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 Mess with her and I'll mess you up. - Cyres

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Cyrus Lavaughn
In the air tonight
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Cyrus Lavaughn
#  Mess with her and I'll mess you up. - Cyres EmptyLun 13 Fév - 23:14
Cyrus & Ares
Mess with her and I’ll mess you up.


Y’a un truc qui va pas. Un truc qui tourne pas rond, qui m’inquiète et que j’aime pas. La jambe qui s’agite alors que j’attends Stevie, yeux fixés sur cette porte que j’ai appris à bien connaître depuis le temps, même si j’attends pas devant en général. D’habitude je traîne autour, reste dans le hall, trouve l’endroit où y’a le plus de lumière pour sortir un carnet et griffonner un truc, mais aujourd’hui c’est différent. Parce qu’il y a ce putain de truc qui me tord les entrailles, qui me bouffe littéralement, et que je dois extérioriser. Alors je suis là, assis sur cette putain de chaise à attendre qu’elle sorte. Ne tenant plus, je me lève, me mets à faire les cent pas, mains dans les poches, yeux toujours fixé sur cette putain de porte qui s’ouvre pas. Un vrai lion en cage. Je suis rarement dans ce genre d’état mais là c’est plus fort que moi. Je peux pas laisser couler, attendre de voir, fermer ma gueule. Heureusement pour moi, y’a personne dans le coin qui pourrait voir mon attitude, froncer les sourcils en se demandant ce qu’un type comme moi peut bien foutre ici à tourner en rond. Probablement que de l’extérieur, on pourrait croire que je vais casser la gueule de la première personne qui sortira de là et c’est peut-être pas tout à fait faux. J’ai pourtant la violence en horreur mais là, je pense que je pourrais commettre un meurtre. On touche pas à ma fratrie, et on touche surtout pas à Stevie. Alors aujourd’hui quand je l’ai accompagnée, je suis resté tout du long, même si j’ai pas le droit d’entrer dans la salle. Règle à la con que je suis obligé de suivre depuis qu’elle est arrivée ici, depuis que je me tape des heures de voiture pour qu’elle puisse réaliser ses rêves, parce qu’elle est tellement douée que sa petite école de San Diego l’a vite envoyée vers de nouveaux horizons, des sommets qu’elle aurait pas rêvé toucher un jour. Je pense que je me souviendrai toute ma vie de son sourire ce jour-là, son premier cours ici. Elle avait pas dit un mot depuis une semaine et j’ai dû communiquer à sa place, traduire ce qu’elle exprimait avec ses mains, jusqu’à ce qu’elle entre dans cette même salle que je surveille depuis maintenant quatre heures. Elle avait pas arrêté de parler sur le trajet du retour et j’avais trouvé ça magique, voir à quel point la danse la libérait, la rendait capable de presque tout. Elle avait vraiment trouvé son truc, celui qui la rendait toute puissante, bloquait toute la merde de nos vies à l’extérieur et lui permettait de briller. Et ça la rendait heureuse, tellement heureuse... Jusqu’à y’a quelques mois. Je sais plus exactement quand ça a commencé, au juste, mais plus le temps passe et pire les choses sont. Je vais toujours la chercher jusque chez les parents trois fois par semaine – parfois plus si y’a besoin – et la ramène après, ou la laisse des fois passer la nuit à la maison, la dépose au lycée le lendemain matin, mais les trajets sont différents. Elle a toujours l’air contente d’y aller, mais y’a moins d’enthousiasme. Et puis quand je la récupère, y’a ce silence, ce regard, ce truc dans le fond de ses yeux qui me tord les entrailles, qui pourrait me faire vriller en moins de deux, et surtout, surtout, depuis trois semaines, pas un mot de part. Juste ce putain de sourire forcé quand elle claque la porte de la voiture, elle signe un « à plus », et elle part. Toujours le même scénario. J’ai rien dit jusqu’à présent, parce que je sais qu’elle me parle de toute, me dis toujours quand ça va pas... Mais pas cette fois. Pas trop mauvais en calcul mental, j’ai additionné deux plus deux et suis parvenu à une conclusion toute simple, l’évidence même.

La porte s’ouvre enfin et une floppée de gamins un peu plus âgés qu’elle sort de la salle, elle en tête. Mon attitude change du tout au tout, mes traits s’adoucissent en la voyant. Je l’attire à moi et embrasse le haut de son crâne. Signe de tête, elle la penche sur le côté, question silencieuse.

« Ça va. Tu m’attends deux minutes ? J’en ai pas pour longtemps. Va te prendre un truc à manger. »

Elle fronce les sourcils, secoue la tête et repousse le billet que je lui tends avant de s’enfuir, probablement partie m’attendre dans le hall. J’attends que le dernier élève soit sorti et j’entre, fermant la porte derrière moi. Le bruit te fait te retourner et me lancer un regard interrogateur. Je serre les dents, fous mes mains dans les poches de mon jean pour éviter de venir écraser mes poings dans ta gueule, avance un peu. Tellement longtemps que t’es son prof que je sais même plus si elle en a eu d’autres avant. Elle m’a raconté, depuis ce temps. Raconté l’exigence, la précision, tous ces trucs auxquels je comprends pas grand-chose, mais qui me font bouillir.

« J’peux savoir à quoi tu joues ? T’es au courant que c’est qu’une gosse ? C’est quoi l’idée ? Lui foutre la pression jusqu’à ce qu’elle explose en vol ? »

Accusation pas tout à fait lancée au hasard, parce que t’es le dénominateur commun, le seul truc qui pourrait expliquer le changement d’attitude, le retour au silence complet. Le stress, l’angoisse de réussir absolument parce que ce putain de studio c’est sa chance – elle me l’a dit et répété – et toi qui catalyse certainement tout ça, la pousse plus fort, plus loin. J’ai envie de te fracasser le crâne mais je me retiens, pas envie d’être comme eux, de frapper avant de parler. Mais t’as intérêt à te justifier vite, à me dire que tu vas arrêter tes conneries et laisser ma sœur relâcher un peu de pression, parce qu’il y a moyen que je perde très vite mon calme.

