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 (vince) hell's comin with me

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Siegmar Luther
boîte de pandore et cœur doré
Siegmar Luther
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#  (vince) hell's comin with me EmptyJeu 23 Fév - 22:57
"Les gens ont tendance à penser que Pandore, la détentrice de cette fabuleuse boîte que vous connaissez tous les deux, avait reçu ce cadeau empoisonné car elle avait manqué de respect à Aphrodite en devenant le premier modèle de beauté. Certains mythes racontent que c'est la déesse de l'amour elle-même qui lui avait fait forger le présent. Mais peu savent que l'histoire remonte bien avant la naissance de Pandore, avant même celle d'Aphrodite, lors du combat des titans contre les dieux, de Zeus contre son père Kronos." Je déglutis quelques instants, mon doigt qui chasse un trait de poussière sans qu'ils le remarquent. "En réalité, de multiples dieux choisirent de rejoindre les titans, animés par on ne sait quel désir de puissance. Il s'agissait entre autres de la Mort, de la Maladie, et de quelques autres comparses aux intentions maléfiques. Zeus les eut capturé, les fit enfermer dans cette boîte, les plaça dans un vase sur le sol d'un palais. Un vase noir, un vase doré, ce dernier contenant tous les dieux les plus beaux, la Vie, la Joie, l'Amour lui-même, Aphrodite lascive qui se cloîtrait dans un coin de l'artefact." Lui semblait fasciné, elle encore plus, les yeux brillants. "Quand Zeus offrit la boîte noire à Pandore, c'était pour la punir d'être sœur de Prométhée. L'imprudente n'obéit à aucune consigne de laisser sceller les deux vases dans le hall, obéissant aux murmures de la déesse de la Curiosité qui chantait le long de l'amphore. Elle libéra ainsi les chevaliers de l'apocalypse, et leurs contraires, les plus beaux symboles de l'humanité. L'histoire de la boîte de Pandore s'est métamorphosée au fur et à mesure des siècles, prenant des mesures théâtrales, cinématographiques, littéraires. On n'a jamais retrouvé la boîte originelle, ou plutôt si..." Pichenette contre le bois doré, écho qui se perd dans l'intérieur en marbre bien attaqué par les siècles. "On en a retrouvé des centaines. Celle-ci est l'une d'entre elles. Personne n'a pu établir la vérité, distinguer les vrais des faux. Mais pour une petite somme de deux-mille cinq cent dollars, c'est un beau risque à prendre : si celle-là est la vraie, imaginez la classe internationale !" Grand sourire sur mon visage. Cette histoire marche toujours, ils se concertent en un regard et leurs mains glissent en même temps, lui relâche pour la laisser elle blottir le petit trésor contre son torse. Je les entraîne à ma suite vers la table, la caisse enregistreuse, le rideau de perles dorées. "C'est un bon pari, en tout cas. Il y a tout un tas de légendes qui s'entassent ici, vous devriez revenir." Mon regard se détache d'eux, revient se perdre sur le TPE, tape quelques consignes, quelques chiffres. "Je vous laisse régler par carte. Les chèques ne sont pas acceptés." Mesure de sécurité que mon sourire atténue, se plaquant sur leurs visages de la même façon. Sac déplié d'un coup dans l'air, les dents toujours dehors, requin qui évolue dans sa propre mer antique. "Je vous souhaite une excellente journée, madame, monsieur." Ils me saluent d'un geste de mains, chuchotent dans des éclats de rire enjoués. La légende de Pandore est un des grands classiques. On se la refile entre antiquaires d'exception, dès qu'une boîte dorée et noire se pointe dans un grand camion. Celle-là venait de ruines du Pérou. Peu de chances que la belle Aphrodite ait été se perdre dans ces montagnes, elle avait d'autres missions sur la Crète. Mais c'était plus sexy de vendre aux jeunes mariés - l'alliance sur sa main à elle était rutilante, du genre de celles que j'aurais vendues en les attribuant à des rituels de princesses pour l'histoire - une histoire sur les pêchés et les bienfaits, sur l'or et les dieux. Je l'avais dit : ça marchait toujours. Coudes qui reviennent s'appuyer sur la table, le regard sur mon téléphone, une main libre qui se glisse dans ma poche, en tire un écouteur. Une vente à deux mille cinq me laissait quelques heures de tranquillité. Les gens rentraient peu ici, la devanture servait surtout à cacher la vraie cour des grands, derrière le rideau doré. La nuit venue, il fallait tirer un grand drap blanc en tirant sur l'accroche fixée au plafond. Recouvrir une partie entière de la boutique sans rien renverser, sans rien casser, même pas un faux vase Ming, pour ne pas que les yeux de mes invités nocturnes ne s'accrochent aux objets rares. Et aux plus communs aussi ; ceux-là coûtaient de l'argent aussi, et ne devaient quitter la boutique qu'après un paiement en bonne et due forme. Tobias m'avait pas mal fait réfléchir à l'hôpital (j'avais attrapé son nom sur une étiquette). Why does the sun go on shining ? Why does the sea rush to shore ? Syllabes délicieuses qui se versent dans mes oreilles, ne manquent pas de disparaître derrière les pensées qui reviennent. Je n'étais affilié à aucun gang. Ils venaient tous me rendre visite, les petits bandits, les grands chefs aussi, pendant les expéditions ou les ventes les plus importantes. L'entrepôt était bien cachée, et tonton avait mis un point d'orgue à s'attirer la sympathie des procureurs et des shérifs locaux. On était tranquilles, ici. Sauf ceux qui manquaient de respect à l'art ou aux histoires, à la musique ou au soleil. Et au code de conduite : on disait bonjour, au revoir, s'il te plaît, merci. Pas de règle à taper sur leurs doigts pour leur apprendre les règles. Ils étaient grands. S'ils manquaient au règlement, c'était un sourire, et bye bye. On ne les voyait plus revenir, ils étaient exclus de la cour dorée.

Why do the birds go on singing ? Why do the stars glow above ? Un rapide tour dans mes messages. Stanislas s'occupait de cinq livraisons ce soir. Je faisais bien de m'en rappeler maintenant, alors qu'Hélios commençait tout juste à achever la course de son char dans le ciel. Il allait lui falloir les adresses, et vite. Quelques minutes. Don't they know it's the end of the world ? It ended when you said "Good-bye"... Musique qui s'arrête en même temps que le tapotement frénétique de mes doigts. Comme prévu, je n'ai pas eu à faire grand-chose avant la fermeture - enfin, l'ouverture dans un certain sens. Quelques regards s'étaient vissés sur la vitrine, je leur avais adressé un rapide sourire, contenu tout geste de salutation - j'avais eu mon quota de ventes pour la journée. Et les passants étaient passés, en même temps que ma musique s'était répétée une troisième fois. Un message de Stan, un pouce en l'air. La soirée était bouclée, parfait. Deux visites, un tableau volé dans un coffre, reçu du port la veille, et une cargaison sous plastique d'herbes rares. Du genre qui font vrombir les têtes. Pour l'instant, les deux colis étaient à côté de tous les autres, ceux qui attendaient qu'un type chelou se manifeste pour récupérer, l'air patibulaire, le dû de son patron. Transactions rapides, en règle générale, puisqu'il s'agissait d'une poignée de main, d'un sourire, parfois, si le mec était sympa, un verre d'alcool ancien, bouteille dégainée sous le comptoir, et ils repartaient tous acheminer leurs conneries dans la nuit. Tonton avait eu raison de me donner les clefs : avec moi, l'empire demeurait. J'avais gardé ses vieux copains, sympathisé avec quelques héritiers de la pègre, et même tissé de nouvelles relations ! Mais ce n'était jamais vraiment assez. Ce soir n'était jamais assez. Deux visites, c'était peanut, rien du tout, absolument des cacahuètes comparé à ce qu'avait été Treasureland, dans le temps, sous sa main à lui, son sceptre royal. D'un côté, c'était mieux ; j'en avais marre de me faufiler aux urgences avec le nez pété, ou de devoir gérer les hormones et la testostérone de types qui se croisaient en voulant juste se fracasser le long de mes murs. Mais d'un autre... Il y avait l'argent. I wake up in the morning, and I wonder why everything's the same as it was ? Mon doigt quitte le téléphone, celui-ci retrouve ma poche en même temps que la musique change. Pas de parole, un glissement de pianos et de violons, un remix qui bascule vite dans les basses. Je me décale, m'étire, bâille un coup. Tonton m'en voudrait de fermer boutique si tôt. Encore une heure avant le premier rendez-vous. Pour une fois, le signe ouvert restera du bon côté jusqu'à vingt heures. Petite marche digestive même si j'ai rien mangé depuis la veille au soir, le regard qui se perd sur quelques antiquités, les vraies et les fausses, les reproductions de tableaux et les sculptures hors-de-prix. Je m'égare dans le rayon des horloges anciennes, entend le tic-tac lancinant, bourdonnant, bruyant. Je sais que derrière l'une d'elles, la seule sans étiquette soigneusement cachée, il y a un flingue. Accessible à tout instant, rideau ou pas rideau. De quoi me protéger des intrusions ; et justement, la sonnette à l'entrée tinte. Sourire de commercial sur les lèvres, je fais volte-face, laisse mon écouteur rejoindre son jumeau dans mes poches. Mais toi, je ne te connais pas ; t'as pas la tête des clients sympathiques, plutôt du genre de ceux qui glissent ici le soir venu. "C'est trop tôt pour les transactions, reviens dans deux heures mein hase." Chacun sa boîte de Pandore, et quelque chose me disait que je venais de desceller un seau sans savoir s'il était marbré d'or ou d'obsidienne, en témoignait ton regard insondable et le manque de bruit de la sonnette qui aurait signifié ton départ. Rapide regard vers le ciel, dissimulé par un bouddha massif. Les bras croisés contre mon torse, te fixant, attendant que tu ouvres la bouche - ou que tu sortes, ça ne sentait jamais bon pour moi qu'un mec de la pègre débarque ici sous le soleil.

