Dans quelques semaines, Naleya avait bon espoir que toute cette histoire serait terminée. Elle avait besoin que ça soit terminé. Elle n’en pouvait plus de vivre comme cela. Jamais elle n’avait autant angoissé et qu’elle avait passé autant de temps à surveiller ses arrières. Elle n’oserait pas l’avouer, mais elle est devenue paranoïaque. Elle ressentait une forte crainte dès qu’une personne l’approchait dans la rue ou si on la regardait trop longtemps. Elle avait cette horrible sensation d’être surveillée constamment et elle n’appréciait pas. Elle voulait que ça se termine et elle était prête à faire tout ce qu’il fallait pour faire arrêter ce type. Au tout début, l’agent responsable de l’enquête n’avait pas été très chaud à l’idée que Nala soit utilisée comme appât pour attirer son agresseur, mais finalement, l’idée avait fait son bout de chemin et ils allaient essayer. L’obsession de cet homme n’était pas terminée. Il avait osé prendre contact avec Joshua et Raffie. Ce qui laissait croire qu’il donnerait tout pour revoir Nala. Un événement public était sans doute leur meilleure chance pour procéder à son arrestation. Au fond d’elle, Naleya savait qu’il allait s’y présenter. Peut-être de loin, uniquement dans l’optique de l’observer, mais il serait là. Le fameux salon du livre où le piège serait mis en place allait avoir lieu à la mi-février. Plus que quelques semaines à tenir. Parfois, des enquêteurs se présentaient à son bureau afin de lui donner quelques détails et quelques précisions sur ce qui allait se passer. Au maximum, ils préparaient Nala pour qu’elle ne panique pas le moment venu. Ils avaient besoin d’elle à son maximum et Naleya appréciait cette attention. Elle appréciait avoir le temps nécessaire pour analyser la situation et surtout, elle appréciait avoir tous les scénarios possibles. Autant les positifs que les négatifs. Elle avait tous les pours et tous les contres. Malgré tous les contres, Nala n’avait pas reculé. Elle ne le faisait pas uniquement pour elle, elle le faisait pour ses enfants. Depuis qu’on avait menacé de s’attaquer à l’une de ses filles, Naleya était ce qu’on pouvait qualifier de lionne enragée. Elle allait faire tout ce qu’elle devait faire pour protéger sa famille. Peu importe ce qui pouvait lui arriver à elle.

Ce jour-là, Nala avait reçu la visite presque habituelle des agents avait qui elle collaborait. Cette rencontre avait surtout été formelle. On lui avait annoncé qu’ils avaient eu l’autorisation du salon. Plus que jamais le plan se concrétisait. On lui avait fait comprendre qu’elle devrait rester calme, qu’elle devrait seulement s’occuper de ses fans et qu’eux allaient faire le reste. On allait installer son kiosque près d’une porte pour qu’elle soit rapide et facile à évacuer au besoin. On lui avait parlé d’un gilet pare-balle et ça, ça l’avait angoissé. Elle avait eu l’impression d’étouffer d’un coup. Finalement, ils étaient repartis et Naleya n’eut pas le temps d’analyser les informations qu’elle avait reçu que la porte de son bureau s’ouvrit sur sa fille qui s’engouffra à l’intérieur. Nala n’eut pas le temps de la saluer qu’Alessia la questionna tout de suite sur la présence des policiers. « L’enquête progresse ma chérie. Ils me tiennent informer. Qu’il ait du nouveau ou pas. » répondit-elle dans une demi-vérité. C’était un petit peu plus compliqué que ça. « Toute cette histoire est bizarre. Je te l’accorde. J’ai hâte que ça soit terminé. » Comme à son habitude, Naleya tâchait de rester détendue, en maîtrise de la situation. « Il y a quelque chose que je peux faire pour toi ma chérie ? Tout va bien ? » Tenta la mère de famille en voyant au regard d’Alessia que cette fois, Naleya ne pourrait pas s’en sortir aussi facilement. Il y avait une certaine détermination dans les yeux de sa fille.

Naleya tâchait de se montrer confiante, de faire croire que tout allait bien, mais ce n’était pas simple pour elle. Elle n’avait jamais été douée pour contrôler ses émotions. Elle se laissait submerger facilement et sa famille l’avait vu au plus bas dans les derniers mois. Ils l’avaient vu comme Naleya n’avait jamais été et maintenant, la mère de famille voulait reprendre son aplomb, le contrôle de sa vie. Ça serait plus facile lorsque son agresseur serait derrière les barreaux, mais pour l’instant, elle faisait au mieux pour vivre normalement. Après tout, elle était sous protection comme jamais. D’un côté via Benjamin qui avait tout mis en place et ensuite via sa maison d’édition qui avait mis les mesures nécessaires pour rendre l’endroit très sécuritaire. Plus personne ne pouvait aller et venir à travers leurs bureaux sans être accompagné d’un employé enregistré.

