J'ouvre les yeux et j'ai immédiatement de la difficulté à respirer. Je ne me sens pas bien, j'ai mal partout, je ne sais même pas où je suis. Seule dans une pièce que je ne connais pas, je comprends que je suis sans doute à l'hôpital vu le papier peint immonde et l'horrible sensation que j'ai de ne pas aller bien du tout. Je baisse les yeux avec difficulté et remarque tout de suite que j'ai un bras dans le plâtre et que j'arrive à peine à bouger. Mon corps tout entier me fait mal, j'ai mal à la tête, je veux juste que quelqu'un m'explique ce qui est arrivé. J'ai un peu la sensation de me réveiller après des jours à être inconsciente, mais je ne comprends pas pourquoi. Tout est flou dans ma tête. Je revois Jax entrer dans l'appartement, je revois Ben au sol et le sang près de lui, je ressens encore tous les coups que mon ex petit ami me donne alors que je me laisse complètement faire tout en regardant l'homme de ma vie fermer doucement ses magnifiques yeux et que je ne peux rien faire. C'est comme si j'avais abandonné encore une fois l'idée de pouvoir être forte face à lui tout comme je l'ai fait pendant un an. Je n'ai jamais rien dit, je l'ai laissé faire en pleurant à chaque fois qu'il abusait de moi ou qu'il me frappait. J'ai vécu l'enfer et je pensais que c'était finalement terminé, j'avais la sensation qu'enfin, mon cauchemar pouvait s'arrêter, mais une part de moi savait aussi qu'il était encore là, prêt à sortir à n'importe quel moment. Si pendant quelques semaines je me suis sentie encore plus en sécurité que jamais, j'ai aussi eu une journée absolument horrible avant que Jax n'intervienne et j'ai l'impression que mon pressentiment face à cette mauvaise journée était au final plus que véridique. Peut-être que je suis simplement en plein cauchemar en ce moment et que je vais me réveillé dans les bras de Ben. Peut-être que c'est seulement mes démons qui tentent de venir s'infiltrer dans ma tête et que mes blessures, ma douleur, tout ça c'est faux. Pourtant, même si je cligne des yeux autant de fois que possible, il n'y a absolument rien qui se passe. C'est bien vrai, tout ce qui me semble flou, me revient un peu et juste de penser au fait que je n'ai aucune idée de ce qui se passe avec Ben me fait paniquer. J'entends à peine les bruits des machines qui me maintiennent probablement en vie, mais je ne me sens pas bien du tout. Mon coeur bat trop vite, tout se passe trop rapidement. C'est la nuit, je ne devrais même pas être réveillé à cette heure-là, mais je veux voir Ben. J'ai besoin d'être avec lui pour qu'il me rassure et me dise que tout ira bien. C'est lui le seul qui peut me calmer et tout ce que je vois c'est une infirmière qui s'approche de moi et des médecins qui viennent à mes côtés pour évaluer tous mes signes vitaux. Je ne suis plus là, j'ai l'impression d'être complètement vide, de me laisser simplement aller. Sans Benvolio je ne suis rien, sans ma famille non plus et comme il est tard, il n'y a personne. J'entends les médecins me parler, mais je n'écoute pas. Je veux juste être ailleurs, je ne suis pas suffisamment forte pour survivre à ça, je ne peux pas rester si lui n'est pas là. Il est où bordel ? Pourquoi est-ce que j'ai ce fichu truc sur la bouche qui m'empêche de parler ? Pourquoi je n'arrive pas à bouger ?! Je suis épuisée, complètement perdue, vidée de toute énergie. J'ai besoin de dormir, mais je sais que je n'y arriverais pas. Doucement, je ferme les yeux.
Une nouvelle douleur au niveau des côtes me fait ouvrir les yeux et je vois ma soeur et Blake dans le couloir devant ma chambre. Peut-être que j'hallucine aussi et qu'ils ne sont pas réellement là, mais j'aimerais que ce soit vrai puisque cela voudrait dire qu'ils ont des nouvelles de Ben. Je me fiche un peu de mon état, de toute la douleur que je ressens dans mon corps puisque celle qui me fait encore plus souffrir est celle que je ressens dans mon coeur présentement. J'ai l'impression d'avoir un couteau en plein dans ma poitrine. J'ai de la difficulté encore à respirer et j'ai mal encore plus que cette nuit lorsque j'ai sans doute ouvert les yeux pour la première fois. Tout ce que j'arrive à bouger pour le moment ce sont mes doigts. J'ai la gorge sèche. Tellement que même si j'essaie de parler, je ne suis pas certaine qu'un mot va pouvoir sortir de ma bouche, du moins, pas sans avoir bu de l'eau. Pourquoi est-ce que ça m'arrive à moi ? Pourquoi il a fallu que Benvolio soit là ? C'est de ma faute si je n'ai absolument aucune idée de où il est en ce moment. Tout ce que je revois sans cesse dans ma tête c'est son corps complètement immobile et le sang qui coule sur le sol de l'appartement.
