25 avril. Les derniers jours avaient été difficiles, je ne pouvais pas le nier. Je m'étais réveillée d'un coma d'une semaine et j'avais du reprendre possession de mon corps, de ma tête mais aussi de ma vie. J'avais évidemment eu besoin de quelques heures pour me sentir de nouveau moi-même mais d'après les médecins, c'était tout à fait normal. Je n'avais pas spécialement de souvenir de l'accident ou plutôt de l'échec cuisant de la mission mais il m'arrivait d'avoir des flashs. Je voyais mon équipe entrer dans cet entrepôt puis rapidement après, l'explosion qui m'avait mis à terre me transperçant le ventre au passage. De ce qu'on m'avait dit, en plus de l'explosion, un échange de balles avait eu lieu, autant dire que la scène était rapidement devenue un champ de mine pour fédéraux. J'avais cru réussir les doigts dans le nez avant autant de préparation, mais je m'étais littéralement trompée. J'avais encore du mal à accepter que les derniers mois de travail étaient réduits à néant et pourtant, je n'avais pas d'autre choix que de faire face à cette réalité. Blake m'avait demandé de ne plus penser au travail, de lever le pied et de ne penser qu'à ma convalescence et si je savais qu'il avait raison, une partie de moi ne pouvait s'en empêcher. Bien sur, de mon lit, je ne pouvais pas faire grand chose surtout que mes supérieurs m'avaient, eux aussi, demandé de guérir avant de penser à revenir. Je ne savais pas ce qui allait en être de moi même si d'après Rivera, certains malfrats avaient été appréhendés peu après l'accident et du liquide avait été saisis. Finalement, tout n'était pas perdu, c'était surement ce qu'on pouvait appeler un demi échec. Tentant de chasser toutes ces pensées de mon esprit, j'attrapais la télécommande pour zapper la chaîne qui tournait dans le vide depuis quelques minutes. Un reportage sur l'accouchement. Super. Je finissais par tout éteindre ne supportant plus ces images. Mes yeux rivés sur le plafond, il ne fallait pas être sortie de Saint-Cyr pour voir que je cachais ma peine d'avoir perdu mon bébé derrière mes questionnement concernant mon job. Au final, ça m'évitait de trop ressentir même si la dissimulation de peine n'avait jamais aidé personne à s'en sortir. Je comptais les jours jusqu'à ma sorti et jusqu'à mon mariage qui approchait à grand pas... C'était surement la seule chose positive de ma vie en ce moment. Soudain, quelqu'un toquait à la porte et sans attendre, j'allais ouvrir. Je marchais de mieux en mieux sans ressentir trop de douleurs, c'était donc que je me remettais de tout ça.
Cinq heures du matin, me voici enfin chez moi après une soirée mouvementée au boulot. Je me suis fait draguer je ne sais combien de fois par des nanas bien alcoolisées, j'ai par ailleurs failli me battre aussi avec un mec complètement torché, à qui je refusais indubitablement ces requêtes. J'avais hâte de pouvoir me poser dans mon lit, non sans une bonne douche avant. J'essayais de ne pas faire le moindre bruit, afin de ne pas réveiller ma femme qui dormait encore. Mon corps tout entier se détendait au contact de l'eau chaude qui ruisselait sur celui-ci. Une fois tout propre j'enroulais une serviette autour de ma taille pour ensuite aller face au lavabo et finir de me préparer. Une fois frai si je puis dire, je mis un boxer puis filais me glisser dans les draps, toujours le plus silencieusement possible. Je jetais un coup d’œil à mon épouse qui était encore dans les bras de Morphée, comme un gros bêta, un sourire s'étira sur mes lèvres. Quant à moi, mon sommeil fut beaucoup plus long à venir, je fus emporté une fois de plus dans de"s rêves mêlés à des cauchemars. Mais ils étaient beaucoup moins atroces que certains que j'avais pu faire. Je me réveillais en sursaut en sueur, je passais une main sur mon visage en soupirant. Ma femme n'était plus à mes côté, je jetais un coup d’œil au réveil et vis que la journée était bien avancée. Celui-ci affichait quatorze heures. J'étais content, j'avais réussi à enfiler douze heures d'affilé sans me réveiller toutes les demi-heures. Je décidais de filer une fois de plus à la douche, je détestais avoir la peau moite.
