Je crois que si mon portable ne coûtait pas aussi cher – bien que l’argent ne soit pas un problème – il aurait fini explosé contre le mur le plus proche. Cette conversation m’a énervé autant qu’elle m’a fait du mal. Il est passé à autre chose. A quoi je m’attendais venant de l’homme qui m’a trompé il y a deux ans ? A mieux et ça commence à m’agacer. C’était plus simple de prétendre aller mieux lorsqu’il était en tournée, maintenant qu’il est de retour à Los Angeles j’ai simplement envie de savoir que je ne suis pas la seule qui n’ai pas tourné la page. Visiblement si et ça m’agace à tel point que je décide de sortir ce soir. Je suis de repos et j’aurais dû laisser mon corps se reposer après cinq jours non-stop au boulot mais non. Il faut que je me vide la tête et que je chasse ma morosité. Ça ne durera qu’un temps, demain je serais de nouveau de mauvaise humeur, c’est toutefois mieux que rien. Décidée à prendre un peu soin de moi, j’ai trois bonnes heures à tuer avant que l’ambiance soit vraiment au rendez-vous dans les bars alors j’en profite jusqu’à ce que l’heure soit arrivée. Cheveux plus ou moins lissés, j’enfile une combishort verte sauge en cache-cœur qui dévoile mes formes sans trop en montrer. Je noue les brides de mes chaussures à talon et me voilà prête à profiter de la soirée. Le bar dans lequel je me rends n’est pas difficile à choisir. J’ai besoin de parler, besoin de voir une tête connue et qui me fera du bien – probablement rire aussi. Ma meilleure amie n’étant pas disponible, la personne à laquelle je pense immédiatement après elle c’est Noa. Hormis quelques messages lorsque je ne suis pas trop tête en l’air pour oublier, je ne l’ai pas vu depuis ce qui me semble être une éternité. Je sais en revanche qu’elle est de service ce soir ce qui ne l’a jamais empêché de parler et, dans le pire, des cas je lui prêterai main forte gratuitement. Préférant éviter le risque de tomber sur des gars un peu lourds dans les transports, j’hèle un taxi qui passe dans ma rue et grimpe à l’arrière avant de lui donner l’adresse. J’en profite pour vérifier mes derniers messages et y répondre avant de fermer les yeux, l’arrière du crâne contre l’appuie-tête. C’était vraiment bien plus simple lorsqu’il était loin, je n’avais pas à me torturer autant. Je soupire un bon coup et décide d’arrêter d’y penser le reste du trajet. Taxi garé devant le bar, je paye ma course, laisse un pourboire et trottine jusqu’à l’intérieur. Dans cette partie de la ville autant dire que je n’ai pas très envie de tarder dehors mais une fois dedans je sens déjà des regards tomber sur moi. Entre ma tenue et mes cheveux d’un roux claquant, rien d’étonnant. Je les ignore pour aller me glisser au bar où Noa est occupée à servir un client mais lorsqu’elle pose les yeux sur moi après avoir fini, mon sourire vient illuminer mon visage. « Bonsoir, bonsoir Parrish ! » Mes avant-bras sur le comptoir, je me penche et laisse mes cheveux glisser sur mon épaule. « T’imagine qu’il faut que je ramène mes fesses jusqu’ici pour te voir, où va le monde ? »
Depuis le décès de mon père, j'avais repoussé toutes les personnes auxquelles j'aurais potentiellement pu m'attacher. Je n'avais jamais eu de remords me sentant même souvent libérée une fois que c'était fait, une fois que j'avais pris la fuite. La solitude pouvait faire peur mais c'était un refuge plus que confortable pour moi. Je n'étais pas prête à aimer, pas prête à souffrir pour quelqu'un et pire que tout, à peu-être perdre cette personne. Peut-être étais-je trop radicale dans mes décisions mais je me souvenais trop de la douleur que j'avais ressenti quand mon père avait été tué et ce n'était pas quelque chose que j'étais capable de supporter à nouveau. Bien sur, je savais que je m'attachais de plus en plus à Elio mais j'aimais me voiler la face en me disant que lui comme moi, ne voulions rien d'autre que nous amuser. C'était la pure réalité d'ailleurs même si je me surprenais à regarder un peu plus souvent mon téléphone pour vérifier que je ne ratais pas un de ses messages. Toutes les excuses du monde étaient bonnes pour justifier mon geste et clairement mon cerveau n'était