Le retour à la réalité après deux semaines au paradis était compliquée. Pourtant, je n'avais jamais eu de mal à me remettre dans mon travail, dans ma routine et dans les horaires bien plus strictes que pendant les vacances. La différence cette fois, c'était que je ne retournais pas au bureau mais tout droit sur mon canapé. J'étais encore en convalescence et de ce que j'avais compris, ça risquait de durer encore un petit bout de temps. Mon supérieur pensait que j'avais besoin d'être suivie et totalement remise de tous mes maux avant d'être réhabilitée. Si sa considération était touchante, une partie de moi savait qu'il agissait ainsi parce que j'étais une femme. Si j'avais été un homme, j'aurais probablement été remis à mes fonctions bien plus tôt. Foutue discrimination de merde, même le FBI n'y échappait pas. Malgré ça, je tentais de rester positive et d'encourager Blake dans ses nouvelles missions même si savoir qu'il avait désormais une partenaire féminine n'était pas de plus rassurant. Je savais pertinemment qu'on ne choisissait pas son coéquipier et je travaillais avec plus d'hommes que de femmes, je devais donc mettre ma possessivité de femme mariée de côté. Je ne savais pas comment allait se passer les prochaines semaines et avant de reprendre notre rythme infernal, j'avais eu envie de profiter de Blake encore quelques heures quitte à n'avoir que peu de sommeil au compteur le lendemain. Blotti dans ses bras, je n'avais l'esprit qu'à son corps et à rien d'autre mais la sonnerie de mon téléphone portable venait me sortir de mes rêveries. « Mmm sérieusement... » Je tendais le bras et regardais l'écran, me frottant les yeux au passage. « C'est l'hôpital... » dis-je soudainement inquiète m'asseyant dans le lit avant de décrocher. La paix que j'avais ressenti depuis quelques temps me quittait instantanément quand j'entendais les prénoms de Casey et Ben dans une phrase ponctuée aussi du mot agression. Mon sang ne faisait qu'un tour. « J'arrive. » Je raccrochais et me tournais vers Blake. « Casey et Ben ont été agressés, ils sont à l'hôpital dans un état critique. » Fini les câlins et les baisers, je sautais du lit pour enfiler mes vêtements que je tentais, dans la panique, de ne pas mettre à l'envers. « Si je chope l'enculé qui a fait ça. » Je n'avais pour l'instant pas plus de détails mais si j'avais eu mon arme de service à porté de main, je l'aurais surement pris avec moi. J'attrapais les clés de ma voiture et emboîtais le pas de mon mari après avoir fermé notre maison. Blake m'avait pris les clés des mains voyant mon état, il avait suggéré qu'il valait mieux que je ne conduise pas et il avait raison, c'était aussi pour cela que je n'avais pas résisté. Je me posais mille et une question et j'angoissais littéralement. Ma sœur s'était retrouvée à ma place après mon accident en mission et aujourd'hui les rôles étaient inversés... C'était vraiment difficile à vivre, je ne savais absolument pas comment gérer toutes les émotions qui bouillonnaient en moi. Heureusement, Blake était là et sa présence me rassurait même si elle n'atténuait pas mes angoisses. Nous roulions vers l'hôpital et j'attendais à peine qu'il ait arrêté la voiture pour descendre et filer vers l'accueil ou je demandais des nouvelles de ma famille. Parce que Ben faisait partie de ma famille quoi qu'on en dise. Ils étaient pris en charge et nous devions attendre. L'horreur ultime. Je me blottissais dans les bras de Blake le serrant aussi fort que je pouvais. Je ne pleurais que très rarement mais cette situation mettait mes nerfs à rude épreuve. Malgré ça, je voulais être forte pour Casey comme pour son petit-ami. Nous attendions là près de deux heures avant qu'un médecin ne nous appelle pour parler de l'état de ma petite sœur. Nous le suivions dans le couloir et après une discussion poignante, nous étions autorisés à entrer dans la chambre. Doucement je poussais la porte et j'allais vers Casey, serrant les lèvres au vu de son état. Ça me brisait littéralement le cœur et le sentiment d'impuissance que je ressentais déchirait mes poumons me forçant à prendre une plus longue inspiration. « Ma puce, on est là. » tentais-je de dire d'une voix rassurante en prenant le bout de ses doigts que je serrais et en déposant un baiser sur son front.