Une fois cela fait pour la deuxième fois de la journée, je pris la direction de la cuisine pour aller me faire un café et un petit déj, je commençais à avoir l'estomac dans les talons. Je saluais mon épouse en l'embrassant sur la joue, puis m'attelais à préparer mon petit déjeuner, toast avec bacon et oeufs. Je devais me dépêcher, je souhaitais aller voir Roxy, elle était réveillée depuis quelques jours de son coma. Si je n'ai pas été la voir avant, c'est tout bonnement pour lui laisser le temps de se remettre de cette épreuve. Je sais ce que c'est de rentrer blessé ou pire d'une mission, je connaissais aussi les conséquences cuisantes d'un échec... Je passerai la voir vers seize heures ! Une fois le repas prêt, je me postais devant la télévision, prenant la télécommande et me mettant à switcher d'une chaîne à un autre. Ma femme était parti au travail me laissant seul avec pour seule compagnie mon chien. C'était un jeune chien loup du nom de Stitch (prénom qui lui allait bien vu le nombre de bêtise qu'il faisait). Ma femme avait décidé de l'adopter pour combler sa solitude quand je partais en mission mais également pour mon fils. L'heure de la visite approchant, je pris les clés de ma voiture, je sommais Stitch de ne pas faire de bêtises puis je partis.
Je ne mis que quelques minutes pour arriver dans le quartier ou vivait mon amie qui était comme une soeur pour moi. Je me garais sur le parking adéquate, descendis de voiture la verrouilla puis alla toquer. J'espérais ne pas la déranger, surtout que je n'avais même pas envoyé de texto pour lui dire que je passais la voir aujourd'hui. C'est alors que la porte s'ouvrit sur une femme fatiguée mais qui semblait en assez bonne forme. " Hey salut toi " je me penchais pour déposer un doux baiser sur sa joue " Je te serrais bien dans mes bras mais j'ai un peu peur de te casser je l'avoue. J'espère que je te déranges pas ! " j'attendis qu'elle m'invite à entrer, bien que nous soyons proches je n'allais pas m'incruster comme ça !
Revenir chez moi après quelques jours à l'hôpital avait été une vraie délivrance. J'avais enfin pu quitter les murs blancs de ma chambre pour retrouver l'intérieur chaleureux de mon appartement. Je me sentais bien plus à l'aise ici que là bas, accrochée à des fils dans tous les sens et au service du personnel soignant parfois sans réelle bienveillance. Heureusement, ici, mon fiancé prenait soin de moi prêtant attention à mes moindres désirs ce qui à terme allait surement me rendre un peu capricieuse. Blake était parti travailler et je l'avais sommé de ne pas revenir pour déjeuner, préférant qu'il se vide la tête une journée entière avant de me retrouver le soir même. Je n'avais pas envie qu'il définisse son emploi du temps autour de moi, surtout que désormais, j'arrivais à me déplacer seule ne ressentant plus autant les douleurs de mon abdomen. Mon médecin m'avait prévenu, j'allais devoir m'armer de patience mais si je respectais ses directives alors je n'aurais aucun soucis pour rejoindre mon futur mari au bout de l'allée le jour de notre mariage. C'était probablement le seul objectif que je me fixais depuis mon retour... Puisque pour ce qui était du travail, j'étais en stand-by. Après avoir entendu toquer, j'allais ouvrir et souriais largement en découvrant que mon visiteur n'était autre que Jacob. « Jacob ! » lançais-je surprise mais réellement ravie de le voir ici, surtout de voir qu'il avait pris de son temps pour me rendre visite. Parce qu'en soit, c'était aussi dans ce genre de moments plus difficiles qu'on pouvait voir les vrais amis, les gens fiables qui ne pensaient pas qu'à eux. « Garde moi un câlin pour quand je serai plus en forme ! » lui imposais-je malicieusement avant de lui ouvrir la porte, lui laissant un passage pour entrer. « J'ai un programme tellement chargé... mais je peux prendre le temps pour toi. » le taquinais-je alors qu'en réalité, comme il devait s'en doute, mon programme était assez light voir nul. Je devais me reposer et moi qui était une hyperactive de nature, c'était quelque chose d'assez difficile. Passer des heures dans le canapé à regarder la télé ? Très peu pour moi. Je l'invitais donc à me suivre dans le salon sentant que cet après-midi allait soudainement être bien plus intéressante que prévu. Jacob et moi étions amis depuis des années et je ne me rappelais pas vraiment d'un jour dans mon adolescence ou il n'avait pas été présent. Nous avions littéralement grandi ensemble, découvrant l'amour chacun de notre côté certes, mais tout de même ensemble. Aujourd'hui, nous étions adultes et nous avions vécu énormément de choses, parfois positives parfois négatives mais toujours est-il que notre amitié avait survécu à tout. « Ça me fait plaisir de te voir. Tu veux boire quelque chose ? » proposais-je alors que j'avais tout ce qu'il fallait dans le frigo ou même dans les placards. Je n'étais pas aussi douée que lui pour le service mais il n'allait surement pas m'en tenir rigueur.
