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 Des éclairs dans les éclats

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Ethan Lively
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Ethan Lively
#  Des éclairs dans les éclats EmptyJeu 11 Aoû - 9:21
L'histoire lui avait complètement explosé à la figure. Amalgame de merde dont la moindre étincelle avait tout fait partir en vrille et quelques coups de feu résonnaient alors qu'Ethan, planqué derrière une voiture, tentait de maintenir en joue l'homme qui lui tirait dessus… Et Ezra qui n'arrivait pas, merde ! Où était son partenaire et meilleur ami quand il avait besoin de lui ?
Tirant une nouvelle fois sans que ça fasse mouche – qu'il était agaçant de louper sa cible pour lui qui était si doué d'habitude pour toucher ce qu'il visait dans les angles les plus improbables possible, mais là son adversaire ne lui laissait aucune surface à toucher, il aurait fallu qu'ils tirent en même temps –, il s'accroupit de nouveau derrière son bouclier de protection, jetant un coup d'œil à l'homme à ses côtés.

– Ça va ?

S'il avait su que tout pouvait virer aussi rapidement…

Une demi-heure plus tôt.

Ethan avait fini de travailler tard sur une enquête qui l'avait mené jusque dans l'est de la ville. Il était parti interrogé avec une collègue quelques témoins sur un meurtre particulièrement sordide qu'ils avaient découvert quelques jours plus tôt ; étonnamment il y avait beaucoup de témoignages et c'était peut-être pire que lorsqu'il n'y avait personne ; là, rien ne se recoupait et il avait l'impression d'aller d'incohérence en incohérence, comme si chacun essayait de régler ses problèmes personnels avec ses voisins. Ils avaient soigneusement consigné chaque déposition, mais ça l'embrouillait plus qu'autre chose et il se demandait si Ezra, qui était resté au bureau, aurait un meilleur point de vue sur tout ça avec la tête encore claire. Ou peut-être devrait-il dormir et revenir sur le sujet demain ? Il avait cependant l'impression d'être sur le point de mettre quelque chose à jour…

– Merde ! J'ai pas vu le temps filer… Ethan, est-ce que c'est ok si je ne te redépose pas au poste ? J'ai rendez-vous dans vingt minutes avec mon fiancé et je pense que je vais déjà arriver à la bourre et pas dans la meilleure tenue pour un dîner romantique alors…
– Pas de soucis, je me débrouille.

Sa coéquipière lui souffle un merci de gratitude avant de le saluer et de tourner les talons en direction de sa voiture, laissant Ethan retourner au poste par ses propres moyens pour y déposer ses comptes rendus. Un rapide coup d'œil à son téléphone lui indique que le nombre de bus et de changement est inconsidérablement long pour retourner au central… autant prendre un taxi.
Se rapprochant d'une grande allée, il hèle le premier qu'il voit d'un geste de la main. Sa fille se moquerait probablement de lui en lui faisant remarquer qu'il existait désormais des applications comme Uber, mais le flic aimait ce contact plus humain, mouvement presque issu d'un film de lever la main au passage d'une voiture jaune pour l'appeler. Et puis l'uberisation était une gangrène de la société, lui aurait-il probablement répondu, ce à quoi elle n'aurait probablement rien trouver à répliquer. Aller au-delà du sens politique de Leah était toujours une bonne manière de lui clouer le bec… à bien y réfléchir, elle ne lui aurait d'ailleurs peut-être même pas fait de réflexion au sujet de ce taxi ; probablement qu'elle aurait compris toute seule, sa fille était brillante. Elle n'avait juste pas les moyens en tant que lycéenne, de privilégier ce moyen de transport aux Uber. Uber qui d'ailleurs était la plupart du temps ses parents, toujours prêts à venir la chercher en soirée au milieu de la nuit s'il le fallait.
Plongé dans ses réflexions, il monte dans le véhicule en saluant brièvement le conducteur avant de lui indiquer l'adresse du poste. La voiture s'engage sur le goudron sur un rythme qui le berce presque alors que les paysages des immeubles gris et bétonnés défilent à l'extérieur. Les yeux fixés sur le trottoir, Ethan observe la ville sans tout à fait être là, jusqu'à ce que ses yeux crochent sur un visage.

– ARRÊTEZ-VOUS ! ordonne-t-il.

Ben Cassidy est sur le trottoir en chair et en os, marchant d'un pas pressé. Ben Cassidy… une affaire vieille de trois ans et un homme recherché désormais dans une bonne partie du pays. Ezra et lui avaient toujours pensé qu'il s'était enfoui assez loin pour se soustraire à la justice américaine, mais il faut croire qu'ils étaient loin du compte, ou que ce baron de la drogue a estimé qu'il y avait suffisamment prescription pour revenir. Dans tous les cas, c'est là une chance qu'il ne peut laisser passer et l'inspecteur débarque au plein milieu de la route, une main sur son holster, un ton autoritaire dans la voix.

– Ben Cassidy, je vous arrête pour meurtre et…

Il ne termine pas sa phrase. La première balle est tirée et il ne doit sa vie qu'à un réflexe extrême alors que la panique s'étale aussitôt dans la rue. Merde, il aurait probablement dû réagir autrement, mais il est maintenant trop tard pour y penser et Ethan n'a que le temps de sauter sur le capot pour le traverser avant de se mettre à l'abris derrière le taxi, ouvrant la portière du conducteur pour le tirer avec lui de l'autre côté du véhicule. Un œil sur Cassidy qui s'est planqué derrière une benne à ordure, il envoie immédiatement l'alerte aux collègues en espérant que ceux-ci débarquent avant qu'il n'y ait un blessé.

Se relevant, il tire une nouvelle fois sur l'homme avant de jeter un coup d'œil vers le conducteur infortuné qu'il a embarqué dans son histoire.

