Son shift avait été long. Pénible même. Journées interminables depuis l'autre soir, rentre seul chaque fois. Ariel déclinait les offres au grand étonnement des danseuses. Bebe est malade, parce que bebe dit non. Ça l'agaçait, Ariel. Faisait son taf, lorgnait le bar pour s'assurer que Donovan ne reviendrait pas. Avec Rory, c'était étrange. Peut-être que c'était que dans sa tête, au gamin. N'empêche que, ça jouait dans son crâne. Elle était distante, mais pas trop. Juste assez pour sentir le courant d'air froid, parce que son corps est beaucoup trop loin. Assez amical en général, c'était juste étrange. Il tournait ça dans sa tête, se répétant qu'il s'inventait des scénarios, qu'il angoissait pour rien. Qu'il ne lui avait pas fait peur, qu'elle ne le craignait pas. Pas lui. Si ? Ce soir, personne ne reste dans le club. Bebe fait sa routine de fermeture apprise désormais, par coeur. Puis, d'une ligne fugace sur la coque de son téléphone, ses pupilles se dilatent. Sachet jeter au poubelle, nez qui se pince, respiration qui se prend avant qu'il n'attrape son hoodie et qu'il n'alarme le bar. Ferme la porte. Verrouille celle-ci. Marche. Les écouteurs dans les oreilles, il marche encore. Marche un moment. S'arrête. Martyrises ses joues de ses incisives. Opales qui voguent sur la bâtisse de Rory, qui s'imprègnent. Est-elle debout ? Coup d'oeil rapide à sa montre ; 4h58. Ils vivent de nuit, les gosses. Elle ne dort sans doute pas. Si ? Fuck it. Il s'avance doucement, prêt à aller toquer à sa porte, pieds qui le conduisent jusqu'à la première marche.
à travers la fenêtre sans volets, elle regarde la nuit sans étoiles. corps nu enchevêtré avec les draps. une nuit de plus sans étoiles dans son âme. elle se redresse pour s'assoir, distingue la silhouette à demi rhabillée qui apparaît à l'entrée de sa chambre. t'as du café ? elle ne le connaît pas, ne sait même pas comment il s'appelle. conquête de plus sur son palmarès, il prend pourtant ses aises. elle jette un oeil à l'heure. « y a un starbucks au coin de la rue. et lucky you, ils ouvrent dans cinq minutes. » elle se lève, passe le morceau de dentelle sur ses hanches, débardeur qu'elle passe par dessus sa peau encore chaude des caresses de l'homme. attends, t'es en train de me jeter là ? elle avance, rory. elle rit. « tu croyais que t'allais emménager ici ? » elle se dirige vers la porte d'entrée en attrapant sa veste. elle sait qu'il va se rhabiller en vitesse. la suivre. comme ils le font tous, chaque fois, systématique.il est cinq heures du matin putain ! elle ouvre la porte, jette la veste sur le paillasson. regard impassible, quoique les traits voient se dessiner un rictus léger, presque imperceptible. « bye. » qu'elle dit simplement. laisse le mec attraper sa veste, jurer tout en dévalant les marches. et c'est là qu'elle tourne les yeux, aurora. qu'elle le voit. « ariel ? » réel ou mirage ? il la tourmente, depuis quelques jours, elle y pense, aurora. mais pas au point de l'imaginer comme ça ? réflexe idiot, elle tire sur les pans de son haut trop court, comme s'il ne connaissait pas les détails de son corps. « qu'est-ce que tu fais là ? » ici ? à cette heure là ?