Où trouve-t-on la ressource pour se reconstruire quand le sort s’acharne ? On avait beau dire tout ce qui ne tue pas nous rend plus fort, j’avais plus qu’apprécié couper avec Los Angeles durant deux semaines. J’avais tenu à couper mon téléphone, à ne pas m’enquérir de ce qui s’était passé au travail pour dédier mon temps à Roxy qui bien qu’ayant effectué un rétablissement éclair, je savais qu’elle avait besoin que je prenne soin d’elle, même si elle ne le formulait pas. Ces deux semaines loin de tout étaient passées à une vitesse extraordinaire, et si on était déçus de rentrer après avoir passé un voyage de noces exceptionnel, j’étais aussi heureux de reprendre mon quotidien. Je savais que Roxy ne partageait pas ce sentiment. Elle ne pouvait pas encore reprendre le travail, et bien qu’elle sache que j’étais passé par là, je pouvais sentir son envie alors qu’à l’époque elle évitait de me faire reprendre le travail trop tôt. Avant de partir pour ma lune de miel, j’avais pu faire la rencontre de ma nouvelle coéquipière, l’agent Fletcher, et je devais avouer que j’avais hâte de voir si ce qu’on racontait à son sujet dans le milieu était vrai. Elle avait l’air d’être une femme dédiée à son travail et d’avoir des résultats. Car j’en avais besoin et vite à avoir passé toutes ces semaines en convalescence puis au chevet de Roxy pour finir par prendre des vacances. Mes supérieurs m’avaient bien fait comprendre que j’allais devoir me battre pour conserver ma place. Lové dans notre lit, en tant que nouveaux mariés, je profitais de ces instants tant que je ne trouvais pas le sommeil puisque nos vacances m’avaient vraiment reposé. On avait pu profiter pour nous lier encore davantage, et rien ne me faisait plus plaisir que de l’avoir dans mes bras. Mais le téléphone sonna pour nous sortir de nos songes. Elle se détacha de moi et je me demandais qui pouvait bien l’appeler à une telle heure. Sans réaliser que ça pouvait être grave et à l’annonce de l’hôpital, mon corps se raidit. Pour y avoir passé les dernières semaines, j’angoissais presque à l’idée d’y retourner. Et à voir le visage de Roxy se décomposer, je compris qu’il s’agissait de Casey. Mes craintes s’étaient confirmées, et je culpabilisais immédiatement de ne pas avoir forcé la jeune femme à témoigner avant qu’il ne soit trop tard. Je me relevais, enfilant un t-shirt et un pantalon à la hâte, car Roxy était dans tous ses états. Il fallait que je sois fort malgré mon inquiétude pour sa petite sœur et son petit-ami. Je n’avais pas ouvert la bouche jusqu’à présent, mais elle parlait déjà de se faire justice elle-même. Lui saisissant le poignet pour l’ancrer à la réalité. « Hey. Ta sœur a besoin de toi, alors tu ne joues pas les justicières, tu restes à son chevet. Je me suis bien fait comprendre ? » Elle était elle-même en train de récupérer, et je refusais qu’elle plonge ou commette des erreurs qui allaient lui causer du tort. Nous quittâmes donc notre maison et il était hors de question qu’elle conduise dans son état, alors, doucement, je glissais ma main dans la sienne et lui retirai les clés. « Je conduis. » Dès qu’il s’agissait de la famille, Roxy ne répondait plus de rien. Garant la voiture non loin de l’entrée pour que Roxy puisse y aller, je finis par la garer à un stationnement plus adéquat un peu plus loin, et la rejoignit peu de temps après, alors qu’on lui annonçait qu’ils étaient pris en charge. L’attente était dure, et je prenais ma femme dans mes bras pour lui donner un peu de réconfort, pour qu’elle tienne bon. « Ils vont s’en sortir, mon cœur. Ca va aller. » Je crois que si ce n’était pas le cas, Roxy n’allait pas s’en relever. Je lui avais porté un café, achetant également une peluche, me rappelant de l’anecdote au sujet de sa sœur et elle, pour tenter de la faire sourire. Puis finalement un médecin nous fit état de leurs blessures, et j’étais en colère. Après Jax, mais après Casey d’avoir minimisé les choses et d’avoir cru que le témoignage n’apportait rien. Cependant, je souhaitais que tous deux s’en sortent, et j’étais rassuré de savoir qu’elle s’était réveillée. Je ne souhaitais pas revivre le calvaire du coma de Roxy. Entrant dans la chambre, restant en retrait par rapport à Roxy, je lançais à Casey : « Hey Mini Lennox… Je t’ai porté une peluche ! » Dis-je en la lui déposant devant elle. Je me sentais mal d’être dans cette chambre, et je n’osais même pas aller rendre visite à Ben pour l’instant, de crainte de revoir Roxy dans le coma.