AVENGEDINCHAINS
Ares Selinofoto
brutal tchaikovsky & l'amant létal
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#  Mess with her and I'll mess you up. - Cyres EmptyMar 14 Fév - 14:38
Cyrus & Ares
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La main qui frappe le rythme, marque le tempo, jambes qui s'élancent, série d'angles presque parfaits. Jamais assez. Mais ils ont fini par s'y habituer. "Plus haut, Emma." Mots pas vraiment doux, pas vraiment susurrés. Ils savent comment ça marche avec moi, ils savent que je n'aime pas les démonstrations d'affection. Ils savent aussi que j'ai aucun souci à m'opposer à leurs détracteurs, que le harcèlement ne passera pas dans mon cour et que la première personne que je vois esquisser un sourire en coin se fera reprendre bien plus sèchement. Pas de place pour les enfantillages, pas une seule seconde à perdre non plus : ces gamins sont certainement très doués, bien plus que n'importe quel camarade de classe. Trois après-midi par semaine, ils sont sous mon bouclier mais sous ma lame aussi, la langue acérée qui n'hésite pas à se la jouer un peu trop acidulée pour éviter les relâchements, pour éviter de les voir baisser les bras ou pire ; arquer les jambes dans le mauvais sens. Chaque séance a ses rites, les muscles qu'on échauffe tous ensemble, les trois premières musiques libres décidées par l'élève dont le nom figure sur le planning, agenda qui tourne beaucoup et leur permet de tous faire découvrir aux camarades une chanson sympa, une fois par semaine. J'ai déjà pas mal agrémenté ma playlist avec des sons qui me plaisaient pas mal. Les mains qui applaudissent quand il faut mettre fin à l'échauffement, passer à la séance directement. Arabesques de jambes et de bras qui s'articulent dans tous les sens, dessinent des formes et bercent la salle dans un rythme d'élégance soutenu, mes mains qui claquent régulièrement pour changer de posture, le legging de sport sur les jambes comme armure, prêt à battre n'importe quel dragon en concours de danse s'il le faut pour délivrer une des princesses ou un des princes qui a rejoint mon cours. Cours d'excellence qui demande la perfection absolue, les faux pas qu'on digère mal et qui me font presque rugir. Aussi intransigeants avec eux tous qu'avec moi, je ne veux pas qu'ils puissent quitter la salle sans être complètement fatigués. Le sentiment d'avoir tout donné est le seul qui puisse les faire revenir le lendemain à la même intensité, désireux de toujours recevoir cette adrénaline qui s'écoule dans le corps pendant l'effort, puis la dopamine sous la douche pour les plus en retard, ou le long des muscles que l'on étire en toute fin de séance, profitant des barres d'aluminium ou des steps qui sont posés dans un coin, ne servent à rien à part allonger sa jambe et tirer, tirer... Je me redresse, laisse ma main quitter mon mollet pour revenir le long de mes côtes, puis dans l'autre paume, claquement, applaudissement final, rideau tiré. "C'est tout bon pour aujourd'hui. Vous pouvez y aller." Pas de félicitations, pas de bouquet de roses lancé dans la foule des élèves qui récupèrent quelques affaires égarées ici et là le long des miroirs, puis qui quittent la salle dans un brouhaha diffus par rapport à celui de leur arrivée.



C'était une bonne session, en témoignait le souffle qui se perturbait dans ma bouche, la main qui tremblait à peine dans le dernier salut adressé à un élève, salle fermée, je me retourne. C'était le dernier cours de la journée, j'ai la soirée entière à consacrer uniquement à mon matelas et peut-être à l'application orange et noire si j'ai envie de voir un type avant de dormir. J'en sais trop rien. D'un côté, ça défoule, ça fait du bien. D'un autre, j'ai peur de tomber de sommeil en plein milieu de l'acte. Bâillement étouffé par mes mains, avant qu'elles se perdent dans mon sac, trouvent une bouteille d'eau. Goulot dressé vers le plafond, goutte qui tombe au sol quand je me retourne, surpris par la porte claquée. Tu rentres, t'as pas l'air super content, et au fond, je me dis que ça tombe très très mal pour toi, c'est pas du tout le jour. Un Ares fatigué se pare de cinq mille épées, et si tu viens me faire du rentre-dedans ou te plaindre, il y a de fortes chances que je me sois cassé sans vraiment te laisser en placer une. Comme prévu, t'es trop proche, tu gueules trop fort, alors je repose ma bouteille, secoue la tête. T'es jeune. Pas un père. Les éléments qui se mélangent. Le grand frère de Stevie. Evidemment. "Je n'ai aucune idée de pourquoi vous débarquez en hurlant, ni de qui vous a autorisé à fermer la porte." Le doigt pointé vers le mur en face, à deux doigts de t'aboyer dessus pour que tu ailles la refermer. Pas top. Bras qui rejoint mes côtes. "Ils ont tous la même pression. Absolument tous. C'est le seul moyen de les garder en forme et de les laisser devenir leur plein potentiel. Si ça vous pose un problème que Stevie puisse réaliser ses rêves, vous pouvez prendre rendez-vous avec la direction du Complex, je serais là aussi. Mais en attendant, j'ai pas une minute à perdre en détaillant mes méthodes d'éducation à quelqu'un qui s'exprime en criant." Et je me retourne, continue de ranger mon sac, convaincu que tu finiras par tourner les talons, en me lâchant sans doute deux trois insultes au passage. Tant mieux, la communication c'est fondamental. Et puis j’aime bien mon poste, j’ai galéré pour en arriver là, et si ça me fait un peu bomber le torse, ça devrait aussi me faire moduler le ton de ma voix ; je tiens pas à ce que tu ailles chouiner auprès de la direction après, déjà parce que ça mettrait Stevie mal à l’aise, ensuite parce que la flemme de m’embrouiller ad vitam aeternam avec un mec pas content.

AVENGEDINCHAINS
Cyrus Lavaughn
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#  Mess with her and I'll mess you up. - Cyres EmptyMer 15 Fév - 16:47
Cyrus & Ares
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La colère bouillonne en moi, menace de sortir de partout, transparaît déjà dans ma voix. Si j’avais été un peu plus comme lui, je t’aurais probablement déjà encastré dans le mur, sans même chercher à te laisser une chance de parler. Mais j’ai pris mon mal en patience, même si je te crache mon venin à la gueule. Ça pourrait être pire. Ça pourrait être tellement pire putain. Au début t’as l’air surpris, tu t’attendais probablement pas à voir débarquer quelqu’un comme ça à cette heure-là, l’envie de te casser la tronche carrément lisible sur les traits. Je m’en fous pas mal, d’ailleurs, de l’air que je peux avoir. À cet instant, je me fous clairement de tout. Il pourrait me tomber une météorite sur la gueule que tu me sortirais toujours autant par les yeux. Malgré mes mots, t’oses me dire que tu comprends pas ce que je fais là et j’ai vraiment envie de t’envoyer valdinguer dans l’un des miroirs qui recouvrent les murs. J’ai les poings qui se serrent et se desserrent dans mes poches pour éviter de te les envoyer en pleine face. Et tu continues, me dis que c’est comme ça, qu’elle ferait mieux de s’y habituer. Le ton est presque menaçant quand tu me dis de prendre rendez-vous avec la direction, comme si tu savais qu’il t’arrivera rien du tout dans tous les cas. Ça me fout la haine tout ça, parce qu’on évolue pas dans le même monde, que je sais que si je me bats pour elle ça lui retombera dessus, qu’elle finira par m’en vouloir parce que je lui aurais pris le seul putain de truc qui aurait pu l’aider à se sortir de cet enfer sur terre. Alors je prends une grande inspiration, essaie de retrouver mon calme alors que j’ai juste envie de tout brûler, reprends la parole plus calmement, les yeux qui te lancent des éclairs.