Un léger soupir s’échappa des lèvres de l’écrivaine tandis qu’Alessia lui faisait comprendre qu’elle ne comprenait pas la présence des policiers s’il n’y avait pas de nouveau. Ses dents se serrèrent et elle observa sa fille avant d’hausser les épaules. Dans un premier temps, elle préféra ne rien ajouter espérant que la mère pourrait dévier la conversation et faire oublier ce détail. Alessia n’avait pas tort. Ce n’était pas logique de les voir aussi souvent s’il ne se passait rien du côté de l’enquête.

Nala tenta de savoir si elle pouvait faire quelque chose pour sa fille et cette dernière se montra catégorique, elle voulait savoir ce qui se passait. Insistant sur le fait qu’elles n’avaient pas de secrets habituellement. Un nouveau soupir s’échappa des lèvres de la châtaine alors qu’elle se déplacé de manière à poser ses fesses sur son bureau. « Tu n’as pas besoin d’être inquiète Alessia. Je suis entre de bonnes mains, l’enquête aussi. » commença-t-elle par dire. « Même s’il n’y a pas de nouveaux éléments pour l’enquête, elle suit son cours. Ils font ce qu’ils peuvent. Je ne peux pas t’en dire plus pour le moment, pour une question de sécurité. Tu as raison, ils ne passent pas seulement pour me dire que tout va bien, mais… » Elle haussa les épaules ne sachant quoi ajouter. Elle ne pouvait pas dire toute la vérité, l’enquêteur principal lui avait dit de garder l’information pour elle. Nala n’aimait pas particulièrement mentir et elle le faisait depuis trop longtemps déjà. À ses enfants, à Benjamin et même à Joshua. Ce n’était pas simple pour elle. Elle serait sûrement moins angoissée si elle pouvait se confier à ses proches. Sauf qu’elle avait bien compris que ce n’était pas une bonne idée, que personne ne devrait se mêler à cette histoire. « Ça sera terminé bientôt. » Elle voulait se montrer confiante, mais l’inquiétude était présente dans son regard.

Nala eut un léger sourire à la remarque de sa fille et sur ses inquiétudes. Négativement, la mère de famille secoua la tête. « C’est mon rôle de m’inquiéter. Tu n’as pas besoin d’avoir cette charge sur les épaules. » Naleya ne voulait pas ça. Elle voulait que ses enfants aillent bien, qu’ils vivent leur vie sans s’inquiéter pour elle. Elle avait conscience qu’elle en demandait beaucoup, surtout avec les derniers événements. L’écrivaine ne voulait pas que les autres s’inquiètent pour elle alors qu’elle était elle-même inquiète pour sa propre sécurité. Heureusement qu’il y avait Steve et toute l’équipe de protection de la maison d’édition. Ça lui permettait de souffler un coup lorsqu’elle était au travail ou en déplacement.

Peut-être que Nala en avait trop dit en laissant sous-entendre qu’il se tramait quelque chose avec les policiers. Elle avait dû ajouter un certain stress en précisant qu’elle ne pouvait pas en parler dans l’immédiat, pour une question de sécurité. Parce que oui, dans toute cette histoire, la sécurité de Nala serait mise à l’épreuve, mais elle faisait suffisamment confiance aux autorités pour leur mettre sa vie entre leurs mains. À cette annonce, Alessia lui démontra son mécontentement. La femme soupira et elle pinça les lèvres ensemble tandis qu’elle l’écoutait parler. Remettre la présence de ses gardes du corps en doute, lui dire qu’elle irait au poste chercher l’information s’il le fallait. « Alessia, s’il te plait… Ne te mets pas dans cet état. Tu sais très bien que ce n’est pas une question de confiance. J’ai confiance en vous, plus que tout, mais cette situation est plus compliquée que tu peux le croire. » Elle n’aimait pas mentir ou cacher des informations… Mais elle n’avait pas le choix. Pour protéger sa famille, elle était prête à tout. C’était l’une des raisons pour laquelle elle gardait la tromperie de son mari sous silence, pour ne pas abimer la relation de ses enfants avec leur père. Dans le cas actuel, la Rosemary ne voulait pas que ses enfants s’en mêlent. S’ils savaient, ils voudraient être présents pour elle et ils allaient se mettre en danger pour rien. « Ne remets pas tout en question Alessia. La situation n’a rien d’un jeu et votre sécurité est plus importante que tout à mes yeux. Vous avez déjà été mêlés suffisamment à cette histoire et je n’ai pas besoin de te rappeler qu’il a menacé de s’en prendre à l’une d’entre vous. Les policiers mettent tout en place pour arrêter ce type et je ne souhaite pas que ça vous implique. Je veux vous voir le plus loin possible et surtout en sécurité. C’est tout ce qui compte. » Son ton s’était montré un petit peu plus sévère voire autoritaire. La situation était plus que sérieuse et Nala voulait qu’Alessia le comprenne. « C’est presque terminé, laisse-nous un petit peu plus de temps. Promis, je vais tout te dire ensuite. » Est-ce que ça allait suffire ? Nala avait des doutes. Elle avait peut-être laissé sous-entendre que ses enfants étaient mis à l’écart, mais pas elle. Elle, elle avait les pieds directement dans les événements à venir.