A cette heure le centre commercial The Grove est plein à craquer. Les restaurants sont pris d'assaut au point de ne plus avoir tellement d'options pour se poser. Malgré ça, j'ai pris le risque de donner rendez-vous à Roxy ici même. Par chance, le soleil est de la partie ce qui rend la balade moins désagréable même si je reste de mauvaise humeur. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai besoin de la voir. La première est que nous nous sommes pas vus depuis un moment, la seconde que j'ai bien trop de choses sur le cœur à lui confier. Il me faut son avis et son soutien, sans quoi je vais totalement perdre pied. Je ne lui ai pas encore parlé du retour de Kalia, encore moins de tout ce que nous avons pu nous dire samedi, à son réveil. Je n'aime pas m'étaler, laisser mes émotions prendre le dessus, mais force m'est de constater que j'arrive au fond du trou en plus d'être exécrable. J'ai besoin de ma meilleure amie, c'est aussi simple que ça. Finalement, c'est à la terrasse du petit kiosque du Groundwork Coffee que je trouve une place où nous installer. J'en informe Roxy et nous commande à chacun une boisson, celle qu'elle préfère et un expresso pour moi. Simple mais efficace. Assis en attendant qu'elle arrive, je sors mon smartphone de ma veste pour lire quelques mails, les derniers messages de mon père auxquels je n'ai pas envie de répondre, ceux de Tommy puis je retombe sur ma conversation avec Kalia. Mon pouce survol le clavier tactile, prêt à lui envoyer un message mais rien ne me vient. Elle est malade et surtout je n'ai pas la moindre idée de ce que je pourrais lui dire. Depuis son retour je ne pense plus comme il faut, je suis seulement obsédé par le désir de la revoir, parfois même de la récupérer alors qu'elle est mariée. Ça ferait de moi le sale type qu'elle pense que je suis mais j'arrête d'y penser lorsqu'une personne me cache le soleil et me fait de l'ombre. « Hey ! » Dis-je en verrouillant le téléphone que je range en me levant pour prendre ma meilleure amie dans mes bras. Baiser déposé sur sa tempe, je l'invite à s'asseoir et en fait de même. « J'ai pas trouvé mieux à cette heure-ci pour nous poser, j'espère que ça te va ? Et que tu vas bien par la même occasion ? » Je n'ai pas pour habitude d'être nerveux en sa présence, je le suis malgré tout. Probablement parce que je m'en veux de ne pas avoir pris de nouvelles plus tôt et de ne pas lui avoir parlé de Kalia.

Avoir une après midi de libre n'était pas dans mes habitudes, ni même planté mes dossiers pour sortir profiter du soleil. Cela dit, j'avais besoin de voir Shiloh et de ce que j'avais compris, lui aussi avait besoin de me voir. Je n'avais pas eu envie de le faire attendre mes prochains repos, et malgré mon téléphone branché, j'avais décidé de prendre heures heures loin du vacarme du bureau fédéral. J'avais quitté un environnement bruyant pour en retrouver un autre mais étrangement, ça ne me dérangeait pas. Les conversations des gens ici étaient plus futiles que celles de mon entourage professionnel et pour une fois, ce n'était pas désagréable. J'avais tenté de me frayer un chemin pour ne pas être en retard à notre rendez-vous mais malgré mes tentatives, j'avais été stoppée par un groupe de touristes admiratifs d'une façade créant pour le coup une muraille humaine. Pas vraiment de nature patiente, j'avais pris sur moi avant de trouver une petite brèche ou m’engouffrer pour enfin retrouver mon meilleur ami. « Hey, je suis arrivée en vie, miracle. » plaisantais-je en le serrant dans mes bras avant de m'asseoir en face de lui remarquant son visage quelque peu fermé voir anxieux. Je n'avais pas pour habitude de le voir dans cet état et je me posais soudainement pas mal de questions. « Tu as trouvé une table donc c'est déjà parfait. » dis-je alors qu'avec ce monde, ce n'était pas gagné. Je souriais légèrement alors que si j'avais envie de lui dire que j'avais vécu mieux comme période, je me ravisais puisque il le savait déjà. Nous n'étions pas là pour entendre mes plaintes sur mon histoire avec Blake -mon égratignure à la lèvre fait dans un élan de colère-, mes peurs concernant mes sœurs et toutes mes emmerdes. « Ça va, mais quelque chose me dit que toi pas vraiment... » Je le connaissais trop pour ne pas voir que quelque chose clochait. « Raconte moi. » dis-je alors que le serveur nous apportait nos boissons sans que je n'ai commandé. Je souriais à Shiloh pour le remercier d'avoir choisi exactement ce que j'aurais choisi, puisque c'était une de mes boissons préférées.

