La fin de service approche enfin. L’on ne peut pas dire que tu sois vraiment passionnée par ton métier.Plus jeune , toi tu t’imaginais une vie d’artiste , tu pensais pouvoir ouvrir ta propre galerie d’art et vivre de tes toiles mais malheureusement le destin en a décidé autrement pour toi. Tu estimes ne pas gagner assez pour ce que tu fais , supporter les clients c’est tout un art. Les pourboires sont misérables mais tu prends sur toi. Ouais , t’as pas envie de perdre le seul boulot qui veut encore bien de toi alors tu souris poliment et tu te tais. Tu fais ce qu’on te dit de faire simplement parce que tu n’as pas d’autres choix. Ce soir plus que jamais , tu as besoin de ton rail , de te mettre la tête à l’envers parce que le diable est revenu ; ton ex. Tu n’as pas envie d’y penser, cependant tu sais bien que tu le feras parce que tu as bien trop peur qu’il réapparaisse par surprise. Tu n’as pas cessé de surveiller la porte d’entrée de ce bar, la boule au ventre lorsqu’un nouveau visage apparaît. La psychose risque de prendre possession de toi, si tu ne fais rien.
Tu t’occupes de tes derniers clients , une petite bande de quatre personnes venus boire un verre entre potes. Tu prends l'initiative de t'occuper de la note et tu récupères l'argent dans le cendrier , juste une raison pour toi d'accéder à la caisse. Tu te diriges derrière le comptoir et tout en plaçant l'argent , tu attrapes un billet de cinquante dollars que tu planques dans ton soutif , ni vu , ni connu tu refermes la caisse et tu saisis le chiffon dans la poche de ton tablier avant de prétendre nettoyer le comptoir. Personne ne t'a vu, du moins c'est ce que tu crois.
Être à l’arrière, à bosser parfois à la place du patron, Nael est habitué. Il ne compte plus le nombre de fois où il a dû faire un travail tout à fait différent de celui pour lequel il a été employé. Employé à faire les comptes pour soulager le grand patron, fatigué par sa lecture, il finit par faire une pause en se pinçant le nez dans l’espoir d'effacer le début de migraine qu’il sent poindre. Les sciences lui manquent, le métier pour lequel il a si ardemment travaillé lui manque et malgré ça, il sait qu’il ne pourra jamais plus le pratiquer, pas avec son casier du moins. Un soupire lui échappe alors qu’il se laisse tomber contre le dossier du fauteuil du bureau. Sa vie n’est pas un très beau spectacle mais, quelque part, ça en reste un sur lequel il n’a pas le moindre contrôle. Il essaye parfois mais ce n’est jamais simple, trop d’embûches sur son chemin. D’un geste rapide, Nael fait craquer sa nuque et se penche à nouveau sur les comptes en tentant de traduire l'écriture parfois incompréhensible de son patron. Ce renard sait à chaque fois de quelle façon le faire céder mais il a été bon, bien assez pour accepter de le prendre comme employé alors que son passé de prisonnier aurait pu jouer contre lui et porter préjudice au Bar. Il sait toutefois que c’est la façon de faire de son supérieur : il aime recruter les âmes perdues et les aider à trouver une nouvelle direction. Le blond cherche encore la sienne cela dit. Peut-être qu’un jour sa vie ressemblera plus à un carnaval qu’à un merdier sans nom duquel il a du mal à se sortir après tout ce temps. Ce qu’il aimerait être capable d’aller affronter son dragon de mère pour lui rabattre son caquet, récupérer l’argent qu’elle lui a volé et qu’elle comprenne que la maladie de son frère n’est pas une tare ! Ses réflexions étant la preuve qu’il se doit d’arrêter pour ce soir et d'aller annoncer la fermeture proche du bar, il se lève et sort du bureau au moment où il voit Lilas glisser avec adresse un billet dans son soutien-gorge. Sourcils froncés, il ne dit rien et s’approche de la jeune femme en passant derrière le comptoir. « T’as conscience que si tu as besoin d’une avance sur salaire tu peux demander, c’est toujours mieux que de prendre directement à la caisse. » Il déclare d’une voix posée. Nullement besoin d’être agressif mais il ne peut pas non plus prétendre n’avoir rien vu. « Qu’est-ce qu’il se passe, Lilas ? Pourquoi t’as besoin de cash en plus ? » Ose demander Nael alors que les derniers clients quittent définitivement le bar.
