ruelle sombre, l'impression de devoir fuir le démon et de ne pouvoir trouver de repos. ça me fatigue...
tout me fatigue.
de ces insultes idiotes à l'inaccepté... l'indifférence des uns et l'acharnement des autres, j'ai l'impression de vivre dans un monde de barbare, des gens diminués, incapables de penser par eux même.
des cons.
demain ça recommencera, et après demain aussi. et ça se répètera encore et encore, sans se lasser jusqu'à ce que la dame en draps noirs vienne me chercher parce que l'épuisement sera plus fort que le reste.
ne pas mériter l'amour, ça détruit un homme, paraît-il.
et c'est dans les songes que je trouve un certain repos, malheureusement ils ne durent pas assez longtemps. trouver des alternatives, tester des nouvelles choses qui permettent d'annihiler la douleur... de la rendre plus supportable avant de penser au plus dramatique, à se l'enlever en même temps que la vie. enlever toutes les émotions du monde pour pourrir dans un néant où je ne me souviendrai plus de rien.
la drogue, l'alcool... tenter de diluer la douleur dans des délires qui me seront propres. affronter la vie comme on peut, histoire d'oublier les déchets jeter, les insultes balancées ou le nombre de fois où l'on me bouscule jusqu'à faire tomber mes bouquins des mains.
les gens sont primitifs.
les pas me mènent au sud de los angeles, le quartier qui a une mauvaise réputation mais le quartier où l'on trouve le graal. mes mères m'ont demandé d'être prudent en sortant, ignorant où j'allais, inventant des mensonges aussi gros que moi... elles se doutent mais elles ne savent pas gérer. je ne leur en veux pas, si seulement j'avais pas cet orgueil démesuré, je pourrais leur en parler et régler tout ça...
mais je veux me débrouiller seul, les préserver du mal qui me ronge.
une ruelle, un regard vers le ciel noir, sans lune. les lampadaires à la lumière blanche rendent le monde froid... et c'est main dans les poches du jean troué que j'avance à pas feutrés entre les petites ruelles. chaque bruit augmente l'anxiété, chaque coup de vent, la pluie qui tombe en bruîme sur le monde comme un léger crachin qui prévient de la menace.
mais qu'est-ce que j'ai à perdre ?
une silhouette qui se dessine dans l'obscurité, et deux... le pas qui s'arrête instantanément quand les regards se posent sur moi. un sourcil qui se lève légèrement, les lunettes qui viennent remonter le long du nez, l'intello rockeur qui arrive en plein milieu d'une ruelle sombre face à un dealer et ce qui semble être un client. «
je viens pour... » je pointe du doigt la transaction qui s'est effectué entre leur main.
pas de question, le dealer tend les doigts et je tends l'argent avant qu'un sachet me tombe dans les mains que je referme immédiatement.
le dealer s'éclipse sans un mot et je me retourne vers l'inconnu. l'ingénu... même si nous sommes dans l'obscurité, je doute le connaître. «
t'as déjà... ? » je secoue le sachet, innocent, novice d'une pratique pourtant inscrite dans les gênes de l'homme.
drogué et dépendant à tout ce qui l'entoure. «
blin, ya tupoy.* » parce que je me sens ridicule, je regrette... «
tiens. » tendre le sachet à l'inconnu. «
j'en veux plus. »