Mais comment on enfile des menottes à un pingouin?
Le temps était maussade, gris et froid, un peu comme mon humeur en ce moment. On aurait pu croire qu’une visite à l’aquarium aurait su faire s’étirer un sourire sur mes lèvres, mais je n’y allais pas par plaisir ou par loisir, mais bien pour le travail. Oui, je sais ce que vous vous dites, drôle d’endroit pour appeler un enquêteur, mais si je me fiais à l’appel hystérique qu’on m’avait transféré, c’était urgent. Un coup d’œil morne à mon téléphone m’indiqua qu’il n’était même pas encore 7h00 du matin. Terminant de nouer ma cravate doucement, j’ai envoyé un message à la nounou et à mon fils afin de les aviser de mon départ précipité et je me suis dirigé vers ma voiture.
Une fine pluie froide tombait sur le pare-brise de ma voiture alors que j’activais le moteur silencieux de ma Tesla. Un fin brouillard zigzaguait encore sur la chaussée alors que je partais de mon domicile. Pas de doute, même la météo s’amusait à faire monter ce frisson d’excitation angoissant qui annonçait un mystère sordide à résoudre. Me dirigeant vers l’Aquarium du Pacifique, près du Downtown, je me suis mis à réfléchir intensément. J’étais enquêteur de niveau III, le plus haut grade, si on me transférait un appel, c’était parce qu’on soupçonnait quelque chose de plus grave qu’un simple vol ou du vandalisme. Y avait-il une prise d’otage en cours? Un meurtre?
Appuyant de plus en plus sur l’accélérateur au fil de mes interrogations, j’eus la consternation de voir que l’équipe de policiers en place n’avait même pas érigé de périmètre de sécurité. « Lieutenant, sécurisé les lieux immédiatement! Vous êtes ici depuis suffisamment longtemps pour avoir au moins monté les barrières » Sifflais-je en sortant de ma voiture, toujours de mauvaise humeur lorsque je n’avais pas le temps de prendre mon café et que je devais retarder un de mes traitements de chimiothérapie. Bien sûr, le policier pris en faute tenta de se défendre, mais je l’ai tout simplement ignoré, me disant bien que cet incompétent devait sans doute avoir prit son temps en espérant que je le fasse en arrivant sur les lieux. Mauvaise pioche, je n’étais pas d’humeur à tenter d’être sympathique.
« Il y a quelqu’un? » Demandais-je en entrant dans le bâtiment illuminé et magnifique. Après cette histoire de meurtre, je me ferais un devoir d’y amener Calvin, il allait adorer cet univers de poissons et d’animaux marin. Des éclats de voix hystériques et paniqués se firent entendre au loin. De toute évidence, celle dont on m’avait transféré l’appel était encore sur place. Marchant rapidement en direction du bruit, je me suis immobilisé dans une pièce emplie d’aquarium aux milliers de poissons brillants et colorés. « Vous êtes miss Pearson? Je suis l’enquêteur Knapp, on s’est parlé concernant une agression et vous disie…disiez…qu’il y a…avait…beaucoup de sang » Dis-je en croisant un immense regard bleu paniqué me fixer.
Non, mon hésitation momentanée n’était pas dû à une stupéfaction face à sa beauté ténébreuse, mais bien par le fait que cette femme tenait contre elle un pingouin ensanglanté et qu’une vingtaine d’autre volatile bien vivant mais couvert de sang la regardait. « Attendez, c’est une blague? » Grognais-je, mécontent.
S'il y a bien une chose qui me rend heureuse, c'est de commencer ma journée en prenant soin de mes pingouins. Vous n'avez pas idée à quel point ces volatiles me remplissent de joie et de bonheur. Les nourrir, les laver, les cajoler, jouer avec eux, les cajoler, s'assurer qu'ils manquent de rien, les cajoler... Je redoute toujours le moment où je dois les quitter, que cela soit pour poursuivre mes tâches en prenant soin d'autres mammifères ou quand je rentre chez moi, à la fin de ma journée de travail. J'ai toujours ce petit pincement au cœur ou l'horrible pressentiment qu'un jour, il pourrait leur arriver malheur.