Si tu pouvais tout changer , tu le ferais , cependant , il y a bien longtemps que tu es tombée dans ce cercle vicieux. Tu ne peux rien changer alors ta seule échappatoire est ta dose. La plupart du temps , elle est au - dessus de tes moyens alors tu dois trouver mille et un stratagèmes pour pouvoir t’en procurer dans le seul but de ne pas supporter la nuit parce que tu ne le sais que trop bien , c’est à ce moment là que tes démons viennent te hanter. Tu ne réfléchis pas lorsque tu planques cet argent dans ton soutien-gorge. Dans le fond ,tu as conscience que ton geste est pitoyable, que tes parents ne seront pas fiers de toi en découvrant ce que tu es en train de faire ou ce que tu es devenue mais tu n’as pas le choix. Tu frottes nerveusement le marbre du comptoir , le chiffon imbibé de produit et tu n’as pas le temps de te demander si quelqu’un a capté ton petit manège que la voix de Nael dans ton dos te fait légèrement sursauter : « Oh merde. J’ai failli mourir. Fais du bruit la prochaine fois. » Dis -tu en posant ta paume sur ta poitrine. Tu soupires et tu serres le chiffon entre tes mains : « Je vois pas de quoi tu parles ? J’ai rien volé.» Ton assurance s’envole en éclat et tu bégaies : «Et puis si c'était le cas , c'est juste un emprunt. Je comptais tout rendre. » Tu hausses les épaules. Tu ne sais même pas si tu peux faire confiance à Nael , si après cette discussion il compte tout cafter au patron mais le ton qu'il emploie avec toi laisse croire qu'il pourrait faire des efforts pour te comprendre ? Ou bien c'est juste pour mieux te vendre. Tu n'en sais rien mais sur le moment, tout ce que tu peux faire c'est te justifier parce qu'il t'a prise sur le fait et que mentir ne ferait probablement que d'envenimer la situation.« Ne dis rien au boss s'il te plaît ? Si tu veux je t'en donne la moitié ? » Demande -tu , légèrement insistance. Tu es prête à partager avec lui si ça te sort d'affaire.
Nael ne se considérait pas comme une force de la nature mais il savait avoir du caractère et l’utiliser à bon escient. Autant dire qu’ici-même, alors que les clients peuvent parfois être agaçants voire carrément violents avec un verre de trop dans le nez, ce n’était pas une mauvaise chose. Encore moins lorsque certains pensaient avoir tous les droits sur les serveuses et barmaids du Bar - chose qui avait tendance à énerver très vite le blond. Au printemps de sa vie, Nael était assez en forme pour intervenir physiquement si cela s’avérait nécessaire. Il n’était pas réellement comme un poisson dans l’eau dans ce métier mais il estimait s’en sortir assez bien et avoir fait ses preuves depuis le temps au point que le patron lui faisait assez confiance pour le laisser gérer les choses. Ce soir, il ne s’attendait pas à devoir gérer un vol dans la caisse, encore moins venant de l’une des employés des lieux. A ses yeux Lilas était un petit rayon de soleil, la voir piocher dans la caisse de cette façon le surprenait plus qu’il n’aurait été capable de l’expliquer. Evidemment, elle ne s’attendait pas le moins du monde à ce qu’il arrive à pas de loup derrière elle pour la surprendre quasiment la main dans le sac, pas au vu du bond qu’elle fit, une main posée sur sa poitrine lorsqu’elle lui fit face. Sa réplique le fit à demi-sourire malgré le sérieux de la situation. « La prochaine fois je veillerai à mettre de gros sabots, que tu puisses m’entendre venir. » assura-t-il même s’il savait que c’était lui donner l’occasion de mieux voler de l’argent, chose qu’elle nia immédiatement avoir fait. Sourcil arqué, Nael la regardait sans la croire une seule seconde. Il l’avait vu faire, elle ne pouvait pas prétendre l’inverse alors qu’il l’avait clairement vu. Sans doute s’en rendait-elle compte étant donné son bégaiement dans sa tentative de se justifier Bras croisés contre son torse, en appuie contre le comptoir du bar, il la regardait avec insistance, non pas pour la juger ou lui faire peur, mais bien parce qu’il attendait une explication de sa part, quelle qu’elle soit ! « Je n’ai pas besoin de cet argent. » lança-t-il d’une voix calme et posée. « Je ne lui dirais rien … » dit-il en se redressant, son regard toujours posé sur Lilas. « ... si en contrepartie tu m’expliques ce qui t’as poussé à piocher comme ça dans la caisse. » A ses yeux, c'était une bonne négociation. Elle n’aurait pas d’ennuis avec leur supérieur et lui, peut-être pourrait-il l’aider !
