TW : Violence infantile, décès, dépendance, violence psychologique.

“ Il était une fois... ou pas.
Une nouvelle fleur est née, le second enfant de la famille longuement attendue malgré une grossesse et un accouchement difficile. Seo-yun grandit avec une cuillère en or dans la bouche avec son frère aîné, issu d’une famille particulièrement bourgeoise, mais aussi reconnu pour leurs charismes et leurs exigences, d’un père PDG d’une grande entreprise de voitures de luxe et d’une mère travaillant pour la haute-couture. Ils sont réputés pour leurs savoir-faire mais aussi pour leur mauvais caractère, ce que la petite jeune fille allait malheureusement vite découvrir dans l’un des grands châteaux familiaux qu’ils possèdent.

“ Le premier geste.
Si au début, l’ambiance au sein de la famille semble se déroulait avec une certaine harmonie, la petite brune, bien encore jeune, reçoit un soir, sa première gifle, cette laideur qui est une forme de violence, simplement pour avoir volé des bonbons dans la grande cuisine à l’âge de ses quatre ans. Cette gifle avait été forte, incontrôlé, et surtout inattendu pour un être encore si jeune et angélique. Si au début, cela semble ne pas être un geste gravissime, au fil des mois, cette brutalité se fait de plus en plus fréquente et de moins en moins réfléchit, notamment par sa mère qui semble avoir une dent contre elle, sur le fait qu’elle ne soit pas assez « sage » à son goût, le vilain petit canard. Son frère, quant à lui, est complètement impuissant, de peur de recevoir lui aussi des coups il garde le silence, il possède cette chance que Seo n’a malheureusement pas.

“ Le début d’une illumination.
C’est dans le grand salon que la petite Joo s’essaye d'imiter un pianiste en plein concert, sur un piano-jouet, les mélodies entendues à la télévision qu’elle reproduit presque à la perfection simplement par ce qu'elle entend. Constatant son intérêt et son talent certains pour son âge, ses parents l'ont encouragé, se disant qu'elle  servirait au moins à quelque chose. De quoi doré davantage la réputation de sa famille. C’est donc avec grande innocence qu’elle suit ses machiavéliques parents afin de prendre ses premiers cours de piano aux prestigieux Séoul Artspool Conservatory. Dès lors, sa passion pour cet instrument est instantanée. C’était bien la seule et bonne décision qu’ils avaient pris, la seule. Le piano devient alors pour la jeune Coréenne un moyen d’expression à part entière, chair de poule, frissons, nœud dans le ventre, larmes, joie, il est son instrument de vie.

“Toutes les eaux sont couleur de noyade.
La peur est une émotion effroyable, une sensation insupportable, comme une décomposition de l’âme, un spasme affreux de la pensée et du cœur, dont le souvenir seul donne des frissons d’angoisse. Ce jour-là est un véritable traumatisme, une tempête déferlante s’abat sur elle, le pied qui glisse et son corps tout entier se trouve submerger par cette eau qui lui offre un spectacle effroyable. Ses pieds et ses mains n’avaient nulle part où se poser, la panique gagne la musicienne malgré ses efforts. Ses poumons se remplissent peu à peu d'eau, le lac emporte avec elle le petit être qui avait pourtant encore tant de choses à apporter. Puis arrive cette main qui empoigne avec force son bras et l’air lui vint à nouveau, voyant par la même occasion le visage de son frère tout aussi déconcerté, son protecteur. Inspire, expire, inspire, expire. Elle s’était vu mourir, elle pensait ne plus jamais ressortir de ce lac qui avait décider de l’emmener dans les bas fonds, telle une sirène kidnappant son pirate. Depuis ce jour, ce traumatisme est toujours habiter en elle, sa peur des eaux profondes fait partie de ce passé à jamais graver dans sa mémoire.

“Les échelons.
Élève assidue et appliquée, Seo-yun a tout d’une future prodige. Les cours de piano sont ses seuls moments libérateurs, les rares fois où elle peut être loin de sa famille tyrannique. Bien que son enseignante soit exigeante et que ce maudit petit bout de bois qu’elle ne connaît que trop bien percute ses petits doigts sur chaque fausse note, cette douleur a une raison valable cette fois-ci. Elle ne bronche pas, la tête et le corps droit, les dents serrées, elle poursuit ses cours dans cette discipline tout aussi fascinante que rude. Cependant, sa façon bien personnelle d'apprendre lui a causé quelques problèmes. Puisqu'elle préférait écouter des disques et tenter d'apprendre par elle-même ses pièces favorites au lieu de suivre une méthode traditionnelle, elle n'entrait pas dans le moule pédagogique. Pourtant, elle enchaîne les écoles, puis des petits aux grands concours, toujours sous la pression de ses parents. Elle apprend également plusieurs langues telles que l’anglais, le russe et l’italien pour les prochaines sessions à l’international. Elle y apprend également la langue des signes grâce à une amie qui était muette, elle aussi une grande violoniste à en devenir. Le piano est sa force de vivre, et même s’il est difficile de ne pas craquer dans des périodes de stresse intense, la Coréenne a toujours appris par elle-même qu’il ne fallait jamais baisser les bras, qu’il y avait toujours de l’espoir là où il pouvait être le plus absent. Vers l’âge de son adolescence, Seo-yun a l’autorisation d’avoir une après-midi de libre par semaine, bien évidemment à la demande de ses professeurs de piano. La brunette profitait de ces moments de répit afin de jouer et chanter dans quelques petits bars, lieux de réceptions afin de gagner de l’argent de côté (en secret), tout en sortant du cadre luxueux dont elle avait l’habitude d’avoir, ici, elle pouvait être elle-même et partager ses inspirations allant de la joie à la mélancolie. Cette rage de vivre en dépit des injustices, de la violence, il y avait également son frère, sa passion, ses émotions, ses espoirs, tout simplement Elle, douce et féroce jeune fille aux ambitions inimaginable coincées dans cette prison dorée.

