C’est encore plus difficile quand je l’entends dire ça. Pour être honnête, si je me suis tournée vers elle, en la voyant rentrer dans le bar, c’est surtout parce que je ne sais pas quoi faire d’autre. Je suis bloqué et je n’arrive pas à avancer, je n’arrive pas à faire en sorte que le dernier souhait de ma mère se réalise. Si je dois rajouter à cela mon comportement plus qu’étrange avec elle, puis surtout le fait que cette histoire semble être totalement inventé, c’est certain que cela ne donnerai pas trop envie de m’aider, à sa place. “Tu n'es peut-être pas la meilleure personne, mais tout ce que je peux dire, c’est que tu es la seule.” Je ne peux pas dire le contraire, presque personne n’est au courant pour Tommy. Ma meilleure amie, c’est tout. Je n’ai même pas eu le courage de le dire à mon père tellement que cette histoire me bouffe. Ce qui fait que je n’ai personne à qui en parler, personne vers qui me tourner. “Je ne sais pas quoi te dire. En te voyant entrer dans le bar, j’ai vu ça comme un signe. Comme si je pouvais enfin faire sortir tout ça, tu semblais être vraiment la mieux placé étant donné la relation que tu as avec lui.”
Pour le coup, ce n’est pas seulement paraître dure, mais c’est surtout être dure. Je peux comprendre sa réaction, je ne suis pas idiote non plus. Mais ce serait mentir si je disais que cela ne m’avait pas atteint. Même si Tommy n’a pas eu la chance d’avoir une bonne mère, ce n’est pas mon cas. Et par-dessus tout, je ne suis pas coupable, en aucun cas. Même si cela ne lui plaît pas, moi, tout ce que je veux, c’est honorer la mémoire de ma mère et faire ce qu’elle m’a demandé. “Je ne sais absolument rien de l’histoire entre Tommy et elle, je ne peux rien dire là-dessus. J’imagine qu’il a du mal le vivre, et ce n’est pas quelque chose que je peux comprendre, car ce n’est pas mon cas. Nous avons une mère qui semble être différente, c’est vrai, pourtant on partage la même.”
Cela n’excuse en rien ce qu’elle a pu lui faire, de l’avoir abandonné, sans se retourner. Moi je ne peux pas vraiment lui pardonner d’avoir fait ça. Je ne connais pas Tommy mais je n’imagine pas du tout qu’il est du genre à mériter ça. “C’est normal, je comprends. Puis me voir débarquer comme ça, en te racontant cette histoire, ça ne doit pas aider. J’ai paniqué, je ne vais pas dire le contraire. Excuse moi de t’avoir sauté dessus comme ça.” Il y avait sûrement une autre façon de faire, une autre approche. Mais ça ne colle pas avec moi, je ne suis pas comme ça. Le stress n’est pas du tout mon ami. “Je sais tellement rien de lui, hormis ce qu’on peut voir dans la presse… Et encore j’imagine que la moitié de ces infos sont fausses.” Puis je relève les yeux vers elle quand elle me parle de mon prénom. “C’est vrai que je ne me suis même pas présenté avec tout… moi c’est Meghan, ça me fait plaisir de te rencontrer, malgré la situation un peu gênante.”
Leave no stone unturned, leave your fears behind And try to take the path less traveled by That first step you take is the longest stride.
