Pourquoi ? Parce cet homme était une véritable pourriture. Écoute Alexis, ce n’était pas la première fois que je tirais sur quelqu'un, mais cette fois-ci, c'était différent. Strictement rien à voir, car j'exerçais mon métier et je n'ai jamais tué personne, ni encore moins souhaité la mort de ces gars-là.
Il s'arrête dans ses explications durant quelques secondes, se rappelant cette soirée où le sang ruisselait entre les joints du carrelage et des sensations qu'il avait ressenti à cet instant. Son regard figé sur une des plantes vertes du balcon, il reprend serrant le poing sur son genou :
Seulement lui, j'ai vraiment voulu qu'il crève avoue t-il d'une voix grave. Ses iris retrouvent ceux de sa fille, il hausse une épaule : mon cerveau culpabilise peut-être pour une raison que j'ignore, d'ailleurs, ça me tape sur le système de réagir ainsi. Parce que franchement à l'heure ou j'te parle, je ne regrette rien.
Après avoir écrasé son mégot dans le cendrier, Cole se lève et entre à l'intérieur d'un pas lent, s'installant cette fois-ci sur le dossier du canapé. Les pieds croisés l'un sur l'autre, il attend que sa fille le rejoigne :
Je sais de source sure que l'affaire est classée, mais faire attention à mes faits et gestes après le meurtre, dissimuler, faire disparaître les preuves et faire attention de continuer à agir comme d'habitude m'a épuisé psychologiquement même si ton parrain m'a aidé. Alors, ouais, je déraille peut-être en ce moment, mais laisse moi du temps pour gérer tout ça ok.
Putain. Il tire ses cheveux bien trop longs vers l'arrière : Tu ne comprends pas que j'ai essayé de te protéger de toute cette merde Alexis ? Tu crois que j'suis fier de te faire comprendre que ton père a...
Au lieu de terminer sa phrase, il expire un bon coup :
Si tu crois que tu as besoin d'en savoir d'avantage, alors je vais répondre à ta question. Parce qu'encore plus que le fait de tuer quelqu'un, c'est justement la raison qui me fout dans une rage telle que je serais près à recommencer si cet homme se trouvait en face de moi.
Voyant que sa fille a pris sa décision, il continue les révélations :
Ce minable... la façon dont il prononce ce mot, avec une haine sans faille, comme si sa voix enrouée prononce l'insulte la plus horrible au monde. Venant de la bouche de Cole c'est suffisamment puissant pour que sa fille comprenne à quel point cet énergumène était abominable. ... À était violent. Que ce soit dans ses propos horribles ou ses gestes abjects. Des coups, des insultes, des abus. De l'intimidation à la manipulation. Je te laisse comprendre par toi-même ce qu'il a pu faire. Voilà, pourquoi.
Alexis Wheeler
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Avatar : Millie Bobby Brown Messages : 931 Dollars : 0 Date d'inscription : 08/06/2020 Multicompte(s) : Gabriel&Jamie&Samaël &Tobias&Zane&Ezra&Neal Crédits : tearsflight Débarqué.e à Los Angeles depuis : ma naissance , j'habite : l'appartement de mon père . On me surnomme : Al, Alex , j'ai : 20 ans et je suis né.e le : 24 juillet . Je suis : célibataire et : lesbienne . Aujourd'hui, je suis : étudiante en arts à UCLA et milieu offensif pour l'équipe de la fac, footballeuse presque professionnelle.
