Etre alité, ne plus pouvoir travailler, ne plus pouvoir faire de sport, ne plus pouvoir avoir de relation sexuelle avec Eliott, tout est parti en un claquement de doigt. Pour ma santé et celle de ma poupée, je dois rester au lit, loin du stress et des activités physiques. Mais, je suis frustrée, parce que je suis une hyperactive, et que j’ai besoin de canaliser mon surplus d’énergie dans quelque chose. Or là, hormis Netflix que je saigne comme jamais, me mettant à jour sur toutes les séries que j’avais abandonné, je n’ai rien à faire. J’aimerai pouvoir me lever et cuisiner un peu, mais même ça Eliott m’en empêche. Du repos, du repos, du repos, me répète-t-il sans cesse. Et il a raison, parce qu’après la nuit cauchemardesque où je me suis réveillée en sang, en pensant que je perdais mon bébé, c’est ce que les médecins recommandent. Seulement, les journées s’étirent, les heures sont longues, et si River passe de temps en temps le midi, si Eliott fait tout pour rentrer tôt et passer les soirées avec moi, je me sens forcément seule. Aujourd’hui ne fait pas exception à la règle. Si j’ai tronqué ma place de mon lit, à mon canapé pour pouvoir avoir accès plus facilement à la cuisine, je suis étendue, emmitouflée dans une couverture douillette, prête à regarder un énième épisode d’Emily In Paris. J’adore cette série, malgré les nombres de préjugés, elle me fait rire. Elle est légère et elle fait du bien au moral. Aux premières images de l’épisode, la sonnette retentit, et je ne peux que mettre pause. Je n’attends personne, normalement, alors je me lève doucement, toujours dans ma couverture et m’approche tel un ours vers la porte. Lorsque j’ouvre, j’y découvre un visage familier : « Henry ?! Mais…Qu’est-ce que tu fais là ? » Je souris malgré moi, parce que c’est toujours un plaisir de le voir, même à l’improviste. « Entre, je t’en prie ! » Je me décale pour le laisser et ajoute : « Aucun mot sur le désordre, sur mon physique qui fait peur, sinon je te fais bouffer ton… » Je me stoppe en sentant l’odeur délicieuse du paquet qu’il a apporté : « T’as ramené à manger ? » Je mange pour deux en ce moment, Eliott s’en moque, même. Je vais avoir un millier de kilos à perdre, mais mes caprices culinaires depuis que je suis enceinte sont pire que d’habitude.
Avec la fortune que lui a payé le journaliste pour quelques photos de la forêt, Henry a décidé de s’offrir quelques jours de repos. Son cachet ne survivra pas des siècles, mais il a de quoi se payer trois repas par jour et ça fait un bien fou, même s’il ne doit en profiter que brièvement. Le simple fait de pouvoir traîner au lit ce matin le met de bonne humeur - alors qu’il n’en profite même pas vraiment et se lève aussi tôt que d’habitude. C’est juste le fait d’avoir le choix, vous voyez ? Au milieu de la matinée, après avoir fait tous les trucs qu’il repousse depuis des semaines, faute de temps, le jeune homme décide de rendre une petite visite surprise à sa meilleure amie. La pauvre est retenue prisonnière chez elle depuis une éternité - ok, peut-être pas exactement une éternité, mais c’est l’impression que ça donne pour quelqu’un comme Henry qui reste rarement à ne rien faire. Il ne prend pas la peine de la prévenir avant et file directement chez elle après avoir récupéré assez de plats chinois pour nourrir tout un village. Il colle un sourire joyeux sur ses lèvres quand il sonne à la porte, qui manque de se transformer en rire quand Janie vient lui ouvrir, l’obligeant à se mordre les joues pour se retenir. “Salut…” souffle-t-il, “euh, désolé j’ai dû me planter de maison, je cherche Janie ? Une jolie brune sexy toujours tirée à quatre épingles ?” Il arrive à jouer la comédie jusqu’à la fin de sa phrase, mais le rire qu’il tente désespérément de retenir lui échappe enfin alors que la jeune femme l’invite à entrer. “Désolé ! T’es superbe, rayonnante ! Si on m’avait pas dit que t’étais enceinte, j’aurais jamais deviné ! J’adore ce look, j’crois bien que j’ai vu le même à la Fashion Week.” Il essaye, tant bien que mal, de lui servir un petit sourire angélique, mais c’est peine perdue alors à la place, il lui tend le sac de plats à emporter. “C’est une offrande pour te signifier que je viens en paix.” l’informe-t-il en lui laissant le sac. “Et j’ai tout l’aprem de libre, donc si t’as une autre de ces couvertures sexy pour moi, on peut traîner devant la télé ensemble toute la journée !” Il lui aurait bien proposé un plan un peu plus excitant que ça, mais directives médicales obligent… “Comment va mon petit alien préféré ?”
