“i want you close Matteo se mord la lèvre inférieure une énième fois en sentant les doigts de Maria courir les long de ses côtes. Et ça lui faisait un bien fou. Elle, lui.
Eux deux. Coude appuyé sur le matelas, tête posée, il la regarde laisser son index glisser sur l'inscription tatouée sur sa côte gauche.
MCMLXXXVIII Probablement un charabia pour la plupart de ceux qui le voyait torse à poil, mais pour Matteo, c'était tout. 1988, l'année où tout avait commencé. Celle de son adoption par les Oliveira alors que des parents trop lâches pour élever un gamin l'avaient laissé à l'orphelinat du coin.
Comme on abandonnerait un cabot avant les vacances d'été. Une blessure qui ne le lâche pas, qui nourrissait déjà la passivité du gamin médiocre qu'il avait été sur les bancs de l'école. Tout juste bon à faire le minimum syndical pour pas repiquer.
Un premier coup de pied au cul de la vie alors qu'il n'avait que quelques mois. Gamin qui demandait juste à faire d'une famille, d'un tout. Son tout, il l'a trouvé dans sa famille d'adoption. Des parents, une sœur et un frère qu'il considère comme de son propre sang.
Cette impression de rejet le démange à chaque fois que Maria détourne le regard, lorsqu'ils sortent de chez lui. Dès qu'elle repousse ses doigts qui ne demandent qu'à s'accrocher aux siens dans la rue. Matteo serre les dents, ça commence à devenir une sale habitude de cacher leur relation. C'est pourtant une toute autre histoire quand ils se trouvent à l'abri des regards et qu'elle s'offre à lui, sans concessions aucune. Quand il plonge dans ses pupilles marrons et qu'il laisse ses doigts suivre agilement les courbes de son dos.
Maria, il l'a dans la peau. Ils viennent de fêter leur huitième mois ensemble.
Huit mois d'un manège à la con dès qu'ils sortent et qui finiront par le rendre malade. - -
"Je t'avais dit que je gérais" glissa Matteo avec une tape dans le dos de son père, le laissant jeter un oeil au montant de sa dernière vente. Son père, celui qui avait bousculé les mauvaises habitudes que Matt' avait cumulé au fil des années. Gamin fêtard et je m'en foutiste sur les bords, à arroser de plus en plus ses soirées avec des copains. A prendre à peu près tout pour acquis, même de le fait de finir plus d'une fois dans la cellule de dégrisement du poste du quartier.
Son deuxième coup de pied au cul, il lui devait. Son appétence pour l'immobilier aussi. S'il avait eu le chance de pas redoubler, la dernière année ne l'avait pas épargnée. Matteo avait foiré son diplôme, son graal pour la vie active. Et c'était hors de question de retenter sa chance, pour le gamin qu'il était. Alors pour la seconde fois, les Oliveira lui offrent une porte de sortie en le prenant comme commercial dans l'agence immobilière familiale.
La tchatche, c'est son domaine. Son job le botte, bien au-delà de ses espérances. Il bosse dur et se prend au jeu des visites, des bails, des appels, des contrats de vente...
Et Matteo devient bon. Une fierté qu'il lit dans les regards de son entourage et dont il s'abreuve allègrement. Aujourd'hui à la tête d'une petite agence avec vue sur les vagues de la plage de Santa Monica, il en ouvre la porte vitrée avec fierté tous les matins de la semaine.
- -
8 months ago... Son ex. Au final, c'est à elle que revient sa rencontre avec son italienne. Elle et les nombreux verres qu'il s'était envoyé, après leur rupture, au comptoir du bar qui emploie Maria.
Encore et encore, des soirées à demander à Maria de refaire glisser un verre sur le comptoir. Son regard posé sur lui - au fil de ses consos - avait suffi à le faire basculer, à se risquer à mélanger leur souffle dans l'arrière-boutique.
Et Bon Dieu. Malgré les quelques vapeurs d'alcool, il s'en souviendra longtemps de la sensation de sa jambe qui remontait le long de sa cuisse.
De leurs doigts mêlés sans retenue derrière la tête de Maria. De ses lèvres posées en coeur sur son torse. De leur première fois qui avait un goût de trop peu, comme une drogue qui l'aurait rendu accro d'entrée de jeu. Une drogue qui plutôt que de se frayer un chemin dans ses narines avait préféré choisir celui du coeur. Il a le palpitant qui s'affole dès que son italienne est dans les parages.