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Ça fait du bien de rire et de plaisanter aussi naturellement. J’en oublie tout ce qui pouvait me mettre de mauvaise humeur ces derniers temps. Je n’y pense plus, uniquement focaliser sur ma conversation avec Blake et les âneries que l’on peut dire aussi facilement. J’admets avoir oublié à quel point il parvient à me mettre de bonne humeur, au même titre que mes proches. C’est si facile de broyer du noir, de se laisser aller dans les pensées négatives que je ne faisais plus attention au fait qu’ils me connaissent tous très bien et qu’ils savent de quelle façon m’aider à sortir la tête du trou. Je ris presqu’aux larmes de ce qu’on peut dire et ça me soulage. Ça me soulage vraiment même si les divers sujets de conversation que nous entamons ne sont pas forcément très joyeux ni même très agréables. Il y est tout de même question de doutes, de peur et d’avenir peu certain … Surtout dans mon cas. Je pourrais prétendre m’être fait à l’idée, ce n’est pas vrai. Nous avons tous toujours su que la vie d’Oliana ne tient qu’à un fil, depuis janvier je réalise encore plus à quel point. Ça peut se jouer en un clin d’œil et mon avenir partirait en fumée. Certains pensent savoir que je serais anéanti sans Ollie mais ils n’ont pas idée à quel point et ce que je serais capable de faire pour ne pas être séparé d’elle des années. Pas besoin du mariage pour savoir que je suis dévoué corps et âmes à cette femme. « Vous aurez au moins un super tonton pour s’assurer du bien-être de ces gamins ! » Je lui assure sans hésitation. J’aime les gosses, je trouve ça adorable et m’en occuper n’est pas un problème. Le risque est que je gâte un peu trop mes neveux et nièces et qu’ils me détestent pour ça. « Je sais bien mais il y a des choses que j’aurais aimé être capable de lui offrir. » Pourtant, nous en sommes très loin de tout ça. Nous apprenons encore à nous faire de nouveau confiance et elle apprend à m’aimer pour la seconde fois sans le moindre souvenir de la première. Des enfants ce n’est pas dans nos projets même s’il m’arrive d’y penser plus souvent que je ne le voudrais. En ayant assez des sujets franchement déprimants, je préfère ne focaliser sur les vœux de Blake et lui promettre de l’aider. Ça ne sera pas du grand art mais au moins je pourrais l’aider comme lui m’aide. Ce n’est pas grand-chose, j’en ai bien conscience, ça reste mieux que rien. Je ris doucement à l’idée qu’il puisse vraiment payer quelqu’un pour l’aider puis je préfère une note un peu plus joyeuse et m’assurer que sa proposition d’aller faire un tour dehors tient toujours. « Parfait ! Et non, j’attrape ma veste et on file ! » Pas besoin de prendre la voiture ou de demander à Garrett de jouer son rôle de garde du corps, nous pouvons sortir tranquillement sans qu’une masse de journalistes ne nous tombe dessus. Je ne peux pas promettre qu’il n’y aura pas quelques clichés de nous sur internet, mais ça devrait être tranquille et de toute manière j’ai bien trop besoin de prendre l’air pour laisser ces désagréments me garder enfermés chez moi.