Il en est à la moitié des escaliers quand la porte s'ouvre à la volée, le fait reculer de nouveau sur le trottoir. Veste jeter sur le balcon, nymphe qui ne le voit pas. Cuisses dénudées, débardeur trop court pour cacher la couleur de sa peau pèche. Carrure qui ramasse sa veste, qui jure. Ariel qui veut mourir de honte. Là, figé sur le trottoir, les mains dans ses poches, les yeux sur ses pieds. Bouge Ariel, dégage de là, vite. Tourne sur lui-même, sirène qui le remarque bien trop vite. S'arrête. Se retourne, regardant partout sauf sur elle qui tire son vêtement pour se cacher par réflexe. Eh je... ahah, je hm... sa gorge sèche se râcle, sa langue pâteuse tente d'humidifier ses lèvres en vains je passais eh, dans le coin ? Finis le boulot tout ça, tu sais ! Ahah, ouais c'est con, vu l'heure. Je... ahah. Okay j'vais rentrer. Coeur qui court dans sa cage, qui grogne pour sortir et s'échouer sur le bitume. L'homme entre eux, qui est encore là, qui les fixent tour à tour. Ariel qui tourne les talons rapidement, le visage en feu. Woah. Ça allait trop vite dans sa tête, il sait même pas ce qu'il faisait là. Il ne croyait même pas qu'elle serait debout. Elle l'était. Vraiment réveillée même. La réalisation. Elle jetait un mec avec qui elle venait d'baiser. Il sait comment ça fonctionne, Ariel. Fait le même patern que la nymphe bien trop souvent (( en moins savage. )) Mal. Il se sent mal. De trop. Il aurait jamais dû venir jusqu'ici.
la scène a des allures de comédie grotesque. la femme devient enfant, joues rougies et innocence dans les yeux noirs lorsqu'elle pose les opales sur la carrure familière. ariel. pourquoi ? comment ? elle ne devrait pas tant être étonnée pourtant, connaît ses horaires - comme ils sont les siens - oiseaux de nuit, gamins de la lune et de l'aube, dont elle porte si bien le nom. et l'autre est là, aussi, à les observer, quand bebe bredouille, marmonne, se détourne. quoi ? non. elle veut pas, rory, elle veut pas qu'il tourne les talons. « a.. attends ! » le pas est automatique, geste vers l'avant, poupée qui titube et tire sur la manche. le froid de l'extérieur qui mord sa peau blanche. c'est quoi ce bordel, t'as un mec ? elle l'avait oublié, celui là. la gamine rugit, regard furibond. « mais CASSE TOI. » il est rien. rien. un corps à baiser et à jeter avant que le soleil ne caresse les murs de sa chambre. un passe-temps. un jeu. un moins que rien. psycho. qu'il murmure en s'éloignant, l'idiot, remet son tee-shirt et sa veste, probablement pour aller boire son foutu café demandé plus tôt. rory elle s'en fout. elle continue de s'agripper à ariel. une main crispée autour de sa manche, la seconde qui s'enroule autour du bras. « reste. » elle te le demande, à toi. pour la première fois. elle sait même pas pourquoi.
Un navet. Film de série B. Cliché ambulant. Tourne les talons, le gamin veut fuir, à son tour. Quelques pas de fait. Une supplique d'attendre. Manche qui se fait retenir par les doigts de la fée qui à frôler le parquet froid, de ses pieds nues. Date qui questionne. Son mec ? Quoi ? Non. Non, non ! Ariel n'est le mec de personne, il est celui de tout le monde. Trop malsain pour appartenir à quiconque. Bebe s'arrête sous la quémande de la sirène, bras en otage entre les mains délicates de Rory. Il se retourne en riant nerveusement non je, ahah, ça va. J'te jure, j'passais juste voir, je sais pas, j'voulais pas t'rendre mal. Pardon, j't'assure que j'vais rentrer et qu'on s'verra au boulot ahah. Pommettes brulantes, veut fuir encore puis elle assomme d'un reste. Il se sent mal, ne voulait pas s'imposer. Joue de ses canines sur sa lèvre inférieure, regarde partout sauf sur elle, voit la carrure qui peste en s'éloignant plus loin. La porte d'entrée ouverte, bebe qui ne sait pas comment être ; je... sa nuque est gratter par ses doigts nerveux, se demande encore ce qu'il faisait là, si tôt. Excuse-moi ro', je... je voulais pas... tu sais ? C'était stupide de venir, je sais pas trop à quoi j'pensais... j'marchais et je sais pas... c'est... je... il s'arrête. Prend une inspiration avant d'expirer lentement, les yeux fermés. Pupilles qui reviennent sur Rory hm... il avait l'air content. Sarcasme. Changement de sujet. Essayer d'oublier le malaise palpable d'Ariel.
