I'm about to crash into the water, gonna take you with me
Brume épaisse sous mélopées enivrantes, esprit anémié par l’alcool, l’atmosphère coton où rires et conversations lézardèrent, lieu dominé par la musique, l’alcool et la fumette, rien ne put ravir plus un cœur meurtri que la perdition totale. Celui de Veni, en pièces détachées depuis plusieurs jours, gravita dans la cage thoracique, turbulences véhémentes qui le mena au crash inéluctable. Assit sur une table, les pieds frôlant le sol, les canines accrochées à la paille avec laquelle il sirota sa vodka pure, Pilar, son amie, se tint debout entre ses jambes, les mains manucurées occupées à rouler un joint. À quoi tu penses ? lui demanda-t-elle, sans doute un brin curieuse face au regard éteint perdu dans le vide. Rien, non, l’âme juvénile ne put s’octroyer le plaisir de penser lorsque le songe récurrent fit demeure dans la tête, incapable d’admettre à voix haute que le seul mirage qui put l’étourdir, porta son nom à lui. J’pense à la façon dont j’vais retirer ta robe en fin de soirée, déclara-t-il d’un haussement d’épaules machinal, les pupilles se tatouant ainsi abruptement dans les siennes. Pour réponse, un rire, juste un rire amusé qui lui fit arquer le sourcil, quoi, pourquoi tu ris ? la question fendit l’air aussitôt embrumé par la fumée expirée par la bouche maquillée d’un sourire tendre, oh bébé, pitié, on sait tous les deux que c’est pas avec moi que tu veux finir la soirée. Son amie lui ôta la paille des dents un instant pour l’inviter à tirer sur le joint, après quoi Veni grogna, la frustration à son apogée lorsqu’il laissa tomber le front contre l’épaule de la jolie blonde. Plus loin, debout à discuter avec des amis, Souliman, qui eut discuté avec Skye, vérifia sa montre plus que nécessaire, ayant discrètement glissé son nom auprès des vigiles qui furent tenus de le laisser entrer lorsqu’il arriverait, détail dont Veni fut écarté. Persuadé de ne jamais plus revoir la cause des maux qu’il tenta vainement de taire, le soupir las roula sur la langue quand enfin, il se redressa, troquant le verre pour la bouteille dans laquelle il mit la paille, soutirant un rire à son amie. Sois gentil et reste sobre mon pote, s’écria Souli, presque autoritaire, ce qui eut le don inévitable de l’agacer davantage. Mâchoire prise d’assaut par les ongles de Pilar, il fut contraint de lever la tête vers elle, les yeux vissés aux siens, quelqu’un qui te mets dans cet état c’est quelqu’un qui te mérite pas, s’essaya-t-elle afin de balayer cet air blafard qui lui colla au visage, allez joli coeur, eres más lindo cuando sonríes, mots gentils énoncés d’un sourire, elle lui demanda si elle fut en droit de le toucher, l’interrogation essuyée par le hochement de tête, Pilar lui tourna le dos pour se glisser entre ses cuisses, venant chercher les bras qu’elle enserra d’elle-même autour de sa taille. Ce fut de cet façon que Veni envisagea passer le reste de la soirée, le menton sur l’épaule de son amie, à boire et fumer lorsque le joint lui fut glissé entre les lèvres, à ne faire rien d’autre que de noyer la pensée, la couler sous l’illusion éphémère d’un alcool fort ou d’une drogue, une drogue assez puissante pour lui faire oublier qu’au travers de la dizaine de personnes qui furent ici, aucune ne fut lui.