– Ça va ?
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#  Des éclairs dans les éclats EmptyJeu 18 Aoû - 15:40
Soirée lambda, ma journée qui commence comme toutes les autres, bien après le coucher du soleil, quand les lampadaires sont déjà allumés et que les rues se peuplent d’âmes saoulées ou errantes. Table de ouija grandeur cité, plein d’esprits qui s’entremêlent et s’entrechoquent, parfois dans des étincelles sensuelles, parfois dans des nuits liquorées qui s’évaporeront le lendemain en de lourdes gueules de bois. Les lunettes de soleil toujours vissées sur le nez, alors que mes doigts pianotent frénétiquement un message sur mon téléphone.  Puis se ravisent, se décrochent, avant de venir appuyer sur le bouton au dessin de micro. Les messages vocaux ont plus de charme, plus de sens, et moins de filtres. Pas besoin de réfléchir dix fois à chaque mot. Parler franchement, avec un flux continu de paroles, sans préparer de grands discours, même si voir son nom à lui sur mon écran me donne toujours un essaim d’abeilles jusque dans l’estomac. La chaleur de nos baisers et la délicatesse de ses bras me manquent toujours autant, et ce peu importe le temps depuis notre dernière rencontre : semaines trop longues, jours trop étalés, heures qui défilent sans oublier jamais l’absence de son corps à côté du mien, dans la berline ou n’importe où ailleurs. Je crois bien que j’ai trouvé une nouvelle addiction, et que je risque de ne pas m’en défaire aussi vite. Devant les phares allumés du carrosse, une silhouette féminine se dessine, grands talons, cheveux courts, peau ébène, le genre de beauté aux cheveux colorés qui m’aurait fait un sacré effet si je n’avais pas eu l’âme éperdument amoureuse des garçons, et d’un en particulier. "J'espère que tu vas toujours bien, bunny. Ciné demain soir ? Y a un film d'horreur ou une comédie romantique. On peut voir le premier et vivre la seconde ? Je t'aime." Dernières syllabes susurrées, comme si j’avais toujours peur de ce précipice où il m’avait tiré, pour y vivre de belles échappées. Je range mon téléphone alors que la cliente monte à bord. Grand sourire, avant qu’elle se replonge le visage dans le halo électronique de son propre smartphone, sans doute en train de prévenir ses amis qu’elle est sur la route. Le bitume défile, quelques phrases aussi, puisqu’elle ne paraît pas impressionnée par mon numéro de froideur, et ne démord pas de m’accorder son programme de la soirée. Rejoindre quelques amies, aller boire des verres puis danser en boîte. Peut-être s’accrocher avec une belle brune, ou succomber aux lèvres d’une blonde. Elle ne sait pas encore, mais elle en rigole. Le trajet passe vite, au fil de mes courtes réponses et de ses joies. Elle confie tout, puis descend, quand on est arrivés, au pied d’un immeuble. Elle a laissé un pourboire, c’est signe de qualité et j’espère la revoir. J’aime les clients qui ne se prennent pas la tête, ceux qui me parlent d’eux sans s’effrayer des conventions sociales qui les pousseraient à me questionner. Je suis bien plus à l’aise quand on parle d’eux ; et si d’aventure ils me posaient des questions sur ma vie, toutes mes réponses reviendraient à lui, au trip dans lequel il m’avait plongé. Soleil de ma galaxie. Je roule un peu, me pose dans une ruelle, check à nouveau mon téléphone. Pas de réponse, Will doit être en répétition. Ou dans un bar ? Je souris, l’imaginant quelques secondes en train de s’enivrer, espérant qu’il pense quand même à moi. Comme si je pouvais seulement en douter, après le braséro qu’on avait allumé. J’ouvre ma fenêtre au moment où j’entends qu’on m’appelle, d’un son distinct, une main en l’air. Un type qui sort de je ne sais où, le visage un peu fatigué, et je devine déjà qu’il vient de terminer sa journée. La portière s’ouvre. Pas la même ambiance, plus silencieuse, plus professionnelle sans doute. La course parfaite pour un chauffeur silencieux. La destination est plus loin, cette fois, alors on roule, on roule, on roule, et je ne quitte la route des yeux que pour regarder les silhouettes sur les trottoirs, aux feux rouges. Reprise d’accélération, et puis d’un coup, ce cri autoritaire qui rugit, alors que par bon réflexe j’écrase la pédale de frein. Le client s’extirpe, alors que je le surveille des yeux, tentant de comprendre tout en m’assurant qu’il ne me fasse pas un taxi basket. Je n’ai pas la moindre envie de le poursuivre toute la nuit, surtout pas pour de l’argent. Il s’approche d’un autre type qui marche, lui a les yeux paniqués, le client a la main sur la ceinture… Et en quelques secondes, c’est le feu d’artifice.

Dans la rue, j’entends quelques cris, alors que quelques badauds prennent la fuite, à toutes jambes, détalent sans demander leur reste. Une balle fuse, je reconnais l’explosion, et se loge dans la berline, dans un bruit sourd et métallique. Effusion dangereuse qui mène le policier –puisque c’est de ça dont il s’agit visiblement- tout droit sur le capot, puis à m’ouvrir la portière. Je m’extirpe en grognant, me baisse sans demander mon reste, alors que la voiture continue d’essuyer de nouveaux éclats. "Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?" Je rugis presque autant que lui, lorsqu'il m'a demandé de m'arrêter. " Comment voulez-vous que je vous dise si ça va pendant que moi et ma bagnole sommes en train de nous faire canarder ?" Je soupire, je ferme les yeux, tentant de garder un peu de constance. Le type qui tire est peut-être dangereux. S'il l'arrête, c'est pour le bien commun, et ça fait de moi un héros, non ? J'essaie de rattraper mes pensées qui s'échappent comme des Appaloosa au galop. Je me refais des scénarios de film d'action, ça doit être la fatigue ou la panique. "J'ai des bouteilles d'eau et un extincteur à l'arrière. Balancez-lui dessus, ça va le calmer ?" Il doit me prendre pour un taré, mais la situation est plus folle encore. Quel début de soirée de malade, j'ai déjà hâte de rentrer. A ce rythme-là, il n'y aura pas de troisième client. Surtout si je finis au sol.
Ethan Lively
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#  Des éclairs dans les éclats EmptyMer 24 Aoû - 11:17
Ethan se maudit. Il ne comprend pas d'où lui est venue cette impulsion incompréhensible de vouloir tenter d'arrêter un homme de cet acabit en plein milieu de la rue, comme s'il allait gentiment lui tendre ses poignets pour se laisser passer les menottes et se faire ramener au commissariat. Ben Cassidy n'est pas ce genre de type. C'est une ordure, dangereuse et cruelle, qui n'a de limite que sa propre imagination. L'inspecteur a encore en mémoire cette scène affreuse dans laquelle ils avaient un jour débarqué avec son équipe, une véritable boucherie de trois enfants et d'une femmes aux membres écartelés, du sang absolument partout et des mines figées pour l'éternité dans une terreur absolue. Il avait vu des choses affreuses au cours de sa carrière dans l'armée puis dans la police, mais Ben Cassidy semblait mettre un point d'honneur à leur prouver que ça pouvait toujours être pire ; d'ailleurs, deux de ses collègues avaient vomi ce jour-là. Et lui-même avait sauté le déjeuner, l'estomac encore troublé des horreurs aperçues plus tôt.
Voilà ce qu'était Ben Cassidy ; pas un dealeur de bas étage qui aurait bégayé ses aveux à la simple vue d'une arme à feu. Il aurait dû se douter qu'il serait armé et qu'il n'hésiterait pas à tirer, même en pleine rue. Ce n'était pas comme si des dommages collatéraux risquaient de lui faire peur, après tout il avait déjà assez de chefs d'accusation à son encontre pour passer le restant de ses jours derrière les barreaux, alors un meurtre – ou dix – de plus ou de moins entre les feux croisés de leurs tirs… Et merde, et merde, et merde ! Mais qu'aurait-il pu faire d'autre ? Le prendre en filature depuis le taxi ? Descendre pour le suivre ? C'était probablement tout aussi dangereux et grillé et ça aurait fini sur la même conclusion. Alors quoi ? Aurait-il fallu le laisser filer ? Ce n'était pas son genre.