C'est en fredonnant que j'enfilais ma tenue de travail dans les vestiaires. J'en profitais aussi pour replacer quelques mèches rebelles qui s'étaient faufilés hors de mon chignon improvisé. Satisfaite, je me dirigeais ensuite vers l'aquarium des pingouins tout en buvant mon café. À mon arrivée, je remarquais deux choses qui me paraissaient inhabituelles. Tout d'abord, je n'avais pas encore croisé Tom, le gardien de sécurité qui se faisait un point d'honneur de venir me saluer, mais le silence anormale me figea sur place. Instinctivement, je scrutais les environs avec mon regard inquisiteur, cherchant la raison. Rien, même le petit Casper qui traînait souvent de la patte n'était pas là.
« Non non non non non, calme-toi Lucy, ce n'est rien de grave, tu vas les retrouver » Dis-je en boucle pendant que je tentais de contenir la panique qui me gagnait au fil des minutes loin de mes pingouins.
Quand je me rendis compte que la porte cachée qui menait vers leur aquarium était ouvert, j'écumai de rage «MERDE!! MAIS QUI EST L'IMBÉCILE QUI A OUBLIÉ DE VERROUILLER LA PORTE?!» Dis-je en échappant le restant de mon café sur le sol, pour ensuite inspecté le bassin, tel une mère poule en détresse cherchant ses petits.
* Si j'attrape celui qui a fait ça, et qui leur est arrivé malheur, je...* Pensai-je en courant frénétiquement dans tous les sens, regardant chaque habitat, pallier par pallier. Je ne pouvais pas concevoir qu'un employé avait oublié de barrer la porte de leur aquarium et que mes pingouins avaient gambadés toute la nuit dans l'établissement sans surveillance.
«Non, je suis persuadé que c'est un enlèvement de pingouins!»
Je les retrouvais enfin près du bassin du grand océan. Tous entassés en cercle en agitant frénétiquement des ailes dans le couloir vitré où des milliers de poissons colorés nagèrent au-dessus de nous. Quelques-uns émettaient des gargouillements nerveux en s'approchant de moi.
«Ça va aller... maman est là...» Dis-je en me penchant et tentant de m'approcher le plus discrètement possible du centre du cercle.
Mon sourire disparu automatiquement tandis que je contemplais l'horreur de la scène ensanglantée. Du sang coulait de la patte manquante de Casper...Quelqu'un lui avait coupé la patte pour ensuite le laisser mourir lentement dans d'atroce souffrance! Mais quel fou avait pu faire ça?
«OH!...MON... DIEU! .... CAS...PER! »
Mon cœur était en milles morceaux lorsque je me rapprochais de Casper pour le prendre dans mes bras en sanglotant. Le sang avait souillé mes vêtements, mais j'étais trop préoccupé à couvrir Casper dans ma veste pour me soucier de mon état. De ma main libre, j'appelais la police sur mon téléphone.
«ALLO ? MON PINGOUIN EST MORT! » A en croire la réaction de l'interlocutrice, il était évident qu'elle me prenait pour une folle. «JE SUIS SÉRIEUSE! JE TRAVAIL À L'AQUARIUM DU PACIFIQUE ET J'EXIGE QUE VOUS TROUVEZ LE COUPABLE!! et et... Je ne raccrocherai pas tant que je n'aurai pas vu un enquêteur! » Trois de mes pingouins sursautèrent à l'intensité de ma voix, en battant des ailes pour se reculer. J'avais probablement l'air d'une hystérique, mais je ne voulais pas perdre un autre pingouin et j'imaginais le pire... Et si la prochaine fois que je les laisse seul, ils se font enlever? Comment j'allais vivre sans eux?
Dramatisant et extrapolant sur les divers dangers qui pourraient arriver à mes pingouins de minutes en minutes pendant que j'étais mise en attente, je fu soulagé lorsqu'une voix masculine pris enfin mon appel :
« Je suis Lucy Pearson, aquariologiste pour l'Aquarium du Pacifique. Je l'ai retrouvé dans une marre de sang! On l'a tué! on l'a assassiné! S'il-vous-plaît, monsieur l'enquêteur, trouvez le coupable!» Lui avais-je dit précipitamment, en tentant de retenir mes sanglots.
«S'il-vous-plaît, Pas question que je quitte cet endroit! Je ne laisserais pas mes pingouins seuls ici! Ils ont eu assez d'émotions fortes aujourd'hui!» Paniquais-je tandis que les policiers essayaient simplement de faire leur boulot. À ma grande surprise, ils n'insistèrent pas et sortir même du bâtiment. À croire que toute cette histoire était une énorme farce pour eux.