Une véritable pourriture. Avec ces simples mots, Al eut sa réponse. Son père n’était pas du genre à prononcer des paroles en l’air, encore moins des insultes, et la haine qui dégoulinait de tout son être et jusque dans sa voix était palpable. Ce type, elle ne savait pas qui c’était, mais elle estimait que le monde se portait largement mieux sans lui. Ce qu’il dit ensuite, elle le savait. Son père n’avait jamais eu le goût du sang, n’avait jamais été de ces malades qui aiment tuer, qui y prennent plaisir. Ok, il avait ses défauts, faisait des trucs pas très légaux, mais ça, jamais. C’était pour ça qu’elle avait voulu savoir, comprendre. Parce que ça ne lui ressemblait en rien. Elle ne fut pas surprise une seule seconde qu’il ne regrette pas son geste. Si elle avait été à sa place, elle n’aurait probablement pas regretté non plus. Certaines personnes ne méritaient tout simplement pas de vivre.
Elle resta silencieuse, lui laissant le temps et la place de s’exprimer, de lui raconter, comme lui l’avait toujours fait avec elle. Ouais, peut-être que leur famille était un peu dysfonctionnelle, mais au moins tout le monde s’écoutait sans se juger et ça, c’était une force qu’aucune autre famille n’avait. Lorsqu’il se leva, elle le suivit, toujours en silence, et s’installa à côté de lui, dans la même position. Tel père, telle fille, non ? Elle soupira légèrement en entendant qu’il avait juste tenté de la protéger. Elle appréciait le sentiment, mais il n’avait pas tout à fait géré ça de la bonne façon, il fallait l’avouer… Nan, y’avait pas de quoi être fier. Pourtant, au fond, elle, elle ressentait de la fierté. Son père avait eu les couilles de faire ça, de se salir les mains pour rendre le monde un peu moins pourri. Ouais, fallait pas souhaiter la morte des gens, elle le savait. Pourtant… Pourtant merde, certains méritaient de finir au cimetière.
Comme pour confirmer ce qu’elle était en train de penser, son père continua son explication et elle fronça légèrement les sourcils. Encore une fois, il ne lui disait probablement pas tout. Pourtant, elle ne poserait pas plus de questions. Il lui avait apporté les réponses dont elle avait besoin pour comprendre, et s’il ne lui en avait pas dit plus, c’était probablement parce qu’il avait ses raisons. Au moins, maintenant, elle comprenait ce qu’il en était. Ouais, il avait probablement débarrassé le monde d’une ordure qui le méritait. Alors quand il se tut, Alexis prit un peu de temps pour réfléchir. Le silence envahit l’appartement tandis que son regard se perdait dans le vide, ses sourcils froncés. Et puis elle se redressa, et se plaça face à son père, avant de se coller contre lui, l’entourant de ses bras.
« T’as fait ce qu’il fallait. Il faisait du mal autour de lui et j’pense que le monde se porte mieux sans lui. »
Elle soupira légèrement puis s’écarta pour planter son regard dans celui si familier de son paternel.
« Tu l’as dit toi-même, peu importe ce qu’il se passe t’es mon père et tu le resteras. J’vais pas arrêter de te parler pour ça. Tu m’as pas fait de mal à moi, et t’as pas fait de mal à des innocents, donc j’estime que t’as rien fait d’mal. Si j’t’ai fait autant chier c’est parce que je te reconnaissais pas et qu’ça me faisait chier de te voir descendre aux enfers sans comprendre pourquoi. Maintenant que j’sais j’pense que je peux pas trop t’aider, mais au moins j’comprends ce qu’il se passe. »
Elle se mordilla la lèvre, un peu gênée, avant de reprendre.
« J’suis désolée d’avoir été chiante, j’étais juste inquiète et t’étais soit pas là soit… Bah pas là. Mais promis j’vais arrêter mes conneries. Si t’as besoin de temps pour faire le point ou quoi, j’sais pas, j’peux me faire discrète dans l’appart. Mais merci d’me l’avoir dit… J’aime pas quand tu m’caches des trucs… »
Le regard inquiet du quadragénaire suit la jeune femme quand elle se place devant lui. Ça fait un moment qu'il n'a pas ressenti une émotion si positive.