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Sa mission : débarquer, trouver Veni, s’excuser pour ses atrocités et espérer que tout se déroule bien. Oui, ça devrait être aisé. Pourquoi ça n’irait pas ? Après tout, il a bien compris son souci, s’obstiner et se montrer odieux pour camoufler sa peine, mais pour son ami, il est prêt à faire des efforts, parce qu’il fait partie de ces personnes qu’il ne veut pas voir s’en aller. Il l’a bien compris quand il a découvert le pendentif ce soir-là, prêt à défoncer ses narines de cocaïne. Le bijou s’est faufilé entre ses doigts, il l’a observé pendant de longues secondes, abasourdi. Dans le sachet, il y avait ce cadeau, bien caché, comme s’il s’agissait d’un secret. Depuis, il ne le quitte plus, même sous la douche. Aujourd’hui, il le met en évidence bien entendu, pour montrer à tous qu’il porte la plus belle des offrandes. Un bar privatisé tous les jeudis, c’est l’adresse que lui a donné cet ami mystérieux. Pas son genre assurément, il renifle les gosses de riches dans les alentours. Il donne son nom au vigile, qui le fait entrer, c’est bien la première fois qu’il entre dans un coin VIP, peu habitué à ces bails-là, malgré la longue liste de contacts dans son téléphone. Un cocktail se glisse entre les doigts, il se surprend à boire une grosse gorgée pour éliminer le stress véhiculant. Il se faufile, tentant de paraître naturel et l’alcool fort y aide un peu, gènes d’asiatiques en faute, les joues se couvrent déjà de rouge. Et il le voit. Au loin, la mine visiblement abattue, quoi que plus agacée qu’autre chose et sur lui… est posé une femme, un peu trop à l’aise. La mâchoire s’enserre, il engloutit le reste de sa boisson, frustré de déjà ressentir cette possessivité alarmante. Ce n’est qu’une amie, peut-être. Hm. Une amie ne se collerait pas autant, non ? Allez, ce soir, il ne doit pas ruiner les choses, qu’il se répète, balayant la désagréable sensation, celle qui enserre ses tripes, cogne ses tempes, fait hurler l’âme. Il s’approche, de plus en plus, jusqu’à se placer devant eux, armé d’un sourire. « Hm, salut tout l’monde, » qu’il commence, évitant soigneusement de regarder la jolie brune. Finalement, il pose l’iris sur Veni, comme si de rien n’était, comme s’il venait simplement discuter avec un ami. Comme si rien n’avait pété entre eux. « Hey, Veni. Est-ce qu’on peut se parler ? » Il jette un rapide coup d’œil vers la jeune fille affalée sur lui, ajoutant alors : « En privé. Je dois te dire quelque chose d’important. » L’attention à nouveau focalisée sur lui, il peine à comprendre si tout de suite, il va être repoussé ou pas, s’il aura de nouveau le traitement du silence, sûrement qu’il aurait dû prévoir un plan ou quelque chose pour contrer toute éventualité, mais il est venu ici sans idées, juste accompagné d’espoir.
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Songe anémié par l’accalmie amicale, éteint par les embruns musqués et les vapeurs toxiques, climat cathartique, l’esprit nébuleux noyé dans la vodka. Pilar siffla l’air de la musique, les doigts distraits caressant les mains de son ami qui, égaré dans l’ailleurs, là où le néant fut décor, ne prêta plus attention à rien. Nul ne put attirer l’attention assoupie, ni les corps qui dansèrent, les rires qui fusèrent ou Souliman qui sembla lui aussi, dissipé. La silhouette voulut déguerpir, fuir, déserter les lieux pour retrouver le confort de son lit, inhumer la pensée sous l’épaisseur de la couette et n’en sortir que lorsque l’amnésie l’eut frappé. Or, il lui fut impossible de bouger, immobile et sans issue. La paille retrouva les lèvres, l’alcool s’offrit un aller simple jusqu’aux émotions étranges et paralysantes qu’il fallut enterrer et alors qu’il s’abreuva en quête d’ivresse, son amie s’exclama, confuse, c’est qui ce clown ? Sitôt, Veni suivit le regard perplexe et dès lors, l’âme entière se figea. Les canines relâchèrent la paille, la gorgée du nectar opaline avalée de travers, les pupilles vissées sur la silhouette crurent à un mirage, au fruit sadique et torturé de l’esprit qui, sans doute, voulut lui jouer un mauvais tour. Comment