Je suis la seule personne vers laquelle elle pouvait se tourner. Autrefois j’aurais ris d’entendre ça, loin d’être d’accord avec cette idée, mais quand je pense à ma propre famille un peu spéciale, à ces mensonges, ces secrets, je me dis que j’ai sans doute été un peu dur avec elle. Comment aurais-je réagi si nos situations avaient été inversées après tout ? La panique nous fait souvent agir de façon étrange, voir la personne la plus proche de son demi-frère a dû provoquer une alerte dans sa tête et lui faire perdre tous ses moyens. Je n’ai simplement pas réfléchi avant de parler ou même de réagir. « Je suis désolée … Je n’aurais pas dû réagir aussi vite que ça surtout, je me doute que ça ne doit pas être la chose la plus facile à annoncer à quelqu’un. » Elle a raison en plus de ça. Vers qui aurait-elle pu se tourner pour parler de son lien avec Tommy ? Le père de ce dernier est un enfoiré qui vit à New York et se moque de savoir que son ex-femme a eu un autre enfant qu’elle n’a pas abandonné comme le premier et hormis Cameron, il n’y a plus grand mon sur la liste dans les parages. Je dois seulement m’habituer au fait que les problèmes de Tommy sont les miens et vice versa. Je vais être celle qui annoncera les bonnes comme les mauvaises nouvelles et lui aussi, c’est un des aléas de la vie de couple. En revanche, je suis bien incapable de rester aimable dès qu’il est question de leur mère. Une femme qui a abandonné son fils et s’est fait une vie ailleurs sans jamais reprendre de ses nouvelles, pour une orpheline comme moi, ça ne passe pas. Ça passe encore moins lorsque je vois à quel point tout ceci atteint encore mon petit ami des années plus tard. « Ce n’est plus du mal à ce niveau, tu sais … C’était un petit garçon qui voulait revoir sa mère et qui a fini avec un père absent et qui ne s’intéressant même plus à lui. Je ne doute pas qu’elle a été une bonne mère avec toi mais avec ton … frère, elle lui a fait du mal. » Elle l’a bien compris, je sais, mais j’ai tout de même besoin de réellement bien clarifier les choses, qu’elle comprenne que si elle doit rencontrer son frère ça risque de ne pas se faire en douceur. Je finis par soupirer pour gommer l’agacement que j’ai senti monter et que la brune ne mérite nullement. « Ne t’excuse pas, j’imagine que j’aurais fait la même chose à ta place. Et je peux te parler de lui mais le mieux sera de le rencontrer en personne. Il mérite d’être connu, crois-moi mais ça va être difficile. » Dis-je en jouant la carte de la franchise. « Ton existence va bousculer pas mal de choses et il a tendance à se fermer et à être froid quand ça ne va pas. » Si je souhaitais la rassurer, je pense que c’est foutu. « Enchantée Meghan … malgré l’étrangeté de la situation. » Je réplique avec un sourire, appréciant le fait que ça se détende un peu.
Enfin… Enfin j’ai l’impression qu’elle commence à me comprendre. C’est déjà mieux que de passer pour une folle, j’ai envie de dire. Pour le coup, c’est bien plus agréable. Je ne sais pas ce qui vient de lui faire changer d’avis, tout à coup. Peut-être le fait que je semble être tellement misérable que j’ai besoin du soutien de quelqu’un. Ou alors elle commence à prendre au sérieux mon histoire, ce qui est une bonne chose. “Ne t’excuse pas, c’est moi aussi… sauter sur quelqu’un comme ça d’un coup, ça doit être vraiment bizarre à vivre. Mais au moins ça me libère d’un poids énorme de t’en avoir parlé.”
Quand je l’écoute, parler de ma mère, cette femme qui a toujours tout donné pour moi, j’ai l’impression que c’est une autre personne. Mais je dois dire que je ne peux pas comparer, car je ne l’ai pas connu à ce moment la. Pour le coup, celui que j’ai le plus envie de plaindre, c’est Tommy. De ce que je comprends, il n’a vraiment pas eu une enfance facile, donc c’est normal d’avoir mal. “J’ai presque l’impression de lui avoir volé quelque chose… Même si ce n’est pas le cas je sais, je… je ne sais pas. J’aurais vraiment souhaité que tout ceci soit différent pour lui, même si on ne peut plus rien changer.”
C’est vrai qu’on ne peut pas modifier le passé et je ne pense pas que ce soit quelque chose que Tommy voudrait faire. Peut-être que maintenant, il est passé au-dessus de tout ceci et que cette histoire est derrière. Et je vais être celle qui va débarquer pour lui rappeler tout ce malheur. Comme messager de la mort, j’ai le bon rôle. “Maintenant que je sais que j’ai un frère, je te cache pas que j’ai envie de le rencontrer oui, même de le connaître, mais je n’ai tellement pas envie de m’incruster dans sa vie comme ça, subitement. J’vais passer pour un petit parasite qui vient l’embêter.”
Finalement, je retourne derrière le bar et je sors deux shooters que je viens remplir avec la bouteille de tequila. J’en pose un devant Tessa, avec un morceau de citron et je m’envoie le mien sans perdre une seconde de plus. “Ooooouh. Ok. Celui-ci, il est pour moi. Désolé mais j’en avais vraiment besoin. J’te raconte pas comment je suis en panique.” Puis je commence à rire, nerveusement, mais aussi parce que le ton de la discussion est maintenant différent. Puis j'me dis que c'est un bon moyen de détendre l'atmosphère.
