Je n'apprécie pas spécialement ces coins où la dépravation est reine, où s'agglutinent les uns aux autres une masse d'imbéciles en quête d'un coup d'un soir, où se côtoient bouteilles, cigarettes et drogues. Malgré tout, le bar reste le seul lieu où l'on peut faire des rencontres rapidement, le seul où tout le monde est ouvert à la discussion. Il est vingt heures... on se vêtit tout en simplicité d'un polo noir, d'un pantalon sombre à ourlets et de mocassins bleu marine, on monte dans sa lamborghini et on se rend dans un de ces endroits tant redoutés. En descendant de la voiture, des difficultés à me repérer surviennent. Il faut dire que je n'ai pas l'habitude de sortir à ces heures-là. Les magasins sont déjà barricadés. Voilà qui fait froid dans le dos. La rue est sombre, très sombre. À tous les coups, un aliéné va surgir derrière-moi pour m'agresser. Heureusement, Dieu inventa les lampadaires. Je fais le signe de la croix en passant ma main d'abord sur la tête, ensuite sur les différentes régions de ma poitrine puis je longe la rue en direction du bar dont j'avais repéré l'adresse sur google. Tous les avis sont positifs. J'en jugerai quand je serai dedans. Peut-être que mon avis tranché sur ces endroits changera au fil de cette soirée. Après tout, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Quelques personnes squattent devant l'entrée. Je me dirige vers elles sans prendre le temps de les saluer et j'ouvre la porte. À ce moment-là, je manque de faire une crise d'asthme. Une forte odeur de tabac papillonne autour de mes narines. Les fumeurs sont nombreux, c'est ce que je craignais. Tant bien que mal, je me dirige vers le comptoir. Je m'installe sur un tabouret et devant moi, le serveur me demande ce que je veux prendre : « Euh... un lipton, s'il-vous-plaît. ». Je n'en dis pas trop. Je me montre assez timide et peu bavard. Cet univers est tellement nouveau pour moi... Il me sert ma coupe non-alcoolisée et je commence à siroter. Pour l'instant, j'observe un peu ce qu'il se passe sans trop parler. En espérant que quelqu'un fasse le premier pas pour me sortir du silence. Les gens n'ont pas spécialement l'air de correspondre aux clichés que je me suis fait des bars : ils ont l'air de s'amuser sans tomber dans une déchéance. Après, ça ne fait que cinq minutes que je suis là, c'est assez peu pour juger. Attendons la suite...

Être propriétaire d'un garage ce n'est pas de tout repos, à mon âge je dois m'imposer patron face à mes employés qui, pour certains, peuvent avoir plus que moi niveau âge et ce n'est pas toujours simple, mais j'arrive à m'imposer et je ne compte pas lâcher. Si je suis propriétaire aujourd'hui c'est grâce à mon patron de l'époque qui, à sa retraite, n'ayant pas d'enfant, à décidé de me céder le tout. Aujourd'hui il est encore à mes côtés de temps en temps, et c'est véritablement un grand soutiens pour moi. Comme tous les jeunes de mon âge, il m'arrive de sortir le soir, mais pas tous les soirs et puis, finalement assez rarement quand même puisque je dois me lever tôt le matin et que je ne suis pas du genre à boire, donc il est compliqué pour moi d'être réellement dans l’ambiance. Malgré tout, il m'arrive de faire des efforts pour les cas exceptionnels, à savoir les anniversaires, ou alors les grands événements de ce genre-là. Ce soir justement, c'est pour l'un de ces fameux événements que je dois me rendre dans un bar ce soir, c'est toujours mieux qu'une boîte de nuit après tout, je pourrais partir quand j'en aurais envie, et plus facilement sans être forcément dévisagé. Ce soir donc, c'est l'anniversaire d'une amie d'enfance et ma sœur et moi-même sommes invités pour l'occasion de ses 25 ans. Ma sœur est tout l'inverse de moi, elle, elle aime boire, avec modération évidemment, mais elle aime faire la fête, bien le contraire de son jumeau. Nous arrivons tous les deux ensembles à la soirée, nous saluons tout le monde rapidement et ma sœur se met rapidement dans l'ambiance, quant à moi, je me dirige vers le bar. « Bonsoir, un coca s'il vous plais. » Je sais que c'est peut-être étrange comme commande dans un bar, mais c'est tellement naturel pour moi que je m'en fiche de ce que peuvent penser les gens autour ou bien les barman eux-même. D'ailleurs, en parlant du barman, il me regarde comme un extraterrestre lorsque je lui demande mon coca. « Bah quoi ? Je ne bois pas d'alcool. C'est tout. » Lui dit-je en toute décontraction.