Actuellement , le pire qui puisse t’arriver , c’est de te faire virer pour avoir piquer dans la caisse. T’en as besoin de cet argent, même si dans le fond , tu sais bien que ce n’est pas pour une raison si importante que cela… Du moins c’est ce que tu aurais pu penser avant que ta dépendance à la drogue ne prenne le dessus. Tu n’oses pas l’admettre mais les faits sont là. Les nuits sont insupportables sans ta pilule de bonheur , aussi éphémère soit-il. C’est tout ce que tu as pour t’évader et semer les angoisses qui te prennent à la gorge une fois allongée dans ton lit. Tu es mal à l’aise du fait que Nael t’ait prise la main mais tu ne le montres pas parce que clairement, tu refuses de voir les choses en face. Tu refuses de te poser des questions sur la situation et ton acte. Tu pouffes nerveusement à sa remarque tout en secouant légèrement la tête . Tu l’imaginais bien débarquer avec de gros sabots de cow-boy juste pour te prévenir de sa venue. Intérieurement , tu te maudis de ne pas avoir fait plus attention. Tu crains qu’il ne cafte tout au boss mais il te rassure en disant qu’il ne dira rien en échange de quelques explications. Tu aurais préféré qu’il accepte le marché :
« Tu es sûr de ne pas vouloir partager hein ? »
Demandes -tu de nouveau , dans le simple et unique but de ne pas devoir lui répondre. Tu sais bien que ça ne passera pas alors tu soupires et tu lèves la tête au plafond avant de reposer ton regard sur Nael.
« Bon d’accord, je ne peux pas tout te dire mais en gros ce que tu dois savoir, c’est que c’est pour des raisons médicales ... »
Tu tords le chiffon entre tes mains et tu évites le regard de ton collègue. Tu n'es pas douée pour le mensonge et encore moins lorsque tu dois l'inventer à la dernière minute.
« J'ai... un problème de dos et du coup je dois payer les soins et j'ai pas assez. »
Expliques -tu en essayant de paraître la convaincante possible.
Des gens foncièrement dans la merde, il en avait connu et surtout il en avait vu passer des tas dans ce bar. C'était à croire que c'était un repère pour gens en perdition dont lui-même avait fait partie. Autant dire les choses comme elles étaient, lorsqu'il était arrivé ici, Nael n'en menait pas large. A l'époque, trouver un travail après ses années de prison était impossible. Ses comptes gelés par les doigts de diable appartenant à sa génitrice l'avait mis dans de sales draps et parvenir à boucler la fin du mois lui donnait l'impression de lui arracher des années de vie. En somme, il était au bout du rouleau comme bien des gens et cet endroit lui avait redonné un cap à suivre. De fait, le blond pouvait comprendre qu'on puisse être désespéré au point d'agir bêtement, comprendre le pourquoi Lilas en était arrivée là lui semblait être une bonne façon de ne pas la juger. Bien sûr, elle était mal à l'aise et aurait préféré se trouver n'importe où sauf face à lui. C'était compréhensible pour une personne qui venait de se faire attraper en train de voler dans les caisses. Mais en plus de ne pas être du genre à balancer les gens, il voulait réellement saisir ce qui l'avait mené à ça. Lorsqu'elle lui demanda s'il était réellement sûr de ne pas vouloir une partie de l'argent, Nael secoua vivement la tête. Il en était sûr et certain. Sa vie n'était pas aussi facile qu'elle avait pu l'être et il ne roulait clairement pas sur l'or, mais il n'avait pas besoin de ça. Quant à l'explication de la blonde, elle le fit froncer les yeux. Il avait grandi auprès d'une femme douée pour le mensonge. Avec le temps il avait appris à repérer ça à des kilomètres, comme ce soir. Alors, se raclant la gorge, Nale continua de la regarder avec intérêt. « Tu sais … si tu tiens à ce que je te crois, il va falloir être légèrement plus convaincante que ça, Lilas. » Il ne put s'empêcher de dire avant de soupirer et de passer une main sur son visage fatigué. « Je ne suis pas là pour te juger mais si t'en ai venu à ça c'est que tu as besoin d'aide. Si t'as besoin d'aide, le mieux serait de commencer par ne surtout pas me mentir. Donc … t'en as besoin pour quoi de cet argent ? » Autant ne plus y aller par quatre chemins et si elle lui mentait encore, pas sûr qu'il puisse l'aider et garder son vol pour lui.