pas prêt à assumer plus que ça pour l'instant. Je devais me concentrer sur mes clients, plus que nombreux ce soir et oublier un peu le bel italien qui hantait mon esprit. Ce n'était pas choses faciles mais Ellie comptait sur moi pour gérer l'établissement et satisfaire les clients, je ne pouvais donc pas la décevoir. Mon rôle, habituellement, était plus de mettre l'ambiance en dansant mais le responsable nous ayant lâché, je devais gérer l'endroit avant de penser à l'ambiancer. « Je veux bien te servir une énième bière Bill mais je t'appelle un taxi ! » lançais-je à un des habitués qui semblait avoir envie de noyer son chagrin amoureux dans des litres d'alcool. J'avais presque pitié pour lui, en tout cas je pensais à sa sécurité. Soudain, je remarquais une jolie rousse accoudée au bar et un large sourire s'inscrivait sur mes lèvres. « Hey Jorgensen ! » répondis-je en allant vers elle, toujours derrière le bar cela dit, bouteille de Scotch en main. « Je reconnais que c'est abusé mais c'est bien connu, les jolies filles ramènent plus de clients ! » la taquinais-je avant de jeter un coup d’œil autour de nous. « Ça va ? Je t'offre un verre ? » demandais-je en lui montrant la bouteille sans pour autant lui imposer le choix de ce qu'elle désirait consommer.
Sans être la plus grande fêtarde qu’il soit il m’arrive de sortir. D’accord c’est assez rare à cause du travail mais ça m’arrive. Pendant une période, fréquenter les bars était même une habitude, non pas pour y boire mais parce que j’y travaillais. Loin d’être une obligation, lorsqu’on a des parents comme les miens il est difficile de manquer de quoi que ce soit, néanmoins j’ai toujours aimé avoir une certaine indépendance. Payer une partie de mes études et même de mon loyer seule c’était pour moi une petite victoire. Maintenant je n’ai simplement plus vraiment le temps pour bosser ou même sortir plusieurs fois par semaine – ou juste une fois par moment. Concentrée sur mes études, être résidente en chirurgie traumatologique ça demande du temps, tellement de temps que je vois certains de mes proches se poser là où je n’ai eu que des relations dans un soir. Je suis une catastrophe ambulante de ce côté et s’il n’y avait pas eu mon frère pour tenter de me faire sortir de mes habitudes, allant jusqu’à me défier implicitement, je crois que je n’aurais jamais pris le risque de me sortir des murs de l’hôpital. Ce soir ce que dont j’ai besoin c’est de me vider la tête. Puisque je suis de repos, je n’ai pas trouvé mieux que venir ici et voir le joli visage de Noa. Par moment j’ai l’impression que l’époque où nous bossions ensemble remonte à une autre vie. C’était avec elle que j’adorais passer du temps, avec qui parfois il m’arrivait de boire un verre ou deux durant notre service aussi. C’était simple, bon enfant, et ça me manque assez régulièrement. Installée devant le comptoir, face à la jeune femme auparavant occupée avec l’un de ses clients, un large sourire vient immédiatement s’accrocher à mes lèvres. « Hm, faudrait peut-être penser à en faire venir d’autres que la barmaid dans ce cas ! » Il faut le dire : Noa est un canon dans son genre. Je suis parfaitement hétéro contrairement à elle ce qui ne veut pas dire que je ne sais pas apprécier les personnes que j’ai face à moi. Pour ma part je me trouve plus banale que canon, mais j’ai bien conscience d’être jolie même si très honnêtement avec mes heures de garde et ma blouse d’hôpital je me mets rarement en valeur. « Je ne refuse jamais une offre pareille ! » Pourtant les alcools forts ont tendance à m’assommer assez vite mais puisque je n’ai rien à faire avant demain après-midi autant me détendre et ne pas me préoccuper de si oui ou non je vais finir un peu ivre. « Alors dis-moi, belle brune, qu’elles sont les nouvelles ? Depuis le temps je suis persuadée que tu as tout un tas de choses à me raconter. Déballe tout et j’en ferais de même ! » J’hausse exagérément les sourcils et la remercie pour le verre qu’elle pose devant moi. Pour être honnête il n’y a rien de bien passionnant dans ma vie hormis cette histoire de me faire sortir et de m’aider à séduire des hommes mis en place il y a peu.
