J'ai l'impression que ça fait une éternité, depuis que nous ne nous sommes pas retrouvés tous ensemble. Alors, c'est après avoir passé la matinée avec James que nous sommes rentrés chez moi récupérer Ellea. J'avais évidemment proposé à James de se joindre à nous, n'imaginant même pas faire ce petit pique-nique en famille sans lui. La journée s'annonçait superbe, le soleil était au rendez-vous et pour une fois, Ellea semblait en forme. Au moins autant qu'il était possible de l'être vu son état. Armée de Mr Lapin, elle s'était glissée dans la voiture, les yeux rivés vers le paysage en retenant ses bâillements comme elle le pouvait. Je m'étais quand à moi rapidement changé après une rapide douche, attendant que James fasse de même. Pendant ce temps, j'avais préparé toutes les affaires dont nous aurions besoin, ainsi que le sac d'Ellea, bien évidemment.
Il était grand temps de partir lorsque la portière se refermait sur moi et que je démarrais enfin, après un rapide coup d'oeil dans mon rétroviseur pour m'assurer qu'Ellea était fin prête elle aussi. Il ne nous fallut que quelques minutes pour arriver sur place. Nous étions les premiers, nous laissant le temps de trouver le spot idéal et de laisser Ellea se dégourdir les jambes sur la plage. Plus d'une fois, je me tenais prêt à la rattraper en la voyant dangereusement chanceler sur ses jambes, jusqu'à ce qu'elle se pose finalement face à l'eau, le sourire aux lèvres, à quelques pas à peine de l'endroit que nous avions choisi.
« Ici ce sera parfait, non ? »
J'adressais un grand sourire à James, le regard brillant derrière mes lunettes de soleil. Sans attendre, nous déballions toutes nos affaires, nous installant comme des rois sur nos transats. C'est seulement une fois assis que je soupirais de bien être, redécouvrant pleinement la joie de la plage.
Je m’étais dit que j’allais lui parler. C’était une très bonne occasion de lui parler sérieusement d’elle et moi. Parce qu’il est sans doute temps. Il est temps de lui expliquer ce que je ressens pour sa sœur, il est temps qu’il comprenne que j’ai besoin d’elle pour continuer à avancer. Pour simplement survivre. Il doit comprendre pourquoi elle emménage chez moi, pourquoi j’ai besoin de son sourire à chaque matin, de ses baisers et de sa proximité. Ezra m’a fait réaliser que même si je ne mets pas les mots, même si nous ne discutons pas officiellement sur ce que nous sommes devenus, nous en sommes un. Un couple. Elle est là, près de moi constamment. Alors, certes…nous n’avons toujours pas couché ensemble, mais nous agissons tout comme. Oui, il était temps qu’il le sache. Sauf que je me suis défilé. Comme une merde. Parce que je sais que quelque part, ça peut partir en vrille. J’aurai dû profiter de cette marche matinale pour lui en parler, tant que nous étions tous les deux, mais plus le temps est passé, plus j’ai paniqué. Un véritable lâche, j’ai été, j’en ai conscience. Au final, le temps est passé, et il était déjà l’heure de redescendre pour retrouver Ellea, et les autres. Parce que oui, visiblement ils avaient aussi prévus de se voir, et que dans sa bonté, Johan m’y a convié. Comment réagir lorsque Teddy sera là ? Je n’en ai aucune idée.
