Je suis nerveux, mais cette fois, c’est pour une excellente raison et ironiquement, ça me fait du bien. Ces dernières semaines avaient été très difficile pour ma santé mentale et mon estime personnelle, mais aujourd’hui, je retrouvais enfin la force de sourire. Prenant un soin maniaque en choisissant mes vêtements du jour, il me fallut pratiquement une heure pour appliquer un léger maquillage sur mes joues et mes yeux, afin de cacher les vestiges de mes récentes insomnies et angoisse. Aujourd’hui, j’avais un entretien qui, s’il se soldait positivement, me donnerait un poste de maquilleur personnel auprès d’une vedette montante et magnifique. C’était la chance de ma vie et je ne voulais pas la manquer par mon caractère morose. Alors que prenait le soin de me ragaillardir afin d’être au sommet de ma forme pour cette rencontre importante, je pris soin de cacher à Hadès, Clematis et Lilas cette opportunité, juste au cas où la sublime Giulia Paolucci ne retienne pas ma candidature. Dans une telle éventualité, la défaite serait suffisamment cuisante et tolérer leur pitié rendrait sans doute encore plus cuisant cet échec.
C’est donc vêtu d’un costume blanc et rose à la coupe élégante et gracieuse et d’une assurance fraichement regagnée que je me suis enfoncé dans les studios de l’universal city, après plusieurs longues minutes de trajet en uber. D’ailleurs, mes maigres finances passèrent dans le paiement de mon taxi, mais si j’obtenais le boulot, ça en vaudrait la peine. « Wouha… » Murmurais-je émerveillé, en regardant partout. On m’avait donné un laissez-passer puisque j’avais rendez-vous dans les studios et je me sentais soudainement important, même si je n’appartenais pas à ce monde. Pas encore, en tout cas. Entrer dans un studio de cinéma, c’était comme entrer dans un autre monde tout en sachant que nos deux pieds étaient encore bien ancrés sur terre. C’était étourdissant et magnifique. Complètement magique. « Pardonnez-moi…je cherche Mademoiselle Paolucci, je suis Darius Lloyd et j’ai rendez-vous avec elle à 09h15 ce matin pour un entretien d’embauche » Dis-je d’une voix confiante et douce à un assistant qui passait par-là à grande vitesse et complètement surchargée de travail, de toute évidence.
Elle me regarde pendant quelques secondes sans rien dire, comme si je sortais d’un conte -chose qui semblait bien en contexte vu l’endroit- avant de m’indiquer d’un geste évasif de la main une loge. D’accord…de toute évidence, je dérangeais cette jeune femme. Sans me décourager, j’ai marché jusqu’à la loge et j’ai inspiré profondément afin de conserver mon calme. Je m’étais préparé pour ce moment depuis mes seize ans, il était hors de question que je rate ma chance. Serrant mon book dans mes mains, j’ai toqué de brefs coups secs et énergique à la porte sans trop savoir si je devais également m’annoncer. C’était la première fois que je rencontrerais une célébrité, je ne savais même pas si j’avais le droit de la traiter comme je traiterais n’importe qui d’autre. « Mademoiselle Paolucci, c’est moi, Darius Llyod » Dis-je d’une voix douce, espérant qu’elle entende ma voix à travers sa porte. J’avais laissé tomber le patronyme Mercado pour cet entretien. Non seulement le nom de mon père ne m’apportait que de mauvais souvenir, mais je ne tenais pas également à assombrir mon humeur avec d’éventuel question concernant les dernières semaines. Je voulais me réapproprier ma vie et aujourd’hui, c’était le premier pas dans cette voix.
Des mois de dingue t’attendent. Tu viens de signer pour un nouveau film, tu seras la grande vedette de ce film. Le premier rôle. Un scénario de fou, avec d’autres acteurs qui vont rapidement monter. Tu sais que ce film ne sera pas un navet et que tu ne signes rien sans l’avis de tes parents, de toute façon. Tu fais confiance à toute ta famille dans ce domaine, ils sont dans le cinéma depuis tellement d’années. Ce sont eux qui t’ont mis dans le bain depuis toute petite. Tu as commencé par faire des publicités, puis rapidement, tu as obtenu des rôles d’enfant au cinéma. Tu as commencé à te faire un nom lorsque tu avais à peine sept ans, mais ton nom de famille, ne laisse pas indifférent. Tout le monde connaît les Paolucci. Tout le monde à déjà vu un film avec un Paolucci. Que ce soit un acteur, un musicien, un producteur… Toute la famille fait partie du monde du cinéma.
