Fool me once, fool me twice, are you death or paradise?

J’ai passé la matinée en séance de tir. C’est bien beau d’enseigner aux jeunes comment tirer, mais mes propres compétences avaient perdu de leur superbe, aussi, j’ai profité de mon nouveau grade pour faire appel à un tireur d’élite pour remettre mon sens de la cible en état de marche. Selon lui, il semblerait que je sois effrayé de toucher ma cible. Un blocage qui venait de l’Afghanistan et du moment où j’avais dû abattre de sang-froid certains de mes hommes. Avec l’entrainement, je sens que cela revient petit à petit. Ca me rassure. Après tout, j’ai eu du mal à faire face à mes supérieurs lors de la cérémonie qui m’a valu le titre de Major. J’avais parfois l’impression d’être un imposteur. Et pourtant, c’était bien moi qui avais permis d’éviter le pire, le soldat revenu de l’enfer avec comme cadeau un cerveau dissonant. Les derniers événements avaient aussi bouleversé Eileen, ainsi, elle avait été mise au repos, et j’étais soulagé qu’elle ait accepté les recommandations du médecin. Elle ne se voyait pas faiblir à cause de la fatigue, et porter un bébé tout en s’occupant des autres s’avérait moins compatible que ce qu’elle ne l’aurait cru. Alors dans mon bureau à m’occuper de la paperasse, mon téléphone sonna. Je ne connaissais pas le numéro mais je décrochais immédiatement. « Major Raleigh. » Une voix de femme se fit entendre et m’expliquait qu’Eileen avait été admise aux urgences, sur le point d’accoucher. Fronçant les sourcils, je coupais mon interlocutrice : « Excusez-moi mais je crois qu’il y a erreur, elle n’est qu’à un mois et demi du t… » Confus par ce qu’elle me disait, je coupais court à la conversation et me mit à courir jusqu’à ma voiture à vive allure. J’étais si chamboulé que je ne savais plus où donner de la tête. Je priais pour qu’il ne leur arrive rien. C’était tout ce qui comptait à mes yeux. A part dans le désert, je n’avais jamais roulé de façon aussi inconsciente. Je gare ma voiture en quatrième vitesse, toujours en uniforme, je me rue sur les Urgences, demandant immédiatement à l’accueil : « Excusez-moi, je suis là pour Eileen Hastings, elle vient d’être admise pour un accouchement ? » Je suis essoufflé, inquiet et je la remercie à peine alors que j’hâte le pas jusqu’à la chambre où elle se trouve. Je ne frappe même pas. Je rentre, complètement paniqué de savoir ma compagne à l’hôpital alors que notre fille avait encore un mois et demi pour grandir au sein de son utérus. « Eileen, qu’est-ce que… » Je me stoppe net dans mon élan. La silhouette qui se tient à côté d’Eileen me laisse pantois. La main qui enserre les doigts que j’ai moi-même l’habitude d’enlacer me donne un coup de poignard. J'ai l'impression qu'elle n'a d'yeux que pour celui que je pensais mort et ça provoque en moi un sentiment de trahison, pire je me sens comme un imposteur dans ce ravissant tableau de famille. J’en reste bouche bée. « J-Josh… » Arrivais-je à balbutier malgré tout, complètement estomaqué. Depuis quand est-il de retour ? Pourquoi l’apprenais-je comme ça ? L’armée ne m’avait rien dit. Pourquoi est-il là alors qu’il s’agit de mon enfant ? Je ne comprends plus rien et déjà, je m’imagine leurs corps se retrouver, leurs lèvres se mêler, et moi témoin à nouveau de leur amour incandescent. Je ne réponds plus de rien, je suis en plein cauchemar, j’ai les oreilles qui sifflent. Je n’ai rien à faire là. Pourquoi m’a-t-on appelé ? Une infirmière me somme presque de déguerpir : « Monsieur, vous ne pouvez pas rester là, seul le mari y est autorisé. C’est une salle d’accouchement. Vous verrez le bébé plus tard. » Je crois rêver. Mon meilleur ami revenu d’entre les morts va assister à la naissance de ma fille et moi, je suis pris pour un étranger. J’étouffe un rire, j’ai envie d’hurler. L’inquiétude a triplé. Le sol tangue, je sens un élan de panique m’accabler. J’en viens à me demander si tout ça n’est pas organisé, si depuis le début, ils m’ont manipulé pour me faire souffrir comme j’ai pu la faire souffrir. La vengeance est un plat qui se mange froid, dit-on. Me reprenant, j’ai une rancœur indéfinissable qui me brûle l’être tout entier. Si bien que je n’arrive même pas à faire un pas de plus envers Eileen. J’ai l’impression de me retrouver des années en arrière et de découvrir l’amour de ma vie piétiner mon cœur dans les bras de mon meilleur ami, alors qu’au fond, c’est lui qu’elle a épousé.