Deux solutions s’offraient à toi. Rester et t’expliquer ou juste rendre ton tablier et t’en aller. Faute de ne pas pouvoir choisir la seconde option , tu te contentes de prendre la première parce que tu n’as pas vraiment le choix. Bien que Nael ne montre aucun signe d'agressivité à ton égard, il est tout de même difficile pour toi d’oser dire la vérité parce que l’admettre, ce serait te rendre compte de la gravité de la situation et tu ne veux pas voir la vérité en face. Tu le sais bien que tu es tombée bas et cela ne date pas d’hier. Tu as perdu des années de ta vie après le drame auquel tu as fait face et encore aujourd’hui , tu as du mal à remonter la pente. Si tu ne demandes pas d’aide , c’est uniquement parce que tu te voiles la face, que tu ne veux pas avouer que tu en as besoin. Tu as peur de te voir telle que tu es vraiment. Une loque. Une âme encore torturée par son passé. Tu as peur d’avancer et tu as peur de sombrer. Tu es démunie , désarmée face à toute la douleur que tu ressens , comme si tes plaies n’avaient jamais cicatrisé. Peut-être que cela aurait été moins difficile pour toi si Nael avait décidé de te balancer au boss , parce que finalement le plus dur pour toi , c’est de raconter ce pourquoi tu as mis la main dans la caisse. Tu peux toujours essayer de te rattraper en inventant un mensonge alors tu bafouilles quelques mots par-ci par-là en espérant que Nael gobe tout mais il ne mord pas à l’hameçon et tes doigts se crispent de nouveau autour du chiffon que tu tiens entre tes mains. La boule au ventre et ton sourire tombant , ton regard se balade un peu partout dans la pièce. Si tu te sens aussi vulnérable ce soir, c’est surtout parce qu’il y a eu un enchaînement de complications cette semaine. Tu es en colère contre toi à cet instant. Tu serres les dents et tu tires un tabouret avant de t’asseoir dessus. Ta paume tape sur le marbre et tu daignes enfin te tourner vers ton collègue.
« Bien. Alors, si tu veux tout savoir, j’en avais besoin pour acheter ma came. »
Dis-tu presque amère. Tu sens comme forcée à tout avouer. Toi qui préférait fermer les yeux sur ta situation. Tu prends une inspiration avant de dire :
« J’ai tout essayé. Les thérapies , les herbes, compter les moutons. Rien ne fonctionne. Quoi que je fasse je les entends encore alors je passe mes nuits à surveiller la porte. »
Ta voix se fait tremblante et tu mords la lèvre inférieure.
« Je te le jure , j’suis pas une toxico Nael. J’ai juste besoin de ne pas réfléchir, de trouver la paix juste quelques heures. »
Tu te relèves d'un bond , une lueur de désespoir dans les yeux. Tu pensais voler en éclats à tes aveux mais tu es toujours là. C'est un combat sans fin que tu mènes contre toi-même juste pour ne pas laisser les larmes prendre le dessus.