put-il savoir où le trouver, quand bien même, comment eut-il réussi à entrer, les questions voguèrent mais jamais tant que le brouillard aveuglant du pourquoi, pourquoi fut-il là, ici, pourquoi maintenant, pourquoi ce soir. La rétine aussitôt animé d’un mélange outrageant entre colère et tristesse crue, il l’observa approcher sans rien pouvoir faire. L’iris persista à rester accrocher à lui comme s’il put disparaître d’une seconde à une autre, profondément troublé par sa présence inopinée. Lorsqu’il les salua, Pilar lui adressa un vague signe de tête, toujours perdue quant à la venue d’un inconnu sorti de nulle part, toutefois, Skye enchérit et cette dernière laissa échapper un soupir las, qu’est-ce que tu lui veux ? demanda-t-elle, empreinte d’une méfiance infaillible. Pilar, sans doute son alliée la plus fidèle, là encore, elle en fit preuve. Or, Veni redressa l’échine et lui embrassa la joue, daignant descendre de son perchoir avant de confier sa bouteille à son amie, j’en ai pas pour longtemps mi loba, affirma-t-il, sûr de lui, parce qu’il fut convaincu d’une chose - il ne parlerait pas à Skye. Si t’as besoin de moi, tu siffles mi lobo, j’reste à l’affût, clin d’oeil complice soutira un maigre sourire à son destinataire. Ainsi, Veni jaugea les alentours, chasse intensive d’un endroit calme où il put écouter ce qu’il eut à lui dire. Enfin, il adressa un simple signe de tête à son ancien ami pour l’inviter à le suivre jusque la réserve où, une fois à l’intérieur, à l’écart de la cacophonie ambiante, il croisa les bras, les reins appuyés contre un meuble alors que le regard morne se figea sur le pendentif. Durant un instant il voulut dire un mot, cependant il resta terré dans un mutisme de plomb et sitôt, l’oeil s’éleva vers le visage, déterminé à ne rien dire, rien du tout, ne laissant s’exprimer que ses traits insipides, meurtris par le manque cruel, lisible sur chaque parcelle de peau.
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Regard acéré posé sur lui, l’indésirable de la soirée, il est assurément une tâche dans le décor, pourtant face à la méfiance de la jeune femme, bien installée sur son ‘ami’, il ne lui offre qu’un coup d’œil brièvement agacé. Aussitôt, l’étiquette de rivale lui est collée, il ne l’aime pas, c’est certain. Toutefois, il sait bien dans le fond que ce n’est là qu’une amie protectrice, n’importe qui le serait face à un individu pas invité aux festivités. Il ne lui répond pas, n’en prend pas la peine, parce qu’il sait que ses paroles seront teintées de sarcasme : ne foire pas tout, qu’il se répète, il est là pour réparer les dégâts qu’il a causé, pas pour les aggraver. Difficile de rester de marbre face à la fille qui semble prête à cracher son venin. Et qui est assise sur Veni, aussi. Ce dernier lui assure qu’il ne durera pas longtemps, scellant un baiser sur la joue, détail que Skye ne manque pas de remarquer, davantage frustré. L’iris se détourne, il retient un petit rire amer de justesse. Lui aussi silencieux, il finit par le suivre dans une réserve, comprenant dès lors qu’il ne lui adressera pas la parole, il est encore enfermé dans sa bulle de mutisme, c’est déjà un premier obstacle à vaincre. Une fois à l’intérieur, loin de toutes ces personnes, loin de celle qu’il aura jalousé férocement au creux de l’estomac, il peut enfin affaisser ses épaules et s’apaiser. D’un souffle, il tente de faire le tri dans ses pensées et s’avance méticuleusement vers Veni, saisissant délicatement le pendentif offert. « Je voulais encore te remercier pour le pendentif, il est très joli. Et c’est ingénieux de cacher ça dans le sachet… » il le lâche, remonte son attention sur le visage de son ami, il n’a jamais été doué pour s’exprimer, comment pourrait-il lui expliquer qu’il est sincèrement désolé ? Non, lui, sa spécialité c’est se montrer odieux une fois vulnérable, mais le voilà à vouloir faire des efforts, au moins un peu pour lui. « Je suis désolé, » qu’il lâche finalement, c’est bien un exploit rarissime pour lui de prononcer ces mots. « Je voulais vraiment pas enfoncer le couteau dans la plaie ce soir-là, j’étais en colère parce