Tu as demandé à ton assistante de faire passer une annonce sur les réseaux sociaux. Tu ne veux pas faire passer d’offre d’emploi sur les sites de recrutement, tu as besoin de quelqu’un de jeune, qui utilise les réseaux sociaux, qui se tient au courant de la mode à l’instant T. Quelqu’un qui utilise Instagram, c’est ça que tu cherches. Tu cherches quelqu’un qui t’accompagnerait absolument partout pour te maquiller. T’en a marre que ce soient différentes personnes qui te maquillent chaque jour de tournage différent. T’en peux plus d’être maquillé de différentes façons en fonction de la personne, de son humeur et de son coup de main. C’est aussi pour ça que tu recherches une coiffeuse, des fois, tu ressembles à rien car la coiffeuse sur un plateau télévision à cinquante ans et à perdu le fil…
Aujourd’hui, tu dois recevoir un jeune homme, Darius quelque chose, tu n’as pas retenu son nom de famille et ton assistante ne commence qu’à midi aujourd’hui. T’es plutôt cool avec les gens qui bossent pour toi, quand tu finis tard, tu commences tard. Hors de question qu’une perle qui bosse pour toi part en dépression, parce qu’elle bosse de trop ou qu’elle ne se repose pas assez. Tu peux parfois être dure, mais jamais dans l’excès, enfin peut-être parfois. Il est neuves heures passées. Tu dois être sur le tournage à onze heures, le temps de faire ton entretien et que l’habilleuse passe, le timing est parfait. En même temps, c’est ton assistante qui a tout géré et tu lui fais une confiance aveugle niveau organisation. Quelqu’un frappe à ta loge. Il se présente, Darius, tu l’attendais ça tombe bien.
« Allez y entrer ! »
Tu es assise sur une banquette, vêtue d’un peignoir, encore sur ton téléphone à faire le tour des réseaux sociaux. Tu lui fais signe de s’asseoir en face de toi.
« Merci d’être venue de si bonne heure ! Est-ce que vous pouvez brièvement, vous présentez ? »
Oui, pour toi, neuf heures du matin, c’est super tôt ! Mais on sait quand on commence un tournage, jamais quand il se termine. Il suffit qu’une prise ne convienne pas et tu la recommences quinze fois, jusqu’à ce qu’elle convienne au réalisateur du film.
J’attends patiemment à la porte, nerveux à l’excès, mais tout de même confiant quant à mon talent. Ce n’était pas un manque de volonté qui avait fait que je n’étais pas devenu un maquilleur professionnel, mais surtout un manque de contact dans le monde du show-business. Souvent dans cet univers, les opportunités d’emplois pour les stylistes, les maquilleurs et les coiffeurs étaient moindre puisqu’il y avait toujours quelqu’un qui connaissait quelqu’un qui avait du talent. Il avait été hors de question que je travail dans une vulgaire boutique de maquillage alors voilà…je n’étais jamais devenu professionnel, mais si je faisais une assez bonne impression, peut-être que ça changerait…et si ça fonctionnait, ma vie en entier changerait.
J’entend la voix douce et mélodieuse de Giulia m’indiquer que je pouvais entrer. Mon cœur battait à tout rompre alors que je tournais la poignée de porte et j’ai pénétré la loge sans plus attendre. Sûr de moi et confiant, voilà ce que je devais redevenir si je voulais que ça fonctionne. Alors j’entre et je m’immobilise devant cette célébrité si divinement belle qu’elle pourrait faire changer n’importe quel gay en hétéro…enfin, n’importe quel gay se posant le moindrement des questions sur son orientation. Moi, je l’enviais; ses cheveux si brillant et soyeux, ses yeux grands et pétillants, sa peau qui semblait d’une perfection divine…il était difficile de croire qu’elle avait besoin de maquillage pour la sublimer.
