« Lennox, j'espère que vous réalisez la chance que vous avez. » Jones était arrivé dans mon bureau quelques minutes plus tôt et sans que je ne sache pourquoi, il avait eu envie de me parler de Blake et la chance que j'avais de partager sa vie. Peut-être était-ce en lien avec l'enquête interne qui avait fait tomber Edwards mais peu importait, je n'avais pas besoin d'entendre quoi que ce soit venant de lui. Je l'invitais, d'une main, à sortir de mon bureau et je fermais la porte avant de mettre la lanière de ma sacoche sur mon épaule. « Avec tout le respect que je vous dois Monsieur, je n'ai pas besoin de vous pour reconnaître la valeur de mon mari. Je vous souhaite une bonne soirée. » Je lui offrais un sourire poli et je me dirigeais vers l'ascenseur, pas mécontente de m'éloigner quelques jours de cet endroit. Depuis que j'avais retrouvé mes esprits et surtout mon équipe, les choses s'étaient améliorées entre Blake et moi et nous avions de nouveau surmonté une épreuve. A croire qu'on devenait assez doués pour ça depuis notre mariage. Malgré les efforts au quotidien, nous avions tous les deux reconnus qu'il fallait qu'on se retrouve, qu'on passe du temps rien que tous les deux et loin de notre routine habituelle. Nous avions donc posé une semaine de congés et si je n'avais aucune idée de ce que nous allions faire, ça m'importait peu, tant que nous prenions la poudre d'escampette pour ne plus penser à rien pendant quelques jours. J'avais besoin de le retrouver complètement, de laisser nos costumes d'agent spécial au placard pour redevenir Blake et Roxy. Etant rentrée plus tôt chez nous, j'avais préparé un plat suivant la recette stricte qu'il avait indiqué dans un des livres de cuisine rangés sur l'étagère. Je n'étais pas très douée, je le reconnaissais aisément, mais j'aimais faire des efforts pour lui faire plaisir même si ça devait se terminer en traiteur chinois. « C'est quand même pas sorcier bon sang ! » me plaignais-je avant de rattraper les petites erreurs de dosage que je venais de faire. Finalement, je n'avais pas trop mal réussi mon plat et lorsque Blake rentrait, il semblait ravi de mon attention à son égard. Nous avions pris le temps de dîner, de discuter de tout sauf du travail et vers la fin du repas, il me remettait une enveloppe. J'étais intriguée et étonnée mais je me contentais de l'ouvrir avant de découvrir la magnifique surprise qui se trouvait à l'intérieur. Si j'avais voulu le surprendre avec un repas, lui me surprenait avec un voyage dont nous avions parlé depuis des années. « J'y crois pas... La Finlande ! » Je posais le papier et me glissais sur ses genoux, passant mes bras autour de son cou pour l'embrasser sans retenue en guise de remerciement. J'étais plus qu'heureuse de partir là-bas avec lui, et ce n'était pas mentir de dire que ce voyage faisait parti de nos rêves et de nos projets depuis 5 ans. « On va donc fêter nos 6 ans ensemble là-bas... C'est très romantique. » dis-je avec des étoiles dans les yeux et dans mon souvenir la dernière fois que j'avais ressenti autant d'émotions était lors de nos vacances en Islande. Nos valises étaient bouclées en quelques heures et le lendemain matin, nous partions de bonne heure pour l'aéroport. Moi qui aimait tant mon lit, je n'avais eu aucun mal à me lever aux aurores, tout simplement parce que la motivation était telle que le reste de comptait plus. Les démarches d'embarquement et de sécurité passées, on flânait un peu au Duty-Free avant de s'installer face aux grandes vitres de la salle d'attente. Le vol allait durer environ 11 heures mais ça ne me dérangeait pas, je n'avais pas spécialement d'aversion pour l'avion ou les endroits confinés surtout pas quand ils m'emmenaient à ce que je pouvais assimiler au paradis sur terre. On embarquait à l'heure et une fois installés, je me tournais vers Blake. « Je ne réalise pas qu'on va enfin y aller... » Il m'en avait parlé, il y avait maintenant des années et j'avais toujours été pendu à ses lèvres lorsqu'il avait évoqué la Finlande, le chalet de sa grand-mère et la petite ville ou elle avait vécu. Sam n'y allait jamais et si je pouvais comprendre que le billet d'avion ne soit pas donné, avoir un pied à terre près des Fjord m'aurait surement donner envie de travailler d'arrache pied ne serait-ce que pour y aller une semaine par an. J'étais contente de retrouver notre complicité, parce que pendant ces longues heures de trajet, nous avions certes lu chacun de notre côté, mais aussi regarder un film, discuter de ce qu'on allait faire, plaisanter sur nos voisins de rangée et toutes ces choses qui n'appartenaient qu'à nous et qui m'avait atrocement manqué. 11 heures plus tard, nous arrivions enfin à Tampere. Sans attendre, on récupérait nos valises et montions dans un taxi qui nous emmenait directement vers le chalet de famille qui nous attendait. Les paysages étaient magnifiques, totalement différents de ce qu'on connaissait à Los Angeles. J'étais émerveillée par ce que je voyais. Décidément, j'étais vraiment plus adepte des pays nordiques que des autres pays « chauds ». Moins de 35 minutes de route plus tard, nous y étions. Le chalet était éblouissant de l'extérieur, je devinais que l'intérieur allait être tout aussi luxueux et cosy. « C'est vraiment sublime. » Et c'était peu dire.