« Ils avaient toutes les raisons de le croire. » Dans l'état où j'étais, c'était impossible de croire que j'aurais pu m'en sortir d'une quelconque façon. Même moi je me demande comment j'ai fais pour m'en sortir après être sortit du coma. On m'a sauvé la vie pour pouvoir me torturer à nouveau plus tard et j'ai souffert pour revenir plus rapidement sur le sol américain, j'ai tout fait pour la sauver elle et lui revenir. Pourtant, je ne sais plus quelle souffrance est la pire. Celle que j'ai vécu pendant des mois à l'autre bout du monde ou bien celle que je ressens présentement en apprenant que ma femme est enceinte d'un autre homme ? C'est comme si mon coeur a arrêté de battre depuis que j'ai compris ce qui se passait et pourtant, je n'arrive pas à m'éloigner d'elle et garder mes distances. Tout ce que je veux c'est de la garder contre moi et de souhaiter que tout ça n'est qu'un mauvais rêve, mais je sais que tout ce que je vis présentement est la réalité puisque des cauchemars, j'en fait à tous les soirs et c'est ce qui m'empêche de dormir depuis plusieurs mois. Là présentement, tout ce que je m'imagine c'est Eileen avec un autre homme et cette simple pensée me déchire complètement à l'intérieur. Un autre a pu lui toucher, l'embrasser, partager des moments intimes avec elle dont seul moi avait accès et maintenant... je ne suis qu'un simple inconnu dans sa vie, je n'en fait plus parti parce que j'étais mort - ou du moins, elle pensait que je l'étais. Tout mon être a tout de même envie d'être avec elle, de rester celui dont elle a besoin et de l'aider dans cette détresse émotionnelle qu'elle est en train de vivre. « Je sais... tu seras toujours là pour moi... tout comme je vais toujours l'être pour toi. » Dis-je alors que mon coeur se serre d'autant plus dans ma poitrine. Elle sera toujours là, mais comme une amie ou comme ma femme ? Est-ce que j'ai réellement perdue celle que j'aime le plus au monde pendant l'année la plus difficile de ma vie ? Est-ce que je reviens finalement à la maison pour réaliser que je n'ai plus rien ? Si c'est le cas, autant retourner mourir là-bas... c'est bien mieux que de voir ma femme avec un autre homme... « Je ferais tout pour toi Eileen. » Murmurais-je en souriant légèrement. Je tente encore une fois de la calmer, de la rassurer alors que je ne suis même pas certain d'arriver à le rester. Une fois Eileen bien installée, je glisse mes doigts doucement entre les siens et caresse sa main à l'aide de mon pouce alors que l'autre est placée sur sa joue. Ce n'est que lorsque j'entends une voix plus grave que je pourrais reconnaître entre mille que je me retourne et découvre Owen. Choqué de le retrouver ici, je me pose une tonne de questions avant de comprendre que s'il est là c'est parce que c'est lui... le numéro d'urgence et encore une fois, j'ai l'impression que mon coeur arrête à nouveau de battre. « Owen... » Ma voix se brise alors que je prononce son nom. Comme si le fait d'apprendre que ma femme est enceinte d'un autre n'est pas suffisant il faut en plus que je découvre que le père de ce bébé est mon meilleur ami et qu'au fond, il attendait peut-être que je sois mort pour profiter mieux de ma femme. Un mélange de rage, de tristesse et d'un million d'autres émotions percutent tout mon être et mes yeux alternent entre ceux de ma femme et de mon meilleur ami. « C'est lui... ? » J'arrive à peine à y croire, mais pour être bien certain, je regarde Eileen, les yeux embrumés tout en souhaitant qu'elle me dise le contraire, que ce n'est qu'un hasard s'il est là. À voir le comportement du militaire, je comprends qu'il aurait sans doute aimer mieux que je sois réellement mort et donc que j'ai raison. Au même moment, une infirmière entre dans la chambre et demande à Owen de quitter. La haine que je ressens au plus profond de moi en ce moment a envie de rester près d'elle et le laisser attendre à l'extérieur, mais au fond, je ne veux pas faire souffrir Eileen non plus. Qu'est-ce que je suis censé faire ? Je n'ai pas la moindre envie de le laisser une seconde de plus avec ma femme, mais c'est son bébé... le leur. « Je suis le mari de madame, mais... il est le père... » Ma main reste dans celle d'Eileen et je la regarde toujours, sans avoir envie de la lâcher. « Tu veux que je reste ? » Ma voix déraille, tout mon être se brise un peu plus. Je peux me battre pour elle, je vais toujours le faire et en ce moment, je reste dans cette pièce uniquement pour elle, mais aussi parce que je me retiens de faire une scène. Elle n'a pas besoin de ça, en ce moment encore plus. Pourtant, je sais que la colère monte en moi, le sentiment de trahison, mais aussi la tristesse.

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i promised that i will always come back to you.

