Le Deal du moment :
LEGODAYS : 20% sur une sélection de LEGO avec ...
Voir le deal

LOS ANGELES, A L'ANCIENNE :: Archive 2021 :: Archive RpsPartagez

 [Zek] Surprise, surprise !

Aller à la page : Précédent  1, 2
Alex Palmer Molina
I see fire
I see fire
Alex Palmer Molina
https://laal.forumactif.com/t7840-alex-palmer-molina-o-even-hellhttps://laal.forumactif.com/t7874-alex-palmer-molina-love-againhttps://laal.forumactif.com/t8353-goldanthemhttps://laal.forumactif.com/t8197-carte-de-alex-palmer-molina
#  [Zek] Surprise, surprise ! - Page 2 EmptyMar 12 Juil - 14:48
Enveloppé d’un nuage de nicotine, je refais mon apparition dans l’open space. Ce moment loin de toi, de ton regard inquisiteur et de ton odeur bien trop présente qui à le don de faire surgir de l’ombre des souvenirs lumineux que j’ai mis des années à refouler. Toutes ces séances chez des psys hors de prix pour oublier, accepter et continuer à avancer, foutu en l’air en une seule journée. Parce que derrière ma colère, il y a de la nostalgie. Celle de nos moments à deux, de cette douceur qui nous enveloppait, de nos hésitations d’adolescent mais surtout de cet amour qui irradiait par tous nos pores. Tu étais tout mon monde et bien plus encore, celui qui m'avait guidé pour trouver quel homme je voulais devenir et ironiquement, à assumer qui j’étais. Et puis tout s'était écroulé. Sans explications, sans préavis, je me suis retrouvé sous les ruines d’une relation qui était invincible. Mais un grain de sable avait suffit à faire s’écrouler notre château, un coup de vent et toutes tes promesses s’étaient envolées bien loin de la chambre qui a accueilli mon nouveau corps sans âme, ma déchéance sur fond de Tequila et d’Extasy.

Quand je retrouve ma chaise, Alba lève ses bras en l’air et s’exclame dans une joie qui la caractérise Hey Alex, devine quoi ? Zek est de la partie ce soir ! Cette journée ressemble à la répétition d’une pièce de théâtre interminable. Nous jouons tous les deux un rôle pour le plus grand plaisir de nos collègues. Cool ! Mes lèvres s’étirent le temps d’une seconde dans un faux sourire et je tente de mettre une intonation enthousiaste à ma voix. Mais je suis épuisé par toutes ces conneries, pas ce passé qui pèse bien trop lourd pour mes épaules aujourd’hui. Je ne sais pas si je suis crédible et à vrai dire, je m’en moque. Je n’ai plus la force d’être quelqu’un que je ne suis pas, ce n’est pas ma philosophie. J’ai toujours assumé qui j’étais et ce n’est pas aujourd’hui que ça va changer. L’après-midi passe lentement alors que notre guerre de tranchées se transforme en guerre froide. Plus aucun de nous ne lève les yeux de son ordinateur, plus aucun pics n’est envoyé. Le calme et le silence règnent.

Quand il n’y a plus que le bruit de tes doigts sur ton clavier qui perce le silence de l’open space, j’hésite à lancer une nouvelle bataille. Armé de ma rancœur comme fer de lance, je suis prêt à te porter un coup mortel, aussi douloureux que celui que tu m’as porté plus tôt. On avait sans doute rien à faire ensemble. Ta voix résonne dans ma tête, encore et encore. Impossible d’oublier. Je prépare mon discours dans ma tête pour lui donner une forme et ne pas juste te balancer tous mes reproches à la suite. Je choisis mes mots, ceux qui te feront mal, qui réduiront ton cœur en tas de cendres et sur lesquels je prendrais un malin plaisir à souffler pour les disperser aux vents. Mais quand je relève la tête pour cracher mon venin, tu es debout prêt à partir. J’ai manqué ma chance, tu échappes à ma diatribe pour le moment. Maintenant que tu as quitté la pièce, je réalise que j’ai retenu mon souffle tout ce temps. Impossible de respirer correctement, d’agir naturellement ou même de penser de manière cohérente. Tu es partout, tu parasites complètement mon cerveau. Ça ne peut pas durer.

Il ne me faut que quelques minutes pour prendre ma décision. Je fixe mon écran d’un air déterminé et ferme toutes mes applications. Mon pc et mon téléphone dans mon sac, je quitte à mon tour mon bureau pour me rendre dans le bureau d’Antony. Malheureusement, il est déjà parti, comme tout le reste de l’équipe. Je suis la dernière âme en vie dans les locaux alors que les autres ont déjà dû commencer la fête au bar. D’habitude, je suis dans les premiers pour ce genre d’événement, ne loupant jamais une bonne occasion de décompresser mais là j'hésite. Les portes de l’immeuble se referment derrière moi et je ne sais pas quoi faire. J’ai envie d’aller rejoindre les autres au bar pour célébrer la promotion d’Alba. Mais je sais que tu seras là aussi, et je ne suis pas d’humeur pour une nouvelle confrontation. Mais je dois aussi parler à Antony ce soir et il doit sûrement se trouver à la fête. Dans un soupire, je tourne à gauche pour rejoindre l’after work. Une bière, une discussion avec Antony et je rentre !

Quand je passe la porte du bar, la soirée bat son plein. Toute l’équipe est répartie entre le bar et des manges debout qui ont été réservés pour l’occasion. Tout le monde a un verre à la main, plaisante, discute de manière plus ou moins proche. J’entends mon prénom au niveau du bar et rejoins Marvin qui me tend déjà une pinte de bière. Je plaque mon éternel sourire sur mes lèvres et me lance dans la fosse aux lions. Quelques gorgées, je cherche les deux principaux protagonistes qui m’intéressent. Je te repère à une table en grande discussion avec une femme que je ne remet pas mais celle qui m’intéresse vraiment n’est pas en vu.

Est-ce que vous avez vu Antony ?

On me répond par la négative mais Marvin finit par me pousser du coude pour me montrer notre boss qui traverse la salle et s’arrête à une table isolée. C’est ma chance. Je m’excuse auprès du petit groupe autour de moi et lui fonce dessus, déterminé.

Hey Antony, je peux te parler ? C’est assez urgent ?

Tu vas rire mais je ne viendrais pas demain ! Non, trop frontal. Je n’ai pas vraiment préparé mon discours, je voulais improviser quelques choses autours des missions qui ne me correspondent pas ou quelque chose dans le genre même si ce poste est absolument parfait. Si on ne prend pas en compte mon voisin de bureau bien sûr.

Désolé Alex mais j’ai un problème de baby sitter, je dois partir tout de suite. Je le vois lever la main sans comprendre. Mais tu as un problème, tu peux en parler à Zek, il va t’aider. C’est un des plus anciens dans la boîte, il connaît tout et tout le monde. Il aura forcément la réponse à ta question ! On se voit vendredi, hein !

Et il disparaît dans un coup de vent sans même que je ne puisse placer un seul mot. Je grommèle dans ma barbe et mon cœur descend prendre refuge tout au fond de mon estomac quand je tombe nez à nez avec toi en me retournant. Merde. Tu es prêt, bien trop prêt. Je recule brusquement de quelques pas, me prenant le bord de la table dans les côtes. La douleur m’élance mais la grimace qui déforme mes traits pendant une seconde n’est pas seulement due à ma maladresse. Je me racle la gorge et récupère mon téléphone qui s’est échappé de ma poche pour s’écraser au sol. Heureusement, pas de dégât, contrairement à mon égo.

Laisse tomber, je vais me débrouiller.

Aucune envie de te confier mon projet de quitter la boîte dès ce soir. C’est une victoire que je ne veux pas t’offrir. Je trouverais bien quelqu’un au service juridique demain qui pourra me renseigner sur la meilleure façon de rompre mon contrat, il y a forcément une porte de sortie. Je pourrais retourner à Londres ou n’importe où dans le monde loin de toi même si maintenant que je sais que tu es en vie et heureux, il ne va plus être aussi facile de prendre ma routine comme si de rien n’était.
Je déserte notre table et retourne au bar avec Marvin et Alba. Ma pinte de bière est vite remplacée par une autre, puis par des shots et des alcools que je n'arrive plus à identifier. Quand le bar ferme, tout le monde se sépare pour rentrer. Une cigarette coincée entre les lèvres, je tente de retrouver le chemin de mon appartement mais dire que je suis saoul est un euphémisme. J’ai du mal à marcher droit, mes pieds se posent de manière aléatoire sur le trottoir et les murs ondulent bizarrement. Le klaxon d’une voiture me fait sursauter avant que je ne réalise que je me trouve sur la route. Je termine tant bien que mal de traverser les voies tout en essayant de retrouver mon adresse avec le GPS de mon téléphone.

11 heures ? Hein ? J’habite pas si loin. Je crois.

Ah non, c’est mon adresse à Londres qui est renseignée. Je l’efface mais impossible de me rappeler mon adresse à Los Angeles. Boulevard ? Street ? Je crois que la rue commence par un A… Arden Boulevard ? Non, ça c’est où j’ai pris un café hier. Ou c’était un B… Burnside Avenue ? Hum, oui c’est peut-être ça. Ou pas en fait. Drexel ! Non. Merde, je vais jamais pouvoir rentrer. Mon lit me manque. Je veux m'écrouler sous ma couette et dormir pendant trois ou quatre jours.

@Zekariah M. Forbes
Zekariah M. Forbes
ouragan déchu, amours envolées
Zekariah M. Forbes
https://laal.forumactif.com/t7837-zekariah-m-forbes-o-youve-nevehttps://laal.forumactif.com/t8722-zeka-i-didn-t-feel-it-when-the-earthquake-happenedhttps://laal.forumactif.com/t8056-carte-de-zekariah-m-forbes
#  [Zek] Surprise, surprise ! - Page 2 EmptyMer 27 Juil - 16:06
Le chemin vers le bar s’écoule terriblement lentement. Crépuscule couchant, alangui, alors que les autres discutent tous –une poignée de collègues que j’ai croisé au bout d’une rue, et dont je n’ai pas su me défaire. Les uns n’ont pas su cacher leur étonnement de me voir presque souriant à l’idée d’aller à un bar. Les autres ne m’ont adressé qu’un bref signe de tête, déjà bien absorbé dans des débats qui ont l’air si passionnants que je préfère me distancer un peu sur le trottoir, marchant plus lentement, la main gauche qui joue avec quelques cigarettes dans mes poches. Je suis à pas grand-chose d’en dégainer une, de les surprendre un peu plus avec mes sales habitudes de tabac, de faire crépiter mon briquet vers le ciel orangé. Flammèche vers brasier. Pas le temps de m’attarder sur la vision artistique d’un coucher de soleil qui virerait du rose pâle vers les flammes des Enfers, déjà un néon se dessine au-dessus de mes cils. Fichue golden hour, on y voit rien à dix mètres, et pourtant, un visage familier, des bras qui enlacent des collègues, une bouche colorée et un grand sourire. Alba. La reine de la soirée, la reine de Saba. Etincelante, délirante. Elle montre les quenottes à chaque arrivant, une cigarette allongée dans la main gauche, une pinte de bière dans l’autre. Bon. Au moins, si je ne sais pas avec qui parler, je sais qu’elle sera là.

