Tu ne sais pas. Tu n'en sais rien. Tu es totalement perdu. Tu te laissais plonger dans tout ce que ton cerveau était en train de faire. Tu te laissais tomber dans ton lit pour dormir plus que tu ne le faisais d'habitude. Est-ce que c'était ça qui te faisait avoir des cycles complètement irréguliers ? Tu ne te rappelais même pas de la dernière fois où tu avais accepté de prendre ses médicaments, tu avais l'impression d'être comme ton père, tu allais devenir comme ton père. Tu ne voulais pas être un fardeau pour ta famille, encore moins pour Hyunjin, ni tes meilleurs amis. Ton cerveau était clairement dans un bordel monstre. Tu n'en pouvais plus. Tu voulais tout balancer par la fenêtre juste pour souffler. Sauf que même ça, tu avais du mal. Tu avais cette impression que plus rien n'avait d'importance, que ta mélancolie n'était que la seule solution à tout ça. La phase dépressive, c'était la pire des choses. Tu te haïssais quand ça arrivait, ton cœur était serré, ta respiration était coupée. Quand est-ce que tout allait s'arrêter bordel ? Tu entendais ta mère venir te voir depuis quelques heures déjà, enfin tu ne savais même pas depuis combien de temps tu étais comme ça. Tu voulais être seul. Tu voulais trop de choses qui étaient contre ta propre personne.

Tu te demandais encore ce que tu avais bien pu avoir en tête quand tu étais parti sans rien dire à tes parents si tôt ce matin. Une envie de partir. Une envie d'être seul. Une envie de finir dans ton coin sans rien dire. Tu n'avais même pas pensé à prendre ton téléphone avec toi. Ou juste il avait fini par ne plus avoir de batterie dans ton sac à dos. Tu n'en savais rien parce que tu n'étais qu'un homme en train de marcher dans des rues sans aucun but. Tu avais envie de pleurer. Mais tu n'avais pas envie de déranger les autres, il était hors de question que tu sois comme ton père. Ton père t'en avait fait voir de toutes les couleurs et tu avais espéré que ça ne vienne pas à toi. Mais voilà, la vie était tellement dure qu'elle avait fini par te donner un diagnostic comme le sien. Et cette honte. Cette envie de finir. Tu ne trouvais plus l'envie de rien. Même pas la musique. Même pas la chaleur des bras de ta mère. Même pas la douceur du rire de ton petit ami. Rien. Tu ne remarquais même pas qu'il faisait nuit quand tu étais arrivé au niveau du skate park. Personne n'était là. Comme tu l'étais. Comme tu le ressens. Tu étais tout seul. Tu voulais l'être. Tu ne voulais pas l'être.

Tu ne te rappelais plus non plus comment tu avais fini sous la rampe, ou comment tu avais fini par éclater en sanglots parce que tu n'en pouvais plus. Ton cerveau n'en pouvait plus. Trop de choses. Trop de honte. Trop de ressentis en même temps que tu avais du mal à interpréter. Puis la chaleur de quelqu'un, tu pouvais la reconnaître cette chaleur. « zade bon sang… », tu te mordais la lèvre, tu commençais à faire comme ton père, à inquiéter les gens, à être un poids pour tes proches. « qu’est ce que tu fais là? Tes parents sont super inquiets et je l’étais aussi enfin je… tu sais que tu peux me parler ? Je suis là pour ça et je veux juste… comprendre. », encore plus. comment avaient-ils accepté d'adopter un gamin comme toi alors que tu étais certainement aussi problématique que ton géniteur ? Puis Hyunjin… tu levais les yeux pour le regarder, les larmes encore sur les joues. Tu pleurais. Tu pleurais encore et encore. « j'suis désolé…», la seule chose qui pouvait sortir de ta bouche.