Il va me falloir trouver par quel bout commencer. Ça semble simple mais ça ne l’est pas. Je sais que Roxy ne vit pas une période facile en ce moment et j’aurais continué de la laisser tranquille si ça ne me pesait pas autant. Je n’en peux plus, c’est tout. Je suis sur le point de craquer ce qui ne m’est pas arrivé depuis … eh bien je ne saurais même pas dire. Probablement depuis le départ de Kalia pour New York. Pourtant, à l’époque, j’ai fait de mon mieux pour garder la tête haute et prétendre que je vivais plutôt bien cette rupture. Un mensonge parmi tellement d’autres. Jouer à ce petit jeu m’épuise et je sens que je vais avoir besoin de quelques jours loin de tout, loin de Los Angeles et d’une partie de mes responsabilités. J’ai pas mal de jours de congé à prendre et je pense de plus en plus à le faire. Mais ce n’est pas le sujet de ma rencontre avec ma meilleure amie au beau milieu de la journée et en début de semaine. Premier sur place, je ne suis pas surpris qu’elle mette du temps à me rejoindre vu le monde bien que je suis soulagé de la voir apparaitre. J’arrive même à afficher un sourire sincère, ce qui m’a semblé pratiquement impossible de tout le week-end. D’humeur maussade, Roxy me connait assez pour le voir dès le premier coup d’œil bien qu’elle ne mette pas directement les pieds dans le plat. « Dans le pire des cas on se serait étalés sur l’herbe, ça nous aurait donné l’air d’étudiants. » Tenté-je de plaisanter même si une table me convient mieux. Assis ou allongés dans l’herbe ça ne m’aurait pas donné le courage d’avoir une conversation sérieuse. J’en aurais profité pour laisser le soleil me réchauffer et parler de choses futiles. Et, comme je le savais déjà, elle remarque que ça ne va pas. « J’ai revu Kalia, elle est de retour en ville … On s’est revus plusieurs fois et on ne peut pas dire que ça se soit très bien passé à chaque fois. » Néanmoins, c’est notre discussion de samedi qui me chamboule le plus. Savoir qu’elle n’est pas heureuse, qu’elle n’aurait pu l’être qu’avec moi … ça me ronge de l’intérieur bien que je tente de me convaincre qu’il vaut mieux ne rien dire ou faire. Enfin je n’en sais rien. Je ne sais plus rien et j’en ai marre.

Si il y avait bien une personne sur cette terre qui était plus dans le contrôle que moi, c'était Shiloh. Il gérait son business, ses passions, ses histoires de famille et son fils d'une main de maître. Malgré ça, je savais que c'était parfois épuisant surtout quand un grain de sable venait enrayer la machine. Je ne savais pas encore quel était ce grain de sable mais à voir le regard de mon meilleur ami, je savais qu'il y en avait un. Cela dit, je ne voulais pas lui sauter au cou et lui faire sortir les vers du nez alors que nous avions l'après midi pour ça et que je me doutais qu'il allait s'ouvrir de lui-même, après tout, il m'avait surement demandé de se voir pour avoir mon soutien, voir mon avis. Je n'étais pas mécontente de mettre mes soucis de côté pour me concentrer sur Shiloh et je comptais bien lui donner toute mon attention. « On aurait eu l'air tellement cool... » répondis-je en esquissant un sourire. Je n'avais jamais été à la fac ou du moins, si j'y avais été inscrite un an, je n'y avais pas énormément mis les pieds, mais je savais que c'était parfois une vie assez fun malgré la tonne de travail qu'il y avait à fournir. Je baissais doucement mes lunettes de soleil au bout de mon nez alors que je ne m'étais pas attendue à une telle information. Kalia avait été tellement importante pour lui que la revoir devait évidemment le chambouler. Je mordais ma lèvre, soudainement inquiète. « Sérieux... Elle est revenue vivre à Los Angeles ? » demandais-je avant de reprendre. « Mal passé dans quel sens ? C'était froid ou elle t'a fait des reproches ? » Je n'avais jamais compris la raison de leur rupture mais à l'époque, mon meilleur ami avait eu l'air sur de lui et pas vraiment enclin à m'expliquer les raisons de son acte. J'avais toujours respecter sa vie privée voir intime et si nous étions très proches, le fait de ne pas être intrusif l'un avec l'autre dans ce genre de moment renforçait notre amitié indéfectible.

