“ Compromise where you can, but where you can't, don't. Even if everyone is telling you that something wrong is something right. Even if the whole world is telling you to move. It is your duty to plant yourself like a tree, to look them in the eye and say, no, you move. Emmitouflée dans une couverture en laine d’une particulière douceur, un saladier rempli de pistache et d’autre fruit sec sur ses genoux, assises dans une posture peu féminine, Alessia hurlait contre son écran télé. Elle hurlait plutôt sur l’arbitre qui, pour elle, ne faisait pas correctement son travail. Pourquoi il n’avait pas sorti cet abruti ? Alessia n’est pourtant pas un très grand fan de sport, elle déteste même ça. Mais jamais, elle n’a loupé un match de foot lorsqu’il s’agissait de l’équipe italienne. Une tradition qu’elle avait avec son père mais malgré son départ d’Italie, continuait d’avoir. Une relation particulière avec son père, qu’elle a toujours malgré la séparation de ses parents. Elle en ignore les raisons et même si elle se posait des questions. Elle savait que sa mère n’avait pas pris cette décision pour rien et que la raison ne devait pas être anodine. Elle savait aussi qu’elle ne ferait jamais quelque chose qui pourrait faire du mal à elle et ou à ses frères et sœurs. Si elle était plus proche de son père, il en était pas moins de sa mère pour autant. Il faut dire que la relation avec sa famille avait toujours été bonne de tout ce qu’elle se souvient. Même s’il est déjà arrivé, bien plus d’une fois qu’elle se dispute avec sa fratrie.

Avec cet aperçu de son portrait, qu’elle décrirait comme tel au plus grand nombre, Alessia n’en cache pas moins des blessures qu’elle n’a jamais réellement guérie. Blessures invisibles à l’œil, mais bien réelle. La jeune femme avait toujours été très protégée par ses parents, plus que les autres et si adolescente elle ne l’a pas toujours compris et se rebellait, disant qu’elle n’était pas si fragile, c’est plus tard, qu’elle avait compris pourquoi. Lorsqu’elle était encore une jeune enfant, un an avant l’âge de raison, elle avait rencontré un homme dans le parc. On lui avait pourtant expliqué et répété qu’elle ne devait pas parler aux inconnus. Mais la gamine insouciante s’était laissée manipulée. Cet homme n’avait pas de très bonnes intentions et la garda captive avec lui durant trois longues semaines. Il ne lui a cependant jamais rien fait. Il l’avait traité comme si c’était sa fille mais en un peu plus malaisant, mais jamais il n’a posé la main sur elle. Les seuls moments où il levait la voix était lorsqu’elle réclamait ses parents, il n’arrêtait pas de lui répéter qu’il était sa famille maintenant. Mais après trois semaines, on finit par les retrouver et l'homme tenta de s'enfuir avec elle par bateau, allant jusqu'à essayer de se jeter à l'eau avec elle avant d'être maîtrisé. Elle retourna donc enfin auprès de sa famille. Complètement sonnée et perdue, il a été difficile pour l’enfant d’expliquer ce qui lui était arrivée. Après quoi, son esprit a totalement enfoui cet horrible souvenir loin de ses souvenirs, comme pour s’en protéger.

Elle s’en rappellera alors à ses 17 ans, elle se souvient encore du pourquoi et du comment. Elle regardait la télé en même temps que réviser pour un de ses examens, elle se souvient du présentateur, de tout. C'était une émission sur les anciennes affaires criminelles. Sa mère était très connue, ça s'était su. Sans nommé personne, ils relataient un enlèvement d'une petite fille, d'une fuite en bateau. Et il a suffit qu’elle voit le visage de l'homme dans les vidéos d'archive pour que d’un coup les flashs reviennent comme une énorme claque. Un traumatisme qui lui remonta dans la gorge, assez pour qu’elle en fasse une crise d’angoisse, se mettant à crier de manière irrationnelle dans sa chambre. Assez pour alerter sa mère qui était à la maison. S’en est alors suivi des mois avant qu’elle arrive à surmonter ces mauvais souvenirs, ne parvenant pas à dormir seul, se retrouvait à nouveau à dormir avec ses parents. C’était le seul moyen pour la rassurer. Il ne lui avait rien fait, mais elle aurait pu subir bien pire et c’était ce qui la bouffait autant.

Alessia s’est alors construit une armure depuis, invisible mais difficilement franchissable. Alessia ne fait confiance à personne, encore moins en la gent masculine. Refusant que cela puisse lui arriver à nouveau, elle prend des cours d’auto-défense et de krav-maga. Elle avait décidé d’en faire aussi sa force pour devenir la femme qu’elle est aujourd’hui. Celle qui ne cède pas, celle qui se plante comme un arbre lorsqu’on lui ordonne de bouger. Elle fit des études de droits afin de devenir avocate afin de pouvoir défendre les victimes face à leur agresseur, quelle que soit leur genre et leur histoire. C’était un sujet qui lui tenait particulièrement à cœur. Finissant ses études en Italie, lorsqu’elle déménagea pour Los Angeles et obtenu son visa américain, elle fera alors un an d’étude supplémentaire pour pouvoir passer le concours du barreau qu’elle réussit sans difficulté. Elle travaille maintenant dans un cabinet exclusivement féminin où elle se retrouve un peu. Même si elle a projet de pouvoir ouvrir son propre cabinet un jour.