Concentré sur sa cible à la recherche de la moindre faille dans laquelle il pourrait exercer ses tireurs d'élite, Ethan en vient presque à oublier le chauffeur de taxi à ses côtés. Lorsqu'il reporte enfin son attention quelques infimes secondes sur lui, il s'attend à voir la pâleur de la terreur à ses côtés, mais l'homme a plutôt l'air prêt à lui bondir à la gorge de rage. Bon. Tant mieux, dans le fond, c'est à ses yeux beaucoup plus gérable qu'une pauvre chose recroquevillée en train de pleurer sur le bitume. Le policier n'a jamais su gérer ce genre de chose et, plus que tout au monde, il a horreur de ces moments dans son métier où il doit annoncer un décès à la famille. Les larmes, les cris, le désespoir, c'est hors de ses capacités, surtout s'il ne connaît pas la personne. Les seules crises lacrymogènes qu'il peut gérer son celle de sa fille ou de son ex-femme. Ça s'arrête là.

– La police de Los Angeles vous dédommagera pour votre véhicule, tente-t-il vaguement de calmer son acolyte d'infortune, une infortune dans laquelle il les a lui-même traînés.

Il n'ajoute pas – n'y songe pas vraiment – qu'elle mettra également un psy à sa disposition si besoin. Parce que ce qui paraît extraordinaire dans la vie des autres est son quotidien et que jamais aucun psy ne l'a suivi pour tous les traumatismes qu'il traîne comme de lourdes casseroles accrochées à ses chevilles. Parce qu'il ne l'a jamais demandé, c'est vrai. L'impression de tout pouvoir gérer, d'avoir assez de force pour se balader avec les chaînes de son passé ; le reste d'une éducation, aussi, dans laquelle on ne racontait pas ce genre de chose, surtout si on était un garçon, parce que ça ne pleure pas, c'est fort, et ça ne couche surtout pas avant le mariage. Il faut croire qu'Ethan n'est fait pour bousculer qu'une seule de ces consignes.

– L'extincteur sera trop lourd pour pouvoir le lui lancer dessus et il est trop loin pour que je puisse l'arroser avec. Les bouteilles en revanche…

Ça lui paraît être un galet balancé dans un étang agité par l'orage : l'inutilité d'un plouf qui se laissera noyer par les coups de tonnerre. Mais il n'a pas vraiment d'autres plans en tête, alors il acquiesce de la tête.

– Faut que je le garde en joue, vous arriveriez à me les sortir ? Faites attention à ne pas vous exposer, ce type est dangereux, il n'hésitera pas à vous tirer dessus s'il vous aperçoit. Si vous ne le sentez pas… ce n'est pas grave, mes collègues devrait bientôt arriver.

Restait à espérer qu'ils débarqueraient effectivement assez vite pour empêcher Ben Cassidy d'ajouter d'autres victimes à la longue liste qu'il avait déjà à son actif.
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#  Des éclairs dans les éclats EmptyMer 5 Oct - 20:14
Le problème dans tout ça, bien hormis les éclats et les coups de feux, ces cymbales qui me rappellent difficilement que ma vie ne tient qu'à un fil (qu'à une explosion de poudre, plutôt) et que je ne suis finalement qu'un sac de viande parmi tant d'autres en ville. Un sac de plumes, me corrigerait Will, avec sa vision enjolivée des choses. Un sac de plumes qui pèse son poids, alors que je me rabattrais sur lui pour dévorer son cou. Seule pensée apaisante qui traverse mon esprit, à l'abri derrière ma portière de voiture, alors que tout le reste de ma carrosserie se fait complètement rétamer, champs de carottes à l'automne venu. "Oui, enfin ça c'est le moins que vous et vos copains en uniforme puissiez faire." Un dédommagement ça remplacera jamais les sentiments. J'y tenais beaucoup trop, à cette berline, fier de montrer qu'aucun chauffard dangereux n'y avait un jour laissé sa griffe, fier de montrer que peu importait ma conduite, jamais je ne l'avais mise en danger. Elle avait été dans ma vie quand ça n'allait pas. Dernière partenaire face au monde, l'homme et son bolide sur les toits de la ville, en haut des montagnes, à partager un verre de rhum et un verre de gasole sous le soleil couchant. Et puis mine de rien, c'est elle qui avait accueilli ma première nuit avec mon tendre et cher. Elle qui s'était pliée en quatre sans jamais vraiment le faire pour toujours me remonter le moral, quand je dévalais les rues sans trop d'objectifs si ce n'est celui de m'éloigner des foules et de leurs bruits incessants. Bruits incessants qui à l'instant présent faisaient résonner mon coeur un peu plus fort dans ma cage thoracique. Ce mec avait débloqué un bonus de balles illimitées ou quoi ?