Douche rapidement prise, voiture rejoins, c’est en direction de la plage que l’on finit par arriver, glacière, serviettes sous le bras. « Ici ce sera parfait, non ? » J’acquiesce en souriant : « Ouai, niquel ! »Mais putain, James tu fous quoi ?! Je me le demande réellement maintenant, tout le monde va finir par arriver. Il manquerait plus que Tomas ou Jamie osent faire une remarque et je suis mort. Je le sais. Ouvrant la glacière, je prends des bières malgré mon interdiction de boire de l’alcool avec mes traitements. Une pour lui, une pour moi et du jus de fruit pour Ellea, elle qui me tends la crème solaire pour m’ordonner de le lui mettre. « Que t’es exigente ! »« Aussi chiante que papa ! »« Language ! » osons-nous dire en même temps Jo’ et moi, ce qui la fait sourire. Mais, avant de profiter de ma bière, je finis par prendre la crème et commence à la tartiner. Ponctuelle à son habitude, c’est Teddy qui arrive la première, alors que je viens tout juste de finir de m'occuper d'Ellea. « Merci tonton » dit-elle alors qu’elle fonce directement dire bonjour à sa magnifique tante, maillot de bain dissimulée sous une petite robe et qui forcément me donne envie de la prendre dans mes bras. T’es complètement foutu, mon pauvre. Elle dit bonjour à son frère, avant de s’approcher et me dire saluer, alors que nous nous sommes vu ce matin. Nos regards sont fixes une seconde, avant qu’elle ne dépose un baiser sur ma joue et que je presse son avant-bras, simples contacts autorisés pour le moment. L’après-midi va être longue.
J’ai vu les messages de ma fratrie se suivre les uns après les autres, assez pour qu’il ne reste plus que Johan, Ellea, James et moi sur la plage. C’est la première fois que je suis aussi paniquée à l’idée de me retrouver avec mon frère et mon … eh bien à vrai dire je ne sais toujours pas de quelle façon qualifier James. Ça ne me dérange pas cela dit, je vais à son rythme et suis déjà bien assez heureuse de ce qu’il me dit chaque jour. Plus heureuse encore depuis que j’ai accepté de vivre avec lui. Je passais déjà la majorité de mon temps chez lui, ça n’est que officialiser un peu plus les choses et j’admets être plus impatiente que ce que j’avais pensé. Hormis qu’il faut passer l’étape meilleur ami et grand frère. J’ignore donc à quoi m’attendre et surtout de quelle façon mon frère a pris la nouvelle. Tomas est au courant pour nous avoir surpris et Jamie … je lui ai dit parce que j’en avais besoin et qu’il s’est lui-même confié à moi, ce qu’il ne fait pas toujours. Mais Johan c’est une autre histoire ! C’est le sang chaud de la famille, le meilleur ami de James et mon frère, ça complique un peu les choses. Mais ça va bien se passer … et puis il y aura Ellea, y a aucun risque que ça se passe mal avec ma nièce présente. Enfin, je l’espère vraiment. Garée sur le parking donnant sur la plage, j’attrape mon sac sur la banquette arrière et trottine jusqu’au chemin menant au sable chaud. Là je retire mes sandales et cherche rapidement tout le monde du regard. C’est Ellea qui me voit en premier, courant droit vers moi. « Eh bien dis-moi sacré accueil ma princesse. Moi aussi je suis contente de te voir. » Je claque un gros baiser sur sa joue, me redresse et vais déposer un baiser sur la joue de Johan. « Salut toi ! Désolée que tout le monde ait dû annuler. » Dis-je en fronçant le nez. Et c’est là qu’enfin je regarde vers James, là qu’à son regard j’arrive à comprendre qu’il n’a pas encore parlé à Johan, d’où le fait que tout soit calme. Je m’approche le cœur battant déposer un baiser sur sa joue et sens une décharge électrique dans tout mon corps alors qu’il n’a fait que presser doucement mon bras. Je fais comment hein ? Je fais comment pour éviter tout geste tactile avec lui tout l’après-midi ? « Oh j’ai amené de quoi manger ! » Dis-je pour rapidement me changer les idées. Je fouille dans mon sac pour sortir mes tupperwears de mon sac, toute contente. « Muffins et cookies cuisinés samedi mais toujours aussi bons ! » La nourriture, rien de mieux pour me changer les idées et ne pas paniquer.
J'attrape la bière que James me tends en observant l'horizon devant nous. Je me perds dans la contemplation des eaux, sourire aux lèvres en faisant sauter le bouchon de ma boisson. D'une oreille, j'entends le caprice de ma fille, suivit de près par une injure que je ne laisse évidemment pas passer, tout comme James. Sourcils froncés, je fais bien comprendre à Ellea que je désaprouve son comportement avant de retrouver le sourire. Elle commence à prendre cette sale habitude de jurer et je n'aime franchement pas ça.