Je n'ai pas pour habitude de trop me plaindre – ou de me plaindre tout court en fait. En réalité, je ne parle que très peu de ma vie privée, il faut que j'ai entièrement confiance en la personne pour le faire. Roxy me connaît par cœur. Elle me connaît depuis des années, elle sait lire en moi comme dans un livre ouvert. Pourtant, elle ne connaît pas toute la vérité me concernant. Elle n'a pas connaissance de cette part d'ombre qui me ronge petit à petit. Des ténèbres que je dois à ma famille et qui pourrait mettre ma meilleure amie en danger, comme ça aurait pu le faire avec ma petite amie à l'époque ou même mes sœurs. Son métier n'est pas ce qui me bloque, je sais qu'elle ne ferait rien contre moi, je ne peux pas la mêler à tout ça. En revanche, je peux lui parler. Je peux me confier à elle sur le reste, espérer son avis, ses conseils et même son soutien. Dieu sait que j'en ai besoin en ce moment alors que je suis totalement perdu. « Les plus cool des étudiants ! » Confirmé-je dans un demi-sourire. J'ai été étudiant mais j'étais nettement plus focalisé sur mon désir de réussir que sur les soirées. J'étais loin d'être cool et totalement inaccessible. Parfois j'aurais aimé être comme ceux que je peux voir, n'avoir à me soucier que de mes examens et faire la fête pour me détendre. Il semblerait que je n'étais pas destiné à ça. Comme je n'étais pas destiné à être heureux, il n'y a qu'à voir la douleur que le retour de Kalia éveille en moi. « J'ignore si c'est définitif mais oui, elle est là. » J'aurais pu sauter de joie, c'est tout le contraire parce que nos retrouvailles me hantent et n'ont pas été agréables. « C'était … un mélange des deux. Froid la première fois, la seconde fois elle m'a fait comprendre que l'avoir laissé partir l'a poussé droit vers les enfers. » Et de cette dernière partie je ne sais pas trop quoi en penser puisque je n'ai pas la moindre idée de qu'elle a insinué par-là. Ou alors j'en ai une idée mais l'accepter ne ferait qu'éveille trop de douleurs.

Il est clair que si j'avais été à la fac avec Shiloh, nous aurions été les plus cool des étudiants peu importe la spécialité que nous aurions choisi. Je lui adressais un sourire complice alors que je nous imaginais sur les bancs de la fac mais surtout dans les grands jardins, installés sur l'herbe à rêvasser du futur et de tout ce qui nous attendait. Le futur était désormais là et le temps n'était plus vraiment aux rêveries. D'ailleurs, je me doutais que ma venue ici n'était pas un simple rendez-vous update des derniers événements qui nous étaient arrivés, comme on aimait faire, mais bien parce que quelque chose clochait. C'était donc Kalia, le problème ou si on pouvait l'appeler ainsi puisque la pauvre n'avait rien demandé pour être qualifié ainsi. Je fronçais les sourcils alors que je me posais mille et une question mais avant de toutes les sortir en vrac à mon meilleur ami, je devais les trier dans ma tête tout en l'écoutant. « Ça a du te faire un choc. » J'avais vécu ça avec Derek, je savais donc parfaitement ce qu'il avait ressenti lorsque il avait recroisé la route de son ex petite amie. C'était un chamboulement total, comme une claque du passé qui venait fouetter toutes vos certitudes futures. « Les deux fois ou vous vous êtes vus, c'était un hasard ? » demandais-je avant de boire une gorgée de ma boisson et de la reposer sur la table. « Vers les enfers ? Qu'est ce qui lui est arrivé ? » Si je n'avais plus eu de liens avec Kalia depuis des années, je me souvenais d'une fille gentille, touchante, amusante et avec qui je m'entendais très bien. Nous nous étions toujours appréciés et j'avais espéré que sa nouvelle vie loin de la côte Ouest soit remplie de bonnes choses mais apparemment quelqu'un là haut en avait décidé autrement.