Savoir que Josh ne nous en voulait pas d'avoir plus ou moins accepté sa mort était une sorte de soulagement. Si j'avais perdu espoir depuis quelques temps déjà, j'avais tenté de tenir bon pensant que jamais il n'aurait pardonné qu'on ne croit plus en lui. Je n'osais pas imaginer la difficulté de revenir après autant de temps et après autant d'horreurs. Ironiquement, celui qui pouvait le mieux le comprendre était certainement Owen. Je le regardais, toujours autant émotive parce que je ne pouvais me contrôler ni même me calmer... C'était évidemment trop fort pour que je puisse y faire quelque chose. « On se l'est promis. » Et bien avant notre mariage d'ailleurs. Nous avions construit pas à pas notre relation et elle était basée sur la confiance mais aussi sur quelque chose de solide qui était que quoi qu'il se passe, nous serions là pour soutenir l'autre. Peut-être avais-je un peu failli en redonnant une chance à mon histoire avec le capitaine. Pourtant, lui-même me l'avait confié, Josh n'étant plus là, j'avais encore le droit au bonheur. Était-ce vrai ? J'allais rapidement le savoir puisque au vu de mes douleurs et de mon hospitalisation certaine, le père de mon bébé n'allait pas tarder à pointer le bout de son nez. Je le regardais et esquissais à mon tour, un sourire. Savoir que je pouvais compter sur lui me soulageait même si le point que j'avais dans ma poitrine ne pouvait complètement disparaître, pas tant que les choses n'étaient pas claires en tout cas. Je ne pouvais pas éclaircir le tableau pour le moment même si j'aurais préféré être en possession de toutes mes forces pour faire face aux deux soldats. Mon cerveau avait envie de rester ancré à la réalité mais les douleurs étaient si intenses que je me sentais partir pendant quelques secondes. Il y avait sûrement une bonne dose d'émotion qui justifiait cet état de latence. Soudain, Owen apparaissait dans l’entrebâillement de la porte et mon regard se figeait. Josh comprenait la raison de sa présence quant à Owen, il revoyait tout bonnement un fantôme. Cette scène était probablement ce que j'avais le plus redouté dans ma vie même si je ne l'avais pas franchement imaginé jusqu'à ce que je revois mon mari. Mon cœur se serrait si fort qu'il m'en coupait la respiration et je sentais la main de Josh serrer davantage la mienne comme pour ne pas flancher et se rattacher à quelque chose de palpable. « Oui... » répondis-je dans un souffle. Je ne pouvais pas lui mentir ni même modifier la réalité. Je me sentais trembler mais je tentais de garder un minimum de dignité même si à la phrase que j'entendais pour l'infirmière, j'en perdais littéralement. J'ouvrais la bouche sans réussir à parler et je sentais le regard quelque peu incompréhensif de la soignante. « Hum d'accord alors... Qui reste ? » demandait-elle en me fixant avant de comprendre que la situation, qu'elle devait juger du haut de son 1 mètre 50 nécessitait un instant de réflexion. Elle sortait, jetant un regard à Owen. Je ne lui en voulais cependant pas, et je me fichais pas mal qu'elle pense que j'étais une idiote voir pire, une traînée. Ce n'était pas comme si elle était la première à le penser et elle, contrairement à mon entourage, n'avait pas d'affection particulière pour moi et inversement. J'avais du mal à déglutir et je regardais Owen qui ne s'approchait pas, probablement paralysé par la scène. C'était l'enfer, autant pour eux que pour moi. Mon corps brûlait de douleurs mais celle de mon cœur était bien plus vive que le reste. « Je... Je suis désolée. » dis-je désappointée sans savoir à qui je m'adressais réellement. « Ça va... » avouais-je finalement alors que non, ça n'allait pas, mais je pouvais m'en sortir si Josh sortait de la pièce. Je ne voulais pas qu'Owen rate la naissance de notre fille mais je ne voulais pas que l'un ou l'autre se sente à l'écart... J'étais dans une situation complexe et extrêmement dérangeante. J'aurais aimé prendre leur peine respective pour me l'approprier à jamais. Je lâchais soudainement un cri de douleur plus intense que ce que je n'avais ressenti jusque là et je laissais ma tête tomber en arrière. Elle arrivait, je venais de perdre les eaux, mon bébé était prêt à venir chambouler notre monde déjà bancale.

Fool me once, fool me twice, are you death or paradise?

