David était un gamin non désiré. Non désiré par son père qui ne s’est même pas présenté quand sa mère a découvert sa grossesse. Mais était-ce étonnant de la part d’un adolescent de dix-sept ans ? Mais elle n’était pas toute blanche non plus, parce que si elle avait pu fuir, elle en aurait fait de même. Bref. Autant dire que le petit blond n’a pas vraiment connu ses parents. Elle a accouché sous x et le gamin a fait un voyage dans les différents foyers sans jamais trouver de famille adoptive. La dernière famille qu’il a eu était les Sheffield dont il a gardé le nom de famille mais ça n’a pas durée longtemps non plus. Faut dire que le gamin n’a jamais été facile. Les changements constants d’environnement et de famille n’ont fait que le perturber et il n’a finalement jamais été un minimum élevé. Donc c’était un gamin malpoli, désagréable et qui respecte aucune règle, quand en plus il ne se battait pas ou ne finissait pas au poste.

A l’âge de seize années, il a fini par en avoir marre. Marre de rester coincé dans des foyers avec d’autre adolescent qu’il trouvait tous plus cons les uns que les autres à part quelques exception… Il choisit la solution radicale et pourtant peu adapté à son tempérament. Mais ça avait été la seule porte de sortie qui se présentait à lui. Engagé à l’armée de terre, il a d’abord débuté comme simple soldat. Autant dire que ces débuts lui ont appris la vie et apprit la discipline, même si… il restait le garçon impulsif, borné et surtout très lunatique. Ça, ça ne changerait malheureusement pas.

Au fil du temps, David a grandi et l’horizon encore jusque-là très floue et incertain commençait un peu à s’éclaircir pour lui malgré tout. Il profita du financement de l’armée pour avoir une formation de médecin, puis de chirurgien. De longues années de labeur mais il a réussi et est devenu médecin militaire. Il a servi jusque ses trente et un ans où il fut forcé d’arrêter à cause d’une blessure à la hanche. Il rentra du coup les bras ballant à Chicago. C’était comme s’il redevenait adolescent à nouveau. Complètement à la rue dans un premier temps, il finit par rebondir en tentant un peu sur un coup de chance s’il arrive à trouver un poste à un hôpital. Avec son expérience et sa carrière, il n’eut finalement pas tant de mal qu’il ne le croyait.

La seule tâche sur le tableau était le stress post traumatique du terrain qui le hantait énormément. Les horreurs, les choses qu’il a vus, qu’il a dû faire parfois l’empêchaient de dormir ou de vivre sereinement. Son expérience dans un poste bien plus calme qu’à la guerre, ou tout est si différent fut bien difficile. Il n’arrivait pas à s’adapter et ses vieilles habitudes à n’écouter personne avait repris le dessus. Jusqu’à ce qu’il rencontre Juan. Juan l’avait pris sous son aile, l’avait aidé et poussé à suivre des thérapies, à lui trouver l’aide qui lui fallait. Deux ans plus tard, les deux hommes échangeaient leurs vœux et dix longues années de mariage s’en suivirent. Dix années, où, David se sentait pour la première fois chez lui, qu’il avait une famille même si elle ne se limitait qu’à eux deux ou presque. Mais ça lui allait. Oui… ça lui allait.

Mais il a merdé.

Il a merdé sévèrement. Il ne sait toujours pas vraiment ce qui s’est passé ce soir-là, mais il avait les humeurs trop changeantes, il n’a pas su les gérer contrairement à d’habitude. Sa journée n’avait été que haut et bas de manière trop brutale. Et au lieu de retourner à la maison comme d’habitude après sa garde. Il avait eu la malheureuse idée de finir sa nuit dans un bar à y boire comme un trou. Et il s’était réveillé le lendemain matin, avec à peine quelque vagues souvenirs, juste assez pour se rendre compte. Il n’avait pas eu besoin de voir le connard nu dans son lit pour avoir compris qu’il avait fait la pire connerie de sa vie. Il se souvient aussi de lui en avoir foutu une quand l’autre lui avait fait remarquer qu’il était « tout blanc d’un coup ». Et il s’était barré. David s’en était voulu à l’instant même où il avait réalisé, les remords et les regrets l’avaient immédiatement pris d’assaut. Qu’est-ce qu’il avait fait ?! Et il n’a pas su le dire à son mari. Il ne pouvait pas briser ce qu’il avait de plus cher, même si c’était déjà trop tard.

Et il n’eut pas le temps de finalement avouer, on l’avait fait avant lui. Evidemment que ça allait mal se passer et au lieu de vraiment s’expliquer, il s’était braqué, ce qui n’avait pas arranger les choses. Et son mari de colère avait fini par lui faire subir la même douleur mais avec son meilleur ami.

Il avait perdu son mari et son meilleur ami le même jour.

David n’est plus que l’ombre de lui-même depuis son divorce. Laissant alors Juan partir, parce qu’il l’avait trop blessé et qu’il l’était trop lui-même.

Trois longues années, bien trop longue. Mais il n’en pouvait plus, il avait tenté… une fois, de refaire sa vie, mais rien. Juan était le seul qui arrivait à réellement l’atteindre et il ne pouvait plus supporter cette perte. Donc David finit par faire ses valises pour tenter de reconquérir son ex-mari et enfin lui dire la vérité sur ce qui c’était passé, même si ça ne changerait rien aux faits. Dans tous les cas, il voulait le retrouver et il était près à oublier ce qui s’était passé avec son meilleur ami pour ça.