« Ils ont peut-être tous la même pression, mais vous pouvez pas me dire que ça a quoi que ce soit de normal. On parle d’une gamine de dix-sept ans qui se retrouve à suivre les mêmes cours que des gens de presque vingt piges. »

Je serre les dents. Aussi fier que je puisse être, ça m’fout en l’air de me dire que j’ai accepté ça, que c’est probablement de ma faute si elle en est là.

« On parle d’une gamine qui a pas dit un mot depuis trois putain de semaines à cause de cette foutue pression. Alors venez pas me dire que ça a quoi que ce soit de normal ! »

Plus de douleur que de colère dans ma voix, doigt accusateur pointé sur toi. Au fond, c’est entièrement à moi que j’en veux, parce que j’arrive pas à la protéger, parce qu’elle me dit rien et que j’ai les nerfs, parce que je suis flippé à l’idée qu’il lui arrive la même chose qu’à moi entre les griffes des autres tarés et que je réussirais jamais à me le pardonner. Je pense que là tout de suite, je suis plus énervé contre moi que contre qui que ce soit d’autre, mais il me faut une cible, quelqu’un sur qui décharger tout ça, et c’est tombé sur toi, parce que je peux pas m’empêcher de penser au fait que t’as clairement quelque chose à faire dans toute cette histoire, que c’est pas un hasard si son humeur change du tout au tout après être passée par ici.

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Ares Selinofoto
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#  Mess with her and I'll mess you up. - Cyres EmptyJeu 16 Fév - 17:01
Cyrus & Ares
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"Qu'ils aient vingt ans ou trois ans, ils sont traités de la même façon ici." La tension diminue d'un seul cran, m'empêche de me laisser aller à quelques jurons grecs ou à quelques gestes abrupts, alors je ferme doucement le zip de mon sac, enfile ma veste laissée sur le banc. Pas envie de prendre une douche ici, pas envie dans tous les cas de me glisser dans l'eau tout de suite. Si un mec doit venir chez moi ce soir, ce sera en mode full hormones. Aucun intérêt de me laver maintenant si c'est pour me salir dans quelques heures avec une nouvelle sueur, de nouveaux efforts physiques qui se perdent dans des râles nocturnes. Je ne pense pas que je devrais réfléchir à mon coup du soir sur mon lieu de travail, encore moins quand il y a un type qui décide de m'haranguer à la sortie des élèves pour... Pour quoi déjà ? Se plaindre de la pression mise sur les gamins ? Ridicule. Si je ne les stresse pas, si je ne leur impose pas dès maintenant la rigueur de l'exercice, ils exploseront tous en plein vol. Je suis loin d'être le pire danger pour eux s'ils veulent aller plus haut, aller plus loin. J'ai connu des instructrices à la peau douce mais aux mots si acérés qu'ils m'auraient fait passer pour un agneau à la laine bien fournie ; j'ai aussi fréquenté de près d'autres danseurs aux rêves pas encore complètement brisés, et ils faisaient régner la terreur entre eux, n'hésitant pas à se ruiner les uns les autres, à dérober des affaires, à encourager les nouveaux venus dans des travers malvenus, la cigarette abusive avant chaque spectacle, qui coupe le souffle et embaume, font disparaître les ballerines dès la fin du premier soir, la porte qui se claque derrière pendant que des ricanements émanent de tous les côtés. Le sport professionnel, plus particulièrement quand il est artistique, exige une rigueur permanente, une capacité de se faire à tous les dangers, à tous les pièges, une capacité aussi à savoir écraser les autres pour s'en sortir, parfois ; c'est ma philosophie de vie depuis toujours. Personne ne peut être intouchable. Il suffit de trouver les bons mots, les bons gestes, et la manipulation opère, fait disparaître les murs, laisse un accès direct aux rêves. Mais le harcèlement est une chose qui m'a toujours particulièrement déplu, énervé, le genre de trucs qui peut me faire devenir complètement rouge. Il y avait sans doute un lien avec ma propre scolarité, les brimades devenues moqueries, elles même devenues des hydres inarrêtables. Quand ton quotidien se transforme en une bataille contre des monstres, c'est que quelque chose ne va pas. Et ton épée, même si tu es persuadée qu'elle sera suffisante, ne le sera jamais. Il faut plus. Il faut de l'aide ; et pourtant je n'en demande jamais, mais j'avais fait exception pour me soutirer à ces marécages poisseux, ces sables mouvants maléfiques qui avaient entrepris de détruire ma joie de vivre à petits feux. Pas de quoi me reposer sur mon père, ni sur ma soeur, alors je m'étais tourné vers ma mère. C'est elle qui les avait tous dézingué. Un par un. Comme une reine.

Et pourtant, les fantômes continuaient de revenir. De se déporter sur des visages de gamin que je croisais dans la rue, sans pouvoir m'arrêter, sans pouvoir jouer les chevaliers prêts à décapiter du monstre. Et, même si ta voix s'était un peu apaisée, même si je ne pouvais pas te livrer mes pensées les plus intimes, la sangle du sac sur l'épaule, j'avais arrêté de marcher, arrêté même de songer à te chasser de la salle. Ce que tu décrivais, c'était l'enfance d'une de ces foutues créatures difformes. Alors, pas un pas de plus. Je m'étais même autorisé à te regarder sans hostilité. "Quand vous dites qu'elle ne parle plus depuis trois semaines, c'est plus du tout ? Elle est devenue muette ? Est-ce qu'elle a des amis à côté, à qui se confier ?" J'essaie de me refaire les différentes séances dans la tête, de visualiser Stevie autrement que par ses prouesses, autrement que par ce qui est à améliorer. Je les avais tous dans un coin de mon crâne, ces gamins. Fiche mentale rédigée à la fois sur l'aspect technique de leurs performances, aussi sur leur comportement. Stevie ne parlait à personne, ici. Son bonjour était discret, peut-être même silencieux aussi, sans que j'ai pu vraiment le remarquer. Sourcils froncés sous la masse des cheveux libérés après les exercices. Boucles qui sanglent le front, t'empêchent j'espère de voir l'entièreté des pensées terrifiantes qui traversent mes yeux. "Ce que vous décrivez n'a effectivement rien de normal. Comment ça se passe à l'école, pour elle ? Et à la maison ? Avec ses parents ?" Peut-être indiscret, mais pas grand-chose à en foutre non plus. Ce qui est en jeu ici est bien trop important pour que je m'embarrasse de normes sociales étouffantes. J'espère que tu joueras franc jeu, et pas juste sur des grands airs de connard comme ceux que tu as pris en entrant, espérant me faire plier, lui accorder un traitement de faveur. Ça n'avait pas pris, et je comptais sur la peur dans tes yeux, trahissant l'amour que tu avais pour Stevie, pour essayer de trouver un terrain d'entente propice à ce genre de conversations.