« Bonjour » Dis-je doucement, de ma voix chantante et chaleureuse, avec ma bonne humeur qui m’étais naturelle autrefois. C’est fou, mais en reprenant le contrôle de mon avenir, j’avais l’impression de me retrouver et ça faisait du bien, surtout après mon engueulade avec Lilas. Je viens lentement m’asseoir devant elle et je dépose mon book sur sa coiffeuse, afin qu’elle le regarde si l’envie le lui prenais. « Je serais venu à n’importe quelle heure, il était hors de question que je rate cette chance » Avouais-je lorsqu’elle me remercia d’être ici si tôt. J’aurais dormi devant le studio, s’il avait fallu le faire. Il me fallut une demie seconde afin de penser à sa demande. Me présenter. Je suppose qu’elle ne voulait pas quelque chose d’aussi basique qu’énoncer mon âge et mon nom.
« Je m’appelle Darius Lloyd, comme vous le savez déjà et j’ai 23 ans. J’ai fait des études pour devenir maquilleur professionnel, mais c’est tellement commercial que j’ai développé mes propres techniques par essaie et erreur, parfois sur des modèles, souvent sur moi » Dis-je joyeusement en ouvrant moi-même mon book pour montrer des maquillages très différents de page en page. Là, il y avait ma vie en entier. Des maquillages extravagants, d’autres beaucoup pus sulfureux et sensuels. Des maquillages dignes de film d’horreur et d’autres beaucoup plus passe-partout et sophistiqué. Des tonnes de couleurs et de paillettes… « Je m’adapte à tout, l’impossible n’existe pas à mes yeux. Vous demandez et je serai votre bonne fée marraine, ma baguette magique, ce sont mes pinceaux » Rajoutais-je doucement d’une voix joviale en agitant mes mains tout en parlant, enthousiaste à l’idée de pouvoir enfin parler de ma passion.
« Les visages sont tous parfaits, peu importe s’ils sont scarifiés, avec de l’acné ou des rides. Chaque marque a une histoire et le maquillage n’est pas là pour cacher ces histoires, il est là pour les embellir. Comme un piano est là pour créer une symphonie avec de vulgaires notes de musiques » Concluais-je doucement en esquissant un sourire tendre, appréciant cette retrouvaille avec moi-même. Sauf que je me rendis compte que j’avais vraiment accaparé la conversation avec ce long monologue. « Pardon…je deviens intarissable lorsque je parle de ma profession…je suis là pour faire briller les beautés de ce monde…enfin, si on m’en laisse la chance, bien sûr » Terminais-je timidement.
Tu écoutes ce jeune homme parler, vous avez presque le même âge, peu de différence. Tu comprends totalement ce qu’il dit et tu ressens sa passion lorsqu’il parle. Il aime ce qu’il fait et c’est dommage qu’il n’en vive toujours pas. Tu regardes attentivement les photos des maquillages qu’il a déjà fait, parfois sur lui, parfois sur d’autres personnes, surement des amis ou de la famille. Il est parfois difficile de prêter sa peau à quelqu’un qu’on ne connait pas, on ne sait jamais vraiment ce que l’on nous applique et parfois, ça fait peur. Il était tellement joviale, souriant, il te donne tellement envie de bosser avec lui. « Est-ce qu’on peut faire un essai, là maintenant tout de suite ? Tu as a ta disposition toute ma coiffeuse, qui comprend absolument une tonne de maquillage et parfois même des choses, qui servent à je ne sais quoi… » Tu te lève, t’assois face au miroir et attend qu’il vienne s’occuper de toi. Le bon coté quand on est un travail manuel ou artistique c’est qu’on peut montrer son talent directement, sans avoir besoin de réelle période d’essaie. « Je vais tourner une séquence dans un bal masqué, à la fin du bal, j’enlève mon masque et je dévoile qui je suis. Je ne vais pas te spoiler le film, mais je joue le rôle d’une danseuse au talent incroyable mais qui veut rester anonyme. A toi de faire éclater ma beauté ! » Tu lui fais un petit clin d’œil, avant de prendre ton téléphone en main pour le laisser jouer avec ces baguettes magiques, comme il l’a si bien dit.