J’entre dans le bar avant mes compères de trottoir, et aussitôt je me retrouve assailli d’une centaine d’odeurs différentes, mais bien trop familières. Alcool et nicotine viennent entamer un ballet de mauvais souvenirs jusque dans mes narines, et je peine à réprimer un léger frisson. Lourds draps noirs qui viennent ensevelir mon sourire, le noyer dans un torrent de liqueurs dont chaque nom, chaque goût, m’est familier. L’âcre du whisky, le piège du Jaëgermeister, la brûlure de la vodka. Trop de sensations connues, trop de douleurs que j’avais enfoui. Par réflexe, je recule, légèrement. Quelques regards autour de moi. Je ferme les yeux, une seconde, peut-être dix, puis je reviens vers le bar. Maudits soient les cocktails sans alcool, première marche de l’escalier qui vous mène aux maux de crâne et à la bouche collante. Bien trop ennuyant de se contenter d’un verre d’eau. Limonade, pas assez extravagant non plus, trop dans l’esprit comptable. Mes yeux balaient le bar de part et d’autre, tentant de se dérober aux visions fantomatiques des bouteilles qui hurlent derrière. D’une traite, assez fort pour que le barman entende, pas suffisamment pour devenir la risée d’un soir de mes collègues à peine deux minutes après être arrivé. "Vous pourriez me faire un sirop à la menthe ? Un gros, genre en format pinte ou je sais pas trop quoi ?" Regard vaguement interloqué, tête penché, mais il s’exécute. Tant mieux. Pas du tout envie de lui exposer le programme des différentes cures, ni de lui raconter les pires beuveries de ma vie. Derrière moi, la foule rugit, comme si nous étions dans un de ces cirques qui flottent sur Malibu. Un nouvel arrivant ? Evidemment. Toi.  Le seul des fauves de la troupe dont j’aurais voulu éviter la griffure ce soir. Je tente de me dérober à ton regard, et mon corps heurte, dans un curieux mouvement, quelqu’un de bien plus léger. Je la reconnais immédiatement. Liv, la femme d’Antony. Elle n’aurait pas pu tomber à un meilleur moment. "Salut Liv, comment va la compagne de mon patron préférée ? La femme, hein, pas le patron." Elle me met un coup de coude amusé, et m’entraîne dans sa course. Elle a toujours marché trop vite, de toute sa hauteur, à semelles plates ou à talons vertigineux, la suivre est impossible si elle ne saisit pas ton coude. Je me retrouve bien vite à une table du fond, entouré d’une copine d’Alba (va savoir comment elle s’est retrouvée avec la géante compagne du boss et de celui-ci) et d’un type que je remets difficilement. Marvin, je crois ? A peine suis-je arrivé qu’il s’éclipse, part à l’autre bout de l’établissement, vers le précipice que je fuis –et doublement, maintenant que tu es accoudé au bar. Antony, bras derrière la tête, grand sourire vorace, de celui qui s’éclate parce qu’il se sait en terrain conquis, m’accueille d’une rapide onomatopée. "Zeka, c'est cool que tu sois venu !" Puis il s'interrompt, fronce les sourcils face à mon verre émeraude. "Tu vas pas tourner au sirop toute la soirée quand même, laisse-toi aller à une bière au moins !" Je secoue la tête. "A force de me faire exploiter je suis complètement crevé. Je vais rester au sirop, je préfère que ma voiture reste sur la route ce soir." Il éclate de rire, et reprend la fin d’une conversation à laquelle je ne prête à nouveau qu’une faible attention, mon regard cherchant le tien autant qu’il souhaite s’en échapper. Quelque fois, nos yeux se croisent, en une rixe qui ranime les braises notre discussion échauffée mais écourtée. Le coupable m’adresse une tape sur l’épaule en passant, disparaît avec l’amie d’Alba pour rejoindre un autre groupe. Liv m’adresse un clin d’œil complice. "Alors, Zeka, comment va ton petit gars ?" Elle est l’une des seules au courant, pour Archie. Antony le sait, pour des raisons d’organisation, si je suis amené à partir plus tôt un soir, ou à venir plus tard un matin. Parler de lui suffit à faire redescendre un peu la tension de la journée. Liv a un pouvoir apaisant, c’est indéniable, puisqu’en quelques minutes seulement, elle parvient à me faire oublier le ridicule de la situation, moi, mon sirop à l’eau taille géant, et ce jeu de panthères qui feulent sur des braises vieilles de quinze ans. Mes doigts continuent de jouer nerveusement malgré tout, toujours titillé par la tentation de prendre une boisson plus forte. Ils trouvent le chemin d’une cigarette, et alors que je la sors, Liv plisse les yeux, rit, et m’en demande une. Entendu. Elle fraie la foule la première, fluette malgré ses épaules imposantes, me dresse un sentier tout droit. Se fait aborder par un collègue enivré, lui répond, et le chemin de Moïse se referme. Je suis de nouveau au milieu de tout le monde, à chercher des yeux comment ne pas te croiser, et surtout ne pas croiser le regard d’une bouteille. Pas de chance.

En un bruit sourd, nous nous percutons, deux comètes qui tracent leur chemin distinct. Ton téléphone est tombé au sol, et alors que je me baisse poliment pour le ramasser, le visage dubitatif de voir dans tes yeux autant d’orages et d’éclairs (la boussole d’un hélicoptère aurait pu en perdre les pédales), tu places une main devant moi. Stop. "Je... Je suis désolé ?" Pas le temps même de m'excuser, puisque la foudre t'a emporté plus loin, dans un dernier râle colérique, avant même que je ne contrôle mon bégaiement. L'apaisement n'aura pas duré longtemps, puisque déjà mon coeur rebat la chamade. J'ai besoin d'air.

Je retrouve ma compagne de soirée, le vent frais et les bruits de la ville en même temps que de la musique se lance dans le bar, derrière moi. Du rock, de prime abord. Morceau familier. Suffisamment pour que je puisse, en quelques secondes seulement, reconnaître. Pas du rock du tout. Trompe l’oreille. Souvenir d’une nuit de printemps, les bourgeons dehors qui bourdonnaient d’abeille alors même que Nyx avait étendu les bras pour enlacer les vallées. La fenêtre ouverte, le vent qui s’engouffre et enveloppait nos secrets, les emmenait plus loin. Des mots mystères, et deux corps sous un tissu unique. Quelques maux murmurés. C’est loin. La radio crachotait, mais nous étions suffisamment loin des autres chambres pour ne troubler personne. Quelques séries de percussions et de guitares. Facile. Je me racle la gorge, difficilement, revenant au présent. Les cigarettes s’enchaînent avec Liv, les discussions aussi, et bientôt Alba nous rejoint, passe une vingtaine de minutes à nous apprendre des faits inédits sur les otaries, puis sur les girafes, avant de retourner terminer son taux d’alcoolémie avec vous autres, à l’intérieur. Antony est parti depuis longtemps, mais Liv est restée avec moi, avant de me quitter dans une bise, un soupir, et des promesses de dîner à venir. Presque comme un vieux couple : bien loin de ça, puisque c’est une amie. Peut-être l’une des seules même. Je m’engouffre dans le bar, en une seule respiration, dégaine un billet de cinquante dollars pour participer aux consommations, puis me dégage de cet endroit qui sent les mauvais souvenirs. Tu n’es plus là quand je pars, pourtant ma tête tourne et peine à se détacher de nos conversations, même quand mes yeux se perdent dans le reflet du rétroviseur central. Je m’appuie au fond de mon siège, laisse échapper un sourire. Le feu passe au rouge. Un klaxon, au loin. Comme une clarinette urbaine. Je souris, difficilement. Cette journée m’a éreinté. Rapide regard sur mon écran de téléphone, il est deux heures du matin. Le lendemain sera compliqué. Et puis une silhouette, chat de gouttière. Un tour de sang pour la reconnaître. Te reconnaître. Un million de pensées, autant d’idées et bien plus d’appréhensions. Ce serait dangereux de t’abandonner ici, alcoolisé. Irresponsable, aussi. Je soupire. La nuit n’est pas finie. Je te remmène et je rentre. Une grande inspiration, torse bombé, masque froid sur le visage, mais pas trop pour ne pas te faire fuir. Je freine, et ouvre la fenêtre passager. "Alex ?" Tu lèves la tête et déjà les flammes reviennent. "Monte, je te ramène." Mon regard te quitte, revient sur la route, le pare-brise, alors que mon doigt actionne le déverrouillage de la voiture. "C'est pas une question. Monte." Mon ton est ferme, car je ne veux pas m'opposer à toutes tes répliques cinglantes, ni à tes refus las, et encore moins à l'idée de t'abandonner sur un coin de bitume.

@Alex Palmer Molina
Alex Palmer Molina
I see fire
I see fire
Alex Palmer Molina
https://laal.forumactif.com/t7840-alex-palmer-molina-o-even-hellhttps://laal.forumactif.com/t7874-alex-palmer-molina-love-againhttps://laal.forumactif.com/t8353-goldanthemhttps://laal.forumactif.com/t8197-carte-de-alex-palmer-molina
#  [Zek] Surprise, surprise ! - Page 2 EmptyJeu 28 Juil - 11:34
Concentré sur mon téléphone, je suis sur le point d’abandonner ma carte au trésor moderne. C’est dingue de ne pas réussir à se souvenir d’une foutue adresse. Mais tous les chemins mènent à Rome, non ? Donc si je marche assez longtemps dans les rues de Los Angeles, soit je vais miraculeusement tomber nez à nez avec mon immeuble (probabilité plutôt faible soyons honnête), soit j’aurai assez décuvé à un moment pour me souvenir du lieu qui abrite mon lit et ma cafetière. Je range mon téléphone dans la poche de mon jean et décide de suivre mon idée de génie quand j’entends mon prénom. Quelqu’un m’appelle depuis une voiture qui vient d’apparaître devant moi, me faisant sursauter au passage. Super, pile la personne que je n’avais aucune envie de voir. Tu le fais exprès, en fait ? Tu t’es donné comme mission divine de me pourrir la vie, même quand je suis complètement bourré au milieu de la nuit ? Je cligne des paupières pour tenter de rendre ton visage moins flou, avec un succès mitigé. Je ne me suis pas rendu compte d’avoir autant bu ce soir. Ma promesse de me calmer sur l’alcool vient de prendre un sérieux coup.

Merci mais non merci.

