Nathaniel & Noa

Starting anew

Jasper ne faisait plus partie de sa vie. Nate se sentait libre d’un poids qu’il n’avait pas eu conscience de porter. Il lui avait fallu un peu de temps pour se remettre de leur rupture, et surtout de ce qui l’avait causée. Sur sa pommette, l’hématome qui s’était étalé le lendemain de la rupture avait jauni, et il avait tenté de le camoufler aujourd’hui avec un peu de fond de teint. Il n’aurait jamais pensé que son petit-ami puisse lever la main sur lui, pourtant c’était arrivé. Il s’était surpris lui-même d’avoir réagi aussi vite, de ne pas avoir laissé la situation s’empirer et d’avoir mis Jasper à la porte. Mais durant ces quelques jours, il en avait profité pour faire le point. Sur lui, sur sa vie, sur sa carrière. Et dans toutes ses réflexions, un nom était revenu sans arrêt. Noa. Parce qu’hormis les quelques mensonges qu’ils s’étaient dits, la relation qu’il avait entretenue avec le plus jeune avait probablement était la plus honnête et pure qu’il avait connue depuis qu’il était parti de chez lui. Le perdre parce qu’il n’avait pas été honnête, ça le bouffait et il voulait réparer ses conneries. Alors il lui avait envoyé un message, lui avait donné rendez-vous dans un par cet était arrivé à l’endroit du rendez-vous avec une bonne heure d’avance. Il avait acheté des cafés glacés – pas tout à fait certain que Noa aimait ça, mais au moins il essayait – et une petite surprise se cachait dans son sac. Il savait qu’il n’avait qu’une chance pour apaiser les choses et il voulait que tout se passe bien. Il avait étalé une petite couverture sur l’herbe et s’était posé là, attendant nerveusement l’arrivée de Noa. Lorsqu’il l’aperçut enfin, il se leva et lui lança le plus grand sourire qu’il puisse, l’invitant à s’installer sur la couverture.

« Je, euh... Salut. Merci d’être venu. »

Il prit une seconde de silence pour l’observer, cherchant à voir s’il lui en voulait à mort ou s’il était juste un peu énervé. Malheureusement, il ne l’avait pas assez vu en face à face pour pouvoir lire sur ses traits. Il soupira et recommença à parler.

« Je suis désolé. Désolé de t’avoir menti et de t’avoir caché des choses. Je sais pas trop ce qui m’a pris. Je crois qu’avec toi j’ai voulu être... Juste moi. Pas le petit génie que les gens adulent, pas l’abruti qui a fait du mal à toute sa famille... Juste Nate, qui aime bien faire du piano et qui veut discuter avec quelqu’un de son âge – enfin, pas tout à fait je le sais maintenant – et passer un bon moment avec quelqu’un qui ne cherche pas juste à profiter de son fric ou de son nom... Je sais que c’est pas une excuse et que j’aurais dû être honnête, au moins au sujet de... Enfin de lui, quoi. Je comprendrais si tu me pardonnais pas, mais je voulais te dire tout ça et te dire que tu me manques. Ça me manque nos discussions à des heures improbables, nos échanges sur tout et rien... Le fait de te savoir jamais très loin ça me rassurait et ça me faisait un bien fou. Depuis la dernière fois j’ai l’impression qu’on m’a arraché un truc qui était devenu vital et... J’aimerais réparer ça. »

Il sortit de son sac un petit ourson en peluche, qui tenait une petite pancarte en feutre « I’m sorry » entre les mains, et la tint prêt de son visage, lançant une moue désolée à Noa.