Oui, le maquillage était une véritable passion pour moi. Contrairement à la peinture qui restait stoïque et sans défis, un visage possédait beaucoup de lumière différente, des angles parfois étonnants et des grains de peau avec une centaine de variation. Le véritable art, c’était ça, un visage qui révélait mille et un secret sans vraiment en dévoiler un. Au fil de mes paroles et de la conversation, mon angoisse et mon anxiété diminua. Cette jolie jeune femme avait une écoute agréable et n’avait pas l’arrogance des gens riches et célèbre…enfin, pour l’instant. Je me sens bien, mes yeux pétilles de malice et j’ai l’impression de me retrouver un peu. Sa demande de faire un essai immédiatement me surprend, mais plutôt que de me faire stresser, le défis me fit sourire. Improviser un maquillage, j’excellais dans ce genre de truc. Auparavant, je maquillais mes collègues au jardin d’Eden dès qu’elles le demandaient et elles planifiaient rarement d’avances. « Oui, bien sûr, aucun problème, je suis prêt à sublimer ce visage déjà très séduisant » Affirmais-je joyeusement en observant déjà tout ce qui était posé sur sa maquilleuse. Certains produits qu’elle possédait faisait partit de mes préférés, d’autres m’étaient totalement inconnu.
Je la regarde s’installer, mais déjà, je suis concentré. Mon regard mordoré analyse son teint, la forme de ses pommettes, de ses lèvres et de ses yeux. Ses cheveux son magnifique également, mais pour l’instant, je ne suis pas coiffeur, seulement maquilleur. « Je vais commencer par mettre un tablier sur votre poitrine pour éviter de répandre du maquillage sur votre peignoir » Lui dis-je en sortant de la poche de mon veston une trousse personnelle qui contenait plusieurs types de brosses et de pinceaux. J’allais très certainement utiliser son maquillage, mais je préférais utiliser ces pinceaux choisis pour leur précision et leur douceur. J’ouvre les différentes palettes de couleurs, je découvre les fonds de teint utilisé et je contemple les rouges à lèvres alors qu’elle me résume la scène pour laquelle je dois la maquiller. « Vous avez une couleur de robe ou de masque pour m’orienter un peu? Je peux vous créer un maquillage sublime, mais au final, s’il n’est pas accordé à l’ensemble de votre apparence, ça risque de trop détonné » Fis-je remarqué en versant doucement une rasade d’eau sur un mouchoir doux.
« Fermez les yeux, je vais nettoyer votre visage avant d’appliquer une couche de fond de teint, on évitera comme ça des zones assombris par des résidus d’un reste de maquillage » Expliquais-je avec douceur, un sourire heureux sur mon visage alors que je me saisis de la bouteille de fond de teint. Je fronce légèrement les sourcils. « Votre ancien maquilleur utilisait vraiment ce produit? Il est au moins deux teintes trop foncées pour votre pigment » Dis-je en le reposant sans l’avoir utilisé. Jamais je n’utiliserais le mauvais fond de teint sur quelqu’un, c’était un plan pour ridiculiser la personne sans le vouloir. J’allais devoir redoubler d’ingéniosité afin de lui créer un teint parfait…ou je pourrais simplement sublimer son visage sans fond de teint. Quand on avait une peau sans imperfection comme la sienne, pourquoi prendre le risque d’en bloquer les pores avec un maquillage trop lourd? J’ai sorti un pinceau de ma trousse et je l’ai trempé dans un pot délicat contenant d’eyeliner noir. Que mon œuvre d’art commence!
Tu ne le connais pas, mais bizarrement, tu lui fais déjà confiance. Bien plus qu’à ton ancienne maquilleuse, recruter sur le tas, dans une urgence effroyable. Zéro test fait au préalable, tu avais juste fait confiance à l’agence de recrutement, spécialisée pourtant dans le domaine artistique. Tu voulais prendre ta carrière en main et t’entourer des meilleurs. Fini de faire confiance à n’importe qui, désormais, la confiance il faudra la gagner comme il faut. Il t’explique tout ce qu’il va faire. Il pose quelque chose sur toi, déjà première fois qu’on protège tes vêtement, tu fais un petit sourire en coin tout en restant les yeux sur ton téléphone. Loin dé là l’envie de paraitre désagréable, même si tu l’es quand même très souvent. Mais, c’est surtout parce que tu as envie de le laisser se concentrer, il a ta peau entre les mains, alors tu ne veux pas qu’il fasse n’importe quoi, tu préfères qu’il fasse les choses à 100% sans que tu le déconcentre. Il te pose alors une question concernant ta robe. « Oh oui, je ne te l’ai pas montré, excuse-moi ! Elle est blanche et argent, avec énormément de paillettes ! » Tu cherches une photo rapidement sur ton téléphone. Tu as surement une photo fais pendant les essayages pour trouver la robe que tu mettras lors de cette séquence du film. Trouver. Tu lui montre alors ton téléphone afin qu'il puisse voir la robe et commencer à imaginer ton maquillage. Il te demande ensuite de fermer les yeux pour nettoyer ta peau, puis te parle de la couleur de ton fond de teint, tu crispes le visage, déçue t’entendre ça. Après, ça n’a jamais choqué personne, puisque que même les tabloïds n’en parlait pas. Il a l’air d’avoir un œil de lynx, tu apprécie énormément ça. Tu apprécies également le fait qu’il te précise tout ce qu’il va faire, tu aimes bien connaitre les étapes, ça change, tu ne laisse pas juste ta tête et hop tu ressors toute neuve. Peut-être que grâce à lui tu finiras par apprécier le monde du maquillage et tu finiras par t’y intéresser. Car actuellement, tu n’y connais rien et tu n’as jamais su te maquiller seule. Enfin, il faut dire, tu n’as jamais eu besoin de te maquiller toute seule.