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Je ne voudrais pas être à sa place, ça j’en suis plus que certaine. Découvrir du jour au lendemain que j’avais un frère n’a pas été facile à digérer. Savoir que j’avais perdu autant d’années à le connaître, des années de rires, de larmes, de disputes et de soutien … ça a été difficile pour moi. Mais découvrir avoir un frère à la mort de ma mère alors que celle-ci l’a abandonné presque sans le moindre remord … Non, je ne l’aurais pas supporté. Toutefois, j’aurais été tout aussi curieuse que Meghan. Poussée par le désir de connaître un membre de famille, j’aurais moi-même eu du mal à savoir de quelle façon procéder, alors oui en un sens je comprends ce qu’elle ressent même si je ne voudrais pas être dans ses chaussures. Néanmoins, c’est ce qui m’aide à me calmer et à accepter la situation. Quel fou irait inventer un mensonge pareil ? Peut-être que je me fais avoir, que je suis trop naïve, mais je veux croire qu’elle ne me ment pas. Et puis pour le moment ça n’engage que nous deux. « Je m’en doute mais j’ignore comment j’aurais réagi à ta place. » Donc, que je m’excuse ou pas, je suis tout de même désolée d’avoir été aussi froide d’entrée. J’apprends à me protéger comme je le faisais autrefois. A trop m’habituer à la sécurité de mon ancienne famille d’adoption, j’ai baissé ma garde et j’ai ouvert la porte à la souffrance. Il faut que je me reprenne avant d’être brisée. « Tu ne lui as rien volé. » Assurai-je. « Ça l’a rendu plus fort. Il en souffrira toujours, je le sais même s’il ne l’admet pas, mais c’est aussi ce qui a fait de lui l’homme qu’il est. » Cet homme au grand cœur et débordant de loyauté. Pourtant, il a aussi développé une peur de l’abandon que je suis très bien placée pour comprendre. C’est sa hantise : être abandonné par les personnes qui lui tiennent à cœur et je me suis promis de ne jamais faire partie de ceux-là. « Pour ça, je te comprends totalement. J’ai rencontré ma famille biologique il n’y a même pas un an et j’ai aussi un frère que je ne connaissais pas du tout. Je pense que c’est un sentiment normal, vouloir connaître un proche. » Dis-je avec un petit sourire. « Et de toute manière je te déconseillerai de débarquer d’un coup comme ça. Il ne va déjà pas apprécier la nouvelle, il va falloir qu’on fasse ça en douceur mais … Je veux bien t’aider si tu veux. » Je n’ai pas la moindre de comment mais nous devrions trouver avec deux cerveaux. En attendant je l’observe qui prépare deux shooters et en vide un cul sec. J’attrape le mien et le fait couler tout aussi vite dans le fond de ma gorge. « De la force liquide ce truc ! » Même si je grimace un peu en disant ça. « Si tu m’en disais un peu plus sur toi, après tout faut que je puisse te défendre si jamais monsieur s’emporte et … on est amenées à faire partie de la même famille. » Et dieu que je suis impatiente de devenir la femme de Tommy, ça devient une torture d’attendre mars.
Je n’arrive pas du tout à imaginer le genre de personne que Tommy peut être. De ce que je peux entendre la, sortir de la bouche de Tessa, il semble être un mec vraiment bien. J’imagine bien que ça doit être difficile de vivre sans parents, je ne doute donc pas que tout ceci a fait en sorte de le rendre plus fort. Même si, bien entendu, cela doit encore laisser des traces, au fond de lui. J’ai bien l’impression que ça ne disparaît jamais. Certes, ce n’est pas tellement comparable avec moi, mais finalement, maintenant que j’y pense, moi aussi j’ai perdu ma mère. Rien à voir, c’est vrai, cependant je peux comprendre que ça doit être difficile de perdre une personne aussi cher, si subitement et devoir ensuite se débrouiller pour avancer. “Quand je t’écoute parler de lui, ça me donne encore plus envie de le connaître. J’imagine bien que ça ne va pas être facile, peut-être même qu’il ne va pas du tout me croire…” Même si bon, si on doit en venir là et qu’il me demande des preuves, je peux lui en donner. J’espère juste qu’il ne va pas forcément me demander ça.