que ce type t’avait fait du mal, j’étais triste parce que ça t’avait chamboulé et je m’étais dit que je voulais te montrer ma sincérité, mais vu que je me moque tout le temps de toi, je voulais pas que tu arrives pas à m’croire, alors il me fallait… » il s’arrête, cherche les bons mots, et s’il finissait par encore tout ruiner ? « Il me fallait te le prouver tu vois ? Je m’étais dit que si je t’avoue ce que j’avais fait, ça te montrerait que j’essaie d’être honnête et c’est pas ma tasse de thé avec les gens généralement, mais avec toi je veux faire des efforts. J’aime bien passer du temps avec moi, j’aime bien regarder Spider-Man avec toi, mais récemment j’ai compris aussi que j’aimais pas qu’on te fasse chier, genre à part moi, j’veux pas que les gens puissent t’embêter. » Les phalanges écorchées sont la preuve vivante, lui qui s’est laissé aller dans le défouloir avec l’homme qui aura blessé Veni. Probablement quelques côtes cassées, une dent en moins, le visage boursouflé aujourd’hui, il n’en sait rien, mais il l’aura vengé se dit-il, c’est le plus important pour lui. « Enfin, voilà quoi… »
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Il ne dit rien. Pas un mot. Pantelant entre ces murs où lézarda seule la tension amer, la rancune blafarde et le sentiment profond, celui qui creusa l’estomac d’une sensation désagréable, partagé entre le désir de l’étreindre et celui de le frapper. Or, il n’en fit rien. Il resta simplement là, debout sur ses deux pieds, le regard dur posé sur Skye alors que l’esprit lui joua les mélopées de leur dernière conversation. Je te déteste, qu’il eut dit, qu’il eut craché d’une telle férocité qu’il fut difficile de ne pas y croire. Cependant, son ami fut ici, dressé devant lui et contre toute attente, les mots perlèrent dans l’air telle une lame de rasoir dans les artères. Je suis désolé, sous le poids de l’excuse, le visage s’éclaira d’une lueur étrangère, faisceaux de surprise non dissimulés, à l’antipode de pouvoir faire semblant. Une fraction de seconde, juste une, durant laquelle le cœur flanche et le songe le submerge. C’est tout ? la voix frigide mourut dans l’air étouffant, pour la première fois depuis ce qui lui parut une éternité, il lui parla, son attention fut entièrement à lui et ses paroles lui furent adressées. C’est vraiment tout ce que t’as à dire ? Super, t’es désolé et après ? Est-ce que tu sais seulement pourquoi tu t’excuses ? Dios mío Skye, vraiment ? Tu te pointes et tu dis que t’es désolé quand c’est trop tard, mais t’espérais quoi au juste ? Ça fait des jours que tu me harcèles de messages pour appuyer là où ça fait mal, juste pour me faire sentir comme une putain de merde, peut-être que c’était pas l’objectif mais c’est exactement l’impact que ça a eu, parce que tout ce que tu voulais c’était que j’te parle, que j’arrête de t’ignorer, c’est égoïste, c’est putain d’égoïste, tu t’es jamais mis à ma place, t’as jamais envisagé que tout ce dont j’avais besoin c’était d’espace et de m’éloigner de toi ne serait-ce qu’un peu parce que c’est devenu tellement ordinaire pour toi d’me manquer de considération et pendant que tu t’amusais à m’envoyer ces messages dans l’espoir que je t’accorde suffisamment d’attention pour pouvoir m’écraser un peu plus, moi j’crevais de ta putain d’absence je- soudain, le silence. L’aveu limpide évanouit dans l’atmosphère tendue, les bras retombèrent le long du corps, le cœur pulsant à vive allure, je suis désolé Veni, je suis sincèrement désolé de m’excuser parce que j’suis égoïste et que la seule chose pour laquelle je m’excuse c’est parce que tu me manques maintenant que j’te vois plus et pas parce que j’suis désolé de t’avoir fait un mal de chien, ça tu vois ça aurait été des excuses sincères, ajouta-t-il, le regard voguant sur les alentours pour ne plus avoir à le regarder lui, lui et tout ce qui lui eut cruellement manqué ces derniers temps, j’espère que tu pensais pas que j’te pardonnerais sous prétexte que t’es pas du genre à t’excuser, parce que ça serait me prendre pour acquis et j’crois que t’as déjà suffisamment merdé pour te permettre cette grossière erreur.
