Sourire aux lèvres, Matteo appuya sur le bouton envoyer de la messagerie de l'agence. La journée avait été bonne, peuplée de nombreux coups de fil. Et d'une nouvelle belle affaire que Matteo était sur le point de conclure, ne manquait que la signature des futurs acheteurs. Bonsoir Naleya, je ne vous dérange pas j'espère ? Sinon, je peux bien sûr vous rappeler sur un autre créneau. Par exemple, demain matin, si vous préférez. J'ouvre l'agence de bonne heure, glissa Matteo, se reculant jusqu'au fond de la chaise de son bureau. L'heure avait tournée vitesse grand V depuis leurs derniers échanges. Et le vouvoiement avait franchi ses lèvres sans qu'il ne puisse l'empêcher. Désolé, il est possible que vous ait la peau dure pendant quelques temps, plaisanta Matteo. Je suis navré de t'appeler à cette heure, la journée a été...bien remplie. Je suppose qu'il en a été de même pour la tienne, se corrigea t-il en fermant l'écran fin de son Mac, se focalisant sur l'appel en cours. Santa Monica est un secteur qui plaît, dit Matteo avec un nouveau sourire. Et c'était une excellente nouvelle pour l'avenir de l'agence. Peut-être as-tu déjà une idée du secteur ou du type de bien que tu souhaites ? Si le tutoiement coinçait pour le moment, il s'y ferait avec plaisir.
(Gooood excuse-moi! J'ai pris la notif pour celle d'un SMS ._. J'avais pas vuuuu! )
Naleya avait peut-être pris cette décision sur un coup de tête, elle était sûre de son coup. Depuis son agression, elle n’avait pas remis les pieds dans sa villa et ça n’allait pas arriver. Elle avait besoin d’un nouvel endroit, un nouveau chez elle qui lui permettrait d’oublier. Son téléphone près d’elle, l’écrivaine répondit après la première sonnerie. Elle laissa son beau-fils parler dans un premier temps avec un léger sourire les lèvres. « Bonsoir Matteo. Merci de m’avoir appelé et peu importe l’heure, ce n’est pas un problème pour moi. Au contraire, c’est gentil de prendre de ton temps en dehors de tes heures d’ouverture. » commença-t-elle sentant une certaine nervosité prendre place en elle. Son projet de déménagement deviendrait concret dès qu’elle allait commencer à en parler avec Matteo. « Est-ce que ton agence couvre seulement le secteur de Santa Monica ? Je suis actuellement à Beverly Hills et c’est un endroit qui me plait beaucoup. Je voudrais y rester. » Si Matteo ne pouvait pas prendre son cas, elle espérait qu’il puisse la référer à une personne. Même si l’écrivaine se sentirait plus à l’aise auprès d’une personne pas entièrement inconnue. « J’aimerais garder sensiblement le même style d’habitation. Une villa, plus de 6 chambres, une grande cour extérieure, beaucoup d’espace de rangement, une bibliothèque mais… Je me doute que c’est mission impossible à Los Angeles dans ce type d'habitation, mais je ne désire pas de piscine. » Sa gorge se noua quelques secondes alors qu’elle se retint de se plonger dans son horrible souvenir. « Sinon, je suis prête à payer un surplus pour la faire reboucher et construire quelque chose d’autre à la place. Je n’en veux pas. » Elle ne pourrait concéder ce point.
La sollicitation de Naleya l'avait surpris, dans le bon sens du terme. Avec plaisir, répondit Matteo, un sourire sur les lèvres. S'il n'avait jamais compté ses heures, c'était particulièrement vrai depuis qu'il gérait sa propre agence. Les préparatifs de la soirée à thème qu'il organisait pour les trois ans de la société lui prenaient d'ailleurs un temps fou. Normalement oui mais ça m'est arrivé de faire quelques recherches - hors secteur - pour des clients. Ce n'est vraiment pas un problème, la rassura Matteo. Les exceptions étaient généralement des clients qui étaient passés par l'agence, à plusieurs reprises. Mais Naleya était un cas particulier, il faisait de sa recherche son affaire. Et comme pour l'ensemble de sa clientèle, peu importait le temps que ça prenait. C'était sa pugnacité qui faisait que l'agence tournait aussi bien aujourd'hui. Dans ce cas, je peux t'accompagner pour les visites et négocier les honoraires de l'agence qu'on aura en face. Lui ne prendrait évidemment aucune commission sur cette recherche. Matteo rouvrit l'écran baissé de son Mac et ouvrit son bloc-notes pour prendre en compte les critères de Naleya. Plissant légèrement les yeux, concentré, Matteo ne manquait rien. La recherche de la mère de Maria rentrait plutôt dans les standards du secteur, à un détail près. La piscine. On peut envisager de reboucher et d'avoir recours à un paysagiste pour revoir l'esthétisme de la zone, acquiesça Matteo, à l'autre bout du fil. Mais je crains en effet que ça chiffre, ajouta Matteo. On pourrait de toute façon prévoir d'effectuer plusieurs devis avant d'arrêter un choix sur le prestataire. Matteo pianota rapidement sur son téléphone pour indiquer à un ami - qui venait d'essayer de le joindre en double appel - qu'il le rappellerait plus tard. Je suppose que tu aimerais déménager assez vite ? Est-ce qu'une maison disponible à la rentrée pourrait convenir ? Je te dis ça parce que les demandes d'estimations et donc, de mises en vente, sont plus nombreuses en septembre. Sinon, est-ce qu'une maison en construction pourrait cadrer avec ton projet ?