« Faut croire qu’elle a vraiment toutes tes qualités. » Je pourrais le contredire mais quelque chose me dit que c'est inutile, qu'il me tiendra tête. Il va tenir à m'assurer que ma fille a hérité de mes qualités sans souligner le fait que j'ai aussi pas mal de défauts, des défauts dont il ne semble pas avoir conscience. Mais de toute manière comment le pourrait-il sachant que nous avons passé deux années sans nous voir ? Nous ne nous connaissons plus tellement, voire plus du tout. C'est au temps de nous permettre de corriger ça, au temps de nous aider à mieux nous connaître alors, en attendant, j'accepte le compliment détourné puisque c'est bien de ça dont il s'agit. Tous les deux accroupis autour de Lily, nous continuons de chercher des coquillages qui pourraient satisfaire les goûts de mademoiselle la difficile. Nous avons l'occasion de rattraper ce fameux temps perdu, de discuter en toute tranquillité et dans un lieu agréable, propice à la tranquillité. Il tente pourtant de détourner le sujet mais ce serait mal connaître mon entêtement ainsi que mon envie d'en savoir plus sur monsieur Will Henstridge, célèbre quaterback des 49ers. Ça me fait tout de même sourire de le voir tenter de passer à autre chose, de détourner vers le sexe bien que ce soit discret pour protéger les oreilles innocentes de ma fille. « Ce n’est pas que je ne laisse personne voir cette facette de moi, c’est simplement que je ne me vante pas de ce que je suis parce que je n’ai pas envie qu’on pense que j’aime les enfants pour mon image et que je vais les visiter à l’hôpital pour ça. Ça fait partie de moi c’est tout. » D'un mouvement de la tête, je lui fais comprendre que je vois ce qu'il veut dire. De nos jours il est tellement simple de faire passer un véritable acte de charité pour quelque chose de moins noble que je ne saurais pas étonné qu'un journaliste le fasse avec Will. C'est idiot mais nous vivons entourés de ces derniers. « J'imagine que tu as raison même si je persiste à croire que tu n'as pas à te cacher et puis c'est très noble et altruiste de rendre visite à ces enfants. » Ça se fait régulièrement, c'est vrai, je doute toutefois qu'il le fasse parce que ça se "fait" justement. Il le fait parce qu'il a bon cœur. Il le fait parce qu'il apprécie les enfants et qu'il aime être près d'eux, non pas parce que ça peut lui donner bonne réputation ou parce que tout le monde agis ainsi dans le monde dans lequel il travaille. « Hm ... j’ai toujours voulu des enfants, mais je ne sais pas si un jour ça arrivera alors, je profite et passe du temps avec ceux de mes proches. » Maintenant que je sais qu'il aime les enfants et que je l'ai vu à l'aise avec ces derniers – du moins avec mon enfant – je ne suis pas surprise de l'entendre admettre vouloir avoir les siens un jour. « Oh arrête, je doute qu'un gars comme toi finisse sa vie seul. Ça prend parfois du temps mais je suis certaine que tu trouveras la femme qui te donnera toute une ribambelle de bébés géants. » Amusée de le taquiner sur sa taille, je lui adresse un large sourire et décide de me relever pour étirer mon dos. J'aime beaucoup l'idée que notre discussion se fasse aussi facilement et puisque nous avons tout le reste de l'après-midi, je sais que nous allons continuer à parler tout en nous taquinant en profitant du soleil, de la plage et de Lily.

C'est certain, je précipite les choses mais l'idée me semble bonne. Elle a besoin de partir loin de Los Angeles, loin des États-Unis même ! Il faut qu'elle s'éloigne des souvenirs négatifs qu'elle promène depuis ce qui me semble être une éternité. Le soleil, l'odeur de l'océan et la brise marine lui permettront de se vider la tête. Elle préférerait probablement le faire loin de moi mais rien ne l'oblige à être avec moi. Je peux prendre deux petites villas pour qu'elle ait son endroit et moi le mien. Elle sera juste en vacances, je me contenterai de payer et de veiller sur elle autant qu'elle me le permettra. Mais je ne parviens pas à regretter ma proposition. C'est sorti vite et ça la prend au dépourvu, ce qui ne veut pas dire que je dois m'en vouloir même en voyant son air plus que surpris posé sur moi. Elle cligne des yeux sans cesser de fixer mon visage comme pour s'assurer qu'elle n'est pas en train d'halluciner et moi je la regarde avec appréhension. Je ne prendrais pas mal si elle décide de refuser ma proposition mais au moins elle est mise sur la table, à elle de la saisir ou non. « T’es … sérieux ? » D'un simple mouvement de la tête je lui confirme l'être. Je n'ai été que rarement aussi sérieux et je pense tout ce que je lui ai dit. Ça sera le moyen de dormir, de reprendre des forces et probablement d'aller mieux. Ce n'est pas grand-chose mais c'est mieux que rester ici et devoir affronter l'inquiétude de ses proches. Elle peut voir ça comme une pause, une petite bulle de protection pour quelques jours.« Je ne sais pas Shiloh … » Débute-t-elle, les mains cachant son visage. Ouvrant la bouche, prêt à répliquer, elle me coupe l'herbe sous le pied en reprenant : « Je … j’ai besoin d’y réfléchir. C’est un peut-être, d’accord ? J’ai … Je veux pouvoir accepter parce que j’en ai envie, pas parce que je veux fuir. » De nouveau, j'agite la tête. Je me suis redressé par automatisme comme pour mettre une distance pour me protéger mais je la brise une fois encore en posant ma main sur la sienne, un léger sourire au coin de mes lèvres. « Prends-le temps d'y réfléchir, c'est tout ce que je te demande. » Répondis-je avec douceur. « Je ne veux pas te forcer, je veux seulement que tu le vois comme une façon de mettre tes problèmes en pause pour mieux les affronter ensuite. Dans tous les cas, je serais pour te soutenir. » C'est une promesse que je tiens à tenir cette fois, je ne vais pas la rompre. Penché vers elle, je dépose un baiser sur son front au moment où on frappe contre la vitre de la porte coulissante du box. Une jeune médecin apparaît alors, sourire rassurant aux lèvres. « Excusez-moi de vous déranger mais j'ai besoin de faire quelques examens sur ma patiente. Je vais devoir vous demander de sortir. » J'approuve une fois encore d'un geste de la tête et pose mon regard sur Kalia. « Je passerai te voir demain, en attendant repose-toi d'accord ? » A son tour d'approuver d'un geste de la tête. Et, malgré mon manque de motivation quant au fait de la laisser, j'accepte de relâcher de sa main et de me lever. Un dernier regard et un dernier sourire une fois à la sortie du box et je la laisse entre les mains expertes de son médecin le corps à la fois léger et lourd.