@Vincenzo Di Natale
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Vincenzo Di Natale
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#  (vince) hell's comin with me EmptyVen 24 Fév - 10:30
Le plan Riconquista del padre était en bonne voie. Pour la première fois depuis qu’on m’avait exilé dans cette putain de ville où le soleil n’attêtait jamais de briller, j’étais confiant dans mes chances de reconquérir le coeur de l’Outfit. Déjà, j’avais mon bar. Pas de quoi faire pleuvoir une pluie de billets sur le cœur de mon père mais de quoi prouver que même à demi-mort sur le sol d’une gare, je pouvais me relever. Je suis un Di Natale, il n’y a qu’une balle en plein cœur qui peut m’arrêter. Pire que la peste, je suis partout, tout le temps et rien ni personne ne pourra me faire renoncer. Mais un bon cocktail et une scène rock baignée de projecteurs ne suffiront pas à attendrir ma famiglia, alors j’ai dû enclencher d’autres leviers pour attirer l’attention. Une belle femme à mon bras, de quoi faire oublier l’incident. Celui qui a signé ma fin, qui m’a foutu dans la merde jusqu’au cou. Une absence passagère qui ne se reproduira plus. Le Padre ne pourra pas nier que la blonde que j'exhibe partout comme la future Madame Di Natale n’a pas de quoi faire oublier une ombre de mon passé. La magie d’internet me permet aujourd’hui de pouvoir lui foutre sous le nez mon nouveau bonheur conjugal même sans pouvoir l’approcher. Je sais que même si on m’isole des affaires, il garde un oeil sur moi. Il me prends vraiment pour uno stronzo s’il pense que je n’ai pas remarqué les hommes qui passent régulièrement devant le bar ou qui m’attendent en bas de mon immeuble dans des putain de berlines noires. Mais tant mieux, entre ça et les écoutes téléphoniques ça veut dire que j’ai encore mes chances de prendre un jour la tête de l’Outfit.

Mon cuir sur les épaules, une cigarette entre les lèvres, mon regard fixe l’enseigne stylisée d'une boutique d'antiquités. Voilà mon deuxième leviers pour retrouver la gloire d'antan, quand je régnait encore sur Chicago et que mon seul problème dans la vie était de savoir quel pressing saurait faire disparaître le sang de mon costard Armani sans complètement le ruiner. Le dos appuyé contre le mur en brique de l’immeuble voisin, je surveille les environs depuis un bon quart d’heure. C’est mon oncle qui m’a filé le tuyau, il l’a lui-même eu de la part d’un chef de gang du coin qui le tient d’un mec qui lui a soufflé le nom de la boutique avant qu’une balle ne lui explose le cerveau. C’est dingue tous les secrets qu’on est prêt à lâcher pour pouvoir sauver sa peau. Mais voilà un petit secret de malfrat, si le mec en face de vous pointe un flingue sur votre crâne rien ne pourra vous sauver. Pas même le nom de votre meilleur dealer, pas même la recette secrète des lasagnes de votre mama. Bref, on m’a rapporté que le mec qui gère cette boutique poussiéreuse donne aussi dans le trafic en tout genre. Art, drogue, le type est pas regardant. Exactement ce qu’il me faut pour me remettre en selle et attirer encore un peu plus l’attention du Patron et lui prouver qu’il a fait une erreur en se débarrassant de son seul et unique fils.

Les rues sont calmes ce soir, quelques touristes traînent sur les trottoirs en cherchant de quoi occuper leur soirée. J’ai laissé les clés du bar à mon oncle qui surveille un petit nouveau pour moi. Pas question de laisser les clés de mon bébé à n’importe qui. Surtout pas avant qu’il ai passé le test de sélection. Pointer un flingue entre les deux yeux de quelqu’un vous dit tout de suite s’il sera fiable par la suite ou s’il va vous enculer à la première opportunité. Au sens figuré bien sûr. La porte de la boutique s’ouvre sur les rires d’un couple, la femme tient un petit objet contre sa poitrine avec un air ravie sur le visage. J’allume une nouvelle cigarette qui ira bientôt rejoindre les trois mégots qui trainent déjà à mes pieds. Un nuage voluteux blanc m’entoure quelques secondes avant de disaprître pour me rendre de nouveau invisible. Depuis mon poste d’observation, je vois des personnes s’approcher de la vitrine puis faire machine arrière. Coup d'œil sur ma montre qui indique vingt heures. J’aspire ma nicotine, compte les minutes. Quinze nouvelles minutes sans qu’aucun autre client ne se manifeste. C’est donc à moi de jouer maintenant. Le tas de cendres à mes pieds s’envolent dans un coup de vent, laissant comme unique trace de mon passage des mégots brunis. Mes boots résonnent contre le trottoire puis sur la route alors que je me dirige d’un pas décidé vers le futur lieu de ma rédemption.

Je pousse la porte faisant vibrer une sonnette hors d’âge au-dessus de ma tête. C’est donc ça Treasureland. Une boutique sombre, des objets merdiques qui s’entassent les uns sur les autres, des étales en bois datées. Un vrai attrape-touristes qui doivent voir dans ce décor la nouvelle pépite angeline qui va faire un carton dans les prochains mois. J’imagine parfaitement le petit couple de tout à l’heure se vanter dans un dîner d’avoir découvert une charmante boutique hyper secrète qui vend des petits bijoux à des prix incroyables alors qu’ils sont sûrement repartis avec une boîte ikea repeinte en dorée qui ne vaut même pas cinq dollars. Je cligne des yeux pour adapter ma vision aux lieux seulement éclairés par des lampes disséminées un peu partout. Caverne d’ali baba dont la pénombre ne suffit pas à masquer que tout ce qui m’entoure pu le fake à plein nez. J’espère que ce que tu as dans l’arrière boutique est plus prometteur que ce que tu présentes à la vue de tous. Je m’avance jusqu’au comptoir quand ta voix attire mon attention derrière moi.

Je hoche la tête à ta demande, retourne vers la porte mais plutôt que repartir dans l’obscurité de la nuit, j’actionne le verrou et tourne le panneau vintage pour indiquer aux curieux que la boutique est fermée. Je ne veux pas qu’on soit dérangé pendant notre conversation. Les mains dans les poches, le corps qui cache assez d’armes pour tenir un siège, je m’avance doucement dans ta direction.

Je viens pas pour une transaction, compagno. Je viens juste discuter.

Mes pas longent une bibliothèque d’ouvrages qui semblent anciens mais dont les noms doivent faire mouiller toutes les nanas du coin. Comment passer un pacte avec la diable, Magie noire et bases du voodoo, Les secrets de l’au-delà. De quoi satisfaire ces influenceurs qui se prennent pour des sorcières des temps modernes. Mon épaules finit par s’adosser à la bibliothèque pour te faire face tout en restant à quelques mètres. Distance de sécurité, on n'est jamais trop prudent. Dans mon milieu, j’ai appris à ne jamais me fier aux apparences. Le plus innocent des visages peut se transformer en vil démon en un clignement de cils. Exactement comme toi. Tu n’es pas bien épais et pourtant, je préfère me dire que tu pourrais me bondir dessus comme un diable hors de sa boîte. Ton visage blasé cache peut-être des vices inattendus. Mon propre doigt glisse contre la cicatrice qui orne ma mâchoire, dernier souvenir laissé par le padre et rappelle de ce que je fous ici.

J’ai des trucs pour toi. Je viendrais te les déposer demain. Surtout des tableaux, quelques bijoux. Je te laisse cinq pourcents des ventes. Dix si tu écoules tout en moins d’une semaine.

Mon épaule retrouve sa mobilité, je m’arrache de mon coin pour avancer dans ta direction. Je laisse toujours trois pas entre nous, convention tacite des négociations, espace nécessaire pour pouvoir sortir le flingue qui se moule dans le creux de mon dos en cas d’embrouille.

Facciamo affari ? Deal ?

@Siegmar Luther
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#  (vince) hell's comin with me EmptyVen 24 Fév - 13:56
Pas besoin d'avoir fait les plus grandes écoles du monde ou les plus belles universités de la Ivy League pour comprendre en quelques instants qu'on partage quelques similitudes. Mes amis trouvent que je suis trop observateur, sans vraiment savoir que c'est tonton qui m'avait dit qu'on ne l'était jamais assez. Comme quand j'avais remarqué l'alliance neuve. Comme quand j'avais remarqué la cicatrice sur ta joue. Comme quand j'avais remarqué la façon dont certaines syllabes se mouvaient sous les impulsions de ta langue. La démarche, l'aisance dans une boutique inconnue, ton regard morne sur ce qui n'allait pas tarder à se couvrir du drap blanc. Et le surnom qui glisse, aussi. Italien. Curieux, tiens. J'avais la prétention d'avoir vu passer tous les italiens impliqués dans la pègre locale, mais ton visage à toi ne m'évoquait rien. Enfin, rien que je connaisse en tout cas, sinon, dans l'ordre : l'obscurité, les ténèbres, les trucs pas bons, les rouleaux de réglisse, les chewing-gums mentholés trop forts, genre menthe polaire ou une connerie du genre, et les smokings Armani. Mes doigts roulent sur le cran du flingue que je range dans ma poche arrière, couvert par la veste en jean, couvert aussi par le faux sourire qui se maintient, cape d'invisibilité à tous les vices. Je n'aime pas le ton que tu prends, comme si tu étais déjà en terrain conquis. Tu n'es pas le premier à te pointer ici en réclamant une part du gâteau, ou pire, la tarte entière. Mais tu n'es pas non plus le premier à qui j'ose siffler un non serpentaire, qui roule des écailles, longe les babioles antiques et les médiévales, se mire dans un miroir ancien, avant de venir s'étouffer le long de tes oreilles. Tu quittes l'ombre du soleil qui se couche pour t'approcher, et instinctivement, mon corps me dit de reculer. Je n'aime la proximité que le jour, en pleine lumière, ou le soir, quand c'est moi qui l'établit. Le reste du temps, elle est synonyme de menace, de danger, et je déteste à peu près autant ça que les mimiques de ton visage et cet air de grand propriétaire. "Non, pas deal." Ma voix se perd dans la boutique, résonne contre les murs, contre le rideau de perles, et mon sourire peine à ne pas fondre en une flaque glaciale sur le sol. Il y a pas mal de choses qui ne vont pas dans ta proposition. Déjà, les chiffres. Sans être le pro des mathématiques, sans même en avoir la prétention d'ailleurs, je sais que le marché ne tient pas debout. Tonton avait une maxime pour ça, qu'il sortait en toutes circonstances. Jamais moins de quinze. C'était devenu un truc que j'appliquais pas mal dans ma vie de tous les jours. Les courses, jamais moins de quinze produits, sinon c'était une perte de temps. Les sorties en club, jamais moins de quinze verres ou quinze convives. Quand tu mêlais les deux, pour peu que tout le monde respecte sa part du contrat, tu trouvais le beau chiffre de deux cent vingt-cinq verres - je retire ce que j'ai pensé, je suis un pro des maths. Les mecs, jamais moins de quinze. Pas la taille qui compte, tout le blabla habituel. Le cerveau matrixé peut-être par la représentation que je me faisais des relations sexuelles ; mais bref, tout ça, c'était pas tes affaires, et quelque chose me soufflait à l'oreille que dans tous les cas, affaire il n'y aurait pas si tu persistais à vouloir jouer les grands seigneurs, les rois du monde. Déplacement rapide pour adopter ma position préférée, encore et toujours, comme face à Tobias, à l'hôpital quand on se défiait du regard ; comme face à d'autres italiens qui venaient là les mains dans les poches, le cuir fringant et les bottines neuves pour réclamer un territoire sur l'empire de mon oncle. Le doigt qui s'agitait toujours, dressé, de gauche à droite. Refus net et clair. Je ne traitais pas sans faire un minimum confiance. C'était ça qui faisait en sorte que je ne sois pas encore décédé, le squelette sous une des cloches en verre dans un coin du cabinet de curiosités. C'était une autre des maximes du vieux, d'ailleurs. Ne s'entourer que de personnes qui ne lèveront leurs flingues qu'entre elles. Jamais sur moi. Je me foutais bien d'avoir une relation de fidélité avec la majorité d'entre eux, mes yeux ne jouant les papillons qu'avec certains chefs, certains officiers, certains types en noir et blanc, et uniquement dans l'optique de les garder à mes côtés puisqu'ils m'apportaient quelque chose. Les autres, c'étaient des petites sommes, des petits billets, en somme de la petite monnaie dont je pouvais me passer allègrement puisque les demandes affluaient - l'offre et la demande, pro des maths et de l'économie que je te dis !