Jamais je n’avais eu l’impression d’avoir mon cœur torpillé de la sorte. Mon monde encore fragile, s’écroulait tel un château de cartes. Exit la fierté d’avoir sauvé un centre commercial d’un terroriste, oubliée la signature signifiant l’achat de notre nouvelle maison, je ne voyais plus que leurs mains jointes, et moi faisant irruption ici sans y avoir été convié. Peut-être aurais-je dû rester à la base. Il était encore temps d’y retourner, je pouvais simplement fuir et oublier qu’un jour j’avais retrouvé mon amour de toujours. Ca n’était plus qu’un doux rêve à présent. Josh était de retour, et mon avenir s’inscrivait en filigrane. Alexander me l’avait bien dit : Josh serait toujours une partie d’elle et maintenant qu’il se tenait debout devant moi en chair et en os, il m’apparaissait plus que clair que j’allais tout perdre en un claquement de doigts. La femme de ma vie, potentiellement mon bébé qui était peut-être en danger, et mon meilleur ami, qui je le voyais venir, m’accuserait de l’avoir laissé crever là-bas pour récupérer Eileen. Tout ça n’était qu’une absurdité sans nom parce que j’avais tout fait pour le retrouver. « Comment est-ce possible ?! » Je ne comprenais pas comment il avait pu rester en vie tout ce temps alors que moi, si les Anglais n’étaient pas intervenus, j’aurais probablement péri très peu de temps après, étant en sursis depuis bien des jours avec une plaie à la jambe qui s’infectait. Il semblerait que Josh me voue une haine sans pareille alors qu’il me fixe d’un regard noir qu’il n’a jamais posé sur moi auparavant. « Je t’ai cherché partout… » Murmurais-je dans un étranglement, plus pour me rassurer sur mes agissements parce qu’évidemment, je ne me sens pas à ma place ici. Je retrouve ce sentiment d’aigreur que j’avais pu ressentir jadis. Je suis de trop, et la jalousie qui s’empare de moi voudrait gouverner mes pas et le faire sortir de la pièce parce qu’il n’a pas tous les droits sous prétexte qu’il est le mari. Mais je ne peux m’y résoudre. L’affection que je lui porte va au-delà de ma souffrance et j’aurais aimé le retrouver dans d’autres circonstances. Je détourne les yeux alors qu’il semble désabusé de constater que je suis l’auteur de la grossesse d’Eileen. Au fond, est-ce que ça a de l’importance ? Bientôt ils se retrouveront et je n’aurais plus que mon bébé comme souvenir de ces mois compliqués mais aussi tellement appréciables. Du moins, si notre fille survit. J’avais presque envie de passer outre, de comprendre son attitude parce que je l’ai vécue quand ils ont commencé à sortir ensemble, si ce n’est que j’étais fautif d’avoir embrassé une autre femme. Mais, je serre la mâchoire alors que Josh insinue qu’Eileen a commis l’irréparable en se plaçant comme le mari et moi comme l’amant. L’histoire contée n’est pas exacte, et je m’agace de ses mots. « Remettons les choses dans leur contexte. Un mari porté disparu depuis plus d’un an. Elle n’y est pour rien. » S’il a envie d’en vouloir à quelqu’un, il peut s’en prendre à moi. Pas à elle. Je suis peut-être contrarié de les avoir trouvés la main dans la main, lui ici avant moi me pousse à croire qu’il aura toujours ses faveurs, mais je refuse qu’il l’insulte comme ont pu le faire ses parents. Ils ont été immondes avec elle et je ne recommencerais pas à subir ce genre de bassesses. L’infirmière questionne alors Eileen pour savoir qui doit rester, et cette fois, je ne me laisse pas faire en raillant : « C’est vraiment une question ?! Il s’agit de mon enfant. » Et tant que Josh était dans la pièce, je ne pourrais pas avoir un geste d’affection envers Eileen. C’était au dessus de mes forces. Et pourtant, je voyais bien qu’elle déchantait, qu’elle ne savait plus où se mettre et plutôt que d’assister à un combat de coq, il vaudrait mieux qu’on s’occupe d’elle. Aussi, quand Eileen s’excusa, je ne changeai pas d’attitude, j’étais pourtant trop atterré par la situation, de la voir préférer le contact de Josh plutôt que le mien, que je ne bougeais pas du mur attenant à la porte détournant le regard alors que Josh se proposait pour rester. Je ne savais même pas ce qui s’était passé, personne ne semblait vouloir me mettre au parfum, si bien que ça me confortait dans mes interprétations : ils me cachaient quelque chose. Je me concentrais sur les constantes de mon bébé qui s’affichaient sur le petit moniteur, à ses battements plus élevés tant qu’elle était encore dans le ventre de sa mère, et en silence, je priais pour que rien ne lui arrive. Et puis il eut ce cri déchirant qui me sortit de mes songes, et le lit qui fut soudainement trempé. L’accouchement se déclenchait. Ecarquillant les yeux, j’ouvrais la porte en trombe, attrapant la première infirmière qui arrivait : « UN DOCTEUR ! Ma… le bébé arrive, elle a perdu les eaux. » Acquiesçant, elle se mit à courir, et oubliant le reste un instant pour m’assurer que ma fille allait naitre dans de bonnes conditions, je me rendais auprès d’Eileen du côté non occupé par Josh et je lui posais la main sur le bras pour capter son attention.« Ecoute-moi. C’est pas le moment de penser à autre chose qu’à elle et à toi. Je me fous de ce qui se passe autour, il peut y avoir un tsunami, ça n’est pas important. » J’étais ferme, peut-être trop directif, mais mon seul souhait c’était que mon miracle le reste. « Pense à elle, à tout ce que tu as fait jusqu’à présent pour elle. Elle arrive en avance parce qu’elle meurt d’envie de voir sa maman. » Je ne savais si c’était le cas, je ne savais même pas dans quel état elle arriverait, et étant prématurée, on l’enlèverait probablement tout de suite à sa mère, mais il était hors de question que ma seule raison de tenir bon, sombre à son tour. « Alors tu vas tenir bon et tout ira bien. Tu inspires et tu expires, sans paniquer, ça va aller. » J’aurais voulu être tendre, j’aurais voulu lui sourire, mais mon cœur se dissociait de tout ce que je pouvais ressentir pour elle à l’heure actuelle, non sans me détruire un peu plus à chaque seconde.

