27 novembre ▬ Une dernière fois, je m’assure que toutes les commandes pour aujourd’hui sont prêtes. A la veille de Thanksgiving autant dire que c’est la course à la boutique. Des desserts à prévoir à foison, des clients particulièrement exigeants qui ne laisseront pas passer la moindre erreur. Je peux comprendre. Ils payent un certain prix et s’attendent forcément à recevoir ce qu’ils désiraient. Ce qui met pas mal de pression, autant à moi qu’au reste de l’équipe. Pourtant, ce sera bien pire demain. Ça n’enlève rien à mon stress actuel. Cela dit, j’aime travailler sous pression, c’est là que je me dépasse et que je donne le meilleur de moi-même. Hormis que ce soir je quitte la boutique plus tôt que prévu. Avec cette soirée à laquelle mon père m’a demandé de me rendre, il faut que je passe chez moi me préparer et puisqu’il risque d’y avoir des embouteillages, autant éviter que j’arrive en retard, d’autant en allant confier mon fils à Luana. « Sophie ? » La tête rousse de mon apprentie apparait, un peu de farine sur la joue, ce qui me fait sourire. « Les Turner passent chercher leur commande d’ici une heure. Ils voudront parler uniquement avec le responsable, donc avec toi. Pour le reste, tu peux laisser Caleb et Kalhan gérer, tout est bon. » Si je n’aime pas laisser la boutique à cette période de l’année, je sais que je peux avoir confiance en Sophie, ce qui ne m’empêche pas de rajouter « Appelle-moi s’il y a besoin. » en enfilant ma veste. Moins d’une heure plus tard je me retrouve dans un immense penthouse dans l’ouest de Los Angeles. Habitué au luxe, je me sens comme un poisson dans l’eau parmi tous les convives, flûte de champagne à la main. Il nous faut attendre l’arrivée de tous les invités pour que le maître de maison, Tony Pacino, nous propose de prendre place à son immense table de réception. A la tête de l’une des branches mafieuses italiennes présentes à Los Angeles, c’est également un client avec lequel ma famille souhaite signer. Blanchir de l’argent pour eux nous rapporterait nettement plus d’argent et, bien sûr, j’ai été envoyé pour les négociations. J’en suis capable, mais j’avais mieux à faire, ce que je pense d’autant plus en voyant le carton à côté du mien à table. Hanaé Wayne. Evidemment qu’elle a été conviée à cette soirée, Tony veut voir qui est prêt à lui offrir le meilleur. Redressant vivement la tête, je l’aperçois plus loin en train de discuter et un sourire amusé apparaît au coin de me les lèvres en pensant qu’elle risque de déchanter en me voyant. Cela dit … Etant donné son lien avec la mère de Naël, je ne suis pas sûr d’avoir envie de supporter ses piques mais ai-je vraiment le choix ? Ce contrat est important, autant jouer le jeu.

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Fais chier et la politesse je n’en ai rien à foutre ! De toutes les personnes à côté de qui j’aurais pu être assis ce soir, il faut que ça soit elle. Finalement, j’en viens à regretter de ne pas être resté dans ma boutique et d’être celui envoyé ici pour négocier. Mon père aurait parfaitement pu s’en charger mais non, évidemment. Il a mieux à faire soi-disant et je dois m’y coller si je veux espérer prendre le relais plus tard. Sauf que je ne l’espère pas. Je le fais parce que je n’ai pas le choix et parce que je n’ai pas envie que mes sœurs héritent de toutes ces merdes. Elles méritent mieux que ça et si je dois me sacrifier, je le ferais sans hésitation. Sauf que là, la perspective de passer la soirée avec mademoiselle Hanaé casse-couilles Wayne ne m’emballe pas vraiment. Je me moque qu’elle soit une Wayne, cette petite guerre entre nos deux familles est presque amusante, mais c’est supporter ses piques et son caractère qui m’agacent par avance. Le plus étonnant c’est que nous ne nous connaissons quasiment pas. Seulement des diverses soirées comme celle-ci et des on-dit. Malgré ça je sais qu’elle me supporte autant que je la supporte, soit pas beaucoup. « Shiloh Falcone. » Elle semble aussi ravie que moi, comme ça je ne serais pas le seul à être exécrable ce soir. « Mademoiselle Wayne. » Si la familiarité ne semble pas la déranger, je joue volontairement sur la politesse qui pourrait l’agacer autant que mon sourire faussement chaleureux. Allez ma petite, trouve quelque chose à me reprocher maintenant ! « Il semblerait que vous ayez agacé l’un des invités. Il n’arrête pas de regarder dans votre direction que si vous veniez de salir son costume à plus de mille dollars. » Je sors ça comme si c’était mal, comme un reproche, mais peu importe ce qu’elle lui a dit ou ce qu’elle lui a fait, je suis certain que ce connard le méritait. Je suis peut-être un salaud et un don juan, mais un misogyne comme lui certainement pas. Enfin, pour le moment je peux lui dire ce que je veux, nous avons tout de même l’air de deux cons debout devant leur chaise alors que la plupart des invités prennent place. Je joue donc mon rôle de faux gentleman jusqu’au bout, me décale et lui fais signe de s’assoir en premier. De toute manière tout est bon pour donner l’impression d’être bon sous tout rapport et de potentiellement rafler le contrat.