Voir Nola ce soir me faisait réellement plaisir. Je devais avouer que l'époque ou nous bossions ensemble me manquait terriblement. J'avais la sensation que c'était un peu une autre vie et qu'elle avait parcouru un long chemin depuis. Pour ma part, j'avais un peu stagné même si j'avais bossé d'arrache pieds pour m'imposer dans le monde de la mode en vain. Je commençais à réaliser que ce n'était peut-être tout simplement pas fait pour moi et que ma passion devait rester une passion qui n’alimenterait jamais mon frigo. Ce n'était pas une décision facile à encaisser mais c'était probablement ce qu'il fallait faire ; tout le monde n'avait pas la chance de vivre son rêve à Los Angeles. Je n'avais jamais fait partie des plus chanceux mais c'était ainsi et me morfondre n'allait rien arranger à ma situation de toute façon. Je laissais un petit rire s'échapper de mes lèvres avant de lui lancer un regard malicieux. « C'est ce que je fais doc, regarde toi ! » Et je ne doutais pas qu'à l'hôpital elle faisait ds ravages. Si je n'aimais pas m'identifier dans une case parce que j'avais déjà eu des relations avec des femmes comme des hommes, j'étais toutefois plus attirer par les hommes dernièrement dont un en particulier. Malgré tout, je savais reconnaître quand une femme était un canon. Je m'attelais à lui servir un verre et le posais devant elle. « Cadeau de la maison ! » dis-je en souriant avant de mettre mes mains de chaque côté du bar, toujours face à Nola. « On commence par le positif ou le négatif ? Parce que je t'avoue que j'ai un peu des deux en stock ! » Je grimaçais légèrement et faisais signe à ma collègue de s'occuper des nouveaux clients qui venaient d'entrer dans le bar. L'avantage d'être la plus ancienne était aussi que je pouvais me permettre plus de choses comme donner des ordres mais aussi me poser pour discuter avec une amie. Il fallait bien que je tire le meilleur de mon job. « Pour le négatif, je crois que je vais laisser tomber la mode... J'ai eu trop de déceptions et clairement mon travail ne plait pas. » J'haussais les épaules avant de souffler. « Mais tu ne devineras jamais... Un ami acteur m'a décroché une audition pour un film... Je n'ai jamais fait ça de ma vie mais je vais y aller pour l'expérience ! » Personne n'était encore au courant de ce que Ben m'avait organisé mais j'étais contente de pouvoir le partager avec Nola qui m'avait vu galérer dans tous les sens quand nous étions encore barmaid ensemble. Je me souvenais même qu'elle m'avait une fois accompagnée à un entretien dans une grande maison de couture et qu'on avait fini par descendre les dernières bouteilles du bar pour noyer ma peine après un énième échec. « Et je vois quelqu'un depuis quelques temps, ce n'était pas vraiment sérieux mais je crois que je l'aime bien... » Je grimaçais de nouveau ne sachant pas vraiment ce que je ressentais ou plutôt, ne voulant pas assumer mes sentiments. « A ton tour ! » dis-je en souriant, prête à entendre ce qu'elle avait à me dire.