Lorsqu'Alexis vient le prendre dans ses bras une partie de lui est profondément soulagée. Sans attendre Cole serre sa fille contre lui, engouffrant son visage dans ses cheveux qui sentent bon le monoï. Ses paupières se ferment un instant afin de profiter de cet échange.
C'est la seule solution que j'ai trouvée confirme t-il en la laissant mettre fin à l'étreinte :
J'suis certainement pas le père idéal, tu me l'as bien fait comprendre et j'en ai conscience. C'est pour cette raison que j'ai voulu cette fois-ci gérer ça de mon côté. Et. Il lui donne un petit coup d'épaule contre la sienne, un sourire au lèvre : J'fais de mon mieux ok ?
Cole la regarde en plissant légèrement les yeux, l'air de dire que s'il a besoin de se nourrir de pizza et de bières, de s'isoler de l'extérieur et de regarder des conneries à la télé pour passer cette période compliquée, il ne va pas s'en priver. Sans doute qu'il lui est nécessaire de toucher le fond pour pouvoir remonter à la surface plus rapidement, puis ça lui fait du bien de rester loin de son boulot pour une fois :
Désolé de t'avoir inquiétée, mais ne dis pas de connerie tu veux. T'es chez toi t'as pas à te faire discrète. Sauf si tu remets ta musique je te préviens ça va pas le faire. Puis t'es toujours punie plaisante t-il d'une voix sérieuse en continuant : De toute façon, ça change rien à d'habitude : tu vas prendre sur toi et tu vas me supporter. Seulement, t'as beau être ma fille, t'es pas censée gérer mes conneries
Le quarantenaire se redresse et s'allume une autre clope et balançant son briquet sur le bar il plante ses iris marron dans ceux de sa fille :
Mais si tu préfères aller chez Robbie, vas y. De toute façon, tu n'as rien à voir dans cette histoire. Seulement..
Il se vautre machinalement dans le canapé, sa main contre l'une de ses tempes pour essayer d'apaiser la migraine qui vient l'emmerder :
Tu peux m'apporter de l'aspirine ?
Cole attrape la bouteille d'eau et les comprimés en faisant attention à ne pas foutre des cendres sur le tissu du canapé :
Merci. Viens t'assoir demande t-il pour la deuxième fois de la journée, tapotant la place à ses cotés. Apres les comprimés avalés il continue les explications :
Puisque tu tiens à savoir ce qui se passe, je préfère te prévenir que tu risques d'y être confronté puisque ça concerne les Deakin. Alexis. Quand je te disais de laisser Aelys tranquille en ce moment, c'était surtout pour que tu lui laisses du temps en famille. Ce connard. C'était l'ex-mari d'Anna. Le père de Gabe. Tu sais que Gabriel est revenu à LA depuis quelques semaines ? demande t-il rhétoriquement de sa voix rauque expirant la fumée sur le coté :
Il a besoin de retrouver Anna et Aelys. De se retrouver lui-même.Passant son bras derrière les épaules de sa fille, il l'embrasse sur sa tempe et la serre à nouveau contre lui :
Je ne sais pas ce que Gabriel à décidé de faire ou même de leur dévoiler ; mais si la morveuse, ta petite amie se corrige t-il en levant les yeux au ciel : à besoin de toi, elle te le fera savoir ok ? Tu m'as fait la promesse de ne rien dire. Alors je compte sur toi. Gabriel a le droit de choisir ce qu'il a envie de faire.
Alexis Wheeler
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La seule solution… Est-ce que ça l’était vraiment ? Sûrement. Ce genre de connard n’aurait jamais payé pour ses crimes, avec le système de justice pourrie qu’ils avaient. Sûrement quelques années de prison, voire rien d’autre qu’une tape sur les doigts s’il s’agissait de quelqu’un d’un peu riche ou influent… Ouais. Il était sûrement mieux six pieds sous terre, cette ordure, peu importe qui il était. Elle soupira en entendant la suite de ses paroles et leva les yeux au ciel.