je m'étais promis d'aller voir mon amie, notamment parce que la demoiselle se remettais d'une blessure ainsi que d'un coma. Je dois avouer que j'avais eu extrêmement peur de la perdre, tous les deux nous étions ce qu'on peut appeler des amis fusionnels. Elle était comme ma soeur, étant plus jeunes nous nous étions aimés d'une autre façon, enfin non nous avions essayé plutôt. On ne peut pas dire que cela avait été un franc succès, et c'est pas plus mal ainsi. Nous avons continué notre vie comme si de rien n'était. J'ai connu ces petits amis, elle, ben elle a juste connu Amalia en fait. Puisque ma femme a été l'unique femme de ma vie, du moins avant que je commence à déconner en allant voir ailleurs dès que plus rien n'allait pas dans mon couple. Je me sentais extrêmement coupable, mais en même temps c'était libérateur d'être avec une personne sans devoir se justifier de quoique se soit, sans se prendre la tête. Mon amie vint m'ouvrir après quelques minutes, elle semblait se porter assez bien, et encore tout est relatif. Je pouvais discerner la fatigue sur son visage, je voyais à sa posture qu'elle avait encore un peu mal pour se tenir debout mais sûrement aussi pour marcher. Je rêvais de la porter pour l'emmener se rallonger sur son canapé, mais se faire materner par moi, très peu pour elle. C'était une femme extrêmement forte, j'étais loin de m'imaginer qu'elle l'était encore plus que je pensais. J'ignorais pour la perte de son bébé, comme j'ignorai le pourquoi du comment elle avait fini dans cet état. Tout ce dont j'étais au courant, c'est qu'elle avait été blesse, dans le coma suite à une mission point !
Je lui souris quand elle m'intima de garder mon câlin pour plus tard " Hum ça sera une montagne de câlins ouais. Bon faudrait juste que Blake le prenne pas mal ! " je souriais de toutes mes dents tout en entrant chez elle, refermant la porte d'entrée au passage. " Je suis tellement touché, tant de bonté en toi ! " nous nous taquinions à longueur de temps comme le ferait un frère et une soeur. Ça faisait du bien de pouvoir la voir, de dialoguer avec elle, de la voir sourire... j'ai bien cru que j'aurai pu ne plus jamais profiter de tout ça. La jeune femme était ma bouffée d'oxygène dans mon monde qui s'étiolait peu à peu. Si vous saviez comme j'aimerai lui dire d'aller s'asseoir sur ce fichu canapé, manque de pot la demoiselle était pas du genre à poser son cul et ne rien foutre pendant toute une journée. La mise à pied forcée devait donc énormément la peser actuellement. " Moi aussi je suis heureux de pouvoir te voir, bon un peu charcutée mais en vie. Puis ça te rendras badass, tu pourras jouer les héroïnes devant tes enfants plus tard ! " j'étais loin d'imaginer que mes paroles remueraient une douloureuse nouvelle dont j'ignorais tout. " Si tu as un jus de fruit bien frai je suis partant, mais assis-toi et dis moi où chercher. Te voir debout m'inquiètes, faut te reposer ! " Je pense que j'allais finir par prendre un coussin dans la gueule à un moment donné de la journée. " Bon trêve de plaisanterie, que t'as dit le médecin ? Tu envisages de reprendre le boulot quand ? tu penses être remise pour le mariage ? " oulà calme toi Rakein ça fait beaucoup de questions là.