Indignée, je berçais le corps inerte de Casper pour tenter de me calmer quand je reconnu la voix de l'enquêteur Knapp. Enfin quelqu'un qui allait pouvoir m'aider, du moins, je l'espérais.
«Oui, c'est moi...c'est mon pingouin, il...» commençai-je avant d'entendre sa dernière question lui sifflé entre ses dents. Il était visiblement contrarié.
Je savais que personne ne me prendrait pas au sérieux, mais je n'étais pas prête à lâcher l'affaire, pas tant que la sécurité de mes pingouins étaient en jeu. Alors, je me suis mise à genoux pour le supplier avec mon ultime requête:
« S'il-vous-plaît, ce n'est pas une blague, je l'ai trouvé ici, on lui a coupé une patte, sa patte la plus courte et il... il... il s'est vidé de son sang. Ce n'est pas un accident et je ne comprends pas, je n'ai pas encore vu le gardien. Je ... je veux en avoir le coeur net, je veux savoir ce qu'il s'est passé et... surtout qui a fait ça... » * Sinon, comment vais-je réussir à les protéger et prévenir ça dans le futur ...* terminai-je en pensée, pour moi-même, toujours aussi convaincu qu'on a assiné mon Casper . À la fin de mon discours, je me perdis dans son regard bleuté dont l'intensité me pris par surprise. C'était sûrement dû au reflet du bassin de l'océan qui planait au-dessus de nos têtes et non parce que j'étais sensible à son charme. «Allez-vous... m'aider?» Demandai-je dans une ultime tentative, plus apaisé maintenant que je n'étais plus seule. Toutes ses émotions m'avaient mis dans tous mes états. J'attendais sa réponse, en tentant de calmer mes volatiles qui commençaient à vouloir s'éloigner.
Mais comment on enfile des menottes à un pingouin?
Une journée qui commençait aussi tôt avec l’annonce d’un meurtre n’était pas pour me mettre de la meilleure des humeurs alors que non seulement je manquais le réveil de mon fils, mais en plus, je devais annuler mon rendez-vous de chimiothérapie pour le reporter ultérieurement. Étais-je dans une humeur massacrante? Oui, très certainement. Mes collègues savaient que j’avais demandé un jour de repos aujourd’hui et pourtant, ils m’avaient transféré cet appel. Maintenant que j’étais sur place, je devais faire des efforts pour me contenir, mais c’était difficile. Qui était le taré qui avait souillé un endroit aussi magnifique? Cet aquarium était tellement hypnotisant, j’aurais aimé y amener Calvin, mais en serais-je capable si l’acte était affreux au point d’en marquer de façon indélébile -bien qu’invisible- les murs et les sols de l’établissement? La femme avec laquelle j’avais discuté au téléphone avait tellement été hystérique que je m’attendais à une véritable boucherie, tellement hystérique que je n’avais pratiquement rien compris à ses paroles. J’avais simplement compris des mots au hasard tel que marre de sang, tué et assassiné. Bien sûr, j’avais essayé de la tempérer, mais ça avait été impossible.
Maintenant que j’étais sur place, face à cette folle hystérique, je me demandais vraiment pourquoi j’avais décroché mon téléphone ce matin. Cette femme était belle et ses yeux étaient encore plus bleus que les miens, mais le fait qu’elle berçait de façon maladive un pingouin ensanglanté comme si elle essayait de le réanimé par ce mouvement nerveux me faisait douter quant à ses facultés mentales. Était-ce une personne touchée par une maladie mentale ou était-elle simplement légèrement étrange? Mystère à creuser…mais qui se résolu assez facilement lorsqu’elle ouvrit la bouche. « Vous appelez les flics pour une histoire de pingouin mort? » Répétais-je lentement, d’une voix glaciale et franchement détachée. Quiconque me connaissait vraiment pouvait savoir à quel point j’étais furieux. Fureur qui augmenta lorsqu’elle s’agenouilla devant moi pour débiter un flot de paroles sur une patte plus courte que l’autre qui aurait été coupé et d’un gardien qui n’était pas à l’endroit où il devait être. Elle était plus inquiète pour son volatile mort que pour son collègue absent, c’était effrayant. Les humains étaient effrayants.