Naleya ne put retenir un soupir de soulagement lorsque Matteo confirma qu’il pourrait l’aider. Si elle avait été contrainte de travailler avec un autre agent, elle l’aurait fait. Sauf que ce n’était pas ce qu’elle aurait voulu. Même si elle devait payer plus cher, elle le faisait pour avoir ce qu’elle désirait. D’où son côté légèrement capricieux qui s’était développé avec le temps et avec son porte-monnaie. « Super. Merci beaucoup Matteo. J’apprécie, vraiment. » On pouvait l’entendre au son de sa voix. Il allait s’occuper des visites et des négociations. Elle ne pouvait pas demander mieux. Maintenant que Nala se sentait entièrement en confiance, elle parla de ses besoins à son beau-fils. Elle était réputée pour savoir ce qu’elle voulait, cette fois ne ferait pas exception. La femme s’attarda sur la piscine. Sur le fait qu’elle n’en voulait absolument pas. « Matteo. Le budget n’est pas un problème. Si le meilleur prestataire est le plus cher, ce n’est pas grave. Je préfère le meilleur. » Elle avait un léger sourire dans la voix. Contrairement à beaucoup des clients de Matteo, l’écrivaine n’avait pas de limite pour sa maison. Déjà que Matteo prenait le temps de l’aider, elle ne voulait pas qu’il s’angoisse avec les montants et les chiffres. Elle regarderait à peine le montant final. « Je ne suis pas à la rue présentement. Je vis chez un ami. Je suis prête à attendre si tu juges que c’est nécessaire. Si la maison en construction est prête dans l’année, je peux attendre également. Pour l’instant, je ne vis plus du tout dans ma villa actuelle. Elle, elle pourra être mise rapidement en vente. Je n’ai pas l’intention d’y retourner. Ce dossier peut être réglé en premier et nous pourrons voir à la rentrée pour la suite. » Elle savait ce qu’elle voulait certes, mais ce n’était pas elle qui allait mettre de la pression. Malgré les circonstances, elle était plutôt détendue. Elle préférait attendre la meilleure opportunité plutôt que de se presser. Matteo allait apprendre assez vite que rien n’était stressant avec sa belle-mère.
Matteo afficha un sourire silencieux, décelant ce qui ressemblait à une pointe de soulagement dans la voix de Naleya. Si je peux aider... encore une fois, c'est avec plaisir, répondit Matteo en passant mentalement en revue les derniers bien rentrés à l'agence. On ne se privera pas de prendre le meilleur dans ce cas, plaisanta Matteo avant d'ajouter, J'ai justement en tête un paysagiste avec lequel j'ai déjà eu l'occasion de travailler sur d'autres projets. Il est sur le secteur mais je ne pense pas que le fait de se déplacer soit un frein le concernant, ajouta Matteo qui préférait autant faire appel à des artisans ou professionnels dont il connaissait déjà les talents. Est-ce que tu as besoin que je t'oriente vers certaines agences de Beverly Hills pour la mise en vente ? Le monde de l'immobilier restait petit, l'agent immo' avait de nombreux contacts dans la profession. Plus des bons amis que ce que tout le monde considérerait comme de la concurrence. Des agents de confiance avec lesquels il travaillait lorsque ses clients cherchaient des biens spécifiques, présents dans un portefeuille de biens autre que celui de son agence. Ce que je te propose, comme je comprends qu'il n'y a pas d'urgence, dit-il avant de poursuivre, On peut laisser passer les vacances, le temps que de nouveaux biens rentrent à l'agence. On devrait y voir plus clair d'ici la rentrée. Pendant ce temps, je vais travailler sur une short list, en mixant les différentes possibilités. Villa avec piscine et donc rebouchage à prévoir, villa sans travaux si on arrive à trouver une perle rare - sait-on jamais - projet de construction dans le quartier... j'étudierai toutes nos options. Et plutôt deux fois qu'une. Si ça te convient, je te rappelle dès que j'ai des pistes intéressantes ?