« Salut… » Me dit-il alors que son petit sourire narquois m’énerve déjà. « Euh, désolé j’ai dû me planter de maison, je cherche Janie ? Une jolie brune sexy toujours tirée à quatre épingles ? » « Fais pas ton petit malin, Allen ! » Je réplique alors qu’il explose de rire et que je lève les yeux au ciel. J’ai simplement envie de le frapper, mais au fond, il a sans doute raison. Je suis ignoble dans ce petit pyjama, enroulé dans mon plaid, le ventre tout rond, comme jamais. « Désolée ! T’es superbe, rayonnante ! Si on m’avait pas dit que t’étais enceinte, j’aurais jamais deviné ! J’adore ce look, j’crois bien que j’ai vu le même à la Fashion Week » C’est plus fort que moi, ma main vient s’écraser sur son épaule comme un bon coup pour lui prouver que mon mécontentement : « Arrêtes-toi en-là si tu veux pas avoir une sorcière des hormones sur ton dos ! » Avec la grossesse, mes humeurs changent assez rapidement. J’ai déjà tapé des crises parce que…j’en avais simplement envie. Alors, qu’il continue à se moquer et c’est avec mon pied au cul qu’il finira sur le trottoir, oui ! A la place, il me tend les plats à emporter et mon ventre s’éveille instantanément. « C’est une offrande pour te signifier que je viens en paix. Et j’ai tout l’aprem de libre, donc si t’as une autre de ces couvertures sexy pour moi, on peut traîner devant la télé ensemble toute la journée ! » Je souris, en me réinstallant sur le canapé, sortant déjà les plats qu’il a acheté. Au vue du sac, c’est chinois. Miam ! Je lui désigne le fauteuil au loin, couvert de plaid en tout genre : « Serre-toi, y’a ce qui faut ici » Je nous sors tout, sépare tout en deux, avant de me lever chercher des verres et de l’eau pour me réinstaller. « Comment va mon petit Alien préféré ? »« Elle remue…beaucoup. Elle me fatigue. C’est à croire qu’elle veut devenir boxeuse professionnelle…ou cycliste, j’hésite » Instinctivement, je passe ma main sur mon gros ventre et ajoute : « Je te ferai sentir quand elle tapera tout à l’heure » Je prends un plat, l’ouvre et hume son parfum : « Tu tombes vraiment à pic, tu sais ? J’avais vraiment pas envie de me faire à manger »
Peut-être qu’énerver une femme enceinte n’est pas l’idée du siècle, mais pour l’instant, ça le fait rire plus que ça ne l’effraie. Il n’est pas venu là pour tapoter le dos de Janie toute la journée, mais bien dans l’espoir de lui faire passer un bon moment malgré sa situation qui doit être pour le moins… pesante. Henry n’arrive pas à s’imaginer passer des semaines entières cloué au lit, pendant que tout le monde est occupé avec la vie, le travail, etc… ça le rendrait dingue. C’est facile de dire qu’elle doit faire ça pour son bien et celui du bébé, mais soyons réaliste : personne n’est à l’abri d’une petite poussée de frustration, bonne cause ou pas. Alors, il encaisse sagement le coup que lui donne la jeune femme et la suit dans le salon en lui donnant les plats qu’il a rapportés. Avec ça, c’est magique, tous ses crimes sont pardonnés ! Sans prendre la peine de récupérer le plaid qu’il a pourtant demandé, Henry s’installe près de Janie sur