Jacob et moi avions une histoire qui ne datait pas d'hier. Si on avait flirté au lycée, cette romance avait rapidement laissé place à une amitié sincère et fusionnelle. En y repensant, je ne savais pas comment nous avions un jour pu imaginer qu'il y ait plus entre nous. Nous étions bien trop proches pour que cela dépasse le stade de la fraternité, c'était une évidence. Jacob, c'était un peu mon frère né d'une autre mère. Nous avions grandi ensemble et nous avions aussi été les témoins des réussites et des échecs de l'autre. J'avais toujours fait en sorte de le soutenir et de ne jamais juger ses actes même lorsque je n'étais pas forcément en accord avec ses décisions. C'était sans doute ça qui rendait notre amitié si pure, on se respectait toujours avant tout autre chose. J'étais heureuse de le voir là, sur le pas de ma porte. Comme toujours, il ne me décevait pas, il était là pour moi comme je l'étais pour lui. Il fallait avouer que dans le monde dans lequel nous vivions, les gens vrais étaient devenus des denrées rares. C'était d'ailleurs un triste constat. « Tu vois ça avec lui, je fais deux têtes de moins que vous et pas assez de forces pour gérer deux grands gaillards comme vous ! » riais-je en le laissant entrer. Blake n'était pas du genre jaloux, ou tout du moins pas quand il ne se sentait pas menacé. Il n'aimait pas qu'on me tourne autour mais c'était un peu naturel, aucun homme n'aimait voir d'autres hommes tourner autour de leur femme. « Une chance, j'ai encore tout mes membres ! » plaisantais-je en levant les mains avant de sourire sur la fin de sa phrase. Les enfants, c'était évidemment un sujet sensible mais je ne lui en voulais pas, il ne pouvait pas le savoir. « J'imagine que je leur raconterai... ou pas ! » grimaçais-je avant de reprendre. « Mais ça va tu sais, je t'assure. » Je faisais une petite moue avant de lui indiquer le frigo parce que si j'étais têtue, il l'était autant que moi et je savais qu'il n'allait pas lâcher le morceau avant que je ne m'assois dans le canapé. « Pour le boulot, ce ne sera pas avant l'été... D'une parce que je dois faire de la rééducation et un suivie psychologique et de deux parce que je pars en lune de miel juste après le mariage. » Et c'était bien la seule chose qui me faisait sourire. « Bien sur que je serai remise, je marcherai le long de l'allée style de rien et je danserai avec mon mari comme si de rien n'était ! » Et merci aux anti-douleurs qui allaient m'aider dans ce périple. « Je veux juste retrouver ma vie d'avant. » dis-je finalement en souriant légèrement plus nostalgique. J'aurais aimé enlever toutes mes souffrances autant physiques que psychologiques mais ce n'était pas aussi simple, tout comme parler de la perte de mon bébé. Je ne savais pas comment l'exprimer, même si mon ami était bien placé pour comprendre ma peine.
Ce que je pouvais aimer cette fille mais pas de cet amour là, nous étions comme des frères et sœurs. Nous avions grandis ensembles, nous passions le plus clair de notre temps libre ensembles quand nous étions plus jeunes. Avec les années, nos boulots et nos vies respectives cela est plus compliqué, mais on s'arrange toujours pour se voir ou s'écrire régulièrement. Je ne pouvais clairement pas me passer de sa compagnie, je suis ravi que notre amitié traverse les âges en se bonifiant avec le temps comme le bon vin. Plus jeunes nous avions essayé de nous mettre ensembles, mais dès le premier baiser nous avions trouvé cela extrêmement bizarre et dérangeant. Ce n'était définitivement pas pour nous. Quelle ne fut pas ma frousse quand j'appris pour son accident suite à sa mission, alors ça fait ça d'avoir peur pour quelqu'un qui fait un métier dangereux. Maintenant je comprenais mieux ce qu'elle ressentait à chaque fois que je partais en mission. " Il sait qu'il risque rien avec moi donc à l'aide Blaise, je pourrai te torturer de câlins. Peut-être même qu'il m'aiderait ! " Je lui fis un clin d'oeil accompagné d'un sourire taquin. La jeune femme riait rétorquant qu'elle avait de la chance d'avoir encore tous ses membres " Tu serai restée badass même avec un bras ou une jambe en moins, puis au moins tu aurais été prête pour Halloween " Je lui tirais la langue tout en entrant dans la maison, la sommant d'aller s'asseoir, je ne supportais pas de la savoir debout alors qu'elle n'était pas totalement remise. Bien évidemment je fis aussi une blagounette sur les enfants ignorant totalement qu'elle avait perdue le bébé qu'elle portait.