« Kiitos Anja! » Je raccrochais le téléphone après une courte conversation en finnois bien que le manque de pratique de la langue rendait mon parler bancal. Anja était la personne qui s’occupait de notre chalet familial depuis la mort de ma grand-mère. C’était une femme qui avait eu beaucoup d’affection pour elle à son retour en Finlande après le décès prématuré de mon grand-père. Si j’avais entrepris de l’appeler c’était parce que je comptais fêter les six ans de ma relation à Roxy là-bas. Je me souvenais encore de la première fois où je m’étais ouvert sur ma famille et lui avait fourni des détails sur mes origines. Elle avait été enchantée de découvrir que la branche maternelle de mon père était Européenne, originaire de Finlande. Je lui avais ensuite promis que l’on irait un jour dans le chalet qui appartenait maintenant à mon père, mais nos carrières et nos autres projets avaient repoussé l’échéance. C’était pour moi le moment idéal de procéder à l’organisation de ce voyage, parce que nous avions été secoués par de nombreux événements qui nous avaient mis à mal, et il fallait qu’on retrouve de notre superbe au travers de choses qui nous définissaient : le partage des voyages dans les pays nordiques en étant une. Ca lui rappellerait les confidences mais également ma demande en mariage en Islande. Si nous attendions un heureux événement, j’avais l’intention de permettre à Roxy d’oublier toutes nos mésaventures en l’amenant en Finlande pour une semaine. J’avais réservé les billets à la minute où j’avais eu la confirmation de nos congés. Jones ne s’y était pas opposé parce que je lui avais assuré que mon boulot serait fait, et il avait convenu que je n’avais pas eu de repos depuis ma dernière mission. Six ans n’était pas un chiffre particulier dans une relation, mais pour nous, ce cap avait été plus difficile à vivre que toutes les années auparavant, aussi, je voulais sortir le grand jeu. Ca faisait des années que je n’y étais pas retourné, ça allait certainement me faire bizarre de retrouver cet endroit où j’avais passé quelques vacances. Etant rentré un peu tard de ma journée car je m’étais efforcé de tout mettre en ordre avant de partir. Je fus étonné de rentrer, happé par une bonne odeur de repas. Agréablement surpris, que ce soit par l’intention ou par le plat qui était vraiment très bon, je la complimentais : « Le chef de la maison a du souci à se faire… C’est très bon, tu devrais cuisiner plus souvent. » Bien que ça ne me dérange absolument pas non plus de cuisiner. J’étais ensuite allé chercher l’enveloppe contenant les billets d’avion pour notre escapade et je lui déposais devant son assiette alors qu’elle allait chercher le dessert. « Moi aussi j’ai une surprise… » Et je lui montrais l’enveloppe dans un sourire. A l’ouverture de cette dernière, les yeux de Roxy s’illuminèrent et ma femme se rua sur mes genoux pour m’embrasser sans ménagement, étouffant mon rire face à son expression de surprise. Prolongeant son baiser, je finis par répondre à ses dires. « Je ne fais jamais de promesses en l’air. » Elle avait juste pris plus de temps que prévu. « Je voulais marquer le coup, je pensais que ça nous ferait du bien. » L’avantage en plus, c’était que même si c’était l’été et qu’il y aurait des touristes, ma grand-mère vivait à l’extérieur de Tampere dans un endroit dans la forêt, où la nature était encore souveraine. C’était drôle de voir Roxy trépigner d’impatience à l’aéroport, et j’étais ravi de la voir si heureuse, ça m’avait manqué. Caressant sa joue une fois dans l’avion alors qu’elle continuait de m’exprimer sa joie, je déposais un baiser sur son nez. « Je souhaite que ce soit à la hauteur de tes espérances. » Mon père n’y allait plus vraiment, se fichant pas mal de l’héritage, sa mère n’était plus, alors il n’y voyait pas grand intérêt, préférant vivre à Los Angeles comme depuis 29 ans. Il avait été ravi de me confier les clés pour une petite évasion. J’avais été également surpris des travaux qu’il avait effectué chez lui, ayant transformé mon ancienne chambre en chambre d’enfant, m’ayant confié qu’il aimerait beaucoup être très présent dans la vie de mon enfant. J’en avais fait part à Roxy, parce que quelque part ça m’avait touché. Le voyage se passa sans vraiment grande turbulence, et je pense que j’étais assez fatigué puisque j’avais dormi comme un bébé. Atterrissant à Tampere, un taxi nous amena jusqu’à la demeure de mes grands-parents qui resplendissait au milieu de la nature. « Mon arrière-grand-père était très fier de ce chalet. Il l’a bâti lui-même, et à sa mort il est revenu à ses enfants, et ma grand-mère l’avait racheté à son frère car elle ne se voyait pas vivre ailleurs. Après elle a rencontré mon grand-père et ils ont vécu aux US, mais sa maison c’est ici. » Alors qu’on rentrait à l’intérieur, j’étais ravi de voir comme c’était propre. Anja avait même laissé un petit mot sur la table. Portant nos deux valises jusque dans la chambre principale, je revenais vers Roxy pour lui dire : « Anja, une dame qui s’est occupée de ma grand-mère ici sur les dernières années, te souhaite de te sentir ici chez toi, et elle te félicite pour la grossesse. » On aurait probablement l’occasion de la voir. Enlaçant ma femme au niveau de la taille, je l’embrassais un instant, avant de lui demander : « Ca te plait ? T’es ici chez toi mon amour. »
Je n'avais strictement rien vu venir. Je n'avais pas du tout imaginé que Blake avait préparé, dans mon dos, une semaine de vacances en Finlande. A vrai dire, nous en avions parlé mainte et mainte fois mais la vie et nos carrières avaient toujours pris le dessus sur le temps accordé au repos et à la détente. C'était fou d'imaginer que cela faisait maintenant six ans que nous partagions nos vies. Je ne m'en lassais pas et malgré les derniers événements, lui non plus. On s'accrochait l'un à l'autre comme on s'accroche à un bateau pendant une tempête. C'était comme si, l'un sans l'autre, ça ne pouvait fonctionner et c'était surement le cas, ça ne fonctionnait pas. J'avais fait des efforts depuis quelques semaines, j'avais fait en sorte de lui faire oublier mes faux pas et ma distance. Certes, un repas n'était pas grand chose mais ma présence à la maison était tout ce que Blake m'avait demandé et je faisais donc tout mon possible pour être toujours là lorsque il rentrait. J'avais clairement pu voir à chacun de ses sourires qu'il appréciait de me retrouver, de dîner avec moi et de partager ses soirées. Je n'étais pas la meilleure cuisinière du monde mais il appréciait encore une fois ce que je faisais même si je me demandais si ses éloges n'étaient pas plus une façon de me faire plaisir qu'autre chose. J'étais bien loin de dépasser ses compétences même si il disait le contraire. Blake disait vouloir marquer le coup en nous offrant ce voyage et je réalisais qu'il n'y avait pas de meilleure façon de célébrer nos six ans d'amour surtout quand on savait que prochainement, cet amour allait se transformer en un petit-être totalement dépendant de nous. « C'est une merveilleuse idée... Et on ne pourrait pas passer ce cap d'une meilleure façon. » On pouvait dire ce qu'on voulait mais si ces dernières années avaient été aussi parfaites, c'était grâce à sa présence et son soutien, car sans lui, il m'était