Cela fait à peine quelques secondes que j'ai les yeux ouverts et j'ai déjà l'impression que mon monde au complet s'écroule sous mes pieds. Je me sens réellement comme si ma tête est sur le point d'exploser et plus je tente de penser à ce que je fais ici, plus je me souviens de ce qui s'est passé lorsque Jax est entré par force dans notre appartement. Tout se déroule à nouveau dans ma tête et je n'aime pas ça. En fait, je déteste cela parce qu'à chaque fois, mon esprit s'arrête sur Ben, couché au sol, inconscient et avec son sang partout sur le sol. Et moi dans tout cela, je ne peux rien faire puisque Jax m'a encore sous son emprise. Il a eu ce pouvoir sur moi pendant une trop longue année et même après notre rupture, je le laisse faire parce que j'ai trop peur de la suite. Je le revois me frapper jusqu'à ce que j'en pleure, jusqu'à ce que je sois tellement faible que je termine au sol pour aller rejoindre Ben en rampant, utilisant mes dernières forces pour le rejoindre et prendre sa main. Je le vois fermer les yeux et s'abandonner complètement et tout ce que je vois après ça, c'est mon arrivée à l'hôpital parce que j'ai probablement fait la même chose que lui et que main dans la main, nous avons tous les deux fermés les yeux, au sol alors que je n'avais pas la moindre idée de l'état dans lequel il était. Peut-être était-ce une façon pour moi de le rejoindre dans cette douleur ou peut-être que j'étais aussi épuisée de me battre et de recevoir des coups tellement fort que mon état est aussi considéré comme grave. Je ne sais pas quel est le diagnostic final puisque je n'ai pas vu de médecin et que les deux seuls visages connus que je vois à l'extérieur de ma chambre sont Roxy et Blake. Soulagée de les voir, tout ce que j'ai pourtant envie de savoir c'est si Ben va bien et si les médecins s'occupent de lui. Je me fiche de mon état, tant que je n'arriverais pas à savoir si lui va bien, je ne crois pas pouvoir me sentir mieux. La culpabilité me gagne aussitôt, tout me revient en fait comme une claque en pleine figure et je déteste me sentir ainsi. J'ai vraiment l'impression d'être une moins que rien et là, j'ai surtout envie d'être près de mon amoureux et de le rassurer, de lui dire que je l'aime parce que je n'ai pas pu le faire avant. Je me sens stupide de ne jamais lui avoir dit officiellement en fait. Oui Ben sait que je l'aime comme mon meilleur ami, mais depuis que nous sommes ensemble, personne n'a osé le dire réellement à l'autre et pourtant, je le pense du plus profond de mon être et ça me tue d'avoir attendu qu'il soit au sol dans son sang pour lui dire. Je suis stupide, tout cela est de ma faute. J'ai mal au crâne, mon corps au complet me fait souffrir et je n'arrive ni à bouger, ni à parler, ni à rien faire en fait alors lorsque je vois ma grande soeur et son mari entrer dans ma chambre, je la regarde droit dans les yeux même si je me force autant que je peux pour les garder ouverts en fait et lorsqu'elle dépose un baiser sur mon front, je frôle sa main avec la mienne - de mon bras où il n'y a pas de plâtre - et tente de lui faire comprendre de rester près de moi parce que j'ai besoin d'elle et de Blake pour être forte. J'ai besoin que quelqu'un réponde à toutes mes interrogations aussi et j'ai besoin de rassurer ma soeur parce que je vois tout de suite dans son visage qu'elle s'inquiète. Encore une fois, je pense à tout le monde sauf à moi et je sais très bien que s'ils pouvaient tous les deux entendre ce qui se passe dans ma tête, ils me diraient tous les deux de me reposer et de ne penser à rien d'autre. Je tente tant bien que mal de montrer à Rox l'eau qu'il y a sur la table pas très loin et elle finit par comprendre mes gestes et me faire boire un peu. « ... hey » Je la regarde puis me retourne avec difficulté vers Blake qui me montre la peluche qu'il m'a acheté. J'arrive à esquisser un très léger sourire. « Merci... elle est... mignonne. » Dis-je sincèrement. Son geste me touche et instinctivement je regarde Roxy. Je sais qu'ils ont sans doute une tonne de questions à me poser sur ce qui s'est passé, mais j'en ai surtout une qui me brûle les lèvres. « Ben... il.. comment il va ? » La culpabilité me ronge à nouveau. J'ai besoin de lui aussi et je sais que s'il n'est pas à mes côtés en ce moment, c'est qu'il va encore moins bien que moi.
Je n'avais pas vraiment besoin de plus de détails, on venait de me dire que ma sœur et Ben étaient à l'hôpital, ça me suffisait pour comprendre ce qui était arrivé. J'avais l'impression de vivre un cauchemar. Nous avions passé deux semaines plus qu'extraordinaires mais le retour à la réalité était d'une violence inouïe. J'avais mis mon cerveau sur off pendant notre lune de miel et ça m'avait évidemment fait un bien fou. J'avais tout oublié le temps de quelques jours et j'avais pu profiter pleinement de Blake. Je réalisais qu'on ne le faisait surement pas assez et qu'il allait falloir lever le pied sur nos carrières pour penser un peu plus à notre famille. C'était étrange de penser ainsi, moi qui avait toujours privilégié mon travail avant toute chose. Était-ce le fait d'être mariée qui changeait ma vision des choses ? Ou alors le fait que j'avais perdu mon bébé à cause de mon job et potentiellement de mon manque d'attention ? Surement un mixe des deux. Je levais les yeux vers mon mari et j'esquissais un léger sourire, malgré tout. « Compris. » Il veillait sur moi mieux qu'une nourrice avec un nouveau né, je devais donc me tenir à carreau si je ne voulais pas subir ses foudres. Je le laissais donc conduire sans rechigner alors que mon cerveau allait à mille à l'heure. Je pensais à Casey, Ben, ce qu'ils avaient du vivre pendant des heures sans qu'on en sache rien. J'avais beau avoir dit que je ne ferai pas justice moi-même, ça me démangeait atrocement de retrouver l'enflure qui avait osé toucher à ma famille. C'était complètement fou comme la colère pouvait consumer un être et je n'avais jamais ressenti ça auparavant pas même après mon agression. Toucher Casey, Blake ou quelqu'un de proche et vous me perdiez totalement. Je ne répondais plus de rien. Une fois arrivés, nous allions devoir attendre et je me réfugiais dans ses bras pour reprendre un peu de force. « Ils n'ont pas le choix. » Parce que je refusais de vivre sans eux, c'était impensable. Casey était ma sœur et si j'aimais toute ma fratrie, mon lien avec elle était bien plus intense qu'avec les autres et il fallait bien dire que la distance entre nos quotidiens respectifs jouait surement. J'avais attendu un moment avant de la voir mais lorsque on avait pénétré dans sa chambre, c'était une vision d'horreur qui se présentait à nous. Casey était tuméfiée et elle semblait souffrir la martyre en plus des séquelles déjà psychologiques qu'elle avait. Je la faisais boire comprenant rapidement qu'elle en avait besoin pour ensuite s'exprimer. Je souriais légèrement en regardant la peluche alors que je savais que Blake l'avait acheté suite à ce que je lui avais raconté sur mon enfance ; mon habitude de prendre la peluche préférée de Casey et se m'allonger avec elle dans son lit pour la rassurer et éloigner ses angoisses. J'aurais aimé que la guérison soit aussi simple que ça mais malheureusement nous n'avions plus 5 ans. « Il est entrain de se faire opérer... Lou est au bloc avec lui. » C'était ce que m'avait dit le médecin et je ne savais pas du tout si son état était critique ou au contraire si il allait y rester. « Mais il est fort, il va s'en sortir. » dis-je pour la rassurer avant de caresser ses cheveux. « Cas'... qu'est ce qu'il s'est passé ? » Je savais que ça allait être difficile pour elle mais nous avions besoin de savoir. D'une pour l'aider et de deux pour retrouver ce fils de pute et l'exterminer.