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C’est tout ? L’interrogation tranche l’air, se lâche telle une bombe, l’atmosphère déjà insoutenable devient désormais amère et Skye demeure étrangement silencieux, la mine d’abord perplexe se transforme en surprise lorsqu’il continue, s’élance dans un discours quelque peu douloureux, peine qu’il tente alors de balayer comme si de rien n’était. Il pointe les incohérences, son égoïsme, son manque d’empathie, un par un, les reproches s’ensuivent, il encaisse toutefois, persiste à se taire parce qu’il l’écoute, assimile. L’expression se resserre, devient dure. J’crevais de ta putain d’absence, les sourcils se haussent un instant, si l’ami avait confirmé qu’il allait mal à cause de leur distance, il ne s’est pas imaginé que ce serait jusque-là. Non, il n’en revient toujours pas qu’on puisse s’accrocher à lui, qu’on puisse daigner lui accorder ne serait-ce qu’un peu de sympathie à lui. Il lui a laissé des portes ouvertes qui se sont refermées lorsqu’il s’est comporté odieusement, mais d’habitude, ça ne lui fait ni chaud ni froid quand ça arrive. Là, il ne s’en fiche pas. Il continue, continue putain, songe Skye, cherchant déjà les bons mots, tentant bien que mal de ne pas retourner dans sa bulle de mépris, là où les barrières fragilisées par son manque d’humanité subsistent. Il ne veut pas s’armer de méchanceté pour éviter d’avoir mal, pas pour lui. Lorsqu’il s’arrête, il y a un silence durant lequel il essaie alors de rameuter sa logique, son calme, difficile pour lui de ne pas s’énerver. « J’essaie vraiment Veni, » qu’il finit par dire, d’une voix plus basse. Il s’avance d’un pas, réduit la distance entre eux, sans le réaliser, comme un besoin pressant de l’avoir plus près de lui. « Je sais que c’est pas la chose à dire, que ça excuse en rien ce que j’ai pu te faire, mais j’essaie vraiment. Grâce à toi, je me suis dit que peut-être j’avais enfin une chance d’avoir un ami. J’ai merdé quand t’es parti, parce que putain, moi aussi j’crevais de ton absence, alors ouais c’était égoïste ce que j’ai fait, mais j’arrivais pas à accepter l’idée que tu t’en ailles comme ça, parce que pour une fois, je tiens à quelqu’un et j’essaie de mettre de côté tout ce qui fait de moi le pire de tous, j’essaie d’être un humain correct pour une fois. Je suis sincèrement désolé, je suis désolé de t’avoir harcelé, je suis désolé d’être pété la gueule de ce mec et de t’avoir fait chier avec ça, je suis désolé d’avoir enfoncé le couteau dans la plaie, je suis réellement désolé pour tout ça et j’réalisais juste pas que c’était pas la chose à faire, » il finit par se taire, il comprend qu’il s’enfonce, tente de justifier son manque de considération, il réalise que sûrement, ce n’est pas la dernière fois qu’il cherchera à s’excuser, peut-être qu’il y en aura mille et une fois de ces moments-là et il le comprend que maintenant, le regard détourné, la mine soudainement interdite. « Peut-être qu’on devrait devenir des ennemis tu crois pas ? » demande-t-il subitement, l’attention à nouveau focalisée sur lui, mauvaise idée que lui répète ses songes, mais il persiste, pour lui c’est le meilleur plan, il se rapproche juste un peu, juste assez pour le toiser d’un air hésitant, les doigts glissent distraitement jusqu’au bras, sur lequel il enserre doucement. « J’vais continuer à être terrible parce que j’ai aucune idée de comment bien me comporter et tu auras mal tout le temps, mais on crève tous les deux de notre absence, alors… ouais, j’sais pas, on devrait juste devenir des ennemis. »
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Skye essaie, il essaie vraiment, du moins c’est ce qu’il prétend, sans doute autant que lui lorsqu’il prétendit essayer de l’oublier, de l’oublier vraiment - en vain. Les mots roulèrent sur la langue, le pas foula le sol et la silhouette rompit la distance jusqu’alors instaurée telle une barrière, un rempart bancal pour s’abreuver d’un infime sentiment de sécurité qui, malgré lui, fut ébranlé d’une facilité déconcertante. L’oreille attentive, il écouta déferler les paroles identiques à une sérénade d’adieu, un au revoir déguisé par l’amertume, dévoré par les regrets. L’interrogation inopinée trancha le silence, le bras prisonnier des griffes voisines, l’air lui manqua et la rage naquit dans l’estomac, terrassant le peu d’estime de soi qu’il put encore rester. Désir profond de hurler à la mort, de lui cracher au visage, de le cogner aussi fort qu’il vint de le frapper au coeur, l’envie carnassière de lui faire mal, de le blesser, de lui déchirer la peau, lui lacérer le visage jusqu’à ce qu’il comprenne, jusqu’à ce qu’il sache ô combien ces mots là furent semblables à la lame de givre d’un