Pas vraiment le temps de faire la discussion, puisque chaque pensée se répercutait en un nouveau jet de plomb. Je crois que jamais le temps n'était passé aussi lentement ; j'avais besoin de bouger, de ne pas juste rester accroupi à attendre la Faucheuse ou les flics du coin. Les paris étaient ouverts quand à qui se ramènerait le premier entre les capots et la capuchée. Le type à côté de moi se comporte l'air de rien, comme si c'était son quotidien - puisque ça l'est, et que c'est difficile à intégrer de prime abord. J'avais vu du monde, à l'arrière, du monde qui avait vidé ces mêmes bouteilles d'eau que j'extirpais d'une des poches, là où elles gardaient leur fraîcheur et un semblant de dignité. Mais un flic en pleine intervention forcée, jamais. C'était rare qu'on me fasse piler, encore plus rare qu'on me force à me redresser quand un mec jouait à la carabine à travers mes vitres... Mais il faut croire que tout pouvait arriver, et qui sait, peut-être que j'allais trouver une nouvelle vocation ? "On fait comment pour se synchroniser ? Vous criez chou, je lance une bouteille en disant fleur ?" L'air narquois, goguenard, comme si j'en menais large, alors que je ne suis même plus le capitaine de mon navire et que je stresse comme jamais. "A moins que vous ayez une autre technique dans la police ? C'est quoi ? Feu - rouge ? Bonsoir - papiers ?" Je lève les yeux au ciel. D'habitude je déteste leur parler, à tous ces types qui courent les rues comme si la ville était à eux. Flic ou pas flic, d'ailleurs. Ces derniers faisaient au moins un métier respectable, bien loin du genre de mec qui s'arrête en pleine rue quand on le hèle pour moucharder tous les passants. Mais cet officier là avait quelque chose de particulier, une flegme même dans l'action, pourtant une flamme au coin de l'oeil. Quelque chose de déroutant. Presque apaisant, malgré son ton péremptoire et le feu de l'action. "Au fait, c'est quoi votre nom ? Eth4nLiv c'est un surnom choupinet ou l'adresse mail que vous aviez créé quand vous aviez douze ans ?" Les mains qui se redressent, chargées de bouteilles d'eau, comme si c'était l'endroit idéal pour faire le clown, alors qu'une nouvelle chargée me fait les baisser immédiatement. Je préfère ironiser que de vraiment me retourner et voir l'éclat fou dans les yeux du criminel qui s'amuse à nous prendre pour des canards en plastique.
Ethan Lively
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#  Des éclairs dans les éclats EmptyLun 17 Oct - 14:23
Les éclats de balle tambourinent contre la carrosserie ; on dirait l'arrivée d'une armée toute entière qui s'amuse à piétiner ses ennemis, à croire que le chargeur de Ben Cassidy est sans fin, qu'il ne se videra jamais complètement de toutes ses munitions. Ethan, par réflexe, compte les balles, les trous, les échos dans la ruelle. Il y en a bien trop. Quel genre de personne se balade avec autant de recharge sur lui ? Bientôt le taxi qui l'a pris ressemblera à un morceau d'emmental fumant et abandonné au milieu du bitume – même plus capable de rouler et le policier n'a clairement pas assez de connaissance en matière de mécanique pour savoir si tout ça est réparable.

– Ce n'est pas le même service, ils n'ont pas d'uniforme.

Aucune ironie ou tentative de détendre l'atmosphère par une boutade dans sa voix ; en service, Ethan est très premier degré parce qu'il sait que sa vie et que celles d'autres personnes ne tiennent qu'à un fil. Réparer les dommages collatéraux de fusillades de ce type retombe sur les assurances de la police et de la ville, lui ne s'en préoccupe pas vraiment. Parce que son job à lui, c'est de mettre les malfrats derrière les barreaux. Des types comme celui qui les canarde et qui, s'il ne l'avait pas arrêté en pleine rue – ou au moins tenté d'arrêter – aurait continué leurs actions qui m'étaient des dizaines, peut-être des centaines de vies en péril. Un peu de carrosserie à côté paraissait bien anecdotique, parce que c'était ainsi qu'on lui avait toujours appris à faire ; la solution la moins pire, celle qui entraînait le moins de mort. C'était le principe des guerres après tout ; sauver tous les civils de sa nation en tirant sur une ribambelle d'ennemis qui étaient tout aussi humains que lui, même s'il ne fallait surtout pas les penser ainsi. Des ennemis. Ça n'allait pas au-delà.

Les sirènes tardent à venir déchirer le silence et plus le temps passe, plus le risque que l'autre parvienne à s'enfuir ou à leur faire un coup fourré augmente. Pour l'instant il est acculé, mais il ne faut pas le laisser réfléchir trop longtemps… alors un plan s’échafaude dans la tête de l'ancien militaire à base d'un projectile pour le moins originale et proposé par celui qui, quelques minutes encore auparavant, était simplement son chauffeur. Ce client-là en tout cas risque de lui laisser un souvenir impérissable…

– Vous lancez rien du tout, vous vous contentez de sortir les bouteilles puis de me les passer une par une, d'accord ?

Son ton était directif, mais la situation l'y poussait. On ne plaisantait pas avec la mort en face, pas si proche et lugubre et le flic ne pouvait pas se permettre de mettre une vie civile en danger – enfin pas plus qu'elle ne l'était déjà derrière le bouclier du taxi. Et puis même si le lancer de bouteille n'était pas exactement au programme de l'armée, quelque chose lui soufflait que ses capacités de tireur d'élite étaient probablement plus précise que celle de son voisin de mauvaise fortune – mais peut-être se cachait-il un ancien basketteur à ses côtés.

– Ethan Lively.

Il croit soudain voir une ouverture, se relève un peu pour tirer, chou blanc.

– Le surnom c'est une idée de ma fille. Et vous n'avez même pas vu le profil qu'elle m'a fait sur Tinder.

Deux ans plus tôt Leah s'était mise en tête de trouver une copine à son père célibataire. Ça avait été un flop sur toute la ligne, mais ça c'était une autre histoire. Sa fille était talentueuse pour bien des choses, mais apparemment pas pour trouver l'âme sœur de son papa… Tant mieux, dans le fond, Ethan était bien mieux tout seul à partager ses cauchemars avec ses draps vides.
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#  Des éclairs dans les éclats EmptyVen 16 Déc - 22:26
Je lève les yeux en l'air. Okay, je retire tous les compliments que j'ai fait à la police. Il a beau être super calme, super maître de lui-même, ma voiture continue de recevoir des charges que je crois être infinies - bon, le rythme a enfin commencé à baisser. Alors j'ai du mal à juste rester là, agenouillé, mes jambes râpant le béton. "Même pas une seule toute petite bouteille ?" Regard qui me fait soupirer. Vraisemblablement non. Je n'aurais pas ma médaille d'honneur aujourd'hui. Je me redresse à peine, le temps de changer de genou d'appui, et je m'attire une nouvelle salve d'iris colériques. Je lève les mains devant moi. Pas de soucis, je vais rester à genoux, et attendre que Calamity Joe décide de devenir gentil, ou bien qu'il soit à court de munitions.