J’avais l’impression que l’univers cherchait à nous tester. Alors que nous surmontions toujours toutes les épreuves, certaines avec plus de difficultés que d’autres, elles n’avaient aucune cesse. J’étais inquiet pour Roxy parce que je craignais que cette nouvelle la fasse replonger alors qu’elle n’était pas sortie de l’hôpital depuis très longtemps. Quant à Casey, j’étais juste soulagé de savoir qu’elle était en vie alors que je ne m’enlevais pas de la tête que j’aurais dû être plus prévenant et prendre des mesures avant qu’il ne soit trop tard. Je m’en voulais de savoir que Ben était mal en point alors que j’étais persuadé que seule Casey était en danger puisque Ben était à même de se défendre face à un autre homme. Mais je ne connaissais pas Jax. J’avais fait une nouvelle erreur de jugement, et je serrais la mâchoire tandis que nous rentrions dans la chambre de la cadette de Roxy. La vision de Casey le visage boursouflé, bleui et le bras dans le plâtre me contrariait, mais je ne dis rien. Je ne tenais pas à l’angoisser ni à laisser les émotions prendre le dessus. Roxy avait l’air inquiète, mais je trouvais qu’elle était digne, toujours dans la demi-mesure et non les démonstrations théâtrales. Quelle force ! J’observais les deux sœurs en silence, après que Casey ait complimenté mon cadeau de la peluche que je posais immédiatement sur la petite table attenante, ne sachant pas bien si elle la voulait avec elle ou si elle la souhaitait en décoration. Je me tenais un peu en retrait, laissant aux sœurs le loisir de se retrouver. Roxy se comportait presque comme une mère avec sa sœur et ça me fit sourire, me replongeant facilement dans mes pensées à l’envisager mère de nos enfants un jour. Je n’imaginais pas tout ce qui devait se passer dans la tête de Casey. Elle devait être dans un état de panique totale d’autant plus que Ben n’était pas à ses côtés, et qu’elle devait souffrir autant psychologiquement que physiquement, mais surtout, malgré notre soutien, sa peur avait été justifiée par le passage à tabac que lui avait infligé son ex-petit-ami. Comment pouvait-on en arriver là ? Si je songeais à mon épisode de colère noire, jamais je n’aurais frappé une femme. Jamais je n’aurais osé venir chez quelqu’un qui ne m’avait rien fait pour s’en prendre à lui – comme il avait déjà pu le faire la fois précédente. Je posais la main sur l’épaule de Roxy pour qu’elle m’écoute juste quelques secondes : « Si tu veux rester ici et passer la nuit avec ta sœur, t’hésites pas et je viendrais te chercher demain matin. » Je n’étais pas en train de dire que j’allais déguerpir tout de suite, mais je ne pourrais pas m’éterniser puisqu’on m’attendait au boulot à la première heure. Vint la question fatidique de Casey pour savoir ce qui était arrivé à Ben. Nous n’en savions pas beaucoup, mais s’il était encore au bloc, c’était probablement mauvais signe. Toutefois, il était important qu’on insuffle de l’espoir dans la tête de la jeune femme. « Ils nous tiendront au courant de toute façon, ne t’en fais pas. » Que je tentais de la rassurer tant bien que mal, même si je n’étais pas le mieux placé pour ça. J’étais persuadé que Jax était responsable de toute cette folie. Ca ne faisait aucun doute dans ma tête, mais j’attendais avec impatience les détails pour confirmer mes doutes. Si c’était ce connard, il allait en payer les conséquences.