Ma voix est rauque d’avoir trop fumé et ma gorge aussi sèche que le désert de Gobi. Je pourrais ajouter une petite remarque acerbe mais vraiment je n’en ai pas envie. Je veux juste que tu te casses et que tu me laisses seul dans mon excursion nocturne. Tu n’en à rien à foutre de moi, tu me l’as bien fait comprendre alors tu peux garder ta fausse empathie et reprendre ta route. Ton ton autoritaire me fait hausser les sourcils et je suis sur le point de te dire d'aller te faire voir quand mon cerveau m’envoi un message qui arrive tant bien que mal jusqu’à moi malgré toutes les brumes alcoolisées qui doivent flotter dans mon crâne. Je suis incapable de marcher droit, je n’ai bientôt plus de batterie et toujours aucune idée d’où j’habite. Tu n’es pas le chauffeur que j’attendais mais le fait d’être en voiture pourrait me permettre de regagner un lit assez vite. Mon visage passe de la rue qui m’apparaît de plus en plus longue à ta voiture qui à l’air chaude et douillette. La route 66 interminable ou ton siège qui n’attend que mon postérieur. Fais chier.

Merde.

Je serre les lèvres pour retenir une nouvelle remarque qui pourrait te pousser à m’abandonner à mon triste sort. Maintenant que mon cerveau a compris qu’on avait la possibilité de rentrer en voiture, il n’est plus du tout coopératif pour faire une randonnée parmi les anges. Le traître, il avait trouvé mon idée géniale il y a même pas cinq minutes. Mon corps s’enfonce dans ton siège, je boucle ma ceinture et notre carrosse reprend sa course. Mes doigts sont serrés autour d’une bretelle de mon sac à dos qui gît à mes pieds. Mon regard cherche où se poser sans avoir à croiser le tien mais je peux sentir les flammes de tes iris qui réduisent en cendre mon t-shirt. Un soupir exaspéré franchit mes lèvres.

T’inquiète, je vais pas gerber dans ta belle voiture impeccable. J’ai des baskets blanches et le vomis est bien trop compliqué à nettoyer. Je le sais parce que nous en avons fait l’amer expérience au lycée après une soirée où un gars de l’équipe de Lacrosse avait vomi sur les baskets blanches toute neuve et hors de prix de sa copine. On avait ri de cette anecdote pendant des semaines et elle me déclenche encore un rire en y repensant. C’est comme quand Mike avait… Laisse tomber. Pendant une seconde, j’ai oublié que je te détestais. Pendant une seconde, je me suis souvenu que je t’aimais. Raclement de gorge pour faire passer la pilule amère qui tombe au fond de mon estomac. Ma tête se pose contre la vitre froide. Il faut que je me concentre pour ne rien dire d'autre. J’ai trop bu et Dieu seul sait ce qui pourrait sortir de mes lèvres. Je peux sentir des phrases entières se presser dans ma bouche, se mêler à d’autres pensées, forcer le passage, se muer en un amas incohérent de mots. Je retiens tout ce que je peux jusqu’à en avoir les larmes aux yeux. Je ne peux pas, je n’y arrive pas. Cet Alex ce n’est pas moi, je ne peux pas te laisser m’enlever le peu que j’ai réussi à retrouver.

Arrête toi.

C’est à mon tour de me montrer autoritaire. Mon regard percute le tien pour te montrer ma détermination. J’ai l’impression de dessaouler en une seconde alors que je m’apprête à me jeter dans le vide. C’est peut-être la pire erreur de ma vie mais c’est maintenant ou jamais. Arrête toi, s’il te plaît. Ton presque suppliant, yeux encore voilés par une couche humide. Mon cœur accélère au fur et à mesure que la voiture ralentit jusqu’à s'immobiliser complètement sur un parking désert. Je défais ma ceinture et me tourne vers toi. Nous ne sommes que tous les deux, personne pour épier nos mots, personne pour lire nos gestes. Si mon visage est un livre ouvert sur toutes les émotions qui m'étreignent, le tien n’est qu’un masque froid. Je ne sais plus d’ailleurs si c’est seulement un masque ou si c’est ce que tu es devenu.

Tu ne ressens vraiment rien, hein ?

Tes mains se crispent autours du volant, je peux voir blanchir tes articulations. La tension crépite autour de nous, le silence est lourd, j’ai du mal à respirer. Et rien n’avoir avec mes excès de la soirée cette fois. Je secoue la tête et passe une main nerveuse dans mes cheveux. Je te fixe parce que je suis incapable de réconcilier le Zeka qui était tout mon univers au lycée et ce Zeka qui me fait face. Deux hommes tellement différents qu’ils semblent ne pas pouvoir cohabiter sous la même voûte céleste. Je brise une nouvelle fois le silence en me jetant à l’eau. Au pire si ça dégénère, je pourrais tout mettre sur le compte de l’alcool.

J’ai décidé de démissionner demain matin. Je mets fin à ma période d’essai ou un truc du genre qui doit être prévu dans mon contrat. Je crois donc que c’est notre dernière chance de nous expliquer. Après tu sera débarrassé de moi et tu pourras arrêter de tirer la tronche au boulot.

Le face à face que j'attend depuis quinze ans va finalement avoir lieu. Ou pas. Il y a encore la possibilité que tu décides de me larguer sur ce parking pour disparaître dans la nuit. Et je me retrouverais seul avec mes états d’âmes et mes questions. La belle est dans ton camp, Cowboy.

@Zekariah M. Forbes
Zekariah M. Forbes
ouragan déchu, amours envolées
Zekariah M. Forbes
https://laal.forumactif.com/t7837-zekariah-m-forbes-o-youve-nevehttps://laal.forumactif.com/t8722-zeka-i-didn-t-feel-it-when-the-earthquake-happenedhttps://laal.forumactif.com/t8056-carte-de-zekariah-m-forbes
#  [Zek] Surprise, surprise ! - Page 2 EmptyJeu 28 Juil - 12:20
Tu finis par obtempérer, et je sens mon corps entier se relaxer, se laisser tomber dans le siège. Ce dernier m’enlace. Comme tu le faisais. Les bras qui enroulent le dos, lianes protectrices qui serrent, font résonner les cœurs, l’un contre l’autre, à l’unisson. Je ne veux pas y penser. Pas maintenant. Tout un champ de souvenirs qui m’envahissent, me remuent, secouent mes tripes, les bousculent. Je vais finir par avoir envie de vomir. Pourtant, mes pieds écrasent l’accélérateur. Comme pour donner du défibrillateur à un cœur déjà bien trop tourmenté. Les lampadaires défilent, vite. Trop vite. Tout est silencieux, pourtant un million d’excuses me brûlent les lèvres. Sans vouloir en sortir. Ce serait abdiquer, te reconnaître la tristesse unique. Abandonner tout espoir que tu comprennes un jour que si j’en suis là, les tempes tourmentées par le stress, les narines zigouillées par l’odeur des liqueurs dès que je mets les pieds dans un bar, avec tout ce panel de masques, tous ces déguisements, c’est pour toi. A cause d’eux. C’est toi qui a forgé ça, trouvé le métal, ils n’ont mis que le coup de marteau final. Mes parents m’ont brûlé au fer vif, mais c’est toi qui avais allumé les braises, toi qui le premier, avait eu pour idée de me tourmenter. Pas l’Alex qui était assis à côté de moi, les doigts serrés autour de son sac à dos de voyageur, pas celui qui sentait la clope à plein nez, pas celui qui n’osait pas battre des cils moins vite pour se confronter à mon regard, mon vrai regard, celui derrière les masques. Non. C’était l’Alex qui était venu, des mois, des années durant, pleurer dans mes cauchemars, m’inonder, me noyer. Celui qui avait déclenché tornades et typhons, qui avaient transformé les tourbillons voluptueux de l’adolescence en une eau bouillante, bourdonnante, une eau qui s’agitait en grosses bulles qui m’éclataient à la figure. Mon pied se relâche sur l’accélérateur, une seconde. Quand tu évoques Mike. Je n’ose pas te répondre. Je te regarde du coin de l’œil, ma tête oscillant entre la route et un angle idéal pour t’observer, te regarder en train de décuver dans la voiture. Puis, ma bouche s’ouvre. Je songe presque à entamer le combat, maintenant. Mais je me ravise. Pas la peine de nous remplir les poumons du Styx en nous noyant dans sa lave. "Je m'en souviens, oui." Quelques mots, soufflés, pas même prononcés. La voix trop enrouée pour me prononcer. Tu m’impressionnes autant que tu me bouscules. Passerelle entre deux univers, Zeka l’amoureux et Zekariah l’homme d’affaires. Mousquetaires tourmentés, l’un par l’alcool, l’autre par la panique. Tes mots troublent le bruit des roues qui dévalent le bitume. D’abord tu ordonnes. Puis tu supplies. La voiture accélère. Un lampadaire qui défile à l’horizon éclaircit ton reflet. Je vois des larmes se former. Et immédiatement, un étau vient se greffer sur ma poitrine, me bloque. Je ralentis. Tourne vers un endroit désert. Parking, cage urbaine. Propice à la discussion. Je ne peux pas respirer convenablement, et tu vas entamer les hostilités. Tant pis, qu’à cela ne tienne.