Toutes les promesses qu'Eileen et moi on s'est fait au cours des années, je compte les tenir pour toujours. Quoiqu'il arrive, je sais qu'elle sera toujours là pour moi, tout comme je serais toujours là pour elle, mais je ne veux pas être autre chose que son mari à ses yeux, je veux le rester et je vais surtout tout faire pour que ce soit le cas. Pourtant, je sais que la situation semble beaucoup plus compliquée dans sa tête et en aucun cas, je veux la forcer à être dans une position où elle doit choisir entre lui et moi, mais je sais aussi qu'elle ne pourra pas être ma femme si elle reste avec lui tout comme elle ne pourra pas être avec lui si elle reste avec moi. Eileen n'est pas une femme comme ça de toute façon, elle est fidèle, loyale et elle ne jouerait jamais volontairement sur deux tableaux. Si elle est dans cette situation présentement c'est parce qu'elle ne pensait pas que j'allais revenir. Et oui je pensais qu'elle garderait espoir plus longtemps, oui j'aurais aimé qu'elle ne me remplace pas par un autre homme, mais qu'est-ce que je peux faire mise à part me battre pour elle et souhaiter qu'elle décide de continuer à faire sa vie avec moi ? De toute façon, je sais que ce bébé est tout de même là et que forcément, le père du bébé restera dans sa vie. Quoiqu'il arrive, il est certain que je ne la laisserais jamais tomber et que même si ce bébé n'est pas le mien, je compte faire parti de sa vie aussi si Eileen m'en laisse l'occasion. Elle et l'homme qui vient tout juste d'entrer dans la pièce. Owen. Mon meilleur ami qui semble en avoir bien profité alors que je n'étais plus là pour lui bloquer le chemin. Le voir ici me fait à la fois beaucoup de mal et pourtant, une minime partie de moi est tout de même heureux de voir celui qui a toujours été comme un frère à mes yeux. Pourtant, je ne peux pas concevoir le fait qu'il a profité de mon absence pour fondre dans les bras de ma femme alors qu'il se disait être mon meilleur ami. J'ai le coeur qui se serre encore plus dans ma poitrine et cette souffrance qui ne semble pas vouloir disparaître tout comme ce sentiment de trahison qui me percute violemment. Comment a-t-il pu me faire ça ? A-t-il même été triste d'apprendre ma mort ? Fronçant les sourcils, je regarde Owen qui semble aussi chamboulé que je le suis de le trouver ici et surtout de comprendre ce qui se passe entre Eileen et lui. « Si ça peut te rassurer, je ne comprends pas non plus comment c'est possible. » Et évidemment, je ne parle pas du fait que je sois vivant puisque je sais qu'on m'a soigné après un coma, mais ce n'est pas vraiment le moment de me lancer dans les grandes conversations. Surtout que je n'ai pas vraiment envie de me confier à lui présentement alors que par le passé, c'était si facile de tout lui dire. Je savais qu'il ne me jugerait jamais et là, même si je sais qu'il est le seul à pouvoir comprendre tout ce que j'ai vécu là-bas, je n'ai pas du tout envie de lui parler, de m'ouvrir à lui. Complètement perdu, j'arrive difficilement à me contrôler, mais je tente de me concentrer et je regarde Eileen comme pour avoir une confirmation de ce que je pense. Le mal que je ressens au moment où j'entends son petit "oui" dans un murmure me fait beaucoup trop de mal et je ne veux surtout pas m'imaginer Owen et elle partager des moments aussi intimes, mais je n'arrive pas à penser autrement. J'ai soudainement un peu plus de difficulté à respirer, j'ai toutes ces émotions qui se bousculent à l'intérieur de moi, mais je demande tout de même à Eileen si elle veut que je reste avec elle. Sa réponse me fait rapidement comprendre que je n'ai plus ma place ici et... c'est le pire sentiment au monde de le comprendre alors qu'elle est ma femme et que je pensais réellement retrouver une vie qui m'aiderait à tenir bon, là, je n'en suis plus si certain. Elle ne veut plus de moi. Ou bien elle est juste désemparée par la situation, je n'en sais rien. Ce qui me fait rager par contre c'est le commentaire d'Owen qui semble insinuer que j'étais en train d'insulter Eileen ce qui était loin d'être le cas. En aucun cas je vais insinuer qu'elle a fauté ou qu'elle est une mauvaise personne pour la simple raison que je ne le penserais jamais. Eileen est parfaite à mes yeux, elle le sera toujours d'ailleurs. « Je sais qu'elle n'y est pour rien, je n'ai jamais rien dit contre ma femme. En fait, je tentais juste de faire comprendre à cette dame que tu as ta place dans cette pièce. » Et peut-être que je ne devrais même pas le faire, mais au fond, je sais que c'est le mieux. C'est lui le père de ce bébé, il a besoin d'être là pour assister à la naissance de son enfant non ? Je suis peut-être en colère contre lui, mais je n'ai pas le droit de le priver de ça, même si j'aimerais ne pas quitter Eileen, parce que j'ai promis de ne jamais l'abandonner. Puis lorsque je comprends qu'elle est en train d'accoucher, je panique et j'ai à peine le temps de placer un mot qu'Owen est déjà en train d'alerter un docteur qui se précipite dans la chambre alors que mon meilleur ami se rapproche de ma femme, tentant de lui faire comprendre - d'une façon loin d'être tendre - qu'elle doit penser uniquement au bébé et à elle alors que je sais que je vais devoir partir si c'est vraiment ce qu'elle veut. M'approchant d'Eileen, mes doigts toujours enlacer avec les siens, je dépose un baiser sur son front. « Ça va aller, tu es la femme la plus forte que je connaisse et... elle ira bien aussi, tout ira bien. » Dis-je sans vraiment le savoir. Ou du moins, elles iront bien, mais est-ce que ce sera mon cas ? Ce qui est certain c'est que je préfère nettement plus son bonheur au mien.