« Personne a jamais dit que tu devais être le père ideal. Et personne a jamais dit que tu l’étais pas. J’sais bien que tu fais de ton mieux depuis… Fin bref. Tu fais d’ton mieux et ça m’va. Mais te voir te morfondre sans comprendre ce qu’il se passait, c’était pas l’truc le plus agréable. »
Elle rit doucement à son coup d’épaule et secoua la tête. Bah voilà. Ça, c’était son paternel. Pas le mec chelou qui parlait à peine et la regardait mal dès qu’elle passait pas loin de lui. Elle se demandait si son attitude était entièrement due à cet acte, ou s’il s’était autant laissé aller parce qu’il voulait la préserver ? Elle espérait que la dernière option était la bonne, et que savoir qu’elle ne lui en voulait pas et ne lui en voudrait jamais aiderait un peu à ce qu’il remonte la pente. Tout ce qu’elle voulait, c’était qu’il aille bien. Un nouveau sourire étira ses lèvres en entendant la suite de ses paroles et leva encore les yeux au ciel en entendant sa petite critique de la musique. Quoi ? Au moins, ça avait marché, non ? Petite grimace en entendant qu’elle était toujours punie. Là, tout de suite, elle ne savait pas s’il plaisantait ou non, et elle avait vraiment envie qu’il ne soit pas sérieux. Elle haussa les épaules.
« Vouloir savoir ce qui va pas et pourquoi tu tires la tronche ça veut pas dire que j’gère tes conneries. Ça veut juste dire que j’m’intéresse un minimum à ce qu’il se passe dans ta vie. C’est comme ça une famille. »
Au moins elle avait un parent avec qui ce genre d’échange était possible, alors pas question de s’en priver. Elle le regarda s’allumer une clope et se demanda un moment si elle n’avait pas elle aussi envie de fumer… Mais non. Pas tout de suite. L’entendre dire qu’elle pouvait aller chez Robbie si elle voulait, ça, c’était cool. Parce que ça voulait dire qu’il plaisantait sur la punition. Mais Robbie habitait chez son petit-ami-prof-super-secret et elle avait un peu peur de déranger en s’invitant. Elle fronça les sourcils lorsqu’il laissa sa phrase en suspend et se dépêcha d’aller chercher de quoi soulager sa migraine, avant de prendre place à ses côtés. Seulement quoi ? Merde, fallait qu’il se dépêche de la cracher sa Valda, le vieux. Al fit une petite grimace en l’entendant parler de laisser Aelys passer du temps en famille. Gabe, il avait pas été là pendant des années, alors merde. Fallait arrêter de la faire chier avec ça, il avait même pas eu les couilles de retrouver sa sœur tout seul, donc fallait arrêter de se foutre de la gueule du monde. Mais… Tout changea en entendant la suite. Son père… Son père avait tué Wilkins Davis ? Le flic ? oh merde. Elle se laissa attirer contre son père, un peu choquée de ce qu’elle venait d’apprendre. Merde… Elle soupira.
« Bien sûr que j’dirais rien. Moi, ça m’regarde pas. Fin ça m’regarde parce que t’es impliqué, mais j’suis personne pour dire quoi que ce soit à qui que ce soit, alors t’en fais pas. Mais Ael c’est une grande fille, et elle sait prendre des décisions toute seule. Tant qu’elle m’aura pas dit qu’elle veut pas me voir, c’est qu’elle aura pas besoin de temps toute seule. Ils se voient presque jamais t’façon, il est jamais là. Mais si elle a besoin de temps bien sûr que je la laisserai. Pour l’instant, c’est pas l’cas. »
Psychologiquement parlant, évidemment que tu vas devoir gérer Alexis, même si tu estimes que je n'ai rien fait de mal. Il faut toujours laisser la justice agir, seulement cette fois-ci... Dans cette situation précise, je savais très bien que cet ordure allait s'en sortir. Puis sans oublier que le fait de me voir dans cet état t'affecte ajoute t-il sérieusement tout en se pinçant l'arête du nez. Un soupir las s'échappe d'entre ses lèvres, il ne voulait pas que sa fille ait à porter ce poids sur ses épaules, mais c'est trop tard à présent.