Tu ouvres ta portière, et j’ai peur de te voir t’enfuir. Mais tu restes là, à retrouver ton calme, cette sérénité impressionnante qui parfois t’envahit, alors que tu es un feu follet, un électron libre, l’esprit le plus créatif qu’il m’ait été donné de rencontrer. Je n’ose pas commencer. Menton dressé, regard vers le bout des phares, là où l’ombre reprend ses droits, là où ma lumière ne trouble plus aucun royaume. Je ne veux rien te faire transparaître. Déjà, pour ne pas te laisser m’infecter, en trouvant les flèches justes, en les empoisonnant, puis en me poignardant avec. Ensuite, pour ne pas amplifier tes craintes. C’est trop de pensées qui se bousculent dans ma tête. Je ne peux pas me permettre de te laisser basculer vers le vide à nouveau. Je ne peux pas me permettre de me laisser basculer vers le vide à nouveau. On partage une seule et unique sangle, un seul et unique parachute. Et tu le perces, d’une seule phrase, acide, cynique, douloureuse. Coup de dague. Je frémis à peine. Mes yeux se baissent. Quelques secondes. J’essuie le coup, en silence. Je ne veux pas accumuler, et mes doigts serrent le volant plus fort, alors que j’ai envie de venir y plonger ma tête, en des percussions qui saisiront le parking tout entier. L’envie de hurler qui revient, aussi. Mais pourtant, toutes mes pensées se font en chuchotements. Pour ne pas troubler le flot continu de paroles que tu me lances au nez. Je fais tout pour ne pas craquer, mais mes muscles se tendent tous. Et lorsque tu arrêtes de parler, lorsque tu me lances une dernière pique, je la saisis, prêt à te trancher la gorge avec. "Oui, et comme ça tu pourras retourner te bourrer la gueule avec n'importe quel crétin qui croisera ta route. J'espère qu'il ne s'arrêtera pas en plein chemin pour te ramener chez toi. Tu ne le mérites pas." Le masque qui change, ton paternaliste, te défiant presque de répondre à l’autorité qui transpire, suinte, de chaque syllabe. Quelques secondes de mutisme. Puis mes yeux se reportent sur toi. Brûlants. Ardents. "Si tu perdais moins de temps à essayer de me combattre, à essayer par tous les moyens de me blesser, peut-être que tu passerais pour quelqu'un de plus intelligent. De moins manipulateur." Quelqu’un comme celui qui avait tout chamboulé. Celui qui était devenu l’épicentre de mon univers, la corde finale de toutes les compositions. L’instrument de ma montée au ciel, puis la peine infinie qui en avait provoqué la déchéance. Mais je poursuis, sur le même ton froid, alors que mes pupilles trahissent la flamme que je ne parviens plus à combattre. "J'espère qu'Antony ne te demandera pas pourquoi tu pars. Ce serait ridicule d'entendre que tu n'es pas capable." Je reprends mon souffle. Extincteur en marche, mes mots sont tranchants, acérés, mais je fais tout pour les calmer. "Pas capable de bosser avec ton ex, pas capable de prendre sur toi, pas capable de ne pas le fustiger à chaque couloir." Je reprends mon souffle. Et c'est la déferlante. "Pas-pas-pas capable de comprendre que non, tu... Tu n'as pas été le seul à souffrir. Que-que j'ai voulu tout abattre, que j'ai... j'ai sombré dans la misère, l'alcool, putain, et les drogues, parce que j'avais peur... peur... peur de t'avoir perdu pour toujours." Le bégaiement qui revient, me fait tiquer, alors que mes mains empoignent mes cuisses, comme pour retrouver une constance, conscient d’en avoir trop dit, et en même temps pas assez. Quelques inspirations, ne surtout pas pleurer. Quand je relève les yeux vers toi, ils sont plus froids que jamais. Un autre masque a pris le dessus. "Mais tu as raison. C'est sans doute plus simple d'être la victime dans l'histoire. Au moins, tu n'as pas envie de te foutre en l'air par culpabilité. Fais-le, démissionne. Disparais de ma vie." Je relâche la pression de mes phalanges, et ma tête part de l'autre côté, fuyant ton regard désormais. Bien trop amer, bien trop acide, je ne sais pas, je ne veux pas le regarder plus longtemps, j'ai peur d'y laisser la vue. "La vérité, Alex, c'est que toutes tes émotions sont fausses. Tu t'es persuadé qu'elles devaient avoir lieu. Tu n'as rien subi depuis des années. Moi, oui. Tu me hantes toujours. Mes blessures, mes addictions, chacune de mes douleurs, sont intimement liées à toi, à ce nous que tu as voulu me faire miroiter, comme si c'était seulement possible pour moi." Je soupire. Ces pensées-là viennent de germer, et pourtant elles prennent tout leur sens en une dizaine de secondes seulement. Les dés ont toujours été pipés. Je n’avais aucune chance de t’avoir dans ma vie, alors que le boulevard de mes espoirs brisés t’était entièrement dédié. "Combien de temps tu as été plus bas que terre, Alexander ? Quelques mois, trois quatre ans, au maximum ? Je suis détruit depuis plus de quinze ans. Et pourtant je ne te crache pas du pétrole au visage. Toi, tu m'asperges et tu m'allumes. Ce brasier, t'en as toujours rêvé." Masque froid de nouveau, quand mes yeux reprennent la charge des tiens. Hors de question d'abandonner, ce soir. Personne ne sera là pour m'empêcher de te dire le fond de mes entrailles, la noirceur de mes nuits et la mort de mes rêves. De nos rêves. Ceux que tu m'avais injecté, créé, tous ces désirs auxquels je n'aurais même jamais songé avant toi. Mes phalanges sont blanches lorsqu’elles saisissent la poignée de ma portière. Je m’extirpe de la voiture, chariot d’Hadès, empli de toute notre rage et des maux qui nous transpercent. Je m’assois sur le capot, après quelques pas, la tête entre les mains, les cheveux ébouriffés d’un rapide geste pour les chasser de mes yeux, déjà bien flous.

@Alex Palmer Molina
Alex Palmer Molina
I see fire
I see fire
Alex Palmer Molina
https://laal.forumactif.com/t7840-alex-palmer-molina-o-even-hellhttps://laal.forumactif.com/t7874-alex-palmer-molina-love-againhttps://laal.forumactif.com/t8353-goldanthemhttps://laal.forumactif.com/t8197-carte-de-alex-palmer-molina
#  [Zek] Surprise, surprise ! - Page 2 EmptyJeu 28 Juil - 14:46
En voulant te provoquer, juste un peu, juste de quoi te faire réagir, j’ai déclenché une véritable tempête. Un ouragan se lève dans la voiture et je suis paralysé par ton regard où brûle une haine sans faille. Tu enchaînes les coups et je les encaisse comme je veux. Mon ego est jeté à terre et piétiné. Plus rien ne t’arrête, c’est coup sur coup, sans me laisser la moindre chance de reprendre mon souffle. Tu aurais arraché mon cœur à mains nues de ma poitrine pour y foutre le feu que j’aurais eu moins mal. Je te laisse déverser ton flot de haine, comme si tu retenais toute cette lave depuis des années, attendant juste le bon moment pour me la cracher en plein visage. Alors je te regarde, fixement, sans même ciller de peur de laisser couler une larme traîtresse de mon cœur qui est en train de partir en lambeau. Mais derrière la culpabilité se cache autre chose, une boule dans mon ventre qui grandit, grandit, grandit. Elle devient de plus en plus grosse, elle crispe mes doigts, ferme mon visage. Cette boule de colère envahit chaque particule de mon corps jusqu’à l’explosion. Ton regard me quitte pour s’échapper vers l’obscurité et j’en profite pour te ramener à moi. On ne quitte pas un combat avant le K.O. c’est la règle. Mon rire résonne, sonne faux après ce déchaînement des éléments qui a tout détruit sur son passage.

Attend c’est quoi là ? Un concours de bite pour savoir qui a le plus souffert ? Tu crois qu’il s’est passé quoi pour moi en fait ? Que tu ne t’ai pas pointé à la fac et que je suis juste passé à autre chose ? C’est ça que tu crois, hein ? Tu sais quoi, t’es qu’un putain de connard égocentrique mais tu as raison sur un point, c’est fini de foutre en l’air ma vie pour toi. Je n’ai pas à démissionner d’un boulot qui me plait juste parce je ne supporte pas ton regard de chien battu. Je suis beaucoup plus fort que ce que tu crois et je ne me cache pas derrière un rôle de victime contrairement à d’autres.

J’ai envie d’abattre mon poing quelque part. Dans ton visage, dans ta voiture parfaite, dans un mur dans n’importe quoi qui me ferait ressentir une douleur physique. Parce que ce genre de douleur, je sais la gérer. De la glace, de l’antiseptique, des anti-douleurs, c’est facile. Alors que la douleur que tu as déclenchée, elle est impossible à soigner. Ce mélange de regret, de non-dits, de rancœurs est du genre à vous vriller le crâne jusqu’à ce que vous vous mettiez à avaler n’importe quoi pour que ça cesse. J’étouffe, j’ai besoin d’air. Mais avant de pouvoir esquisser le moindre geste, le deuxième round commence. Je ne peux pas reculer, c’est moi qui ait sonné la cloche.

Et ces mots que tu craches, dans un calme absolu, me font bien plus mal que tout le reste. Je préfère la version qui hurle et qui s’énerve parce que ce Zek, froid et calculateur, me fait peur. Il détruit sans aucune émotion, me regarde dans le blanc des yeux pour me porter le coup fatal. J’avais tellement de rêves pour nous, d’espoir. Comme tu peux penser une seule seconde que j’ai voulu tout ça. Tu sors de la voiture et je suis toujours immobile. Je suis incapable de bouger, complètement sonné. Ding, ding, ding ! Nous avons un vainqueur ! Tu viens de me mettre K.O. avant de cracher sur mon corps au sol. Ma respiration est bloquée, des sueurs froides dévalent ma colonne vertébrale alors que mon cœur se défend tout ce qu’il peut pour sortir de cette poitrine bien trop petite. Je fais une foutue crise d’angoisse dans ta voiture.

Il faut que je sorte, que je me casse d’ici, de cette ville, de ce monde. Il le faut. Tout était si naturel entre nous mais on ne se comprend plus. Il ne reste que de la haine entre nous et se la balancer au visage ne servira à rien. Debout devant la voiture, mon sac sur les épaules, je t’observe une dernière fois. Ma voix n’est plus qu’un murmure, je suis fatigué et j’ai besoin d’être seul. J’ai besoin d’une pause, de mes cachets et d’une épaule pour pleurer un bon coup avant de reprendre ma vie. Je ne peux pas couler à nouveau, ma famille ne le mérite pas.

Je t’ai cherché.

Je me racle la gorge et me lance dans une observation méthodique de mes baskets.

Quand tu n’es pas venu à la rentrée, je t’ai cherché. J’ai appelé chez toi tous les jours jusqu’à ce que ta mère change de numéro. J’ai appelé toutes les personnes de ta famille que j’ai pu trouver, tes amis, je suis même venu à Phœnix mais tu avais juste… Disparu.

Je reprend une gorgée d’air qui me manque tant depuis que j’ai accepté de monter dans ta voiture. Je trouve enfin le courage de te regarder et de sortir moi aussi ce que je ressens mais mes mots ne sont pas recouvert d’une suie noire mais d’une poussière couleur rêves brisés.

J’y croyais moi à ce que je t’ai fait miroiter parce que c’était nos rêves à tous les deux. Je pensais vraiment que tu voulais partager ton futur avec moi alors que…. Bref, tu as dit ce que tu avais à dire et le message est reçu cinq sur cinq. C’est moi le connard qui t'a fait croire des choses apparemment et c’est ta colère qui est légitime parce que tu considère que je n’ai pas souffert assez longtemps. ¡Qué bien!

Je sens cette boule de colère qui recommence à grandir dans mon ventre mais clairement, je suis bien trop fatigué pour un troisième round. Un mal de crâne assassine mes tempes et j’ai vraiment besoin de dormir. Ce sera pour une prochaine fois, quand je serais plus en forme pour te renvoyer tes attaques. Je ne digère pas tout ce que je me suis pris ce soir parce que chacune de tes accusations étaient injustes.  

On se voit au boulot demain j’imagine.

Ton aussi amère que le goût qui me reste dans la bouche après ton monologue. Je ne sais pas si je serais capable de penser mon cœur encore une fois après ça. Il est temps pour moi de tourner les talons et d’entamer ma fameuse randonnée nocturne à la recherche de mon appartement.