Elle ne parle pas beaucoup, chose que je comprenais difficilement puisque j’étais moi-même une véritable pipelette. J’adorais parler et encore plus lorsque je créais. Pourquoi? Parce que ça me permettait de déterminer la personnalité de la personne qui passait sous mes pinceaux et que je pouvais adapter le maquillage en conséquence. Après tout, le maquillage, c’était comme une peinture de guerre et il fallait les épaules pour porter certain d’entre eux. Une personne plus réservée et timide pourrait avoir le maquillage le plus flamboyant et le plus majestueux qui existait, elle ressemblerait à un clown si elle n’endossait pas ce qu’elle portait. Pourtant, je ne pensais pas que Giulia Paolucci fasse partie de ces gens humble et timide. C’était une rose éclatante, brillant de mille feux et il était important que son maquillage laisse refléter aux publics son regard brûlant, séduisant et intense. Alors je m’applique, j’ai bien conscience que c’est la chance de ma vie. Je prends bien soin de protéger ses vêtements et je me concentre sur les détails de la photo de la robe qu’elle me montre et je souris. « Elle est sublime, vous allez être époustouflante en la portant » Sifflais-je avec émerveillement. Les vêtements étaient l’une de mes passions, évidemment.
Fermant les yeux afin d’imaginer mentalement ce que je lui ferais, je commence à rapidement appliquer les différentes couches de maquillage, faisant briller le contour de ses yeux, souligner le trait de sa paupière et illuminer son regard. L’argenté et le banc vienne border le noir de l’eyeliner alors que je passe à ses lèvres qui seraient d’un rouge profond, pas trop vif. C’était son regard qui devait être la vedette, pas sa bouche. Les sourcils légèrement froncés, la mine soucieuse, je tente de rendre mes gestes fluides et précis comme un peintre le ferait sur une toile. « Ce poste, c’est simplement pour ce film ou c’est de façon permanente…du genre, maquilleur attitré et personnel? » Demandais-je avec douceur en venant apposé quelques petits diamants les coins externes de ses yeux afin d’augmenté la brillance du regard, tout en ayant le bon goût de ne pas trop en mettre. Certains abusaient clairement des pierres brillantes. Réajustant certaines petites lignes, j’ai finalement souri largement. « Je crois que j’ai terminé » Annonçais-je avec bonne humeur, fier du résultat. « Je ne veux pas paraitre arrogant, mais vous êtes magnifique, sublime…incroyablement sensuel » Dis-je en retirant le tablier avec précaution et tournant son fauteuil face au miroir pour qu’elle s’observe.
« Au diable la fausse modestie, je suis fier de ce que j’ai accompli » Dis-je en riant, me disant que sans mon propre équipement basé de A à Z sur elle, je ne pourrais pas faire mieux. « Alors…ça vous plait? » Demandais-je avec nervosité. J’avais momentanément oublié que j’étais en entretiens d’embauche. Avais-je tout ruiné?