“ Entre bonheur et illusion.
Puis vient l’aube de ses dix-sept ans, là où elle rencontre ce musicien, un violoniste. Ils ont été choisi pour jouer un morceau en duo lors d’un concert particulièrement prestigieux. Ils s’étaient entraîné ensemble le temps de quelques semaines pour se préparer, et leur rapprochement avait été soudain. Il lui a fallut du temps à Seo-yun pour se rendre véritablement compte ce qu’elle ressentait, cela lui paraissait presque irréel. Depuis toujours, la douce pianiste écoute son cœur, cependant cette fois-ci, cela allait avoir des conséquences inattendues. Si leur relation aura durée à peine une petite année, la pression familiale a jouer, une fois de plus, en sa défaveur, finissant par faire fuir l’homme qu’elle aime. Du jour au lendemain, une seule "lettre" d’adieu « C’est trop dur, je suis désolée », voilà la phrase qu’elle avait retenue. Depuis, elle n’a plus jamais réussi à aimer malgré ses sourires, le chagrin avait été trop fort.

“ Révélation rime avec évasion.
Bord du vide, fleur qui fane. Elle cherche partout le visage qu’elle a perdu, son protecteur, son ami, son frère. Il s’en est allé, elle ne veut pas y croire tant le déni la ronge. La maladie l’a finalement arracher à elle, foutu cancer. Depuis des années ils s’étaient battus ensemble, mais la loi du plus fort a encore une fois fait ses preuves. Elle tombe alors dans les méandres de l'alcool pendant plusieurs mois, se perdant elle-même au passage, la dureté de la vie n'avait donc aucune pitié envers elle. Cette perte devient au fil des jours, une véritable révélation, un flash saisissant. La douce pianiste prend alors une décision radicale, partir le plus loin possible de cette famille. Toutefois, elle se doit d’être prudente et son plan ne pourra pas prendre exécution dans l’immédiat, elle devra attendre bien plus longtemps qu’elle ne l’imagine. Sa force vient de son frère, sachant pertinemment qu’il la voyait, elle se devait d’être habile. Elle travaillait donc plus, écouter aux doigts et à l’œil ses « parents » afin de cacher tout soupçon. Seo-yun avait tout prévu pour s’enfuir vers un pays qu'elle avait toujours voulu découvrir, les Etats-Unis et plus précisément Los Angeles. Elle se disait qu'avec un peu de chance, elle pourrait y reconstruire sa vie et mériter un prestige en tant que pianiste.

“ Le renouveau.
Après s’être enfuie de sa demeure en pleine nuit avant de prendre l’avion tel un fantôme, c’est ce qu’elle voulait être, comme son frère, ne plus exister aux yeux de sa famille. Elle avait tout quitté, son avenir, sa demeure, ses prestations afin de gagner ce qu’elle n’avait jamais compris jusque-là, sa Liberté. La pianiste n’avait jamais pris une telle décision, et son arrivée au sein de la grande ville allait être bien plus compliqué que prévu. Elle qui avait l’habitude des belles choses, d'un confort irréprochable, et ici, elle est livrée à elle-même, seul son sac à dos lui tenant compagnie. Pendant quelques jours, elle vit dans la rue avant de finalement dépenser l’argent qui lui reste, bien que pas assez pour s’offrir une vie assez digne, c'est-à-dire dans une planque. Néanmoins, ses deux années d’attente avant cette folle décision lui avaient paru être une éternité insoutenable, elle ne regrette donc pas son choix malgré les épreuves que la petite Coréenne allait devoir encore traverser. Elle s’improvise par la suite voleuse et elle se trouve être douée en la matière. Petite, agile, discrète, elle était une arme parfaite pour le vol. La jeune femme découvre alors le monde des hors-la-loi et frôle alors les magouilles, manipulations afin de survivre. Les mains habiles et les yeux vifs, elle prenait ce qu'elle voulait sans se soucier des conséquences, c'était une chose dont elle avait fait abstraction avec le temps. Elle a appris à se protéger, a ne plus se laisser marcher sur les pieds. Elle a appris à se montrer dure, à ne plus pleurer pour un rien. Elle a construit un mur autour d'elle pour ne plus laisser personne entrer. Elle a appris à se méfier et à ne plus se fier aux autres. Pourtant, elle est restée cette persévérante et passionnée, seulement de façon moins protocolaire, moins fille de bonne famille, moins gosse de riche maltraitée. Même en étant chanteuse de rue, cela ne lui suffit pas à vivre correctement, toutefois, c'est mieux que rien du tout. Pourtant, elle sait que tout changera un jour, elle avait pris ce risque, et pourtant, ce rayon de soleil est toujours là, elle est à présent une femme libre. Rencontres hasardeuses, originales et dangereuses. Libérée de ses chaînes, elle affronte à présent la vie, la vraie.