Contrairement à l’image que mes frères semblent avoir de moi ou l’image que je renvoi tout court, avant mon internat puis ma résidence, j’ai eu une vie. Une vie dans laquelle je m’amusais sans trop penser aux conséquences et ça me faisait du bien. Une vie qui, oui, parfois me manque. Seulement j’adore ce que je fais. Petite intellectuelle de la famille, je m’épanouie dans la branche médicale comme j’aurais pu m’épanouir dans un laboratoire, derrière des éprouvettes. Ce que je fais me passionne mais il est vrai que depuis un bon bout de temps j’ai tendance à négliger ma vie sociale, que ça soit d’un point de vue amical ou amoureux. Dommage, c’est vrai, toutefois ma carrière ne va pas se faire toute seule ce que tous semblent oublier. En revanche, ce soir c’est moi qui veux oublier. Une éternité que je n’ai pas vu Noa, il est grand temps de changer ça et de renouer un peu avec ce passé qui parfois me manque. Installée face au bar, je souris grandement à la remarque de la brune. J’ai toujours su avoir un corps bien dessiné, ma mère me le répète assez lorsque je fais l’effort de le mettre un peu en valeur. Seulement avec l’enchaînement de mes gardes je ne suis pas la fille la plus sexy qui soit, certainement pas, mais le compliment de Noa fait plaisir à entendre. « Il faudrait une bombe tous les soirs, c’est ce que je voulais dire mais merci du compliment. » Il ne faut pas rêver, les jolies filles attirent, c’est comme ça. Les hommes pensent bien souvent en priorité avec leur second cerveau et ne voient donc que les seins et la plastique. C’est triste mais c’est ce qui nous permettait de nous faire pas mal de pourboires. Verre déposé devant moi, je la remercie une seconde fois tandis qu’elle fait signe à sa collègue de prendre en charge les nouveaux clients. « Commence par le pire, ça sera fait comme ça. » Je vois ça comme le fait d’arracher un pansement : plus ça dure et moins on a le courage de le faire. En commençant directement par ça, la douleur sera moins vive par la suite. Sa première annonce me fait un peu bouder. La mode la passionne, j’en sais quelque chose depuis le temps, il faut croire que les gens du milieu ne savent pas ce qu’ils perdent ! Par contre l’annonce suivante me laisse bouche bée quelques secondes. « Sérieusement ? C’est génial ! Tu pourrais avoir une bonne surprise qui sait ! Elle est quand ton audition ? Je pourrais t’accompagner si jamais je ne suis pas de garde. » Je connais le monde du cinéma principalement grâce à mon frère, lui-même acteur, je sais que ce n’est pas facile et qu’elle a là une occasion en or qu’elle ne doit pas manquer. Mon verre porté à mes lèvres, j’arbore encore un sourire jusqu’à la regarder une nouvelle fois avec surprise. J’avale ma gorgée sur la quitter des yeux et demande : « Tu l’aimes bien dans le sens vraiment bien ? Il a un nom au moins ? » Ça me surprend d’entendre ça tout en me faisant plaisir. Les relations … disons que ça n’a jamais été très simple et qu’avec le temps je suis devenue une catastrophe ambulante. « Mon frère m’a fatigué sur le fait que je ne vis pas assez. » Je débute dans un soupire, me lançant à mon tour. « Il a fait en sorte de tourner ça en défi sachant pertinemment que je déteste perdre donc j’ai accepté de laisser son meilleur ami m’aider à … comment dire ? Me remettre en selle ! » Et si je joue le jeu c’est à la fois parce que je n’aime pas perdre un défi que parce que j’ai besoin de ça et que je ne suis pas assez stupide pour le nier. « Sauf que pour le moment j’essuie les critiques. Il a raison sur pas mal de points mais disons que y mettre les formes il ne connait pas. » Ce qui, bien sûr, me fait partir au quart de tour. Que James et moi ayons grandi ensemble ne semble pas vouloir dire que nous nous connaissons.