En attendant, le client continue de faire la conversation, l'air de rien, relevant la tête une fois de temps en temps pour à son tour tenter de canarder l'ennemi dans cette fête foraine à taille humaine. Je n'ai jamais aimé le stand de carabine, les tirs me faisaient mal à la tête. Et puis là, on parle pas de ballon à crever, mais bien de vrais corps humains et de ma pauvre petite berline ; pas d'ourson en peluche à la clef pour celui qui n'a pas réussi à mettre une seule balle dans les pneus - Dieu soit loué ! - mais bien la liberté s'il réussit à échapper à la police. Pourtant, même si tout autour il n'y a que des bruits de décharge ou des invitations à obtempérer - des deux côtés -, je ne peux m'empêcher de rigoler quand Ethan me dit que c'est sa fille qui est en charge de son image sur les réseaux. "Juste une question, elle a quel âge votre fille ? Elle a déjà passé l'âge de swiper pour vous pour choisir sa belle-mère, ou est-ce qu'elle encore au stade où elle s'occupe d'alimenter votre feed Facebook de scores Candy Crush ?"

Nouvelle salve, et puis Ethan me fait signe de bouger, lentement, pour contourner la voiture, changer d'angle. Billy the Kid a dû avancer un peu dans la rue. Pas mes oignons. Quand quelqu'un avec une arme dans les mains me demande de marcher, je le fais sans me poser trop de questions. Arrivés à l'arrière de la voiture, je vois la plaque d'immatriculation pendante et mon sourire retombe lui aussi. Elle a été bien criblée, comme le reste de la carrosserie. "Pas cool." Je secoue la tête. "Vraiment pas cool." De la main j'essaie de repositionner ce qu'il reste de la plaque - les chiffres sont devenus des lettres avec les trous, et vice-versa - mais elle grince et tombe sur le sol. "J'espère vraaaiment que la police a une bonne assurance." Je caresse doucement la carrosserie, avant de lâcher une nouvelle moue déconfite et un soupir. Je n'entends plus de tir, c'est déjà ça. "Meilleure en tout cas que vos profs de tir... Vous avez prévu de lui viser les jambes avec des vraies balles ou est-ce qu'on a que ça..." Je désigne les bouteilles dans mes mains, peu nombreuses malgré mes efforts pour en transporter un maximum. "... pour envisager de mettre fin à ce tournage de Fast and Furious ? Je peux sortir mon téléphone au moins ou ça aussi c'est interdit ?" Je laisse tomber deux bouteilles au sol, doucement, et me félicite qu'aucune ne se fasse transpercer dans l'instant par un nouvel échange de tirs. J'ouvre les messages, et de mes doigts tremblants sortent quelques mots. "Je suis au milieu d'une fusillade, je passe te chercher à 20h ce soir ? Je t'aime I love you"
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#  Des éclairs dans les éclats EmptyJeu 5 Jan - 14:59
Chacun a sa propre manière de gérer le stress et, apparemment, celle du chauffeur de taxi passe par l’humour. Ethan peut comprendre cela, des balles on en voit pas tous les jours, et même quand c’est le cas ce genre de situation nous poussent dans des extrêmes qui bousculent nos barrières et nous laissent là, sur le bitume les cœur crevé, à chercher un échappatoire dans tout ce qui est encore vivant. Le comportement de l’homme rappelle un peu à l’ancien militaire un ami et soldat avec qui il est parti sur plusieurs missions. Geoffrey était un bon gars, toujours là pour détendre l’atmosphère du groupe, toujours prêt à troquer une anecdote en échange d’une clope et continuellement rembarré dans les bars lorsqu’ils étaient en permission – ce qui le faisait encore plus rire. Geoffrey avait fini par revenir d’Afghanistan le corps éclaté en plusieurs morceaux et le rire mort sur les lèvres, dans une boîte tapissée par le drapeau américain. L’humour ne sauvait pas face aux balles.

– Même pas une.


L’inspecteur est intransigeant sur la question, comme le souligne le regard noir qu’il adresse à l’homme qu’il tente de protéger, par deux fois lorsque le maladroit s’agite un peu trop à son goût. Ethan a bien évidemment conscience que les civils n’ont pas l’entraînement par lequel il est passé depuis ses 18 ans, mais ça le fatigue de voir à quel point ils peuvent s’agiter quand la situation est aussi tendue. Qu’est-ce qu’il ne donnerait pas pour qu’Ezra soit avec lui dans ces instants-là ! Son meilleur ami a toujours su gérer bien mieux que lui ces situations ; sous les ordres calme, mais autoritaires, il aurait sûrement su maintenir l’homme dans sa position et ils auraient pus se concentrer entièrement sur le malfrat.
Maintenir un semblant de conversation lui semble être la chose qui pourra le plus distraire celui à ses côtés et retenir un éventuel comportement suicidaire. On ne sait jamais avec les civils, ils peuvent d’un coup décider que la meilleure solution est de courir derrière un quelconque mur sortant du refuge de la voiture et se faisant canarder au passage. Et il préfère autant éviter un mort sur le trottoir, la paperasse derrière est ingérable.

– Elle a 17 ans. Je vous laisse imaginer ce que c’est !

Il n’a pas le temps de demander à l’homme si lui aussi à des enfants. Si ça se trouve il a également un adolescent à la maison et n’a donc pas besoin d’imaginer puisqu’il aurait plutôt une bonne conscience de ce que c’est d’élever un enfant de cet âge. Et encore, lui a de la chance, sa fille est plutôt facile à vivre, mais il sait que ce nestorianisme pas le cas de tous les enfants.
De l’autre côté de la voiture, Ben Cassidy a commencé à bouger et le flic lâche un chaperon d’injures avant de pousser le conducteur de taxi à faire de même s’ils ne veulent pas se retrouver tous les deux à découvert. La voiture leur sert toujours de bouclier, même si l’arrière devant lequel ils atterrissent n’a pas fière allure. La plaque criblas, la carrosserie presque encore fumante… il y aura du travail pour le garagiste. Et son propriétaire, forcément, n’a pas l’air ravi… il le sera probablement encore moins lorsqu’il comprendra que, si l’assurance est bonne, elle est surtout particulièrement exigeante avec les papiers et que le remboursement prendra un certain temps. Mais ça, ce n’est pas du ressort d’Ethan, après tous ses collègues ont qu’à être plus rapides.
Les balles continuent de marquer l’atmosphère, même si celle qui font le plus de bruit sont celles tirées par son compagnon d’infortune qui doit croire marrant d’insulter les capacités de tireurs de l’ancien sniper. S’il se croit malin… il récolte pour toute réponse un regard noir et Ethan est soulagé lorsqu’il détourne son attention en direction de son téléphone. Il faudra juste vérifier qu’il n’est pas en train de filmer toute la scène, il préfère ne pas finir sur les réseaux aujourd’hui.