Assis sur le comptoir, les doigts qui glissent sur la caisse enregistreuse en s'amusant du bruit métallique, je continue de te regarder par intermittence, t'observant comme si j'attendais mieux. Mais le silence s'étire, tu restes planté dans ma boutique sans sortir, alors je soupire et reprend la parole. Je déteste quand c'est à moi de faire les choses. "Je ne prends plus les tableaux." Trop de marchandises en stock, la peur de les confondre un jour ou l'autre avec une erreur d'inattention et de me retrouver moi-même dans un cadre de bois. Et puis j'avais promis aux Russes l'entièreté du marché des arts. Pas vraiment respecté, ce deal là non plus, puisque je continuais de recevoir quelques produits de leurs concurrents aux regards tout aussi assassins. Il fallait que je me sorte de cet étau là, et reprendre un nouveau pourcentage sur des tableaux était la pire idée qu'il soit. "Les bijoux oui, mais c'est pas suffisant pour établir un marché et me faire perdre mon temps." Les doigts qui arrêtent de jouer sur les touches pour revenir le long de mes jambes, l'air faussement désolé imprimé sur mon visage. "Surtout avec cette proposition-là. Si tu veux niquer quelqu'un dignement avec ta fausse marchandise, va au pawn shop en bas de la rue. Ils reprendront ta came pour trois fois rien et t'en tireras quand même un bénéfice, compagno." La tête qui penche pour t'observer. Tenter de sonder ta réaction. Tu me mets très mal à l'aise parce que t'as le regard fondamentalement noir, les iris qui ne trahissent rien du tout sinon que tu pourrais très bien être un de ces foutus cavaliers de l'apocalypse. Si t'avais cané à l'entrée de la boutique, j'aurais sans doute récupéré tes orbites pour les exposer, montrer à tout le monde ce qu'étaient les portes de l'Enfer. Vendu une petite histoire faite de ficelles et de flammes, d'ombres et de maléfices. Peut-être fait croire que t'étais un bijou de la Louisiane, un truc vaudou. Main qui vient gratter mon menton, me tire un nouveau soupir. "Et arrête de toucher à tout. Si tu touches, t'achètes, et t'as pas l'air du genre à vouloir une édition originale de bouquin." Délicate méthode pour te faire comprendre que je pense même que tu ne sais pas vraiment lire. Ou que tu m'as mis un peu en colère en rentrant avec tes bottes de sept lieues en pensant vraiment que j'allais accepter de vendre mon corps pour si peu, ou pire ; que j'allais réellement te laisser jouer de l'écriteau sur la vitrine comme si c'était toi qui avait les clefs de la boutique. Regard qui se perd sur ma montre. T'as les yeux noirs mais ça me met plus mal à l'aise que ça ne me fait peur. T'as pas l'air très dangereux. Pas comme les Russes, par exemple. Une aiguille se dessine dans la nouvelle pénombre. J'ai un peu de temps devant moi, et t'as dans tous les cas pas l'air déterminé à te tirer de l'échoppe. Nouveau soupir, de nouveau mon sourire commerçant qui se dessine d'une joue à l'autre, les dents dehors, dieu requin parmi les mortels. "Je te laisse une deuxième chance, mein hase. Je suis d'humeur conciliante. Est-ce que tu as mieux que des numéros aléatoires à me lancer ?" Je penche la tête de nouveau, redresse le cou pour t'analyser un peu plus. T'as pas l'air à l'aise non plus malgré tes airs de bad boy. Est-ce tu fais exprès de jouer sur cette partie-là ? Je ne peux même pas ricaner. Des types comme toi j'en ai vu des dizaines ici. Des centaines même. Des petites mains, toujours, mais toi t'as les prétentions d'un bras entier et c'est ça qui me fait douter.

@Vincenzo Di Natale
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#  (vince) hell's comin with me EmptyVen 24 Fév - 17:21
Partir du plus bas est la règle d’or dans les négociations. Ça permet d’évaluer son adversaire et de finir sur le montant qu’on pouvait réellement laisser filer. Pour être honnête, je ne m’attendais pas à beaucoup de résistance. Des mecs comme toi, j’en ai vu des centaines à Chicago. Avec mon père, il fallait payer ou on faisait tout cramer. La règle du jeu était simple. Mais j’ai envie d’imposer mon style à Los Angeles. Et puis, je n’ai pas assez d’hommes pour faire cramer tout ceux qui refusent de collaborer. J’ai réussi à réunir quelques fratelli autours de moi mais ceux qui croyait au retour du petit prince n’était pas encore assez nombreux pour prendre possession d’un quartier de la ville. Toutefois, tu n’es pas censé savoir que je fais cavalier seul et ton ignorance peut jouer en ma faveur. Je te laisse me prendre de haut, jouer au plus malin dans ta boutique, tout pour te mettre en confiance. Je sens le début d’une crise me picoter le bout des doigts et me concentre plus sur l’air qui gonfle mes poumons que sur tes mots. Péter un câble et devenir fou de rage, au sens propre du terme, ne serait pas une bonne façon de commencer notre relation professionnelle. Tu pourrais mal prendre le fait que je repeigne les murs avec ton sang. Non vraiment, soyons plus civilisés que ça. Je ne peux pas non plus me permettre de reprendre un traitement sous peine de me transformer en zombie alors je respire, tranquillement, doucement. Mon père m’a dit bien pire que ça, je peux résister à tes assauts en gardant mon sourire arrogant plaqué sur les lèvres.

Mon doigt se retire du livre qu’il était en train de juger pour se tourner dans ta direction. Je hoche doucement la tête, les lèvres serrées pour contenir un rire qui ne te mettrait pas dans les meilleures dispositions pour accepter ma requête.

Les âmes du purgatoire, publié en 1947. Je peux voir d’ici que le cuir utilisé date de vingt, aller trente ans max pour être sympa. L’édition originale à six nerf sur la reliure, je n’en vois que trois. Et ma petite sœur aurait fait un meilleur boulot pour les ornements. Alors ne te fous pas de moi avec ta pseudo édition originale.

Je laisse la bibliothèque derrière moi pour venir te rejoindre face au comptoir. Les mains toujours bien au chaud dans les poches de ma veste pour tenir à distance la crise qui menace de me faire vriller. Je me plante à quelques pas de toi, te laisse me surplomber encore un peu. Mon regard reste fixé sur le tien, n'osant pas observer le reste de ton corps plié en deux sur le comptoire de peur d’une mauvaise interprétation. Depuis l’incident, je me montre très prudent à ce sujet. Ce serait bête de faire foirer le plan parfait que j’ai élaboré dans ma tête avant même qu’il ne soit arrivé aux oreilles de mon père. Parce que si mes exploits vont mettre un peu moment à remonter toute la chaîne de l’Outfit, un seul pas de travers avec un homme et je suis bon pour me jeter tout seul dans l’océan, un bloc de plomb autour des pieds. Si on ne me colle pas une balle entre les deux yeux avant. D’un mouvement du menton, je désigne l’endroit où tu as décidé de t’asseoir.

Si j’étais toi, je ne m'asseyais pas avec une arme dans la poche arrière. Un accident est si vite arrivé. Et si tu veux avoir le temps de me tirer dessus avant que je le fasse, je te conseille de retirer la sécurité.

Clin d'œil amical pour le moment. Si je tâtonne encore dans les missions en solo, tu n’as pas l’air d’être plus à l’aise que moi, malgré ton sourire à tout épreuve et tes remarques acerbes. Je tire une chaise que tu dois vendre comme l’une des sept merveilles du monde. Je commence à bien cerner ton personnage, du moins celui que tu as façonné pour les touristes et les mecs que tu ne prends pas au sérieux, comme moi. Je m’installe en face de toi, croise mes jambes et fait réapparaître mon éternel sourire, du genre qui fait plus penser à American Psycho qu’au prince charmant.
Alors, mio pulcino, qu’est ce qui t’intéresse ? Et sois un peu sérieux s’il te plaît, je n’ai pas envie de devoir m’énerver et crois moi, tu n’en a pas envie non plus.

Le problème avec mon trouble c’est qu’il pouvait me faire passer du Docteur Jeckyl à Mister Hyde en quelques secondes. Ce serait douloureux pour moi, terriblement mais aussi pour toi à n’en pas douter alors autant garder une ambiance cordiale le plus longtemps possible.

Et si tu arrête de me prendre pour un cazzo, je peux monter à quinze si tu es efficace mais il va me falloir des garanties. Je peux te rapporter pas mal d’argent et j’ai besoin d’un contact fiable pour écouler de la marchandise sur L.A. C’est dans ton intérêt de bosser avec moi, tu sais ce qu’on dit, il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier. Et de qu’on m’a dit, ton panier empeste la vodka pour le moment.