Elle ronchonna certifiant qu'elle allait bien, mais elle me connaissait, nous étions aussi têtu l'un que l'autre, du coup elle capitula me montrant son frigo pour que je puisse me servir ce verre de jus de fruit frai. " Ils ont bien raison de ne pas te remettre en elle tout de suite, même si je te connais et que tu en meurs sûrement d'envie ! " Je bus une gorgée puis ajoutais " Oh c'est vrai que mademoiselle va devenir madame, pas trop stressée avec la date qui approche " Ça me faisait penser que je n'avais toujours pas trouver de costume, car si elle avait invité au mien il en était de même pour moi. J'allais m'asseoir en sa compagnie tout en déposant au passage un baiser sur son front " Tu seras une mariée magnifique j'en suis sûr " Je l'a comprenais tellement quand elle annonçait vouloir retrouver sa vie d'avant. " Si tu t'en tiens au repos, à la rééducation comme il faut, tu vas vite la retrouver ta vie d'avant pleine d'aventures exaltantes. Mais plus de coup comme ça, j'ai eu super peur moi ! " Je souriais tout en plongeant mes yeux clairs dans les siens.
Notre amitié remontait à tellement loin, que j'avais du mal à me souvenir de ma vie sans Jacob. Nous avions passé une partie de nos vies tous les deux, dans le sens le plus platonique du terme, après tout. J'avais assisté à son mariage, il allait assister au mien. Quoi qu'il se passe, rien ne changeait vraiment et preuve en était encore aujourd'hui alors qu'il avait traversé la ville pour venir me voir. Notre relation était comme celle d'un frère et d'une sœur et n'ayant pas mon frère de sang près de moi, je devais reconnaître que j'appréciais de pouvoir compter sur mon ami comme tel. « C'est vrai... Du coup, je vais me faire étouffer, ça vaut le coup d'avoir survécu ! » plaisantais-je alors que dédramatiser la situation me faisait du bien et d'après la psychologue que je voyais, c'était même nécessaire pour ma guérison. J'avais beau avoir été formée pour être un agent spécial prêt à surmonter tous les défis, je n'en restais pas moins humaine. « C'est une vision très positive des choses, j'adore Halloween en plus ! » riais-je en grimaçant à mon tour alors qu'il me tirait la langue. Nous étions toujours taquins l'un envers l'autre, un peu comme un frère et une sœur pour toujours en revenir à cette relation. Une fois dans mon salon, Jacob me sommait de m'asseoir, ne voulant pas que je me fatigue plus. J'avais l'impression d'entendre Blake et je me demandais si les deux hommes ne s'étaient pas appelés dans mon dos d'ailleurs. Je savais qu'ils s'appréciaient et que leur but commun était que je me remette du mieux possible. « Raison je ne sais pas mais oui... J'ai envie de finir ce que j'ai commencé sur cette affaire mais clairement, c'est impossible et pour une fois Blake est en accord avec eux ! » Je levais les yeux au ciel avant de sourire, parce qu'au fond de moi je savais qu'il avait raison et que mes supérieurs aussi, pour une fois. Je n'étais pas toujours d'accord avec leurs décisions et je le faisais savoir dès que j'en avais l'occasion, ce qui faisait de moi l'impétueuse agent de l'unité. « Tu es passé par là alors tu sais que si, je stresse... » répliquais-je en souriant toujours. « Mais j'ai hâte. » Épouser Blake était ce que j'attendais depuis des mois et rien ne pouvait contre carré mes projets, pas même un séjour à l'hôpital. « Merci. » répondis-je à son compliment le laissant me déposer un baiser sur le front avant qu'il ne prenne place à son tour, dans le canapé. « Je te promets d'être raisonnable et de ne plus me la jouer Lara Croft, j'ai pas autant de vies qu'elle ! » Et clairement j'avais failli perdre la seule que j'avais. « Tu sais, je dois t'avouer quelque chose. Quand je me suis réveillée, Blake m'a dit que j'étais enceinte au moment de l'accident. » Je tentais de rester forte et de garder une voix qui ne tremblait pas. « Je ne le savais pas, ça ne faisait que quelques semaines mais avec l'explosion et mes blessures, j'ai perdu le bébé... » fini-je par avouer en baissant les yeux vers mes mains. Je savais que si une personne pouvait comprendre ce que je vivais, c'était bien Jacob. Après tout, je l'avais vu perdre son fils et se confier à moi comme rarement il ne l'avait fait.
