Je n’avais jamais eu comme habitude de me lever très tôt le matin, depuis ma fugue à l’adolescence. Véritable oiseau de nuit, pour moi, le matin commençait à midi et certainement pas à 9h00 comme c’était le cas aujourd’hui. D’ailleurs, j’avais le teint blanc et hideux, j’étais habillé en mec. Vous imaginez? Moi, Darius Mercado en mec! C’était une aberration de la nature, un sacrilège…UNE VÉRITABLE IGNOMINIE. C’était un constat horrible qui avait coupé court à mon sommeil de princesse : la solitude était lourde dans ma vie. Véritablement trop lourde. Devenir insomniaque à 9h00 du matin, c’est horrible, croyez-moi. Vêtu d’un pantalon brun informe, d’une chemise beige rayé et d’un veston marron sans grande couleur vive, je me suis trainé hors de chez moi à la recherche d’un but dans la vie, un objectif…un ami. Qui pourrait bien vouloir écouter mes lamentations à cette heure si proche de l’aurore? La vérité était triste et le constat atroce : j’étais foutrement isolé, les gens détestant un peu trop ma personnalité éclatée pour m’apprécier.
Mon téléphone dans la main, j’ai décidé de choisir un de mes contacts au hasard. Ladislaw. Mec que j’avais tenté de courtiser lors d’une soirée dans une boite et qui avait eu l’audace de poliment refusé mon invitation à poursuivre notre conversation dans un coin sombre. Horrifié? Oui je l’avais été, mais étrangement, une certaine relation d’amitié s’était lentement tissée entre nous. Assez pour que je débarque chez lui d’aussi bon matin? Sans doute pas, mais qui est-ce que ça l’étonnerait…oui, bon peut-être un peu. Appelant un Uber en comptant mes économies, j’ai indiqué le quartier de ce beau blond hypnotique tout en espérant qu’il aurait suffisamment pitié de moi pour me pardonner cette intrusion dans son monde. « Qui en voudrait à un mec désespéré qui porte du marron, hein? » Soliloquais-je en tentant de me convaincre moi-même alors que nous roulions vers Santa Monica.
Une minute…est-ce que je me rappelais au moins où est-ce qu’il habitait ce mec? Il ne m’avait jamais donné son adresse, mais le soir où il m’avait rejeté, je l’avais filé en douce dans le but de me venger. Chose que je n’avais jamais fait, bien sûr. Ce soir-là, j’avais été beaucoup trop ivre pour tenter quoi que ce soit. « Arrêtez-vous ici, je pense que c’est ça! » Dis-je en lui jetant une poignée de monnaie à la gueule et en descendant de la voiture avant qu’elle ne soit totalement immobilisée. C’était clair, ce quartier ne ressemblait pas au mien, c’était beaucoup plus classe ici. Avançant vers le lieu de résidence de l’informaticien, je me suis mis à douter de ma mémoire. Ainsi vêtu, je doutais de mes facultés à mémorisé une adresse. Incapable de repartir sans me plaindre, j’ai posé mes mains autour de ma bouche en espèce de portevoix et j’ai commencé à crier : « LADISLAW….LADI…merde c’est dur de gueuler son putain de nom…EVANS, T’ES OÙ, JE TROUVE PAS TA BARAAAAAAAAQUE ». Comme vous pouvez voir, la subtilité et moi, ça fait deux.
Ladislaw, quant à lui, avait pour habitude de se lever très tôt, il n'avait pas besoin de beaucoup de sommeil pour être en forme et heureusement parce que ses recherches prenaient parfois des heures et des heures au milieu de la nuit. Mais heureusement pour lui, cela ne dérangeait personne puisqu'il était seul. Son meilleur ami s'y était fait et ne posait plus de questions sur cette manie chez lui, donc, on pouvait dire qu'il était tranquille de ce côté là. Aujourd'hui ne dérogeait pas à la règle. Il s'était couché vers une heure du matin, et il était réveillé depuis sept heures et demi. Il avait commencé par boire son café, puis, il avait pris une douche, s'était habillé rapidement, d'une chemise noir et d'un slim rouge. Il aimait beaucoup mettre des couleurs, mais n'était pas du genre à être trop flashy non plus, même s'il n'avait jamais critiqué les gens qui le faisaient.