poignard dans la poitrine. Or, il resta silencieux un instant, le visage fut peint d’une neutralité morne, imbibant le regard d’une lueur indéfectible. J’suis pas aussi bon menteur que toi, j’pourrais jamais prétendre être ton ennemi, déclara-t-il d’abord, balayant l’emprise sur son bras d’une étrange délicatesse, presque suspecte, j’ai déjà trop d’ennemis, j’veux pas de toi comme tel, conclut Veni. À son tour, il fit un pas, un pas de trop. L’espace vital anéanti, il saisit fermement la mâchoire de Skye, approchant volontairement son visage si proche du sien que son souffle fit naufrage sur les lèvres voisines, les pupilles noires tatouées dans les siennes, c’est vraiment ce que tu veux ? qu’il murmura, tel un secret entre deux âmes qui parurent lutter l’une contre l’autre, si c’est ce que tu choisis alors regarde-moi bien, regarde-moi vraiment bien, parce que ce soir ça sera la dernière fois que tu me verras, si l’esprit lui hurla de cracher son venin, il se retint, le désir de jouer avec Skye comme il l’eut fait avec lui, plus fort encore, c’est vraiment ce que tu veux, mh, c’est la seule chose que tu veux, Skye ? et lorsque les mots dansèrent au bord des lèvres, la poigne s’enserra davantage sur sa mâchoire.
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De nouveau, la neutralité qui lui est âpre, pénible à scruter, amère à assimiler, derrière cette forteresse enneigée, impossible de décoder le moindre sentiment, que pourrait-il bien penser de tout ça ? De ces mots ? De ce dilemme, qui lui a semblé être l’unique solution, se haïr parce qu’il est incapable de bien le traiter. De l’égoïsme, encore. Parce qu’il ne veut pas de la distance, Skye. Il ne pourrait pas s’éloigner, l’attraction qu’il ressent pour lui est indéniable, quoi qu’un peu compliquée à assumer : elle est arrivée si vite et l’aura saisie sans répit. Pendant un instant, il pense entendre son propre cœur battre à tout rompre dans le silence et enfin, Veni parle. Des premières paroles agaçantes, selon lui, car il sait qu’il a raison. Il s’apprête à rétorquer quelque chose, sourcils froncés de frustration, mais sa voix se meurt quand il empoigne sa mâchoire, ne pouvant s’empêcher de s’offusquer par une complainte. Toutefois, la contrariété se dissipe face à la proximité soudaine, bien qu’appréciable, il pose les questions auxquelles il ne saurait pas répondre pour l’instant. Il pose un dilemme, lui aussi, un qu’il ne peut pas accepter, même s’il l’imagine mille fois, même s’il se force à prétendre que c’est la bonne solution. Le regard descend aux lèvres, un moment, celles qui, encore maintenant, lui donnent envie d’y goûter, d’y poser les siennes pour les sceller à jamais, juste pour le faire taire, lui dire que ça suffit, maintenant. Il aurait aimé pouvoir les mordre, lui faire mal, pour lui montrer sa colère, sa frustration, son incapacité à lui expliquer sa vision des choses, il ressent cette fureur grandissante, oppressante, elle qui piétine ses tripes et monte à la tête. La mine énervée, il saisit son poignet brutalement, juste pour l’éloigner de son visage. La respiration se saccade quelque peu, ce qu’il ne réalise pas. « Tu penses vraiment que c’est ce que je veux putain ? Si je te propose ça c’est parce que c’est plus facile Veni, » qu’il déclare d’un ton plus élevé, plus il parle, plus il se met à rugir : « Si je te dis ce que je veux, tu serais incapable de l’assumer, parce que tu dis ne pas être un bon menteur, mais moi j’crois le contraire, tu mens bien pas vrai hein ? » La commissure de ses lèvres se redresse dans un petit rire incontrôlé, dénué de jovialité toutefois. « T’as oublié les fois où t’avais bien envie de me niquer, mais que le lendemain tu jouais les aveugles ? T’as oublié la fois où t’as essayé de m’enfoncer dans la jalousie, alors que tu savais très bien que ça m’faisait chier de te voir avec tous ces suçons ? Pourtant t’as bien profité que je vienne te laisser des marques sur ton cou, ouais. Tu joues les putains d’innocents, alors que crois-moi, t’es autant un p’tit démon que moi, la prochaine fois que t’as envie d’être le gentil de l’histoire, évite de faire des conneries toi aussi putain de merde ! » D’un geste brusque il repousse son poignet loin de lui et se permet de reculer, peut-être parce que la proximité lui rend fou, le parfum enivrant de Veni en est la faute, se dit-il. « Ce que je veux, c’est pas être ton ennemi, ça a jamais été le cas, mais si tu veux que je disparaisse de ta vie alors dis-le-moi, vas-y dis-moi de dégager de là et de plus jamais revenir, parce que moi aussi j’suis capable de fermer ma gueule à jamais si c’est réellement ton désir, » la rage l’écrase, tout autant que les paroles vociférées à son encontre.
