Le centre était calme, vide, silencieux, c'était comme ça que j'aimais y passer du temps, loin de l'affluence et du bruit. Personne pour te gêner, pour te tenir une conversation que tu rêvais tout simplement de fuir. Et puis ainsi, il y avait moins de gens en train de brosser leurs chevaux, donc moins de poils qui volaient partout et donc moins de crises d'éternuments pour moi. Mon allergie aux poils de chevaux me rendait la vie dure, pourtant il avait toujours été hors de question pour moi de ne pas faire de cheval. Remember était ma solution miracle, bon pas tant miraculeuse que ça, mais avec elle, j'avais moins de réaction. Le débat faisait rage sur les curly, certain prétendant que leurs poils étaient anti allergène, d'autre prétendant simplement qu'ils étaient moins allergènes. Mais moi en tout cas, j'y trouvais mon compte, je pouvais brosser ma jument sans finir en larme sans plus rien voir. Evidemment, je suivait en parallèle une désensibilisation, mais elle n'avait jamais été efficace à cent pour cent. Alors je passais souvent le soir, assez tard, suffisamment pour croiser rarement des gens, ou bien tôt le matin, avant ou après le boulot quoi. C'était l'avantage de cette pension, les horaires libres, la patronne ne m'avait jamais reproché mes horaires atypique, tant que je prenais garde à ne pas faire trop de bruit et bien faire attention a tout refermer derrière moi. Ce soir encore, je me croyais seule pendant que je préparais ma jument, je comptais revoir avec elle quelques notions de dressage, j'avais l'intention de me relancer dans les concours cette année et il était temps pour moi comme pour ma jument de nous remettre dans le bain. Une fois ma jument équipé et moi aussi, je la détachais et me dirigeais vers le manège. Perdue dans mes pensées, j'ouvrais la porte sans me rendre compte que le manège était déjà occupé. J'arrêtais mon mouvement en entendant une voix. Un cheval était en liberté, une femme se trouvant avec lui. Je fixais le cheval, n'ayant pas souvenir de l'avoir déjà vu. Déjà Remember reniflait avant de pousser un hennissement sonore, comme pour saluer l'occupant équin. Je flatte l'encolure de ma monture alors que la femme m'invite à entrer, surprise de croiser quelqu'un à une heure si avancé. Ma main reste en suspens sur la porte alors que je réponds « Je suis désolé, je n'ai pas fait attention que c'était occupé. En général il n'y a pas personne. Je passe souvent tard après mon travail. » Je ne rentre toujours pas, ne voulant pas troubler le travail de la cavalière « Je ne voudrais pas déconcentrer votre cheval, je peux attendre encore » Au pire des cas, je peux simplement emmener ma jument brouter dans son coin préféré et repasser demain matin pour la travailler. J'hésite toujours à la porte, attendant le choix de la seconde personne présente. J'ai tout respecté une sorte de code d'honneur du cavalier, à savoir premier arrivé, premier servit. Rien ne m'agace plus que les gens qui entrent sans rien demander, prenne toute la place et te hurle dessus car tu les dérange. Heureusement, ici je n'ai pas à me plaindre, ça ne m'est jamais arrivé. Mais hors de question que ce soit moi. Je sais que le travail en liberté est délicat et combien un cheval se laisse distraire facilement , surtout que si je ne m'abuse, vu son air encore dégingandé, ce cheval n'est pas bien vieux. Remember elle en tout cas semble avoir envie de faire connaissance, elle pousse un nouveau hennissement et gratte le sol démontrant son impatience à rester là alors qu'elle voudrait bien rejoindre ce potentiel nouveau copain. Je gratte son encolure une fois de plus pour la calmer un peu et lui faire comprendre que oui on vas bouger.