Mon ton reste calme et cordial pour exposer mes arguments. Tu as toujours la possibilité de me foutre dehors mais ma proposition est honnête. J’ai besoin de poser les premières pierres de mon futur empire et toi, tu te fais des billets au passage. Les clients du bar sont très bavards après plusieurs verres et je peux presque obtenir n’importe quoi. Reste à savoir ce qui te branche puisque la facilité de l’art est un marché que tu gardes pour d’autres. Ca aussi, je le savais. Je devais trouver un moyen de tester ta fiabilité professionnelle sans griller mes cartes trop vites.


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#  (vince) hell's comin with me EmptyVen 24 Fév - 23:59
Je t’écoute en silence, l’air vaguement fasciné quand tu décryptes le tome sous tes yeux. Pas une édition originale ? C’est bien mal t’y connaître. Jouer les grands seigneurs amateurs de belles lectures ne te donnera pas de nouvelles épaulettes dorées, et au contraire, ça m’agace un peu plus encore. Je connais chaque article de mon inventaire, absolument chaque artefact. Tu aurais décalé le regard à gauche, m’aurait questionné sur l’édition originale du Voyage au centre de la Terre, là j’aurais pu tiquer, t’adresser un grand sourire et peut-être même t’applaudir. Mais que tu te vantes de mieux connaître mes reliures que moi relève presque du domaine de l’insupportable. Je reste assis, le dos bien droit, te fixe quelques secondes en silence. Puis je ronge l’index gauche. Tonton disait qu’aux yeux des autres ça voulait dire que j’étais stressé. Mais non. Chez moi c’était l’inverse. Je ne m’attaquais à ma peau et à mes morceaux d’ivoire que lorsque j’étais pleinement à l’aise. Là, tout de suite ? J’étais dans l’obligation de reconnaître que c’était un entre deux. J’étais bien au milieu de mes bouquins anciens, les vrais et les faux, au milieu de mes sculptures, de mes poteries, de mes peintures. Sur les étalages il y avait celles ramenées par les contacts forgés par la famille Luther et moi-même au fil des siècles et des amitiés, et celles qui l’avaient jamais été récupérées par les petits criminels comme toi, qui devaient penser que mes hangars faisaient office de vide meubles. "Manque de bol, fratello, t’aurais déporté ton regard à quelques centimètres vers la gauche, j’aurais abdiqué et t’aurais félicité pour ton œil expert. Cette édition là est originale. Mais tu as de l’imagination, c’est chouette." Doigts qui viennent former un petit tourbillon le long de mes tempes, sourire qui redouble, l’air de te dire qu’on doit bien s’amuser au cœur de ton crâne. Tu m’avais balancé ta fiche technique avec tellement d’aplomb que j’aurais pu tomber dans le panneau. Mais des menteurs j’étais le prince, alors je connaissais nos signes distinctifs, je savais comment distinguer une fable d’un récit véridique. Ce livre là était la preuve certifiée que tu savais mentir, ou du moins que tu n’avais pas honte d’essayer. Mais tu n’étais pas venu te perdre dans la poussière dorée pour discuter reliques et tu t’étais bien chargé de me le rappeler en t’approchant à pas de fauve. Je soulève une cuisse, puis deux, bascule des deux côtés doucement sans tomber. Non. Ça va, je suis bien assis. Pas de problème de conscience. Les lèvres qui se retroussent sous mes dents par contre quand tu suggères les prémices d’une agression. "Tout doux, le tigre italien. C’est filmé ici. Si tu t’approches de trop près, on te retrouvera. Vas-y mollo sur les menaces." L’envie presque de grogner un peu pour m’amuser. Tu ne me fais pas peur. Pas plus que les types qui avaient décidé de barder leur poing sur mon visage quelques fois. Pas plus que ceux qui dégainaient une arme et finissaient par la ranger en voyant que je ne frémissais pas. Les Luther n’ont pas peur de la mort. Ils ont toutes les reliques et tous les élixirs pour une seconde vie. Alors je te laisse t’approcher un peu encore, voit sous tes yeux la mesure de la distance de sécurité. Tu la respectes pour l’instant, à défaut de me respecter moi. Je ne sais pas ce que tu penses de l’endroit, je m’en fous pas mal. Mais j’ai une réputation à tenir, et tu sembles me prendre pour le clown de service. Des petits princes comme toi tombent toutes les semaines, et leur cortège n’a rien de royal. Même les draps noirs finissent à la poubelle, irrémédiablement. Alors que Treasureland est l’un des cent cœurs de la pègre. En avoir les clefs, c’était la garantie d’une signature sur nombre de contrats. Sans compter l’entente avec les grandes familles locales, avec l’administration, la justice. C’était un milliard de porte clefs différents, et sur l’anneau métallique dansaient procureurs, agents de police, héritiers de gang, richissimes jet-setters… Autant dire qu’un type comme toi, fusse-t-il couvert d’Armani ou d’un sourire de fossoyeur, ne m’effrayait pas le moins du monde.

Tu tires une chaise, je grince des dents en même temps que le parquet, et je te regarde t’asseoir, faussement à l’aise. Puis tu reprends ton ton d’empereur, t’attendant à ce que tes petites démonstrations de force me fassent faire tapis, me mettent à genoux devant toi, à te supplier de bien vouloir m’accorder tes bijoux de pacotille. Pas de chance encore une fois - et dieu savait à quel point je croyais en la chance -, je ne comptais pas salir mon pantalon ou souiller l’entrepôt d’un contrat sans confiance. Nouvelle menace murmurée sous tes dents à la blancheur parfaite, petit ange italien qui adoucit son ton pour me donner l’illusion d’un pouvoir omnipotent. Je réprime un sourire. Pas mal, l’image de la vodka. Mais si tu penses que mon bar ne propose qu’un alcool… "Qu’on soit clairs, amigo… Formule encore une seule menace et non seulement je te sors d’ici, mais je m’assure de mettre en pause tous mes échanges cordiaux avec mes amis italiens tant qu’ils ne m’ont pas ramené ta belle gueule sur un plateau." Je détestais m’énerver. Détestais jurer. Mais tu me poussais dans mes retranchements alors même que je t’avais proposé une seconde chance. Tu crachais dans la main tendue, et pour ça, mon oncle t’aurait déjà planté une dague dans le coeur, ou des sangsues sur les jambes. Il était inventif, créatif, et moi sacrément saoulé, alors je dégainais un écouteur, le plaçais dans mon oreille droite. Que la musique pour apaiser mon âme, mes tourments, me soutirer des tortures que la colère s’amusait à m’infliger. À nouveau Skeeter Davis qui remplit mon tympan, alors que je ferme brièvement les yeux, le temps d’une longue inspiration. "Là où tu te trompes, c’est que tu es venu frapper à ma porte. Je ne serais pas venu frotter mes pieds sur ton paillasson si tu ne t’étais pas jeté à Treasureland par toi-même. Je n’aurais même sans doute jamais connu ta frimousse souriante et bordel, qu’est-ce que ça aurait été mieux. Ton sourire fout la chair de poule, mais pas dans le bon sens." C’était pas vraiment un aveu de faiblesse puisque mon sourire carnassier continuait de ponctuer chaque mot. "Alors soit tu te détends et tu acceptes que c’est toi qui me démarche et que je me porte très bien sans tes offres ridicules - puisque oui, tout ce qui est en dessous de trente pour cent est ridicule - soit on arrête là, et tu te tires de chez moi avant que mes copains soviétiques ne décident de t’offrir une petite chirurgie." Haussement d’épaules. La musique n’avait visiblement pas suffi cette fois. Instant qui se prolonge dans le temps, silence absolu. "Tu ne bouges pas donc tu as probablement mille plans de meurtres ou alors enfin la petite étincelle qui nous permettra de faire des merveilles. Alors on va reprendre du début. Comment tu t’appelles ? Tu représentes qui ? Et surtout…" Éclat de rire, ma main qui se détend, l’écouteur qui retourne dans la poche. "Surtout, tu arrêtes ton stratagème ridicule pour gonfler les chiffres et donner l’illusion d’une négociation. Ici, ça tourne pour trente cinq pour cent. Jamais moins avec les inconnus." Un sourcil haussé, je guette tes réactions. Sieg l’enfant insupportable, comme on m’appelait quand je négociais moi le prix des petits pains, des barres chocolatées, puis plus tard, mon abonnement à la salle de sport. J’avais toujours réussi : j’étais reparti avec un sachet de viennoiseries, un paquet entier de Snickers que j’avais dévoré, puis l’accès en toute liberté aux machines de musculation contre un magnifique tableau qui trônait le long d’une salle de gym. Tu n’étais pas le premier à entrer ici avec de belles revendications, et pourtant jusque là tu étais celui qui avait le plus merdé. Je ne sais pas pourquoi je t’avais laissé le bénéfice de la chaise, ni celui d’être resté ici. Peut-être que j’avais envie de t’entendre car les jeunes étaient rares ici. Peut-être qu’assister à la naissance d’une nouvelle dynastie avait quelque chose d’excitant. Ou bien peut-être que je voulais voir jusqu’à quel point tu pouvais débiter des conneries en étant persuadé d’avoir la bonne démarche.

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#  (vince) hell's comin with me EmptyMer 1 Mar - 16:55
Ma veste en cuir grince contre le dossier de la chaise que je fais valser dans les airs. Mon regard ne te quitte jamais, pas même le temps d’un battement de cils. Je m’étais retrouvé avec un flingue entre les deux yeux pour moins que ça mais dans ma position, j’étais obligé d’y aller vite et fort. Pas le temps de négocier, pas le temps pour jouer aux gentils alors que j’ai le bout des doigts qui me démangent sévère. La crise va bientôt se pointer, trouble que je refuse de soigner à grand coup de pilules colorées. Si je veux retrouver mon trône, je dois être un serpent pret à étouffer sa propre famille s’il le faut, et non un putain de légumes qui pourrait se faire trancher la gorge sans sourciller. Je bouge doucement les doigts, mélodie imaginaire qui sort des paumes et qui m'empêche de me transformer en diable de tasmanie au milieu de tes reliques. Les crises ne sont pas belles à voir, c’est violent, brutal, sans pitié et terriblement dévastateur. Sûrement plus pour moi que pour les pièces que je ravage. Un jour, mon cœur s’arrêtera purement et simplement de battre pendant une explosion. Mais en attendant, je continuerai de me battre, chaque putain de secondes pour ne pas crever seul à Los Angeles alors que je mérite plus que quiconque de régner sur Chicago.

Très bien, Amico. Tu veux marquer ton territoire, je respecte. Mais garde tes menaces pour toi parce que je t’assure que tu as envie que je m’énerve dans ta boutique.