Ce n’est pas dans ses habitudes de se mêler des histoires qui ne le regarde pas. Tant qu’il n’y est pas formellement invité, Nael préfère généralement garder de bonnes distances. Se mêler de ce qui ne le regarde pas n’est jamais une bonne chose, ça apporte trop d’ennuis et il n’en a pas besoin. Sa vie est déjà bien assez merdique comme ça depuis sa sortie de prison, il a nullement envie d’en rajouter une couche. La différence dans cette situation c’est que non seulement il a surpris la jeune femme voler mais qu’en plus de ça, il gère un peu le bar lorsque le grand patron n’est pas là. Fermer les yeux c’est impossible et en plus de ça son altruisme a pris le dessus. Le barman s’inquiète réellement pour la jeune femme, vis-à-vis de la raison qui a pu la pousser à faire un tel acte. Néanmoins, si Lilas préfère s’enfoncer dans son mensonge et éviter de lui dire la vérité, Nael lui n’aura pas d’autre choix que de faire un "rapport" sur l’incident alors que c’est la dernière chose dont il a envie. Le silence installé entre les deux blonds, lui, ne dit rien. Pour le moment, il la laisse réfléchir, il la laisse faire le choix entre mensonge et vérité. Ce n’est pas à lui d’insister, c’est à elle de prendre sa décision. Il la suit du regard tandis qu’elle tire un tabouret et s’installe sur ce dernier. Restant debout, il la regarde en veillant à ne pas être trop insistant et lorsqu’enfin elle commence à s’expliquer, ses sourcils se froncent un peu plus. Cependant, il ne la coupe pas. Nael la laisse continuer à expliquer mais des pièces continuent de manquer au puzzle qui s’est formé dans sa tête. « Attends une minute … De quoi tu parles ? Qu’est-ce que tu entends ? » Il ose demander en s’asseyant à son tour. « Même si tu étais toxico, je ne t’aurais pas jugé. En termes de personnes à problème, dans ma famille on tire le gros lot tu peux me croire. » Il ne pense même pas à son frère, Micky subit sa maladie. Non, il pense à sa mère qui en plus de ne pas avoir de cœur est alcoolique. « Tu as visiblement besoin d’en parler, ça se voit à ton regard et tu peux me faire confiance : ça ne sortira pas d’ici, ça restera entre nous alors … pourquoi avoir besoin de quelque chose pour dormir ? Qu’est-ce qui te terrorise autant ? » Osant attraper doucement l’avant-bras de la jeune femme, il cherche son regard du sien et tente d’appuyer ses propos de cette manière, de lui faire comprendre qu’elle peut lui faire confiance.
Tu n’es franchement pas fière de ta vie actuelle. Combien de fois as-tu prié pour que les choses s’améliorent mais tout ne faisait que d’aller de mal en pire alors tu as cessé d’espérer et tu as continué d’avancer comme si de rien n’était ou du moins tu as supporté encore et encore jusqu’à ce que tu n’en puisses plus. Tu n’as jamais parlé de cela à personne et même pas à ton meilleur ami. Il est juste hors de question pour toi de te positionner en tant que victime. Tu ne veux pas que l’on pense de toi que tu es une personne fragile ou vulnérable ou pire , que l’on ait pitié de toi alors tu restes cloîtrée dans le silence. La drogue te permet de ne pas imploser et de te calmer en plus de te permettre de dormir sereinement. Tu insistes sur le fait de ne pas être accro mais dans le fond , tu es bien consciente que tu as fait certaines choses que tu regrettes juste pour avoir ta came. Tu veux éviter de te faire virer alors doucement , tu te dévoiles cependant la pression est telle que tu te dis que tu vas finir par lâcher prise. Nael a raison, tu as besoin de parler , de te confier, ce que tu n’as jamais fait jusque là. Tu as l’impression que la boule de nerfs que tu as dans le ventre terminera par exploser et te tuer. Tu es assise sur le tabouret, tu ne sais pas trop comment expliquer les choses à Nael , ta plus grande crainte serait qu’il te prenne pour une folle et que la situation se retourne contre toi. Tu pouffes silencieusement lorsqu’il te parle de sa famille. Il ne te rassure qu’à moitié. Peut-être qu’il estimerait que tu es dans l’incapacité de continuer de bosser ici après lui avoir expliqué le merdier dans lequel tu vis ? Tu y as pensé durant une seconde mais lorsque sa main attrape doucement ton avant bras et que son regard croise le sien , tu te dis qu’il est peut-être bien plus sincère que tu ne le penses. Tu passes la main droite derrière ta nuque que tu frottes nerveusement avant de souffler dans un murmure ;
« Les cambrioleurs. »
La tête baissée, tu fixes le comptoir en marbre.
« Parfois j’me dis qu’ils reviendront finir le boulot. Ils m’ont retiré mes parents et mon frère. J’avais dix ans mais j’ai l’impression que c’était tout juste hier. J’suis restée sous le lit , ouais apparemment moi Lilas, je mérite de vivre bien plus que le reste de ma propre famille. »
Tu serres les dents , la colère dans ta voix brisée.
« J’ai l’impression que j’ai perdu le contrôle. Ma vie est chaotique. Mon ex m’a retrouvé, il s’en est pris à mon meilleur ami et mon meilleur ami ne veut plus m’adresser la parole. Et tu veux savoir la meilleure ? J’ai abandonné. »
Ton corps se crispent à tes derniers paroles et tu exploses en sanglots. Tu as honte de te montrer ainsi devant ton collègue mais cette fois -ci la douleur a eu raison de toi.
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Ven 9 Juil - 16:43