J’aimerais dire être capable d’encaisser son retour ou même d’encaisser le fait que je perds le contrôle sur toutes ces choses que j’avais pour habitude de mener d’une main de maître, je ne le peux pas. En réalité, à l’instant où j’ai découvert être père il y a de ça plusieurs mois maintenant, je n’ai plus rien contrôlé. J’ai prétendu l’inverse, y compris à moi-même, toutefois ça a été un enchaînement de petits problèmes qui m’ont doucement tiré vers le bas. Je garde la tête haute cela dit. C’est dans mes gênes et c’est ainsi que j’ai été élevé. Pas de larmes et hors de question de m’apitoyer sur mon sort, il n’empêche qu’au bout d’un certain temps tout ceci devient fatigant. Le retour de Kalia et sa froideur ont été une façon de me traîner vers le bas et notre dernière conversation ne m’a pas plus aidé. Forcément, je ne peux que confirmer à Roxy que tout ça a même été pire qu’un choc. « Quelque chose comme ça, oui. » Confirmé-je donc sans pour autant entrer dans les détails, pas immédiatement du moins. Dans un premier temps je n’avais pas su quoi penser de tout ça, ni de quelle manière réagir, puis il a été clair que la savoir si proche – devoir même travailler avec elle – ne pourrait que me donner envie de la récupérer. Nos échanges à la fois textuels et verbaux n’ont fait qu’amplifier ce désir. « Le parc oui, au label pas vraiment … Un piège de mon adorable père qui a pensé intelligent de nous faire bosser ensemble. » Je lève les yeux au ciel détestant que quelqu’un se permette de m’imposer quoi que ce soit, mon père compris. Cela dit, je dois admettre que c’était une bonne façon de nous obliger à communiquer à défaut de parler. « Je n’ai pas eu tous les détails voire même aucun mais quelque chose me dit que la vie avec son mari n’est pas … toute rose. » Je ne mettrais pas ma main au feu puisque les ecchymoses que j’ai vues pouvaient provenir d’autre chose, mais les propos qu’elle a eu m’ont amené à y penser. A y penser si sérieusement qu’il m’a été facile de détester cet enfoiré de Danny Turner et moi-même par la même occasion.

Je comprenais rapidement que l'attitude de mon meilleur ami était du au retour de Kalia dans sa vie. Je n'avais jamais vraiment imaginé qu'ils puissent se revoir ou même qu'ils puissent se remettre ensemble mais la vie était parfois surprenante. J'avais entendu dire qu'elle s'était mariée et si j'étais heureuse pour elle, j'étais également triste pour Shiloh qui, malgré ses dires, n'avaient jamais cessé de penser à elle. Après tout, ce n'était pas pour rien qu'il était encore célibataire aujourd'hui et ce même s'il clamait que c'était un choix délibéré. « Oh c'est... étrange de la part de ton père de vous faire bosser ensemble. Moi qui pensais qu'il ne se mêlait que des affaires de cœur de tes sœurs. » Je connaissais un peu papa Falcone et je savais qu'il aimait contrôler sa petite troupe. D'ailleurs, j'étais certaine qu'il était arrivé là ou il était aujourd'hui grâce à sa faculté à convaincre les gens en plus de son sens du business. Je fronçais les sourcils alors qu'il me confiait que son ex se faisait probablement battre par son mari et même si ce n'était pas clairement dit, je ne pouvais pas comprendre ses mots autrement. « Toute rose dans le sens ou elle vit probablement avec un pervers narcissique ou qu'elle n'est simplement pas heureuse ? » Parce qu'en soit, les deux avaient une énorme différence. Je ne supportais pas les hommes assez lâches pour battre leurs femmes ou même une femme en particulier. Ça me mettait littéralement hors de moi et j'en faisais bien souvent -au travail en tout cas- mon cheval de bataille. « Je me trompe ou tu penses à la 'sauver' ? » Je le connaissais par cœur et je savais qu'en sachant qu'elle n'avait pas la vie dont elle rêvait voir qu'elle méritait, Shiloh n'allait pas pouvoir simplement détourner le regard.