impossible d'être la personne que je souhaitais être. Il me portait, m'aidait à devenir la meilleure version de moi-même possible et c'était tout ce que j'avais toujours demandé. Les erreurs commises ne pouvaient plus se reproduire, surtout pas lorsque notre bébé serait là, j'en étais pleinement consciente. Ce voyage en Finlande était donc le meilleur moyen de nous retrouver et de profiter des derniers moments à deux. J'avais beau penser que mon couple était insubmersible, je savais aussi qu'il fallait en prendre soin envers et contre tous. Les paysages Finlandais étaient bien différents de ceux qu'on trouvaient au Etats-Unis et je restais bouche bée devant la beauté des territoires. Si j'avais adoré l'Islande et que ce pays allait rester spécial pour le reste de ma vie, je sentais que j'allais tout autant apprécier cet endroit. « Il a une vraie histoire ce chalet dis donc... » Et j'étais certaine que son histoire ne s'arrêtait pas là. En découvrant l'intérieur, je me demandais pourquoi Sam n'y venait jamais. C'était absolument sublime, cosy et propre. Il n'y avait vraiment rien à redire et je me sentais extrêmement chanceuse de pouvoir en profiter. Je laissais Blake porter nos valises dans la chambre et je faisais le tour du salon, émerveillée par chaque objet de décoration que je croisais. Je ne savais pas si mes hormones décuplaient mes sentiments et mes ressentis mais je me sentais vraiment peine d'émotions, ce qui en général était bien plus tempéré. « Oh mais c'est adorable de sa part. » Je souriais et passais mes bras autour de son cou caressant la lisière de ses cheveux prolongeant son baiser quelques secondes supplémentaires. « Il faudrait être difficile pour ne pas apprécier, c'est vraiment superbe... » Je souriais de plus belle et rapprochais mon corps du sien, resserrant inévitablement notre étreinte. « Je m'y sens déjà comme chez moi. Merci de m'avoir emmené ici. » Et derrière ce merci se cachait bien plus que la simple organisation du voyage. Il y avait aussi, ces vacances loin de tout, ces moments privilégiés que nous n'avions pas dans notre quotidien, ses efforts pour qu'on se retrouve complètement et tant d'autres choses encore. « C'est son premier voyage... » dis-je en posant sa main sur mon ventre, lui offrant un sourire malicieux. Notre bébé n'était pas encore très grand ou même formé mais les semaines passaient et je considérais déjà qu'il était là, qu'il était un petit-être que j'emmenais partout avec moi.
Je ne pouvais pas dire que j’avais trouvé le temps long aux côtés de Roxy. Au contraire, il s’était égrainé à une vitesse folle, comme s’il avait été mis en accéléré, parce que les moments de bonheur sont toujours trop courts. Il fallait donc prendre le temps de se retrouver, de s’apprécier, comme au début, lorsque nous ne faisions que partager des moments intimes et qu’on se quittait très rapidement pour ne pas nécessairement se retrouver tout de suite. Toutefois, j’avais la chance de partager sa vie et je crois que je ne m’y ferais jamais assez. A partir du moment où elle était là, le sauvage que j’étais s’apaisait et devenait un homme plus doux, dont le partage était le maitre mot. Ma femme avait cet effet positif sur moi et pas seulement. Je l’avais dit à notre mariage, mais elle me transformait en cette personne que j’avais toujours rêvé d’être. Si je n’étais pas irréprochable, je faisais toujours en sorte de continuer de lui plaire, la séduisant par de petites attentions comme celle-ci. La Finlande était liée à ma famille et à son passé. Si je lui en avais conté la plupart de l’histoire, je n’avais pas pu lui fournir les images pour illustrer ces histoires, et c’était maintenant chose faite. Roxy n’avait pas idée comme j’appréciais tout ce qu’elle faisait et avait toujours fait pour moi. Elle ne se rendait peut-être pas compte au quotidien de l’impact de ses mots, ses gestes, ses actes, mais il était grand. Célébrer nos six ans ici était une manière de la remercier à ma façon, d’être elle, d’être là, et d’offrir tout ce dont je n’avais pu rêver puisque je m’étais figuré que j’allais finir ma vie seul. Roxy parlait de cap, et je pense que ça l’était. Parce qu’on avait été mis à mal ces derniers temps, et si notre mariage était récent, notre histoire elle, durait dans le temps et s’inscrivait dans l’éternité. Je voulais qu’on continue de célébrer ces dates, pas nécessairement par de grosses attentions, mais qu’on prenne conscience du chemin parcouru et qu’on n’oublie jamais que si la vie nous a donné des épreuves à surmonter, on les a toujours surmontées avec bravoure, et surtout ensemble. Ce n’était pas tant la date qui était importante, mais la signification qu’il y avait derrière. Et puis, notre vie allait changer radicalement sous peu. Bientôt, à chaque fois qu’on partirait, ça serait une expédition avec une poussette, un sac à langer, des biberons, des peluches, tout ce qui permet à l’enfant de se développer dans le calme et la sérénité. Aussi, je me disais avec un peu de nostalgie aussi, qu’il s’agissait de nos dernières vacances avec pour seul témoin notre amour. J’observais Roxy discrètement alors qu’elle découvrait les yeux brillants, les paysages majestueux et la maison de ma grand-mère, qui bien que je la connaisse par cœur, m’émerveillait toujours autant. C’était un petit coin de paradis, un havre de paix où des animaux sauvages venaient parfois se présenter, curieux. J’acquiesçais à son commentaire. Tout avait une histoire au fond. « Je ne suis pas venu souvent, mais j’ai toujours adoré mes vacances ici. » Mes grands-parents m’avaient appris le respect de la nature, la vie pittoresque et paisible, loin de la vie éreintante que je menais maintenant à Los Angeles. Mais je me voyais me retirer dans un pays comme l’Islande ou la Finlande voire la Norvège à ma retraite. Je pense que j’apprécierais ce genre de vie. Roxy avait l’air heureuse et ça me réchauffait le cœur. Nos moments difficiles étaient encore tangibles, mais je réalisais que la grossesse lui avait donné un regain d’énergie. Elle était plus à fleur de peau, plus démonstrative, mais ça ne me déplaisait pas pour autant. « C’est une charmante dame, elle a toujours été adorable. » Il y avait des gens dans ma vie, que je m’estimais heureux de connaitre. Ne souhaitant plus me détacher de Roxy, je reste là à me perdre dans ses yeux, longuement, juste parce que j’apprécie la regarder. Elle me remercie, elle semble, conquise, comblée et j’en souris, à mon tour saisi par toute cette marée d’ondes positives. « Tu veux voir la chambre principale ? J’ai toujours trouvé que ma grand-mère savait allier l’ancien et le moderne en belle harmonie. » Au fil des années, sa décoration avait évolué, mais elle avait gardé une profonde influence de la nature et de ses racines Vikings. « Je pensais que c’était le moment opportun pour qu’on profite tous les deux. » Etant en formation c’est plus facile pour moi de prendre des congés que quand Jones serait parti. Ma main rejoignit la sienne alors qu’elle se réjouissait de faire référence à notre bébé, et appréciant ses dires, je la complimentais : « Tu sais que la grossesse te va à merveille ? Tu rayonnes encore plus… » Elle était radieuse, belle, et je ne pouvais m’estimer plus heureux qu’à l’heure actuelle.