« Tu veux bien laisser une seconde chance à l’abruti que je suis ? »

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Nathaniel & Noa

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Nate était angoissé à l’idée de ce qui allait se passer une fois Noa arrivé. Il pouvait choisir de ne pas venir, de venir mais de repartir aussitôt, ou encore de venir mais de lui envoyer ses quatre vérités en pleine face. Oui, il n'imaginait que le pire. Il était incapable de penser que les choses pouvaient bien se passer. Il ne rêvait que de ça, bien sûr, mais c’était plus difficile de s’en convaincre maintenant qu’il y était. Contre toute attente, Noa montra le bout de sa frimousse et c’est sans attendre que Nate se lança dans la tirade qu’il préparait inconsciemment depuis la seconde où il était parti, la dernière fois. Les mots coulaient sans qu’il ne puisse les arrêter, sans qu’il en ait réellement envie non plus, d’ailleurs. Il termina ses paroles en sortant le cadeau soigneusement préparé, le tendant ensuite tout simplement à Noa. Il attendit ensuite, cœur battant, que le plus jeune prenne la parole. Leurs regards se croisèrent et il ne put s’empêcher de sourire très légèrement, attendant toujours la réponse avec une appréhension certaine. Le soupir n’était pas rassurant... Mais les mots qui suivirent l’étaient, eux. Il se mit à sourire comme un idiot, baissant légèrement son bras tandis que le silence s’étirait entre eux. Ses bras qui se tendirent finalement firent faire un bond au cœur de Nate, qui s’empressa de l’attirer tout contre lui.

« Merci de me donner une deuxième chance. Vraiment... Merci. »

Il finit par le relâcher légèrement, mais glissa une main sur sa joue et, sans trop comprendre pourquoi il était en train de faire ça, déposa doucement ses lèvres sur celles de Noa. Le semblant de baiser ne dura qu’une fraction de seconde avant qu’il ne le laisse s’écarter, ses yeux s’écarquillant.

« Je euh, pardon. Je voulais pas... Enfin si, je voulais, mais pas... Pardon, Noa. Je suis vraiment un boulet... »

Et voilà, il venait sûrement de tout gâcher à nouveau. Il venait à peine de le retrouver et l’avait certainement déjà perdu. Franchement, il faisait n’importe quoi, c’était ridicule.

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Nathaniel & Noa

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Mais pourquoi est-ce qu’il avait fait ça ? Pourquoi est-ce qu’il n’avait pas su se retenir et agir normalement, pour une fois dans sa vie ? C’était Abi qui avait raison, au fond. C’était juste un connard prétentieux qui ne pensait qu’à sa gueule. Noa, c’était une respiration. Une bouffée d’air frais dans ce monde qui l’étouffait depuis l’enfance. Mais il fallait qu’il gâche ça aussi. D’abord en lui mentant. Maintenant en l’embrassant sans aucun contexte, juste parce qu’il en avait envie, sans même se soucier de ce qu’il ressentait... Il était complètement à côté de la plaque. Plus que jamais, il se détestait. Pour qui est-ce qu’il se prenait, au juste ? Il savait très bien que Noa avait – ou avait eu ? – des sentiments pour lui et il en jouait. Oh bien sûr, lui aussi ressentait quelque chose de profond pour le plus jeune... Mais ce n’était pas une raison. Il baissa la tête en entendant Noa souligner le fait qu’il avait un petit-ami. Non. Il n’en avait plus. En avait-il jamais eu un, à vrai dire ? Il n’en était pas certain. Jasper s’était servi de lui, l’avait rabaissé, piétiné, utilisé pour sa carrière... Il frissonna en sentant la main de Noa se poser sur sa joue et ses yeux retrouvèrent les siens, presque suppliants. Il hocha très légèrement la tête à sa question, honteux. Il avait laissé la situation s’envenimer au point de se faire frapper. Il ne l’avait pas mérité – il avait réussi à comprendre ça, au moins – mais il n’était pas non plus entièrement innocent. Alors oui, il ressentait une certaine honte à avouer qu’il s’était fait frapper par son ex. Son train de pensées s’arrêta net lorsque Noa s’approcha à nouveau de lui pour l’embrasser. Il ne réagit pas tout de suite, mais se dépêcha ensuite de passer un bras autour de lui pour l’attirer plus près, répondant au baiser maladroit avec une passion folle. Ce contact l’électrifiait, lui donna même des frissons. Cependant, il le rompit à contre cœur, glissant une main sur la joue du plus jeune et s’écartant légèrement.