Il s'agit là du genre de conversation que j'évite généralement ne sachant jamais comment la débuter. Parler de ce que je ressens et de mes émotions je n'en ai pas l'habitude. Je préfère largement garder les choses pour moi quitte à passer pour un homme sans cœur. De toute manière les personnes qui comptent et qui me connaissent vraiment savent comment je suis réellement. Je suis cet homme protecteur et prêt à tout pour s'assurer du bien-être et du bonheur de ses proches. Je ne le montre pas facilement, c'est tout. Mais parler de tout ce que provoque le retour de Kalia même à ma meilleure amie ? J'admets que c'est difficile. Je ne crains pas son jugement, j'ai peur de prouver être plus faible que ce que je devrais être. Je lui admets tout d'abord l'avoir revu quelques fois dont une forcée par mon père ce qui la surprend. Je comprends parfaitement. Je tiens régulièrement tête à mon père, particulièrement lorsqu'il s'agit de mes relations amoureuses ou sexuelles. Mes sœurs sont moins chanceuses ce qui ne veut pas dire que notre paternel m'oublie … la preuve. « Il a moins l'occasion de s'en mêler on va dire. Mes sœurs ou moi, il aime avoir son petit mot à dire. » Enfin je le soupçonne surtout de savoir que la raison de ma rupture avec mon ex est liée au travail que nous effectuons officieusement. Il a raison mais je n'ai pas envie qu'il se mêle de ça pour autant, au contraire. C'est vrai que ça nous a forcé à parler, seulement il serait capable d'empirer une situation déjà assez compliquée et difficile comme ça. C'est à Kalia et moi de trouver de quelle façon communiquer, de tâter le terrain afin de trouver nos repères. Je ne veux pas de ses pattes sur ce même terrain, pas si en plus elles risquent de provoquer de nouveaux problèmes. J'ai bien assez d'informations pour me faire comprendre que la vie de Kalia est bien moins heureuse que celle que je lui souhaitais en la laissant partir, je ne veux pas que la raison de notre rupture vienne lui faire du mal alors que j'évite ça depuis six ans. « J'aurais tendance à te dire qu'il s'agit probablement d'un mélange des deux. Je ne peux être sûr de rien mais il y a des signes qui ne trompent pas. » A commencer par ces hématomes que j'ai pu apercevoir sur son corps et son poignet cassé. Kalia peut dire ce qu'elle veut, savoir que Danny ne la rend pas heureuse, qu'elle vit un enfer, ça suffit à me faire douter de la raison véritable de ses blessures. « Ça serait mal de le vouloir ? Tout ce que j'ai toujours souhaité pour elle c'est du bonheur et la sécurité. Je ne pouvais pas lui offrir ça et maintenant j'apprends qu'elle n'a pas eu tout ça … Je tiens seulement à m'assurer que ça va changer. » Ça ne me regarde sans doute plus désormais mais … Kalia compte pour moi malgré toutes ces années, nous le savons tous les deux Roxy et moi.

Malgré notre amitié, parler de ce qu'on ressentait mutuellement n'était pas vraiment un exercice facile pour nous. D'ailleurs, je me demandais si le fait qu'on se ressemble beaucoup de ce côté là ne nous avait pas rapproché davantage avec le temps. Il me paraissait évident que si j'avais eu un meilleur ami très expressif qui me forçait à me dévoiler à chaque soucis que j'avais dans ma vie, ça n'aurait pas pu tenir en longévité. C'était compliqué de poser des mots sur certaines situations et étrangement, le retour de Kalia me faisait penser au retour de Derek. A croire que nous étions destinés à être hantés par nos passé. Je savais les sentiments qu'ils avaient eu pour elle et qu'il avait potentiellement encore... J'avais juste espoir qu'elle ne s'en serve pas. Ex ou pas, gentille ou pas, j'étais méfiante c'était un fait. « C'est vrai qu'il a un besoin de contrôle impressionnant... » avouais-je en grimaçant légèrement. Je n'avais pas beaucoup vu papa Falcone mais j'avais rapidement compris le phénomène. « Je vois... » répondis-je simplement alors qu'on ne pouvait pas accuser quelqu'un à tord mais si il y avait des signes de violence, elle ne devait pas laisser les actes de son mari impunis. « Mal non, je pense que c'est normal. On a toujours envie de voir les gens qu'on a aimé, ou même qu'on aime encore être heureux. Cela dit, il ne faut pas que tu entres dans un rôle qui n'est pas le tien... Parce qu'on sait tous les deux que si tu t'engages sur ce terrain, ce ne sera pas pour être son ami. » Il fallait appeler un chat un chat après tout et je me devais de lui dire les choses honnêtement. Je n'avais pas envie qu'il souffre encore une fois. « Avant de jouer les héros, assure toi que ce qui vous à séparé il y a quelques années ne puissent plus vous séparer de nouveau aujourd'hui. » Je lui souriais légèrement alors que mon seul but était de l'aider, de lui éclaircir les idées mais aussi de lui donner mon avis sans le juger. Je n'étais personne pour ça et ce même si nous étions proches.