Parfois, nos débuts assez épiques me semblait extrêmement lointain. J'avais du mal à me dire que notre histoire d'amour avait commencé par des ébats torrides mais aussi par pas mal de confrontations houleuses. A vrai dire, quand j'y repensais et donc peu souvent, j'en souriais. C'était original comme point de départ après tout et quand je regardais notre parcours et là ou nous en étions aujourd'hui, je ne regrettais absolument rien. Certes, nous avions eu des bas mais aussi énormément de hauts et c'était ceux là que je retenais plus que le reste. Six années ensemble et j'avais appris plus qu'au cours d'une vie, j'en étais certaine. Blake m'avait apporté de la stabilité, de la douceur mais aussi plus de sagesse. Je ne pouvais compter toutes les choses que j'avais apprises à ses côtés parce que la liste ne pourrait être exhaustive. Si il aimait dire que j'avais dompté l'asocial qu'il était, il avait aussi réussi à canaliser la jument sauvage au plus profond de moi. Nous étions un peu le Ying et le Yang, opposés mais complémentaires. Il n'y avait pas un jour ou je me réveillais en étant malheureuse de l'avoir à mes côtés, pas un jour ou je ne souriais pas en pensant à ce que nous allions faire ensemble. Et si j'étais loin d'être fleur bleue comme la plupart des femmes -pas toutes bien sur- je savais apprécier les moments romantiques et tendres qu'on partageait, et ce de plus en plus au fil du temps. Ces vacances en faisaient parti et j'étais plus qu'heureuse d'être ici, de partager ces moments avec lui et de continuer de célébrer notre amour. Nous n'étions pas friands de choses spécialement spectaculaires et ça c'était vu avec notre mariage qui avait été à notre image. Ces quelques jours ici, loin de tout, étaient exactement ce qu'on aimait tous les deux et on se rejoignait à deux cents pour cent sur ce coup. « J'espère qu'on pourra se créer des souvenirs ici. » Parce que j'avais envie d'y revenir, avec lui mais aussi avec nos futurs enfants afin qu'ils connaissent leurs racines même si elles seraient plus éloignées que celles qu'ils pourraient connaître au Canada ou aux Etats-Unis. Bien qu'en y pensant, je ne savais pas si nous allions faire notre vie à Los Angeles. Nous y avions nos habitudes et pour le moment ça nous convenait mais dans vingt ans, je ne savais pas si nous serions dans le même état d'esprit. De plus, depuis nos vacances en Islande, nous avions convenu qu'une retraite loin de tout et dans un pays froid serait une retraite idéale. « Il faut que tu me la présentes alors. » dis-je en souriant de plus belle. La grossesse me changeait un peu, j'en étais consciente. J'étais plus émotive, un peu plus à fleur de peau mais je tâchais de ne pas être dans l'excès non plus, même si je n'avais pas vraiment de contrôle sur mes hormones. Je souriais, appréciant son regard dans le mien, comme si plus rien ne comptait autour, plus rien si ce n'était nous deux. Je réalisais à quel point ce moment m'était précieux surtout après les derniers mois que nous avions enduré. Je continuais de caresser sa nuque en reprenant la parole. « Oui avec plaisir ! » Je voulais tout voir, tout découvrir de cet endroit et j'avais hâte qu'il me fasse visiter. La décoration n'était pas très moderne mais c'était vraiment ce qui donnait du charme au chalet, et je n'aurais pas vu autre chose pour orner les murs ou la cheminée en vérité. « Oui, je suis d'accord. Après les derniers mois, on avait besoin de ça... de ce moment, loin de tout ou on ne pense qu'à nous. » Pas de FBI, pas de missions, pas de collègues, pas de problèmes, rien du tout, juste nous, Blake et Roxy. Il était vraiment temps qu'on se retrouve et qu'on balaie nos erreurs autant à l'un qu'à l'autre. Je caressais sa main dans la mienne posée sur mon ventre et je lui souriais de plus belle. Comment rester insensible à ce genre de compliment ? Quoi qu'on en dise, voir son corps changer en si peu de temps n'était pas chose facile pour une femme et ça pouvait créer de sérieuses angoisses. Pour ma part, tout se passait bien mais je n'en étais qu'au début, tout pouvait encore arriver et je ne savais pas tellement comment j'allais appréhender de voir l'évolution de mon corps et la perte progressive de mon autonomie. « Merci mon amour... Je ne savais pas comment j'allais le vivre, je me suis longtemps demandé si j'étais prête et je t'en avais fait part encore l'année dernière. Je crois que j'ai ma réponse, je suis totalement prête et je suis vraiment heureuse de porter ton enfant. » Encore en fin d'année, je lui avais confié vouloir attendre quelques mois voir années avant de fonder une famille mais mon avis avait rapidement changé et ce n'était pas un mal, au contraire. Je rapprochais mes lèvres des siennes pour lui offrir un tendre baiser resserrant notre étreinte une fois de plus comme si c'était un besoin vital de le sentir près de moi et s'en était surement un.