Si vous saviez comme je suis heureux de la savoir en vie, trop de morts faisaient déjà parties de ma vie, je n'aurai point pu en supporter une de plus. D'autant plus la sienne, Roxy était comme une soeur pour moi, nous avions passé le plus clair de notre vie ensembles. Les étapes essentielles de nos vies respectives, ont été vécu ensembles et cela n'allait pas changer de sitôt. Enfin, sauf si la jeune femme éprouvait une envie irrépressible de s'éloigner de moi, car pour ma part j'étais loin de vouloir la jarter de ma vie. C'était ma petite Roxy, une femme dont je prendrai toujours soin dans la limite du possible. J'avais énormément de chance que son futur époux ne soit pas du genre jaloux, bon en même temps, il n'y avait clairement pas de quoi ! " Mourir étouffer par des câlinous d'amour y a pire comme mort sérieux ! " La taquinerie faisait partit intégrante de notre relation, on s'emmerdait H24, ben oui on s'échangeait pas mal de textos aussi. Je la rassurais sur le fait que même s'il lui manquait un bras ou une jambe, elle serait toujours aussi badass. " Il faut toujours essayer de voir le positif dans le négatif, un truc quelque peu stupide que m'avait dit un des psys que j'avais vu. Bon c'est peut-être pas si stupide puisque je te ressors la même chose ! " Je riais doucement, honnêtement c'était pas quelque chose que j'étais vraiment apte à appliquer. Pour moi si ta vie c'était de la merde, c'était de la merde. Que pouvait-on voir de positif dans la mort de son unité ou de son enfant ! Je sommais mon amie de s'asseoir, je n'en pouvais plus de la voir debout alors que je me doutais qu'elle souffrait encore. On ne se remettait pas comme ça de la blessure qu'elle avait reçue.Je lui annonçait être d'accord avec ces supérieurs quant à ne pas la remettre en selle de suite. Elle avait besoin de repos, bien que je suis sûr que ce n'est pas ce qu'elle souhaitait. Roxy était une personne qui refusait de rester en place, il fallait toujours qu'elle bouge. En soit, nous étions identiques, de vraies piles électriques ! " Blake a tout à fait raison, il faut que tu prennes du temps pour toi, pour te remettre sur pieds. C'est pas rien ce que tu as vécu Roxy ! "
Mon verre de jus de fruit en main je partis la rejoindre, je la questionnais sur son mariage imminent. Elle me certifia être stressée, ce dont je ne doutais nullement étant passé par là il y a quelques années de cela. " Nous on stresse quand même un peu moins, déjà on a la joie de ne pas perdre des heures en préparation ! " je riais aux éclats puis ajoutais " Parce que vous entre la robe, la coiffure et le maquillage au secours. Nous un smoking, un peu de gel dans les cheveux et le tour est joué ! " J'embrassais le haut de son crâne en assurant qu'elle serait une superbe mariée et m'assis à ses côtés. Je riais à sa déclaration, pourtant Lara Croft était fort séduisante, surtout dans les derniers opus. " Tu es badass tout comme elle, bon pour ce qui est des connaissances historiques je ne sais pas mais pour le reste tu gère avec des flingues enfin un... C'est déjà bien suffisant " Je souriais, celui-ci ne resta pas sur mon visage bien longtemps quand elle me fit part d'avoir perdu un bébé, enfin encore un embryon mais bref.. Elle baissa son regard sur ses mains étant très attristée par cette épreuve, je ne pouvais que la comprendre bien que dans un sens, elle ne l'avait pas connu donc la perte était... Non je ne peux pas dire que c'était moins douloureux. Je pris une de ses mains dans la mienne, remontant son visage avec ma main libre. " Han ma choupette... Je suis sincèrement désolé... " Je posais mon verre sur la table table, puis l'attira doucement vers moi tout en faisant attention de ne pas la blesser. Je la berçais doucement tout en caressant sa longue crinière. " Sache que je suis là si tu ressens le besoin de parler... C'est pas toujours évident mais parfois ça libère. " dixit le mec qui parle jamais de ce qui l'affecte et se noie dans son mal-être !