Tu aurais préféré qu'il ne te découvre pas ainsi, tu aurais surtout préféré que ce ne soit pas comme ça qu'il découvre ce que tu n'arrêtes pas de lui cacher depuis que vous êtes ensemble. Tu savais très bien que tu pouvais lui dire, mais dans ta tête, tu avais l'impression que tu allais devenir aussi fou que ton père, que tu étais déjà fou en fin de compte. Ton cœur te faisait mal, ta tête était en véritable bataille, tu n'avais pas envie de mettre ce problème sur les épaules de quelqu'un. Tes parents pouvaient déjà assez souffrir, tu voyais ta mère en panique dès que tu ne sortais pas assez de ta chambre par peur que tu termines par faire n'importe quoi à cause d'une foutue phase dépressive... comme maintenant. Caché dans un coin que tu connaissais, mais perdu malgré tout dans ton propre esprit, car tu ne savais pas quoi faire de plus que de pleurer en espérant que la nuit passe... puis le voilà, ce beau prince charmant qui était ton petit ami, à ta recherche, en train de crier ton prénom pour tenter de te retrouver. Toi, tu étais clairement en train de renifler devant lui comme un véritable gosse. « arrête de t’excuser. », tu ne pouvais pas t'arrêter, mais tu essayais de le faire moins bruyamment, chose qui était clairement impossible en sachant que tu étais clairement en train de pleurer les chutes du Niagara sur ton visage. Tu le laissais te prendre le visage dans ses mains, juste son contact était quelque chose qui te faisait du bien inconsciemment. « mon bébé… j’aimerais tellement prendre un peu de ta peine pour te soulager. », tu ne voulais pas. Il était hors de question qu'il prenne ce que tu étais en train de vivre, cette maladie qui allait te suivre pendant des années. Tu secouais la tête pour lui faire comprendre que tu étais contre ce qu'il était en train de te dire. « est-ce que tu veux m’en parler ? », tu avais commencé à te calmer, mais tu savais très bien que les choses allaient dans une autre direction maintenant, tu allais certainement ne plus vouloir rien faire, juste rester dans ton coin. « J'ai pas envie que tu partes si tu apprends ce qu'il se passe... », parce que c'était comme ça que les choses s'étaient passées avec ton père et tu ne voulais pas que ça t'arrive aussi. Tu avais déjà l'impression de devenir fou, mais tu n'avais pas envie que ton petit ami te prenne pour un fou. « dors chez moi ce soir. », tu serrais doucement tes mains sur son haut quand tu l'entendais dire ça, parce que tu savais que c'était une question de crainte pour qu'il ne te demande pas, il te le dit juste. « o-okay... », tu n'avais pas envie de le contredire honnêtement. Tu avais envie de partir de cet endroit, de juste te mettre dans un coin et de croiser les doigts que la phase passe plus vite que d'habitude pour que Hyunjin ne soit pas dans cet état trop longtemps non plus. Tu voulais lui dire, mais tu avais peur que ça change votre relation.

Ce n'était pas une question de ne pas lui faire confiance. C'était en toi que tu n'avais pas confiance. En tout ce qui était en train de te tomber sur le dos alors que tu pensais que ton père biologique avait fini par te laisser tranquille dans tout ça. Malheureusement pour toi, la réalité t'avait rattrapé rapidement quand le bonheur avait enfin pris place à 100% dans ta vie. Tu n'étais tellement de cette nature, même si tu avais montré des signes assez tôt d'après ce que tu pouvais raconter à ta psy. « mon amour… je partirais jamais, tu m’entends ? Tu pourrais me dire n’importe quoi que je resterais à tes côtés jusqu’à la fin de ta vie. Et j’exagère même pas. », tu ne savais pas si c'était le bon endroit, ou même le bon moment pour lui dire ce qui pouvait te bousiller le crâne en pleine journée. « parce que je t’aime. », tu posais ton regard sur le jeune homme en l'entendant prononcer ses quelques paroles, te pinçant doucement les lèvres. C'était peut-être ça qui allait changer par rapport à ton père et à ta propre situation, le fait que tu étais entouré d'amour de tes proches et que tu n'étais pas vraiment un danger pour eux. « moi aussi... », tu n'avais pas la voix aussi prononcée que ton petit ami, elle s'était même cassée vers la fin de ta prise de parole. C'était nerveux, ou juste que ton corps ne suivait plus tout ce que tu étais en train de vivre. Tu le regardais faire sur son téléphone pendant un instant, tu pouvais toi-même deviner qu'il était en train de prévenir tes parents, parce que tu connaissais ta mère à force, elle qui avait facilement peur pour toi. « on rentre ? On va se caler dans mon lit, sous la couverture et je vais te câliner jusqu’à demain, qu’est ce que t’en dis? », tu lui faisais un signe de tête pour dire que tu étais d'accord. Mais tu n'étais pas sûr de dormir ce soir, c'était quitte ou double, tu dormais longtemps ou tu ne dormais pas assez. En attendant, tu sortais enfin de ta cachette en compagnie de ton petit ami, le suivant alors calmement jusqu'à chez lui, parce qu'il n'était certainement pas venu en voiture puisqu'il n'avait pas le permis comme toi.