Ce n’est pas une menace, juste un fait. Je sens les nerfs de mon trouble se déployer dans mes bras, remonter le long de mes veines, s’attaquer à ma poitrine. Ça ne va plus tarder. Je te regarde mettre une oreillette pour balancer de la musique dans ton crâne et je suis obligé de serrer la mâchoire pour ne pas faire pleuvoir une pluie d’insultes sur ton corps bien trop confiant. J’ai déjà été rabaissé, par mon père, chacun de ses hommes et même par le reste de ma famille. On m’a craché à la gueule, insulté de tous les noms, battu jusqu’à ce que je perde connaissance. Hors de question que je laisse les événements se reproduire. J’ai tiré un trait sur beaucoup de choses, refoulé encore plus de truc mais je tiens à ma dignité. Alors je hoche doucement la tête, agrandit ce sourire que tu sembles tant détester et me lève. Je refuse de te donner mon nom pour le moment. Si tu as vraiment des contacts avec la mafia locale, tu as peut-être entendu parler du petit prince déchu pour avoir rejoint le lit d’un autre prince de la nuit. Avec une crise prête à éclater, ce ne serait pas dans notre intérêt d’aborder les sujets qui fâchent maintenant. Enfin, je ne compte pas aborder ce sujet. Ni avec toi, ni avec personne. J’ai rayé ce trauma de ma mémoire, me concentre uniquement sur le présent et le futur que je veux dessiner à ma manière.

Tu peux m’appeler Vince et je ne monterai pas au-dessus de vingt pour cent. Si tu peux te passer de la communauté italienne pour faire tourner tes affaires, tant mieux pour toi Fratello. Si tu changes d’avis, j’ai un bar sur Venice. Tu peux me trouver au Masquedana tous les soirs.

Je jette un dernier regard circulaire autour de moi avant de reposer mes prunelles sur ton corps qui n’est toujours pas descendu de ton comptoir. Je ne suis peut-être pas encore reconnu dans les rues de L.A. mais les quelques gars de l'Outfit qui traînent en ville sont derrière moi. On est bien moins nombreux que les russes, c’est un fait mais on a une part de marché à revendiquer. Mon père t’aurait déjà descendu, ton corps gisant dans un lac carmin à la première insulte que tes lèvres auraient osé formuler. Mais je ne suis pas mon père. Et mon instinct me dit qu’on a quelque chose à faire tous les deux. Je ne sais pas encore quoi, je ne sais pas encore dans quel contexte mais je sais qu’on peut faire de l’argent si on devient allié plutôt qu’ennemis. La balle est dans ton camp maintenant. Si tu choisis de refuser mon offre, je ne viendrais pas me rouler à tes pieds. Si j’ai survécu à ma mise à mort, ce n’est pas pour me faire volontairement abattre par un affabulateur, aussi doué soit-il.

Oh et si tu veux un souvenir de ma belle gueule, suffit de le demander.

Je ponctue ma dernière phrase d'un clin d'œil appuyé suivit d'un éclat de rire qui suit mon ombre jusqu'à la porte que je déverrouille du bout des doigts. Sourire séducteur au bout des lèvres que j'offre à une jolie jeune femme qui rougie jusqu'au bout des joues. Je t'offre un signe de main sans même me retourner car tu pourrais alors voir l'étincelle de la folie briller dans mon regards, tu pourrais voir ce que je cache depuis toujours, tes yeux bien trop habitués à déceler les fissures dans les plus authentiques statues.

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#  (vince) hell's comin with me EmptyMer 1 Mar - 18:24
On dirait que j'ai bien malencontreusement porté un coup à la jugulaire, puisque je vois tes poils se dresser sur tes bras sans que tu n'oses les lancer en l'air, sans doute terrifié à l'idée qu'on puisse te retrouver grâce aux caméras imaginaires qui ne sont disposées nulle part. C'est le genre d'erreur qui me donne raison de ne pas descendre en dessous des trente pour cent avec toi. Le genre d'erreur qui me fait dire que c'est dangereux de s'associer aux débutants quand ils pensent maîtriser la vie. Parce que si tu avais réfléchi deux secondes au lieu de jouer les beaux reflets, les cadors, tu aurais vite capté que je ne pouvais pas enregistrer ce qu'il se passait ici pour la simple et bonne raison que la boutique est un hall pour la pègre. Un hall qui accueille nombre de bals, de carnavals en tout genre aussi. Les Russes n'aimeraient pas qu'on les voit sans costards se faufiler jusqu'à la remise, puis jusqu'au hangar. Mes rares amis Italiens non plus, même si tu leur faisais une sacrée mauvaise réputation et que c'était une raison supplémentaire de ne pas descendre en dessous d'un partage strictement bénéfique à ma cause. Je ne voulais pas vexer ceux de mes collaborateurs qui avaient vu les draps blancs se dresser à leur entrée depuis plusieurs dizaines d'années. Déjà, parce que j'étais un type fidèle, le prouvait bien ma tentation à ne plus aller me perdre dans des dizaines de pieus ces derniers mois. J'attendais de trouver la personne qui siègerait à mes côtés sur le trône du crime, ou mieux encore, quelqu'un qui fermerait les yeux, saurait se protéger de son côté et reviendrait m'aimer à chaque crépuscule. Parce que je ne voulais pas risquer la vie des êtres aimés. C'était pour ça aussi que je ne m'attachais à aucun des chefs de gang. Ils pouvaient être jetés en moins d'un tour de bras. Je n'avais pour attache que le fric qu'on échangeait, que les belles oeuvres d'art ramenées ici et là, que les histoires farfelues que les petites mains me racontaient le temps d'une clope, entre deux livraisons. Et puis, en seconde raison, je ne voulais surtout pas que ce soit ma tête à moi qui joue les plats de résistance sur un plateau d'argent. Tonton Ray avait réussi à échapper à toutes les menaces, à toutes les tentatives de meurtre, et pour l'instant je m'étais plus bien débrouillé aussi, alors c'était hors de question de me laisser subjuguer par un type qui débarquait avec sa veste en cuir, ses bottes lourdes et son envie de détruire l'empire construit sur deux générations. Vince de Venice. J'avais contenu mon sourire, l'avait empêché de s'agrandir, parce que je ne voulais pas que tu me jettes la porte dessus. "Oui, allez, bisous du coup. Dis pas au revoir, baltringue." Index qui va de gauche à droite pour chasser la cliente qui essaie d'entrer. Cette fois-ci, c'est fini. Je passe aux rendez-vous du soir, et elle n'avait pas tout à fait l'air d'être Ivan ou Igor, l'un des deux grands Russes qui devaient venir décimer un carton ou deux dans le hangar ce soir - question transport, c'était moins pratique, mais bon, je les laissais gérer. De toute façon, ils n'arriveraient pas avant une heure et demie. Ça me laissait le temps de réfléchir, ou bien d'écouter un peu de musique en pionçant sur un canapé qui ne venait pas de Versailles malgré ce que j'aimais raconter. Finalement, j'avais opté pour un mélange des deux. Une oreillette, et le bras derrière la tête, une fois que le rideau blanc était venu couvrir tout ce qui coûtait cher dans le cabinet. Pas un bruit pour me réveiller ou troubler les musiques que je ne connaissais que trop bien, jusqu'à ce que la porte s'ouvre sur deux types qui rigolaient fort. Impossible de savoir combien de temps j'étais resté à somnoler. Sans doute trop longtemps. Mais c'était pas grave. Poing adressé qu'ils checkent chacun leur tour, et la valse reprend, comme tous les soirs. Rideau de perles qui tinte, je parle fort, eux encore plus, et je les emmène vers le hangar. Il y a trop de cartons, trop de caisses, trop de colis indiscrets et dangereux, et pourtant ils reconnaissent directement ceux qui les intéressent. C'est toute une logistique sous l'ampoule qui grésille. Il n'y a que les Russes qui ont un coin entier, pour qui tout est regroupé. Ils ont la marchandise la plus fragile et les bras les plus gonflés ; deux raisons de se méfier un peu plus d'eux que des autres, donc. Ils saisissent les caisses de la soirée, sans même soupirer malgré le poids - j'ai eu besoin d'un diable à roulettes, eux, seulement d'un biceps et demi -, et ils disparaissent par la grande porte de l'entrepôt, en échangeant quelques dernières blagues dans cette langue étrange. "A plus, les gars !" Je hausse les épaules. J'oublie toujours qu'avec eux c'est rapide. Ils ne s'attardent pas dans le coin, ils ont trop de trucs à gérer, leur business roule bien et leur chef aime être entouré de ses troupes au coeur de la nuit pour jouer au poker, boire de la vodka et faire venir des filles au rythme des batteries. Un chic type.

