Saoulé, j’ai besoin de mettre les choses au clair. Non en fait, j’ai besoin de lui dire les choses, besoin de comprendre ce qu’il s’est passé hier soir et qui explique la réaction qu’elle a eu. Autrefois je n’aurais pas cherché, j’aurais continué ma vie sans me préoccuper de son avis, de ses pensées vis-à-vis de moi seulement … Je suis bien forcé d’admettre qu’Alix est différente. Elle me donne envie de me surpasser, elle me donne envie d’essayer plus, de vouloir plus mais sa réaction de vendredi … Je ne sais pas quoi en penser. Je tente d’écouter les conseils d’Eli, de prendre mes couilles et d’y aller avant de me défiler. La blonde chez elle, je sais que je ne vais pas faire face à un mur et que, surtout, je n’aurais plus la moindre occasion de me défiler. Voiture garée en bas de son immeuble, je tape le code qu’elle m’a donné pour toutes ces fois où je suis allé chez elle et je grimpe les marches quatre à quatre pour gagner son duplex. Poing contre la porte, je tape vigoureusement et attends moins de deux minutes avant que ce visage qui me hante n’apparaisse. « Y a rien avec cette femme ! Y aura jamais rien avec elle ! Je te veux toi Alix, je te veux toi depuis le début et tu l’aurais su directement si tu m’avais laissé m’expliquer hier. Je ne veux que toi et je ne veux pas qu’un autre type te touche ! » Je lâche directement en la laissant encaisser comme elle peut. « Je te dis ça là, avant que tu parles, parce que je sais qu’autrement je vais me défiler parce que ça me fait peur mais putain je te veux. Je te veux vraiment. » Je soupire en passant une main dans mes cheveux. « Freya … C’est compliqué, on me l’a collé dans les pattes mais elle ne m’intéresse pas. »
Je me sens mal. Si Tim m’a ramené hier soir, il n’est pas rentré dans mon appartement, préférant simplement s’assurer que j’aille bien. Tim est un ami, avec qui je couche certes, mais avant tout un ami. Et il vu que j’allais mal. Parce que c’est rare que j’aille mal pour un homme. A vrai dire, il ne m’a jamais vu comme ça, et lorsque j’ai finis par le rassurer, avant de fermer la porte, j’ai finis par m’écrouler, en pleurant. C’est cette sensation qu’il laisse Ezra. Je la vois comme une trahison, une manière de me blesser alors que je lui faisais confiance. Je me rends compte simplement que je n’aurais peut-être pas dû. Encore une fois, je suis blessée. Le lendemain, j’en ai parlé à Emma qui m’assure qu’Ezra n’est pas maître de la situation et qu’il ne veut que moi. Comment m’en convaincre ? Comment avoir confiance en lui quand je sais – et Emma aussi – que toutes ses filles lui courent après ? Est-ce justement parce que nous sommes dans cette relation libre ? Je ne sais pas. S’il ose me demander par sms si je suis chez moi, je n’espère secrètement pas qu’il vienne. Je suis une merde, aujourd’hui. Et lorsque peut-être une demi-heure plus tard, quelqu’un frappe à la porte, je sais que c’est lui. A peine ais-je le temps d’ouvrir la porte qu’il s’ouvre : « Y’a rien avec cette femme ! Y aura jamais rien avec elle ! Je te veux toi Alix, je te veux toi depuis le début, et tu l’aurais su directement si tu m’avais laissé m’expliquer hier. Je ne veux que toi et je ne veux pas qu’un autre type te touche ! » D’abord surprise de le voir réellement, je n’ai pas le temps d’étudier ses traits noircis par la nuit courte qu’il a du faire lui aussi. Non, je suis subjugué par ses paroles que j’encaisse, sans réellement le faire. « Je te dis ça là, avant que tu parles parce que je sais qu’autrement je vais me défiler parce que ça me fait peur mais putain je te veux. Je te veux vraiment. Freya…c’est compliqué, on me la collé dans les pattes mais elle ne m’intéresse pas » J’humecte mes lèvres, le cœur battant, les yeux prêt encore à ouvrir les valves. Ma main sur la porte l’agrippe avec fermeté. « C’est pas ce qu’elle m’a dit hier. Elle m’a dit que ça pouvait vite être sérieux. Et… » Mes yeux se voilent, parce que toute la douleur que j’ai encaissé cette nuit ressort. Je suis peut être forte, je peux être tenace, et grande gueule, mais lorsque ça m’atteint trop, au plus profond de mon âme, je suis bien trop sensible. « J’ai cru que tu jouais sur deux tableaux. Que tout ce que tu me disais, c’était que des paroles en l’air. C’est pas facile de t’ouvrir mon cœur, Ezra. J’essaye vraiment, mais je me suis sentie trahie … » Je prends une profonde inspiration, en tentant de chasser mes larmes. « Ce n’était pas tant de te savoir accompagné, ou de savoir que tu pouvais coucher avec une autre…C’était nos règles. Mais quand elle m’a dit que c’était sérieux… » Je ne finis pas ma phrase, parce que même organiser mes pensées est compliqué.