Tu aurais préféré ne pas te montrer aussi vulnérable devant ton petit ami, tu étais toujours celui qui prenait les choses en main entre vous deux. Mais dans cette situation, dans cette phase dépressive où tu n'avais la force de rien, tu laissais faire ton petit ami. Tu le suivais sans rien dire sur le chemin, tu le laissais te rassurer et être douceur avec toi. Tu l'aimais ce jeune homme, tu te disais que c'était peut-être une bonne idée de lui dire ce qui se passait et ce qu'il allait vivre inconsciemment à cause de toi ? Tu n'avais cependant pas envie de lui mettre encore plus de poids sur les épaules, il en avait déjà assez avec son père, tu le voyais sur son visage quand il y avait des problèmes avec lui et surtout quand il avait fait son coming out à son père. Tu étais vraiment dans un état lamentable Zade, tu t'en voulais énormément d'être dans cet état avec ton petit ami alors que tu pouvais vivre quelque chose de mignon et d'adorable avec lui, comme dans vos habitudes. Puis tu voyais une voiture devant sa maison, tu comprenais alors que ce n'était pas un bon signe et que son père était présent. « Allez viens. », tu le suivais calmement dans sa maison, jusqu'à sa chambre où tu finissais sur son lit. Tout le reste, c'était lui qui le faisait à ta place. Il t'enlevait tes vêtements sans que tu dises quelque chose, parce que tu n'avais pas le courage de le faire toi-même. « Je te prête un t-shirt, tu seras plus à l’aise d’accord ? », tu fis un rapide signe de tête pour lui faire comprendre que tu étais d'accord avant de le laisser faire, finissant alors en t-shirt et en boxer pour cette nuit à ses côtés. Tu ne méritais pas quelqu'un d'aussi doux et ouvert avec toi. Tu étais en quelques secondes contre lui, te laissant porter par tout ça. Tu en avais besoin, alors que tu étais le premier à refuser un quelconque contact dans ce genre de moment. « mon zade… », tu respirais doucement, peut-être parce que tu cherchais le courage de tout lui dire une bonne fois pour toute. « Je suis malade… », tu pouvais très bien commencer par y aller doucement, ou juste plonger la tête la première. « en partie à cause de mon père biologique… j'ai eu une enfance catastrophique à cause de lui… et à cause de la maladie qu'il avait… », tu t'accrochais doucement à son t-shirt pour essayer de trouver le courage de continuer. « On m'a diagnostiqué bipolaire… »

Tu aurais préféré être dans un autre état en lui annonçant tout ce qui était en train de se passer dans ton esprit, et même tout ce que tu avais pu vivre pendant ton enfance avant que tout cela ne s'arrange grâce à ta famille adoptive qui avait fini par te sauver de tout cela. Tu savais qu'il était le meilleur petit ami que tu pourrais avoir, tu avais malgré tout très peur de te retrouver dans une relation qui battait de l'aile, car tu étais ainsi fait, tout ça à cause de ton père. Mais visiblement, Hyunjin n'avait pas l'air en accord avec tes peurs, il était même le premier à dire qu'il serait là malgré tout ce que tu pouvais faire ou lui dire. Comment ne pouvais-tu pas lui avouer ton passé, mais aussi ce qui allait être ton avenir, votre avenir ? « ça change rien entre nous zade… », tu te pinçais les lèvres doucement après ses quelques paroles, beaucoup de choses allaient malgré tout changer entre vous deux, tu le savais, mais tu espérais que ce soit des changements positifs. « beaucoup de choses vont changer... je vais changer... je vais être comme je suis maintenant... puis un autre moment, je vais être excité comme une puce... mon esprit ne gère rien de tout ça... », tu continuais à serrer son t-shirt dans tes mains en espérant qu'il ne parte pas, qu'il ne termine pas par s'envoler sous tes yeux et que tout ça n'était qu'un foutu cauchemar que ton esprit t'avait fait. Il était réel, la douceur de Hyunjin était réelle et tu ne voulais pas t'en séparer avant des années. « je suis là… je reste là, on va affronter ça ensemble d’accord ? », tu levais ton visage pour le regarder dans les yeux, parce qu'il était magnifique Hyunjin et que tu ne méritais pas quelqu'un soit aussi attentif et compréhensif face à quelque chose qui pouvait changer toute une vie. « Merci... je crois que je suis fatigué... je pense que je vais essayer de dormir... », même si tu ne savais pas si ton cerveau allait te faire avoir une insomnie, ou au contraire, tu allais dormir plus que d'habitude dans les bras de ton petit ami.