Sur le moment, il ne peut pas s'empêcher de penser qu'il aurait dû garder ce secret et préserver sa fille. Il s'en veut déjà suffisamment d'errer comme une loque depuis des jours malgré lui. Seulement, ils sont comme ça. Quoi qu'il arrive ils s'inquiètent l'un pour l'autre et finissent toujours par être sincères, même si cette fois-ci, Cole a eu du mal de part la gravité des choses. Car toute vérité n'est pas bonne à dire, mais connaissant Alexis, il sait au fond, même si ça ne lui plaît pas en tant que père, qu'elle préfère être mise au courant. Elle est sûrement devenue tout aussi atypique que lui et cette pensée le fait rire intérieurement.
Ses prunelles se posent sur le profil de sa fille. Non, finalement, il ne regrette rien, mais ça n'empêche que cette situation est compliquée à gérer, et ce, même pour quelqu'un qui a un tempérament tel que le sien :
Tu ne t'en rends peut-être pas compte, mais ce n'est pas le genre de secret que je souhaite partager avec ma fille. J'ai confiance en toi, tu le sais, là n'est pas la question.
Après un échange de regard conciliant, il ajoute :
Enfin. Tu comprendras quand t'auras un gosse, j'imagine.
Même si en ce moment le quarantenaire est dépassé par les événements, il espère sincèrement remonter la pente aussi vite que possible. Il aura besoin de temps pour se retrouver et faire le point. Sans oublier que le barbu approche les cinquante ans et qu'il se sent paumé dans sa vie autant pro que perso.
Installés dans le canapé devant les bières et les boites de pizzas vides, Cole décide d'aller jusqu'au bout et d'absolument tout lui dévoiler.
Sa réaction ne l'étonne pas, et même si Gabriel est son filleul, Alexis et lui n'ont pas vraiment eu le temps de tisser des liens. C'est normal qu'elle veuille prendre le parti d'Aelys. Même s'il est fier d'elle, il s'empêche de serrer une nouvelle fois sa fille contre lui :
Tu ne m'as pas compris, je dis surtout ça pour Gabriel Alexis. Je sais très bien qu'Aelys est une grande fille et qu'elle sait se démerder seule. Puis, ce que je te demande ce n'est pas de ne plus la voir. Juste d'éviter de te rendre chez eux en ce moment et de la voir à l'extérieur. Je sais qu'ils ne se voient pas souvent, c'est une raison de plus pour donner du temps à Gabriel de gérer tout ça avec sa famille s'il en ressent le besoin, tu crois pas ?
Alexis Wheeler
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Ouais, gérer psychologiquement, ça elle en était pas trop sûre. Ça allait pas changer grand-chose à sa vie. Du moins, c’était ce qu’elle pensait. À ses yeux, son père n’avait rien fait de mal. Et puis, il lui avait dit lui-même que l’affaire était classée, c’était donc que personne ne regrettait cet enfoiré, personne ne voulait savoir ce qui lui était réellement arrivé, pourquoi il était mort. Alors elle allait probablement faire comme si rien ne s’était passé, faire comme si son père n’avait jamais fait le moindre truc, parce qu’à ses yeux il restait et resterait l’homme incroyable qui l’avait élevé, qui l’aimait et qui n’avait toujours voulu que le meilleur pour elle. Alors elle se contenta de hausser les épaules, parce que de toute façon, qu’aurait-elle pu dire de plus ? Pas grand-chose. Ouais, ça l’affectait de le voir dans cet état. Mais plus particulièrement, c’était l’avoir vu dans cet état sans comprendre qu’il l’avait autant énervée. À présent qu’elle comprenait, toute la colère s’était envolée, et elle se foutait pas mal de savoir qu’il allait rester planté sur ce canapé à avaler pizza et bière sans jamais bouger. Il fallait qu’il prenne le temps de se remettre de tout ça. L’entendant soupirer, elle posa une main sur son épaule et la tapota doucement, lui souriant.