Il fallait que ça sorte avant que je ne laisse ma peur prendre le dessus. Il fallait que j’exprime le fond de ma pensée pour éviter d’être rongé les jours prochains et ainsi prendre le risque de votre notre relation se déliter pour disparaitre totalement. Parce qu’elle a pris de l’ampleur dans ma vie cette belle Italienne. J’ai fait l’erreur de baisser ma garde et elle est parvenue à m’atteindre là où aucune femme n’y étaient parvenues autrefois. Et je sais, oh oui je sais, qu’après elle je ne ferais plus jamais cette erreur. Je ne serais brisé qu’une seule fois si c’est ce qui doit arriver ce soir, mais ça sera tout qu’importe les paroles de mes plus proches amis. « C’est pas ce qu’elle m’a dit hier. Elle m’a dit que ça pouvait vite être sérieux. Et… » Freya serait-elle nettement plus fourbe qu’elle n’y parait ? Un peu plus complice de ma mère ? Je sais parfaitement ne jamais être entré dans un tel sujet, d’autant plus pour le peu que nous avons parlé vendredi soir. « J’ai cru que tu jouais sur deux tableaux. Que tout ce que tu me disais, c’était que des paroles en l’air. C’est pas facile de t’ouvrir mon cœur, Ezra. J’essaye vraiment, mais je me suis sentie trahie … Ce n’était pas tant de te savoir accompagné, ou de savoir que tu pouvais coucher avec une autre…C’était nos règles. Mais quand elle m’a dit que c’était sérieux… » J’ai ce petit sourire qui apparait au coin de mes lèvres et qui lui montre à quel point, elle, elle me touche. Allant caresser sa joue, je chasse sa première larme en cherchant son regard. « Tu dois me laisser me défendre, Alix. » Insistai-je. « Je te l’aurais dit si tu m’avais confronté, même en me hurlant dessus. Je ne joue pas. » Pas avec elle en tout cas. J’ai arrêté de compter pour les autres mais pas avec elle. « Mais si c’est ce qu’elle t’a dit c’est qu’elle est de mèche avec ma mère et ça … ça risque d’être un problème. » Je retire ma main de sa joue et la passe sur mon visage en soupirant. « On va devoir parler mais … je peux entrer ? » Je n’ai guère envie que des oreilles indiscrètes épient notre conversation.