@Zekariah M. Forbes
Zekariah M. Forbes
ouragan déchu, amours envolées
Zekariah M. Forbes
https://laal.forumactif.com/t7837-zekariah-m-forbes-o-youve-nevehttps://laal.forumactif.com/t8722-zeka-i-didn-t-feel-it-when-the-earthquake-happenedhttps://laal.forumactif.com/t8056-carte-de-zekariah-m-forbes
#  [Zek] Surprise, surprise ! - Page 2 EmptyJeu 28 Juil - 15:31
Paranoïaque, je vois les ombres qui dansent devant moi. Le jeu des phares qui font se dandiner les poteaux du parking, le béton partout qui s’offre comme un coffin à ce jeu de regrets, ce jeu d’amertume. Reprendre l’air, la fraîcheur anodine en temps normal de ce genre d’endroits. Respirer. Haleter, plutôt, parce que je t’ai jeté en pleine face toutes les pensées que j’avais accumulé, toutes celles dont l’alcool avait accouché, toutes celles pour lesquelles larmes et spasmes m’avaient éprouvé. Je t’ai laissé dans la voiture dans un état second, un état de choc. Le masque de colère. J’avais hurlé, je m’en rendais compte seulement maintenant. Puis il y avait eu le calme. Le frisson sur les flots. Les mots les plus durs, sans doute. Comme toujours. Je n’avais pas ta fibre humaine, je ne l’avais jamais vraiment eue. Les gens m’aimaient pour mon aura. Pas pour mes mots. C’était un troupeau tout entier de chevaux d’apocalypse qui partaient au galop dès que l’on m’échauffait. Un simple sourire, des phrases assassines. Sans doute la pire des sentences que je puisse infliger à qui que ce soit. Sans m’en rendre compte. Mesurer les dégâts après, jamais avant. Les bâtisses écroulées. Les cœurs démantelés. Et dans notre cas, les amours désertées. Tu m’as poussé à bout ce soir et ce matin. Deux fois. Deux discours tueurs, deux litres de regrets et de culpabilité qui dès que le serpent dans ma gorge sifflait, se déversaient sur moi en des vagues épaisses, me recouvrant, me faisant perdre pied. Et pourtant, ces vipères, je voulais les croquer, les faire disparaître. Devenir maître de mes discours, mettre de l’ordre dans mes idées. Mais indubitablement, la sonnette tintait et je me retrouvais dans ce désert de toute émotion, incarnation des pires sentiments qui avaient pu m’étreindre. Chimère et harpie s’enlaçaient, alors que je crachais des flammes, dragon destructeur qui de ses écailles reflétaient uniquement les maux de la Terre, ceux que Pandore avait laissé s’enfuir en un typhon qui, un triste soir d’été, était venu se réfugier en moi. Respirer n’y faisait rien. La douleur dans ma cage thoracique était partie, mais la culpabilité s’était éprise de l’endroit. Mousse bordeaux qui grimpait en moi, avait saisi estomac et poumons, cœur et cerveau. Je m’en voulais déjà de t’avoir balancé tout ça. Comme si mes douleurs auraient pu t’apaiser. Ma main frappe ma tempe alors que je grimace, les larmes au bord des yeux. Comment ai-je simplement pu croire que me savoir souffrant te rendrait heureux ? Je ne prends la singulière mesure de mes erreurs que lorsque tu t’extirpes de la voiture, à ton tour, les yeux plus sombres que d’ordinaire. Tes cils cachent tes iris. Mais j’en vois assez pour être tétanisé. Je ne veux pas que tu me vois pleurer, Alex, pas après tout ce que je viens de te dire. Je ravale ma pomme d’Adam, cherchant par tous les moyens à stopper mes canaux lacrymaux. Difficile mais pas impossible, même si tu compliques la tâche d’un dernier affront. Une ultime attaque. Celle qui me fait comprendre que j’ai gagné la bataille de ce soir, à un prix que je n’assumerais jamais. Celle qui me fait comprendre que j’ai entretenu cette même illusion que ce matin, celle que tu n’avais jamais vraiment compté. Celle qui fait éclater les masques. Me laisse seul, pantin sans aucune répartie, à peine capable de se déplacer pour trouver refuge. Animal blessé, qui laisse sa trace et ne peut pas se volatiliser. Celle qui me fait comprendre qu’il faudra payer les pots cassés. Que j’ai été trop loin. Que je t’ai brisé, une seconde fois. Tes phrases s’enchaînent, m’assomment, me jettent à dix mètres sur le béton, ondes de choc qui ne laisseront que des tâches d’explosions sur le sol. J’ai mal à la tête. Je suis fatigué. Toi aussi. Combat éprouvant, jeu de mots qui nous ont menés au bord d’un précipice. Et je crois que je t’ai trahi. Je crois que je t’ai lâché, que je t’ai laissé t’écraser, bien plus bas. J’ai envie d’escalader l’arbre aux corbeaux qui m’étreint le thorax, de les déplumer, ces fichus oiseaux noirs, de m’en faire des ailes. Et là-haut, je ne sais pas si je préférerais partir, loin, très loin, déployer les bras et me laisser porter par le vent, ou s’il faudrait que je descende, que je prenne ton pouls, que j’essaie de te sauver de moi. J’ai du mal à entendre distinctement ce qu’il se dit. Je t’entends porter le dernier coup de gong, le dernier soubresaut de l’aiguille sur notre horloge. Tu t’apprêtes à partir. "Putain..." Murmuré, du bout des lèvres. Outrage à moi-même, de ne pas avoir su me tenir. De ne pas avoir su te rétorquer un simple sourire, une simple phrase. D'avoir ouvert les vannes d'une marée noire qui t'a fait couler, avant de ne les refermer que trop tard, épris d'une muse colérique et de sa culpabilité. "Alex..." J'ai du mal à parler plus fort. Du mal à prononcer ton prénom, avec le sentiment d'avoir été bien trop loin pour en avoir le droit. "S'il te plaît, reste." Comme une supplique. Les larmes veulent pointer à leur tour, mais je les chasse d'un simple revers de main, ces maudites mouches de crystal. "Alex, je vais te raccompagner. T'es pas en état de rentrer à pied, tout seul." C’est moi surtout qui ne suis pas en état de t’imaginer errer dans les rues, tourmenté par les chimères que je t’avais mis aux pieds. Un milliard de scénarios, tous négatifs, qui s'échappent. Toi, fauché sur la route. Toi, agressé à la sortie du parking. Toi, un quartier sombre, des mauvaises intentions qui te tournent autour. "S'il te plaît, laisse-moi te raccompagner." A deux doigts de te promettre de ne pas ouvrir une seule fois la bouche. De me transformer en un rocher bouclier, qui absorbera toutes les attaques qui me sont dues. Sans jamais plus évoquer ma souffrance. Je l'ai toujours préférée discrète, muette. Qu'elle éclate une fois de temps en temps, quand je suis seul. Sans jamais déchaîner ces créatures sinistres et infernales sur quelqu'un d'autre que moi. Enchaîné à ma peine. Ma voix se brise. "Je ne veux rien qu'il t'arrive, Alex, merde. S'il te plaît." J'ai bien trop envie de pleurer pour continuer mes suppliques. D'un coup, flash lumineux, aveuglant, dans un coin de ma tête. Une demie seconde, mais suffisamment pour me marquer au fer rouge. Les supplices d'antan. La douleur, omniprésente. Le crâne contorsionné par des migraines régulièrement. Il n'y a eu que toi dans ma vie. Les autres étaient de pâles reflets. Le seul miroir qui m'avait un jour tenté, Riséd démonique, c'était celui qui nous faisait face, à deux. J'ai dû apprendre à te côtoyer, à connaître chaque parcelle de peau, chaque réflexion, chaque goût. Vie à deux trop tôt, sans doute, soumis à l'autorité parentale. Les bains de soleil, les films, les musiques. La salle d'arcade. Les nuits de confessions. Et puis je me suis retrouvé seul. Sans attache. Ligoté de toute part au-dessus d'une poche de vide béante qui m'a absorbé. J'en suis ressorti en pâle état. En ayant oublié ce que c'était, finalement, que de ressentir les choses sans les éprouver. De les accepter sans en devenir l'incarnation ultime, avatar dévoré par sa dévotion qui détruit et crée des frontières désastreuses. Et il avait fallu t'oublier. Sans jamais vraiment y arriver. Forger une nouvelle légende, avec des bribes du passé. Zekariah le fier, le fort, l'indomptable. Mais il ne t'avait fallu que quelques phrases, des jets de regard, et tout était parti en fumée. Le livre de contes entier avait pris feu, par ma faute. A présent, je n'avais plus la moindre fatigue. Tu ne partirais pas à pied. Je ne laisserais pas un énième chapitre désastreux nous arriver. Je ne sais pas comment j'avais chuté au sol, comment ma tête s'était retrouvé entre mes mains, entre mes genoux. Un coup de manche, plus de larmes. Et j'étais debout. Sans un bruit, rejoignant le siège conducteur. La même froideur, le seul masque qui me protégeait réellemment. "Je suis désolé. Vraiment. Viens. J’ai besoin de te savoir en sécurité." Une jambe dehors, une main sur le volant, et un bras que je te tendais, le regard qui étincelait de désespoir sous le reste de mes traits figés. Comme un syndrome de Stockholm, finalement, puisque j’aimais me détruire à tenter de te convaincre de me pardonner. Ou du moins à tenter de te persuader qu’il y avait de plus beaux horizons que nos remords et nos poisons.

@Alex Palmer Molina
Alex Palmer Molina
I see fire
I see fire
Alex Palmer Molina
https://laal.forumactif.com/t7840-alex-palmer-molina-o-even-hellhttps://laal.forumactif.com/t7874-alex-palmer-molina-love-againhttps://laal.forumactif.com/t8353-goldanthemhttps://laal.forumactif.com/t8197-carte-de-alex-palmer-molina
#  [Zek] Surprise, surprise ! - Page 2 EmptyJeu 28 Juil - 16:32
Mon prénom résonne contre les murs du parking mais c’est fini. J’ai donné tout ce que je pouvais ce soir, j’ai essayé de te comprendre, d’avoir une discussion constructive mais nous avons seulement déchaîné une nouvelle fois les enfers. J’ai tendu une main et j’ai récolté une bourrasque brûlante qui m’a laissé recouvert de cendres. Ce n’est sûrement qu’un juste retour de bâton pour ce que je t’ai fait subir ce matin. J’ai été infecte avec toi et je méritais que tu me remettes à ma place. Tu l’as toujours fait, Zek l'impertinent. Mais je ne méritais pas l’acharnement dont tu as fait preuve dans la voiture. Mon cœur blessé repose entre mes bras et une unique larme s’échappe et glisse sur ma joue dans l’espoir de le réanimer. Mais il ne sait plus comment battre, pas quand celui qui lui a donné la vie le rejette avec autant de haine. J’ai passé des années à me dire qu’un jour on se retrouverait, en un regard, toute l’alchimie et l’amour aurait fait leur grand retour. On se serait vu, reconnu et on aurait fini dans les bras l’un de l’autre dans un baiser passionné à maudire ces années perdues. Mais ce n’était qu’une illusion créée de toute pièce par mon cerveau pour que je continue à me lever le matin et à mener une vie qui avait perdu de sa saveur. J’ai essayé de t’oublier en fréquentant d’autres villes, d’autres bras mais tu n'as jamais disparu. Tu étais toujours là, dans une chanson qui passait à la radio, une odeur qui flottait dans l’air, un bouquin posé sur un coin de meuble. La désillusion est dure à accepter. Nous, n’existe plus. Il n’y a que deux hommes brisés et bien trop absorbés par leur souffrance pour voir que l’autre se tient devant lui. J’avance d’un pas, décidé à te laisser derrière, à retrouver ma solitude. Tes suppliques me serrent le cœur mais je n’arrive pas à me retourner.  me blessé, ego bafoué. Encore un pas, je chasse une nouvelle larme qui tente une échappée discrète sur le coin de ma joue. Il faut que je m’éloigne de toi et des parasites que tu as distillés dans mon cerveau. Je n’arrive plus à réfléchir, plus à aligner des pensées cohérentes. Je suis encore saoul et fatigué et triste et je veux juste que cette soirée s’arrête.