Puis soudain, il la voit. l’ouverture, la bévue attendue depuis le début, la bêtise de son opposant. Il le sait, ça risque de ne pas se reproduire avant un moment et il n’a qu’un infime moment pour réagir. Ni une ni deux, il pousse le chauffeur pour se jeter sur le flanc droite de la voiture, vise sans réfléchir et en laissant ses réflexe prendre l’ascendant, avant de se remettre immédiatement à l’abris. La balle perce l’air à toute vitesse, vrillant dans sa trajectoire parfaite jusqu’à pénétrer la chair viser, explosant contre le sang et stoppée net par l’os fémoral. En pleine cible. Même si pour cela il a dû un peu bousculer le malheureux qui, décidément, doit s’en vouloir d’avoir accepté cette course.

– Navré,marmonne-t-il à son intention.

Espérons que ça ne fasse pas encore des histoires de menace de procès. Enfin, il n’a pas le temps de réfléchir à tout ça maintenant et revient à celui qu’il essaie d’arrêter et qui hurle de douleur de l’autre côté de la rue.Bien fait pour sa gueule.

– Cassidy, les renforts sont en route et tu n’iras pas loin avec une jambe trouée. Lâche ton flingue et rends toi avant d’alourdir ton casier.

Et au loin Ethan entend enfin le rugissement des sirènes.
Navy St-Louis
les cocktails sur le siège arrière
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#  Des éclairs dans les éclats EmptyMar 7 Fév - 20:46
Décidément, la journée enchaîne les curiosités. Entre deux bouteilles Evian (zéro sponsoring assumé dans mon cerveau) jetées au hasard sur le bitume, voilà que super policier vient faire bisou entre mon crâne et ledit bitume, juste pour pouvoir se projeter sur un côté de la voiture. J'espère au moins qu'il a eu sa cible, parce que ma main contre ma tête me fait comprendre qu'elle a maintenant une caisse de résonance qui n'était pas comprise dans les options que mes parents avaient acheté.

Ah, mes parents... Ils devaient regretter leur leasing aujourd'hui, et encore, ils ne m'avaient pas téléphoné depuis si longtemps que je ne suis même pas sûr qu'ils aient pu entendre parler de ma licence de taxi accrochée sur un mur dans ma piaule, dans l'appartement qu'ils avaient pourtant bien visité avec moi, échangeant des verres de vins et des reproches sur la façon dont j'avais décoré les trucs. Désolé maman, j'ai pas choisi de pas aimer le rose de ton grand copain galeriste Mitchell, désolé papa, mais les étagères ne sont pas couvertes de bouteilles hors-de-prix pour la simple et bonne raison qu'à part le rhum, y a pas beaucoup d'alcool qui puisse vraiment me passionner. Alors ils étaient partis tirer la gueule ailleurs, sans doute dans une de leurs belles et grandes maisons. Et je sais même pas pourquoi c'est à eux que je pense là tout de suite ; à deux doigts de me faire canarder par Calamity Joe, qui disposait d'un bonus chargeur infini il y a encore deux secondes, mais qui maintenant ne tire plus une seule décharge, se contente de geindre de l'autre côté de la route. C'est qu'Ethan a réussi son coup ; il aura fallu quelques tentatives quand même, mais avec la chute d'adrénaline, je lui reconnais un sang froid qui me dépasse pas mal, moi qui manque faire un infarctus sous mes lunettes de soleil dès que je vois un rat traverser la route, même si c'est derrière la voiture, même si c'est à cinquante mètres, effrayé par la simple possibilité que je puisse blesser un animal. Pas cool du tout à vivre au quotidien, surtout quand on se doit d'arborer un visage de marbre (Will dit tout le temps que c'est un excellent sculpteur qui est venu y poser ses mains, je sais que c'est faux parce que c'était juste un médecin de salle d'accouchement, mais je le laisse y croire).

Mais toujours est-il que globalement, le sergent ? Commandant ? Capitaine ? Aucune idée du bon terme, bref, toujours est-il qu'il s'en était plutôt bien sorti, puisqu'aucun cadavre n'était à déplorer sur l'avenue si ce n'est celui de ma belle berline, décidément transformée en une sorte de trou. Plein de petits trous dans un seul grand, les vitres qui pendent faiblement quand elles sont encore accrochées à la portière, la carrosserie dont on aurait du mal à deviner la couleur originelle, bercée d'impacts et de rouille. Ethan s'excuse du bout des lèvres, je sens que c'est pas tout à fait son truc les grandes effusions d'émotion, encore moins les belles petites lettres décorées et parfumées qu'on échange dans les cours d'école pour se faire pardonner ou juste pour inviter quelqu'un à danser le soir. Mais c'est toujours mieux que rien, alors je reste appuyé contre la dernière portière intacte, lève une main, pour lui dire que je lui en veux pas vraiment. C'est plutôt envers l'autre tireur fou que ma colère se dirige ; il était pas vraiment obligé de transformer mon carrosse en emmental, quitte à faire il aurait pu se rendre gentiment, et j'aurais même accepté de les déposer tous les deux, ces joyeux tourtereaux, directement au poste si ça pouvait leur faire gagner du temps. Mais là, après le scandale du métal froissé et déchiré de part et d'autre, aucune chance que je les laisse remettre ne serait-ce qu'un doigt à l'intérieur ; dans tous les cas, ça prendrait feu ou ça exploserait, selon le réalisateur.