Je fini par prendre place dans un siège et sortir mon téléphone tandis que James étale la crème sur le dos d'Ellea. Les messages défilent devant mes yeux, me tirant une moue déçue. Tout le monde à fini par décommander notre petite réunion familiale, il ne reste plus que Teddy, qui nous rejoindra bel et bien. J'avoue être déçu. Mon enthousiasme retombe comme un soufflé. Moi qui me faisait une joie de ce rendez-vous, je me retrouve bien con d'un coup.
« Tout le monde à décommandé finalement. » soufflais-je à l'attention de James. « Enfin sauf Teddy, elle ne devrait pas tarder à arriver. »
Et comme par magie, elle se dévoile au loin. Je souris alors qu'Ellea se précipite vers elle pour l'accueillir.
« Salut franginne. »
Je lui rend son bisou, l'observant saluer James à son tour en rangeant mon téléphone à sa place.
« Ouais, tout le monde nous à lâchés, c'est nul. »
Mon regard dévie naturellement à la recherche de ma fille, qui joue non loin de là avec ses jouets, que j'ai pris soin de rapporter. Je souris en reculant, calant mon dos contre le siège en avalant une goulée d'alcool, puis reporte mon attention sur Teddy lorsqu'elle annonce avoir ramener à manger. Mon sourire et mon regard s'illuminent aussitôt. Mon ventre crie famine avant même qu'elle sorte les tupperwars.
« Génial ! Je meurs de faim ! »
D'autant plus que je sais d'expérience à quel point ma soeur est excellente pâtissière. Je plonge une main à la recherche d'un délice sucré pour y goûter, ronronnant presque.
« Ils sont super bons. »
J'en reprends une bouchée, puis me tourne vers Ellea.
« Ma puce, tata à ramené des gâteaux ! Tu en veux ? »
Il ne suffit que du mot magique pour qu'elle se lève et fonce vers nous, son ravissant sourire aux lèvres. Elle se sert, remerciant sa tante avant de repartir aussi vite. A nouveau, mes prunelles s'accrochent à ma soeur, alors qu'une marque dans son cou attire mon attention. Serait-ce ?
« On s'est fait dévorer soeurette ? » dis-je en pointant la zone suspecte dans mon propre cou. « Qui est l'heureux élu ? On le connait ? »
Elle a suffi qu’elle colle un baiser sur la joue pour sentir l’odeur de mon gel douche sur sa peau. Intérieurement, ça me fait sourire de savoir qu’elle a fait comme chez elle, chez moi. C’est ce dont j’ai réellement envie, même si j’ai envie de garder encore ça pour moi. Mêler tout le monde dans notre relation, sans qu’on sache réellement ce qu’il s’y passe, c’est délicat. Et pourtant, je sais que Teddy commence doucement à en parler autour d’elle, parce que les échos que j’entends sont là. Johan, c’est à moi d’en parler, je sais. Mais je n’y suis simplement pas arriver. Pourquoi ? La peur de décevoir, d’en rajouter une couche à tout ce qu’il traverse ? La peur de l’avoir trahi d’une certaine manière ? Je ne sais pas. Il m’a simplement demandé d’aider Teddy à avoir un gars, et au final…je me retrouve à craquer totalement pour elle. Alors ouai, ce n’est clairement pas fairplay. J’ai bien saisis que visiblement cette après-midi, risque d’être difficile. Johan m’a invité parce que c’était censé être un pique-nique avec tout le monde…au final, on se retrouve entre nous. « Oh j’ai amené de quoi manger ! Muffins et cookies cuisinés samedi mais toujours aussi bons ! » « Tu vas en faire des heureux » J’ose dire en tentant d’agir totalement naturellement. Je me redresse et vois Johan mordre dans un des gâteaux. « Ils sont super bons » Je lève les yeux et ris : « On n’est pas censé manger le plat avant le dessert hein ? » Je le taquine, parce que Johan et la logique parentale, ça fait un peu deux. Il éduque très bien Ellea, mais il reste égal à lui-même. Yolo, comme dirait un jeune de nos jours. Buvant ma bière alors que je sens le regard de Teddy désapprobateur se poser sur moi, j’hausse les épaules en guise de réponse. Qu’elle me laisse vivre aussi, même si les médecins me l’ont déconseillé. « On s’est fait dévorer sœurette ? » Ca en revanche, ça me vaut de m’étouffer avec ma bière, alors que Johan désigne la zone de son cou, en guise d’explication. J’en avais presque oublié de ce que j’avais osé marquer la veille…Forcément, il fallait qu’il tombe dessus. Fais chier. « Qui est l’heureux élu ? On le connait ? » J’ajoute d’un air détaché : « Laisse-la donc vivre un peu la petite. C’est ce que tu voulais non ? » C’est lui qui m’avait demandé de l’aider à ce qu’elle ait une vie sociale un peu plus rempli, pour qu’elle se change les idées. Bon, d’accord…je pense qu’il s’imaginait que moi, le mec qu’il considère comme son frère, allait finir par être le type qui allait tout changer. Même moi, je m’y fais toujours pas.