« Écoutez-moi, mademoiselle Pearson, je comprends que vous soyez sous le choc d’une telle…perte, mais vous devez comprendre que le meurtre animalier ne fait pas partie de mes attributions ni de celle d’aucun policier de Los Angeles. Nous sommes là pour l’espèce humaine et non pour l’espèce aviaire » Fis-je remarqué en me demandant pourquoi les humains avaient souvent plus d’attention et d’affection pour les animaux que par leurs semblables. Était-ce parce qu’un animal ne blessait pas l’Homme comme le faisait l’Homme en tant que tel? Peut-être bien. Tient…peut-être devrais-je acheté un chaton ou un chiot à Calvin? J’allais devoir lui en parler. J’étais à deux doigts de tourner les talons et partir, mais quelque chose dans son regard me paralysa. Il y avait chez elle une sorte de candeur qui me rappelait mon fils. Ma journée était déjà fichue, je pouvais bien lui donner quelques heures. « Bon, est-ce que vous pouvez me dire au moins s’il peut avoir été tué par un de ses amis en tuxedo? » Demandais-je en pointant les autres pingouins qui s’emblaient s’être allègrement roulés dans l’hémoglobine du cadavre. Après tout, si cet animal avait été handicapé d’une patte plus courte que les autres, peut-être que ses congénères auraient eu l’idée de se la jouer spartiate et éliminer la faiblesse.? « Ce gardien disparu, c’est son genre de pas venir au travail? Est-ce qu’il… » Commençais-je en tentant de me convaincre de terminer ma phrase qui me semblait si ridicule que j’en avais la nausée. « …nourrit une haine des pingouins, par hasard? » Terminais-je en tentant de cacher mon dédain pour une question aussi stupide.
Je n'avais jamais cru un jour me retrouver devant une telle scène de crime. Un pingouin avait souffert et mes pingouins l'avaient couvés jusqu'à son dernier souffle. Et dire que si j'étais rentrée une heure plus tôt, j'aurai probablement pu prendre le meurtrier la main dans le sac. Pourtant, je ne comprenais pas pourquoi le gardien était introuvable. De nature jovial et chaleureux, il prenait toujours le temps de venir me voir, malgré sa routine bien précise. J'étais la seule à être rentré tôt aujourd'hui et j'avais paniqué en appelant le service d'urgence et en exigeant d'avoir un détective pour élucider ce mystère. J'étais persuadé que mon pingouin avait souffert, non pas du bec de ses semblables, mais bien d'une personne détestant une espèce tellement adorable.
Maintenant que le détective était sur place, sa remarque glaciale me surpris et je débitais rapidement mon flot de parole pour justifier mon geste. Il était évident que je l'avais dérangé et d'autant plus que la situation devait lui paraitre ridicule.
« Je suis désolée, je n’aurai pas dû...» répondis-je, penaude, suite à sa remarque. Qui appelait la police pour une histoire de meurtre de pingouin? De toute évidence, j’étais la première coupable d’une tel infraction. La panique, le stress et l’urgence de la sécurité de mes pingouins avaient pris le dessus sur ma raison. Bien évidemment, que je m’inquiètais pour mon collègue, mais la marre de sang m’avait figé sur place. Le soulagement pouvait se lire dans mon regard quand le détective Knapp commençai à me poser des questions.
« Mes pingouins ont toujours eu un comportement exemplaire!» Répondis-je subitement pour les défendre tandis qu'ils se déplaçaient tous frénétiquement autour de moi, mordillant parfois la veste qui recouvrait Casper dans mes bras. « Mais...il est vrai qu'ils peuvent parfois attaquer par jalousie. Casper n'a rien fait. Il est un peu maladroit et gourmand, mais il n'a jamais provoqué ses congénères. Nous pourrions peut-être regarder les vidéos des caméras? »
Je ne voyais pas d'autre solution pour prouver l'innocence de mes volatiles. J'étais plus calme et plus déterminée tandis que je me relevais avec l'intention de me rendre au local de sécurité. Mais avant, j'allais devoir ramener mes pingouins à leur bassin. Je ne voulais surtout pas qu'ils se promènent en laissant des traces de sang partout dans les diverses sections de l'Aquarium.
« Non, il est très assidu dans son travail et il passe souvent me voir au bassin des pingouins. Il n'y était pas aujourd'hui et la porte était entre-ouverte. Je n'ai jamais remarqué une animosité de sa part envers eux, mais il... » j'arrêtai subitement d'expliquer quand un inconnu qui portait l'uniforme de gardien et qui avait un trousseau de clé en main, passait derrière l'enquêteur.
