J’ai beaucoup de mal à faire semblant : j’ai une petite mine. J’ai beau avoir bronzé, avoir passé des jours à me prélasser avec ma femme au soleil, à avoir profité d’elle, sans avoir à m’inquiéter de quoi que ce soit…j’ai une petite mine. Je tousse encore plus, et si j’ai promis qu’à mon retour j’allais prendre rendez-vous chez le médecin, nous avions aussi promis de faire un détour à notre arrivée. Avion à peine quitté, on embarque dans une voiture, et direction la montagne ! Je dors une bonne partie de la route, sans m’en rendre compte, et lorsque finalement la voiture s’arrête, je réalise que je suis littéralement perché. Je sens un baiser sur la joue de Teddy, qui m’souffle de descendre de la voiture. Je viens pour aider à prendre les sacs, mais Tomas me donne directement la clé du chalet et me montre la porte. Bien, visiblement, je ne suis pas de corvée. Je ne dis rien, appréciant quand même ce geste, avant d’aller ouvrir cette porte vers l’immense chalet. Je grelotte littéralement, parce qu’en quelques heures à peine, nous sommes passés de plus de 30 degrés, à…zéro. Même couvert, je sens le froid s’infiltrer en moi. Une pas si belle idée, si on songe que mon corps est la porte à n’importe quelle maladie. « Tant que tu ne finis pas bourrer dans la piscine, Pop’ » Je dis, en essuyant une quinte de toux, qui je sais inquiète forcément tout le monde. Mais hors de question d’avoir des mines aussi triste, c’est leur week-end d’anniversaire, après tout !

Passer du soleil et de la plage au froid et à la neige est plutôt radical, assez radical pour que mon inquiétude vis-à-vis de James remonte d’un cran. Ma is, nous le savons tous les deux, l’idée de manquer l’anniversaire de mes frères, de ne pas être là pour eux – et pour Tomas – m’aurait travaillé bien trop. Pour autant, durant tout le trajet nous menant de l’aéroport au chalet, je n’ai cessé de garder un œil sur James, endormi à mes côtés. Il a beau faire de son mieux pour garder la tête haute et même prétendre qu’il va bien, je ne suis pas dupe. Son état s’empire de jour en jour ce qui me force à ravaler mon inquiétude pour faire bonne figure en le soutenant autant que possible. Ce week-end, je vais continuer sur cette voie, garder un œil sur mon mari tout en profitant autant que possible de notre famille sans pour autant laisser la peur me ronger et me rendre folle. Au volant de la voiture, je suis celle de Poppy nettement plus à l’aise dans la neige que je le suis. Le cœur battant parfois un peu trop vite dans certains virages, à la vue du chalet je sens mon rythme cardiaque se calmer, d’autant plus en garant la voiture. Contact coupé, je détache ma ceinture et me penche vers James pour déposer un léger baiser sur sa joue. « Allez dormeur, on descend, on va nous attendre. » Ma main vient effleurer sa joue alors que mon sourire tente de dissimuler mon inquiétude. Véhicule quitté, j’en profite pour sortir nos affaires tandis que Tomas lance les clés du chalet vers James. Soulagée, je rejoins Poppy qui crie au même moment son envie de profiter de la piscine intérieure. « Je crois que tu veux vraiment que je devienne sourde ! » Je lance en levant les yeux au ciel. « Ça me convient aussi ! Et … » J’approche rapidement de mon frère et ajoute. « Merci. » Dis-je vis-à-vis de son petit geste envers James – certes pas très subtil mais tout de même. « Bon allez on se bouge les fesses, j’ai déjà la dalle moi ! » Que je lance en faisant un pas vers le chalet où je rejoins vite mon mari. « Ça va ? » Ma main passée dans ses cheveux, je sais que mon inquiétude a encore pris le dessus mais je sais lorsqu’il tente de retenir ses toux et ça, ça ne me plait pas.