Une fois derrière mon bar et un verre de descendu, je dois dire que je me sens bien mieux. Déjà, parce que j’ai l’impression d’être un peu plus libre, maintenant que j’ai eu l’occasion de parler de ça avec quelqu’un, mais aussi parce que Tessa semble peu à peu être de mon côté. Elle veut même m’aider, ce qui est bien plus que ce que je pouvais espérer au départ. “Tu… en savoir plus sur moi ?” Bon ça, par contre, je ne l’avais pas prévu. Mais je peux aussi comprendre qu’elle se pose des questions, c’est bien normal. Peut-être que c’est pour protéger son fiancé, ou encore simplement par curiosité, mais quoi qu’il en soit, je n’ai pas grand chose à lui cacher, même si j’avoue que j’ai quand même du mal à m’ouvrir comme ça, d’un coup, à quelqu’un que je ne connais pas. “Par où je peux commencer…” Je le sais très bien comment je vais commencer, en attrapant mon verre pour le remplir de nouveau. Juste derrière, je pose la bouteille sur la table. “Si jamais tu veux te servir, tu peux, tout ce que tu vas consommer est offert.” Et une fois que le verre est bien vide une seconde fois, je me lance enfin pour lui répondre. “Bon… bah Meghan, ça déjà c’est bon, mon nom de famille c’est Álvarez, mon père est Argentin, je suis née à Buenos Aires.” Faire le plus simple possible pour éviter que je m’embrouille toute seule. “Y’a encore quelques mois, j’étudiais le droit à la fac mais… disons que je suis dans ma mauvaise période, j’ai tout abandonné…” Une erreur, ça c’est certain. Puis mes yeux passent devant la petite scène libre qui se trouve dans le fond de la salle, entouré d’instrument de musique. “Je… je fais de la musique aussi, mais disons que je n’ai pas envie de le crier partout ou je vais.”
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Être totalement objective lorsqu’il est question de Tommy, ce n’est pas facile. Entre ce qu’il a fait pour moi, notre relation qui a débuté par une amitié forte et l’amour que je lui porte désormais, j’ai par moment l’impression de trop le mettre sur un piédestal. Cela dit, je peux tout aussi bien vendre les mauvais côtés de son caractère. Il est aussi peu parfait que je peux l’être ce qui me fait l’aimer encore plus. Son impulsivité, sa rancœur lorsqu’il est trop blessé ou encore la tendance qu’il avait autrefois à se battre … Non, mon homme n’est pas parfait mais il l’est nettement plus que bien des personnes. De toute manière, si Meghan tient vraiment à connaître son frère, elle découvrira par elle-même toutes ses facettes, ce n’est pas à moi de lui dessiner entièrement son portrait. « Je ne peux pas te dire par avance de quelle façon il va réagir. Je le connais très bien mais ça dépend aussi de son humeur à l’instant T. » Cependant, je sais qu’il ne va pas apprécier. Une certitude sur laquelle je préfère ne pas trop insister. Elle semble déjà assez terrorisée à l’idée de venir chambouler la vie de son frère, ce serait dommage de la refroidir totalement. Après tout, ils ont le droit et méritent de se connaître. Plutôt que d’insister sur Tommy, j’aime mieux en apprendre plus sur elle. Ma requête la surprend et elle tente de trouver par quel bout débuter. Je l’observe en silence se resservir un verre non sans me demander si elle est réellement autorisée à le faire et à proposer à une cliente de ne pas payer ses consommations. « A vrai dire, je crois que je vais passer à quelque chose de soft si je veux rejoindre ma voiture. Je ne tiens pas spécialement l’alcool. » Je connais mes limites et, surtout, il n’est pas question que je prenne le volant en ayant trop bu. Je ne suis pas irresponsable et je tiens trop à ma vie pour ça. Elle m’explique ensuite venir d’Argentine ce qui explique son nom aux consonnances latines et que son père l’est également. Elle me parle aussi de ses études de Droit abandonnées et de sa passion secrète – apparemment – pour la musique. « J’imagine qu’avec le décès de ta mère tu n’as pas forcément la tête à te concentrer sur des études qui demandent pas mal de soi. » Jamais je n’aurais pu tenir en études de Droit. La seule raison pour laquelle je n’ai pas abandonné Columbia était parce que j’avais trimé pour y entrer, enchaînant petits boulots et entraînements dans l’équipe de cheerleading pour avoir une bourse. Il n’était pas question que j’abandonne en ayant autant donné de ma personne. « Tu fais quoi comme musique ? Et tu joues d’un instrument en particulier ? »
Franchement tout ça, ça me fait peur, je peux pas dire le contraire. C’est mon frère et pourtant, je ne sais absolument rien de lui. Et maintenant que j’entends ce genre de chose sortir de sa bouche, je me dis que c’est peut-être une mauvaise idée. J’en sais rien. Enfin non… ouais. BREF. Je deviens folle. Puis je pense que l’alcool n’aide pas. Même pas du tout. Alors bon, quand elle me dit qu’elle préfère continuer sur quelque chose de soft, je peux comprendre. “C’est une très bonne idée, je devrais faire la même chose…” Pour quoi est-ce que je suis en train de passer moi. Une alcoolique qui fait peur. Une folle.