« T’en fais pas pour moi, ok ? Prends l’temps de te remettre, moi j’me gère. »
Peut-être que ce n’était pas le genre de secret qu’il voulait partager avec elle, mais c’était le genre de secret qu’il valait mieux partager. Garder tout ça pour lui avait dû le bouffer intérieurement, d’où son état. Sa dernière remarque lui fit plisser les yeux et elle inspira légèrement avant de grimacer.
« A propos d’ça… Euh… J’pense pas que j’en veuille. Mais vois l’avantage, personne t’appellera jamais Papy Cole. »
Elle haussa les épaules et tenta un rire. Elle y avait pas mal réfléchi, et elle ne se voyait vraiment pas maman. Il faudrait qu’elle en parle avec Aelys, elle ne connaissait absolument pas son opinion à ce sujet, et c’était le genre de truc important dont on parlait quand on était en couple de façon sérieuse. Non ? Son esprit qui commençait à partir dans tous les sens fut violemment ramené sur terre quand son père lui donna le fin mot de l’histoire. Malgré tout, un soupir lui échappa en entendant les dernières remarques de son paternel et elle leva les yeux au ciel. Gabe, il faisait aucun effort. Depuis qu’il était rentré, il n’avait presque pas vu sa sœur. C’était donc un peu du foutage de gueule de lui dire à elle de laisser Aelys tranquille pour que la famille puisse se reconstruire. Si Gabriel voulait vraiment agir, il pouvait le faire, et Al n’avait rien à voir là-dedans. Mais ce n’était pas trop le moment de chercher le conflit et de relancer une discussion stérile. Alors, à nouveau, elle tapota l’épaule de son père avant de se lever.
« Ok, si tu veux. Bon, sur ce… J’pense qu’on a tous les deux mérité une bière, non ? »
Le regard sombre rivé vers son épaule, il a l'envie de lui dire de retirer sa main, mais il sait que de temps en temps, il est primordial de montrer à sa fille qu'il n'est pas réfractaire à ce genre de démonstration, alors il se retient même si ça le met mal à l'aise. Un petit sourire en coin s'esquisse sur ses lèvres avant qu'il ne lui rétorque d'une voix sérieuse, sans une once d'hésitation :
Je m'en ferai toujours. Même si je sais que tu gères.
Parce qu'Alexis est et restera la personne la plus importante à ses yeux et qu'il aura toujours l'envie de la protéger quoiqu'il arrive. En voyant le bout de femme à ses côtés il ne peut qu'être fier, mais son attention est piquée à vif lorsqu'Alexis reprend son sérieux.
Hm ? l'encourage t-il d'un marmonnement rauque en comprenant qu'elle souhaite aborder un sujet sérieux.
Cole reste silencieux quelque secondes afin d'intégrer l'annonce qu'elle vient de lui faire. Il ne sait pas comment réagir, d'ailleurs, il ne lui est jamais venu à l'idée de s'imaginer grand-père un jour. Alors lorsqu'il a entendu Alexis prononcer les mots "Papy Cole", il a eu l'impression que ses yeux voulaient s'échapper de leur orbite. Aucune expression ne vient troubler son visage, mais un raclement de gorge pour reprendre le contrôle se fait tout de même entendre. Il la regarde avant de se mettre à rire jaune suite à sa remarque :
C'est ta vie, rien ne t'oblige à avoir un gosse si t'en veux pas.
Il hausse une épaule et se penche vers la table basse en bordel afin de prendre son paquet de cigarettes. Il en prend une entre les doigts et jette négligemment le paquet sur la boite à pizza vide :
Seulement si jamais tu venais à changer d'avis je te préviens lance t-il en tendant son doigt menaçant devant le visage de sa fille : Il n'a pas intérêt à m'appeler Papy ou je l’étripe.