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La soirée aurait pu être intéressante et j’insiste sur le conditionnel. Contrairement à ce que j’aime renvoyer, ce n’est pas le genre de dîner que j’aime. Passer des heures à offrir des sourires, à plaisanter sur des sujets qui ne m’intéressent pas et me vendre tout simplement, ce n’est pas ce que je préfère dans la vie. J’y suis obligé malgré tout, que ce soit pour le business de ma famille ou pour le mien. C’est souvent de cette manière qu’on parvient à signer de bons contrats : en étant bon sous tout rapport même si ça signifie être faux. Tout ça, j’étais prêt à le faire sans broncher, après tout j’y suis habitué, en revanche ça aurait été nettement moins pénible si mes fesses avaient pu se poser sur une chaise aussi éloignée que possible de celle de Hanaé. Rien n’est plus agaçant que son air condescendant. J’admire son assurance, après tout elle a su s’imposer dans un monde pas forcément fait pour les femmes, mais la façon qu’elle a de me juger m’agace. J’en fais de même pour nous mettre sur un pied d’égalité et qu’elle comprenne à quel point il est agaçant d’être critiquer sans raison. « J’ai simplement rabaissé son ego masculin. Il s’en remettra. » Oh ça je n’en doute pas. Il trouvera une femme avec qui passer la nuit – et qu’il aura bien payé – pour oublier et avoir l’impression d’être à nouveau le roi du monde. En revanche, je plains la pauvre jeune femme qui va devoir le supporter au lit. « Au moins on peut dire que votre réputation est fondée. » Affirmai-je en continuant de regarder vers Kurt qui assassine toujours la brune du regard. Quelque chose me dit qu’il pensait que sa fierté de coq allait la séduire et qu’il pourrait l’avoir dans son lit. Ce pauvre gars connait très mal la famille Wayne et particulièrement son héritière. La prendre de haut et me faire passer pour meilleur que tous ne serait pas ma technique pour la séduire. Si tant est que ça m’ait intéressé bien sûr. La jeune femme installée, je retiens mon soupire et en fait de même. Il faut bien que je me fasse à l’idée que nous allons passer une grande partie du repas l’un à côté de l’autre. « C’est presque surprenant que vous ne soyez pas accompagné d’une blondasse, ce soir. Il faut dire que vous êtes plutôt réputé pour ça » Je ne retiens pas mon rire, une telle pique de sa part ne m’étonne même pas. Je connais ma réputation et si je ne la lave pas c’est parce que je considère que seules les personnes me connaissant réellement savent qui je suis et ça me suffit amplement. « Réputé pour quoi exactement ? » La questionnai-je en posant à nouveau mon regard sombre sur elle. « Être bien accompagné en règle générale ou avoir une blonde à mon bras ? La seconde proposition est un peu erronée étant donné que j’ai une préférence pour les brunes. » Mon verre rempli par l’un des serveurs, je le remercie mais ne m’y intéresse pas immédiatement. « Vous êtes bien seule ce soir et j’aime être plein de surprises. Sans parler que rien ne garantie que je rentrerai seul ce soir. » Même si la véritable raison est que je n’avais pas envie d’emmener qui que ce soit ici. Les grandes soirées qui n’éveillent aucun soupçon ne sont pas un souci, celles en communauté plus restreinte comme celle-ci je préfère y venir seul, c’est plus sage.