Peut-être qu'en temps normal j'aurais réagi différemment à l'annonce du mariage de ma sœur, un mariage dont personne n'a été mis au courant, mais je n'en suis pas certain. J'aurais probablement été énervé quelques minutes pour ensuite de me radoucir. Tout ce que je souhaite c'est le bonheur de mes sœurs et même si je suis certain qu'il y aura toujours des connards pour leur faire du mal, je ne serais pas là à tout jamais pour les protéger. C'est quelque chose que je dois tenter de me mettre en tête même si ce n'est pas simple. Mes sœurs sont plus que précieuses à mes yeux, je les ai aimé et protégé dès leur naissance et me promettant de veiller sur elles quoi qu'il advienne. Mais … Peut-être dois-je apprendre à me calmer sur certains points en freinant le frère protecteur que je suis ? Je l'ignore. Toujours est-il que je réagis calmement, bien plus que ce à quoi elle a dû s'attendre même si je ne mâche pas forcément mes mots. « Je ne suis pas un saint, c'est surtout ce que je veux dire. Ça et le fait que j'ai effrayé pas mal de vos copains seulement parce que je considérais qu'ils ne vous méritaient pas. » A mes yeux, ils étaient tous des salauds, tous capables de leur faire du mal mais pas de les rendre heureuse. Je ne peux pas chasser de mon esprit l'assurance que Luke n'est pas fait pour elle, pas alors qu'il l'a déjà fait souffrir, mais pour une fois je vais apprendre à me taire et à faire des efforts. « Je peux comprendre ... » Admis-je. Je ne pourrais pas moi-même m'empêcher d'approcher Kalia même si elle me le demandait alors je peux tout à fait comprendre. Plus que je ne lui admettrais d'ailleurs. « Non, t'es loin de l'être mais c'est pas grave, ça fait du bien d'entendre l'inverse pour une fois. » Son baiser posé sur ma joue me fait sourire et chasse un petit peu la mauvaise humeur que je trimballe depuis des jours. Je la serre un peu plus contre moi en l'entendant me promettre que tout ira bien. « Dans le cas contraire tu sais déjà ce que je risque de faire. » Mais inutile d'en parler pour le moment, inutile de voir le négatif immédiatement. Si elle est venue ici ce soir c'est afin de se confier à moi et d'avoir mon soutien et pour une fois c'est ce que je vais faire : je vais être là pour ma sœur et arrêter de jouer au con.