Les rendez-vous s'enchaînent, un Argentin passe récupérer une commande qu'il aurait dû venir chercher il y a deux jours, me donne des explications farfelues, alors je hausse le ton, la voix part dans le toit de l'entrepôt, les mains qui suivent mes menaces d'impacter leur marché entier s'ils continuent de déconner, c'est la troisième fois et ça commence à m'emmerder. Il s'excuse platement, récupère ses sachets de blanche et se tire. Je déteste me mettre en colère. Mais ce soir, vous faites tout pour. La suite de mon plan s'enclenche quand je ferme la porte pour de bon, m'éloignant dans la rue avec le dernier type, un tatoué qui a grandi ici et dont j'arrive pas à retenir le prénom. On discute, il part sur sa moto et je récupère la mienne pas trop loin, sans qu'il puisse me voir. Je refuse qu'ils sachent mon immatriculation, ou même qu'ils devinent que je dors juste au-dessus de leurs précieux artefacts. Je veux pas leur donner ce pouvoir. Mon appartement est secret, ceux qui y pensent ont mille théories, me voit au bord de la plage ou le long du panneau Hollywood, légendes urbaines qui continuent de courir depuis que Ray les a distillé dans toutes les oreilles. Il voyait ses amantes dans des ruelles, dans des motels, dans des soirées louches, mais jamais chez lui. Chez lui, il n'y avait que lui. Rarement. Comme moi. On n'a pas besoin de dormir, nous, les Luther. Le sommeil c'est une perte de temps, on fait quelques siestes dans la semaine, et ça suffit largement. J'ai dormi près d'une heure sur le canapé, toute à l'heure, et je sais que je suis paré pour deux jours. Deux roues qui dévalent les rues, mon téléphone qui crie des instructions avec la voix insupportable de l'agent. Un SMS envoyé. Je comptais bien débarquer à trois, avec deux potes qui ne sont pas du business mais qui m'auraient donné un avis sans doute cinglant sur ton petit club. Mais ils sont pris ce soir. Je serais seul, et désespéré quand je me rends compte que l'enseigne est pas si miteuse. C'est même plutôt cool. Je reconnais le videur, lui adresse un sourire, prend des nouvelles de sa femme et du gamin à venir. On discute cinq minutes, ça hurle derrière, il fait dégager le plaignant de la file, et je me faufile dans ton antre. J'aime pas me jeter dans la gueule du loup. Mais l'ambiance est sympa, ça résonne dans tous les sens, y a des rires, des bonnes batteries, des guitares, et je pourrais presque me risquer à danser si j'étais pas là pour te siffler quelques phrases cinglantes à mon tour. Je te trouve nulle part, je cherche pas beaucoup, je sais que tu finiras par t'avancer toi-même, en attendant je me faufile jusqu'au bar, échange quelques regards et quelques poignées de main, petit prince de toutes les planètes de Los Angeles qui rencontre son peuple avide d'herbes, d'art et de coke. Un tabouret en cuir qui se libère quand j'arrive, la belle occasion ; je commande un whisky, l'attend en sifflant l'air qui jaillit par les enceintes, et puis je te vois au loin. Je penche la tête. Hésite une seconde. Et comme un signe, ça se libère aussi à côté de toi. Mon verre roule sur le comptoir, atterrit à quelques millimètres de la cible que j'avais envisagé au départ. Reste bien droit, puis rejoint mes mains. "Pas mal. Rien à dire." Une gorgée, pas une grimace, rien. Je m'attendais à ce que ça brûle plus, comme le whisky industriel, mais non, ça coule, ambre artisanale sans doute. Dans les règles de l'art. "Je venais chercher un souvenir de ta belle gueule, comme convenu de l'autre côté de la ville." Je hausse les épaules. "Mais bon, finalement je crois que je m'en passerais. J'avais oublié deux trois détails sur ton visage, genre ton air flippant." Je finis mon verre d'une traite, bouge la tête quelques secondes. Tu ne le sais pas encore, mais ce que je m'apprête à faire est infiniment plus humiliant pour moi que si je m'étais mis à genoux en te suppliant de m'accepter, sur le sol qui ne colle curieusement pas. Plus humiliant aussi que quand je faisais semblant de maîtriser le russe, l'espagnol, ou le chinois. Ça amusait toujours les gars qui passaient par chez moi, ils essayaient de m'apprendre deux trois mots, mais ça s'arrêtait généralement au bonjour, au revoir. "Vingt-sept pour cent. Et tu respectes à la lettre les horaires que je te file pour déposer ta came. Je prends la thune quand ça part de chez moi, pas de retard de paiement, pas de crédit." Signe au barman, je me détourne quelques secondes, continue à parler le temps qu'il arrive, mes mots qui partent par-dessus mon épaule. "Et surtout, Vince de Venice, tu arrêtes de jouer les caïds parce que ça te va pas du tout. T'as un bar sympa, une belle part de marché, et t'es plutôt beau gosse si on te regarde pas dans les yeux..." Je commande un second whisky on the rocks. Tonton disait toujours qu'on conduisait mieux au troisième verre, c'était un chauffard dégénéré, un risque sur la route, mais je marchais plus vite. Une balade au clair de Lune, dans quelques heures, allait me suffire pour décuver. "... Donc jouer les enfoirés ça t'apporte rien du tout, on a juste vraiment très très envie de te faire du mal. Mais t'as de la chance, je suis pas d'humeur agressive, la preuve en est que je suis venu boucler le marché avec toi. Ça roule ?" Un sourcil dressé, une gorgée, celle-là pique un peu plus, mais c'est parce que je ravale un peu de ma fierté juste pour me gargariser d'avoir peut-être contribué à l'aube d'un nouveau royaume. Stupide complexe du créateur. Il allait me perdre. Genre dans dix ans, quand je me retrouverais enchaîné par contrat avec chaque putain de riverain. Je secoue la tête, le met sur le compte de la musique qui prend fin, une autre commencera dans pas trop longtemps. J'ai capté les vibes globales de l'endroit, j'aime bien, mais c'est typiquement le genre de confessions qui vont s'étouffer contre les glaçons, parce qu'il est hors de question que je te fasse sourire avec ta gueule de meurtrier.

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#  (vince) hell's comin with me EmptyJeu 2 Mar - 15:00
Je quitte la boutique en laissant tes mots se répercuter dans mon dos. Sourire qui orne mes lèvres et léger éclat de rire que je laisse s’évader une fois que je suis assez loin pour qu’il n’arrive pas jusqu’à tes oreilles. J’ouvre la portière de ma Mustang noir de jair, pure style américain, pure folie que je me suis autorisé avec les premiers bénéfices du club. Le bout de mes doigts picote toujours, mes paupières s’ouvrent et se ferment de façon frénétique. Il faut que j’éloigne la crise alors je souffle par la bouche et répète le même rituel depuis de nombreuses années, un truc de psy pour s’ancrer à la réalité et ne pas laisser la colère complètement ravager mon cerveau. Je serre mes mains autour du volant, serre fort jusqu’à ce que mes jointures deviennent blanches. Je souffle, ma poitrine comprimée par la crise qui tel un monstre des fonds marins, étend ses longues tentacules dans tout mon corps. Ok, cinq choses que je peux voir c’est facile. Des petites tâches noires brouillent ma vision mais je peux voir la corne de taureau qui pends à mon rétro et qui est censé éloigner le mauvais oeil, je peux voir l’enseigne lumineuse d’un pawn shop, sûrement celui que tu as évoqué quand tu m’as envoyé ma première proposition en pleine gueule. Ma salive a dû mal à passer la barrière de ma gorge, je m’y reprend à deux fois pour l’évacuer avant de reprendre mon exercice. Encore trois choses, je tourne la tête autour de moi, le monde valsant dangereusement sous les bouffées d’angoisse qui accompagnent la crise à venir. Je peux voir un vieux tickets de cinéma sur la route, un corbeau noir qui me toise depuis le toit d’un magasin et un paquet de clope abandonné sur le tableau de bord, surement vide, vestige d’une matinée passée à regarder les vagues s’écraser inlassablement sur le sable. Première étape bouclée mais la crise est encore là, je la sens dans ma nuque. Quatre choses que je peux entendre. Je ferme les yeux, me sens vraiment comme un gros con à faire les mêmes exercices que quand j’avais quinze ans et que je réduisais en miette la décoration de ma mère tous les deux jours. Je peux entendre les voitures qui me dépassent, le bruit d’une moto qui démarre au loin et… La suite va vite, un nerf se tend dans ma nuque, ma vision passe au rouge et mon crâne percute violemment le volant. Une zébrure carmin recouvre le tableau de bord alors que mon grognement enfle dans la voiture. Ma tête se redresse, tourne le rétroviseur pour constater les dégâts. Mon arcade à éclaté. Soupire face à cette scène qui se répète encore et toujours. Je pourrais toujours dire que tu as été dur en négociation, tout plutôt que d’admettre que je me casse la gueule tout seul comme un grand. Les tentacules de colère reculent, je me reconcentre sur ma tâche. J’allume le moteur, met de la musique et tourne la tête en direction d’un mec bourré qui chante Singing in the rain en passant à côté de ma voiture. Pas besoin de passer à l’étape trois, le calme revient dans ma tête. Je trouve un mouchoir dans la poche de ma veste, l’applique sur mon visage, étale le sang plus que je ne l’absorbe et retourne dans mon quartier. Ce soir n’était pas un échec, ce n’était pas une victoire non plus mais on en a pas fini toi et moi, j’en suis persuadé. J’augmente le son de la radio, dévale les rues à pleine vitesse pour ne pas rater l’ouverture du bar.

Je gare ma voiture sur le parking réservé au personnel à l’arrière du club et me faufile sur le côté pour vérifier l'entrée. Une queue se forme déjà sous le néon rouge qui propulse le nom de l’établissement dans toute la rue. On a mis le paquet pour annoncer le groupe de ce soir, des petits jeunes qui se la jouent swing rock à l’ancienne. Une bonne soirée qui s’annonce et une belle rentrée d’argent pour moi. Satisfait, je fais machine arrière, pénètre dans le bar, fait le tour des employés pour leur glisser à chacun un mot sur leurs tâches de la soirée et les encourager à affronter la foule à venir. Ce club c’est mon bébé, j’y tient plus que tout. Figure de proue de ma réussite naissante à Los Angeles, site internet que j’envoie au paternel pour lui montrer que j’ai su me relever. Mais la musique n’est pas assez bien pour l’Outfit, je le sais pertinemment, d’où mon besoin de me glisser dans des combines un peu moins légales, un peu moins brillantes. La prochaine photo sera celle de ma charmante fiancée. Si avec ça le Padre ne craque pas, je n’aurais plus qu’à me mettre à la recherche d’un foutu plan F, les premières lettres de l’alphabet ayant été des échecs cuisants. La foule envahit les lieux, la brouhaha augmente pour couvrir la musique de fond. La chaleur monte d’un cran, m’obligeant à virer ma chemise pour rester avec un simple t-shirt noir qui retombe sur mon jean de la même couleur. Le groupe de ce soir monte sur scène, déchaîne la foule et la soirée se lance à la perfection. Le bar tourne bien, les gens s’amusent, L.A. vibre au son du rock'n'roll et putain de sourire s’agraffe à mon visage qui porte encore les stigmates de mon début de soirée.

Je suis à mon poste, derrière le bar, en bout de comptoire où j'ai servi quelques verres pour absorber le coup de feu et ravitailler les fêtards en bières. Ceux qui préfèrent l’alcool fort restent au bar pendant que les autres renverse leur mousse autour de la scène. La carrelage qui colle est un signe indéniable de bonne soirée, et celle-là ne fait que commencer. Une jolie blonde au décolleté plongeant me commande un cocktail sûrement repéré dans son dernier numéro de cosmo. Le nez sur mon téléphone pour dénicher la recette et ne pas passer pour un con, je reviens avec un verre multicolore qu’elle m’échange contre son numéro. J’accepte de lui laisser quelques billets, fait mine d’être intéressé par son manège pour donner le change. Sourire charmeur, toujours en train de baratiner une jolie femme, j’ai batti ma réputation à grand coup de cocktails et de drague à l’italienne. La blonde quitte son tabouret en riant et c’est une ombre inattendue qui se glisse à sa place.

Déjà de retour fratello, fais gaffe où je vais commencer à croire que tu l’aimes vraiment ma belle gueule.