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Cyrus Lavaughn
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#  Mess with her and I'll mess you up. - Cyres EmptyJeu 16 Fév - 19:55
Cyrus & Ares
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Traités de la même façon, donc traités comme des merdes, c’est ça ? J’ai envie de hurler, de t’expliquer à quel point le « tough love » n’a jamais aidé personne. M’être fait crier dessus toute mon enfance parce que je faisais pas bien tel ou tel truc m’a pas aidé à mieux faire, ça m’a juste créer des traumatismes de merde qui me hantent encore aujourd’hui. Mais t’as pas l’air de vouloir comprendre, enfermé dans ta logique débile, alors j’insiste pas, me contente de secouer la tête. Sauf que ça me fout en l’air ce qui est en train de se passer, parce que ma petite sœur est au milieu de tout ça et que je veux pas qu’il lui arrive la moindre chose, parce que je supporte pas de la voir dans ce genre d’état. Et je sais que je fais partie du problème, que c’est parce que j’ai pas réussi à obtenir sa garde que ça merde, qu’elle serait carrément plus heureuse si je devais pas la ramener là-bas à chaque fois... Mais cette fois je sais pas, je sens qu’il y a quelque chose de plus, c’est un truc qui me tord le ventre, ce genre d’impression qu’on a sans comprendre ni comment ni pourquoi. Alors je continue, j’essaie de te convaincre que non, c’est vraiment pas normal et que t’es vraiment un connard de leur infliger ce genre de traitement, même si je le dis plus poliment que ça pour éviter qu’on se foute sur la gueule. T’en as visiblement rien à foutre, déjà prêt à partir, parce qu’après tout en quoi ça te concerne, au juste ? C’est juste une gamine de plus qui passe dans ta vie, rien de bien important, hein ? Sauf qu’elle est presque tout pour moi. Alors je lâcherai pas le morceau, hors de question que ça continue. Tu t’arrêtes, regard dans ma direction. Ça y est, j’ai ton attention ? Je lève les yeux au ciel en t’entendant parler. Sérieux, t’as jamais remarqué ? C’est pourtant pas sa première crise depuis qu’elle prend des cours ici, mais c’est la plus longue, d’où mon inquiétude. Stevie, c’est probablement la plus sensible de nous, elle encaisse tout mais elle a souvent besoin de se fermer au monde. C’est pour ça que la danse ça lui plaît autant, parce qu’elle arrive à foutre tout ce qu’elle ressent dans les chorégraphies. Aucune invention là-dedans, c’est juste ce qu’elle m’a dit, ce qu’elle continue à me dire quand je lui demande pourquoi elle aime tant ça, pourquoi ça la gêne pas d’avoir une vie qui tourne quasiment qu’autour de ça. Mes mains qui sortent de mes poches, se mettent à signer en même temps que je parle. Je sais pas si c’est une habitude, ou juste pour te montrer qu’il y a aucune plaisanterie dans mes propos.

« Mutisme sélectif. Elle l’est pas devenue et c’est pas la première fois. Alors non, elle parle plus du tout. Depuis trois semaines. »

Mes bras qui retombent le long de mon corps, abattus, parce que ça me tue qu’on ait dû tous les deux apprendre à communiquer comme ça, par nécessité et incompréhension du monde extérieur. Et tu continues, pose les questions que tout le monde a déjà posé mille fois, me fais soupirer. Pourquoi tu fais comme si t’en avais quelque chose à faire alors que visiblement tu l’as pas captée plus de deux secondes, hein ?

« Elle est douée à l’école, elle travaille. Et elle travaille ici aussi, beaucoup. La maison, j’y suis pas toujours. Et les parents ça vous regarde pas, mais puisque ça a l’air de vous intéresser, les services sociaux sont jamais très loin. On a même nos petits assistants sociaux préférés. Je sais la gérer, merci. Mais là ça a rien à voir. Je la connais, c’est pas ça qui la met dans cet état-là. »

Je suis toujours sur les nerfs, ça s’entend probablement, mais le fait que tu poses ces questions-là en particulier est assez rassurant, me donne l’espoir que peut-être je sois pas tout seul dans cette bataille. J’ai pas insisté sur ses amis, parce qu’elle a tellement peu de temps entre tous les cours qu’elle sort pas vraiment avec les gamins du quartier, me parle parfois de ses copines d’école, mais ça s’arrête là. Sa vie, c’est la danse. Et puis c’est pas comme si elle avait pas une floppée de frères et sœurs à qui parler.

« Y’a un truc qui va pas et je suis sûr que c’est lié à ce qu’il se passe ici. Sauf que je sais plus quoi faire, parce que c’est la première fois qu’elle me dit rien et je peux pas m’empêcher de penser que vous êtes lié à tout ça, qu’il y a un truc... »

Je porte une main à mon front, appuie un peu fort, essaie de réduire la douleur qui pointe, putain de migraine qui me lâche pas depuis quelques jours, symptôme physique de tout ce qui m’inquiète. Tout ce que je veux, c’est qu’elle aille bien, qu’elle retrouve le sourire, qu’elle se remette à parler... Je veux juste qu’elle puisse connaître au moins quelques semaines normales dans sa vie.