« Je... Suis pas sûr que ce soit une bonne idée. »

La mine déconfite de Noa lui serra le cœur et il secoua la tête, déposant ses lèvres sur son front dans un geste qu’il voulait rassurant.

« Ce que je veux dire... C’est que je ne veux pas que tu m’embrasses parce que tu as pitié de moi, ou quelque chose du genre. Je... On est partis sur de mauvaises bases, toi et moi. De bonnes bases, pour la plupart, mais on s’est tous les deux menti. Moi plus que toi, c’est sûr... Mais je pense... Qu’il faudrait qu’on réapprenne à se connaître sincèrement avant de continuer ça. Enfin si... Si t’as envie, bien sûr. »

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Nathaniel & Noa

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Nate se sentait complètement bouleversé. Entre la fin de sa relation avec Jasper, ses retrouvailles avec sa sœur qu’il souhaitait durables, et le baiser qu’il venait d’échanger avec Noa... Tout se bousculait en lui et il était un peu perdu. Malgré tout, c’étaient les émotions positives qui prenaient le dessus. Il était si heureux de voir que le plus jeune ne lui en voulait pas, qu’il n’était pas en colère... C’était tout ce qu’il souhaitait, pouvoir obtenir son pardon et continuer de lui parler, de l’avoir dans sa vie. Certes, il voulait plus, il en rêvait. Mais il ne voulait rien imposer à Noa et par-dessus tout, il voulait prendre son temps, qu’ils prennent leur temps tous les deux. Il avait envie que leur histoire soit différente. Il ne voulait pas faire les mêmes erreurs qu’avec son ex – même si les deux hommes n’avaient absolument rien à voir – et voulait s’assurer qu’ils étaient réellement compatibles avant qu’il ne se passe quoi que ce soit. Après tout, leur relation se résumait pour l’instant à des échanges sur internet. Quotidiens et extrêmement longs, mais virtuels tout de même. Être face à face, ce n’était pas tout à fait la même chose. Un sourire franc étira ses lèvres en voyant Noa serrer la peluche contre lui et il rit légèrement. Il était vraiment adorable comme ça.

« Je me suis laissé emporter aussi, désolé. L’important c’est de s’en rendre compte ! »

Il le pensait réellement. Ils avaient tous les deux fait des erreurs, de sacré erreurs même, mais ils en avaient tous les deux conscience et ne voulaient pas les répéter. Lorsqu’il posa la question suivante, Nate prit le temps de réfléchir puis reprit la parole, haussant les épaules.

« Ça m’a jamais gêné avant, alors je pense pas que ça me gêne maintenant. Ça t’embête, toi ? Je peux comprendre si t’as plus envie qu’il se passe quoi que ce soit. On peut rester amis, c’est déjà bien. J’aime bien être ton ami et ça me suffit largement. »

Il n’avait pas envie de passer pour un pervers ou une connerie du genre. C’était aussi pour ça qu’il voulait qu’ils prennent leur temps, pour être tous les deux sûrs que ce n’était pas n’importe quoi, qu’ils ne s’embarquaient pas juste pour une passade de seulement quelques semaines. Il éclata de rire face à la remarque suivante et secoua la tête.

« Je suis pas forcément le plus mature qui soit non plus. De toute façon... On va y aller lentement, ok ? D’abord apprendre à se connaître en vrai, pas juste par message. On peut sortir au cinéma ou au restaurant ? Peut-être aller voir un concert ou des choses du genre ? Et après, si ce qu’on ressent est toujours là et aussi réel... On verra ce qu’on fait. Ça te va ? »

Il lui lança un petit sourire avant de saisir l’un des cafés achetés plus tôt, le tendant au plus jeune.