Je l’ai senti en voyant tout le monde annuler les après les autres : me rendre à la plage était une mauvaise idée. Malgré mon envie de voir mon frère, ma nièce et James, j’ai très vite eu cette petite voix qui me répétait de trouver une excuse pour annuler moi aussi. Malgré ça j’y suis allée, presque persuadée que rien de catastrophique ne peut se produire … Jusqu’à réaliser que James n’a toujours rien dit à mon frère. Il a eu toute la matinée mais non, je me retrouve comme une idiote à chercher quel rôle je vais devoir jouer pour pas nous griller. J’accepte le fait qu’il ait envie d’y aller doucement, qu’avec sa leucémie il ait besoin de contrôler un minimum de choses dans sa vie, seulement on ne va pas pouvoir se cacher éternellement. Tomas nous a surpris et j’ai eu besoin d’en parler à Jay. Si Johan l’apprend par quelqu’un d’autre ça ne passera pas. J’essaye de ne pas trop y penser, de me concentrer sur ma petite princesse et d’être aussi naturelle que possible. « Ils sont super bons. » Déclara Johan concernant mes gâteaux. « Je suis presque vexée que tu doutes de mes talents de pâtissière. » Râlé-je en levant les yeux au ciel. Je ne suis pas un cordon bleu mais en termes de pâtisserie je suis douée, sans vouloir me lancer des fleurs. « On n’est pas censé manger le plat avant le dessert hein ? » Si on faisait les choses normalement dans cette ça se saurait et puis j’adore voir le visage d’Ellea s’illuminer quand elle croque dans le gâteau. En revanche, j’aime bien moins voir James boire de l’alcool. Loin d’être sérieux avec sa condition, je me contente d’un regard lourd de sens auquel il répond par un haussement d’épaules. Oh je l’étranglerais si je pouvais ! « On s’est fait dévorer sœurette ? » Demande Johan en désignant son cou. Je ne rougis pas, je pâlis et évite de regarder vers James. Je ne comptais pas avoir à me justifier là-dessus, pas alors qu’il était supposé savoir avant mon arrivée. Là, j’ai surtout envie de me cacher. « Qui est l’heureux élu ? On le connait ? », « Laisse-la donc vivre un peu la petite. C’est ce que tu voulais non ? » Je ne sais pas qui j’ai le plus envie de frapper : Johan et sa curiosité ou James qui joue un rôle là où il suffirait d’être franc ? « Ça changerait quoi si je te dis que tu le connais ? De toute manière il est possessif que dans notre intimité, t’es pas prêt d’en savoir quoi que ce soit. » Si c’est mon frère que je regarde, ma pique est entièrement dirigée vers James. Il m’avait quand même promis de le faire, promis de lui parler, maintenant je me retrouve juste comme l’idiote qui espérait qu’il assume un peu plus notre relation.