@eileen hastings & @owen raleigh

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Owen était tout aussi étonné que moi du retour de Josh. Personne ne s'y était attendu et évidemment encore moins le jour de mon accouchement. Je n'étais pas au terme, j'en étais même loin et peut-être que le choc de revoir mon époux que je croyais mort avait déclenché quelque chose. Je n'étais pas vraiment apte à me poser ce genre de questions dans l'état actuel des choses. Cela dit, je comprenais que Josh lui-même se demandait comment il avait réussi à s'en sortir, comment il était revenu en un seul morceau. Au fond, peu importait comment, c'était sa survie qui prédominait. Je les regardais, tentant de me concentrer sur eux même si les douleurs que je ressentais aurait pu me faire tourner de l'oeil en quelques secondes. J'avais une certaine résistance à la douleur fort heureusement pour moi et pour le bébé. Je mordais ma lèvre alors que je voyais dans le regard de Josh à quel point il était blessé d'apprendre que je portais l'enfant de son meilleur ami. Mon regard se posait sur Owen qui était pétrifié par la situation et je ne pouvais que le comprendre. Ce n'était pas le scénario idéal et pourtant, j'étais rassurée qu'il soit là pour accueillir notre bébé au cas où je n'en serai plus capable d'ici peu. Je ne savais pas si ma souffrance était normale mais si je devais ne pas m'en sortir, j'aurais au moins pu voir leurs visages avant de m'en aller. C'était ma seule satisfaction du moment. Owen n'appréciait pas les propos de mon mari et je les regardais légèrement s'écharper. J'aurais préféré qu'il se prenne dans les bras mais on était bien loin de ce genre de scénario et c'était purement et simplement ma faute. J'étais la seule fautive dans l'histoire. « D'accord et bien hum... oui, vous pouvez rester. » tentait de déglutir l'infirmière avant d'aller chercher un médecin quelque peu secouer par les ordres du futur papa qui réagissait à mes cris. J'avais du mal à me contrôler et la peur prenait le dessus sur tout le reste... On aurait le temps de s'expliquer plus tard, pour le moment il fallait juste sauver mon bébé. Je sentais mes larmes déchirer mes joues en coulant dessus et je tentais de respirer comme je le pouvais. Mes yeux se levaient vers Owen qui venait enfin de me rejoindre et je serrais sa main aussi fort que je le pouvais. « Me.. lâche pas. » dis-je avec difficulté et j'approuvais à ses paroles bien qu'assez directives. Je me focalisais sur ses mots plus que la façon de parler parce que c'était uniquement pour mon bien, je le savais. Je ne lâchais pas non plus la main de Josh comme si j'avais besoin de leur deux énergie pour m'en sortir... c'était peut-être ça d'ailleurs. Je serrais leurs mains et lâchant un nouveau cri. Mon corps était en ébullition et je n'avais jamais rien ressenti de tel auparavant. Je tournais la tête vers Josh qui me motivait lui aussi. Je ne savais pas ce que j'avais fait de bien dans ma vie pour avoir, encore aujourd'hui son soutien. « C'est... trop dur. » avouais-je entre deux gémissements de douleurs. Je n'avais pas eu le temps d'avoir le moindre effet pour estomper les douleurs, c'était comme une plaie prise au vif et mon dos souffrait atrocement... Cela dit, je savais que ce n'était du qu'à mon enfant qui tentait de sortir pour nous rejoindre. Je devais tenir le coup et je n'étais pas certaine d'avoir un jour serrer des mains aussi fortement. J'oubliais tout autour de moi. Peut-être qu'Owen allait m'en vouloir ou en vouloir à Josh de ne pas être sorti, ou alors c'était mon mari revenu d'entre les morts qui allait finalement se retourner contre moi. Personne ne pouvait savoir ce que cette situation allait donner. Les médecins arrivaient finalement pour me prendre en charge et me faire accoucher. « Ok elle sature, faut la sortir. » lançait le médecin sans nous expliquer plus si ce n'était de me dire de souffler et de pousser. J'utilisais mes dernières forces pour pousser. « Elle va bien ? » répétais-je deux trois fois en parlant du bébé puisque je ne savais pas qui saturait au moment ou le médecin avait parlé, elle ou moi. Il me fallait quelques longues minutes, qui étaient interminables pour qu'enfin j'entende un cri mais cette fois-ci ce n'était pas le mien, mais celui de ma fille. « C'est une fille ! » criait une des sages femmes avant d'emmener directement notre bébé bien trop prématurée pour qu'elle ne respire et ne crie comme l'aurait fait un bébé arrivé au terme. « Je... veux la voir. » quémandais-je alors que j'étais complètement épuisée mais aussi angoissée de ne pas la voir, la toucher et la cajoler.

Fool me once, fool me twice, are you death or paradise?

Jamais je n’aurais cru me retrouver dans une telle situation. Au regard de l’état dans lequel j’avais été récupéré il y a de ça presque un an maintenant, il m’avait apparu impensable que Josh ait survécu à l’aridité du désert. D’autant plus que j’aurais pensé qu’une fois remis sur pied, il aurait tenté de contacter l’armée. Il n’en avait rien fait, et tout ça était louche. Aussi, si j’étais quelque part soulagé qu’il soit en vie, son retour ne m’apportait rien de bon. Il existe une tension intempestive entre nous et je ne pense pas qu’elle diminue de sitôt. Il me juge, je sais qu’il me perçoit comme une personne sans valeur, sans honneur alors qu’il n’a pas idée de l’enfer dans lequel Eileen et moi avons été projetés. Et je pense qu’il ne mesure absolument pas ô combien j’aime cette femme et que je l’ai toujours aimée, bien avant qu’il soit dans le tableau. « Non. Pas franchement. » Parce que je ne comprenais pas comment il avait pu se retrouver là avec ma compagne, à l’hôpital, avant moi, sans avoir signalé à l’armée qu’il était bel et bien vivant. Il pouvait être considéré comme déserteur. Si je ne comptais pas avertir ma hiérarchie pour ne pas lui causer du tort, je me mettais moi-même en porte-à-faux. Mais pour l’instant, je ne pensais à rien de tout ça. J’étais accablé par la présence de Josh, aussi bien par son retour, que par la situation en elle-même. Et je ne savais même plus comment réagir. Tout me semblait fou, je n’arrivais même pas à regarder Eileen dans les yeux, parce qu’elle m’avait à peine calculé. M’avait-elle fait appeler, ou l’infirmière avait cru bon de prévenir tout le monde ? Je ne voyais pas Alex, il n’avait peut-être pas vu l’appel. En tout cas, j’aurais aimé tomber nez à nez avec lui plutôt que mon meilleur ami. D’autant plus que Josh est de plus en plus amer avec moi, jouant les maris protecteurs en insistant sur les mots comme pour me faire déguerpir. Je détestais cette attitude. Aussi, je lui répondais d’un ton sec : « J’ai pas besoin de toi pour savoir que j’y ai ma place. » Il était hors de question que je me prive de la naissance de ma fille. Au fond, je ne me raccrochais plus qu’à ça. Tout s’enchaina très vite, Eileen se tordait de douleurs, et il fallut prendre les choses en main. Elle pleurait et je ne saurais dire si c’était par peur de perdre notre enfant ou si c’était parce qu’elle se retrouvait dans une situation que seuls les parents de Josh avaient anticipée. Ses premiers mots à mon attention auraient dû me rassurer, me faire du bien. « Je suis là. » Et si je lui assurais que je n’allais nulle part, l’attitude de Josh me déroute totalement. Il lui dépose un baiser sur le front, toujours là et je crois rêver. Ce n’est pas le moment de se lancer dans une compétition. Je détourne le regard, prenant sur moi pour ne pas tout envoyer valser. Je ne pense qu’à Honor. Je suis prêt à tout pour qu’elle vive. Eileen se plaignait, elle avait peur de ne pas y arriver, et malgré ce sentiment vivace de jalousie, je m’efforçais de la motiver pour ne pas qu’elle perde pied. « Non c’est pas trop dur. Tu vas y arriver, elle a besoin de toi. » Je savais qu’il y avait des risques que notre bébé ne s’en sorte pas. C’était ma crainte ultime, et même si j’étais impuissant dans une telle situation, je laissais Eileen me broyer la main comme elle le souhaitait, cherchant à caler ses souffles sur les miens pour l’inciter à suivre les directives des médecins qui parlaient de saturation. Evidemment, l’enfant immature ne pouvait respirer correctement par elle-même. Terrifié, je sommais Eileen de tenir bon : « Eileen, pousse. Elle ne peut pas respirer, alors il faut la sortir vite. Encore un effort. » Eileen donnait tout ce qu’elle avait, je reconnaissais la battante dont j’étais tombé amoureux, mais rien ne me faisait sourire. Et puis un petit cri fendit l’air. Ma fille. Mes yeux se levèrent immédiatement pour suivre le trajet du bébé qui passa dans les bras du médecin. Je n’eus même pas l’opportunité de couper le cordon ombilical. Une nouvelle déception à encaisser. Jamais je n’aurais cru avoir un goût amer le jour de la naissance de mon bébé. Mais la joie de poser les yeux sur elle, même brièvement, pris le pas sur tout le reste. Elle était en vie. Je poussais un grand soupir de soulagement, lâchant la main d’Eileen, interpellant le docteur, le suivant. « Docteur… Puis-je venir ? » Mon bébé avait besoin de moi comme j’avais besoin d’elle. Rester auprès d’elle me permettrait d’oublier toute la mascarade à laquelle j’avais assisté, mais le médecin m’en empêcha. « Je regrette, Major, mais vous allez pouvoir la voir une fois en couveuse. » Il avait remarqué mon grade sur mon uniforme. « Et sa mère ? » Questionnai-je puisqu’il m’apparaissait inhumain de lui enlever son bébé maintenant même si c’était pour lui sauver la vie. « Elle pourra la voir au même titre que vous dans le service néonatal. » Acquiesçant, il me quitta sur ces entrefaites et je retournais dans la chambre pour avertir Eileen qu’elle allait devoir patienter un peu. Pour l’instant l’enfant serait dans une unité de soins néonataux. « Ils vont la mettre en couveuse, on pourra la voir une fois que c’est fait, ils ont un service où les prématurés sont surveillés. Enfin… si ton état le permet. » Je me pinçais les lèvres, jetais un regard à Josh puis de nouveau à Eileen et agacé par l’ambiance nocive qui régnait ici, je quittais la pièce pour me rendre jusqu’au service qui s’occupait des prématurés, regardant à travers la vitre tous les bébés qui s’y trouvaient tandis que tout le monde s’affairait autour de mon bébé, mon petit miracle, seule certitude.