« Je sais pas trop si t’aimes le café mais je t’ai pris ça. Au cas où j’ai demandé avec du sirop à la vanille, pour que ce soit plus sucré. Et puis y’a du lait. Je le prends toujours avec du lait, moi, sauf si j’ai vraiment besoin d’un gros boost d’énergie. Bref, tiens. On peut rester ici, si tu veux, ou aller ailleurs. J’ai rien de prévu aujourd’hui, alors si tu veux qu’on passe du temps ensemble, ça me va. Je suis tout à toi ! »

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Nathaniel & Noa

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Une légère rougeur s’empara des joues du pianiste en entendant le ton assure du plus jeune et il baissa les yeux. Lui non plus n’était pas certain de savoir être simplement son ami. Alors... Qu’est-ce que ça voulait dire, pour eux ? Il voulait qu’ils prennent leur temps, afin d’être sûr de ne pas faire n’importe quoi. Mais si au final, ils n’y arrivaient pas ? S’ils se rendaient compte que rien ne serait jamais possible entre eux ? Ce serait horrible... Il ne voyait pas sa vie sans Noa, ne la voyait plus. Il proposa alors de simplement y aller petit à petit, étape par étape, et l’idée sembla convenir au plus jeune. Sa première remarque le fit rire et il haussa les épaules.

« Je suis pas vraiment sûr, non. Et, euh... J’ai eu qu’une vraie relation dans ma vie et je suis pas... Je suis pas certain que ce soit un bon exemple, non plus. Donc... J’imagine qu’on a tous les deux des trucs à apprendre ? »

Sa relation avec Jasper n’avait été qu’un enchaînement de mauvaises choses, de toxicité et de violence morale. Il avait ses torts dans cette histoire, s’était engouffré dans une brèche qu’il n’avait pas comprise mauvaise avant que tout ne soit trop tard, avait participé à l’éloignement de ses proches en étant un abruti fini et bien trop sûr de lui... Mais il était presque certain de ne pas pouvoir appeler tout cela une vraie relation. Elle avait été longue, mais avait-elle été réelle ? Il n’en était pas certain. Il avait aimé Jasper, de ça, il était certain. Pour le reste... Tout était bien trop flou dans son esprit. Mais avec Noa, il sentait que les choses étaient différentes. Après tout, il était presque certain d’être déjà amoureux, alors qu’ils ne s’étaient vus qu’une seule fois. Il fronça les sourcils en l’entendant dire qu’il n’aimait pas trop le monde et hocha la tête.

« Noté. Alors... On peut faire de ce genre de rendez-vous un truc régulier, peut-être ? Tu... Fais des études ? Travailles ? Je pourrais peut-être venir te chercher à la fin de ton service ou de tes cours ou... Je sais pas ? Quelque chose ? »

Et voilà qu’il continuait à parler sans s’arrêter. Il devait avoir l’air complètement chelou. Mais il n’y pouvait rien si Noa le mettait dans un état pas possible... Il avait juste tellement envie de lui faire plaisir, de lui dire les bonnes choses, de lui plaire. Il fronça un peu les sourcils en l’entendant dire qu’il savait ce qu’ils allaient faire puis se mit à sourire. C’était étonnamment une très bonne idée. Et également très intéressante. Il avait entendu parler de ce test mais ne l’avait bien sûr jamais fait. Jasper n’aurait probablement pas cru à ce genre de truc débile et puis lui non plus n’y croyait pas. Ou peut-être qu’il n’y croyait pas tout simplement parce qu’il n’avait pas trouvé quelqu’un lui donnant assez envie de le faire ? Hm... Il fallait qu’il arrête de se poser autant de questions.

« Je suis partant. Attends, je regarde ça sur mon téléphone. »

Il sorti l’appareil en prenant une gorgée de son café et se mit à la recherche du fameux test, sourire aux lèvres.

« Ah ! Je l’ai. Ok. Si tu avais le choix entre n’importe qui dans le monde, qui aimerais-tu avoir comme invité à ta table ? Je dirais Chopin, si on a le droit aux gens morts. Et si on a pas le droit... Ma famille, je pense. Un vrai repas qui se termine pas en mélodrame, ça serait cool. Et toi, alors ? »

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