Je n’aime réellement pas l’idée d’avoir pu jeter un froid entre nous. Ça ne devrait pas me préoccuper autant, après tout il y a de fortes chances qu’il ne soit pas le père et que je l’ai juste fait paniquer, seulement j’apprécie beaucoup Will. En dehors de nos taquineries et de la baise incroyable qu’il m’offre à chaque fois – et pour ça il me suffit de repenser à cette fameuse nuit au Mayan ou celle dans sa voiture – il arrive à me faire rire et à ne pas me sentir pitoyable. Il est si simple de prétendre être sûr de soi et fort. En réalité, je ne suis ni l’un, ni l’autre. Affaiblie par les aléas de la vie et des pertes difficiles, je me suis forgée une carapace derrière laquelle je reste la même fille sensible. Je connais mes torts et mes travers. Parfois j’ai l’impression d’être une mère médiocre et de ne pas pouvoir m’en sortir seule. Il y a des jours où j’aimerais mieux rester sous ma couette et pleurer, puis je me rappelle que je ne peux pas. Une petite fille de deux ans dépend de moi, qui suis-je pour m’apitoyer sur mon sort ? Avec Will j’ai tendance à oublier ça parce qu’il semble me considérer comme une personne qui en vaut le coup. Je ne sais pas s’il a tort ou raison, je sais seulement que ça me fait du bien, que je ne veux pas perdre ça et que j’aimerais même développer cette relation. Puisque nous vivons désormais dans la même ville, c’est peut-être l’occasion d’en profiter … Si ce que je viens de lui dire ne l’a pas carrément fait flipper. S’il est encore là c’est qu’il n’a pas envie de fuir ? A moins qu’il ne soit trop assommé pour bouger. « Je ne sais pas non plus. J’ai l’impression que c’est le cas, vraiment, mais je ne me souviens de rien d’autre que le fait que c’était génial … » Difficile de retenir mon petit sourire satisfait. Entendre qu’il a apprécié cette nuit-là autant que moi malgré les possibles conséquences ça flatte. Et de toute manière, vu nos derniers ébats, je n’aurais pas pu en douter. Tout ce que je veux, cela dit, est qu’il comprenne la raison pour laquelle je n’ai pas voulu connaitre l’identité du père de Lily. Sans parler que ça aurait pu causer beaucoup de torts. « Ce genre de réaction ? J’essaie juste de comprendre tu sais ? Tu ne veux pas savoir je comprends, c’est ta décision et … c’est aussi très possible que ça ne soit pas moi alors ... ça ne me concerne pas vraiment. » Mon regard dérive également vers la petite fille qui continue de jouer sans avoir la moindre idée de l’importance de la conversation qui se déroule dans son dos et d’à quel point elle est concernée. « T’as probablement raison et je n’ai pas envie que ça jette un froid entre nous. J’ai pensé qu’avec cette révélation tu aurais pu ne pas oser demander. Je suis désolée. » Dis-je en reportant mon attention sur lui. J’ose même prendre sa main pour la serrer en espérant qu’il ne la chasse pas et accepte mes excuses. « Maman ? » La petite voix de Lily me sort de mes pensées même si je ne lâche pas la main de Will. « Soif ! » Etant donné le soleil, ça ne m’étonne pas ! Son chapeau ne l’empêche pas d’avoir besoin d’eau alors je me penche pour attraper son biberon qui en contient et le lui donne. Elle siffle trois à quatre gorgées puis me le rend et retourne jouer. « Tu veux rester avec nous ? » Osé-je demander en regardant Will. « Dans quelques minutes elle va avoir envie d’aller ramasser des coquillages et de s’approcher de l’eau. C’est pas passionnant mais si jamais ça te tente … »