Les premières sirènes rugissent dans la roue, et je prie pour que ce soit pas juste un exercice stupide dans une école du coin. Mais non, rapidement les gyrophares apparaissent, lancent leurs rayons bleus et rouges dans ma tête qui tourne trop vite, et puis le long des vitrines. Quelques passants commencent à apparaître, le visage interloqué, se demandant qu'est-ce qui a bien pu se passer dans cette route de leur routine, dans cette rue voisine, sur ce boulevard qu'ils traversaient un peu par hasard. "Vous remboursez les tickets de bus aussi, ou pas ?" Sourcils froncés. C'est pas con, tiens. J'aurais dû lui demander avant qu'il me crie de m'arrêter, si seulement j'avais su qu'il allait choisir de dézinguer un zigoto. "Parce que c'est aussi ma voiture perso... Je suppose qu'il va falloir que je passe au poste aussi dans tous les cas ? Faire le blabla des témoins, dire que vous avez géré d'une main de maître l'ensemble de l'opération, peut-être juste boire un café aussi." De plus en plus de monde sur la route qui commence à être barrée, alors je récupère mes lunettes de soleil, une branche cassée qui pend comme mes vitres, les enfile dans un soupir, soucieux de ne surtout pas voir mon nom associé à un nouveau gros titre. Je ne saurais même pas comment l'expliquer, celui-là : le scandale de l'homosexualité, encore, c'était simple, suffisait de reconnaître les faits, et d'attendre que ça se tasse. Mais tout ça, c'était une histoire bien trop chelou pour être crédible quand j'allais en parler en soirée. J'aurais pu écrire un livre "Comment j'ai contribué à la fin de Billy the Kid" ou un truc du genre. J'ai trop mal à la tête. Alors je reste silencieux, la tête sur les genoux, une main devant moi pour écarter les potentiels secouristes et les rassurer : je suis pas tout à fait mort, pour l'instant.
Ethan Lively
I see fire
I see fire
Ethan Lively
#  Des éclairs dans les éclats EmptyJeu 16 Fév - 16:29
La routine d’un inspecteur associé à l’irréalité d’un chauffeur de taxi. Ça pourrait être le titre d’un film, probablement l’une de ces comédies musicales – parce qu’en ce moment à Hollywood c’était la grande mode des comédies musicales. Les coup tirés deviendraient des tremblements de tambour, Ethan et Navy chanteraient planqué derrière leur voiture comme bouclier pendant que le grand final, lui, serait attribué à Cassidy et à son agonie, ses deux mains plaquées contre sa jambe sanguinolente. La morale serait de ne pas être à la tête de divers trafic (drogue, prostitution, armes,…) si on veut pouvoir finir sa journée sur ses deux jambes. Difficile en revanche de dire qui serait le héros. Clairement, le conducteur a plus de charisme et serait plus à l’aise ans ce rôle-là, celui du mec lambda pris à parti dans une fusillade alors qu’il voulait juste aller bosser. D’un autre côté, le public américain aimaient bien les flics à l’écran – moins dans la vie – et il aurait pu être intéressant de suivre toute l’enquête entre l’inspecteur et le malfrat qu’il tentait de poursuivre. Ou peut-être même que ça finirait par s’appeler Cassidy, la fuite d’un vilain ; vu le succès du dernier film sur le Joker, nul doute que la fascination malsaine pour les tordus étaient propice à amasser les millions. Dans tous les cas, un scénariste qui passerait par cette rue – ce qui ne manquait pas à Los Angeles – pourrait se frotter les mains de contentement devant le ballet qui lui était offert.
L’ancien militaire, lui, ne pense pas à tout ça. Il est simplement soulagé que toute cette histoire soit terminée sans cadavre à entourer d’une tente pour le dissimuler aux yeux des plus sensibles. Surtout que ça aurait été un peu sa culpabilité : c’était lui qui avait lancé l’assaut sans renfort et en pleine rue, en le voyant marcher au loin. Il aurait pu être plus prudent, même si l’armée lui avait martelé qu’il fallait parfois se lancer tout de suite dans l’action. Certains sacrifices valaient la peine. Et par sacrifices, ils entendaient bien évidemment des pertes humaines.

Désormais les collègues sont là et plusieurs voitures de police s’arrêtent vers Cassidy, d’autres agents tenant en joue le grand méchant alors qu’Ethan peut enfin remettre son attention sur le chauffeur et sa voiture qui est dans un état… enfin il n’est même plus sûr qu’on puisse encore la qualifier de voiture. Est-ce qu’un garagiste parviendra vraiment à la remettre en état ou sera-t-elle bonne pour la casse ? Il n’est pas mécanicien, mais ça ne sent pas bon pour l’engin. Grimace navrée, il se tourne vers le conducteur sans voiture avec un regard pour son crâne.

– Ça va votre tête ?

Non, bien sûr que ça ne va pas, ce n’est jamais agréable de se prendre le bitume en pleine gueule et il peut même apercevoir l’hémoglobine qui colle aux cheveux. Probablement rien de dramatique – les blessures à la tête ont toujours l’air impressionnante parce que ça saigne beaucoup –, mais il faudra sans doute s’assurer qu’il n’a pas besoin de point de suture et surtout qu’il n’a pas de commotion cérébrale.

– On va demander aux ambulanciers d’examiner votre tête. Tenez, prenez ça – il s’interrompt pour lui tendre un mouchoir. Ensuite il faudra aller au poste pour remplir une déclaration et que mes collègues vous expliquent la marche à suivre. Ils vous raccompagneront ensuite jusque chez vous.

Tout le monde n’appréciait pas toujours l’idée de se faire ramener dans une voiture de police, la peur de passer pour ce qu’ils n’étaient pas aux yeux ds voisins. Mais l’homme pourrait voir ça en temps voulu et ça ne serait plus du ressort d’Ethan qui ne rêvait que d’une chose, rentrer chez lui. Chose impossible pour l’instant en tout cas puisqu’il devait d’abord retourner au boulot pour remplir un rapport… ses plans pour la soirée étaient compromis et il fouille donc ses poches après avoir rangé son arme de service, pour y retrouver son téléphone portable.

– Excusez moi, il faut juste que je prévienne ma fille de ne pas m’attendre pour manger.

Encore une fois, elle était tristement habituée. Encore que c’était toujours mieux que lorsqu’il était à l’armée et qu’elle ne pouvait le voir que quand il était en permission – la peur au ventre entre deux que son père revienne dans un cercueil. Heureusement que Leah était toujours très compréhensive et assez débrouillarde pour se préparer à manger toute seule et faire ses devoirs sans qu’il ait besoin de vérifier le tout en rentrant – le fait qu’elle soit grande, désormais, aidait aussi. Il espérait simplement ne pas rentrer trop tard pour au moins la voir avant qu’elle n’aille se coucher. Il n’y avait rien de plus réconfortant que le sourire de son enfant.
Portable rangé, il se redresse et tend une main à son coéquipier malheureux de la journée.