La peur me gagne aussitôt que j’ouvre les yeux et découvre les murs déprimants de cette chambre d’hôpital. Tout me revient comme une claque en plein visage et j’ai l’impression qu’un couteau me traverse le cœur au moment où je comprends que je suis seule. Je suis complètement choquée et surtout désorientée par tous les flashbacks qui me reviennent violemment en tête. J’entends encore le cri glacial de Ben lorsqu’il a tenté de me prévenir que Jax était là et ça me donne encore froid dans le dos. Il a tenté à maintes reprises de me protéger, il a risqué sa vie pour moi et en voyant le sang sur le sol, je sais qu’il n’est pas dans un bon état. Tout se mélange. Je ne sais plus ce qui est vrai et ce qui est en fait un cauchemar, mais je sais que si je n’avais pas mêlé Ben à toute cette situation dès le départ, rien de tout ce qui est arrivé à notre appartement ne serait arrivé et en fait, je ne serais pas sur ce lit d’hôpital à regarder ma grande sœur et son mari discuter avec le médecin. Je suis peut-être à peine réveillée, j’arrive tout de même à lire l’inquiétude dans le visage de Roxy et je sais à la voir qu’elle voudra faire souffrir Jax autant que j’ai envie qu’il crève. Je n’ai jamais souhaité du mal à personne dans ma vie, mais cet homme a tout pris ce que j’ai de plus précieux, il m’a détruit, m’a sali et a en plus osé toucher mon petit-ami alors s’il pouvait disparaître pour de bon, ça m’arrangerait et surtout, ça m’aiderait à ne plus penser que je suis constamment en danger, peu importe où je vais ou ce que je fais. Ma sœur apparaît finalement dans ma chambre suivie de près par Blake qui semble aussi inquiet de me voir dans cet état. Connaissant Rox par cœur, je sais qu’elle et mon beau-frère se sentent probablement coupable de ne rien avoir fait pour me venir en aider alors qu’ils n’auraient rien pu faire. Je ne voulais pas porter plainte contre lui puisque j’avais l’impression que personne n’arriverait à croire en mon histoire après toutes ces années, mais je sais aussi que j’aurais pu sans aucun doute prouver qu’il m’a fait du mal si j’avais eu le courage de le faire. C’est la peur qui s’est encore emparé de moi et qui a causé cette agression. Rien de tout cela ne serait arrivé si j’avais décidé de tout dire plus tôt – quand c’est arrivé de préférence pour qu’ils aient des preuves concrètes. Pourtant, même si je ne vais visiblement pas bien, que j’ai atrocement mal partout et qu’il est impossible pour moi de sourire ou d’avoir encore envie d’être dans cette chambre alors que Ben est je-ne-sais où, je tente justement d’avoir des nouvelles de lui, mais celle que je reçois n’est pas ce que je souhaitais entendre. Sa main caresse mes cheveux en douceur et une larme coule automatiquement sur ma joue. « Je… je ne lui ai même pas dit que je l’aime… » Dis-je dans un sanglot bruyant comme pas possible qui m’empêche de respirer quelques secondes. Je ne peux pas croire que j’ai attendu qu’il soit inconscient pour lui avouer pour la première fois ces mots alors que je sais depuis tellement longtemps ce que je ressens sincèrement pour lui. « Tu… peux me donner la peluche Bl…ake. » Toujours trop faible pour arriver à parler avec une fluidité plus commune, je sais que c’est stupide, mais avec cette peluche près de moi, je vais peut-être me sentir un peu mieux ou du moins, je vais penser à ces moments avec Roxy ou elle tentait de me rassurer en me prenant dans ses bras alors que je tenait sa peluche du plus fort que je pouvais dans mes bras. Des moments simples qui resteront pourtant toujours dans ma mémoire. D’une voix aussi faible que la mienne, Roxy me demande de lui expliquer ce qui s’est passé et même si tout est encore flou dans ma tête, je pense pouvoir me souvenir du plus important. « Il… il est entré dans l’a..ppartement et il a attaqué Ben… » Je ferme les yeux prenant une grande respiration puis bois une gorgée d’eau. « Je… il m’a menacé avec un couteau… Ben, il a… pris ma place et je… » J’éclate en sanglots sans pouvoir me retenir plus longtemps et ma voix se brise dans un cri de douleur. « C’est ma faute… C’est moi qui aurait dû… je devrais être à sa place… » Il y a beaucoup de choses à dire, mais je prends une pause tentant de remettre mes idées en place, mais surtout d’arrêter de pleurer.