Le maquillage est présent dans la vie de beaucoup de personne sur terre. Cet art est là pour sublimer l’humain, et ça depuis la nuit des temps, il faut le dire. Dans le temps, c’était principalement pour montrer qu’on appartenait à une certaine classe sociale, aujourd’hui, c’est simplement pour montrer qu’on est beau, superficiel et tout ce qui va avec. Je n’ai jamais su me maquiller, en même temps, depuis toute petite ce sont des professionnels qui s’occupent de moi. Je n’ai jamais pensé à prendre des cours non plus, peut-être qu’au fond ça ne m’intéresse pas vraiment. Quand je suis seule chez moi, je ne vois pas l’intérêt de me maquiller, même si j’aime être jolie, je sais aussi que je peux l’être en étant totalement naturelle. Et puis, faut surtout avouer, que j’ai une sacré flemme de passer une heure à me maquiller le matin. Non, mon but ultime n’est pas de réussir mon trait d’eye-liner d’une traite le matin. Même si je comprends totalement le challenge que c’est pour certaines personnes. Darius complimente la robe, c’est vrai qu’elle est belle, carrément époustouflante. Un peu trop tape à l’œil, mais bon, dans ce genre de film vaut mieux que ça le soit, puisque l’histoire tourne autour de toi. « Ce poste est un temps plein, crois-moi, tu n’auras le temps de rien d’autre à coté. Tu vivras maquillage à 100%. Tu penseras maquillage sans cesse. Il faudra arrêtez complètement les petits boulots à coté si tu en as et aussi quelques loisirs, il faut vraiment que tu sois prêt à me suivre partout où je vais, même à l’étranger si j’ai des tournages en Europe ou en Asie par exemple. » Tu lui fais un large sourire, avant de jeter un coup d’œil à l’heure sur ton téléphone. « Tu serais prêt à ça ? » Quelques minutes plus tard, qui te semble hyper rapide pour le coup, Darius te dis qu’il à terminé et se vante de son œuvre d’art. En même temps, il y a de quoi, tu es carrément magnifique, presque méconnaissable, à fond pour le rôle que tu vas jouer. « Je n’ai pas les mots ! » Tu te regardes sous tous les angles. Tu sors ton téléphone portable et fait une story pour montrer ton maquillage. Tu appelle ensuite ton assistante. « Phoebe, annule les autres entretiens et prépare le contrat pour Darius, il reste avec moi. » Tu te retournes vers ton nouveau petit protégé. « Bienvenue dans l’équipe Darius, un talent comme toi, crois-moi, je vais le garder longtemps à mes cotés ! » Tu te lève de ton siège, prend ton téléphone et filme à nouveau. « Hey ! Faut que je vous présente une perle rare qui m’accompagnera absolument partout où j’irais, je vous présente Darius, le magicien du maquillage ! » Tu attends que Darius réagisse puis coupe la story. Tu vis H24 avec ton téléphone, c’est ton gagne pain il faut dire, ça complète tes salaires d’actrice, productrice et danseuse, les sponsors, c’est magique grâce à Instagram.
Le monde du maquillage, c’est ma vie. Je pense que tout le monde m’ayant vu peindre un visage l’avait compris. Je m’étais parfois présenté à quelques auditions pour bosser dans l’industrie du spectacle, mais les postes avaient toujours été donné avant même le premier jour d’entrevue. C’était des entretiens fantômes, des privilégiés aux contacts plus glorieux que les miens héritaient des postes dans mon domaine sans même avoir le tier de mon talent. C’était pour cette raison que je m’étais transformé en escorte, mais la possibilité de toucher ce rêve m’avais fait tenter ma chance auprès de la sublime Giulia Paolucci. Pendant que je termine les dernières touches du maquillage, elle me détails l’ampleur de ce qui m’attends, si je suis choisi. Aucun autre boulot à côté, voyager dans le monde pour être prêt d’elle, faire ce qui me plaisait le plus au monde. J’esquisse un sourire doux et je la regarde. « Devenir maquilleur professionnel, c’est mon rêve depuis que je suis tout petit. J’ai quitté ma ville natale, le confort de ma maison et ma famille afin de suivre cette voie. Évidemment que je suis prêt à vivre tout ça » Dis-je avec passion, me demandant si ça voulait réellement dire qu’elle songeait à me prendre dans son équipe. Je ne voulais pas espérer…mais pourquoi, je commençais à foutrement y croire! Sauf que bon, tout pouvait changer d’un instant à l’autre puisque pour le moment, elle n’avait pas vu ce à quoi elle ressemblait.
