façon. Elle a l’air plus qu’intéressée par tous les petits détails qui ont constitué mon enfance et surtout adolescence et je la regarde faire en silence. Elle suggérait que ma passion pour les arts martiaux remontait à loin et c’était vrai, même si c’était surtout parce que mon père avait tenu à ce que je fasse une activité peu couteuse. « Ca m’occupait. C’était un copain de mon père mon professeur. » Jack lui, m’avait fait toucher à tout mais j’étais surtout doué pour les arts martiaux. Je souris légèrement alors qu’elle admet en vouloir toujours plus, vorace de détails. « Je sais mais y a pas grand-chose à savoir tu sais… » Je lui ai déjà quasiment tout dit. Roxy n’était apparemment pas le genre de fille qui recouvrait sa chambre de posters de stars. Elle me donna un nom et j’écarquillais les yeux ignorant totalement de qui il s’agissait. « C’est qui Justin Timberlake ? » Je n’écoutais que les musiques de films, la musique classique et l’opéra. Ca me parlait beaucoup plus. A l’entendre me remercier, je constate que ça signifie encore plus pour elle que ce que je pensais et j’hausse les épaules dans une grimace. « C’est rien. Mais j’espère que tu me demanderas pas de revenir ici. » Je tente de plaisanter évidemment, mais quelque part, j’espère qu’on ne multipliera pas les visites.
2016. Maggie était vraiment un phénomène et au regard que lui lançait Blake, je constatais qu'il n'était pas du tout en phase avec sa mère. Il ne m'avait jamais caché que leur relation n'avait rien de la relation basique mère/fils et que leurs points communs se comptaient sur les doigts d'une main. Cela dit, en découvrant la personnalité de ma belle-mère, je ne pouvais que comprendre les réticences qu'il avait eu lorsque j'avais évoqué une rencontre. Si j'avais, au début, pris pour moi le fait qu'il ne veuille pas que je connaisse sa famille, je comprenais que la réalité était totalement inversée. Malgré ça, je ne regrettais pas le déplacement et ça me permettait aussi de mieux comprendre la vision de la famille qu'avait Blake. Une vision bien éloignée de la mienne mais comment pouvais-je lui en tenir rigueur quand on connaissait son enfance. « Merci du conseil. » me contentais-je de répondre alors qu'il était hors de question que j'entre dans ce genre de débat. J'esquissais un sourire alors que je tentais, encore une fois, de prendre sur moi pour ne pas répondre sur le vif. Je me devais de respecter cette femme même si nos avis divergeaient totalement. Je ne savais pas ce que Jack et Sam pouvaient lui trouver même si c'était une belle femme, son physique n'arrivait pas à rattraper sa personnalité insupportable. « J'imagine qu'en 2016, le fait qu'un homme sache repasser est juste une belle évolution dans les égalités homme/femme. » Même si je doutais qu'elle en sache grand chose niveau égalité. Elle avait tout pour être fière de son fils mais sans que je ne sache pourquoi, elle arrivait à transformer ses qualités en défauts. Peut-être que des aspects de leur histoire m'échappait et que j'allais trop vite aux raccourcis mais j'avais du mal à ne pas encenser Blake. Je n'avais pas eu beaucoup d'hommes dans ma vie mais j'en avais croisé assez pour voir qu'il était bien au dessus du lot autant au niveau de son éducation que de son respect pour autrui. Il ne devait pas tenir tout ça de ses géniteurs ou tout du moins pas de sa mère, je me demandais même s'il n'avait pas appris tout seul. « Je suis team Aniston mais oui elle à l'air ! » continuais-je alors qu'elle prenait tout au premier degré et c'était assez amusant. Je n'étais pas étonnée qu'elle trouve que l'actrice avait trop d'enfants quand on savait qu'elle même n'avait pas su gérer le sien ni même l'aimer à sa juste valeur. Je lui offrais un sourire pincée avant d'arriver à m'extirper de cette conversation non sans mal. Heureusement, j'oubliais bien vite Maggie lorsque Blake me faisait découvrir la chambre ou il avait grandi. C'était un espace qui lui ressemblait ou tout du moins qui ressemblait à la personne qu'il avait été étant adolescent. « Ça me fait plaisir oui, et j'ai l'impression d'en savoir encore plus sur toi. » Parce que même si sa relation n'était pas au beau fixe, avec eux, ils restaient ses parents et c'était important pour moi de les connaître, de voir qui ils étaient. Je savais que mes priorités n'étaient pas forcément celle de mon petit-ami mais encore une fois, il respectait mes désirs et cédait à mes volontés. « Je vois... Une chance qu'ils ne soient pas beaucoup venus alors... Ta mère en est responsable aussi non ? » demandais-je amusée pour détendre un peu l’atmosphère à mon tour. Bien qu'elle était gentille, elle restait agaçante à la longue et je n'en avais pas encore fait les frais plus d'une heure. Je lui souriais écoutant les détails sur ses médailles. J'avais envie de tout savoir sur lui mais je ne devais pas non plus le presser. Blake n'était pas un grand bavard et je m'y étais toujours fait ne le poussant jamais à être quelqu'un d'autre juste parce que j'en avais envie. D'ailleurs, je ne souhaitais pas qu'il change. « Bien sur que si, la preuve, je ne savais pas tout ça. » J'en apprenais de plus en plus, tout comme c'était le cas pour lui avec moi. Ça me semblait être le cheminement logique de deux êtres entrain de construire une histoire. « Tu me fais une blague ? Tu ne connais pas Justin Timberlake ? » demandais-je en riant. Décidément, il allait falloir que j'ouvre son champs de connaissance musicale même si je le voyais déjà rouler des yeux au son r'n'b qui retentirait. « Tu m'as emmenée à l'Opéra, je t'emmènerai à un de ses concerts. » tranchais-je amusée en l'imaginant à un des shows du chanteur. « Ou on écoutera sa musique dans la voiture, c'est bien aussi. » dis-je en souriant de plus belle réalisant que 2 heures de pop/r'n'b était probablement peu supportable pour Blake, ce que je pouvais comprendre. « On ne reviendra que quand tu auras envie... mais je suis désolée si c'est si insupportable pour toi et que je t'ai paru insistante pour les rencontrer. Ce n'était pas le but. » J'avais la sensation qu'il vivait bien plus mal que moi cette journée et je me sentais coupable d'avoir demander à rencontrer sa famille. Je n'avais pas envie de le rendre malheureux ou même de l'agacer. Peut-être qu'il n'osait pas me dire que tout ça ne lui convenait pas après tout.
Accueil
Mar 28 Avr - 19:02