Mon corps se retourne avant même que mon cerveau ne réalise ce qu’il vient de se passer. Mon pied avançait vers la sortie quand un bruit sourd à retenti. Un genou au sol, j’ai peur que tu fasses un malaise. Je ne sais même pas où on est, est-ce que je dois appeler les secours ? Laissant mon instinct reprendre le dessus sur mon cerveau en vrac, je cours dans ta direction mais tu es déjà debout quand j’arrive à tes côtés. L’air de rien, tu remontes dans ta voiture sous mon regard ahuris. Je n’ai aucune idée de ce qu’il vient de se passer et tout ce que je parviens à articuler est Ok. Je contourne la voiture en passant une main lasse sur mon visage. Alors que j'avais juré que plus jamais je ne monterais dans ta caisse, me voilà de nouveau sur le siège passager, mon sac entre les genoux à te fixer d’un air inquiet. Le moteur redémarre et je pose rapidement une main sur la tienne pour t'empêcher d'enclencher la marche avant.

Est-ce que ça va ? On peut appeler un Uber si tu ne te sens pas de conduire.

Je retire ma main en réalisant sur quoi mes doigts s’étaient refermés. La peau chaude de ta main me fait toujours ressentir cette électricité qui avait l’air de circuler entre nos deux corps, courant de foudre qui me laissait K.O. à chaque fois. Mais je ne peux plus ressentir ça, plus maintenant. Je laisse retomber mes paumes contre mon jean et regarde le paysage urbain de L.A. réapparaître par la fenêtre. J’ouvre la fenêtre et laisse le vent décoiffer mes mèches brunes, beaucoup trop longues au goût de ma mère. Je trouve que ça me donne un look plus mature, ça contrecarre mes traits trop enfantins. Personne n’est attiré par un mec qui semble tout juste sorti de l’adolescence alors qu’il entame la trentaine. Je dégage quelques épis rebelles et tente un coup d'œil vers toi.

Je peux fumer ?

Je me doute de la réponse mais je peux essayer. Les bras croisés sur le rebord de la fenêtre ouverte, la tête posée sur les mains, j’en profite pour épier discrètement tes traits. Ils se sont affirmés avec l’âge mais ils sont toujours aussi séduisants maintenant que le voile de colère qui obstruait ma vue s’est levé. Je crois qu’il fallait juste que tout sorte un coup et même si j’ai encore beaucoup de choses à te dire, je me sens soulagé en quelque sorte. La colère reviendra sûrement demain ou après-demain mais je profite de cette accalmie. Le silence revient et cette fois, il est apaisant. Je regarde défiler les palmiers, les noms des rues, les étudiants qui sortent de soirées avec un sourire en coin. Los Angeles est une belle ville, pas aussi animée que Londres mais plus ensoleillée pour sûr. Je me relève brusquement en me tournant franchement vers toi.

Merde, j’arrive toujours pas à me souvenir de mon adresse. Tu as encore tes affaires de boulot avec toi ? Tu as pas mon contrat qui traîne par hasard, mon adresse doit être notée dessus.

Je me sens con, vraiment. On dirait un enfant qui s’est perdu et qui est incapable de décrire ses parents. Je me jure de noter cette foutue adresse dans mon téléphone pour ne plus jamais me retrouver dans cette situation. Mais peut-être que je l’ai fait ! Un mince espoir s’empare de moi avant que je constate que mon téléphone s’est éteint. Batterie morte. Merde. On ne peut pas dire que cette nuit soit ma nuit.

@Zekariah M. Forbes
Zekariah M. Forbes
ouragan déchu, amours envolées
Zekariah M. Forbes
https://laal.forumactif.com/t7837-zekariah-m-forbes-o-youve-nevehttps://laal.forumactif.com/t8722-zeka-i-didn-t-feel-it-when-the-earthquake-happenedhttps://laal.forumactif.com/t8056-carte-de-zekariah-m-forbes
#  [Zek] Surprise, surprise ! - Page 2 EmptyDim 31 Juil - 0:54
Je ne sais pas quel est le moment qui, exactement, te fait comprendre que j'ai besoin que tu tournes les talons, qu'à défaut de revenir sur toutes les atrocités que l'on s'est échangées depuis ce matin, tu reviennes sur tes pas. Tout ce que je sais, c'est que faire de nouveau face non pas à ton dos, qui me laisse tout le luxe de deviner les émotions que trahissent ton visage, mais bien à ce dernier directement, m'arrache un soupir de soulagement, alors même que je peine à lutter contre mon rythme cardiaque, étalon déchaîné qui a décidé de partir au galop à force de trop m'imposer d'émotions fortes. Tes traits se dessinent sous la lame de lumière que t'opposent mes phares. Je n'ai pas la moindre émotion sur le visage, rien qui puisse te laisser transparaître davantage la façon dont mon corps entier est dans une transe, dans une course athlétique dont je serais le premier, le gagnant, celui qui court sans prendre le temps de respirer pour juste arracher la victoire. Et quelle victoire ! Celle qui me hante depuis des années, celle d'avoir toujours un reflet neutre dans chaque reflet. Pour ne plus jamais revoir les grimaces d'antan, les cernes interminables, cascades de fatigue que venaient irriguer les larmes, la nuit, en silence, quand j'étais seul, sans mon fils, sans ma famille, sans toi. Je sais que je relâcherais toute la pression sous mes draps, en un nouveau filet de pleurs silencieux. Je ne veux pas que quiconque puisse se douter que je suis complètement cassé de l'intérieur, que si j'arrive à mettre de côté la journée la myriade de sentiments qui m'enlace, c'est que j'ai trouvé un arrangement avec eux. Contrat malsain, sans doute, puisque chaque soir, ils ont le champ libre. Chaque soir de détresse, du moins. Et il faut reconnaître que je ne m'étais pas senti aussi impuissant depuis des mois, peut-être même des années. Te revoir, faire face à tes mots et à ce passé dévasté, complètement explosé, c'est comme une nouvelle grenade qui viendrait exploser dans un coin de mon crâne. La nuit a intérêt à être longue, puisque Morphée compte sur Nyx pour déblayer tout ça, et me voir me réveiller demain avec de nouveaux masques, un nouvel ordre, un nouvel équilibre. Quoi que ce soit qui puisse me permettre de composer, dans les prochaines semaines, avec ta présence et tout ce qu'elle implique. Tu t'assois, et je prends quelques secondes avant de démarrer. Ta main trouve la mienne sur le levier de vitesse, et m'envoie de belles déflagrations. Ma lèvre tremble, et je tente de la mordre pour m'éviter un craquage supplémentaire. Le goût de l'acier se répand dans ma bouche. J'y ai été un peu trop fort. Pourtant, quand je te réponds, c'est une litanie sournoise d'indifférence que je siffle. "Non, ça va aller, merci." Le dernier mot brûle ma bouche déjà en souffrance, puisque c'est la première fois de la journée que je te laisse transparaître un minimum de reconnaissance. Et je démarre.

Les paysages défilent, sont mutiques eux aussi. Pas un klaxon, pas une seule rixe dans les rues, pourtant nous croisons quelques silhouettes, inhibées de liqueurs ou de solitude. Juste le décor le plus propice à la discussion qu'il nous ait été offert aujourd'hui. Tu romps le silence et le ronron du moteur avec une question. Je ne réfléchis que quelques secondes. En temps normal, je t'aurais sans doute dit non, d'un ton ferme mais pas agressif, pour ne pas prendre le risque de te voir ouvrir la portière et t'enfuir. Mais il n'y a pas Archibald, à l'arrière, et la fenêtre ouverte remplit le véhicule d'un air frais, faisant au passage voler quelques unes des mèches de ces cheveux que tu as laissé pousser bien plus long. Un simple regard dans le rétroviseur. Je trouve que ça te va bien. "Oui, vas-y." Je te vois dégainer une cigarette, et ma main quitte quelques secondes le levier central, celui où tu l'avais prise par surprise, pour te tendre un briquet. Comme un aveu de faiblesse, parce que l'envie d'incendier mes lippes d'un peu de nicotine se fait forte, et que je serais presque prêt à t'en demander une. Mais je connais les addictions et leurs pouvoirs, et je reste silencieux, les phalanges tendues pour t'offrir le feu. Pour l'instant, nous roulons sans réel objectif, descendant et montant des rues qui m'apparaissent familières. Une rapide image me traverse l'esprit. Les rêves d'antan, quand justement je rêvais de ce moment, moi le volant entre les bras, toi à côté, à détailler chaque building, chaque panorama, par la fenêtre qui serait suffisamment entrouverte pour laisser entrer un peu de la lumière des lampadaires. Les discussions qui se seraient perdues entre deux fous rires, s'envolant par ces mêmes courants d'air pour aller se jeter sur les tympans des badauds qui traverseraient les ruelles à ces moments-là. Mais comme tous les désirs qui m'avaient animé, tous ce multivers de futurs que j'avais esquissé mentalement, avec toi toujours à mes côtés, cette scène là n'avait jamais eu lieu. Et je ne nous sentais pas prêt à rire ce soir ; il faudrait briser un peu du mur de glace qui avait été taillé pour dessiner mon nez, ma bouche, mes yeux, le faire fondre de plusieurs centimètres, pour ne serait-ce qu'apercevoir la queue d'un sourire. Trop préoccupé, trop sous le joug d'un trilliard de pensées. Une seconde fois, entre deux bruit de braises qui s'essoufflent et qui claquent sous les attaques du vent, tu te redresses, comme animé par un nouveau souffle, et tu parles. Ma tête pivote légèrement pour croiser tes iris, puis bat en retraite et mes yeux retrouvent le chemin de la route. "J'ai rien sur moi. J'ai tout laissé au bureau aujourd'hui. D'habitude..." Je parle sans doute trop, d'un coup. Je me racle la gorge, soucieux d'abréger. "Je reste rarement dehors après le taf." Je ne t'avoue même pas que j'ai passé la matinée entière à tourner et retourner ton dossier. Mais l'information que tu cherches me reste sur le bout de la langue, impossible de me souvenir de ton adresse. 28... ou 38 peut-être ? Et le nom de la rue... Mes doigts tapotent sur le cuir du volant, alors que je réfléchis. Quelles solutions t'offrir ? Dans tous les cas, je ne peux pas t'abandonner sur le parvis d'un bâtiment en espérant que ce soit le bon. Et je ne peux décemment pas, après toutes nos effusions de rage, lave qui coule et décime, te proposer de dormir chez moi. Je retourne le problème dans tous les sens, soucieux de trouver une solution qui fonctionnerait, quelque chose qui nous permettrait, chacun, de retrouver notre lit respectif et de s'y couler, pour mieux oublier les tourments de la journée.