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C’est con. Il y a une part de moi qui aimerait que toute cette confusion soit vrai et l’autre qui n’a pas la moindre envie d’apprendre que je suis père d’une gamine de deux ans. D’un côté, j’ai toujours voulu devenir père un jour dans ma vie. Après m’être occupé de mon frère et mes soeurs une grande partie de ma vie, je me suis toujours dit que ce serait bien de vivre ça, d’avoir mon propre enfant et d’être heureux avec la femme que j’aime, pourtant, dans ma tête, j’ai aussi l’impression que rencontrer cette personne est maintenant devenu impossible. L’amour, ça fait des années que je n’y crois plus vraiment et ce, pour la simple et unique raison que la personne en qui j’avais le plus confiance dans ce monde - soit mon ancien meilleur ami - m’a trahi avec ma petite amie de l’époque et après ça, j’ai simplement cessé d’y croire. J’ai eu des relations ici et là depuis, mais rien de bien sérieux. Alors être heureux et avoir des enfants est une option qui a vite été rayer de ma liste en fait. Je crois que c’est aussi pour ça que j’aimerais que Lily soit vraiment la mienne, mais je sais que c’est impossible. Je prends beaucoup trop de précautions pour en arriver là et de toute façon, je ne sais pas dans quel état on me retrouverait si j’apprenais l’existence d’un enfant qui m’appartient et qui a déjà vécu toutes ses premières fois de bébé. Je chasse rapidement cette idée de ma tête parce que je sais que tout ce que ça va faire c’est de m’anéantir alors qu’en vérité, les probabilités qu’elle soit ma fille sont très faibles. Je n’aime mieux pas savoir avec combien d’hommes Emma a couché pendant cette période de toute façon. Premièrement parce que ça ne me concerne pas et deuxièmement parce que j’aime mieux rester dans l’idée que je reste tout de même son meilleur coup parmi tous ces hommes. « T’as probablement raison et je n’ai pas envie que ça jette un froid entre nous. J’ai pensé qu’avec cette révélation tu aurais pu ne pas oser demander. Je suis désolée. » Je sors vite de mes pensées lorsque je l’entends parler, mais surtout lorsque je sens sa main venir se glisser dans la mienne. Rapidement, mes doigts se nouent aux siens instinctivement et je lève les yeux vers elle. Mon autre main passe derrière ma tête. Je ne sais pas quoi dire à vrai dire, mais je refuse qu’elle s’excuse pour une décision qu’elle a prise. Elle faisait sans doute cela pour le bien de sa fille, je ne sais pas. Puisque bon, peut-être que son père et un véritable connard, c’est aussi une possibilité après tout. « Ne t’excuse pas Emma. Et ne t’en fais pas pour nous, tout ça reste identique d’accord? » Ce n’est certainement pas sa fille qui va venir tout changer peu importe ce que nous sommes elle et moi en tout cas. Je ne suis pas un gros con et les enfants ne me font pas peur et ne vont pas non plus me faire fuir. Je m’entends naturellement bien avec eux et même que je prends souvent de mon temps personnel pour aller passer du temps avec les enfants malades à l’hôpital. Bon, ça, il y a très peu de gens qui sont au courant, mais quand même. Lily s’approche de sa mère pour lui dire qu’elle a soif et sans lâcher ma main, Emma s’occupe de lui donner à boire. J’en profite pour la regarder encore plus, un peu déstabilisé par cette adorable petite fille tout en serrant un peu plus la mains d’Emma par réflexe. « Tu veux rester avec nous ? Dans quelques minutes elle va avoir envie d’aller ramasser des coquillages et de s’approcher de l’eau. C’est pas passionnant mais si jamais ça te tente … » Mon visage s’illumine et je souris, plutôt satisfait qu’elle me demande de rester, mais surtout parce qu’elle pense vraiment que c’est complètement ennuyant comme activité alors que je n’ai franchement rien de mieux à faire et de toute façon, je préfère être avec elle. « Ça tombe bien, je suis justement un pro pour chercher et ramasser des coquillages. » Dis-je en lui faisant un clin d’oeil par la même occasion.