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#  Mess with her and I'll mess you up. - Cyres EmptyJeu 16 Fév - 20:31
Cyrus & Ares
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T'as les mains qui s'actionnent, suivent tes mots, et même si j'avais pas eu les phrases entières, j'aurais vite compris ce dont il s'agissait exactement. La langue des signes. Symptômes un peu plus grave que ce que je pensais alors, si ça avait atteint ce stade-là ; mais d'un autre côté, tu me dévoiles le mutisme de Stevie en m'expliquant que ça faisait longtemps que ça lui arrivait, et ça me permet de piger en deux trois minutes, pas trop con, que c'est une façon pour son corps et son esprit de réagir en cas de stress, en cas de situation un peu éprouvante. Il y a les gens qui mangent, ceux qui ne mangent plus du tout, ceux qui parlent beaucoup, ceux qui se ferment, et encore beaucoup d'autres ; tous les humains ont une façon propre de réagir en cas de situation déroutante, une façon de se fermer, de s'entourer d'un bouclier pour s'assurer de pas prendre trop trop cher si ça venait à s'éterniser. Effet pervers, puisque ledit bouclier finissait toujours par faire plus de mal que de bien. Je te laisse enchaîner, me défait de mon sac qui appuie un peu trop sur l'épaule, le laisse échouer sur le sol. C'est pas le genre de conversations qui débouchera sur une solution en un éclair de génie, dans tous les cas. Le scénario se précise au fur et à mesure de tes phrases, je sens bien que tu veux pas m'en dire beaucoup, que ça te dérange même que je puisse te poser certaines questions ; il faudra t'y faire, amigo, je compte pas changer mon comportement, et les enjeux sont tels que j'ai pas à ménager ta sensibilité ni ton petit jardin secret. Si il se passe ce que je pense qu'il se passe, on va devoir faire équipe. Ça marche toujours mieux quand le gamin est bien entouré. Et que tu veuilles l'admettre ou pas, je suis persuadé de ne pas être la cause principale du silence de ta soeur. Enfin, en tout cas, c'est ce que je pense ; je devrais même pas en douter normalement, mais je déteste savoir un de mes élèves dans une situation de souffrance, surtout s'il n'en parle pas. J'ai le ton abrupt, pas vraiment tactile, pas vraiment leur meilleur copain non plus, alors c'est évident qu'ils ne viennent pas se jeter dans mes bras pour me raconter leurs problèmes. Mais j'aurais dû remarquer que quelque chose merdait, qu'il y avait un truc en off. D'habitude, je suis un précurseur dans ce domaine-là. Mais là, c'est passé sous mon radar, et j'ai beau me refaire les cours les uns après les autres dans mon cerveau fatigué, je trouve rien, pas de réplique, pas d'acte. "Je crois qu'on a tous les deux passé le cap de ça te regarde, ça te regarde pas. Vous êtes entré ici pour parler de Stevie, du fait qu'elle ne va pas bien en ce moment, et ça va être compliqué de trouver d'où vient le souci si vous restez campé sur la certitude que c'est moi le problème." Putain qu'est-ce que je parle bien, d'un coup. Le sac que je pousse avec les pieds. A pas grand-chose de faire du sur place. J'ai la tête qui me dit va te coucher Ares, le corps qui a envie de patiner, de danser, de dégager quelques mauvaises ondes. Mais non. Hors de question que je me tire d'ici ou que je te laisse partir tant qu'on a pas tiré au clair cette histoire. "Tout ce que je peux vous garantir c'est que ça ne vient pas de moi. Croyez-moi ou non, mais Stevie est toujours enthousiaste quand elle est avec moi." Et puis, au creux des ténèbres fatigués, je la vois, la corde sensible, celle qui me permettra de te persuader. "C'est une gamine qui bosse bien. J'ai pas grand-chose à lui dire, elle gère bien toute seule. Je ne suis pas censé vous dire ça, ça sous-entendrait qu'elle est au-dessus du niveau des autres, mais je vous le dis franchement, c'est le cas." Bâillement qui aimerait bien s'échapper de ma bouche, mais je me dis que c'est pas tout à fait le bon moment, c'est un coup à te mettre en rogne, un coup à bloquer la conversation, à te laisser être certain que je suis la cause de tout ça, et donc nous faire perdre du temps.

Pour la première fois de ma carrière, peut-être même la première fois de ma vie, je suis le premier à tendre le bras. Pas de sourire sur mon visage, juste la tête pleine d'inquiétudes et de questions. Tu ne me diras rien tant qu'on aura pas enterré cette stupide hache de guerre, alors autant commencer par là. Main droite vers toi, attendant que tu la serres. "Je ne sais pas si Stevie l'a déjà mentionné depuis qu'elle nous a rejoint, mais je m'appelle Ares Selinofoto. Je suppose que vous êtes son frère ?" Je sens que tous les interrogatoires du monde te tendent au max, et j'ai pas envie de gérer une crise de nerfs quand d'autres choses plus importantes se trament. "Il y a une réponse que j'attends toujours, et je ne m'excuserais pas d'insister. Est-ce qu'elle a quelqu'un à qui parler, dehors ? Quelqu'un qui soit disponible à chaque instant ?" Parce que c'est ça, la clef de l'énigme. Que j'ai pas envie de me faire des noeuds au cerveau, de me refaire une par une les sessions, ce que j'ai pu lui dire, ce que j'ai pu lui faire, ce que j'ai pu rater, si en réalité ma supposition de base s'avère vraie. Et en même temps, je préférerais que le problème soit avec moi. Pas que je compte m'adoucir, surtout pas auprès d'une élève au milieu des autres, ça créerait juste de nouveaux problèmes. Mais au moins pour démêler tout ce bordel dans mon cerveau, déjà bien assez fatigué par tous les cours de la journée pour pas en plus rentrer en m'en voulant d'avoir fait morfler un enfant. Ça ferait moins de dégâts, sur le long terme, si c'était moi le coupable. J'en suis sûr.
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#  Mess with her and I'll mess you up. - Cyres EmptyJeu 16 Fév - 21:59
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Je déteste parler de ce qu’il s’est passé là-bas, de ce qu’il s’y passe toujours. Probablement un restant de l’enfance, où on avait pas le droit d’en parler, où ils utilisaient notre fratrie pour faire pression, nous disaient qu’on serait séparés si les gens apprenaient ce qu’il se passait derrière les portes closes. Avec le recul, je suis persuadé qu’il se serait rien passé. Après tout, ils nous ont juste laissés livrés à nous-mêmes. Enfin, il y a eu d’autres trucs, mais ces trucs-là ne concernent que moi, n’ont jamais regardé personne d’autre que moi et je pense que j’emmènerai tout ça jusque dans la tombe. Alors oui, je suis sûr qu’on n’aurait jamais été retirés de là-bas même si je m’étais mis à parler tout petit, parce que le système est défaillant et que des gamins délaissés mais qui arrivent à se débrouiller, ça aurait au final jamais dérangé personne. C’est peut-être pour ça que j’aime pas en parler, en fait. Parce que même si ça aurait pas changé grand-chose, peut-être que quelqu’un nous aurait au moins un peu aidé. Tu te lances dans une nouvelle phrase et j’ai envie de te rire au nez. Avec moi, on passe jamais le cap du ‘ça te regarde pas’. Parce que j’estime que ma vie ne regarde personne d’autre que moi. T’as raison sur un point, je suis là pour parler de ma petite sœur et il faut peut-être que je revoie un peu mes positions, si t’es au moins décidé à m’écouter sur le problème, c’est que t’es pas trop fautif. Alors je ravale ma haine et j’hoche la tête.