Lorsque j'avais rencontré Jax pour la première fois, quelques années plut tôt, il avait réellement fait bonne impression et ce à toute la famille. Il avait été gentil, prévenant et tendre avec ma sœur, du moins en façade parce qu'une fois la porte de leur maison refermée, il était un monstre. Je n'avais pas eu de doute sur lui ou pas avant que Casey ne me dise qu'elle le quittait et qu'elle ne souhaitait plus entendre parler de lui. J'avais alors pensé qu'il avait du la tromper et que ce n'était qu'un lâche qui ne portait pas ce qu'il avait entre les jambes de la bonne façon. Aujourd'hui, les choses étaient bien différentes et je regrettais de ne pas avoir pris cet enfoiré entre 4 yeux, lui plantant mon arme de service dans la gorge pour qu'il ne s'approche plus jamais de ma famille. Je n'étais pas sortie de l'hôpital depuis longtemps et revenir ici n'était pas des plus évident mais comme souvent, je mettais mes sentiments de côté pour me concentrer sur l'essentiel ; ma sœur. Heureusement Blake était avec moi et sans lui, j'aurais surement défailli, submergée par l'émotion de tout ce qui arrivait depuis quelques temps. C'était difficile de tout encaisser et si je faisais front devant les gens, mes nuits étaient jonchées de cauchemars. Pour l'instant, rien ne comptait plus que l'état de santé de Casey et évidemment celui de Ben mais pour l'un comme pour l'autre, je n'avais aucun moyen de les aider plus que par ma présence et mon soutien.« Je verrai ça alors, merci. » répondis-je à mon mari lui offrant un sourire sincère. Il faisait ce qu'il pouvait pour apaiser la situation aussi horrible soit-elle et je ne pouvais être que reconnaissante de son soutien. J'approuvais ses paroles concernant Ben alors que c'était bien ce qu'on avait demandé au médecin ; de nous tenir au courant de la moindre amélioration de la situation. Pour l'instant, il était au bloc et on ne pouvait qu'attendre. Casey se remettait à pleurer et je n'osais imaginer l'état émotionnel dans lequel elle était après avoir vécu un enfer pareil. J'essuyais sa joue d'un geste tendre. « Il le sait. Il sait que tu l'aimes et c'est ça qui l'aidera à s'en sortir. » Je regardais Blake le laissant donner la peluche et je gardais ma sœur contre moi sans pour autant la serrer ne voulant pas lui faire plus de mal que ce qu'elle n'avait déjà. Je la regardais, jetant un coup d’œil à mon mari qui savait pertinemment dans quelle colère j'allais me trouver après ces confessions. « Casey arrête de te flageller. Personne ne devrait être ici, le seul coupable c'est Jax. » Il fallait qu'elle arrête de vouloir tout prendre sur elle, elle n'était qu'une victime et non pas le bourreau. Prendre le coup pour Ben, à quoi bon si ce n'était le faire souffrir autant qu'elle souffrait actuellement. « Si tu étais à sa place, on souffrirait tous comme tu souffres, c'est ça que tu veux ? Non. Alors arrête ça. Tu es en vie et Ben aussi. Il va payer pour ce qu'il a fait, tu as ma parole. » Et je ne comptais plus la lâcher désormais. Ma sœur allait porter plainte, son petit-ami aussi et Jax ne reverrait plus jamais la lumière du jour. Je lui déposais un baiser sur le front et serrais sa main tentant de calmer ses sanglots. Il était hors de question que ce type détruise notre famille, encore une fois.
J’ai l’impression d’avoir été trop laxiste, d’avoir contré mes craintes et mon intuition parce que je craignais de mettre dans une position désagréable la sœur de ma femme. J’avais pu voir dans ses yeux qu’elle n’était pas prête à témoigner, et j’aurais peut-être dû l’y contraindre, comme je contraignais les criminels à passer aux aveux. Là, en plus d’avoir caché toute cette histoire à Roxy, je me rendais compte qu’on était chanceux que Casey soit encore en vie. Mais Ben lui, pouvait ne pas avoir cette chance. Je me souvenais de la discussion que j’avais eue avec lui, sentant bien qu’il n’avait pas l’intention de forcer la main à Casey et mon regret était là. Je n’avais pas réussi à le convaincre d’être plus sensé et de courir vers le poste de police le plus proche. Mes compétences sociales n’étaient pas mon point fort. Faire parler un criminel me semblait facile car je n’avais pas à prendre de pincettes, je pouvais être cash, direct, véhément et même vil. Pas avec mes proches. Mais je ne savais pas faire dans la dentelle, et le constat était frappant. Roxy aurait été plus apte à gérer la situation que moi, c’était une certitude. Je me demandais d’ailleurs où elle trouvait cette force et cette rage de vaincre. Elle m’épatait sans arrêt. A sa réponse j’opinai de la tête. Il était évident que si sa sœur ne voulait pas de sa présence, elle rentrerait avec moi, mais je ne pouvais pas me permettre de faire des nuits blanches en ce moment. Je souhaitais malgré tout être présent pour Casey, et elle s’accablait encore, et le spectacle n’était pas agréable à voir. Assister à sa détresse me contrariait parce que je ne savais quoi faire. Elle parlait de dire à Ben qu’elle l’aimait et j’allais répondre qu’il le savait déjà, mais Roxy, comme si elle avait lu dans mes pensées, me devança. Ils n’auraient pas passé ce weekend paradisiaque dont elle m’avait parlé si ce n’était pas le cas. Elle me demande de lui donner la peluche et je m’exécute en la lui déposant dans ses bras, mais c’est bien la seule chose que je puisse faire dans ces moments. Je ne sais pas quoi dire pour la rassurer. Ca m’échappe complètement parce que je ne suis pas dans sa situation, et je n’ai pas les mots qu’il faut. Casey nous raconte et je laisse échapper un soupir d’agacement. J’aurais dû mettre une équipe de flics sur le coup et ne pas m’en tenir à laisser faire Benvolio. Je sais que dire qu’elle aurait dû être à la place de Ben va raviver des souvenirs pour Roxy qui m’a déjà entendu dire que j’aurais dû périr à la place de mes hommes. Alors je coupe Casey. « Ne dis pas des choses comme ça. Ben n’aurait pas souhaité te savoir dans le coma. Il t’a protégée, c'est grâce à lui que tu vis. » Cependant, je pensais également qu’elle les avait mis tous les deux en danger en croyant à tort que Jax ne reviendrait plus, malgré mes recommandations. Je n’allais pourtant pas le lui formuler tout de suite, ce n’était pas le moment. « Ben vivra. Il a envie de te retrouver, mais Casey tu dois nous promettre de porter plainte et de ne plus chercher d’excuses. C’est allé trop loin. » Tout ça aurait pu être évité, mais je ne voulais pas l’accabler davantage, elle avait déjà trop subi.