Roxy souhaitait créer des souvenirs ici, et pour être honnête, j’appréciais qu’elle soit déjà capable de se projeter ici alors qu’elle y avait à peine mis les pieds. Il s’agissait d’une demeure familiale alors ça signifiait beaucoup pour moi. Surtout que le cadre était majestueux. J’y avais passé de belles vacances, avec Howard et mes grands-parents, et parfois mon père, quand il ne travaillait pas. J’y avais appris la pêche, le ski de fond, le camping en forêt, couper des bûches et tant d’autres choses que j’aimerais que mon enfant apprenne un jour. Nos vies avaient beau avancer à mille à l’heure, nous pouvions envisager de prendre le temps, de vivre différemment de nos jeunes années, maintenant que nous allions être parents. Je lui souriais et répondait à sa requête : « Je ne pense pas que mon père s’y oppose… Après tout, ça me reviendra à sa mort. Son frère a eu la résidence de San Francisco. » C’était glauque dit comme ça, mais c’était la vérité, et mon père venait rarement maintenant, car il ne voulait pas s’isoler de sa famille et de son ex-femme. Son frère lui, avait hérité de la maison familiale à San Francisco, ce qui reviendrait à Howard plus tard. Je me fichais bien d’hériter de quoi que ce soit, mais cette maison avait toujours eu un attrait particulier pour moi, alors j’étais ravi de pouvoir en profiter. Il m’apparaissait d’ailleurs normal que notre famille puisse profiter des cadeaux du passé, et je ne me voyais pas m’opposer à un retour ici si Roxy appréciait les lieux. Je ne pouvais rien lui refuser et de toute façon, j’étais enchanté à l’idée de revenir. « Ca serait d’ailleurs sympa qu’on vienne un hiver ici aussi, car c’est complètement différent quand il y a de la neige. » C’était digne d’une carte postale. En tout cas, il semblerait que je n’avais pas eu une mauvaise idée en l’emmenant ici, même si c’était à onze longues heures d’avion de chez nous. C’était le moment idéal car quand le fœtus se développerait dans son ventre, je ne lui ferais plus courir de tels risques. Je voulais qu’elle passe une grossesse sans encombre. « Elle passera surement dire bonjour donc tu la verras ! » Expliquai-je en parlant d’Anja. Elle était curieuse, et elle parlait très bien l’anglais donc Roxy n’aurait pas de mal à échanger avec elle. C’était l’avantage. Moi, je me forçais généralement à parler le finnois pour ne pas perdre le peu qu’il me restait. Je sentais que Roxy changeait, que l’influence des hormones sur ses émotions la rendait encore plus attachante, et si ce n’était pas pour me déplaire, j’espérais qu’elle n’en vienne jamais à détester cette facette de sa personnalité, car la connaissant, elle n’aimait pas être vulnérable. Nouant ses doigts aux miens, je l’embarquais à mes côtés, guilleret : « Suivez-moi Madame ! » Je l’emmenais donc vers la chambre à coucher où nous passerions toute notre semaine. L’endroit était cosy mais spacieux, et j’y avais toujours trouvé un charme particulier. Sur la commode trainait encore la photo de mariage de mes grands-parents, il y avait des choses qu’on avait voulu conserver. « Alors ? » Me tournant vers Roxy, je hochais la tête. Nous retrouver était mon objectif principal, parce que nos derniers agissements avaient érodé notre couple. « J’ai laissé le téléphone professionnel à la maison pour ne pas être dérangé… » Avouai-je comme si j’avais commis un crime. C’en était probablement un pour le FBI, mais j’avais eu l’aval de Jones, je me fichais donc des autres. Je savais que la grossesse de Roxy allait être un challenge pour elle, mais j’étais prêt à la rassurer sur tout ce qui pouvait de près ou de loin la contrarier. J’avais l’impression d’ailleurs, qu’elle avait fait un énième sacrifice à mon égard, mais elle balayait mes doutes comme si elle avait deviné. Je souriais sincèrement. « Ca me fait plaisir de l’entendre… J’ai jamais voulu te forcer à fonder une famille, d’ailleurs j’étais prêt à ne pas avoir d’enfants si tu n’en désirais pas. Mais je le pense, t’es resplendissante et tu seras une mère formidable. » Elle avait déjà l’âme d’une mère dans sa façon de veiller sur autrui, en particulier ses sœurs. Accrochant mes lèvres aux siennes dans un baiser qu’elle a initié, je caresse sa joue doucement après quelques instants, lui volant un baiser au passage avant de l’emmener dans une autre partie de la maison, tout en lui faisant des confidences : « Tu sais, je me dis que quand notre enfant sera suffisamment grand pour s’en rendre compte, j’aimerais bien que mon père vienne ici avec nous, parce que je pense qu’il passera de super moments avec son petit-fils ou sa petite-fille. » J’avais compris que mon père se réjouissait de cette arrivée et qu’il comptait bien en profiter, contrairement à ma mère. Poursuivant la visite de l’endroit, je finis par lui demander : « Alors, qu’est-ce qui te ferait plaisir de faire, Madame Ellis ? » J’étais prêt à l’emmener partout où elle le désirait.
J'étais attachée à Los Angeles, j'y avais passé plus de la moitié de ma vie, mais je n'étais pas fermée à visiter d'autres endroits ni même passer mon temps libre loin de la ville des anges. J'avais toujours été ouverte à la découverte et c'était un point commun que je partageais avec mon mari. Nous adorions l'aventure et revenir sur les traces de sa famille avait un côté nostalgique qui était finalement appréciable après les derniers mois passés. Malgré nos différences, nos goûts en terme de vacances n'auraient pas pu être plus similaires et c'était évident une chance et un détail qui nous permettait de toujours profiter au maximum de nos congés. « San Francisco, c'est moins dépaysant... » dis-je en souriant légèrement amusée. A choisir, même si la Finlande ne restait pas accessible sur un week-end, je préférais de loin cet endroit plutôt qu'une maison dans une autre grosse ville de la côte Ouest. Niveau dépaysement, nous étions largement gagnants. « Avec plaisir, ça doit être tellement magnifique avec de la neige partout... Je crois que ce chalet va devenir notre refuge. » Et si on pouvait s'y exiler dès qu'on en avait envie ou besoin, je n'étais pas contre. J'aimais l'endroit, et je venais d'y poser les pieds, ça donnait un peu le ton pour la suite. Bien sur, j'étais consciente que d'ici quelques mois, je ne pourrais plus bouger de Los Angeles mais j'avais déjà des idées pour l'après, lorsque notre bébé serait avec nous. Si j'avais eu du mal à m'imaginer avec un enfant, par le passé, ce n'était plus le cas aujourd'hui. Actuellement, je ne me voyais surtout plus sans ce petit être avec qui je partageais un bout de mon anatomie. « Parfait ! » dis-je en réponse à la venue d'Anja avant de le suivre vers notre chambre que je découvrais et qui était absolument sublime, à tomber par terre. « C'est vraiment beau... et ce lit est immense ! » riais-je en m'asseyant dessus. « Si ce n'était pas déjà fait... On aurait surement fait de nombreux bébés ! » plaisantais-je en lui adressant un sourire complice, bien que je n'étais pas contre continuer de m’entraîner. Il ne fallait pas perdre la main. « Je ne pensais pas que tu le ferais, je suis contente. » C'était dur de décrocher surtout quand on était directeur d'un département entier ou adjoint mais plus les semaines passaient et plus Jones lui laissait le champ libre et le dernier mot. Je ne savais pas comment il allait prendre cette décision mais pour ma part, c'était le plus beau cadeau qu'il pouvait me faire. Nous avions réellement besoin de nous retrouver, de ne penser qu'à nous comme lors de notre voyage de noces. « Je n'aurais pas voulu que tu sacrifies ton envie d'être père pour moi. » répondis-je sincèrement. Aussi fort qu'il m'aimait, ce sacrifice n'aurait pas été sain ni même supportable sur le long terme, j'en étais persuadée. « Tout comme tu seras un père formidable aussi. » Dire que j'avais hâte de le voir agir avec notre bébé était un doux euphémisme. Je m'étais relevée du lit pour prolonger notre baiser tout en caressant sa joue. Ces gestes simples dont nous avions perdu l'habitude pendant quelques semaines, malheureusement. Nous étions également ici pour rattraper ce temps perdu et retrouver la base de notre amour. Je le suivais dans une autre pièce m'accrochant à ses doigts. « Oui je suis d'accord, je pense que des vacances familiales ici seraient vraiment super et ça leur fera des souvenirs incroyables ! » Sam était aux anges depuis qu'il avait appris ma grossesse et si il avait toujours été adorable avec moi, il l'était d'autant plus depuis que je portais son petit fils ou sa petite fille. Maggie, évidemment, était toujours aussi décevante, mais mon beau père cochait toutes les cases du futur grand-père parfait. « Tant de choses... Si on se baladait aux alentours ? Et ce soir, je te cuisine un petit plat qu'on mangera devant un film sur le canapé moelleux ! » J'étais presque sure que le programme allait lui plaire et tant que j'avais de l'énergie, je voulais en profiter parce que plus les semaines passaient et plus je sentais qu'elle diminuait doucement mais surement. Porter un enfant n'était pas anodin et même si j'étais en bonne santé, je devais tout de même me préserver au maximum. D'ailleurs, je pouvais compter sur Blake pour ça aussi. « Je suis sure qu'il y a des choses à visiter dans la région aussi mais on peut, peut-être garder ça pour demain et les autres jours ? » Il fallait aussi penser au décalage horaire qui allait rapidement nous retomber dessus aussi frais que nous semblions être depuis notre arrivée.