featuring @emma sheridan  

Je suis loin d’être fière d’une grande partie de ma vie. J’en parle parce qu’elle fait partie de moi et qu’il est difficile de l’ignorer alors que la petite Sheridan que j’étais faisait la une de la presse people, mais je n’en suis pas fière. Au cours de cette période de bêtises en tout genre, j’ai également couché avec des hommes mariés. Rien ne m’arrêtait et puisque ces derniers étaient partants, je ne voyais pas pour quelles raisons j’aurais dû me priver. J’aurais pu briser des couples, des mariages, et y penser m’a fait culpabiliser comme jamais. C’était comme me prendre un seau d’eau froide et de glaçons sur la tête, autant dire que ça m’a calmé autant que d’apprendre par ma gynécologue j’étais enceinte de plus de deux mois. Forcément, aller risquer d’apprendre à l’un d’eux qu’il était le père de ma gamine j’ai préféré éviter et ça s’est fini par éviter d’en parler à qui que ce soit. Ma famille n’a pas cherché à en savoir plus. Ils connaissaient mon caractère mais savaient surtout ce par quoi j’étais passée. Ça n’excusait pas grand-chose selon moi. Savoir que j’aurais pu jeter un froid entre Will et moi, ça ne me plait pas. Je n’aurais pas dû en parler, je le sais bien, mais je ne saurais dire pourquoi l’idée qu’il puisse potentiellement être le père de Lily me plait. Je ne l’explique pas. Peut-être à cause de notre amitié et du fait que je sais qu’il a beaucoup de cœur derrière ses airs de don juan. Cela dit il a raison, il y a très peu de risques que ce soit le cas. « Ne t’excuse pas Emma. Et ne t’en fais pas pour nous, tout ça reste identique d’accord ? » Je laisse un rictus apparaitre sur mon visage alors que nos doigts restent noués. Ça me fait légèrement frissonner ce que je pourrais mettre sur la brise de l’océan si jamais il le remarque. Apparemment ce n’est pas le cas. De toute manière, l’intervention de Lily nous sort de notre conversation et du côté dramatique de celle-ci. De retour dans le sable, elle ne tiendra que quelques minutes avant de vouloir aller près de l’eau. Cette enfant ne tient pas en place, aussi hyperactive que je pouvais l’être à son âge selon ma mère. Et sans même réfléchir, je propose à Will de rester avec nous. Ça me ferait plaisir en plus d’être une occasion de discuter tous les deux. Il est peut-être en vacances, ce n’est malheureusement pas mon cas. « Ça tombe bien, je suis justement un pro pour chercher et ramasser des coquillages. » Mon sourire s’élargit, tête secouée de droite à gauche malgré mon amusement. « Je ne peux pas te laisser filer dans ce cas, je m’en voudrais qu’elle passe à côté d’un expert ! » A contre-cœur je lâche sa main en me relevant. Je m’assure que rien ne risque de glisser de la poussette lorsque je vais devoir la porter dans le sable. Pratique, elle n’est pas faite pour le sable malgré tout. Mes deux dernières années d’expérience m’ont appris à toujours vérifier que je ne vais rien perdre en chemin. « Lily ? On va près de l’eau ? » Aussitôt demandé et aussitôt est-elle sur ses pieds, vacillant un petit peu avant de trouver son équilibre. Dieu merci elle n’a pas fini la tête la première dans le sable ! « Tu veux bien prendre la main de Will ? Maman doit porter la poussette mon cœur. » Je l’informe pour ensuite lancer un regard vers le brun pour m’assurer que ça ne le dérange pas de s’occuper d’elle jusqu’à ce que je puisse poser la poussette et la surveiller de là où nous serons.