Bon au moins, elle n’a pas envie de fuir, c’est déjà une victoire en soit. Puis j’avoue que, maintenant que tout ceci semble passer un peu mieux, on peut enfin avoir une conversation qui semble être plus normal. Ça me fait vraiment trop bizarre de parler de moi. J’ai l’impression que je n’ai pas eue l’occasion de le faire depuis très longtemps. Elle semble vraiment s'intéresser à moi et ça fait plaisir. Surtout que je n’ai pas l’impression d’être une fille spéciale, d’avoir quelque chose d’intéressant, mais bon. “Disons surtout que j’ai abandonné mes études… Ce n’est pas une période facile, je dois t’avouer.”
Je vais sûrement passer pour la fille qui abandonne et laisse tomber à la première difficulté mais bon, je dois dire que ça m’a tellement fait mal que je ne savais pas comment réagir à tout ça. Bon par contre, maintenant arrive le côté musique. La j’ai vraiment peur. C’est ce qui me terrorise le plus dans ce monde. Le jugement des gens, de la foule. Je ne peux pas, je peux parfois être très énergique, du genre la fille qui n’a peur de rien, mais juste le fait de monter sur scène me fait perdre tous mes moyens. C’est un sujet vraiment difficile. “Je… Je ne sais vraiment pas si on peut dire que j’ai un style… Je m’accompagne avec le piano ou la guitare. En fait je dois t’avouer que la musique me fait peur.”
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Passer elle aussi à quelque chose de soft ne serait pas une mauvaise idée mais plutôt que de le dire clairement, je me contente d’un léger sourire. Je doute qu’avoir une barmaid ivre soit une excellente chose même si le bar semble assez calme pour le moment. De toute manière trop d’alcool est une mauvaise chose. Je ne parle pas en connaissance de cause, je ne bois que très peu, mais j’ai vu ce que ça peut faire à pas mal de personnes et ce n’est jamais une bonne chose. Mais passons ! Je préfère largement m’intéresser à la personne qu’elle est plutôt que de me focaliser sur son possible problème d’alcool. J’apprends qu’elle a arrêté ses études de Droit et je suppose qu’avec ce par quoi elle est passée c’est normal. Chaque personne réagit différemment à une tragédie, je ne suis pas du genre à juger à tout va de toute manière. « Alors j’espère que les choses vont s’arranger et qu’à l’avenir tu retrouveras l’envie de reprendre. » Dis-je avec un franc sourire. De toute manière quoi qu’elle décide de faire ça ne regarde qu’elle. C’est elle qui sait ce qu’elle veut faire de sa vie, l’avis des autres ne doit pas rentrer en compte. Je n’ai pas écouté mes parents adoptifs lorsqu’ils m’ont assuré que j’allais me faire marcher dessus dans le monde du sport et j’ai bien fait ! Je n’en serais pas là où j’en suis aujourd’hui si je les avais écoutés à l’époque. « La musique ou le fait de jouer devant quelqu’un ? » Demandé-je. Ce n’est pas la même chose et je pourrais parfaitement comprendre sa peur de jouer devant un public, même tout petit. Je n’aime pas attirer l’attention sur moi, ce que je fais depuis ma relation avec Tommy et la découverte de l’identité de mon père, mais plus je peux éviter et mieux je me porte. Je m’apprête à rajouter quelque chose lorsque mon portable vibre et s’allume. Message de Tommy qui me demande où je suis sa soirée s’écourtant. « Je vais devoir y aller mais … » Je commence à fouiller dans mon sac. J’y trouve un bout de papier et un crayon sur lequel je griffonne mon nom et mon numéro que je lui donne. « … Si jamais tu as besoin, je ferais de mon mieux pour être disponible tout en préparant le terrain avec Tommy. » Je descends du tabouret, attrape ma veste et mon sac. « Encore désolée d’avoir été si dur, Meghan, mais je suis persuadée qu’avec le temps, vous aurez besoin l’un de l’autre. » Ajouté-je avant de la saluer et de filer en répondant à mon fiancé.
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Dim 5 Jan - 10:12