« Ok. Ça vient pas de vous. »

Seule concession que je ferai, pas question que je revienne sur la question de la famille. Ça, c’est beaucoup trop personnel, je sais même pas si elle veut que tu saches quoi que ce soit, probablement pas. C’est pas un truc dont on peut être fiers, pas le genre d’histoire qu’on raconte tranquillement au coin du feu ou qu’on crie sur tous les toits. Si elle veut t’en parler, elle le fera, mais j’en doute fort. T’essaie de m’amadouer, de me dire qu’elle est douée et qu’elle a sa place ici, et même si ça me fait sourire, ça efface pas ma colère. Main qui monte au menton, doigts serrés, pouce écarté, et je te remercie. J’imagine que c’est sympa de ta part, de me dire ça, d’essayer peut-être de me rassurer, j’en sais rien. Je pense que je lui dirai pas, pour plein de raisons différentes, mais surtout parce qu’elle me croirait probablement pas. Elle se trouve toujours pas assez bien pour danser ici, même si c’est carrément faux et que le seul fait qu’elle soit dans un groupe avec des gens plus âgés devrait lui mettre la puce à l’oreille. Tu tends la main vers moi et j’hausse un sourcil intrigué mais la serre quand même. On enterre la hache de guerre ? Je suis toujours autant en colère, mais t’arrives peu à peu à me convaincre que j’abuse peut-être en te désignant comme seul et unique coupable. Je te lance un regard blasé, lève les yeux au ciel.

« Bien sûr qu’elle l’a mentionné. Je vous connais depuis le premier cours qu’elle a fait avec vous. Et oui, je suis son frère. Cyrus. »

Mains serrées, présentations faites, on peut peut-être revenir au vrai sujet, non ? Tu reviens sur le sujet de l’entourage et j’hausse les épaules, me sens presque attaqué.

« Bien sûr qu’elle a du monde à qui parler. Y’a moi, y’a ses autres frères et y’a ses sœurs. Elle est entourée, bien entourée. Elle a quelques amis, mais on peut pas dire que ce soit simple d’avoir une vie sociale avec autant de temps consacré à la danse. Ça l’intéresse pas trop. »

Je pense que c’est ça qui me chagrine le plus. Le fait qu’elle me parle pas, alors qu’elle m’a toujours tout dit. Elle m’a jamais rien caché, elle m’a même appelé plusieurs fois hyper tard le soir parce qu’elle était angoissée, ou qu’elle avait peur, ou juste pour parler. Elle sait que je dors pas beaucoup, qu’elle peut me joindre n’importe quand, que j’aurai toujours du temps pour elle.

« Je sais pas à quoi vous pensez, mais elle me dit tout. C’est la première fois qu’elle le fait pas, alors comprenez que je sois plus qu’inquiet. Y’a vraiment quelque chose de bizarre et je pense que c’est plutôt énorme, pour qu’elle en soit à ce stade. Ça a pas duré aussi longtemps depuis... »

Depuis sa toute première crise, quand elle était toute petite, en fait. Je soupire.

« Depuis vraiment longtemps. Je fais tout pour qu’elle passe pas par ces phases et ça me tue qu’elle en soit à ce point. »


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#  Mess with her and I'll mess you up. - Cyres EmptyJeu 16 Fév - 22:25
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Fin sourire et soupir un peu long qui m'échappe quand enfin tu concèdes que je suis peut-être pas le fautif dans toute cette histoire. Ça m'enlève pas la culpabilité, ça m'enlève pas les doutes, mais de la même façon que t'es pas décidé à me confier ce qui va pas quand elle rentre chez elle, je suis pas non plus super enclin à t'avouer que je me sens mal de pas avoir vu avant que ça allait pas. La salle est pleine de miroirs, entre deux couches de peinture rouge, je la vois là trois fois par semaines, et pas une seule fois j'ai capté un visage triste dans un reflet, pas une seule fois j'ai réussi à voir autre chose que de la discipline, de la rigueur, et les cernes qu'ils ont tous à cet âge-là. Est-ce que les siennes étaient plus bleues que les autres, plus marquées ? Peut-être. J'avais pas remarqué. C'était pas dans ma nature de détailler les étudiants. J'étais là pour les élever, leur faire gratter le ciel, leur donner la constance et la prestance nécessaires s'ils voulaient faire de la danse leur métier. Là pour leur donner les mêmes outils que ceux qu'on m'avait confiés. Rien de plus. Pas une épaule sur laquelle pleurnicher, pas un punching-ball sur lequel se défouler, juste un prof qu'ils voyaient tous plusieurs fois, un peu plus sévère encore que ceux qu'ils avaient le reste du temps, beaucoup moins souriant que ceux qu'ils avaient pu avoir avant, mais au moins j'arrivais à mes résultats, je flanchais pas, tant pis si ça les faisait fulminer, tant pis si j'entendais mon nom dans les ragots quand ils quittaient la session. C'était rien du tout, tout ça, juste des petites contrariétés qui me faisaient doucement sourire ; qu'ils en arrivent là où j'en suis aujourd'hui, et là je pourrais prendre les critiques, là je me soucierais des rumeurs. Pour l'instant, c'était des gamins, les gamins ça jacasse, beaucoup trop, et c'était normal qu'ils veuillent se confronter à des figures d'autorité. Mais là, avec Stevie, il y avait quelque chose d'autre. Elle ne m'avait jamais attaqué frontalement, jamais non plus manqué de respect. Mais est-ce qu'elle parlait au reste du groupe ? J'étais tenté de répondre non sans réfléchir, déjà parce qu'elle en avait pas le temps, ensuite parce que c'était pas le genre à se mêler des cancans, du moins en apparence. Stupides préjugés. Au moins, tu t'es calmé. Tu serres ma main, me dévoile ton prénom, et je me dis que vos parents se sont vraiment laissés aller à l'état civil. Un Pokédex entier, y a pas à déconner. Je dis rien, parce que je veux pas que tu repartes en mode guerre, je veux qu'on avance, qu'on trouve la solution à ces énigmes à la con. Je te laisse parler, répondre à mes questions, et mon ton est peut-être un peu plus dur que ce que je voudrais quand je rouvre la bouche. "Bullshit. Les gamins ici ont des potes, ils sont même copains entre eux. Stevie ne traîne pas avec les autres, en tout cas pas ici, mais ça a rien à voir avec la danse." Je me retiens de pas secouer la tête. Facile de tout remettre en permanence sur le dos de l'art ; si elle en était là, c'est que ça faisait déjà quelques années qu'elle pratiquait, et que contrairement à ce que tu semblais penser, c'était pas une simple passion d'adolescente. Mais pas envie de me lancer dans ce débat-là non plus. Ça me fait juste comprendre que tu sembles pas piger grand-chose à ce qui se passe ici, et ça rajoute au personnage qui hurle et claque les portes. Mais au moins, tu l'aimes. Ça se voit. Je sais pas comment les frères et soeurs font pour s'aimer, c'est pas dans mon code génétique.

