Ethan Zabel est un véritable cliché sur pattes. Il est né dans l’opulence, tutoyant les étoiles dès les premiers cris poussés — sa mère, Maika, est une star du cinéma oscarisée tandis que son père est un golden boy de Wall Street qui vit sa retraite sur les collines de la ville des anges. Tous les deux sont un pur produit de l’American Dream, immigrés partis de rien qui ont réussi leur vie en gravissant peu à peu les échelons. Ce fut dur, long, mais pour rien au monde ils ne cracheraient sur leur vie — ils la méritent. Fils unique, une cuillère en argent dans la bouche, Ethan n’a jamais eu de soucis dans l’existence. Il estimait que tout lui était dû et tout lui était donné en un claquement de doigts. Parce qu’il savait y faire. Parce qu’on lui donnait le Bon Dieu sans confession. Qui pouvait résister à cette belle gueule ? Personne. Ou du moins, pas la gent féminine en tout cas qu’il a toujours eu dans la poche dès qu’il était en âge d’avoir une vie amoureuse. A l’école, c’est lui qui attirait toute la lumière, un point qui n’aidait pas à dégonfler cet ego bien trop immense — il s’attirait la sympathie de tous en dépit de sa personnalité exécrable de laquelle rien de bon ne semblait émerger. Il était ce garçon populaire, bon en cours, présent à toutes les fêtes, ce mec que les autres enviaient pour tout un tas de raisons et, prétentieux comme il était, Ethan se délectait de cette jalousie. Bien entendu, pour compléter sa panoplie de mec parfait et populaire, il intégra l’équipe de football du lycée, trouva sa place en tant que quarterback et les portes de l’université lui furent ouvertes. Il suivit un cursus en management sportif dans lequel le football avait une place immense — il retrouva sa place de quarterback dans l’équipe de la faculté, et c’était aussi à cette époque qu’il rencontra Kimberly. Premier fois qu’il tomba amoureux, première fois que quelqu’un le rendait fou, première fois que son cœur s’effritait de douleur chaque fois qu’il pensait l’avoir perdue. Kimberly est à la fois son bonheur et sa damnation. La seule personne qu’il avait érigée en déesse dans son univers narcissique. La seule qui le méritait à ses yeux. Leur histoire est aussi clichée que le reste, mais il s’épanouit à travers elle, lui donnant cette envie de briller encore plus dans ce monde de perfection. À la fin de son cursus universitaire, il est repéré par les Rams de Los Angeles. Sa carrière décolle rapidement en raison de ses succès sur le terrain. Ethan mène une vie de nabab avec sa reine, rayonnant de mille feux dans cette existence dénuée d’échecs. Mais gare à Icare qui vole trop près du soleil, car le prétentieux finit toujours par perdre ses ailes…

Super Bowl 2021. Les Rams sont en finale. Une victoire de son équipe assurerait une place dans le carré doré des joueurs d’excellence à Ethan. La soif de victoire était plus forte. Il voulait tout, tout de suite, comme ça avait été constamment le cas au cours de son existence. Le problème, c’est qu’Ethan doutait de sa victoire ce soir, parce qu’il avait eu une fin de saison compliquée. Ses performances sur le terrain lors de la compétition n’ont pas été bien glorieuses non plus. Alors il cède à l’appât du gain, il cède à la tricherie en se dopant — c’est juste un petit coup de boost, rien de bien important, se disait-il ! Il brille le soir même. Son équipe gagne. Mais la supercherie est révélée plusieurs semaines plus tard — vérité implacable qu’offrent les tests. Disgrâce pour le joueur prometteur. Paria dans son propre univers, apostat qui ne peut se racheter, il perd tout, subit haine et disgrâce. Le paradis qu’il s’était créé prend des allures d’enfer : Kimberly se tire, la justice s’en mêle, une lourde amende avec en prime une interdiction de fouler à nouveau le terrain pendant cinq ans au moins. Fin de carrière pour lui. Retour chez papa, maman auprès desquels il ne trouve pas réellement de réconfort. Zabel père a honte, Zabel mère tente de compatir, mais en vain. Pour la première fois de sa vie, Ethan connait la solitude la plus morne. Il patauge dans son propre cauchemar — n’être rien ni personne dans ce monde où il a pourtant tant rayonné. Il chute, sombre, sans aucune lumière à laquelle il peut se raccrocher.