Est-ce que j’ai mal agis de me tirer comme je l’ai fait ? Probablement. C’est surprenant, d’ordinaire je suis plutôt rentre-dedans. Je sais quand il faut ouvrir ma bouche, et remettre les pendules à l’heure. Mais lorsqu’il s’agit de mon petit cœur, je me défile. Parce que j’ai bien trop souffert pour me battre, il faut qu’il le comprenne. Il faut qu’il comprenne que pour me protéger, je vais fuir, sans cesse, parce que je n’aurai pas d’autre façon de l’affronter ou d’affronter nos soucis. Quand toutes mes incertitudes vont ressortir, et quand on sera au plus bas, il va devoir être le plus fort, le plus confiant, le plus rassurant. J’ai à peine le temps de m’expliquer qu’il sourit, et ça m’agace déjà : « Arrête de sourire » Je dis malgré la douceur avec laquelle il pose sa main sur sa joue pour chasser mes lèvres. « Tu dois me laisser me défendre, Alix. Je te l’aurais dit si tu m’avais confronté, même en me hurlant dessus. Je ne joue pas. Mais si c’est ce qu’elle t’a dit, c’est qu’elle est de mèche avec ma mère et ça…ça risque d’être un problème. »« Ta mère ? » Je demande en fronçant les sourcils. Qu’est-ce qu’elle vient faire dans tout ça, je suis un peu perdue, je dois avouer. Il retire sa main de ma joue, et soupire : « Heu…oui. » Je dis en me poussant et en ouvrant la porte pour le laisser passer. Une fois fait, je la referme et referme les pans de mon pull pilou pilou par la même occasion. Rien de très sexy, comparé à ce qu’Ezra à l’habitude de voir, mais aujourd’hui, je n’ai pas envie de faire le moindre effort. « Tu veux quelque chose à boire ? » Je demande en passant dans le salon, en le suivant. Il connait mon Duplex, impressionnant et luxueux. Il peut paraître un peu petit, mais il reste cosy et à mon image. Moi, j’ai besoin d’un boire quelque chose, alors je commence à me sortir une tasse, du thé et fait bouillir de l’eau avant de me tourner vers lui, qui semble un peu dans ses pensées. Qu’est-ce qu’il pense, je ne saurai dire, mais je suppose que la conversation qu’il tient à avoir peut ébranler notre quotidien. En bien ou en mal ? Je ne saurai pas dire.
« Arrête de sourire » Sa requête me fait sourire un peu plus. Je reste un petit con, elle ne l’oublie pas. Je la trouve adorable lorsqu’elle essaye de me tenir tête même lorsqu’elle se sent mal et que nous sommes supposés avoir une discussion tendue. Je trouve beaucoup de choses adorables chez elle pour être francs, d’autres très sexy aussi, cela dit ce n’est pas la raison de ma présence ici, nous le savons tous les deux. « Ta mère ? » Parfois j’en viens à oublier qu’elle sait si peu de choses sur moi, à commencer sur ma famille dont je parle pas ou peu et que j’évite le plus possible à l’exception de ma fratrie. Pour l’instant et avant de lui en dire plus, je préfère savoir si elle m’autorise à entrer. « Heu…oui. » Se décalant, elle me laisse aller à l’intérieur de son joli duplex que je commence à connaître vraiment très bien maintenant puis me passe devant en allant en direction de sa cuisine. « Tu veux quelque chose à boire ? » Ma première pensée serait de lui demander un alcool fort, seulement j’aimerais garder l’esprit clair. Je n’ai déjà pas idée de ce par quoi je vais commencer, si je bois ça ne va absolument pas m’aider c’est une certitude. « Non, merci ça ira. » Même un café ne passerait pas et je finirais par l’oublier, concentré sur ce que j’ai à dire. Je reste même un peu à distance pour être certain de ne pas craquer en me jetant sur elle, ce qui serait également une façon de fuir la discussion. « J’aimerais de te faire part de … d’une règle qui ne me va plus. » Nerveux, je masse ma nuque et humecte mes lèvres. « Je te dirais ce que tu veux savoir, je ferais pratiquement tout ce que tu veux mais j’aimerais que tu arrêtes de voir d’autres hommes. » Et elle sait que je veux dire par-là que je ne supporte plus l’idée que d’autres couchent avec elle, que d’autres puissent la posséder et s’afficher avec elle alors que ça me met dans une rage pas possible.