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« Et de quelle réputation parlez-vous ? » La sensation d’avoir un avantage sur elle est grisante. Ce n’est pas grand-chose, c’est même futile comme connaissance, toutefois voir qu’elle se pose réellement la question me fait plaisir. Elle n’a pas les réponses à tout et je ne peux pas me défaire de la sensation de puissance que j’éprouve. Avoir l’ascendant sur quelqu’un n’est pas mon grand plaisir, contrairement à ce que bien des personnes pensent – ou même ce que je peux volontairement laisser paraître – ça ne m’intéresse pas. Les choses plus simples sont celles qui m’attirent le plus, cependant dans le milieu dans lequel j’ai été traîné il faut savoir se forger une armure. En dehors de chez moi ou de ces espaces où je me sens en sécurité, je dois abandonner l’homme que je suis réellement et c’est à cet homme que la brune à affaire ce soir. « Je pensais que vous le sauriez. » Me contentai-je de lui répondre avec ce petit rictus qui pourrait agacer plus d’une personne. Je suis un peu moqueur, c’est vrai, mais elle semble s’être décidée à me juger si rapidement que je ne peux pas éprouver le moindre remord. Certain qu’elle connaît toutes les réputations qui la suivent, je n’en dirais pas plus. Surtout, je ne lui ferais pas l’honneur de lui dire qu’elle est considérée comme une femme de caractère et sûre d’elle, se serait admettre que je le pense également – ce qui est le cas. « C’est étrange. J’ai souvent entendu que votre compagnie était digne d’une potiche. Blonde ou brune, d’ailleurs. » Je refuse au serveur de remplir mon verre encore à moitié plein puis porte mon attention sur Hanaé en faisant de mon mieux pour ne pas laisser voir que ses propos m’agacent. De toute manière je ne m’attendais pas à la moindre courtoisie venant d’elle, avec nos familles c’est tout bonnement impossible. « Je me demande qui est votre source. » Coupant le contact visuel entre nous, je prends mon verre pour en boire une gorgée en détaillant les personnes présentes ce soir pour la énième fois. « Contrairement à ce qu’on semble vous avoir dit, j’ai toujours traité les femmes avec un certain respect. Je ne peux pas me considérer coupable de ne pas leur offrir ce qu’elles désirent au fond d’elles alors que je suis toujours clair. » Cette réputation de connard je la dois surtout au fait de ne jamais m’être posé et d’avoir jeté des femmes hors de chez moi dès le lendemain. Quoi que j’offre toujours le petit-déjeuner, est-ce de ma faute si elles sont vexées de ne pas avoir plus qu’une nuit ? « Je n’aime pas m’attacher, voilà tout. » Ce n’est pas un crime aux dernières nouvelles, ce qui n’empêche pas des femmes d’aller raconter des conneries à mon sujet. « Vous êtes drôle, vous savez ! Si vous aviez imaginé une seconde qu’il se passerait quelque chose ce soir … Il n’y a qu’un homme qui m’intéresse ce soir. Et ce n’est pas vous, Falcone. » Je manque de m’étouffer avec ma boisson. Non pas que sa dernière phrase me choc, c’est l’idée qu’elle pense que j’espérais quoi que ce soit nous concernant. « Mon dieu, non ! Sans vouloir donner un coup à votre ego, je ne parlais de vous. » Et puis quoi encore ? Si je tiens à me faire tuer par mon père pour avoir couché avec l’ennemi ça serait la solution, mais je ne le veux pas. Hanaé est, de toute manière, trop insupportable pour envisager quoi que ce soit. « Pour Pacino, vous semblez un peu trop sûre de vous. Il vous a peut-être convié, mais je vois ça comme un test. Jusqu’à présent il ne traite qu’avec ma famille. » Les origines italiennes ou simplement le fait que nous faisons de l’excellent travail, ça je ne saurais dire. Pourtant, j’éprouve un certain agacement à ce qu’il s’amuse à faire des petits jeux dans ce genre.