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L’air est empoisonné, venin âcre dans l’oxygène tempétueux, atmosphère enrayée par le poison, la toxine des mots jetés au visage de l’autre tel l’arsenic opaline prêt à tuer. Plus il parle, plus le cœur bat, virevolte dans la cage thoracique, est secoué par l’envie de taire de ce qu’il refusa d’entendre. Veni eut ses torts aussi, il le sut et ne nia pas, pas une seconde. Ce soir, ce fut porte ouverte à la vérité nue, aux reproches acerbes et à la rancoeur belliqueuse des âmes qui ne purent cesser de se jeter la faute - sans vraiment voir qu’ils s’en voulurent mutuellement pour l’attirance indésirable qu’ils firent naître en l’autre. Skye débite, déblatère une réalité qu’il ne put raturer à coup de stylo cette fois, une réalité dans laquelle le mensonge fit aussi partie de lui, toutefois, voilà quelques jours désormais que Veni fut translucide, plus transparent que la vodka qui évinça et détrôna le lymphe carmin des veines. Emprise balayée abruptement, les dires plurent sur eux telle une ondée en plein été. Retour en arrière erroné, cette fois impossible de dissimuler la colère virulente qui secoua l’âme juvénile, celle-là même qui bouscula tout à l’intérieur et lui fit savoir combien Skye eut un pouvoir sur lui, celui qu’il eut toujours refusé d’offrir à quiconque. Aussitôt eut-il achevé son monologue, l’hispanique poussa le mécanicien, une fois, deux, puis trois. Il le poussa encore et ne s’arrêta que lorsque son dos daigna heurter l’étagère, suffisamment pour qu’une bouteille ne tombe et éclate sur le sol. Enfermé dans une cage abrasive, prisonnier d’un enclos incendié, Veni ne cilla pas même un peu. Proximité retrouvée, si Skye put s’affranchir des barrières qu’il eut instauré autour du cœur alors lui, il s’autorisa à ébranler de plein fouet son espace vital. Vengeance dangereuse, les doigts grimpèrent autour du cou qu’il enserra, un geste tel qu’il souligna combien il ne souhaita pas le voir partir - ironie amère pour celui qui fuya sans cesse. C’est vrai, j’ai jamais assumé avoir eu un jour envie d’te soulever et tu sais pourquoi j’ai jamais assumé ? parce qu’à chaque fois tu utilisais ça pour te foutre de ma gueule, t’as jamais rien pris au sérieux et ce truc que j’ressens c’est quelque chose que j’voulais pas que tu uses comme une arme pour te moquer d’moi, parce que tu sais faire que ça Skye, te foutre de ma gueule et j’suis fatigué d’être la marionnette de tes plaisirs égoïstes, cracha-t-il, le ton froid, pourtant loin d’en avoir terminé. Et toi t’es pas fatigué mh ? T’es pas fatigué de sans arrêt rejeter la faute sur moi quand tu te sens coincé ? J’avais peur que tu te moques de moi et toi, c’est quoi ton excuse pour me traiter comme de la merde ? l’interrogea Veni, desserrant l’empreinte de ses doigts sur son cou, parce que peu importe combien la colère qu’il lui porta fut indivisible, diable, il ne voulut jamais lui faire de mal, si tu me déteste, si t’as tant envie d’être mon ennemi, alors qu’est-ce que tu fiches ici ?