Ma place est loin d'être ici présentement et je sais que je devrais tenter de me calmer, de ne pas réagir aussi rapidement à tout ce qui se passe sous mes yeux, mais après tout ce que j'ai vécu, je pensais réellement que poser à nouveau mes pieds sur le sol américain allait m'aider à guérir certaines blessures que je ne pense pas pouvoir apaiser maintenant que je vois tout ce que j'ai manqué. Une part de moi aimerait en vouloir à Eileen d'avoir refait sa vie aussi rapidement, mais je suis tout simplement incapable d'être en colère contre elle puisqu'au fond, tout ce que j'ai toujours voulu c'est qu'elle soit heureuse. Par contre, je ne peux évidemment pas cacher la souffrance que je ressens de voir que la personne avec qui elle arrivait à l'être est nul autre que mon meilleur ami. Je n'ai jamais eu peur qu'il se passe quoique ce soit entre eux avant notre mission pour la simple raison que je sais qu'Eileen est une personne loyale et fidèle, qu'elle m'a réellement aimé et que c'est sans doute encore le cas, mais maintenant que je comprends qu'il est le père du bébé et qu'il en a bien profité pendant que je me battais entre la vie et la mort, je n'arrive tout simplement pas à le regarder de la même façon. Il a toujours été comme un grand frère pour moi et sans doute qu'il le restera toujours à mes yeux, mais là, j'ai l'impression qu'on m'a planté un couteau en plein coeur tellement la trahison me fait mal. « Ce n'est pas vraiment le temps d'en discuter non plus. » Dis-je froidement, tentant surtout de me concentrer sur Eileen et sur sa souffrance qui me fait de plus en plus mal au coeur. Je déteste la voir comme ça et ne pas pouvoir l'aider, mais j'ai aussi cette fâcheuse impression d'être un inconnu dans cette pièce, de ne pas avoir réellement droit d'être là et je me donne cette permission parce qu'en aucun cas je veux la laisser seule, la laisser affronter tout ça sans personne à ses côtés. Je sais que ce n'est pas le temps de parler d'elle et moi, de parler avec Owen ou même de lui imposer le fait de devoir faire un choix maintenant. En fait, je veux seulement qu'elle se concentre sur la naissance de sa fille et pas sur autre chose. Tout ce qui est important c'est qu'elle reste en vie et sa fille aussi et je n'ai pas envie de ruiner encore plus ce moment pour elle et même pour Owen, mais je ne veux pas non plus l'abandonner parce que nous avons toujours tout surmonter ensemble et que je veux encore que ce soit le cas. Je sais qu'Owen va sans doute me détester autant que j'ai l'impression que c'est le cas pour ma part aussi, mais honnêtement, je ne pense qu'au bien d'Eileen pas au fait d'être le meilleur de nous deux. Ce n'est pas à moi de juger ça. « Ce n'est pas non plus ce que je disais, mais crois ce que tu veux. » Je soupire, repose à nouveau mon regard sur Eileen et serre davantage sa main lorsque les médecins arrivent dans la chambre afin de l'aider à accoucher de sa petite merveille. Je reste silencieux, tente de ne pas trop prendre de place et surtout, de canaliser ma colère et cette souffrance que je ressens en voyant tout ce qui se passe sous mes yeux. Ils vont avoir ce petit bébé ensemble et je sais que bientôt, je n'aurais plus ma place dans ce tableau de famille. Écoutant Owen parler à Eileen, je fronce les sourcils, n'appréciant pas réellement son ton tout en laissant ma femme s'accrocher à ma main et à celle de mon meilleur ami. Elle a besoin d'avoir tout le soutien du monde et si je peux lui en apporter, c'est le plus important à mes yeux. Tout se passe tellement rapidement que je n'ai pas réellement le temps de comprendre ce qui se passe lorsque les médecins quittent avec la petite. Je sais qu'elle est née plus tôt qu'elle le devait et qu'ils doivent s'occuper d'elle, mais voir Eileen complètement désemparée et détruite de ne pas pouvoir tenir sa petite fille dans ses bras après autant de souffrance à la mettre au monde me déchire le coeur. Lorsqu'Owen revient vers elle pour lui expliquer où ils ont emmenés la petite, je tiens un peu plus fort la main de ma femme et regarde Owen quitter la chambre sans comprendre son comportement. Comment peut-il être aussi froid envers elle alors qu'Eileen vient d'accoucher, qu'elle n'est clairement pas bien et qu'en plus, elle n'a pas pu voir sa fille ? « Ça va aller. On trouvera un fauteuil roulant et je vais t'y emmener si tu veux... ? » Conscient que ce n'est peut-être pas l'idéal pour elle, je me racle la gorge et me reprend. « Sauf si tu préfères attendre ton frère ? Je peux tenter de le recontacter si tu veux. »