T'as de la peine au coeur, ça se voit, et j'ai pas envie de t'enfoncer plus. Je dois être un bon samaritain aujourd'hui, parce qu'en temps normal, j'aurais continué, cherché la petite bête dans les détails familiaux que tu t'amuses à me cacher, j'aurais forcé jusqu'à enfin comprendre l'entièreté de ce qu'il se passait quand elle passait la porte. Mais un petit temps de répit faisait du bien aussi. Si je voulais capter, il allait falloir que je t'appréhende aussi. Si tu voulais pas me dire ce qui se passait avec elle, peut-être que j'allais réussir à en tirer quelque chose en passant par toi, en analysant tes réactions, des choses du genre, en mode mentaliste un peu. "Elle a déjà eu des soucis, au lycée ? Des gamins qui se moqueraient d'elle ou un truc du genre ?" Je touche du doigt ce que je veux te dire, mais j'essaie de faire en sorte que tu le comprennes par toi-même. Histoire que tu puisses continuer à me voir comme le gros con de professeur de danse de ta petite soeur chérie, et pas juste comme un autre type qui essaie de vous aider tous les deux. C'est mieux pour mon image, et même si t'as serré ma main, tu montres encore les dents. "Si vous me dites que c'est lié au Millenium, j'ai pas d'autre choix que de vous croire dans tous les cas. Mais si c'est ce que je pense... Qu'elle se fait harceler... Il va falloir trouver des solutions rapides et efficaces." Main qui termine de tirer sur ma barbe, repart le long de mon torse. "Je prêterais un oeil aux prochains cours avec attention. Mais je pense qu'il faut qu'elle développe un vrai cercle de confiance. Je pourrais pas la pousser à se faire des amis ici, et je pourrais pas la couver..." C'est pas l'envie qui en manque, mais j'ai jamais été mère poule, jamais voulu de poussins non plus, et même si ça la rend particulière, ce harcèlement mystère, je peux pas me permettre de la mettre à part en la protégeant de tout, tout le temps. Une idée me traverse l'esprit, manque m'arracher une grimace. "Mais je peux être un adulte de confiance aussi. C'est de ça dont elle a besoin. Vous avez déjà mangé ce soir ? Sinon on peut essayer de trouver un truc dans le coin. Un fast-food ou une connerie du genre." Ton langage, Ares. Et ta langue, aussi, tu devrais la tourner un peu plus et arrêter de dire tout ce qui te passe par la tête. Là, je viens de faire quelque chose d'inédit, de surprenant même. Mais je continue. "Si elle se sent à l'aise avec moi, elle aura plus de facilité à venir me voir, même sans parler, juste s'approcher quand quelque chose ne va pas. Ça vaut le coup d'essayer, non ?" Tu parles ; t'as déjà failli cracher dans ma main quand je te l'ai tendue, alors un dîner aux chandelles, je pouvais me brosser. Mais je misais tout juste sur le fait que tu captes à temps qu'il s'agissait ni de toi, ni de moi, mais de ta soeur. Et que je la laisserais pas souffrir en silence comme des millions d'autres gosses. C'était juste pas possible, point à la ligne.
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#  Mess with her and I'll mess you up. - Cyres EmptySam 18 Fév - 11:05
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Apparemment t’as pas compris ce que je voulais dire et voilà que tu m’engueule presque, comme si j’étais un gamin en train de faire une connerie. Sauf que cette fois, au lieu de m’énerver, je prends le temps de respirer un peu, de secouer la tête.

« J’ai pas dit que c’était la faute de la danse. J’ai dit qu’elle y consacre tout son putain de temps, parce que c’est vrai. Y’a que ça pour elle, dans sa vie. C’est pour ça qu’on se tape quatre heures de bagnole trois fois par semaine, pour que je puisse l’emmener jusqu’ici et la ramener, parce que c’est ce qu’elle veut faire de sa vie et que je veux qu’elle ait la même chance que les autres gamins. Elle a probablement pas de potes ici parce qu’ils font pas partie du même monde, j’en sais rien moi, à part les cours elle a jamais rien mentionné d’autre. »

Je sais à quel point tout ça est important pour elle, c’est pour ça que ça l’est autant pour moi aussi. La dans, c’est comme sa façon à elle de respirer, si qui que ce soit lui enlève ça, elle va juste exploser en vol. Déjà que c’est pas brillant, j’ai pas trop envie de voir ce que ça donne si on lui enlève sa seule façon de s’exprimer. Tu continues à poser des questions et j’y réfléchis, passe mon cerveau et mes souvenirs au peigne fin, essaie de trouver la moindre trace de tout ça. La moindre trace de quoi que ce soit, d’ailleurs. Sauf qu’il y a rien, rien du tout.

« Elle me dit toujours quand y’a un truc qui va pas. Toujours. Y’a un gamin qui lui tirait les cheveux quand elle avait 8 ans, elle me l’a dit. Et aussi quand elle a eu son premier copain, même si c’était fini deux jours plus tard. Elle me dit tout, j’en suis sûr, mais là y’a un truc différent. Et je suis sûr que ça a rien à voir avec le lycée parce qu’elle me l’aurait dit. »

Je suis absolument certain de ce que je suis en train de dire. Visiblement, tu me crois, mais ce que tu dis m’aide pas beaucoup à arrêter de m’inquiéter. Si elle se fait harceler, déjà, c’est mauvais. Mais si en plus c’est ici, alors qu’elle aime cet endroit à en crever... Mes mains retournent dans mes poches, se serrent en même temps que mes dents. Tu veux pas la couver, normal, c’est pas ton rôle, et je pense qu’elle serait pas d’accord avec ça de toute façon.

« Elle a déjà un cercle de confiance. Mais y’a des choses qu’on peut pas voir, alors ouais, si y’avait une paire d’yeux en plus ça serait peut-être pas plus mal. »

Petite concession, j’avoue que t’es en train de réussir à me convaincre que t’as vraiment rien à voir là-dedans et ça veut dire que t’es soit un très bon menteur soit vraiment inquiet de la situation. Et puis voilà un nouveau truc, qui me fait froncer les sourcils. Qu’est-ce que t’es en train de faire, là ? Tu continues, justifie, ne fais qu’amplifier le froncement de mes sourcils. Et puis je me détends un peu, même si je suis pas complètement sûr que tout ça soit une bonne idée. De toute façon, elle parle pas, elle parle plus, et je peux pas juste continuer comme ça. Toute tentative d’amélioration est la bienvenue.