Evidemment, la jolie trace qui garnit le cou de ma soeur ne passe pas inaperçu. Et elle est fraiche, ce qui veut forcément dire qu'elle fréquente quelqu'un depuis peu. Fidèle à moi-même, je ne peut pas m'empêcher de vouloir la taquiner, d'en savoir plus. Après tout, c'était moi, qui avait demandé à James de la sortir un peu, pour qu'elle voit du monde et rencontre de nouvelles personnes. Alors, si elle avait trouvé quelqu'un grâce à ça, j'en était réellement heureux.
Néanmoins, je ne m'attends pas du tout à de telles réactions. L'expression qui s'étale sur mon visage face à la réaction de James et Teddy doit en dire long. Qu'est-ce qui leur prend, à être autant sur la défensive, l'un comme l'autre ? Un sourire quelque peu moqueur leur répond alors que je retiens un petit rire.
« On se calme les gars, c'était juste une taquinerie, c'est quoi le problème ? »
Ils agissent bizarrement, l'un comme l'autre. Outre le regard clairement réprobateur que ma soeur pose sur mon meilleur ami, je sens bien que quelque chose cloche. Depuis quand James la défend comme ça ? Ils ont toujours été proche, mais je pense que c'est bien la première fois qu'il la défend aussi ardemment, surtout pour une simple taquinerie. Teddy, elle, si elle n'a jamais été du genre à se confier, en tout cas avec moi, me surprend tout autant. On dirait presque que...
« Ça change que ça me rend encore plus curieux de savoir qui c'est. Allez, crache le morceau soeurette. T'en as trop dit maintenant. »
Je lui offre un grand sourire en avalant une nouvelle goulée d'alcool. Ma curiosité doit briller dans mon regard qui ne lâche plus ma soeur, attendant impatiemment d'en savoir plus.
Le suçon. J’avais oublié que j’avais marqué Teddy cette nuit. Parce que j’avais envie que n’importe qui la regardant sache qu’elle est à quelqu’un, qu’elle est à moi. Mais, j’avoue que j’aurai dû réfléchir à deux fois avant de lui en faire un dans le cou. Parce que n’importe qui c’est aussi son frère, mon meilleur ami, et que je sais bien trop curieux pour lâcher l’affaire comme ça. Alors j’essaye de la défendre, pour lui dire que c’est ce qu’il voulait, qu’elle se fasse plaisir. « Ça changerait quoi si je te dis que tu le connais ? De toute manière il est possessif que dans notre intimité, t’es pas prêt d’en savoir quoi que ce soit » Le regard qu’elle me lance en dit long sur sa pensée. Je sais que j’ai merdé ce matin, j’aurai dû lui en parler, et si je l’avais fait, nous n’aurions pas été dans cette situation. Mais, à vrai dire, je suis paniqué à l’idée qu’il le sache. « On se calme les gars, c’était juste une taquinerie, c’est quoi le problème ? » Il se met à rire, mais je vois bien qu’il nous étudie, et vu la réaction de Teddy, il ne lâchera pas l’affaire rapidement. « Ça change que ça me rend encore plus curieux de savoir qui c’est. Allez, crache le morceau sœurette. T’en as trop dit maintenant » J’ai l’impression qu’on a une toute autre conversation d’un simple regard avec Teddy. Elle me supplie, me demande de faire quelque chose, et de dire n’importe quoi. Mais, je suis figé sur ce je dois réellement assumer. Pourquoi vouloir tout compliquer alors que j’avais simplement envie de prendre mon temps hein ? Je fronce les sourcils, en tentant de lui faire prendre conscience que je ne sais pas quoi dire, et quand je reviens vers Johan, il me regarde, d’un air sombre. Il n’est pas con, non. A vrai dire, même Ellea aurait pu comprendre si elle avait suivi la conversation. Et alors que je comprends qu’il devine ce qu’il se passe, ses yeux changent. En mal, j’en suis certain. « C’est pas… » Ce qu’il pense ? En réalité, c’est exactement ce qu’il pense. J’aurai certainement réagit violemment en sachant que mon meilleur pote a baisé ma sœur – même si techniquement, nous n’avons toujours rien fait. « J’ai voulu te le dire ce matin, mais…je » Non, j’ai aucune excuse, en réalité. J’ai été qu’un pur égoïste, voilà tout.