Du coin de l'oeil, je te vois essayer d'allumer ton téléphone, puis pester en murmurant. Plus de batterie. "Tu veux essayer de regarder sur le mien ? Chercher des noms de rue qui te sembleraient familiers, un truc comme ça..." Je te tends mon smartphone qui, à peine levé, par un jeu moqueur de la technologie, t'offre l'écran de verrouillage, le fond d'écran. Une photo colorée, à la plage. Moi et Archie sur mes épaules. Il n'avait que sept ans. Je me souviens de cette journée là comme si c'était hier. On avait découvert cette crique, sorte de plage naturelle, délaissée par la masse des touristes, offerte aux vrais angelins. Du sable plein les pieds et du sel plein les cheveux, les yeux qui luttent contre l'eau salée. Il avait essayé de me couler, accroché sur mes épaules, et je m'étais laissé tomber dans l'eau pour l'y emporter avec moi. On avait refait surface en rigolant, tous les deux, puis on était sortis de la masse aquatique avec ce même sourire qui se dessinait sous tes yeux. Impossible de me souvenir de qui avait pris la photo. Un couple âgé qui était venu bronzer, un collègue de travail que j'aurais croisé par hasard... Ma mémoire flanchait complètement. "3110. Mon code." Je me dis que tu l'auras sans doute oublié au matin. Et pourtant, cette date, c'est toi. Bien plus qu'une soirée d'Halloween, c'est le premier baiser, moi Dracula au costume déchiré de part et d'autre, exposant des bribes d'un corps que je ne t'avais jamais caché, même lors de la simple cohabitation, toi en loup-garou, féroce, sauvage, les griffes aiguisées qui se seraient déchaînés sur mes tissus. Comme un avertissement. Comme un signe du destin. La cuite monumentale, alors qu'on tenait difficilement l'alcool, et cette réflexion qui s'était imposée, presque naturellement : il était impossible de se défaire l'un de l'autre. Comme quoi, les temps avaient bien changé ; on avait réussi à s'y faire, chacun de son côté. Mon code n'avait jamais changé. Question d'habitude sans doute. Souvenir chaleureux qui fait grésiller un peu de ma lumière. Mon visage qui ne trahit toujours aucune des émotions qui bouillonnent à l'intérieur. Et puis, à force de contrôler mon corps, mes mimiques, je perds le reste, et une simple phrase m'échappe. "Si tu ne retrouves pas, je te ramène chez moi. Je dormirais dans le salon." Sourcils qui se froncent, sans que je le contrôle. Je les libère immédiatement, reprend ce masque froid. Il est dans tous les cas hors de question de te livrer à toi-même au milieu de la jungle urbaine. Je préfère encore me lever avec des courbatures et une fatigue gluante demain matin.

@Alex Palmer Molina
Alex Palmer Molina
I see fire
I see fire
Alex Palmer Molina
https://laal.forumactif.com/t7840-alex-palmer-molina-o-even-hellhttps://laal.forumactif.com/t7874-alex-palmer-molina-love-againhttps://laal.forumactif.com/t8353-goldanthemhttps://laal.forumactif.com/t8197-carte-de-alex-palmer-molina
#  [Zek] Surprise, surprise ! - Page 2 EmptyMar 23 Aoû - 16:51
Fumée emplie de nicotine qui se perd dans la nuit, regard qui admire les couleurs de la ville défiler à toute vitesse. Cette pause dans notre combat me fait du bien, je n’irais pas jusqu’à dire que je me sens serein mais je suis définitivement moins tendu. Mes armes à mes pieds, je profite de ce moment de calme que je me suis imaginé vivre mille fois à tes côtés. Nous deux, des nouvelles villes à explorer, des road trip sans avoir planifié le moindre détail de nos voyages. Trouver des petits boulots à droite à gauche pour avoir de quoi louer un studio, fabriquer des rêves en unissant nos corps et nos esprits. Vivre libre, main dans la main. Mes lèvres s'étirent dans un sourire nostalgique. J’ai passé des nuits entières à fabriquer des souvenirs imaginaires, à tenir chaque foutu jour pour pouvoir vivre cette utopie, nos doigts entrelacés. Je ne pensais pas que tu allais me quitter aussi vite et que tous nos projets allaient partir en fumée. Mon regard se porte à nouveau sur ma cigarette et ses filets blancs qui fuient à travers la fenêtre ouverte, douce métaphore de cet avenir sur lequel j’ai définitivement tiré un trait.

Mon insouciance temporaire est vite rattrapée par des problèmes pratiques comme retrouver mon adresse. Bon sang, comment peut-on oublier une adresse ? Mes paupières se referment pour fouiller les recoins de mon esprit mais tout ce que j’arrive à en tirer, ce sont des images ondulantes, floutées par les vapeurs de tout l’alcool que j’ai absorbées dans la soirée. Mes doigts se referment autour du téléphone que tu me tends et je suis de nouveau mis au sol par une avalanche de sentiments. Je suis K.O., souffle coupé, j’entends la cloche sonner la fin du combat. Mes doigts se serrent plus fort pour empêcher les tremblements. Mon esprit est bloqué alors que je ne peux détourner mon regard de cette photo en fond d’écran. Toi et un enfant qui doit être ton fils. Ton fils, bordel. Pendant toutes ces années, je me suis fait à l’idée que tu avais refait ta vie, que tu m’avais oublié pour offrir ton corps à d’autres lèvres que les miennes. Je savais que d’autres mains avaient fait naître des frissons le long de ton dos, que d’autres voix avaient vantés la couleur si particulière de tes iris. Mais de le voir, là, devant moi, j’ai l’impression de mourir une deuxième fois. Cette photo déclenche une violente crise de détresse qui saccage tout sur son passage. Je ressens un désespoir intense qui vient s'incruster dans chaque replis de mon cœur, dans chaque creux de mes os. Tout ce que j’avais réussi à reconstruire sur l’autel du déni est emporté par cette vague de réalité que je me prends en pleine tête.

Je tape machinalement ton code, gardant mes yeux mouillés fixés sur l’écran. Je ne veux pas te faire voir combien tout cela m’atteint encore. Est-ce que tu peux voir les morceaux de mon cœur qui viennent de s’échouer sur le sol ? Je passe une main sur mon visage pour recomposer une expression impassible, à l’image de celle que tu m’offres depuis le début de la journée. Mais je n’ai jamais réussi à cacher mes sentiments, mon visage est un livre ouvert sur les sentiments qui me traversent. Je me racle la gorge pour chasser les trémolos qui menacent de me trahir.

Ton fils ?

Surtout ne pas relever les yeux vers toi alors que je m’apprête à me prendre une nouvelle salve de flagellations que j’ai moi-même commandée. J’ai le sentiment que je dois avoir tous les détails pour sombrer une bonne fois pour toute, toucher le fond, arracher tous ces sentiments qui ne veulent pas disparaître et peut-être renaître enfin. Un éclair de lucidité me traverse, nous deux c’est du passé. Ça ne sert à rien de t’assaillir de reproches, d’imaginer des centaines de scénarios sur ce que nous aurions pu faire à deux. J’ai sûrement compté pour toi il y a longtemps mais tu as refait ta vie, tu as construit une famille. Pendant que j’enchaînais les coups d’un soir et les fêtes pour oublier que j’avais perdu mon âme sœur, tu étais tout simplement passé à autre chose. Je suis tellement stupide.

Mes doigts glissent sur l’écran jusqu’à ce que je tombe sur un café dans lequel j’ai pris mon petit déjeuner hier matin. Je pense pouvoir regagner mon appartement depuis là, ce n’était pas très compliqué dans mes souvenirs. Depuis la porte de mon immeuble, je n’ai traversé que quelques rues, guidé par l’odeur irrésistible du café. Je ne peux pas aller chez toi, c’est impossible. J’ai besoin de faire le deuil de notre histoire et j’ai besoin d’être seul pour le faire. Je ne supporterais pas de voir ta nouvelle vie, tes photos de famille qui doivent orner les murs et encore moins de rencontrer ce fils qui à le même regard que son père. Faux sourire, regard déterminé, moteur, action !

Tu peux me déposer au Stacy Dinner ? Je n’habite pas loin. Je ne vais pas te déranger, on a tous les deux besoin de retrouver nos appartements.

Je déclenche l’itinéraire jusqu’au lieu qui sonnera la fin de cette journée infernale. Encore un quart d’heure à porter un masque avant de pouvoir me laisser pleinement aller. Ce n’est que quand ma cigarette me brûle la pulpe des doigts que je réalise que je la tiens toujours dans ma main gauche. Je lâche un juron avant de laisser le mégot s’éteindre définitivement et de le placer dans un cendrier de poche que je garde toujours dans mon sac. Mon cerveau n’est plus qu’un chewing gum sans goût qui refuse de fonctionner. Je me sens vide, une coquille qui continue de respirer par réflexe. Ma colère me maintenait en vie, me donnait la force de continuer mais elle semble s’être envolée avec la nicotine de ma cigarette. Je ne ressens juste plus rien. Nada.

Mon visage retombe contre l'appuie-tête et je laisse mon regard balayer ton profil, illuminé par les lampadaires qui commencent à se faire plus nombreux alors qu’on se rapproche de Central. Je détaille ton front qui se pare de plis soucieux quand tu te penches sur un problème qui te donne du fil à retordre, ton regard qui me fascine toujours autant et dont la couleur semble changer avec tes émotions, ton nez fort et droit qui se retrousse quand tu as un fou rire, et tes lèvres pour qui je me mettrais à genoux. Mon souffle s’accélère et je détourne le visage quand mon regard croise le tien. Il est temps de dire adieu au seul homme que j’ai aimé et qui sera maintenant qu’un collègue. Je ne peux pas continuer à brûler sous le couvert de ma rancœur, ce n’est pas juste pour toi et pour ta famille. Je dois me séparer de ces sentiments qui menacent de revenir tout détruire dans ma vie. J'agrippe mon sac alors que le GPS indique que nous allons bientôt arriver à destination. Quelques minutes pour parler une dernière fois à cœur ouvert avant de rejoindre les âmes anonymes de mon quartier.

Écoute, je… Je suis désolé pour tout ce que je t’ai dit aujourd’hui. Tu sais comment je suis, je parle avant de réfléchir. Il fallait que ça sorte et te balancer toutes ces horreurs n’étaient pas la bonne façon de faire. Je ne te poserai plus de problème au boulot, ou ailleurs. Plus d’agression dans les toilettes, c’est promis.