Je riais légèrement en l'entendant et visualiser une mort entre deux câlins de deux grands hommes comme étaient Jacob et Blake n'était finalement pas si déplaisant. « Tu as raison, ce serait une belle mort ! » plaisantais-je. Il valait mieux en rire et d'ailleurs, je préférais le faire plutôt que de ressasser sans cesse sur ce qui était arrivé. Il fallait que j'arrive à relever la tête et à la garder haute, comme je l'avais toujours fait. Ce drame ne devait pas définir mon futur. « Les psys ne disent pas que des conneries, tu vois. » répondis-je amusée. Jacob avait vécu des choses terribles et à nous deux, on devait surement faire partie des malchanceux. Cela dit, ça faisait aussi de nous des personnes plus fortes puisqu'on avait toujours réussi à s'en sortir avec plus ou moins de dommages collatéraux. Jacob, quoi qu'il en dise, était un modèle pour moi, il m'apportait de l'espoir, de la force mais aussi du pragmatisme. « Je sais mais la patience et le repos... ça n'a jamais été mon fort, tu le sais. » J'haussais les épaules alors que si j'aimais me poser dans mon canapé pour regarder un film, je détestais y passer mes journées. Je n'étais pas du tout le genre de personne à aimer ne rien faire, passer des heures à lambiner, ou même à faire la sieste. Je me nourrissais de 6 heures de sommeil maximum par nuit et d'autant de cafés. Rester tranquille était donc difficile même si je n'avais pas le choix. Je tentais de suivre les directives des médecins dans l'espoir que mon corps allait rapidement se remettre et que ma vie redeviendrait aussi normale que possible. C'était dans ces moments là que je réalisais comme j'étais accro au travail, à l'action, l'adrénaline même si ça m'avait aussi conduit aux Urgences. « Oui vu comme ça, votre stress est vachement réduit, c'est presque injuste ! » plaisantais-je. « Mais l'attente de votre future femme devant l'autel n'est pas aussi stressant ? » Parce que ça l'était toujours un peu d'être le centre d'attention tout en espérant que la mariée n'allait pas s'enfuir avant de traverser l'allée. « Avec un peu d'entrainement, je peux maîtriser deux flingues et tout le passé historique des Mayas ! » Je lui offrais un large sourire alors que je ne savais pas vraiment si j'étais aussi douée que l’héroïne des jeux vidéos mais ça me plaisait d'y croire. Puis je me lançais finalement, j'avais besoin de lui dire et attendre n'allait certainement pas arranger les choses. Je le regardais, mon visage étant relevé par une de ses mains, l'autre étant dans la mienne. « Je ne l'ai pas connu, je ne l'ai pas pris dans mes bras mais ça me fait mal... c'est bizarre ? » Ma question était sans doute stupide mais je savais que je pouvais me permettre de la poser. Je le laissais me prendre contre lui, geste qui me rassurait. « Parler n'est pas une de mes qualités première mais je sais que tu es là si j'ai besoin. » confiais-je. « Je n'ai pas envie de te faire ressasser de mauvais souvenirs. » finis-je par avouer en grimaçant légèrement. Loin de moi l'envie de me plaindre alors que le deuil pour lui était encore difficile voir inconcevable et ce malgré les années. Cela dit, comme toujours, nous étions là l'un pour l'autre, pour affronter les horreurs de la vie et tenter d'en ressortir plus fort.