Il faisait rapidement sa vaisselle lorsqu'il entendit quelqu'un l'appeler dans la rue. Il fronçait les sourcils avant d'avisé l'heure sur l'horloge murale. Il était à peine 9h du matin, et surtout pourquoi la personne criait son prénom puis finalement son nom de famille dans la rue au lieu de sonner directement à sa porte ? Il ne comprenait pas réellement. Mais, il ne chercha pas plus que ça, il se pencha à la fenêtre pour savoir qui l'appelait. Il remarqua rapidement qu'il s'agissait de Darius. Il avait rencontré ce garçon dans une boite de nuit, il l'avait dragué, mais Ladislaw avait refusé ses avances. Il savait que Darius n'avait pas réellement accepté ce refus, cependant, avec la force du temps, ils avaient fini par devenir amis. Ou en tout cas, ils leur arrivaient de passer du temps ensemble. Néanmoins, ça n'empêchait pas Darius de continuer à flirter avec lui. Parfois pour jouer un peu, il rentrait dans son jeu, et parfois, il déviait les choses.
Il soupirait doucement avant de secouer la tête, un sourire en coin des lèvres. Il n'y avait que lui pour faire ça, et c'était une raison pour laquelle il adorait ce garçon. Il descendit pour ouvrir la porte au garçon. Il s'appuya contre la rempart de l'escalier, à la vue du plus jeune. Il en profita pour s'allumer une cigarette.
— On ne peut pas dire que tu sois particulièrement discret monsieur Mercado.
Evidemment, ce n'était pas un reproche, le blond ne se permettrait jamais de reprocher ça à Darius, puisque pour ça qu'il adorait autant le jeune homme. Il appuyait sur un bouton pour ouvrir le portail et donc laisser entré Darius dans sa demeure.
« La discrétion c’est pour les moches, quand on est sublime comme moi, c’est un cadeau au reste de la terre que de faire connaître sa présence » Rouspétais-je en croisant les bras, faisant mine de bouder alors que celui que je cherchais m’observais avec un certain amusement dans le regard. Non, mais est-ce qu’il se rendait compte que je venais de transpirer pour lui? Plutôt que de se moquer de moi, il devrait m’offrir une ombrelle, un rafraîchissement et un câlin contre ses muscles bien dessiné afin de se faire pardonner. Non, mais sérieusement, son éducation était entièrement à refaire à celui-là. « En plus, t’es même pas en boxer! Je pensais pourtant être arrivé assez tôt pour te choper à poil » Dis-je en me lamentant légèrement alors que je m’approchais de lui. Eh oui, je sais, je suis complètement insupportable, mais c’est ce qui me rend adorable pour ceux qui ont assez de patience pour me supporter.
« Tu sais, je n’arrive même pas à croire que tu as un portail pour empêcher les gens de frôler ta pelouse parfaite. Ma porte d’entrée de mon appartement ne tient même pas sur ses gongs » Jacassais-je en le rejoignant sans cesser de babiller. Oui, j’étais un véritable moulin à paroles, mais c’était une petite vengeance personnelle pour le fait qu’il m’ait appelé Monsieur Mercado. Non seulement ça faisait très : Je-veux-pas-être-intime-avec-toi-au-point-de-t’appeler-par-ton-prénom, mais en plus, m’appeler monsieur me rappelait l’état physique lamentable dans lequel j’étais. Non d’une couille molle, ça se voyait tant que ça que je ne m’étais pas rasé le menton ce matin et que je n’avais pas correctement appliqué mon fond de teint? Sentant légèrement l’angoisse monter en moi, je me suis dirigé vers lui et je l’ai serré fort dans mes bras en commençant à respirer vite. Sans trop savoir pourquoi ou comment, un flot de larmes commencèrent à s’écouler sur mes joues barbouillées de l’ombre d’une repousse de barbe. « Je me sens foutrement seul…j’ai froid et j’ai peur! J’ai peur de ce que je pourrais faire » Pleurais-je contre lui en enfouissant mon visage dans le creux de son cou.
Ouais, je sais…ce n’est pas très virile de chialer comme ça, mais je l’assume entièrement, ou presque. Prononcer ces mots que j’avais tant tenté de repoussé firent redoubler les larmes alors que je restais accrocher à lui. « La dernière fois que j’ai ressenti autant de solitude, j’ai essayé de me tu-tuer…mais j’ai plus d’assurance santé, alors si je meurs je vais finir dans la fausse commune » Continuais-je, ma voix étranglée par l’anxiété montant graduellement dans les aigues. Mes parents seraient beaucoup trop ravis d’entendre que l’objet de leur honte avait claqué pour ressentir de la peine face à mon hypothétique décès. « Ra…rassure-moi…tu es seul? Je ne viens pas de te briser ton coup? » Demandais-je en relevant mon regard barbouillé de larme pour le regarder, songeant subitement au fait qu’il n’était peut-être pas tout seul.
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Jeu 10 Juin - 1:29
Darius Mercado
Ladislaw Evans