« Si seulement, c’était possible … » Cette phrase, pourtant simple, me donne l’impression de me prendre à la fois un coup de poing dans le ventre et un poignard dans le cœur. J’encaisse sans rien dire. J’encaisse parce que je ne peux pas me permettre d’emprunter cette route bien trop glissante. Si je le fais, je vais finir par la laisser revenir. J’ignore comment mais je le ferais. J’ai été accro à cette femme pendant des années. Je l’ai aimé, protégé, choyé et parfois mise sur un piédestal parce que ça me semblait normal. Elle avait seize ans que le pseudo adulte que j’étais ne pouvait plus penser à autre chose qu’à son sourire capable d’illuminer le monde. Petit à petit, j’ai eu le privilège de découvrir ses courbes et de pouvoir en profiter à ma guise autant qu’elle profitait de mon corps. Honnêtement, j’étais le plus heureux des hommes. Jusqu’à ce que mon père me tienne une conversation qui m’a brisé. Son aveu quant à la véritable raison du décès de ma mère m’a fait paniquer. Je me suis immédiatement imaginé Kalia dans la même situation et j’ai surtout imaginé ma réaction ainsi que celle de sa famille. J’aurais été haïs de l’avoir mise en danger et je me serais détesté d’avoir laissé la vie m’arracher celle que j’aimais. Je me suis mis en tête de l’éloigner sans pour autant lui donner d’explications. Comment étais-je supposé lui expliquer que ma famille blanchit de l’argent depuis des années pour la mafia italienne et certains gangs de Los Angeles ? Comment lui dire que la fortune des Falcone s’est d’abord basée là-dessus ? Elle m’aurait regardé comme un monstre et ça aurait été plus difficile que n’importe quoi d’autre. J’avais confiance en elle et une partie de moi continue encore maintenant, mais je n’ai pas le courage de la mêler à tout ça. Je protège déjà mes sœurs et ma meilleure amie de la vérité, je ne peux pas l’impliquer elle là-dedans. Alors oui, savoir qu’elle ne se sent pas capable d’être heureuse sans moi est douloureux. Ça l’est parce que j’aimerais tellement lui dire de me laisser une seconde chance, d’oublier mes erreurs, mes demandes, et de me laisser lui donner cet amour auquel elle a le droit. Je ne peux pas le faire. Je me tais et la garde contre moi pour une dernière étreinte. « Je … vais y aller. » Pour ne pas changer, je ne la retiens pas. Nous nous sommes dit ce que nous avions à nous dire même si je n’aurais pas été contre la garder ici, dans mes bras un peu plus longtemps. « Où sont mes affaires ? » Il me faut quelques petites secondes pour parvenir à me souvenir de ce que j’en ai fait hier et je me racle la gorge pour répondre sans que ma voix ne déraille. « Je te les apporterai au studio, elles sont dans la machine. Tu pourras me rendre les miennes à ce moment-là. » Ou les garder si elle le souhaite mais j’en doute. « Je vais t’appeler un taxi. » Aucun contact visuel ne se fait entre nous. Je m’éloigne pour prendre Naël dans mes bras qui commençait à chouiner dans son parc puis sors mon portable de ma poche. Encore une fois ça se termine par elle qui s’en va et moi qui n’agit pas. Prévisible.

Tommy, je le connais par cœur. Des années qu’il me supporte et des années que je le supporte, c’est suffisant pour expliquer à quel point nous nous connaissons. Il n’a pas besoin de me dire qu’il est terrifié, je le devine. Son précédent mariage l’a traumatisé, il n’y a pas d’autres mots. Lisa l’a brisé et l’a mené à douter de l’amour voire même à douter de lui-même. Tessa est ce baume dont il avait besoin, l’opposé le plus complet de son ex-femme mais même en sachant ça il continu d’avoir peur. Peur de la perdre sans doute et que les similitudes avec sa relation avec Lisa viennent tout briser une seconde fois. J’en doute sincèrement. Je suis même persuadée qu’il a enfin trouver la personne dont il avait besoin. Peu importe que le bébé n’arrive pas au bon moment, il n’en reste pas moins la preuve qu’ils sont faits l’un pour l’autre. De toute manière nous sommes voués à ne rien contrôler dans nos vies. A chaque fois que nous tentons de le faire, le Destin nous met une bonne paire de claques pour nous calmer. C’est sans doute trop pour lui. L’accident, son réveil après plusieurs jours interminables de coma, sa dépendance à une machine, l’annonce de la maladie de sa fiancée mais aussi sa grossesse. Personne ne peut encaisser autant pourtant j’ai l’habitude de connaître Tommy si fort que remarquer que ses yeux se voilent de larmes me laisse sous le choc. Il me faut quelques secondes pour réagir et me lever pour le rejoindre sur son lit. Je veille à ne pas lui faire mal lorsque j’entoure ses larges épaules de mes bras et pose ma tête contre la sienne. « Pleure Tom, t’en as besoin. » Ça peut sembler idiot de lui dire ça, ça ne l’est pas. Il faut qu’il évacue ce trop-plein d’émotions qu’il a en lui, qu’il mette sa fierté de côté pour se soulager de la douleur et de la peur qui le rongent trop violemment. « Tu seras un papa formidable, tu l’es déjà. » J’embrasse affectueusement sa tempe puis reprends la même position. Je ne compte pas bouger de là. Je resterai à le serrer contre moi aussi longtemps qu’il aura besoin, jusqu’à ce qu’il soit épuisé d’avoir trop pleuré et qu’il ait besoin de dormir. Je lui offre ce soutien et cette présence que lui-même m’a donné si souvent par le passé sans m’en plaindre. Après la frayeur qu’il m’a faite, je suis trop heureuse de ce contact de toute manière.

