J'étais plongé dans un profond désespoir, un abysse si profond que la lumière et la chaleur de me touchait plus. Depuis que Lilas m'avait demandé de faire cette pause et qu'elle ne me parlait plus, je m'étais jeté à corps perdu dans cette enquête bâclée qui avait été faites dans le dossier sur sa famille et c'est de façon obsessionnelle que j'avais remonté les indices, fait analyser les éléments de preuves -chose qui n'avait pas été faites à l'époque- et suivi les pistes qu'on m'avait envoyé jusqu'à retrouvé celui qui avait été à l'origine de l'extinction quasi complète de la famille Andromeda. Bien que mon nom ait été inscrit dans le dossier comme enquêteur principal à l'époque, il ne m'avait pas fallu bien longtemps pour déclencher une enquête interne. À cette époque, je n'étais pas enquêteur, jamais je n'aurais pu être en charge d'une telle enquête.
Finalement, j'étais parvenu à retrouvé le criminel et au bout de plusieurs longues heures de négociations, il s'était rendu. Je n'avais eu qu'une hâte, apprendre à Lilas que j'avais coincé cet homme horrible...sauf qu'on m'avait apprit au moment même de l'arrestation que Calvin avait eu un accident...et qu'il était mort. Mon monde s'était complètement effondré et je ne l'avais pas appeler. Voilà maintenant presque 12 heures que j'étais au chevet du corps sans vie de mon fils et je me forçais à m'éloigner de lui quelques instants pour appeler la femme chère à mon coeur. En dépit de ma peine insurmontable, elle avait le droit de savoir que l'homme avait été arrêté. Je tremblais lorsque je composais le numéro de téléphone. Je tremblais lorsque la ligne décrocha. "Bon...bonsoir Lilas...ne t'inquiète pas...je ne veux pas te harceler...c'est en tant que...qu'enquêteur que je t'appelle" Dis-je d'une voix si rauque et brisée que je n'étais même pas sûr qu'elle me reconnaîtrait.
Le journal TV en fond, tu prenais le temps de repasser les vêtements de Darius et les tiens. Lorsque tu te retrouvais seule dans ton appartement, tu essayais tant bien que mal que de t’occuper pour ne pas que ton esprit ne se focalise sur des bruits que tu pourrais entendre. Depuis que tu avais craché le morceau à Styx, tu devenais de plus en plus paranoïaque. L’idée qu’une autre personne connaisse votre secret te rendait nerveuse de jour en jour. Tu avais peur que la vérité ne finisse par éclater que le gang ne s’occupe de ton cas. Darius avait raison sur un point : ils te connaissent et s’ils commençaient à enquêter sur la mort de Jason , c’est de toi qu’ils se chargeraient en premier lieu.
Perdue dans tes songes, tu sursautes légèrement lorsque ton cellulaire se met à retentir. Tu jetes un coup d'œil au nom affiché sur l’écran. Clyde. Il ne pouvait pas mieux tomber :
« Allô, Clyde ? »
Tu entends sa voix qui semble bien différente de d’habitude. Tu le sens fébrile. A ses paroles , ton coeur se serre , est-ce qu’il a découvert quelque chose sur toi ?
« En tant qu’enquêteur… hm, oui ? Qu’est-ce qu’il y’ a ?... Tu vas bien ? »
Je vivais un véritable cauchemar, j’avais l’impression que je mourrais de peu à peu et que tout souffle de vie m’avais quitté. J’étais complètement perdu. Après le silence de Lilas et sa demande de temps, j’avais tant travaillé sur l’enquête de la tragédie de ses parents que j’en était devenu obsédé. Je ne comprenais pas comment mon nom s’était retrouvé sur ce rapport judiciaire et je m’étais fait un devoir de retrouver ce connard. Un devoir tant obsessif que j’avais consacré un peu moins de temps à Calvin…des larmes roulèrent sur mes joues à cette pensée. Mon garçon…mon si petit garçon…oh mon dieu…. La panique monta en moi alors que je tentais de retrouver assez contenance pour parler de à Lilas. Non, je ne la poursuivais pas, c’était pour lui apprendre que son calvaire et sa hantise avait pris fin. L’home qui avait tué sa famille était derrière les barreaux et y crèverait.
Je me mords les lèvres lorsque j’entends la voix de Lilas me répondre. Mon cœur mort semble vriller encore plus de douleur. Cette femme qui me tenait loin de sa vie, je l’aimais tant, mais ce n’était pas le temps d’y penser. Elle avait le droit de vivre se moment en paix. Je reviens vers le corps sans vie de Lilas et je caresse sa main de plus en plus froide. Mais…pourquoi Dieu s’acharne autant sur moi? « Oui…c’est moi. Pardons de te déranger, je devais absolument te parler » Dis-je lorsqu’elle répondit. Ma voix me semblait si différente, comme si elle appartenait à quelqu’un d’autre. Elle me demande si j’allais bien et un torrent de larmes s’écoulent de mes yeux en silence et je les essuis rapidement. Non…pas maintenant…pitié, donnez-moi la force. J’inspire profondément et j’ignore sa question sur mon moral. « Je…je voulais t’annoncer que…que j’ai retrouvé l’homme du cambriolage. Je l’ai mis en état d’arrestation… » Dis-je maladroitement en serrant la main de Calvin pour tenter de la réchauffer, mais elle demeurait atrocement glaciale. « C’est fini Lilas…il a été arrêté. Il a tout avoué. Je suis désolé que ça ait prit tant de temps » Soufflais-je, incapable de lui expliquer pour le moment que mon nom avait été mis sur le rapport par un incapable ne voulant pas prendre en charge le dossier.