reste. requête qui siffle dans l'air. pourquoi ? elle en sait rien, aurora. elle a juste ce feeling, ce besoin qu'il ne s'en aille pas. pas comme ça. pas après ça. et elle sait pas quoi dire, la poupée, elle sait pas comment se dégager d'une situation qui n'a aucun sens. l'impression de devoir se justifier, quand il sait très bien, ariel. connaît l'instabilité de la belle. et l'attitude est étrange. il est gêné, bebe. ses mots sont différents, et si elle le fixe, rory, lui semble observer la terre entière sauf elle. je sais pas trop à quoi j'pensais. les doigts glissent le long de la manche. le libèrent. « tu sais pas à quoi tu pensais, hein. » quoi, ariel. t'espérais autre chose ? est-ce qu'il est déçu de la voir comme ça ? les yeux qui tombent sur le sol. le froid de la nuit qui ne mord plus les jambes mais le myocarde. « on s'en cogne. » elle coupe la parole, rory. les yeux noirs qu'elle relève vers lui. « je sais pas s'il était content, et je m'en tape pour être franche. » elle affirme de nouveau, la danseuse. « tu t'excuse comme si t'avais fait une connerie, mais tes yeux disent le contraire. » prunelles dorées qui semblent dire que celle qui commet une erreur, celle qui devrait avoir honte, c'est elle. et elle s'en fout d'habitude, aurora. se moque des injures et des regards. mais pas ariel. « j'suis pas une fille bien. je me fous du plaisir des autres, et je me moque du mien. » chez elle, tout est mécanique. gamine robotique au coeur de glace. « au moins maintenant tu le sauras si t'avais encore un doute. » mensonge, dont elle a appris à se convaincre au fil des années. elle reste là, debout, plantée devant le blond.
Elle répète, mais Ariel entend dans ses mots, autre chose. Il pensait à quoi ? Il espérait quoi ? Franchement ? Rien. Que la voir. Que de mettre un mute sur ses songes agressantes et oppressantes. Il tente une diversion, mais la belle le coupe. Elle tonne. Grogne. Fige bebe sur place. Elle revient au galop sur le sujet. Fait sentir Ariel mal, idiot. Elle croit qu'il l'a juge ; lui. Comme si bebe pouvait juger la nymphe, lui qui part avec l'une ou l'autre des danseuses. Même sa voisine y est passée. Et bien que c'est plutôt bebe qui y passe, à ses yeux, c'est lui la merde ; pas elles. Rory tonne encore, tourne le fer, martyrise la plaie. Il papillonne des yeux, joue de ses lèvres contre ses porcelaines tranchantes. Mais qu'est-ce que j'm'en torche de c'que j'viens d'voir ? Tu le fou dehors, j'en ai rien à caller ? J'étais juste là pour toi. Pour te voir ; toi. Appuis fortement sur le dernier mot, détourne les yeux vers l'horizon, bras qui se libère et qui retombe le long de son corps ; tu te juge toute seule, parce que moi, j'en ai rien pensé d'autre que j'suis idiot d'être ici sans prévenir. Rien de plus, rien de moins. Et c'est la vérité. Gamin qui à réalisé après. J'm'excuse parce que tu t'vois pas ? T'es là, toute mal à tirer sur ton vêtement comme si j't'avais jamais vu à poil. T'es là, tu m'retiens comme si j'étais fâché ou j'sais pas quoi alors que merde ! J'suis juste mal d'avoir vu un truc qui m'regardait aucunement. Il soupire, serre les dents, baisse la tête ; tu penses que j'sais pas le modus operandi ? Tu crois qu'elles dorment chez moi peut-être ? Un rire sec avant de poursuivre bah non, elles se cassent. Alors arrête un peu d'te taper sur la tête pour un truc dont justement, j'me cogne. Il renifle par réflexe, soupire et malgré un sourire sur ses lèvres, il termine rentre, tu vas attraper ton coup d'mort. Gamin qui pense à elle avant tout. Mais au fond, est-ce qu'il s'en cogne vraiment de ce qu'il a vu ? Si non, est-ce que ça vaut la peine d'y penser ? Dans tout les cas non. Bebe aussi vilain que malsain, lui aussi, pense de lui-même qu'il est mauvais. Mauvaises graines ne donnera jamais de belles roses.