J'ai peut-être les yeux ouverts et je suis physiquement présente devant ma soeur et Blake sur ce lit d'hôpital, mais mentalement, je suis bien loin d'être là. Je ne sais pas si je suis encore dans mon appartement à tenter de comprendre ce qui s'est produit pour que je sois ici présentement ou si je suis avec Ben peu importe où il se trouve parce que je n'arrive pas réellement à me concentrer tant que je ne sais pas comment il va. J'aimerais tellement qu'il soit là avec Roxy et Blake et qu'il me tienne la main pour me dire que tout ira bien. Je sais aussi que sans Ben, je ne peux pas imaginer un futur positif à ma vie. J'ai toujours eu besoin de lui à mes côtés et c'est encore le cas maintenant. Plus rien n'a de sens sans lui, il est mon meilleur ami, mon âme-soeur, l'homme de ma vie et je refuse qu'il quitte ce monde, pas maintenant, jamais en fait et surtout pas avant moi. Je sais que je dois être forte pour lui, je dois me battre pour que lui ouvre ses yeux, mais pour le moment, je ne suis même pas suffisamment forte pour me relever un peu sur mon lit afin de regarder ma soeur qui s'inquiète plus que jamais. Encore une fois, c'est moi qui lui fait subir ça, c'est moi qui la fait souffrir alors que je me suis toujours promis de toujours la réconforter. Est-ce qu'il y a au moins une chose que je fais de bien dans la vie en ce moment ? Éclatant en sanglots, je passe aux aveux en mentionnant à Roxy et Blake que je n'ai même pas dit à Ben que je l'aime alors que c'est une évidence depuis tellement longtemps. J'aurais dû lui dire avant et ne pas attendre qu'il soit inconscient pour le faire, j'aurais dû... être plus courageuse même si je pensais tout le temps que c'était trop tôt dans notre relation, j'aurais dû simplement lui avouer tout ce que je ressens de plus profond en moi parce qu'il est le seul à avoir compté et il le sera toujours. « Tu... le crois vraiment ? » J'ai envie de croire ce que Roxy me dit, mais comme il ne m'a jamais avoué non plus qu'il m'aimait, j'ai encore cette impression que peut-être, il n'était pas prêt lui non plus à me dire ces mots qui ont tellement d'importance et sont si puissant. Blake me donne ensuite la peluche que je prends contre moi à l'aide de mon bras qui n'est pas dans un plâtre et je lève les yeux vers lui, le remerciant silencieusement puisque j'ai encore de la difficulté à parler. « Il m'a protégé, mais il est... je ne sais même pas s'il est vivant... » Je soupire, ayant toujours de la difficulté à parler et respirer convenablement parce que mes larmes sont trop fortes et que je suis incapable de m'arrêter. J'ai mal, j'ai tellement mal. Mon coeur me fait souffrir, mais mes côtes et les ecchymoses que j'ai un peu partout sur mon corps aussi me font mal. Oh je vais sans doute devoir retourner voir ma psy et je sais que cette fois-ci, je ne vais pas avoir le choix de le faire même si je n'en ai pas envie. Le traumatisme est trop grand. « Je suis désolé... c'est vrai que l'inverse ne serait pas... mieux. » Dis-je me sentant coupable de dire une telle chose alors que je sais que Rox, Ben et Blake souffriraient probablement autant de ne pas savoir si je vais m'en sortir ou pas, tout comme j'ai souffert en voyant ma soeur sur ce lit d'hôpital pendant une longue semaine. « Je peux pas imaginer une vie sans lui... » Je n'arrête pas de pleurer, mes sanglots sont de plus en plus fort et alors que ma soeur tente de me rassurer, son mari lui, me demande encore une fois de lui promettre d'aller porter plainte. « ... il ne doit plus gagner... Il doit arrêter de tout me prendre... » Jax m'a fait souffrir longtemps et il le fait encore maintenant. Au-delà des cauchemars, de mes traumatismes, de ce qu'il a fait à Ben, à moi et de ce qu'il pourrait faire à mes proches, je ne peux pas le laisser encore gagner, mais pour le moment, je ne peux rien faire. « Ben doit se réveiller... j'ai besoin de lui... je l'aime... » Et je me sens surtout coupable de ne pas avoir réalisé qu'il était fait pour moi bien avant alors que c'était une évidence.
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Mar 19 Mai - 18:57