Tu te sens coupable en entendant la voix de Clyde. Tu le connais assez pour comprendre que quelque chose cloche. Tu as peut-être été brutale en vous imposant une pause mais actuellement ta vie est chaotique et tu lui caches beaucoup trop de choses pour espérer que votre relation ne prenne pas une mauvaise direction. Silencieusement, tu en souffres mais tu ne veux plus avoir l’impression d’avoir volé le bonheur. Lorsque Clyde t’apprend que le meurtrier de tes parents vient d’être retrouvé, tu te figes, ton cœur se resserre comme jamais et tu es prise de vertige. Plus de dix ans que tu as espéré ce jour. Les jambes flageolantes, tu te retiens sur le rebord de la table à repasser avant de t’asseoir sur le canapé.
« Comment il s’appelle ? »
Souffles -tu, brisant le silence qui s’était installé entre vous.
« Est-ce qu’il a une famille ? Des enfants ? »
Tu as besoin de savoir. Tu as toujours essayé d'imaginer le meurtrier de tes parents et celui qui a ruiné ta vie entière.
Le fait d'entendre la voix de Lilas me fait encore plus trembler. Bon sang...elle me manque tellement. Je ferme les yeux afin de me donner du courage de tenir cette conversation sans craquer, mais je dois avouer qu'entendre cette voix tant aimée me rappel à quel point je suis seul maintenant...maintenant que Calvin est mort. Je prends une profonde inspiration et je caresse les cheveux de mon fils pour tenter de me convaincre de ne pas craquer pendant la conversation. Malgré ma tristesse et mon désespoir, je dois à Lilas la vérité puisqu'elle a souffert si longtemps. Elle mérite de trouver la paix. Ma tristesse vivra plus tard...je le lui dois bien. À sa voix, j'entends qu'elle est sous le choc, mais au moins, elle ne m'insulte pas. Elle est courageuse, elle me le montre encore aujourd'hui. "Adamo Fernandez...il s'appelle Adamo Fernandez" Lui répondis-je d'une voix légèrement perdu en me massant le front, terrassé par une violente migraine.
"Non, il n'a pas de famille. Il appartient à un gang et selon ce que j'ai compris, ce cambriolage aurait été une sorte de mise à l'épreuve, une initiation qui a mal tournée" Tentais-je d'expliquer doucement, en tentant de l'épargner, mais sans tenter de lui cacher les détails. Après tout, c'était son histoire et elle avait le droit d'en connaître les détails.
L’annonce te bouscule et tu n’as pas l’idée de remercier Clyde directement pour tout le travail qu’il a fourni afin de retrouver le meurtrier de tes parents et de ton frère. Tu n’espérais plus rien , tu avais tellement attendu et pourtant … Tu entends aujourd’hui ce que tu as toujours voulu entendre mais à part des tremblements et un cœur serré tu ne sautes pas au plafond comme tu aurais pu l’imaginer. Tu ne te sens pas pour autant en paix et cela te fait peur. Comme si la douleur et la colère étaient restées ancrées en toi.
« Il a été placé en taule ? Dans quelle prison ? »
Parce qu’à ce moment - là , tu pensais pouvoir encore avoir des réponses en allant lui rendre visite peut-être et d’un autre côté, tu as besoin de savoir qu’il est quelque part en taule, qu’il y est vraiment que ce ne sont pas que des paroles. Tu fais confiance à Clyde mais pas au flic qu’il est. Le regard baissé, tu tritures nerveusement les bords de ta nuisette lorsqu’il t’explique qu’il s’agissait d’une initiation de gang. Tu ne peux t’empêcher de te demander pourquoi c’est tombé sur ta famille.
« Je suppose qu'il n'a pas eu une once de culpabilité en lui. Dix ans... Je te remercie de l'avoir retrouvé. »
J'ai de la difficulté à suivre la conversation, mon esprit est vraiment focalisé sur le corps sans vie reposant à côté de moi et même si je tente de m'accrocher à la voix de Lilas, je suis incapable de ne pas regarder le mignon petit visage de Calvin si abîmé qu'il en était méconnaissable. Ma voix est enrouée, rocailleuse et épuisée. Je reste surpris lorsqu'elle me demande dans quelle prison il était captif, cet homme qui a fait de son enfance et de sa vie un véritable enfer. Je cligne des yeux alors qu'une migraine pulse dans mes tempes. Je ne comprends pas...je ne comprends pas. Je m'attendais à toute sorte de réaction, mais pas à cette question, je dois l'avouer. "Heu...dans la prison centrale pour homme, sur la rue Bauchet comme le veux la procédure lorsqu'on est en attente de procès. C'est la même prison où ton ami avait été placé...tu te souviens?" Lui appris-je d'une voix éteinte alors que je serrais un peu plus la main de mon fils pour tenter de la réchauffer. Sauf que déjà, sa peau et ses muscles étaient raides. Il perdait de plus en plus son humanité au fils des heures.
Je ne comprenais pas cette question qu'elle avait. Après tout, elle avait attendu ce moment une bonne partie de sa vie, pourquoi voulait-elle savoir où il était? Elle devait sans doute s'attendre à ce qu'il soit emprisonné à Los Angeles, non? Son remerciement me fait lentement grimacer. Était-ce réellement de la gratitude ou bien était-ce sarcastique? "Lilas, je n'étais pas enquêteur, il y a dix ans" Dis-je doucement en sentant ma main trembler. "Mon nom n'aurait jamais dû être sur ce rapport. Je suis désolé que ça ait prit autant de temps" Soupirais-je en la sentant de plus en plus loin de moi. Pourquoi avais-je l'impression que je l'avais perdu le jour même où elle m'avait annoncer qu'elle m'aimait? J'avais...j'avais tout...perdu. Tout.
Accueil
Mer 6 Oct - 18:19