Même si son visage montre qu'il est horrifié par ce surnom, c'est la façon de Cole de lui faire comprendre que, même si un jour un enfant venait agrandir la famille, il serait présent. Loin de vouloir la faire changer d'avis, il veut juste mettre les choses au clair avec elle. Si Alexis est heureuse avec Aelys et que ça lui suffit, il peut très bien comprendre.
Cole reprend leur précédente conversation, mais comprend que de son côté, sa fille ne veut pas discuter d'avantage sur le sujet. L’image de cet éclat triste dans le regard de Gabriel le hante. D'accord, Gabe n’a pas été souvent présent. Seulement, c'est son filleul, et avec tout ce qu'il a traversé, il mérite qu'on lui pardonne. Le changement de sujet le sauve d'un flot de pensées tumultueux :
Méritée ou pas j'en veux une.
Perdu dans ses pensées, il se retourne afin d'observer du coin de l'œil sa fille qui décapsule les bières fraîchement sorties du réfrigérateur. Il prend la bouteille tendue et boit une longue gorgée rafraîchissante, avant de reprendre une nouvelle fois la parole, la voix enrouée.
Alexis. Je veux que tu prennes des cours de self défense dit-il sérieusement en s'engouffrant un peu plus dans le canapé tout en poussant la couette qui le gêne, sur le côté.
En tant qu'ancien agent de sécurité, il pourrait très bien lui montrer quelques mouvements de krav-maga, mais en ce moment, il n'est pas en état, autant qu'elle s'adresse à un pro. Pour une fois, il va penser à lui en priorité. Après tout ces événements, il est temps pour le quarantenaire de remettre certaines choses en question et de percevoir autrement sa façon de fonctionner sur certains points. Il a besoin de savoir qu'Alexis sait se protéger un minimum en cas d'agression, mais il a aussi besoin de changements, autrement dit : se faire plaisir, profiter de la vie et mettre le boulot et sa culpabilité de côté pendant un moment. Peut-être est-il temps de réfléchir aux décisions plus que discutables qu'il a pris ces derniers temps et de se laisser aller, dans le bon sens du terme cette fois-ci.
Alexis Wheeler
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Petite pincée de fierté quand Al entendit son père dire qu’il savait qu’elle gérait. C’était une chose de le penser d’elle-même, une autre d’entendre son père le dire. Elle lui sourit largement, avant de ramener la conversation sur un sujet un peu plus sérieux. C’était le genre de trucs dont il était important de parler, mais qui n’était pas forcément facile à aborder. Et le silence qui suivit sa petite annonce ne la rassura pas forcément. Merde. Elle qui pensait que son père ne la jugerait jamais... Peut-être qu’elle s’était trompée ? Son cœur se mit à battre beaucoup plus vite tandis que la panique montait en elle. Mais un soupir de soulagement franchit bientôt la barrière de ses lèvres en entendant la réponse – un peu tardive – de son père. Elle se mit à sourire comme une idiote, avant d’éclater de rire face à la remarque suivante. Ça ne l’étonnait vraiment pas qu’il soit totalement contre l’idée qu’on lui rappelle tous les jours qu’il était grand-père.
« Ouais ben rassure-toi, ça arrivera pas va. Mais j’pense que tu devrais t’interroger sur le fait que tu sois capable de t’imaginer en train d’étriper un gosse, quand même. »
Le gros de la discussion derrière eux, elle se leva finalement pour rejoindre la cuisine, bien décidée à se boire une bière bien fraîche avec son paternel. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, les deux bouteilles furent décapsulées, rapportées au salon, entamées... Et presque avalées de travers. Du moins du côté d’Al. Comment ça il voulait qu’elle prenne des cours de self défense ? C’était nouveau ? Une lubie qui le prenait d’un coup, comme ça ? Elle tenta de rire, mais le regard sérieux de son père lui fit comprendre que ça n’avait rien d’une plaisanterie. Elle posa sa bière sur la table.