« Je... Nan. En général j’achète un truc sur la route du retour pour dîner. J’peux rien promettre, il faut voir si elle est d’accord. Ça va peut-être la mettre mal à l’aise ou je sais pas quoi. Mais ouais. Ça vaut le coup d’essayer. »

Je fais pas confiance facilement, c’est pas mon délire de laisser n’importe qui entrer dans nos vies, mais un repas ça engage à rien. Et puis au moins, ça me prouve que t’es pas juste en train d’essayer de me la foutre à l’envers. T’aurais juste pu me dire de me casser de là, me foutre dehors manu-militari, mais non. T’es là à essayer de trouver une solution, me dire que t’es prêt à aider, et j’ai envie d’y croire. Parce que je crois que cette fois je peux pas l’aider tout seul, même si on y mettait toute la fratrie je pense qu’on s’en sortirait pas. Elle cache un truc et ça doit être énorme pour qu’elle en soit à ce point.

« J’vais descendre, lui demander, et vous pouvez nous retrouver dehors d’ici dix minutes, je pense. Si ça vous va. »


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#  Mess with her and I'll mess you up. - Cyres EmptyLun 20 Fév - 16:19
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Tu as vraiment de la chance que Stevie ne soit pas qu'une gamine parmi d'autres mais bien une de mes élèves. Sinon, dans d'autres contextes, dans d'autres circonstances, j'aurais vraiment pas pu supporter une seconde de plus ton air condescendant, tes grands phrases, et tout ce qui criait à quel point tu me prenais pour un con. J'avais cru t'apaiser en te proposant de l'aide, en te vantant les techniques de ta frangine, mais non, rien à faire, tu gardais toujours un petit côté rentre-dedans pour bien me casser la tête, presque me faire regretter mes décisions - mais ça n'arriverait pas, je ne remettais jamais en cause ce que je faisais, et si c'était effectivement un problème d'harcèlement, ça passait bien au-dessus de nos petites guéguerres d'adultes stupides. Et pourtant, j'ai beau déployer des trésors d'ingéniosité, des trésors de tact, des trésors de patience aussi, tout faire pour ne pas me barrer de cette salle en te mettant un coup d'épaule au passage, tu continues de froncer les sourcils, de me regarder comme un illuminé. Tes traits se relâchent un rapide instant, et je remarque que je t'avais pas encore complètement détaillé. T'es plus jeune que ce qu'on pourrait croire en un seul regard. T'as la voix qui porte, les mots durs et bien choisis, l'acabit qui aurait pu me faire croire au départ que tu étais son père, si seulement t'avais pas eu ce tout petit truc dès le début dans les yeux qui trahissait que t'étais plus proche du chiot fougueux que du grand berger sage. Je réagis pas à ton malaise, te laisse froncer et défroncer les sourcils au choix, après tout, c'est ton problème cette gêne face à l'aide des autres, pas le mien. Tout ce qui compte pour moi c'est la certitude que Stevie ne soit pas sous le joug d'un truc trop douloureux. Tant pis si je dois me blesser au passage, pour m'en assurer ou pour l'en délivrer. Je hoche la tête. Vivement que tu quittes le studio et mes environs immédiats, même si c'est pour dix minutes seulement. Ça me permettra de récupérer un peu d'air. De redescendre en pression. Ça serait pas une super intervention pour la gamine si je me plantais devant elle tout sourire avant de fusiller son frère du regard. Tu l'as dit, et pour ce point et ce point seul, je dois admettre que je suis d'accord avec toi : elle a besoin d'être à l'aise, sinon tout ça, ça servira à rien. "Ça marche. Je descends dans dix minutes." J'ai pas envie de te détailler ce que je vais faire, à part m'emmerder. J'aurais jamais dû proposer ça, je regrette déjà. J'aurais eu le temps de faire autrement, de trouver des solutions, de réfléchir, d'essayer de piger ce qui pouvait bien se passer derrière leurs faux sourires de circonstances à tous. Et c'était déjà parti ; j'en voulais à tous mes élèves sans vraiment savoir qui était le coupable. Sans vraiment savoir même s'il y avait un crime à appréhender. Tout ce que je savais, c'est que cette soudaine rage, l'envie de bouffer du lion, ça devait être un effet secondaire de ma fatigue. Ou du fait que j'allais pas pouvoir attirer un mec dans mes filets ce soir. Ou un peu des deux, tiens, ça faisait un bon cocktail dévastateur, ça.

Regard sur ma montre. J'ai le coeur qui bat un peu vite. Rapide séance de méditation, trois minutes déjà comblées et le chiffre qui diminue à côté du logo qui clignote. Tant mieux. Pas le moment de me découvrir tachycardiaque. Encore cinq minutes. Non, quatre. Par définition je descendrais neuf minutes après que tu te sois tiré de mon espace vital, juste pour pas te donner raison jusqu'au bout. J'avance, mes pas résonnent sur le parquet, j'accroche ma main à un mur rouge, ouvre en grand la belle fenêtre. L'air frais qui remplit mes poumons, me rappelle que je suis là depuis des heures, que les muscles me tirent agréablement, mais que j'ai terriblement envie de retrouver mon lit. Je secoue la tête. Non. Pas super utile de penser ça. Ça va encore me contrarier. Là, c'est plus important ; on va tirer une gamine du harcèlement. Nouveau regard sur le cadran. Deux minutes. Si je descends par les escaliers, ça me fera arriver pile à l'heure. Claquement de mains, sangle sur l'épaule, veste à la main, clefs qui tournent dans la salle, et puis je dévale les marches. Il fait encore meilleur que ce que la fenêtre - que je n'ai heureusement pas oublié de fermer - m'avait laissé présager. Température douce, dansant entre la chaleur de l'été et le froid de l'hiver. Sourire fin quand je vous vois sur le parking, surtout destiné à Stevie. C'est la première fois qu'elle doit me voir montrer les dents pour autre chose qu'une bonne technique. La voix qui porte un peu dans le parking, vient se taper contre les carrosseries, échos rares d'un sourire qui l'est encore plus. "On se fait quoi du coup ? Burger, pizza ?" J'essaie de faire gaffe, pas être trop exubérant pour la voir se fermer encore plus, mais j'arrive à tirer un rapide sourire sur son visage et ça me fait bomber le torse. Ares Selinofoto au rapport, prêt à abattre les ennemis s'ils sont aussi dangereux que je le pense. J'arrive vers vous deux, le sac qui suit chaque pas en se balançant dans le vide. "Je vais prendre ma voiture de mon côté. Désolé pour l'écologie." Ce sera une bonne raison de pas craquer pour une bière, en plus de toutes celles qui sont tout aussi évidentes : ne pas boire devant une élève, ne pas boire devant le frère d'une élève, ne pas boire devant une élève et le frère d'une élève, ne surtout pas boire devant le frère d'une élève qui a déjà bien envie de vous détester (ce serait lui donner de bonnes raisons de remettre en cause ma façon de faire les choses, et je tiens pas à te donner ce genre de pouvoirs).
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