Bien sûr que j'avais raison, mourir étouffée de câlins ne pouvait être qu'une belle mort. Beaucoup de personnes se plaignaient d'être seules sur leur lit de mort, et bien ça ne serait pas le cas pour notre belle Roxy. " Ouais mais bon, je vais quand même éviter de te tuer. De un, Blake sera probablement pas ravi, de deux, comment je vais faire sans toi moi après ! " Si par malheur je devais un jour perdre Roxy, autant dire que la douleur sera aussi immense que si je perdais quelqu'un de ma famille. Cette femme était comme mon roc, si je ne m'étais pas encore totalement effondré, c'est grâce à ma famille mais également aux amis comme la brune qui m'épaulaient autant que faire ce peut. Surtout qu'en plus, je n'étais pas le genre de personne vraiment facile à aider puisque je refusais catégoriquement de parler quand ça n'allait pas. Roxy sait se montrer très patiente avec moi, mais aussi très têtue ! Sûrement pour cela qu'elle arrive à me tirer les vers du nez. Nous évoquâmes alors les psychologues. Beaucoup ont laissé tomber avec moi, je les gonflais à ne pas répondre à leurs questions, ou pire encore, à jouer sur l'humour pour éviter la réponse. " Mouais ! Mais tu sais leur conseils ne marchent pas vraiment sur moi. Bon ok je n'y donne peut-être pas du mien non plus... " Je n'étais pas vraiment ce genre de personne qui était capable de mettre ses sentiments de côté et d'avancer. La culpabilité me rongeais beaucoup trop pour que je sois apte à m'en débarrasser. Nous en vînmes alors au fait que la jeune femme devait absolument se reposer pour ensuite pouvoir de nouveau combattre les méchants. Je fus ravis de voir que la brunette enchaînais sur ça plutôt que de s'inquiéter sur ma petite personne. Je voulais voir mon amie sans la pourrir de ce qui n'allait pas dans mon couple ou dans ma vie, je souhaitais oublier le temps d'une journée ! " Ça je sais bien, tu es ma petite Lara Croft, ma battante celle qui ne sait pas rester en place cinq minutes. " Roxy était une accro du boulot, je me demandais si Blake arrivait à supporter le fait qu'elle soit toujours en vadrouille, mais bon cela devait être plus évident à vivre quand les deux étaient dans la même branche.
Vins ensuite le sujet du mariage qui approchait à grand pas, j'étais invité pourtant je n'avais pas encore réussis à remettre la main sur mon costume. C'était peut-être la faute de mon épouse qui l'avait encore rangé je ne sais où. Bref, la jeune femme et moi évoquions le stresse que cela nous prodiguait. Oui nous les hommes nous étions beaucoup moins paniqués, enfin nous avions beaucoup moins d'étapes à faire pour ressembler à quelque chose aussi, ça joue ! " Oui j'avoue que ça peut paraître injuste mais nous on panique à mort c'est quand on vous attend devant l'autel. Pleins de choses peuvent se passer, soit vous venez pas, ou alors vous pouvez nous dire non devant toute l'assemblée ou pire encore l'amant interrompt la cérémonie " Je me disais que j'avais eu énormément de chance, qu'aucunes de ses hypothèses se soient passées pour moi. Je riais quand la jeune femme me rétorquais qu'elle pourrait apprendre à manier deux flingues ainsi que la culture Maya. " Je pense que moi je serai apte pour aucuns des deux, je sais tenir une arme mais alors deux. Enfin si j pourrai tenir la deuxième mais clairement pas visé !" répondis-je en riant.
Malheureusement la partie de rigolade prit fin quand la jeune femme m'avoua avoir perdu son bébé, du moins ce qui allait devenir un bébé. Je pris sa main dans la mienne la guidant dans mes bras pour la câliner tendrement. Je savais ce que cela faisait de perdre un enfant, on va dire que sa chance dans son malheur, c'est de ne pas avoir eu l'opportunité de connaître l'enfant. " Non ce n'est pas du tout bizarre c'est normal, car savoir que tu aurais pu avoir un enfant fait que tu imagines forcément la vie que tu aurai pu avoir avec lui. " je fis comprendre à mon amie que j'étais là si elle avait besoin de moi, bien sûr elle me rétorqua que parler n'était pas sa qualité première " Probablement pour cela qu'on s'entends si bien, je te rappelle que je suis comme toi ! Mais même si c'est juste un câlin réconfortant je suis là !" des fois parler n'était pas nécessaire pour aller un peu mieux, parfois se savoir tout simplement soutenu et aimer suffisait. " Forcément que cela me fais repenser à mon fils, mais je ne peux pas non plus de demander de taire tes sentiments à l'égard des miens. Puis sa perte me fera toujours affreusement mal, même des années plus tard. Tout ça pour dire que si ça va pas vis à vis de ça tu peux l'évoquer. " J'embrassais le haut de son crâne, continuant de la câliner tendrement " Tu auras l'opportunité d'enfanter de nouveau, et tu seras une superbe mère " je lui souriais tout en plongeant mes yeux clairs dans les siens.
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Sam 2 Mai - 12:40