« Attends... T’es sérieux là ? Tu crois quoi, que je sais pas m’défendre ? »
Elle secoua la tête avant de reprendre, sans lui laisser une chance d’en placer une.
« J’suis pas complètement débile et j’suis pas non plus sans défense. J’ai une bombe au poivre toujours dans mon sac, je sais donner des coups de genoux bien sentis, j’pense que j’ai eu le meilleur des profs pour la répartie bien sentie, et j’ai pas peur d’utiliser mes poings. Un ancien agent de sécu et une flic, c’est ça que ça donne. J’ai pas besoin de cours. »
Pas d’animosité dans sa voix, elle essayait juste d’expliquer calmement le fond de sa pensée. Ça ne lui disait franchement rien, de se pointer dans une salle de sport pour apprendre à frapper. Elle adorait le sport, mais ça, ça la faisait chier. Elle, ce qu’elle aimait, c’était les sports de glisse, pas le combat. Pour autant, elle n’était pas sans défense et si c’était ce que son père pensait, il fallait qu’il revoie sérieusement son opinion d’elle. Elle sourit doucement.
« J’te le redis, parce que faut imprimer l’message mon p’tit paternel. T’en fais pas pour moi, ok ? J’me gère. »
Tu es sûre que t'es pas débile ? marmonne t-il gravement dans sa barbe une lueur sarcastique se reflétant dans ses iris sans qu'un sourire ne vienne ponctuer ses mots. Pourtant il plaisante et sa fille le sait pertinemment, sauf qu'elle ne comprend pas vraiment qu'il n'y a pas de négociation à avoir cette fois-ci. Il la laisse s'expliquer s'empêchant de sourire.
Oui. Je sais. Tu gères.
Voix lasse, légèrement sèche et détachée parce que le quarantenaire essaie de ne rien laisser paraître.
Mais tu vas quand même y aller, même si tu as déjà des bases. Je sais répète t-il d'une voix grave en croisant son regard avant qu'elle ne proteste : et j'aimerai pas être à la place de la personne qui s'en prendrait à toi. Au moins un cours. Ce n'est pas ça qui va te tuer et tu peux bien faire ça pour les beaux yeux de ton père.
Elle a beau avoir une force de caractère comme le sien, Cole est sérieux. Cette fois-ci il ne laissera pas sa fille le convaincre du contraire. Pourtant, son regard ne reflète aucunement l'autorité paternelle qu'il souhaite avoir à cet instant et puisqu'il ne veut pas qu'Alexis décèle cet éclat de détresse, ni ce visage dévasté par les différentes émotions contraires qui tentent de le déchirer, Cole détourne ses yeux vers l'écran, met un des films préférés de sa fille mettant ainsi fin à cette conversation. Lorsqu'il s'agit de la sécurité de la personne qui compte le plus à ses yeux, mieux vaux trop en faire que pas assez afin d'être certain qu'elle soit préparée au maximum.
Faut que je réembauche la femme de ménage dit-il en grimaçant lorsqu'une boite de pizza vide tombe de la table basse au même moment où qu'il pose ses pieds sur celle-ci afin d'allongée les jambes qu'il croise l'une sur l'autre.
Eh ! Alors qu'ils regardent le film, Cole lui donne un coup de coude dans les cotes sans amoindrir sa force : Je te le répète moi aussi pour que t'imprimes le message, je m'en ferai toujours pour toi. Que ça te plaise ou non dit-il sérieusement toujours en regardant l'écran. Mais, la première fois depuis un bon moment, un léger sourire s'esquisse sur ses lèvres, tandis que Cole profite de cet instant partagé avec sa fille.
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Dim 21 Mar - 16:12