– On y va ?
Navy St-Louis
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#  Des éclairs dans les éclats EmptySam 11 Mar - 18:53
SuperCop me demande si ça va ma tête, je réponds en fermant les yeux, en secouant la tête, l'air vaguement moqueur, parce que j'ai pas non plus la possibilité de crâner - sans mauvais jeu de mot. Dans mes cheveux, j'ai des mèches rouges, et j'ai jamais vraiment songé à me les teindre, donc ça veut dire que je saigne. Et que j'ai l'air d'une secrétaire de direction de cinquante ans, une de celles qui ne se perdront jamais dans mon taxi, pour tout un tas de raisons. Déjà, parce qu'elles ne sortent pas la nuit, dans mon cliché, ou alors, si, mais en horde, une meute qu'aucun véhicule qui ne soit pas un van ou un bus, ou une limousine, tiens, ne puisse transporter. Ensuite, parce qu'elles ont l'habitude de rentrer ensemble dans tous les cas, même quand elles sortent à deux, et qu'elles ne se perdent jamais dans un taxi, préférant siroter de la limonade toute la soirée en rappelant bien à tout le monde qu'elles ont fait l'effort cette fois-ci, comme si leurs amies ne savaient pas, à force, qu'elles ne tenaient dans tous les cas pas l'alcool, et qu'au bout de deux verres elles se mettaient à faire de drôles de chorégraphies. Enfin, pour la raison ultime, indiscutable : parce que je n'avais vraisemblablement plus de taxi, et que j'étais dans la même forme que ma plaque d'immatriculation - feu, ma plaque d'immatriculation. A l'envers, pas vraiment sûr d'être au bon endroit, et dans un très sale état. Mais au moins, elle ne saignait pas. Chanceuse. Je n'ai pas le temps de répondre qu'il me tend un mouchoir, et que j'étouffe un éclat de rire cynique. Sérieusement, officier. C'est pas un rhume, c'est probablement un trauma crânien, des points de suture par dizaines - j'exagérais à peine. Mais je n'allais pas me moucher le crâne dans un tout petit bout de tissu qui risquait en plus de s'éparpiller en petits morceaux dans la plaie et de compliquer le travail des urgentistes - parce que j'allais voir des urgentistes, pas vrai ? J'avais les idées un peu floues, pas vraiment l'envie de rétorquer. "Merci. Okay." Pas grand-chose d'autre à dire puisqu'il s'écarte déjà, dégaine son téléphone. Il a de la chance, son smartphone a pris moins cher que la voiture. Dans un sens, c'est normal. Si l'écran avait pris quoi que ce soit, ça aurait signifié qu'une balle serait venue se loger dans sa jambe. Toujours est-il qu'il avait réussi à se tenir bien droit le temps de passer son appel, pendant que j'étais resté au sol, à me maudire d'avoir accepté cette course, à me maudire aussi de ne pas avoir été courir le matin comme mes bonnes résolutions me l'avaient insufflé, parce que peut-être que ça aurait ralenti la course de la planète à cet instant. Le mouchoir dans mes mains avait viré du blanc au carmin, avait eu le mérite d'essuyer mes tempes, de les empêcher de dégouliner sur le reste de mon visage, parce que je flippais surtout de croiser un type que j'aurais reconnu. Je l'entends presque raccrocher, j'arrive à appuyer sur mes jambes, juste ce qu'il faut pour récupérer mes lunettes de soleil, les remettre sur mon visage. Les branches ne sont pas cassées, c'est déjà un vrai plus ; et il réapparaît, me tend une main, que je saisis. Au diable toutes les recommandations de rester immobile quand on vient de se cogner la tête ; si je dois vomir, je le ferais dans la voiture de police, ce ne sera finalement pas grand-chose d'infligé par rapport à ce qu'ils me doivent concernant la carcasse de la berline que je délaisse, lui accordant un dernier regard. "Il y a des trucs fragiles, dans le coffre. Genre du rhum de qualité, des trucs que je trimballe avec moi." Je souffle ça à l'oreille de l'inspecteur, comme si j'étais pas juste en train de confesser que j'avais toujours de l'alcool à l'arrière quand je conduisais. "C'est pas pour les clients." Oui, bien joué, Navy, continue de t'enfoncer. Et c'est pas tout à fait vrai en plus, parce que je me souviens parfaitement des lèvres d'un client posées sur... "C'est juste quand je passe la nuit dehors. On voit bien les étoiles depuis l'observatoire." Le discours confus, c'est signe de pas mal de choses qui font que je devrais normalement pas trop bouger. Les ambulances sont à quelques pas, mais j'ai l'impression de marcher pendant des kilomètres. Un type se rue vers nous, un jeune infirmier je pense, j'en ai aucune idée, il me prend le bras, m'attire jusqu'à l'ambulance, là où un morceau de véhicule s'est abaissé pour me laisser m'asseoir, et c'est franchement beaucoup plus confortable que le béton accordé par Ethan. Son prénom venait juste de me revenir, ce qui était plutôt bon signe. Le gamin s'agite autour de moi, il touche à mes lunettes, essaie de les enlever, et je grogne. "Ça reste sur mon nez, c'est pas négociable." Il rétorque, je comprends pas tout ce qu'il dit parce qu'il parle vite et fort, mais je l'interromps d'une main levée. "Je préfère mourir d'un trauma crânien que d'attirer une émeute, les paparazzi, et tout le reste du bordel. Croyez-moi, les lunettes devant mes yeux, c'est mieux pour tout le monde." Oui, surtout pour moi, surtout pour Will, à qui je n'ai pas encore eu le temps de tout expliquer, et qui apprécierait peu voir ma tête tourner dans les médias, ensanglantée, sans avoir davantage de messages de ma part. Les journaux s'en tireraient une belle part de gâteau, profiteraient sans aucun doute de cette nouvelle couverture médiatique pour m'incomber le désastre, ma voiture abandonnée en piteux état faisant sans aucun doute office pour eux de la preuve indicible que j'étais celui qui avait provoqué les coups de feu. Je voyais déjà le gros titre de Closer : Navy St-Louis, ancien grand quarterback star devenu grand danger public. Ils ne manqueraient pas de mettre en gros plan mon front plein de sang, comme si le mouchoir n'avait servi à rien. L'infirmier proteste un peu, et je rajoute, à voix basse. "Je suis une ancienne célébrité, je ne veux pas de couverture médiatique et je veux juste que vous me soigniez. C'est possible ou est-ce que je dois aller dans une clinique clandestine ?" Il lève les yeux au ciel mais le combat prend fin.
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