I'm high voltage, self-destructive, end it all so legendary. @skye primrose
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Tous ses sens en alerte, les veines chaudes de colère, le myocarde accélère à lui en faire mal dans la cage thoracique, l’impression qu’elle soit devenue trop petite pour l’organe frénétique. Là dans la réserve, l’air lui semble irrespirable ou peut-être est-ce la rage impétueuse qui l’étouffe. Elle le saisit, le bouleverse, sème la discorde dans ses songes, déjà désorganisées à cause de Veni, se dit-il. Lui, le sujet d’une tentation inavouable, presque irréelle tant il n’en réalise pas les dégâts occasionnés. Taper quelqu’un par simple vengeance, juste parce que l’on s’est moqué de lui, jamais il ne l’aurait commis pour une autre personne, mais voilà qu’il comprend qu’il serait prêt brûler la terre entière si l’on oserait le toucher. Il ne comprend pas, non, il refuse de comprendre, parce qu’admettre la vérité serait plus dangereux. Il est terrifié à l’idée de l’ampleur du danger qu’il représenterait une fois l’attirance assumée. Discours achevé, il s’attend à ce que Veni lui dise de partir, mais au lieu de ça, il le pousse une fois, puis d’autres fois, malgré lui, il recule, lui lançant un regard noir. « Arrête putain, » qu’il maugréé d’une voix à peine audible, tandis que l’étagère marque son arrêt. Il entend de justesse les éclats de verres, bien trop focalisé sur celui qui devient un ‘ennemi’ (du moins il aurait préféré). La main se retient maladroitement à une planche alors qu’il se redresse, le cou désormais empoigné. Cette fois, c’est un grommellement qui s’échappe, il déteste lorsque les rôles se retournent, lorsqu’il est le prisonnier de leur jeu, sûrement par fierté ou égo surdimensionné. Il parle et encore la vérité l’attaque. Il reprend les arguments, toujours aussi véridiques et emplies de poison, comme si chacun de ces mots était une aiguille qui se plante dans l’épiderme. Le besoin de le repousser est pressant, lui aussi ressent l’envie combatif de lui imposer sa présence, c’est ainsi qu’ils sont, en défi perpétuel, en combat constant, le chaos s’est arrêté que peu de fois entre eux et à présent, il comprend qu’ils continueront de se battre tant que Skye ne montrera pas sa vulnérabilité. La question le percute, il demeure silencieux, à l’observer avec frustration. Le geste est immédiat, automatique, la main métallique tape sur le torse. « Ferme ta gueule putain, depuis le début tu fais que me reprocher des trucs qui sont faux ! Je sais te prendre au sérieux bordel, je sais arrêter de me moquer quand il le faut, tu choisis juste d’être aveugle quand ça arrive ! Arrête de me prendre pour un grand méchant loup quand ça te chante, » il cogne une deuxième fois, peinant à mettre la violence de côté, la voix tremble à son grand dam, pourtant il continue, baignant dans la haine. « Me moquer de toi, c’était juste pour te forcer à assumer, parce que je voulais te voir le faire et ouais, ha ha, je suis encore un sale type pour ça, hein ? Tu crois que j’le sais pas ? Tu crois que c’est pourquoi que je m’accroche à toi, gros abruti ? Parce que t’es le seul pour qui je veux réellement faire des efforts et j’y arrive pas, je ruine putain de tout et je le sais, c’est pour ça que je suis venu ici, parce que je voulais sincèrement m’excuser, c’était pas pour me foutre de ta gueule ou t’imposer un pacte débile pour être ennemis ! » Plus il parle, plus le ton déraille, en colère contre lui-même de lui avouer ces choses-là, il se déteste à présent de les lui montrer. Les doigts enserrent tant bien que mal le tissu, réalisant qu’il n’arrive pas à le faire comme avec sa main humaine, le frustrant davantage. « Et toi alors, si je suis autant égoïste et que t’es fatigué, pourquoi tu persistes hein ? Pourquoi tu me jettes pas dehors ? » La question retournée dans un rugissement, il tente de le repousser, néanmoins sans y mettre trop de force, comme si dans son mouvement, il ne veut pas vraiment qu’il recule.
I'm high voltage, self-destructive, end it all so legendary. @veni schneider
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Ven 3 Fév - 4:07