Je t’adresse un nouveau clin d'œil en espérant augmenter mon capital flippant. Je ne suis pas fan des sous-entendus surtout en présence de traditore qui font remonter mes faits et gestes à mon paternel. Les murs ont des oreilles et ici c’est un putain de champs d’esgourdes alors autant rester sur mes gardes et ne pas faire foirer le seul de mes plans qui se passent sans accrocs. J’appuis mes coudes sur le comptoir, braque mon regard d’obsidienne sur toi et écoute ta proposition. Je me retiens de sourire et garde mes blagues pour moi. Tu serais capable de jouer les vexés et de te casser avant qu’on ait pu finaliser notre nouvel accord. Je lève le bras en direction de Rod pour lui indiquer de laisser tomber ta commande. J’attrape deux verres derrière moi, rond en cristal avec un liseret doré, très années 20, mes préférés, ceux que je garde pour des occasions spéciales. Ma main cherche une bouteille planquée sous le bar et je remplis de liquide ambré nos verres. Whisky de ma réserve personnel, fort mais adoucie par des notes de miel, vieilli en fut de chardonnet il y a trente ans. Un délice. Je me penche très légèrement vers toi en faisant glisser ton verre devant tes mains.

Qui te dit que je n’aime pas quand on me fait mal ?

Mon rire résonne et me permet de reprendre ma place initiale. Ok, c’était le dernier sous-entendu, maintenant place au business.

Ok pour vingt sept pourcent mio carino, par contre pour le côté enfoiré, je ne peux rien faire. Je suis né comme ça et dio mio, je vais crever avec ma gueule de con alors va falloir t’y faire.

Je lève mon verre dans ta direction et avale un gorgée d’alcool qui me réchauffe l'œsophage sur son passage. Le deal est conclu, je savais que notre histoire n’était pas terminée. Le gorille de l’entrée fronce les sourcils quand nos regards se croisent et je lui fais un léger signe de tête pour lui signifier que tout va bien. Tu interceptes sans mal mon signal et je lève les mains devant moi.

Tu vas repartir d’ici avec tous tes membres ne t’inquiète pas. Ce serait dommage d’abîmer ton joli sourire, hein.

En vrai, ton sourire arrogant me donne envie de t’arracher moi-même les dents une par une mais c’est plutôt agréable de tomber sur quelqu’un qui ne se fait pas dessus face à un homme armé. Ça change de tous les stronzo qu’on peut croiser dans cette ville. Je baisse de nouveau le son de ma voix pour que notre conversation reste plus ou moins privée.

Et je suis réglo fratello. Je paye cash et je suis sûr qu’on va faire de belles choses tous les deux.

Nouvelle gorgée et nouvelle tournée de sourire flippant. A notre deal Amico.


@Siegmar Luther
Siegmar Luther
boîte de pandore et cœur doré
Siegmar Luther
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#  (vince) hell's comin with me EmptyJeu 2 Mar - 16:07
Dans mes oreilles ça swingue un peu plus que quand c'était Skeeter Davis qui les occupait, mais elle est décidée à faire mumuse ailleurs, toi vraisemblablement t'as l'air tenté par l'idée de me faire boire jusqu'à ce que je perde conscience puisque ton whisky, même s'il sent la reine des abeilles, il aurait pu foutre en l'air la ruche entière tellement il brûle ma gorge. C'est typiquement un cas d'euphémisme, d'oxymore, ou de je sais plus quelle figure de style parce qu'un connaisseur aurait plissé les yeux - j'avais jamais compris pourquoi ils faisaient ça, ça m'énervait -, fait remuer le liquide dans le verre en quelques ronds, puis du bout des lèvres aurait rendu son verdict : plus doux, plus riche, belle robe dorée. En réalité, c'était pas doux, t'étais sans doute super riche et il n'y avait pas une seule robe dorée en train de danser. T'as le nez qui chatouille presque mon cou quand tu te retires et que je manque grimacer, sans trop savoir si c'est à cause de la proximité ou de l'alcool fort que tu viens de verser dans mon verre. Tu joues donc les barmans aussi. Sexy. Je réprime un éclat de rire. "C'est fou, parce que j'ai toujours cru qu'il fallait être un minimum séduisant ou savoir faire la conversation pour être derrière un bar." Je hausse les épaules, boit quelques gorgées supplémentaires, hydromel qui m'attisera sans doute un peu de courage, parce que j'aime bien taquiner tout ce qui bouge, mais toi t'as quand même le même regard que Jack l'éventreur et ça me fait moins marrer. "Je plaisante, bien évidemment, fratello. Tu sais discuter, t'es même un très bon menteur." L'image des reliures de cuir qui me revient en tête et ça devient franchement compliqué de pas juste éclater de rire. Pourtant, je pourrais : la moitié de tes clients sont des types qui sont reliés à d'autres types qui sont reliés à d'autres types qui me sont reliés. Et moi je siège tout en haut de la montagne, à regarder tout ce petit monde tourner en mettant parfois quelques petits coups d'épaules pour revitaliser le tout. C'est ce que je fais, d'ailleurs, quand tu fais signe à ton videur et que t'évoques mon joli sourire. On m'a toujours dit que j'avais un joli sourire. Que ça cachait bien des mensonges, bien des nids de serpents, mais qu'au moins la façade était agréable. Je m'étais pas pointé chez un vrai dentiste depuis des années, je préférais les médecins incognito de passage en ville. Pas de dossier médical, pas de suivi, pas de faiblesses qui puissent être révélées et faire basculer l'empire autrichien qui avait mis sa couronne sur la ville des anges. "Je m'inquiète pas du tout. T'as pas l'air d'aimer les vagues." C'était même pas une attaque pour souligner que t'avais pas exactement le profil du surfeur californien, c'était plutôt que tu parlais à voix basse comme tous ceux qui signaient leurs premiers deals, comme si t'avais peur que je sois équipé d'un mouchard ou pire ; qu'un type nous observe, son nez glissé entre deux guitares sur scène. "Ton videur est super sympa. Sa femme s'appelle Annie, elle est libraire en mi-temps dans ma rue. Ses gamins vont dans la même école que ceux du type qui danse là-bas, le grand chauve." Un coup de tête pour te désigner le mec qui articulait difficilement ses jambes pour s'aligner avec sa prise de la soirée, sans pouvoir voir d'ici, obscurité tamisée oblige, s'il s'agissait d'une nana en robe ou d'une nana en pantalon. C'était un détail qui avait son importance quand on passait ses journées entières à créer des dossiers sur les gens, à les alimenter au maximum pour toujours savoir quels étaient les points vitaux, les points forts, les points faibles aussi. Sieg l'araignée aux pattes poilues qui s'amusait à tisser sa longue toile pour englober chaque gratte-ciel, récupérer des gâteaux gratuits chez le pâtissier, une coupe gratuite chez le coiffeur, une boîte de capotes gratuite dans l'épicerie au coin de la rue. Toujours un sourire, toujours la bonne phrase. Un peu le gendre idéal, et en même temps sans doute la pire menace de chaque parent puisque j'hésiterais pas une seconde à leur couper les pattes si ça pouvait me bénéficier. Sauf si je les aimais. Avec l'affection, c'était différent, j'avais plus de mal à blesser. Je devenais pas tout à fait opérationnel, un peu kaput. "Mais merci pour mon sourire, belle gueule." Clin d'oeil appuyé, je décale un peu mon tabouret, déjà parce que ça va te forcer à parler un peu plus fort, ensuite parce que j'aime pas savoir que si je tousse ou si je tourne la tête, le premier truc que je vais voir c'est tes pupilles aussi vides que la galaxie si on la dépouillait de tous ses astres.

Pourtant, tu fais l'inverse, tu baisses encore d'un octave et ça manque me faire marmonner des insultes italiennes que j'ai appris au fur et à mesure des deals. Mais pas sûr que ça te plaise, pas sûr non plus que j'ai envie de te voir toutes canines dehors te transformer en Dracula pour me refaire le cou. Quoique ça a quelque chose de... "Me dis pas que t'es clean, je le verrais moi-même. Il n'y a rien de pire que les mecs qui disent qu'ils sont réglo, ça montre juste que t'as des complexes et c'est pas beau." Je hausse les épaules, une nouvelle gorgée. Accepte enfin de me détendre, juste si je détourne mes yeux des tiens. "Paiement en cash à chaque fois qu'un truc sort de mon listing. Je le répète parce que les autres types ont du mal à piger, et que j'espère que tu seras un peu plus intelligent qu'eux. Aucune exception, aucune opération d'urgence, et si t'apprends à être gentil, je peux même te fournir des livreurs quand il t'en manque." Je tends une main vers toi, le revers qui frôle le comptoir poisseux à cause de mon précédent rond de liqueur ambrée, attend que tu frappes dedans pour sceller le deal. "Si t'es aussi réglo que tu le dis, ça va être une bonne collaboration. Si tu me la mets à l'envers, je dépècerais chaque veste en cuir et chaque morceau de ton corps pour les livrer aux chiens errants." Grand sourire, qui contraste carrément avec les menaces dégueulasses que je profère, comme d'habitude amateur de belles histoires, un type normal aurait dit qu'il te buterait en cas de trahison, moi je préfère agrémenter de quelques petits détails scabreux pour que t'aies bien l'image en tête. Je pivote, fait face à la scène, applaudit en même temps que quelques tables quand la chanson prend fin, juste avant qu'une autre redémarre, mes deux coudes sur ton bar, absolument pas décidé à de nouveau faire face à tes yeux pour l'instant. Mon verre est vide quand je le termine, le cou en arrière, je fais signe à ton collègue pour qu'il le remplisse, au dernier moment, change d'avis, me retourne pour passer le torse par-dessus le comptoir, lui commander un autre truc et être certain qu'il m'entendra avec les nouveaux rythmes qui viennent. Clin d'oeil amusé, ma main sur son épaule, je me laisse retomber en arrière quand lui éclate de rire et me ramène un nouveau verre. Je sais pas son prénom, j'ai aucune idée de son âge, ma fiche le concernant est complètement vierge, mais c'est un peu ça aussi, la Siegmar touch : pas besoin de mener cinquante mille interrogatoires pour être sûr et certain d'avoir ce que je veux, il suffit d'un peu de flirt déguisé sous mes belles quenottes et ça marche tout aussi bien. La jambe qui marque le rythme sur l'arceau métallique du tabouret. Quelques mots qui m'échappent en allemand quand mon téléphone vibre, j'ai dit que j'étais hors marché ce soir, l'écriteau indique fermé, pas question qu'on me dérange, et sur ce téléphone-là, ça peut être que du business. Alors j'ignore. Ça attendra demain, pour l'instant je profite de la musique et d'un Diamond Rock qui vibre le long de mes doigts qui l'encerclent, se délectent d'un peu de fraîcheur, parce que la peau givrée c'est un de mes trucs préférés au monde. Je te regarde du coin de l'oeil, t'as pas bougé, t'aurais pu partir parler avec n'importe qui, séduire n'importe quelle nana - je connais la réputation des italiens, c'est sans doute cliché mais tu remplis à mort la moitié des conditions pour faire membre de boys band et attirer à l'arrière de ton van tour les fans les plus désespérées -, ou même te casser purement et simplement, tu dois bien avoir un bureau et une compta à gérer - ou alors c'est mon côté commerçant qui prend le dessus ? Mais tu restes là, soit à attendre que je me casse, soit à vérifier que je vole rien. Rictus détestable sur mes lèvres qui se mue en sourire. Pieds qui rejoignent le sol, je récupère mon verre et je pars m'échouer dans un des canapés en cuir posés dans un coin, dans l'ombre, suffisamment près de la scène pour voir les musiciens, suffisamment loin pour pas devenir sourd. Et surtout, suffisamment loin de toi. Je compte pas repartir tout de suite, la route est longue, mais je veux pas non plus qu'on se manque de respect, alors je te fais signe, t'invite à venir. C'est plus confortable qu'un tabouret, et comme ça je vais vérifier si t'es aussi réglo que tu le dis ; du genre, si je te vois partir aux toilettes avec de la poudre blanche et revenir les yeux et les narines rougies, ça t'élimine direct parce que j'aiderais pas à monter une dynastie qui se cassera la gueule dans deux ans à cause de la coke ; ou si tu bois trop, que tu hurles vite, que tu t'énerves, ça aussi ça fait partie du test et des cases à ne pas cocher. "Tu viens d'où, Vince de Venice ? Et me réponds pas d'Italie, je le sais déjà, tu t'es vanté au moins cinq fois en deux heures." Ma question part comme une balle, entre deux sons rocks, et j'étends mes bras sur le dossier, suffisamment loin de toi pour être à l'aise et pour marquer mon territoire dans ton territoire.