Elle mentionne ne pas avoir les mots. Ma tête fourmille d’hurlements imaginaires. C’était positif ou négatif? C’ÉTAIT POSITIF OU NÉGATIF!?!?! Je commence à bouger un peu plus, impatient de réellement savoir, mais l’actrice leva son téléphone. « Oh putain » Laissais-je échappé de ma bouche sans même m’en rendre compte, après qu’elle eut crié à son assistante d’annuler tous les autres entretiens, que c’était moi qui avais le poste. Je rougis violement en me rendant compte que je venais de jurer devant ma patronne. Ma nouvelle patronne. De mon boulot de rêve. « Pardon…pardon…je…c’est la joie et la surprise… » Bafouillais-je, un vrai grand sourire sincère dessiner sur mes lèvres alors que mon cœur battait à tout rompre. « Merci beaucoup, je vais tout faire pour ne pas vous décevoir, je vous le promets…je suis tellement heureux » Dis-je avec émerveillement avant qu’elle ne démarre sa story. OH MY GOD, j’allais réellement être sur une story de Giulia Paolucci!?! C’était trop beau pour être vrai! Je la regarde s’adresser à son téléphone avec une telle aisance et je devine que ça sera vu par des centaines de milliers de personne. De toute évidence, elle s’attend également à ce que j’intervienne. J’esquisse un large sourire joyeux et je vais un signe de la main devant la caméra. « Salut tout le monde, c’est moi Darius! Je vous jure de tout faire pour sublimer encore plus notre star préférée! » Dis-je joyeusement, rayonnant de bonheur.
J’avais vraiment de la difficulté à croire que mon rêve était atteint. « Merci beaucoup pour votre confiance » Dis-je avec joie une fois qu’elle eut coupé sa caméra. Elle n’avait pas parlé de salaire, mais je supposais que ça serait indiqué dans le contrat de travail que me ferait signer son assistante. « Je suis vraiment super heureux » Dis-je, juste au cas où elle ne l’aurait pas déjà compris.
Ce que tu cherchais, c’était une personne vivant sa passion, qui la ressent vraiment, qui vit pour elle. Tu ne voulais pas de quelqu’un qui maquillait juste parce que c’était un métier comme un autre, ou bien que c’était une question d’approcher des célébrités. Non, tu voulais quelqu’un qui resterait soit même en ta compagnie et bien entendu, qui resterait soit même à l’approche de d’autres célébrités. Il vient de jurer parce qu’il est pris, ça te fait rire parce qu’il est totalement lui-même, authentique à souhait et qu’il correspond exactement à ce que tu cherchais. Le maquilleur que tu voulais recruter doit t’accompagner partout, il te fallait quelqu’un avec qui tu étais sur de t’entendre et pas une personne qui te suis simplement partout comme un petit chien. Tu voulais quelqu’un avec du cœur, et un cerveau tant qu’à faire. Darius joue le jeu pendant que tu prends ton téléphone et le présente sur ton compte Instagram, l’endroit où tu es le plus suivi sur les réseaux sociaux. Ça te plaît encore plus qu’il soit à l’aise sur les réseaux, parce que tu n’as pas l’habitude de cacher ton équipe, c’est un peu ta deuxième famille. Après, tu respectes totalement les gens qui ne veulent pas être affichées sur les réseaux sociaux. Darius te remercie, tu lui fais un large sourire, t’es tellement contente de pouvoir aider des gens à vivre de leur passion. « Avec plaisir Darius. Merci à toi de me sublimer ! Mon assistante t’enverra ton contrat dans la semaine. Est-ce que je peux compter sur toi la semaine prochaine ? » Tu entends par là, lundi prochain bien entendu. Tu ne peux pas le faire travailler sans contrat et tu ne sais pas quand est-ce que ton assistante aura le temps de s’occuper du contrat de travail de ton nouveau maquilleur, sachant aussi, que vous devez parler des modalités du contrat ensemble avant. « Est-ce que tu as des questions pour ton contrat ou des éventuelles choses à me dire ? » Par là, tu entends, indisponibilités prochaines, rendez-vous pris, week-end indisponible pour un événement, et ça, tu peux le concevoir, tu n’es pas aussi vache que ce que tu peux entendre. « Pour tout ce qui est salaire, jour de repos, il faudra voir avec mon assistante parce que vraiment, je n’y connais rien. Pour sûr, tu auras le dimanche en planning normal, après, quand on est en déplacement, tu seras payé au nombre d’heures de travail, ça sera intense, mais si tu te fais un nom à mes côtés, demain, tu pourras maquiller n’importe qui ! » Tu crois en lui, tu le vois qu’il a du talent et qu’il arrive à ressentir ce qu’il maquille.
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Dim 5 Sep - 2:10
Darius L. Mercado