« On se calme les gars, c'était juste une taquinerie, c'est quoi le problème ? » Le problème est que James ne lui a pas parlé de nous. Le problème est que je sens que cette situation va déraper trop vite pour que l’un de nous le comprenne vraiment. Le problème est que même si je suis d’accord d’aller au rythme de James, je m’attendais à ce qu’il ose parler de nous à mon frère et que je me retrouve désormais comme une idiote à devoir trouver une excuse concernant mon suçon. Evidemment, mon premier réflexe est d’être sur la défensive ce qui va forcément éveiller encore plus les soupçons de Johan. « Ça change que ça me rend encore plus curieux de savoir qui c'est. Allez, crache le morceau sœurette. T'en as trop dit maintenant. » C’est James que je regarde sans dire un mot. Je n’ai pas la moindre idée de la façon dont je pourrais nous sortir de ça. Je ne sais pas de quelle manière il comptait lui dire ou même ce qu’il allait dire tout court. On se regarde un moment en silence rendant la situation encore plus pesante. J’imagine que c’est suffisant pour que Johan se fasse une idée de ce qu’il se passe. En tout cas, James le voit comme ça. « C’est pas … » Si ça l’est et très franchement qu’il commence de cette manière, ça ne me plait absolument pas. « J’ai voulu te le dire ce matin, mais … je » Je regarde James puis mon frère et inversement. Je ne la sens pas cette "conversation", vraiment pas. « Johan … » Je tente de commencer en douceur. Mon frère a énormément de cœur, il est bienveillant et je sais qu’il voudra toujours le meilleur pour nous mais l’apprendre de cette manière, comprendre à mi-mots que nous sommes ensemble, ça va le mettre en colère. Les battements de mon cœur s’accélèrent brusquement alors que je fais un pas en avant. Mais qu’est-ce que je pourrais faire de plus ? Qu’est-ce que je pourrais dire de plus ? Il l’apprend comme ça, par hasard. Et moi je n’arrive pas à me détacher de cette sensation que finalement notre relation ne compte pas assez pour que James ait le courage de lui en parler ce que je ne sais pas de quelle façon l’encaisser.
Le silence se fait. Un silence étrange. Pesant. Mon sourire se fane lentement. Mes sourcils se froncent sous l'échange de regards qui se fait devant moi. James et Teddy se jaugent. Ils hésitent, l'un comme l'autre. Et c'est là que je percute. C'est là que tout s'éclaire dans ma tête. James. C'est James, bordel de merde. C'est lui, qui lui a fait cette marque possessive. Putain, dites-moi que je rêve.
James parle. Ses paroles m'électrisent. La colère monte dans mes veines. Elle grossit, s'étire le long de mon corps jusqu'à totalement parasiter mon esprit. C'est pas possible. C'est... Putain c'est pas vrai ! Le regard d'incompréhension que je portais sur eux change. Il mute en se posant sur mon meilleur ami. Celui que je pensais être mon frère. Il devient noir, suinte du sentiment détestable de la trahison qui me prend aux tripes. Ça déborde en moi en un instant. Oh, il aurait voulu m'en parler ce matin ? Vraiment ?! Comment a-t-il pu ? Comment a-t-il pu me faire ça putain ? Mes dents se serrent en parfait miroir avec mes poings. S'en est trop pour moi. Beaucoup trop.
Je me lève au moment même où Teddy prononce mon nom. Je ne l'écoute pas. Je l'évite alors qu'elle avance vers moi. Je ne veux plus rien entendre. Je veux partir, maintenant, avant que ma colère n'explose. Je suis incapable d'à nouveau croiser leur regard. Si je le fais, je ne sais pas ce qu'il adviendra et je préfère ne pas le savoir.
« Ellea, on y va. » claquais-je entre mes dents serrés.
C'est un ordre. Pur et simple. Il y hors de question de rester une seconde de plus ici. Mon esprit est vrillé, focalisé sur mon objectif alors que j'attrape rapidement mes affaires, puis vais récupérer ma fille. Il est temps que je me casse, vite.
Accueil
Mer 19 Aoû - 19:38