« Non, merci ça ira » me dit-il d’une voix étrange. Il reste à distance, comme s’il savait que s’il s’approchait, il se brûlerait. Cette distance imposée ne me plait pas, mais je ne dis rien parce que s’il a des choses à dires, je tiens à les entendre. Que va-t-il me dire ? Est-ce que j’ai tout gâché ? Est-ce que même s’il ne veut que moi, mon comportement était inadmissible ? Ou peut-être veut-il plus ? Quelque chose dont je ne suis pas certaine de pouvoir lui donner ? « J’aimerais te faire part de…d’une règle qui ne me va plus. » Il est mal à l’aise, ça se voit. Mais je ne dis rien, m’occupe simplement de mon eau qui chauffe. « Je te dirais ce que tu veux savoir, je ferais pratiquement tout ce que tu veux mais j’aimerais que tu arrêtes de voir d’autres hommes » C’est maladroit, comme demande. Parce que j’ai l’impression que c’est à sens unique. Que je dois moi, arrêter de voir d’autres hommes, quand lui, devra visiblement s’afficher avec l’autre conne. Je me mords la lèvre, avant d’ajouter : « Tu es prêt à en faire de même ? » Parce que si je dois faire l’effort, si je dois passer ce cap, je ne serai pas la seule, non. Et au vue de ses yeux qui me dévisage, je me demande s’il en est capable. Est-ce qu’il a vu d’autres femmes lui ? On ne parle jamais de ça, et je suppose que c’est une des raisons pour laquelle cette discussion est difficile. Récupérant mon thé, je réchauffe mes mains et souffle légèrement dessus, tout en le regardant. Je ne sais pas ce qu’il se passe avec sa mère, ni même avec Freya, et si je dois le voir s’afficher avec une autre, par obligation, ou je ne sais quoi, je sais que je ne tiendrai pas. En a-t-il réellement conscience ? « Je sais pas ce qu’il se passe avec Freya…mais si je dois moi faire ce choix, et te voir à ses bras…c’est non » C’est peut-être direct, c’est peut-être pas ce qu’il désire entendre, mais il s’y prend très mal en tout cas. Parce qu’en aucun cas, il s’est inclus dans cette exclusivité. J’avais pas osé imaginer qu’un jour il me demanderait de faire ce sacrifice, toute seule. Faut croire que même s’il ne veut que moi, il ne me le prouve absolument pas.
S’il y a un manuel pour ce genre de moment, je ne serais pas contre le fait qu’il apparaisse immédiatement, un manuel comme Avoir une relation sérieuse pour les nuls, ce serait parfait. J’ai l’impression de patauger dans la semoule et d’être d’une maladresse incroyable. Deux sensations que je n’ai jamais connu par le passé puisque je n’ai jamais pris le risque d’avoir une quelconque relation. Jusque-là j’étais persuadé que j’étais très bien comme ça et puis elle a débarqué et je me suis retrouvé dans cette situation comme un con. Je ne contrôle absolument rien et je suis persuadé que ça se sent. « Tu es prêt à en faire de même ? » Je voudrais lui dire oui. C’est la réponse que j’aurais eu si je n’avais pas accepté le deal avec ma mère. Oh que j’aurais foncé là-dedans sans même réfléchir sauf que je ne peux pas et … Je sais que je vais devoir le lui expliquer ce qui compliquera tout une fois de plus parce que je ne pourrais pas immédiatement m’en sortir. « Je sais pas ce qu’il se passe avec Freya…mais si je dois moi faire ce choix, et te voir à ses bras…c’est non » Ma distance de sécurité était une excellente idée. Je sais que si j’avais été près d’elle, j’aurais déjà fui cette conversation en l’embrassant voire plus encore mais il faut que j’en passe par-là. Je pense forcément à Eli et Emma qui passent leur temps à devoir mettre les choses à plat pour s’en sortir. Si mon meilleur ami est capable de grandir, je le suis aussi. « Il y a quelques semaines je t’aurais dit oui, sans hésiter. » Je commence en sachant que ce n’est pas ce qu’elle veut entendre. « Freya … Je suis pour le moment forcé de faire avec, Alix. J’ai dû faire un pacte avec ma mère pour aider mon petit frère. Elle lui a fait assez de mal et il avait besoin d’argent. J’étais prêt à me sacrifier pour lui parce que j’ai pas été un frère modèle et que toi et moi … ce n’était pas aussi sérieux. » Je la vois se tendre alors je fais un pas en avant, lui retirer sa tasse des mains et encadre son visage des miennes. « Ecoute-moi avant de te fermer. Il n’y aura jamais rien de sérieux avec Freya. Je ne toucherai pas cette femme, jamais. Je ne comptais pas laisser ma mère gagner mais elle m’a pris de court. » Continuai-je d’expliquer. « Je n’ai pas touché la moindre femme depuis un moment et je ne supporte pas l’idée que d’autres te possèdent parce que je suis en train de tomber amoureux de toi, Alix. »