« Mais, qui êtes-vous?» Demandai-je, surprise par l'arrivée de cet homme. On ne m'avait pourtant pas informé qu'un stagiaire ou un nouveau gardien commençait aujourd'hui.
Mais comment on enfile des menottes à un pingouin?
Pourquoi était-ce toujours à moi qu’on refilait les cas problématiques qui impliquaient des santés mentales déficientes? Ce n’était pas parce que mon fils avait une déficience intellectuelle que je devais me taper tous les fous que pouvait contenir Los Angeles! Sérieusement, depuis quand appelait-on un enquêteur pour une histoire de meurtre de pingouin? À tous les coups, c’était le malaimé de sa bande et ils avaient décidés de faire un méchoui avec lui afin de bien lui faire comprendre qu’il n’était plus la bienvenue dans leur petite clique. J’étais pratiquement sûr qu’on allait retrouver le cadavre de cet oiseau en costume dans la gueule d’un morse ou d’une otarie. Sérieusement, à voir s’agiter cette jeune femme, j’en développais une satané migraine qui pulsait jusqu’à derrière mes globes oculaires. « Non, effectivement, vous n’auriez pas dû » Dis-je d’une voix toujours aussi glaciale alors qu’elle commençait à comprendre la stupidité de son geste. « Vous vous rendez compte que depuis le début de cette conversation insipide, il y a au moins eu trois meurtres, deux viols et une dizaine de vol sur lesquels je ne pourrai pas enquêter parce que vous avez décidez que la vie d’un pingouin vaut plus que celle d’un humain? » Lui demandais-je avec une voix glaciale et lente, détachant avec précision chaque mot de ma tirade, optant pour un style Severus Rogue dans mon attitude.
Était-ce parce que ses yeux étaient aussi grands, globuleux et bleus que tant d’émotions pouvaient en traverser les pupilles? Je pouvais voir tant d’émotions contradictoires dans son regard que ça en était déstabilisant. J’étais tranquillement en train de me calmer et de reconsidérer son état mental lorsqu’elle prononça une autre phrase aussi stupide qu’inusité. Des pingouins, un comportement exemplaire? Elle en parlait comme si c’était une bande de gamins! Un grognement sortit d’entre mes lèvres. Décidément, elle était complètement timbrée et irrécupérable. « Je n’en doute pas » Dis-je sur un ton de voix qui laissait présager le contraire. Pourquoi étais-je encore ici? Il y avait carrément une ville entière qui m’attendait, pourquoi restais-je ici à regarder des pingouins mordiller ou picorer les mollets de cette gamine faite femme? Il y avait quelque chose dans son étrangeté de fascinant, je devais l’avouer. D’assez fascinant pour que je reste. Je sais, c’est stupide. « Les caméras vidéo maintenant » Soupirais-je, découragé. « Oui, pourquoi pas » Rajoutais-je en espérant assister à un meurtre de pingouin par ses congénères pour afin aller bosser. C’est là qu’elle indiqua que le gardien de sécurité était absent ce matin, comme par hasard.
« Combien vaut un cadavre de pingouin, selon vous? » Lui demandais-je d’une voix presque éteinte par l’idée même de poser cette question. « Je ne pense pas que cet homme qui louche visiblement sur vous pour une raison inexplicable autre que s’il est également un passionné des volatiles et de la grippe aviaire ait tué cet animal dans le but de vous séduire » Fis-je remarqué après qu’elle se soit interrompue pour une raison inexplicable. Oh, pas si inexplicable, remarquais-je en me tournant pour faire face au gardien de sécurité. Hmm. Il avait l’air particulièrement malcommode et il y avait une lueur semblable à de l’agressivité dans le regard. Louche. Très louche. « Oh, un nouvel employé alors. Vous êtes familier avec ces pi… » Commençais-je avant de recevoir un coup de poing particulièrement violent en plein visage. Un long râlement sortit d’entre mes lèvres alors que je crachais un caillot de sang. « Ah non, je ne vais pas me faire casser la gueule par un pervers au pingouin » Râlais-je en me redressant et le plaquant violement contre un aquarium rempli de méduses...qui se fissura sous la violence de l’assaut.
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Mar 25 Mai - 15:25