« Je ne suis pas contre le fait que tu deviennes un pilier de bar. » plaisantais-je en souriant malicieusement. Nola était une belle fille et celui qui osait dire le contraire était un énorme enfoiré. Je n'avais jamais de mal à complimenter mes amis ou les gens que j'appréciais tout simplement. Un compliment ne nous prenait rien et il faisait plaisir surtout quand il était sincère, pourquoi donc s'en priver ? Je lançais un regard à mes collègues pour être sure qu'elles aient compris ce que je leur demandais de faire. Je gérais le bar quand Ellie était occupée ailleurs et je n'avais pas envie qu'il y ait de soucis quitte à passer pour la rabat-joie, je m'en foutais royalement. Je n'étais pas mécontente de prendre un peu de temps avec Nola, ça faisait des semaines voir des mois qu'on ne s'étaient pas vus et ça me semblait être un éternité. Bien sur, c'était compréhensible avec ses études et mes horaires totalement décalés aux horaires d'une vie plus normale. « C'est complètement fou, je n'ai jamais pensé à devenir actrice... C'est dans trois jours alors avec plaisir ! » Un peu de soutien n'était pas négligeable surtout pas quand on savait le stress que je commençais à ressentir. Ben m'avait trouvé cette audition mais je devais faire mes preuves toute seule comme une grande... Je n'avais pas envie de le décevoir et je devais également reconnaître que je n'avais pas envie de subir un énième échec. « Plus que ce que j'avais imaginé quand j'ai commencé à le fréquenter... » Je grimaçais légèrement avant de sourire. C'était compliqué de savoir ce que je ressentais parce que je m'étais mise toujours un nombre incalculable de barrière avec les sentiments amoureux. « Il s'appelle Elio, il est italien. » Bien qu'à son prénom, on pouvait aisément le deviner. Je prenais une gorgée du verre que je m'étais servie et je souriais légèrement, ah les grands frères ! « Il est au courant qu'aucun étudiant en médecine ne vit ? » plaisantais-je alors que la médecine était réputée pour être la branche d'études la plus complexe, ça ne datait pas d'hier. « Attend quand tu dis te remettre en selle, tu veux dire quoi exactement ? » Parce qu'il y avait plusieurs sens à ce qu'elle me disait et si elle me demandait là tout de suite, j'imaginais qu'elle couchait avec son meilleur ami juste pour relever le défi de son frère. « Je vois... Après frère ou pas, il n'a pas a critiquer ta façon de vivre ta vie, ça ne regarde que toi. » C'était ma façon de voir les choses même si étant fille unique, je ne connaissais pas assez les codes sociaux des fratries.
« C’est touchant, mais non merci ! » Je réponds dans un rire. J’ai adoré bosser avec elle, tout comme j’ai aimé travailler dans le monde de la nuit, mais ce n’est définitivement plus compatible avec ma vie actuelle. Je passe de chez moi à l’hôpital puis de l’hôpital à chez moi à une telle vitesse que je n’ai même plus le temps pour le reste. Pas certaine ça se calme une fois titularisée mais j’ai bon espoir que d’ici là je n’aurais plus à faire mes preuves. Cela dit je sais que Noa me dit ça pour me complimenter à en croire mon sourire, j’en suis réellement touchée. Pourtant je passe très vite à la surprise – presque à du choc en fait – en entendant ses révélations. « J’imagine, oui ! Mais tu pourrais trouver ta voie, parfois ça te tombe dessus au moment où tu t’y attends le moins. » Je ne peux pas dire que je parle en connaissance de cause puisque j’ai su vouloir devenir médecin très jeune. Je connais tout de même pas mal de personnes en galère quant à leur avenir qui, presque du jour au lendemain, trouve leur voie par un heureux hasard. J’espère qu’il va en être de même pour Noa, elle le mérite. « Normalement je suis de repos si ça ne change pas d’ici là alors tu n’as qu’à me dire où et quand tu veux qu’on se retrouve. » Dis-je avec un peu trop d’excitation. Noa qui va passer un casting, ce n’est quand même pas rien, je ne peux pas être autre chose que super heureuse et excitée pour elle. Autant que je le suis dès qu’elle me parle d’un homme. « Aaah les Italiens ! » Je dis avec une pointe de malice dans mon regard. « Et ce Elio, il est comment avec toi ? Je suppose que tu lui as parlé de ça ? De ce que tu ressens ? » J’ignore pourquoi les conversations sérieuses avec les hommes ont tendance les faire partir en courant. De véritables chochottes. Je bois un peu dans mon verre, apprécie l’effet chaud de l’alcool dans ma gorge et soupire. « Il l’est mais je pense que comme toutes les personnes qui ne s’intéressent pas à la médecine, il ne comprend pas. » Je suis de loin la plus intellectuelle de ma famille, la plus studieuse et la plus responsable, c’est le cas depuis des années et tout le monde ne le comprend pas forcément. « Si ta question est de savoir si je vais coucher avec le meilleur ami de mon frère la réponse est non, jamais de la vie ! » James est canon, comme tous les membres de sa famille, mais c’est le meilleur ami de Tomas et de toute manière … non, c’est tout. « Il m’aide à mieux comprendre les hommes qui apparemment ne pensent qu’avec leur queue. » Je lance en levant les yeux au ciel. « Mais Tomas a raison, je néglige pas mal ma vie en dehors de l’hôpital et ça me manque de ne pas … sortir plus souvent et le sexe aussi, le sexe me manque beaucoup ! » J’entends le type à côté de moi se mettre à tousser, ayant visiblement avaler sa gorgée de bière de travers, mais je m’en moque. Je dis ce que je pense sans mettre de filtre, je suis comme ça.