Que croit-il exactement ? Qu’espérait-il ? Que je lui dise oui, parce qu’il a osé simplement me le demander, sans que moi je n’ai des revendications ? Comment peut-il croire que ça ne me dérange pas de le voir avec d’autres. D’accord, j’ai eu d’autres mecs dans mon lit, mais en réalité, il m’est arrivé de faire des longues pauses, parce que je le voyais lui. Et à titre de comparaison, c’est le seul qui me fait autant d’effets quand on est ensemble. Alors, j’aime pas liberté, j’aime pouvoir passer des soirées différentes avec d’autres personnes, mais j’aime encore plus nos moments à nous. Ces soirées improvisées, ces visites à l’improviste pendant ma garde, ces surprises. Jamais aucun autre n’a eu le droit à ça…hormis Jordan. C’est beaucoup, c’est plus peut-être parfois. A-t-il conscience de ça ? « Il y a quelques semaines je t’aurais dit oui, sans hésiter. » Alors qu’est-ce qui a changé ? Elle ? Malgré le fait qu’il m’a certifié le contraire, elle a forcément du joué un rôle, non ? Je me tends, le cœur serré par ces aveux qui me font mal. « Freya… » A son simple nom, je sais que je vais la détester, elle. « Je suis pour le moment forcé de faire avec, Alix. J’ai dû faire un pacte avec ma mère pour aider mon petit frère. Elle lui a fait assez de mal et il avait besoin d’argent. J’étais prêt à me sacrifier pour lui parce que j’ai pas été un frère modèle et que toi et moi…ce n’était pas aussi sérieux » Alors, il s’est simplement vendu, parce que nous, ça n’était pas sérieux. Je me tends encore plus, encaissant ce qu’il insinue. Il me fait du mal, et encore une fois, j’ai simplement envie de fuir. Mais il est là, et je sais qu’il ne partira pas. Il s’approche, m’enlève ma tasse des mains, et encadre mon visage de ses mains chaudes. « Ecoute-moi avant de te fermer. Il n’y aura jamais rien de sérieux avec Freya. Je ne toucherai pas cette femme, jamais. Je ne comptais pas laisser ma mère gagner mais elle m’a pris de court. Je n’ai pas touché la moindre femme depuis un moment et je ne supporte pas l’idée que d’autres te possèdent parce que je suis en train de tomber amoureux de toi, Alix. » Si certaines femmes auraient sourient en entendant le grand Ezra Baggins lui confier tomber amoureux, si certaines auraient profité de ce moment pour lui dire qu’elle aussi, moi ce n’est pas le cas. Ces paroles, je sais qu’elles vont laisser une trace en moi. Elles vont me changer. Mais la peur me ronge. La peur de retomber dans mon passé. La peur de revivre cet enfer. Je sais qu’il m’a atteint, et que mes barrières sont tombées, mais je ne peux pas lui avouer. Mon regard se voile, et en saisissant ses poignées, toujours proche de mon visage, je murmure : « Promets-moi qu’il ne t’arrivera rien »
Les mots sont sortis sans même que j’ai à y réfléchir. C’était bien trop naturel, bien trop facile pour que je me retienne et j’admets me sentir nettement plus léger. J’ai mis les mots sur ce que j’éprouve depuis des semaines sans vouloir pleinement l’accepter. Enfin j’accepte les choses telles qu’elles sont et peu importe si c’est effrayant. Après tout j’ignore de quoi sera fait demain. Je pourrais parfaitement me faire renverser par une voiture et ne pas m’en relever, à quoi ça aura servi de garder tout ça pour moi ? De ne pas prendre le risque ? Je tombe sous le charme d’Alix, j’en suis raide dingue et oui j’en tombe amoureux un peu plus chaque jour. Ce sont des émotions nouvelles contre lesquelles j’arrête de lutter. Des émotions qui me font du bien autant qu’elles me terrorisent. La différence étant que maintenant je ne peux pas revenir en arrière et je n’en ai pas envie. Putain, je ne pensais pas me sentir aussi bien qu’à cet instant qu’importe ce que sera sa réaction et quelle direction prendra notre conversation. Son regard larmoyant me fixe plusieurs instants sans qu’elle ne dise un mot. Je m’en inquiète un peu sans pour