le canapé et la regarde faire en souriant. “Elle est énergique, c’est une excellente nouvelle !” note-t-il au sujet du bébé. Vaut mieux la sentir remuer sans arrêt, non ? “Et puis, c’est important qu’elle sache se défendre ! Une petite boxeuse, ça fait tout un tas de soucis en moins dans ton avenir, penses-y !” De toute évidence, Henry n’est pas un expert en bébés. Il essaye juste tant bien que mal de relativiser et de voir le bon côté des choses. Les dernières semaines ont causé assez de soucis comme ça, ce qui compte maintenant, c’est de rester optimiste. “Et elle a de qui tenir, hein ! J’doute que tu sois capable de nous faire un petit bébé tout calme et tout sage.” Il prend une paire de baguettes, mais ne se précipite pas vraiment pour manger, tellement habitué à sauter des repas qu’il a un peu de mal à avoir faim aussi tôt dans la journée. Il ne se fait pas de soucis pour Janie, en tout cas, ces plats vont disparaître il en est certain. “J’espère que ce sera bon !” lance-t-il en ouvrant une boîte de nouilles. “Alors, comment tu t’occupes exactement, ces jours-ci ?” De toute évidence, Netflix est au programme, si l’on en croit la télé. Il se sent terriblement impatient pour elle. “T'as reçu d'autres visiteurs ?”
« Elle est énergique, c’est une bonne nouvelle ! » Comme sa mère, je pense. Sa mère qui est bloquée chez elle déjà depuis des jours et qui va continuer à l’être jusqu’à sa grossesse. Sa mère qui est une nana énergétique, qui fait beaucoup de sport, et fait milles choses dans une journée, et qui là…ne fait plus rien. « Et puis, c’est important qu’elle sache se défendre ! Une petite boxeuse, ça fait tout un tas de soucis en moins dans ton avenir penses-tu ! » Je secoue la tête et ajoute : « Oh, Eliott voudra l’éduquer tiens. Avec Micky, ils seront ravis » Leurs univers c’est la boxe, elle sera forcément amenée à le voir combattre ou s’entraîner. Je l’imagine déjà gambader sur le ring, en tentant d’imiter tonton Micky. « Et elle a de qui tenir, hein ! J’doute que tu sois capable de nous faire un petit bébé tout calme et tout sage » Je me mets à rire en passant une main sur mon gros bidon : « Oh, ça je sais bien. Les chiens ne font pas des chats » Plats ouverts, baguettes saisis, je m’installe confortablement dans le canapé et commence à manger ce qu’il m’a apporté : « C’est bon ! » Je dis la bouche pleine en souriant légèrement. « Alors comment tu t’occupes exactement, ces jours-ci ? T’as reçu d’autres visiteurs ? » J’hausse les épaules et désigne la télé : « Je saigne Netflix, comme tu peux le voir. Je m’occupe d’acheter tout ce dont on aura besoin pour Zoey, la chambre étant faite. Et oui, ma famille passe de temps en temps, River est celle qui vient le plus souvent…Mais j’avoue que j’aimerai pouvoir sortir de ces quatre murs. Je commence à devenir dingue » Mais c’est bon pour elle, bon pour moi. Je ne sais pas comment je vais trouver la force de tenir, mais je la trouverai. Parce que je ne peux faire autrement. « Et toi, comment tu vas ? Le boulot ? »
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Dim 11 Oct - 14:24