Je ne m’imaginais pour l’instant pas vivre ailleurs qu’à Los Angeles. Si je n’y étais pas né, elle était ma ville depuis mon plus jeune âge, et j’avais eu la chance d’y obtenir un poste au FBI. Mais je devais avouer que je n’avais pas d’attache particulière à la ville. J’aurais très bien pu aller à Washington, comme je l’avais tenté il y a peu, mais je n’étais plus l’homme célibataire du passé, et je prenais en compte les désirs non avoués de ma femme. Et si voyager la rendait heureuse, je me faisais un plaisir de l’emmener sur des destinations que je savais qu’elle apprécierait particulièrement. La Finlande c’était une destination particulière pour elle, car ça lui permettait d’obtenir de nouveaux détails sur mon passé, dont je ne parlais pas beaucoup parce qu’il n’avait rien d’intéressant à mes yeux, mais pour elle c’était important. D’ailleurs, pour expliquer pourquoi le père d’Howard était ravi d’avoir obtenu la maison de San Francisco, je lui faisais part d’une anecdote. « Oui mais c’est de là où les Ellis viennent à la base ! Mon oncle était plus proche de mon grand-père que de ma grand-mère ! » Comme elle le savait, j’étais moi-même né là-bas. Mais je n’avais pas vraiment connu mon grand-père, du moins, je ne m’en souvenais pas vraiment. J’étais forcément plus proche de ma grand-mère. Roxy semblait conquise par l’endroit et ça me faisait vraiment plaisir. C’était un peu comme si nous retrouver en accord avec notre environnement nous rapprochait encore davantage. « Oui, et l’eau derrière la maison est gelée, on peut patiner dessus. J’imagine qu’en bonne Canadienne tu sais patiner ! » Pour le moment, elle était loin de l’être, mais avoir une maison au bord de l’eau avait un charme certain. « Et s’il te plait autant, on y viendra autant que tu le souhaiteras. » J’étais prêt à y dédier la plupart de nos vacances, surtout que je m’étais promis de prendre plus de congés quand mon enfant viendrait au monde. Je ne voulais pas que Roxy soit contrainte de partir seule avec lui à cause de mes responsabilités. Mais lorsque je ne pourrais m’absenter, elle aurait tout le loisir de venir ici à sa convenance. D’ailleurs, elle avait adopté l’endroit, sans pour autant en avoir vu tout son charme, et je comptais l’éblouir – peut-être pas comme en Islande où j’avais sorti le grand jeu – mais peut-être par la beauté des choses simples. Un jour on pourrait peut-être envisager un Noël ici, et surprendre notre enfant avec le Père Noël. Toutes ces pensées m’embaumaient le cœur. Dans la chambre, Roxy s’émerveillait de tout, même du lit tandis qu’elle s’y installait dessus, et j’en riais d’amusement. Et à sa plaisanterie, je me plaisais à faire une allusion qui en disait long sur ce qui nous attendrait cette nuit. « Que bébé soit déjà niché dans ton ventre ou pas, ce lit sera témoin de notre amour. » J’arrivais encore à surprendre ma femme, et ça me plaisait. Je ne voulais pas que ça cesse, parce que j’avais besoin de me réinventer pour lui plaire, toujours plus. Oublier le travail au profit de nos vacances était une belle promesse de nos retrouvailles, et je lui confiais que ça n’avait posé aucun problème. « Jones ne s’y est même pas opposé étrangement… Il fallait qu’on profite un peu tous les deux de se retrouver, sans interférence. » Il semblait que ça fonctionnait à ma plus grande satisfaction. Roxy et moi étions sur la même longueur d’onde, prêts à convenir aux désirs de l’autre, et j’en souriais. « Comme je n’aurais pas voulu que tu te forces à être mère pour moi. » Parce qu’elle aurait été malheureuse, différemment de ma mère, mais elle l’aurait été. Timidement je souriais à nouveau. Quel père ferai-je ? Je voulais être de ceux qui inculquent des choses à leurs enfants sans les façonner à leur image. J’espérais ne jamais faillir à ce souhait. « Je ferais de mon mieux. » L’arrivée de cet enfant allait changer Roxy et moi sur bien des aspects, j’en étais persuadé. Et il me tardait de me rendre compte de cette évolution, de voir comment on appréhenderait chaque situation. On retrouvait notre intimité, notre symbiose, ce qui faisait de nous une paire solide, et ça me faisait du bien. Je la gardais un instant dans mes bras, appréciant le moment, simplement. Puis le sujet dériva sur mon envie de donner la possibilité à mon père d’être un meilleur grand-père que paternel. Parce que son dévouement m’avait touché. Il n’avait pas hésité à m’aider pour la surprise de Roxy et j’avais vraiment apprécié. « Je ne l’avais jamais vu comme ça honnêtement… Il lui a fait une chambre chez lui, il a acheté plein de choses… Ca me fait bizarre… » Parce qu’il n’avait jamais pris ses responsabilités avec moi mais peut-être était-il temps de laisser le passé au passé et trouver un moyen de changer le futur. Avec ma mère c’était bien plus compliqué. Je ne voulais pas y penser pour autant, j’étais ici pour passer de bonnes vacances avec mon épouse. « Allons nous balader alors, mais pour cuisiner, faut vérifier si Anja… » Dis-je en m’avançant jusqu’au frigo pour découvrir avec contentement qu’il était plein. « Ah bah oui, elle a fait les courses. Elle est géniale ! » J’étais ravi que tout se goupille pour le mieux, et puis j’avais hâte de savoir ce que ma femme avait l’intention de préparer. Elle avait beau se sentir loin d’être experte, j’appréciais les plats qu’elle concoctait avec amour. « J’ai le droit de savoir quel plat tu comptes cuisiner ? Je suis ravi de voir que t’y prends goût ! » Dis-je d’un air mutin, en l’enlaçant par la taille et en déposant un bref baiser sur ses lèvres. « On a aussi un petit bateau sur le lac derrière, demain on pourra y faire un tour. » Lui suggérai-je. J’acquiesçai ensuite à sa proposition. Evidemment que nous allions vite être fatigués aujourd’hui, il ne servait à rien de trop en faire, on avait toute la semaine pour profiter. « Bien sûr, on a le temps pour tout ! »
Avec le temps, je connaissais de mieux en mieux la vie de Blake, son passé, ses expériences et ce qu'il avait vécu avant qu'on ne se rencontre. Il n'y avait pas vraiment de secrets entre nous mais j'aimais continuer à découvrir sa famille et des détails de son enfance. A vrai dire, j'aimais tout de lui et chaque chose que je découvrais me confortait dans l'image qu'il avait forgé au fils des années. Je n'aurais surement pas pu épouser meilleur homme ni même meilleur père parce qu'il ne faisait absolument aucun doute qu'il serait un papa aimant et attentionné, tout comme il l'était avec moi et déjà avec mon ventre qui s'arrondissait doucement et pour l'instant discrètement. « D'ailleurs, tu n'as jamais eu envie de retourner là-bas ? » demandais-je par simple curiosité. San Francisco était une ville de la côte Ouest, comme Los Angeles mais elles n'avaient strictement rien à voir l'une avec l'autre. Je lui souriais jetant un regard par la fenêtre pour apercevoir le lac et je laissais mon esprit imaginer le paysage avec plus de neige et quelques degrés en moins, ça devait être encore plus magnifique qu'actuellement. « Comme tous les Canadiens, je suis née avec des patins aux pieds, c'est bien connu. » plaisantais-je alors que même si je le taquinais, il n'avait pas tord, je savais patiner et j'adorais ça. J'avais passé une partie de mon enfance dehors, dans la neige quand il y en avait, dans le froid aussi mais étrangement je n'avais jamais été malade contrairement à l'après, lorsque la climatisation et la chaleur de Californie étaient entrés dans ma vie. « Avec plaisir. » Et c'était peu dire parce que cet endroit éloigné de tout me plaisait énormément. Même si j'étais de nature plutôt sociable, et que j'aimais le contact avec les gens, j'appréciais aussi de couper les ponts avec le monde extérieur de temps en temps. Blake me faisait découvrir la chambre du chalet et je devinais qu'il y avait encore d'autres pièces aussi belles que celle-ci même si elle restait une des pièces maîtresse de l'endroit. Je riais légèrement en approuvant de la tête, satisfaite qu'il soit aussi motivé que moi à exprimer notre amour autant que possible. « C'est tout ce que je souhaite. » Parce que mine de rien, il me manquait atrocement et quoi qu'on en dise, se retrouver intimement et physiquement faisait aussi parti des bases d'un couple. On avait besoin de ça, c'était un échange intense entre nous, une expression naturelle de nos sentiments l'un pour l'autre. « Décidément, il m'épate... C'est l'approche de la retraite qui le rend aussi sympa ? » lançais-je amusée avant de sourire. « Je suis d'accord... Je suis responsable de notre éloignement ces derniers temps et je m'en excuse encore. Je ne veux pas que tu crois que je doute de nous, ou de toi. Tu restes ma priorité avec notre futur bébé. » Au moins, les choses étaient dites et j'avais besoin de lui exprimer même si nous nous étions expliqués, quelques jours plus tôt dans son bureau. Cela dit, le ton employé aujourd'hui était moins formel et donc plus sincère aussi... C'était de moi à lui et non de l'agent à un autre agent plus gradé. J'approuvais de la tête à ce qu'il me confiait. Aucun de nous n'aurait aimé forcer l'autre et ça démontrait une nouvelle fois, tout l'engagement et l'amour qu'on se portait mutuellement. « On va assurer. » dis-je tout sourire en caressant sa joue, resserrant notre étreinte quelques secondes supplémentaires. « Je dois bien avouer que ça me touche de le voir aussi heureux pour nous. Je crois que s'il a parfois été maladroit avec toi, il sera un excellent grand-père pour notre bébé. » Peut-être avait il envie de se racheter et c'était presque compréhensible. Sam n'était pas une mauvaise personne, il n'avait pas toujours été un bon père mais il restait toujours, dans les statistiques, au dessus des actions de Maggie. D'ailleurs, cette dernière n'avait pas réellement manifesté quoi que ce soit à l'annonce de ma grossesse... du moins avec nous puisque nous n'avions eu aucun retour quand elle l'avait appris par son ex mari -comme toutes informations nous concernant ou concernant particulièrement son fils-. Je m'en fichais pas mal, je n'apportais plus d'attention à ma belle-mère depuis des années. Je le suivais jusque dans la cuisine, heureuse de voir la frigo rempli. « Plus que géniale ! » riais-je alors qu'elle m'enlevait, sans le savoir, une épine du pied. J'avais envie de cuisiner mais devoir m'enfermer dans une supermarché m'aurait contrarié. « Peut-être des lasagnes ou alors quelque chose typique d'ici, il faut que je regarde sur internet. » dis-je pensive avant de reprendre. « J'aime bien ça même si je ne suis pas toujours très douée, j'ai envie de me perfectionner ! » Et si je ne souhaitais pas devenir une ménagère attendant son mari tous les soirs avec le repas fait, j'avais tout de même envie de lui faire plaisir quelques soirs par semaine lorsque ses journées seraient compliquées ou interminables. Je passais mes bras autour de lui, profitant de la proximité qu'il m'offrait et prolongeant son baiser. « Oui, j'adorerai. » répondis-je à son idée de faire un tour en bateau. « J'adore me dire qu'on a le temps, c'est devenu tellement rare. » Je souriais et caressais ses épaules avant que mes mains caressent le haut de son torse. « Si il y a bien quelque chose que je ne regretterai jamais dans ma vie, c'est de t'avoir épousé. » confiais-je en frottant tendrement mon nez au sien, plongeant mon regard dans le sien. Malgré tout ce qui était arrivé, tout était pardonné et désormais derrière nous, pour toujours.