Je tente un sourire en coin pour provoquer le tien et attends que tu immobilises la voiture le long d’un trottoir pour te tendre la main. Une poignée de main en gage de paix. J’ai encore des millions de choses à te dire, des millions de sentiments à évacuer ou refouler mais pour le moment, je suis lasse. Fatigué et usé par cette rage que j’ai craché autours de moi toute la journée. Je ne sais pas comment mon esprit va réagir demain matin, peut-être que je serais apaisé d’avoir pu enfin te dire ce que j’avais sur le cœur (en partie tout du moins), peut-être que je serais de nouveau en colère avec pour unique envie de te rentrer dedans une nouvelle fois. Seul l’aube détient ce secret. Le reste de la nuit s’annonce difficile.

@Zekariah M. Forbes
Zekariah M. Forbes
ouragan déchu, amours envolées
Zekariah M. Forbes
https://laal.forumactif.com/t7837-zekariah-m-forbes-o-youve-nevehttps://laal.forumactif.com/t8722-zeka-i-didn-t-feel-it-when-the-earthquake-happenedhttps://laal.forumactif.com/t8056-carte-de-zekariah-m-forbes
#  [Zek] Surprise, surprise ! - Page 2 EmptyMar 27 Sep - 22:19
La colère maintenant apaisée m'avait tourmenté comme un torrent sur-caféiné, faisant s'arquer mon regard tombant de fatigue, plaçant des pinces à linge factices au-dessus de mes paupières, pour les empêcher de rester trop lourdes. Le temps des émotions fortes est passé, comme si nous étions dans un rollercoaster qui ne prenait jamais vraiment fin, nous laissant quelques mètres de calme, quelques instants pour juste reprendre nos esprits avant un nouveau looping. Coeurs qui se soulèvent, en partie du moins, puisque nous nous le sommes brisés mutuellement. Un million de fragments cardiaques, donc, sous le stroboscope de sensations fortes, flashs lumineux, éclairs colorés, alors que ce puzzle de myocarde peine à se reconstituer. Les mots dans mon esprit se perdent, égarés aux quatre coins de la vallée, quand tu brises les quelques secondes de silence. Je sens mon corps s'affaler un peu plus contre le faux cuir du siège. Mes ongles qui viennent gratter la surface du volant, peinant à vraiment atteindre leur cible, puisque mes doigts s'agitent, tapotent. Tu m'as pris au dépourvu. Archie est dans ma vie depuis plusieurs années, et je l'aime comme un fou. Sa présence est comme une évidence. Alors parfois j'agis qu'il reste inconnu au reste du monde. Je ne veux rien te laisser transparaître ; soucieux d'être à nouveau le premier phare à éclairer l'immense tsunami qui est prêt à s'abattre dans l'habitacle, noyant toutes nos bonnes résolutions, emportant avec lui jusqu'au fin fond des abysses toute possibilité d'entente. Couchant sous une épaisse pellicule de sable tous les bons souvenirs, qui revenaient enfin, en filigrane, substituer aux mauvais nuages noirs qui m'avaient poursuivi toute la journée. Alors je hoche la tête. Sans vraiment en dire davantage. Puis ton regard figé sur l'écran, glacé, me fait comprendre que je te dois un peu plus d'explications. "Oui. Archie... Archibald. Il paraît qu'il me ressemble pas mal." Et te le demander à toi est un peu plus cruel encore, puisque de tous ceux qui ont ponctué la biographie de ma vie, un seul s'est vu consacrer des chapitres interminables. Un seul qui puisse vraiment dire que dans cinq, six ans, il serait le sosie du gamin effronté, terriblement seul, que tu avais rencontré. Et pourtant, comme à chaque fois que je m'imaginais parler de lui à des gens de confiance (ils se faisaient rares), les phrases affluaient, vagues nombreuses de pensées et de fierté. Je devais me contenir pour ne pas t'ensevelir de belles anecdotes et de souvenirs. Une seule idée, abstrait jeux de neurones et de syllabes, me glissa entre les lèvres, pour tenter d'enlacer tes inquiétudes, ne souhaitant pas être le déclencheur d'une nouvelle explosion. "Sa mère et moi avons divorcé il y a quelques années. Je n'étais pas fait pour les mariages arrangés." Le mot mariage qui avait ricoché entre mes dents, heurtant les canines pour mieux rebondir sur la langue, peinant à s'échapper complètement. Je l'associais à trop de rêves que j'avais eu, bien plus jeune, lors de nos premières nuits. J'étais bien trop gamin pour pleinement prendre conscience de tous les engagements qu'un tel union venait à forcer. Mais la simple image de nous deux en costumes blanc et noir, entourés d'un monde entier qui serait heureux de nous voir l'être aussi, dans de belles bâtisses qui refléterait encore mieux toute la lumière d'un amour qui me paraissait aussi immortel que transcendant, ensemble de nuances et de miel, de chocolat et de sentiments, avait suffi à me faire chavirer bien plus d'une nuitée, à tel point que je me réveillais avec une vilaine grimace joyeuse, et que ce sourire ne me quittait pas de la journée.

Odeur de tabac froid, ta cigarette a cessé de grésiller, mais tu la laisses entre deux doigts, les pupilles fuyantes, alors que je me rends compte de cette nouvelle dague qui m'a échappée, bien malgré moi. Triste spectacle de cirques que nous sommes ; deux beaux hommes, dénudés de toute réserve, attachés à la triste roue qui les fait vriller complètement. Dans chaque main, des dagues, comme autant de reproches enfouis par le temps mais qui étaient venus gratter sous la peau dès que nos regards s'étaient croisés ce matin. Et la journée n'avait été qu'un numéro infernal, qui avait duré des heures. Nos corps en portaient les marques, meurtris, blessés, aiguisés par la douleur, tant émotionnelle que physique. Les muscles qui avaient tremblé, les cils qui avaient failli eux aussi se détremper, et puis ces foutus faux semblants, nos deux visages qui essayaient de ne rien laisse transparaître. Mais se déformaient affreusement sous le poids de grimaces déchirées par les sentiments bien trop puissants pour accepter de rester à l'intérieur. Je vois le bitume défiler devant mes yeux. Ta voix trouble le silence. C'est peut-être mieux. Je ne pense pas que ça aurait été une bonne idée que de te voir entrer dans mon intimité cette nuit. Pas après tous les mots durs. Pas avec les entrailles aussi serrées. "Pas de soucis. Mets l'adresse, le tableau de bord s'occupera du reste par Bluetooth." Toujours ce foutu côté pédagogique, même aux pires moments, ne pouvant m'empêcher d'expliquer le sens de chaque mot, les rouages de chaque technologie. Mais je n'ai pas pu m'en empêcher. Mon esprit est confus, dans le flou, dans un brouillard total. Perdu entre notre jeunesse, nos colères, ta disparition, mon divorce, les odeurs d'alcool, et puis l'idée de te voir déambuler entre les meubles de ma vie quotidienne. Les costumes noir et blanc, les roues, le rhum, les dagues, les alliances, Archie, le Bluetooh, le tabac froid, ta peau. Comme si je revivais cent fois plus intensément tout le journal intime de ma vie. Je ferme les yeux quelques secondes, profitant de la lueur rouge que laissent les feux sur mes pupilles. Brève inspiration. Et puis je rouvre les yeux. Fin sourire concentré. Comme si tout allait bien. Je sens ton visage et ma mâchoire se serre. Ne brise pas mon dernier masque de la journée, Alex. Je sais déjà que te voir descendre la rue sera la dernière scène avant que je m'effondre en un torrent bouillant d'incompréhension, de rage, de dévastation. Je conduirais peut être une centaine de mètres. Pour m'éloigner de toi. Que tu ne vois pas à quel point tout ça m'affecte. Que tu ne vois pas à quel point je n'étais pas prêt à te revoir. A quel point je n'étais pas prêt à me remarquer au fer rouge de tes mots, en faisant mes propres douleurs. Lancelot qui se dévouait à t'apporter le Graal, juste en un battement de cils. Et toi tu te faisais parfois Morgane, dans le temps, me donnant l'effet féérique d'une vie de bonheur et de succès. Vaines prestations, malheureuse divination. Infructueuse. Malgré l'argent. Malgré mon fils. Malgré ce grand sourire rayonnant qui ne me quittait jamais vraiment. Il y avait toujours un vide, un creux, une fosse béante. Douloureuse, parfois, quand elle n'était pas juste affamée de détails, de me faire tout guetter, tout regarder, comme pour en retrouver la serrure quelque part, derrière un pot de plante, derrière une mèche de cheveux. Interprétant chaque signe. Le cerveau en permanente surveillance.

Et tu reprends la parole. M'apaisant d'un seul coup. Me projetant sur un mur plus doux, qui absorbe quelques doutes, quelques souffrances. Le GPS crachote que nous sommes arrivés. Ta main se tend devant moi, en une belle danse de phalanges qui viennent glisser sous ta peau fine, me faisant baisser les yeux, quitter le bitume qui se dérobe à un bout de trottoir. "Je..." Et ça commence mal. Le masque est fissuré. Mon coeur bat très vite. Pas possible de prendre une grosse inspiration sans que tu le remarques. Alors il faut improviser. "Je suis désolé pour tout Alex. Pour aujourd'hui comme pour hier. Et comme pour demain, si je devais à nouveau être un sale type. J'espère qu'un jour tu sauras que je ne veux te faire aucun mal. Jamais." Je saisis ta main, qui glisse contre la mienne alors que je brûle à peine de ce vrai premier contact physique. Et je respire un peu plus fort. Satisfait d'avoir vidé un peu de tous ces sentiments qui m'avaient envahi. Je te laisse sortir de la voiture, et mon regard essaie de ne pas quitter. Je ne veux pas démarrer tout de suite, trop confortablement installé dans une bulle. Pourtant quand tu disparais dans une des rues attenantes, mes roues quittent le reflet d'un néon trop coloré, trop lumineux, dans la flaque d'eau qui a mouillé mes jantes. Et je roule, je ne sais pas combien de temps. Jusqu'à ce que la lumière de la ville se soit affaiblie. Et la bulle éclate. Moi aussi, en sanglots. Juste pour évacuer. Ça doit durer plusieurs minutes, avant que je ne parvienne à reprendre le contrôle, à me calmer. Et dans ma tête, une série de chiffres apparaît. Je sais que c'est ridicule, ton téléphone est vide. Mais écrire quelques mots me fait du bien. Le feu redevient vert, et je m'égare à mon tour dans la nuit, affamé de mes draps, assoiffé de sommeil.

@Alex Palmer Molina
Contenu sponsorisé
#  [Zek] Surprise, surprise ! - Page 2 Empty

 [Zek] Surprise, surprise !


Aller à la page : Précédent  1, 2
 Sujets similaires
-
» Surprise surprise [Pv: Mattea]
»  Un coucou surprise
» (FB) Surprise ! ~ Elinor
» surprise / Tallulah
» Surprise ! ~ Hannaël

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
LOS ANGELES, A L'ANCIENNE :: Archive 2021 :: Archive Rps-
Sauter vers: