S'il a bien une chose dont je me fais un point d'honneur, c'est de toujours être disponible pour mes amis dans le besoin. On peut dire que notre rencontre fut une coïncidence. Mon frère fréquentait régulièrement la librairie où Samuel travaillait. Je ne serai pas vous dire exactement ce qui avait déclenché nos nombreux fous rires à l'époque, mais il y avait cette complicité qui transcendait malgré nos âges si éloignés. La soif de connaissance de mon frère mêlé à ma curiosité, firent de nous, le duo Pearson, des clients fidèles tout comme notre amitié était sincère.


Maintenant que Kyle n'était plus de ce monde, je continuais de m'y rendre ne serait-ce que pour retrouver les traces de mon frère jumeau coincé entre les pages des livres qu'il a feuilletés sans acheter, prétextant qu'il allait l'acheter plus tard. Mais aussi pour voir la bouille de mon cher Samuel qui, à croire son dernier texto, avait besoin d'aide en urgence.


Ça tombait bien puisque j'avais congé aujourd'hui. J'enfilai une camisole noire ainsi qu'une salopette en jeans. J'attachais rapidement mes cheveux et passai un bandeau sur ma tête. Le parfait accoutrement pour se salir sans se soucier de ce qu'on avait l'air. Bien sûre, je pris le temps d'aller chercher cafés et pâtisseries, histoire de se donner l'énergie qui nous fallait à tous les deux pour affronter ses vieilles étagères défraîchis.


C'est en ouvrant la porte de dos, en tenant mes trouvailles gourmandes d'une main et le coffre à outil rouge vif de Kyle de l'autre main que je m'exclamai en riant:


« Oula! J'arrive à temps! » Dis-je tandis que la porte se refermait derrière mon dos. « Tiens, prend ça. Première règle, ne jamais entamer un tel projet de rénovation sans le petit boost matinale. Et avant que tu le demandes, je ne l'ai pas inventé cette règle, sinon je sens qu'on va se décourager avant même d'avoir commencé. Tu as une idée de style que tu veux? Sinon, j'ai glissé quelques revues décos dans la boite à outil, juste pour nous donner des idées de bases.»


Oui, j'étais toujours aussi énergique les matins où on me lançait un défi de cette envergure. J'entamai mon croissant en regardant les étagères, tout en me demandant s'il allait opter pour les retaper pour leur donner une nouvelle vie ou s'il préférait tout enlever afin de rendre ses étagères plus modernes?


Je prenais maintenant une gorgée de mon café, puis encore une, oh et puis zut, une dernière gorgée avant de lui dire :


« Est-ce que tu veux tout retaper tes étagères ou en avoir des nouvelles? Ou peut-être en retaper quelques-unes et en acheté des nouvelles?» Je lançai mes idées comme ça, histoire de voir quelle direction son projet de rénovation allait prendre. Après tout, c'était lui le patron maintenant. Je l'admirai pour son audace et j'étais aussi très fière de lui. J'étais impatiente de commencer...mais pas avant d'avoir terminé mon café.