J’avais la conviction qu’en épousant Roxy, voire même simplement en me lançant dans une relation avec elle il y a six ans, j’avais trouvé la part manquante de mon être, celle qui faisait de moi un être complet. Rien ne saurait me rendre davantage heureux que mon histoire avec elle. Bien sûr nous avions traversé de nombreuses épreuves, mais je ne connaissais pas un couple sur Terre qui pouvait se targuer de ne pas avoir eu de coups de moins bien. Ils mentaient s’ils affirmaient le contraire. De toute façon, je n’échangerais pour rien au monde ma relation avec Roxy, car c’était tout ce qui nous constituait, nous définissait. Jamais je n’aurais imaginé avoir vécu tant de choses sur le plan personnel, moi qui n’avais jamais vraiment cru à l’amour avant de tomber sur elle. Six belles années, qui s’opposaient nettement avec les six premières années de ma vie. « Non. Je n’y ai vécu que six maigres années et pas des plus mémorables. Je suis bien à Los Angeles. Pourquoi tu aimes San Francisco ? » Je connaissais San Francisco pour avoir géré des missions là-bas, mais les seuls moments où je m’y rendais, c’était pour rendre visite à Howard qui était en permission. Roxy se plaisait à admirer le paysage qui s’offrait à elle, et je souris conquis de la voir s’émerveiller d’un petit rien. C’était une chance d’avoir pu l’emmener ici au tout début de sa grossesse. J’aurais probablement dû le faire avant depuis le temps que je lui en parlais, mais je réalisais que le chalet avait un attrait supplémentaire tandis que nous avions traversé tempêtes et marées. « Ça ne m’étonne même pas venant du pays du hockey sur glace. » Les deux dernières saisons de NHL avaient beau avoir été remportées par des équipes américaines, il n’en restait pas moins le sport national canadien. Notre sport à nous, c’était de nous prouver notre amour, peu importe quand et comment. Ce qu’il y avait de plaisant, c’était que je ne connaissais que la satisfaction avec elle, car ça allait toujours au-delà de tout. Alors bien sûr, nos retrouvailles allaient se fêter sur le lit ou ailleurs dans cette maison. « Et tu sais, maintenant il t’appartient aussi. » Suggérai-je alors que si le chalet ne m’appartenait pas directement, c’était tout comme, et je souhaitais que Roxy puisse en profiter comme bon lui semblait. Par exemple, si un jour elle avait dans l’idée de faire un séjour ici entre copines ou sœurs, elle le pouvait tout aussi bien, sans me demander la permission. Roxy trouvait que Jones avait changé, mais pas avec moi. Peut-être avec les risques que Roxy avaient pris dans la dernière mission suicidaire dans laquelle je m’étais lancée lui avait fait ouvrir les yeux la concernant. J’haussai les épaules. « Aucune idée. Mais bon, j’apprécie vraiment qu’il me fasse confiance… » Et qui me laisse le temps dont j’avais besoin pour faire en sorte que mon couple se refasse une santé. A nous voir personne ne penserait, cela dit, que nous avions eu un coup de moins bien. Je secoue la tête à ses dires, lui posant un doigt sur la bouche pour qu’elle cesse de se flageller. « Il n’y a pas besoin de chercher une quelconque responsabilité tu sais. L’essentiel c’est qu’on se retrouve. » Je me fichais de savoir qui avait fait quoi, parce que je ne lui en voulais pas, j’avais pu la tirer d’affaire, c’était tout ce qui m’intéressait. Je savais que la famille passait avant tout avec Roxy. Elle n’avait pas nécessairement besoin de me dire les choses pour que je la comprenne, et c’était l’avantage d’être si complices. Je n’avais pas besoin de plus que de l’avoir contre moi pour que tous nos tourments s’effacent. Je hochai la tête à ses dires, convaincu que nous n’allions pas faillir à notre mission de parents. « J’ai moins de doutes à son sujet que ma mère, mais bon Jack est là pour contrebalancer. » Au fond, je n’en savais trop rien car je n’avais pas eu de nouvelles de ma génitrice et je n’en voulais pas. Ca m’arrangeait si mon fils ou ma fille venait à ne jamais rencontrer sa grand-mère. Roxy semblait soulagée de ne pas avoir à faire les courses et il en était de même pour moi. J’avais beau aimer cuisiner, je n’appréciais pas passer du temps dans un supermarché, préférant de loin flâner dans un marché de petits producteurs. « Wow ! Là tu me mets l’eau à la bouche ! » Si ses lasagnes étaient très appréciées, j’avouais être conquis à l’idée qu’elle cuisine un plat typique d’ici. Je lui suggérais d’ailleurs : « Tu peux faire du sauté de renne, on appelle ça le poronkäristys ! » Il y avait plusieurs recettes qu’elle pouvait réaliser. « Tu es plus douée que tu le penses chérie, on est bon que par la pratique ! » Et puis, je pouvais l’y aider si elle le souhaitait. Elle était pour une petite balade sur le lac et j’étais heureux que ça l’enchante. « On va donc mettre ça en place. » Il faudrait que je vérifie l’état du bateau, mais connaissant Anja, elle avait dû faire le nécessaire. Ces instants volés parmi tant de galères faisaient du bien. Elle disait que c’était presque bizarre d’avoir du temps pour nous, et je ne pouvais être que d’accord tant ils étaient rares, et je ne pouvais m’empêcher de m’excuser de ne pas être aussi présent que je le souhaitais. « Oui, je suis désolé d’être beaucoup pris par le travail. Je ferais en sorte de prendre mes congés dans les années qui viennent… » Parce qu’à être le boss, je pouvais très bien déléguer, mais il fallait que je m’entoure de gens de confiance et que je voie également en qui Jones avait particulièrement confiance en son absence. Fermant momentanément les yeux avant de recapter le regard de ma femme à ses démonstrations d’amour, je la portais dans mes bras en lui soufflant : « Comme je ne regrette pas d’avoir mis l’éthique de côté à Quantico. » C’était cet abandon à ce que je ressentais qui avait fait que son charme avait eu raison de moi.
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Sam 4 Juil - 10:48