« Bien. » Ils n’allaient pas se priver de prendre le meilleur et c’est ce que Naleya souhaitait. Si Matteo avait pu faire affaire à des clients plus serrés dans leur budget, ce n’était pas son cas à elle. Elle risquait même d’offrir une prime conséquente à Matteo. Elle était comme cela Nala lorsqu’elle était satisfaite. « J’ai hâte de voir son catalogue. » Son projet se concrétisait un minimum et ça la rassurait beaucoup. Elle avait bien fait de demander à une personne de son entourage. « Je veux bien des références pour la vente, s’il te plait. » Elle ne serait pas présente pour les visites, mais Benjamin accepterait sûrement de l’aider pour cette partie. Il connaissait la maison aussi bien que l’écrivaine. La châtaine écouta attentivement son beau-fils mettre en place les options. Même s’il ne pouvait pas la voir, elle hochait lentement la tête à chaque phrase. Elle n’était pas à quelques semaines près et Benjamin non plus sans doute. Si jamais c’était le cas, la femme irait squatter ailleurs ou dans un hôtel. Elle n’était pas en manque de ressources. « C’est parfait Matteo. Je te remercie une nouvelle fois pour ton temps. Je vais attendre de tes nouvelles à partir la rentrée. En attendant, passe une bonne fin d’été. Au plaisir de rediscuter avec toi. » Un léger sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’elle se sentait soulagée d’avoir passé cet appel. Maintenant, elle allait s’armer de patience et laisser Matteo faire son travail sans empiéter.
Matteo avait laissé les vacances s'écouler, comme prévu avec Naleya. Pour bien connaître le marché, il savait que les offres afflueraient dès la rentrée - c'était le cas ces dernières années. L'envie de changement des locaux, de bousculer des habitudes bien ancrées sans pour autant sacrifier ses habitudes. C'est aussi ce que Matteo recherchait pour leur nid parfait avec Maria. Un sujet qu'il n'avait pas encore eu l'occasion d'aborder avec Nala. En l'espace d'un mois et demi, l'agent immobilier avait largement eu le temps de voir passer de nouvelles offres dans les agences de son réseau de connaissances. Une recherche active et des visites qu'il menait en parallèle des rendez-vous qu'il honorait dans sa propre agence. Il commençait de plus en plus tôt et laissait ses clés sur le comptoir de sa cuisine, un peu plus tard chaque semaine. Mais il ne lâcherait rien. Bonsoir Nala, dit Matteo avec un léger sourire, le haut-parleur activé sur son téléphone portable. Il était presque surpris que Nala décroche aussi vite. Je ne te dérange pas, j'appelle au bon moment ? la questionna t-il avant de poursuivre. L'été est passé et j'ai plusieurs nouvelles pour ta recherche, amorça Matteo avec enthousiame. Concernant les villas sans piscine d'abord. Je t'avouerai que j'en ai visité une petite dizaine. Si elles correspondent en tous points à tes autres critères, le problème de la piscine reste récurrent. Et il s'agit de piscines à débordement pour la plupart, avec une physionomie difficilement modifiable, précisa t-il avant d'ajouter, Mais j'ai cependant une bonne nouvelle. L'un de mes contacts - dans l'agence vers laquelle je t'avais aguillée pour la vente, d'ailleurs - m'a téléphoné ce matin pour une villa qui sera prochainement mise en vente. Il est au courant de ta recherche, raison pour laquelle il m'a contacté avant la mise en vente officielle. Il y a certes une piscine mais rien qu'on ne puisse faire disparaître, dit Matteo, guettant une réaction de la part de Naleya. J'ai vraiment un bon pressentiment sur ce bien et j'aimerais qu'on le visite ensemble, si tu as un peu de temps à nous accorder dans la semaine à venir. Je te fais tout de suite partir un mail avec l'annonce, dit l'agent. Ils touchaient peut-être le but du doigt.
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Dim 25 Juil - 15:36
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