@eileen hastings & @owen raleigh

i promised that i will always come back to you.

Mon corps était en feu et je ne les entendais plus. Je n'osais pas imaginer ce qu'ils se disaient... Est-ce qu'ils allaient s'écharper ? Ou est-ce qu'ils allaient prendre sur eux ? Je détestais ce sentiment de culpabilité qui me rongeait. Je ne méritais aucun d'eux, je ne méritais absolument pas leur amour parce que je ne savais pas comment le gérer. On ne pouvait pas aimer deux personnes, j'en étais persuadée et pourtant, j'en étais là, à avoir le cœur couper en deux. J'hésitais à me laisser aller, à aider ma fille à sortir, à vivre pour finalement me relâcher pour de bon. J'allais leur manquer quelques heures, quelques jours tout au plus mais Owen aurait Honor et Josh allait forcément retrouver une femme qui le méritait. C'était une option que j'envisageais jusqu'à ce que la douleur ne me sorte de mes pensées morbides. Leurs voix se mêlaient pour me dire de tenir bon, de continuer et que je pouvais le faire, que la force que j'avais en moi devait ressurgir maintenant. Je sentais les larmes, à nouveau se déverser, sur mes joues. Était-ce du à la situation ou à la souffrance ? Les deux sûrement. Finalement, je donnais tout ce que j'avais pour sauver mon bébé. Mes jambes me faisaient mal, mes bras aussi et mon cœur déchirait ma poitrine mais j'y arrivais, je la sauvais et enfin, elle était là. J'avais à peine le temps de reprendre mon souffle que je la voyais s'éloigner et je regardais, autour de moi, paniquée. « Non non... pas ça... » gémis-je alors que je voulais toucher ma fille, je voulais l'avoir près de moi, la sentir respirer. Owen ne m'accordait plus un regard, comme si je n'étais que le corps qui avait accueilli sa fille depuis neuf mois, rien de plus. J'étais à bout de force et à bout de tout mais il semblait n'en avoir que faire. Peut-être était-ce sa façon de gérer les choses, les émotions de découvrir sa fille mais aussi de revoir son frère d'armes. Je n'avais pas envie de l'excuser, je souffrais trop. Je mettais ma tête dans mes mains laissant échapper plus de larmes, un flot sans fin. Je relevais la tête en entendant la voix d'Owen, ce ton froid et distant. Je n'eus pas le temps de répondre qu'il était parti. Je posais ma main sur mon corps comme pour éviter qu'il ne se brise littéralement parce que c'était exactement ce que je ressentais. Il m'avait asséné le coup de grâce. Je tentais de reprendre mon souffle avec difficulté alors qu'une sage femme s'occupait encore de moi. « Oui... Merci. » dis-je non sans mal en serrant de nouveau sa main. « Oui s'il te plaît, appelle le ou... demande qu'il soit appelé... » J'avais besoin d'Alex et si la présence de Josh était rassurante, je savais que sans lui, je me serais laissée aller dès que mon -ex- compagnon avait franchi la porte me laissant derrière lui. Soudain, je sentais ma tête tourner et je perdais connaissance. « Ne vous en faites pas, ce n'est pas grave, c'est l'émotion... Elle va reprendre connaissance. » lançait l'infirmière avec bienveillance. Elle allait vers moi, prenait ma respiration et ajustait les capteurs pour que rien ne lui échappe. Je me réveillais quelques minutes plus tard sentant un liquide passer dans mon bras. « Honor... » balbutiais-je avant de voir Josh, toujours présent. « Pardon... » je ne savais pas vraiment pourquoi je m'excusais, sûrement pour tout ce que je lui infligeais aujourd'hui. Ma grossesse, mon accouchement et par évidence, ma relation avec Owen ou ce qu'il en restait. Il devait se demander quel type d'histoire on partageait et connaissant mon mari, il n'allait pas apprécier que son ancien meilleur ami n'est pas plus de délicatesse à mon égard.