autant la pousser à parler. C’est à elle de le faire à sa vitesse et à sa façon. Ses douces mains posées sur mes poignets, elle les serre doucement sans détourner ses yeux des miens puis souffle dans un murmure : « Promets-moi qu’il ne t’arrivera rien » Son inquiétude me touche plus que je ne saurais l’expliquer. Ne serait-il pas risqué de lui promettre alors que je ne suis sûr de rien ? Et en même temps, j’ai toujours été prudent alors pourquoi penser au pire hein ? « Je te le promets. » Je décide de répondre. Mes lèvres se posent en un rapide baiser sur son front puis mes bras l’attirent à moi. « Pardonne-moi de ne pas t’avoir dit les choses plus tôt mon amour. » J’aurais aimé avoir un peu plus de courage. J’en ai pour mon travail depuis que je suis flic mais quand il s’agit de ma vie personnelle, de mes sentiments ce n’est plus la même chose. Elle mérite d’entendre tout ça cependant. Autant qu’elle mérite qu’un homme l’aime de tout son être, de toutes les fibres de son corps. « Je te promets aussi de n’être fidèle qu’à toi, de n’être qu’avec toi. Je serais obligé de prétendre le temps de trouver le moyen de m’en débarrasser sans que ça touche Micky mais je te fais la promesse qu’il ne se passera jamais rien. » Me décalant pour pouvoir plonger mes yeux dans ses iris clairs, j’ai besoin qu’elle me croie, qu’elle lise la sincérité dans mon regard. « Une relation libre, je peux dire avec certitude que ça ne m’intéresse plus. »
Non, je n’avais pas imaginé que cette conversation partirait dans cette direction-là. Oh, je savais qu’elle n’aurait pas été faite les doigts dans le nez, parce que c’est toujours compliqué quand les sentiments se mêlent. Je l’ai vite appris, mais je n’aurai jamais pensé qu’Ezra puisse tomber amoureux de moi, aussi rapidement et aussi simplement que ça. A vrai dire, il casse les préjugés qui lui collent à la peau, à chaque fois. Etre un Baggins n’aide pas, parce qu’ils ont la réputation d’être parfois le centre du monde, à se regarder le nombril, parce que c’est leur positionnement. Mais je savais, en prenant le temps de connaître Ezra qu’il n’avait rien à voir avec sa famille. Ou du moins, ses parents. Si bien, que les conflits qu’il a avec sa mère ne me surprennent guère. Cette femme doit être un ours mal léché. Mais face à lui, et ses belles paroles, je succombe forcément. Parce que l’attachement que j’ai envers lui prend forcément plus de place à mesure que les jours passent. Voilà pourquoi j’ai eu si mal hier soir. « Je te le promets » me dit-il en déposant un baiser sur mon front. Il m’attire contre lui, et je me laisse envelopper de ses bras puissants. J’aurai pu frissonner, comme s’il y’avait un froid de canard, tant ce contact me perturbe. « Pardonne-moi de pas t’avoir dit les choses plus tôt mon amour » J’aurai dû m’y attendre, d’ailleurs. Ces petits surnoms prenaient en puissance chaque jour, sans que je n’y mette des mots dessus. Mes bras entourent aussi son buste, remontent le long de son dos. Ma tête elle se cale sur son torse, écoute les battements de son cœur. « Je te promets aussi de n’être fidèle qu’à toi, de n’être qu’avec toi. Je serais obligé de prétendre le temps de trouver le moyen de m’en débarrasser sans que ça touche Micky mais je te fais la promesse qu’il ne se passera jamais rien » Je vais devoir m’habitué à ça – à le voir en compagnie d’une autre même s’il m’assure qu’il ne se passera rien. Je vais devoir m’habitué à ce que toutes les nanas veulent mettre le grappin sur ce beau parti, sur mon homme. Il me force à me relever pour me regarder, et ajoute : « Une relation libre, je peux dire avec certitude que ça ne m’intéresse plus. » J’ose afficher un sourire, en riant légèrement face à cette constatation. « Tu sais, j’étais jalouse, ce soir-là. Tim est avant tout un ami, et c’est lui qui a voulu te retourner la pareille. Mais moi, j’étais pas bien. J’ai vraiment pas l’habitude d’être jalouse, je l’ai été qu’avec Jordan. Et tout ce que je me répétais dans la tête c’était que ça aurait dû être moi. Que cette…pimpêche… » Je reprends mes termes ce qui le fait sourire : «…n’avait rien à faire avec mon homme. »
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Dim 29 Nov - 0:31