Je ne veux pas réfléchir à la connerie que nous venons de faire, pas alors que ça fait des jours que j’attends ce moment. J’en profite autant que cela m’est possible dans son bureau. Je sens mon goût sur ses lèvres et sur sa langue qui vient taquiner la mienne ce qui me fait soupirer une nouvelle fois. Mon corps fait de son mieux pour se calmer après cette vague de bien-être qui l’a englouti. Transportée dans un autre monde, j’admets que je n’aurais rien contre le fait d’aller plus loin, toutefois je pense avant tout à son érection qui est très flatteuse. Sa main m’arrête avant que je ne puisse faire quoi que ce soit et je m’interroge aussitôt. « Non, je suis déjà en retard. » Il est … une minute, quoi ? J’ôte ma main comme si son contact venait de me brûler et je le regarde sans trop saisir s’il se paye ma tête ou s’il est sérieux. Il s’éloigne pourtant avec neutralité et me fait redescendre de son bureau. Ma robe se remet en place en bas mais je cache ma poitrine sans savoir comment je dois prendre sa réaction. « Je vais devoir filer. » Si je n’avais pas plus de fierté, ma mâchoire en serait tombée par terre. Si je n’étais pas plus forte j’aurais eu envie de partir en courant d’ici et en larmes. A la place je reste comme une idiote à le regarder faire de son mieux pour calmer son excitation. Autant dire qu’il vient de m’offrir une véritable douche froide. Je ne demandais pas à ce qu’il m’embrasse à en perdre le souffle et qu’il soit câlin, je ne veux pas de ça … Par contre ce mur qu’il vient d’ériger entre nous me fout un coup. Revenant à moi, je me racle la gorge et lisse ma robe. « Je vais retourner travailler dans ce cas. » Un peu abasourdie, j’attrape la pochette avec laquelle je suis rentrée mais me retourne vers son bureau pour la poser dessus. « Tu devrais jeter un coup d’œil. » J’affirme en lui jetant un dernier regard avant de sortir du bureau dont je déverrouille la porte. Je comprends parfaitement l’expression "ascenseur émotionnel" maintenant.

De ma queue de cheval se dégagent plusieurs mèches folles de cheveux. Mon corps luit de sueur, mes joues sont rouges et mes yeux brillent. Autant dire que la pénombre sera la seule façon de cacher que je viens de prendre mon pied. Tout sur moi crie que je viens d’avoir un orgasme, de mon allure à ce sourire béat qui vient illuminer mon visage. Détendue et surtout comblée, même les petites douleurs éprouvées par l’effort et ses coups de butoir ne m’empêchent pas d’être heureuse. C’est l’effet que l’extase me fait à chaque fois, pas étonnant que je réitère l’expérience aussi souvent que possible même si ce n’est pas toujours le même résultat. Will reste collé à moi, ses lèvres explorant la peau chaude de mon cou et je ne peux résister à l’envie de glisser mes doigts dans sa chevelure légèrement humide elle aussi. Notre respiration peine à se calmer, comme si nous venions de courir un marathon. Il me faut quelques minutes de plus avant d’être capable de sortir d’ici et de traverser la foule sans que mes jambes ne se dérobent sous moi. Autant en profiter en attendant. Généralement j’évite toutes preuves d’affections après sexe, c’est ouvrir la porte à des choses dont je n’ai pas envie. Là … C’est plus fort que moi. La tendresse dont lui-même fait preuve m’oblige presque à lui rendre la pareille. Non pas que ça me dérange, au contraire, c’est seulement nouveau – mais agréable. Encore face au grand miroir, nos regards se croisent et ne se quittent plus malgré les baiser qu’il continu de poser ici et là sur mon épiderme. « Satisfaite ? » Commençant par sourire pour tout début de réponse, je me force à me détacher un peu de Will uniquement pour me tourner et pouvoir l’observer en direct. Je laisse mes doigts glisser sous son haut qu’il porte toujours, contre la peau