@Vincenzo Di Natale
Vincenzo Di Natale
I see fire
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Vincenzo Di Natale
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#  (vince) hell's comin with me EmptyJeu 2 Mar - 17:21
De loin, on pourrait presque ressembler à deux amis qui aiment se taquiner autour d’un verre de whisky. De prêt, on était aussi dérangé l’un que l’autre même si tu veux à tout pris de donner des airs de grand seigneur. Au moindre mot de travers, tu serais capable de me planter un couteau dans la carotide et moi de de loger une balle pile entre tes deux yeux, qui sont aussi noirs que les miens. Je viens de remarquer ce détail, je n’avais jamais pris le temps de vraiment détailler ton visage avant qu’il ne se retrouve à quelques centimètres du mien. En te quittant tout à l’heure, je ne pensais pas retrouver ton cul sur un tabouret du club aussi vite. Je pensais que t’étais plutôt du genre à me faire poireauter pendant une semaine comme une lycéenne amourachée. J’aurai attendu le temps qu’il faut, ce n’est pas comme si j’avais dix autres plans sous le coude. Je porte la main à mon cœur et retrouve ma grande gueule d’italien.

Oh, mio carino ! Tu me brises le cœur. C’est toi qui parles sans arrêt de ma belle gueule et maintenant, tu oses me dire que je ne suis pas séduisant ?

Je termine mon verre d’une longue gorgée qui ne me fait même plus grimacer. Ce sera mon seul verre pour le moment. La soirée bat son plein et je dois être capable de gérer en cas de problèmes. Je me réserve un dernier verre quand tous les clients auront déserté les lieux et peut-être un deuxième suivant si j’ai de la compagnie ou pas. Et par compagnie, je parle de Rod avec qui je fais parfois une partie de cartes après le service ou de James à l’entrée qui est également un amateur de whisky. Jamais autre chose. Le flirt c’est pour les apparences, je ne m’adonne plus à ce genre de plaisir. Un simple baiser à le don de faire remonter des souvenirs qui déclenchent une crise à chaque fois. Je crois que quelque chose à péter dans mon cerveau ce soir-là, c’est peut-être ce qui te fait flipper dans mon regard. Ce vide qu’à laissé par Jay, la vie qui me quitte doucement entre les mains de mon propre père qui n’arrive plus à s'arrêter de me frapper, moi le fils maudit, la honte, l’abomination. Je ne suis plus qu’un monstre qu’on a planqué à l’autre bout du pays en espérant qu’il se fasse buter par un russe en colère ou une famille italienne rivale qui espère ébranler l’Outfit. Mon père serait plus ébranlé par un excès de sel dans ses pastas que par l’annonce de ma mort. Mes doigts accrochent une serviette en papier sur le bar et je lève exagérément les yeux au ciel quand tu te lances dans l’énumération de l’arbre généalogique de mes clients et de mes employés.

C’est bon, fratello, j’ai saisie. L.A. c’est ton territoire, tu connais chaque âme qui erre dans le coin, pas besoin de me faire un dessin. Je suis moins demeuré que j’en ai l’air.

Je suis à deux doigts de me servir un nouveau verre mais je renonce, préférant déposer mon verre dans l’évier pour éviter toute nouvelle tentation. Tu te tournes en direction de la scène, j’en profite pour chouchouter mes clients. Compliments pour les dames, poignées de main complices pour les hommes, un verre glissé aux habitués, danse que j’effectue tous les soirs et qui donnent envie aux fêtards de revenir. Mais notre conversation n’est pas terminée alors je traîne de nouveau mes boots jusqu’à toi, prend appuie sur le bar, glisse de nouveaux mots contre ton cou pour te pousser à te tourner de nouveau dans ma direction. Ma main frappe la tienne et aucun de nous ne laisse filtrer de mouvements de recul. Le deal est scellé, le projet Riconquista vient de démarrer un nouveau chapitre, une page en plus vers la reddition, une page qui me rapproche un peu plus de mon trône. Je sais que tu n’aimes pas ça mais chez moi, on scelle toujours un deal en se regardant dans les yeux. Sinon ça veut dire que t’es un topo del cazzo et qu’une balle vient d’être gravée avec tes initiales, petite tradition familiale à laquelle je tiens particulièrement. Je réponds à ta menace par un clin d'œil, je commence presque à te trouver sympathique derrière tes grands airs et tes yeux qui abritent une galaxie entière.

Hum, tu devrais garder quelques morceaux de peau encrée avant de me balancer aux chiens. Un cadre un peu vieilli et je suis sûr que tu sauras inventer une super histoire à des touristes pour qu’ils exposent un reste de mon corps dans leur salon.

Tes menaces ne m’arrachent même pas un frisson, on m’a déjà promis bien pire. Alors si tu as envie de balancer à des chiens, fait toi plaisir. Par contre, il y a une liste d’attente et je crains que d’ici qu’on arrive à ton nom, il ne reste plus grand chose de mes membres. Je me redresse et pointe un doigt accusateur dans ta direction.

Par contre, pas touche à mes vestes. Un peu de respect mio carino, on n'est pas des animaux.

Dernier clin d'œil avant de m’éloigner pour assurer une autre discussion avec une chanteuse qui s’est déjà produite plusieurs fois ici. Moins sanglante, moins cinglante. Je ne peux m'empêcher de jeter des coups d'œil dans ta direction mais tu écoutes le groupe, n’esquisse aucun mouvement vers la sortie. Bizarre. J’aurais parié que tu aurais fui mon club dès que nos paumes se seraient entrechoquées. Soit je deviens mauvais en profiling -ce qui serait moche quand on possède un club et qu'on traîne tous les soirs derrière le bar-, soit tu es vraiment un homme plein de surprises. Pour mon égo, je mise tout sur la deuxième option. On rigole en se rappelant ses premiers passages, on cale sa futur date sur scène et j’invente une histoire sympathique pour justifier mon arcade en bouillie. Quand je me retourne, tu es toujours sur ton tabouret, un verre plein entre les doigts. Je plaque mon épaule contre le mur en briques rouges qui donne tout son cachet à l’établissement, bras croisés sur la poitrine, regard fixé sur la scène même si ce n’est pas le groupe que je surveille. On ne se connait pas tous les deux et j’ai zéro confiance en ton sourire parfait. Tu peux endormir qui tu veux mais je ne suis pas encore prêt à me laisser bercer par tes illusions, aussi grandioses soient-elles.

Quand tu décides de m’offrir autre chose que ton dos, c’est pour me faire signe de te suivre dans un canapé. Tu te prends donc pour le proprio à requérir ma présence comme si tu étais chez toi. La soirée a déjà été assez riche en émotions pour que je relance une pièce dans notre machine à insultes. J’ouvre le frigo, sort une bouteille de coca et viens m’installer à côté de toi. Si on me demande, je suis venu uniquement pour avoir une meilleure vue sur le groupe, aucun rapport avec toi et le retour de ton sourire arrogant sur les lèvres. Signe de la tête à une jeune femme qui ne nous quitte pas des yeux, gloussement que je n’entends pas mais que je devine quand elle se penche vers ses copines. Mon dos retombe contre le dossier, ma cheville droite qui se plie pour reposer sur mon genou gauche.

Erreur, je n’ai jamais dit que je venais d’Italie.

Je porte ma boisson à mes lèvres, les bulles pétillantes contre mon nez. Je ne sais pas encore combien de temps je pourrais noyer le poisson sur mes origines mais j’ai encore quelques cartes à jouer. Mon menton se lève dans ta direction.

C’est quoi ton prénom au fait ?

On m’a juste donné l’adresse de ta boutique sans jamais te désigner par ton prénom ou par un surnom quelconque. Tu es juste le type de la boutique d’antiquité. Sûrement un choix de ta part de maintenir cet anonymat autours de ton identité. Tout comme je protège mon véritable prénom et surtout mon nom. Tu peux continuer à maintenir ce nuage de fumée autours de toi mais dans ce cas, je serais obligé de te choisir un petit nom et je suis certain qu’il ne va pas te plaire.

Pourquoi une boutique d’antiquités ?

Vraie question, c’est un choix pas banal pour planquer un business dans son entrepôt. C’est surtout se donner beaucoup de mal pour maintenir des apparences. A moins que comme moi, tu profites de ta couverture pour assouvir ta passion, pour les objets anciens ou pour les histoires extraordinaires que tu aimes distiller autour de toi.


@Siegmar Luther
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