Je riais légèrement à son refus et j'haussais les épaules bien que pas vraiment étonnée. Bon, je devais avouer que ma proposition n'était pas des plus intéressantes mais quand même. Je me confiais ensuite sur ce que je vivais depuis quelques jours, l'excitation de cette audition qui n'allait peut-être rien donner mais qui pouvait aussi tout changer pour moi. Je n'avais jamais imaginé faire ma vie dans ce bar mais c'était bien parti pour et si je pouvais bousculer un peu le destin, je n'étais évidemment pas contre. « C'est un peu le cas, je crois... Et je dois dire que tout ça m'excite pas mal, je suis friande de nouveaux défis et ça arrive à point nommer. » Au moment ou je décide d'arrêter la mode et de m'occuper pleinement du bar. Était-ce un signe ? Surement. Nola avait choisi une autre voie, elle aussi et si j'étais nostalgique de nos années derrière ce bar, je savais qu'elle avait fait le bon choix en changeant de vocation. « Super, je te donnerai les détails par message alors. » Savoir qu'elle serait là pour me rassurer mais aussi me motiver me faisait du bien. Rien n'était sur et j'allais peut-être me casser les dents mais au moins, j'avais l'épaule d'une amie pour me consoler. Je lui parlais ensuite d'Elio et je riais à sa réactions sur les italiens. Décidément, ils avaient une sacré réputation mais il fallait bien avouer qu'ils avaient un charme particulier. « Il est juste... génial. » avouais-je avant de grimacer parce que justement, c'était le hic. « Justement non parce que quand on a commencé à se voir... On s'était clairement dit que c'était juste pour le fun. » Et bon sang que le fun et le sexe était enivrant avec lui. « Et si au début ce n'était que du sexe, je crois que ça a changé avec le temps... Et je ne sais pas du tout comment gérer ça ! » Mon amie savait combien je fuyais l'amour, l'attachement et tout ce que je considérais comme futile. Pourtant, je m'étais prise à mon propre piège et je n'en étais pas très fière. Je la regardais et buvais mon verre avant d'approuver de la tête. Je n'étais pas très alerte sur ce qui se passait chez les étudiants en médecine mais entre Nola et Logan, je pouvais bien voir qu'il était plus que difficile de vivre normalement, de sortir et de s'amuser quand on avait autant de travail et de choses à apprendre. « Ne dit-on pas, jamais dire jamais ? » lançais-je en souriant en coin. « Il est sexy ? » demandais-je toujours amusée. « Ça, c'est pas un secret ! » soupirais-je avant de rire en voyant la réaction de l'homme aux paroles de Nola. Sérieusement, les mecs pensaient vraiment qu'entre filles on ne parlait pas librement et de façon plus crue qu'en leur présence ? « Sachant que je ne peux pas vivre sans sexe, je ne peux que te comprendre. Attend ça fait combien de temps que tu ne t'es pas envoyée en l'air ? » Parce que si ça faisait plus d'un mois alors là, il allait falloir reconsidérer l'éventualité de se taper le meilleur ami de Tomas.
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Jeu 14 Mai - 18:30