chaude de son torse. « Très. » Confirmé-je en continuant mes caresses quelques secondes. Je pourrais rester là un long moment si nous n’étions pas encore au Mayan en train de bloquer des toilettes. Il y a déjà un risque qu’on nous ait vu nous embrasser sur la piste de danse, autant éviter de trop alimenter les potentielles rumeurs qui pourraient courir. Mes doigts le quittent à contre cœur pour venir s’occuper de redescendre le bas de ma robe et couvrir mon intimité désormais à nue et le haut de mes jambes. Je continue en remettant correctement le haut en l’observant se rhabiller lui aussi. Il me tarde surtout de lui retirer tout ça malgré ma satisfaction actuelle. « Maintenant t’as plutôt intérêt à continuer comme ça toute la nuit. » Je hausse les sourcils et ris légèrement en mettant de l’ordre dans mes cheveux. Nous le savons tous les deux : nous ne comptons pas rentrer chacun de notre côté. Ce besoin de profiter de l’autre est encore trop important pour le repousser et j’ai terriblement envie de pouvoir explorer son corps à l’aide de mes lèvres. « On y va ? » Demandé-je en m’approchant de la porte. J’attends son feu vert pour la déverrouiller et l’ouvrir doucement. Personne à l’horizon, tant mieux. Je me glisse à l’extérieur et le laisse attraper ma main pour me guider parmi la foule jusqu’à la sortie et sa voiture qui nous attend sagement pour ne guider vers de nouvelles aventures.

J’ai l’impression qu’une éternité s’est écoulée depuis que nous avons eu un repas comme ça tous les quatre … Enfin tous les cinq. Naël a beau être calme ce soir, le voir tenter d’attraper tout ce qui lui tombe sous la main ne m’échappe pas. Je suis obligé d’éloigner mon verre pour m’assurer qu’il ne fasse pas une catastrophe tout en écoutant les propos de Logan mêlés à ceux de Lara. « T’essayeras de le lui faire comprendre, mais t’attends pas à un miracle. Et il a intérêt d’être très charmant pour convaincre papa. » Je lance en ricanant avant de recevoir un coup sur l’épaule de la part de Lara qui manque de me faire renverser mon verre près de mes lèvres. Ce n’est pas de ma faute si je pointe seulement la vérité. Quant à cette histoire de triple rencard, je doute que ça arrivera un jour – en tout cas je ne serais pas l’investigateur de cette folie – et la seule consciente semble être Lou qui ne peut s’empêcher de glisser une petite critique sur les musiciens. « Eh doucement sur les critiques des gens dont je m’occupe pour la plupart … D’accord, y a des cons dans le tas. » Sans parler du fait que je suis moi-même musicien, pas de carrière mais je compose une grande partie des mélodies de ceux qui nous produisons … Il m’arrive parfois d’écrire de paroles mais passons. Le mariage mis sur la table, je ne peux pas m’empêcher de faire un commentaire sur la future mariée dont Lara s’occupe ce qui fait immédiatement réagir notre cadette. « Ce n’est pas parce qu’elle va se marier que ça doit m’empêcher d’apprécier ce que je vois. » Assuré-je avant d’entendre Lou marmonner que le futur marié est également canon. « Tu vois, Lou fantasme bien sur un homme bientôt marié. La moitié de la ville doit le faire, peut-être même une partie des Etats-Unis depuis sa demande devant caméras. » Quatre paires d’yeux finissent rivés sur moi alors que je fronce les sourcils. « Quoi ? Je regarde les matchs je vous rappelle. » Mon excuse est un peu bidon mais elle n’en reste pas moins vrai. J’aime le sport et j’aime le football, cette demande n’a pas pu m’échapper. « Le nom ne fait pas tout mesdemoiselles. Vous n’avez pas un contrat avec Red Records, c’est mon cas. Je suis multitâche ! » Je me lève, large sourire aux lèvres et confie Naël à l’une de mes sœurs. « Bref, je vais chercher le repas, on continuera cette belle discussion en nous remplissant le ventre. »