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TAGS, @Hanaé Wayne

Je savais déjà que cette soirée allait être longue. Moi qui aurais préféré rentrer chez moi après une longue journée de travail et profiter de mon fils, me voilà obligé de supporter une personne qui ne m’apprécie pas plus que je l’apprécie moi-même. Un test, voilà ce que c’est, et même si je suis prêt à le relever, je suis fatigué d’avance d’avoir à me battre et à me justifier. Dans ce milieu, je n’ai pas d’autres choix que d’être moi aussi un requin, prêt à tout pour obtenir ce que je désire. Même si ça n’est pas moi, j’ai accepté d’entrer dans les affaires de famille, de devenir l’héritier de cet empire, il faut que j’apprenne à jouer un rôle. Généralement, je le fais avec aisance. Ce soir je suis blasé et pas d’humeur à affronter la brune. Malheureusement pour moi, elle semble décider à sortir les griffes ne me laissant pas d’autres choix que de me défendre. « A vous entendre, elles sont presque coupables de se faire jeter. Soyez donc honnête, Falcone. Respectez au moins vos responsabilités. » Il me faut pas mal d’efforts pour ne pas lever les yeux au ciel, exaspéré par ses propos. « J’assume parfaitement mes responsabilités. Je vous laisserais me juger quand vous saurez de quoi vous parlez, ce qui n’est pas le cas, mademoiselle Wayne. » Déclarai-je d’une voix calme. Cependant mon regard en dit plus que mes mots. C’est ma façon silencieuse de lui faire comprendre que je n’apprécie pas son jugement qui me semble basé sur des faits erronés. A croire qu’elle n’entend que ce qu’elle veut. « A vous entendre, c’était le cas ! Pauvre fille qui viendra donc dans votre lit » Mâchoire serrée, je porte mon verre à mes lèvres et je fais de mon mieux pour ne pas le vider d’un coup. Elle m’agace et je sais qu’elle y prend plaisir. Je ne lui ferais pas le plaisir de m’énerver cela dit. « Vous entendez mais vous n’écoutez pas visiblement ! J’ai insinué que c’était une possibilité, pas que je le ferais. J’ai plus important qui m’attend à la maison de toute manière. » L’idée de prendre du bon temps ne m’aurait pas dérangé, c’est vrai, mais plus le temps passe et moins j’ai envie de supporter une femme ce soir. Je préfère penser au fait de retrouver mon garçon – certes endormi – et de pouvoir me détendre en composant quelques morceaux, un verre de bourbon près de moi. « Je vous trouve particulièrement irrespectueuse. Il me semble que je n’ai jamais critiqué votre côté débauché ? Foutez-moi la paix, vous n’êtes pas plus blanche que je ne le suis. » Ajoutai-je malgré tout. Qui est-elle pour critiquer ma façon de vivre ? Elle ne connait rien de moi hormis ce qu’on semble lui avoir raconter, elle devrait apprendre à mieux se renseigner avant de se permettre de critiquer. « Ne prenez jamais les choses pour acquises, Falcone. Il y a bien des choses que vous n’en savez pas sur Pacino. Les Wayne peuvent avoir du pouvoir, là où vous n’en savez rien » J’ai un petit rire en l’entendant parler, mon regard posé vers Pacino qui nous adresse un sourire carnassier. Oh cet enfoiré est fier de son petit coup. Fier de pouvoir juger de la loyauté de ma famille en se basant sur ce dont je suis capable pour avoir ses bonnes grâces. Fils de pute. « Vous pouvez croire ce que bon vous semble, Wayne. En attendant je pense en savoir plus sur lui que vous ne le pensez, particulièrement sur le petit plaisir qu’il a à mettre ma famille à l’épreuve pour finalement toujours signer avec nous. » Ce n’est pas la première fois et ça ne sera certainement pas la dernière. Elle peut espérer ce qu’elle veut, il offrira son contrat à la famille Falcone, pas la famille Wayne.

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