deux idiots, mais un face à face. elle se méprise, aurora. et peut-être es-ce pour ça qu'elle réagit avec virulence, animal sauvage, sur la défensive, comme trop souvent. mais elle oublie qui lui fait face, la fille de la nuit. revers tranchant, fend l'attaque de la gamine.j'étais juste là pour te voir. les mots qui cognent, piétinent le myocarde qui n'est peut être (( quand bien même refuse-t-elle de l'admettre )) n'est pas si froid qu'elle semble l'affirmer et le croire. et elle se sent conne, rory. elle a envie d'pleurer, elle se sent comme une fillette qu'on enguirlande, fautive. et la mâchoire se contracte lorsqu'il mentionne ses propres conquêtes. celles qu'elle ne connaît que trop bien, se relaient pour venir réchauffer ses draps. qu'est-ce que tu peux être conne, aurora. il s'en fout. elle sait pas pourquoi elle a eu besoin de se défendre comme ça. « bien. » qu'elle dit simplement. les bras croisés. les jambes qui font demi-tour vers son entrée. « je rentre si tu rentres. » elle s'arrête, tourne les yeux vers ariel. « ou tu voulais juste me voir et repartir comme ça ? » agir décontractée. mais les iris qui lui demandent, silencieusement, de rester. « à moins que tu sois attendu quelque part ? »
Bien. Elle tranche. Accalmi instantanée. Bien qu'elle semble en pétard, elle menace. Je rentre si tu entres. Mutisme d'Ariel. Elle enchaîne, l'enchaîne à sa question. Puis, elle arrête de se braquer, laisse ses bras tomber, l'attache à sa cheville de sa dernière question. Bebe n'est jamais attendu nul part. Nul part d'autre que derrière son bar, soir après soir. Monotonie qui se dessine à chaque crépuscule. La regardant, pantois, il secoue la tête personne m'attend. Jamais. Personne le soir dans ses bras. Dans ses draps, des dizaines, mais dans ses bras... non. Personne qui l'attend à la maison, sauf Jupiter. Personne qui s'inquiète quand il ne rentre pas. Personne qui l'enlace pour s'endormir ou pour se réveiller. Personne pour lui caresser le dos, l'apaiser quand sa tête devient son pire ennemie. Alors, Rory, il n'est pas attendu. Pour être chez toi à 5h du matin, coke dans les veines... c'est toi qu'il voulait voir. Docilement comme un chien qui se fait appeler, bebe avance jusqu'à la nymphe, la pousse doucement dans le bas du dos pour lui faire grimper les escaliers ; aller petit boss, rentre avant que j'change d'idée. Comme si c'était une option, de repartir. Carcasse qui entre dans le petit logis, chaleur qui l'envahit instantanément. Jamais il n'est venu chez elle. Souvent reconduite, mais jamais un pied dans son appartement. En silence, il retire ses chaussures, s'avance comme chez lui, retirant déjà le hoodie qui l'étouffe.
personne pour l'attendre. pour les attendre. quand elle s'endort, rory, c'est seule. les bras serrés autour d'un oreiller froid, sommeil léger, morphée l'a abandonnée. y a une pointe de tristesse, à les voir tous les deux si seuls. deux ignorants qui contournent le problème, celui du coeur. et finalement il approche, bebe. la paume qui embrasse le bas de son dos dénudé, débardeur trop court qui dévoile ses hanches, ne cesse de relever. « t'oserais pas. » qu'elle marmonne, remonte jusque sa porte, qu'elle referme derrière le blond, retour de la chaleur sur la peau de la brune dans son tout petit appartement. le strict minimum, un salon-cuisine, une salle de bain, un mur pour séparer son lit et lui donner l'illusion d'une vie privée. ça lui va, à aurora. être seule comme ça. elle allume la machine à café, passe une main sur son visage. « faut que je prenne une douche. » elle traverse la pièce en direction de la salle de bain, tourne les yeux vers le blond tout en tirant son haut qui trouve le sol, offre son dos nu au regard. elle tend le frigo du bout du doigt. « si tu veux pas de café, y a de quoi boire. » elle ouvre la porte qu'elle rabat d'un geste rapide. « je me dépêche. fais comme chez toi. » il aura vite fait le tour du petit appart. et la nymphe retrouve les eaux, douche bouillante. le corps qui demande à se débarrasser des paumes de l'autre ignorant.
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Mar 27 Oct - 23:47