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Je peux comprendre qu’elle doute de l’identité du père de sa petite fille puisqu’à l’époque, plusieurs me disaient de me méfier et de ne pas me laisser tenter par Emma. Elle couchait avec énormément de gens et s’amusait pas mal avec n’importe qui surtout. Du moins, c’est ce qu’on me disait parce que ces rumeurs-là ne m’ont jamais vraiment arrêté d’être d’abord ami avec elle, mais surtout d’être attiré physiquement par cette femme. Il y a toujours eu ce petit quelque chose que je trouvais particulièrement mystérieux et pourtant tellement excitant chez elle, mais je n’ai jamais su de quoi il s’agissait. De toute façon, avec le passé que j’ai, je ne me suis jamais permis de juger qui que ce soit sur leurs actions parce que j’ai forcément fait pire - ou presque. Il faut dire aussi que coucher avec une nouvelle fille à chaque soir, je le faisais aussi alors ce qu’Emma faisait de ses nuits et surtout de sa vie sexuelle, ce n’est qu’elle que ça concernait. Bon c’est certain que maintenant, si un jour elle veut connaître l’identité du père de sa fille, cela risque d’être un peu plus compliqué, mais comme elle ne semble pas décidé à la faire, j’imagine qu’elle ne se posera plus la question jusqu’à temps que sa fille ne vienne vers elle sans doute un peu plus tard dans sa vie. Pour avoir vécu avec l’absence d’un père toute ma vie, je peux confirmer qu’elle peut sans aucun doute y arriver aussi, même si bon, elle serait très malchanceuse de tomber sur un père aussi bon à rien que le mien, je dois l’avouer. Mes doigts bien glissés entre ceux d’Emma, je serre doucement sa main en profitant de cette étreinte très petite et qui pourtant semble nous faire réagir tous les deux alors que nous avons été bien plus proches que ça auparavant. Je ne sais pas vraiment ce qui me prend, c’est comme si j’ai juste envie de rester là sans rien faire, mais la petite nous ramène rapidement à la réalité et Emma lâche finalement ma main en regardant qu’elle a tout ce qu’il faut dans sa poussette. « Je ne peux pas te laisser filer dans ce cas, je m’en voudrais qu’elle passe à côté d’un expert ! » Qu’elle me dit alors que d’un coup, je me trouve un peu con d’avoir vanter mes mérites de pro des coquillages, mais bon, toutes les raisons étaient bonnes pour rester avec elle faut croire. « Ce serait plutôt dommage en effet. » Puis je ris parce que franchement, c’est un peu ridicule toute cette situation, mais de toute façon, je devais déjà passer l’après-midi à Venice Beach pour profiter un peu de mes vacances alors je préfère nettement mieux être accompagné que seul, c’est beaucoup plus intéressant et surtout, c’est une autre façon de la connaître et de découvrir la facette maman d’Emma. Elle semble être plutôt douée, mais en même temps, lorsqu’on se débrouille pratiquemment seule pour élever son enfant, c’est sans doute normal d’avoir l’air encore plus douée. C’est surtout admirable selon moi d’être mère monoparentale et ce, même si Emma aurait certainement pu éviter ça. « Lily ? On va près de l’eau ? » De ses deux toutes petites jambes, elle se relève tellement rapidement qu’elle tombe presque en s’exécutant. Heureusement, elle retrouve son équilibre et regarde sa mère avec son tout petit sourire adorable accroché au visage. Un signe de oui avec sa tête, elle sait que sa mère va comprendre rapidement qu’elle n’a besoin de rien dire pour qu’elle puisse voir qu’elle est d’accord après tout. « Tu veux bien prendre la main de Will ? Maman doit porter la poussette mon cœur. » Je me retourne automatiquement vers Emma puis échange un regard avec elle que ça ne me dérange pas de m’occuper de Lily qui vient aussitôt me prendre la main sans hésitation. Je commence à marcher très tranquillement à ses côtés avant de m’arrêter et me retourner vers Emma. Ma main droite dans la toute petite main de Lily, je viens prendre la poussette de l’autre pour donner un coup de main à la jolie demoiselle. Faut dire que ce n’est pas une petite poussette qui va être à l’épreuve de mes muscles et puis, je peux très bien faire deux choses en même temps si c’est pour lui rendre service. Une fois plus près de l’eau, Lily lève la tête vers moi et ne me lâche pas la main. Je m’approche donc un peu plus des coquillages avec elle alors qu’Emma termine de s’installer. Son petit seau dans sa toute petite main, elle me lâche pour ramasser quelques coquillages et les placer délicatement dans le seau. Je la regarde un moment puis décide de faire la même chose sous le regard observateur d’Emma.

featuring @emma sheridan  

Je l’admets, il y a deux ans j’avais le béguin pour Will. Il était ce garçon charmant pour qui nombre de filles tombaient. Grand, brun, ténébreux, ce n’était pas difficile de vouloir le compter parmi mes conquêtes. Avant ça, il est devenu un ami même s’il est vrai que nous nous parlions pas trop de nos vies privées. Nous en savions un minimum ce qui suffisait pour qu’il y ait une entente entre nous deux. Quelques temps plus tard nous avons eu notre nuit ensemble, une nuit formidable qui semble nous avons marqué l’un comme l’autre avant que nos chemins ne se séparent. On pourrait penser qu’avec le temps l’attirance aurait diminué pour finalement disparaître, comme le dicton loin des yeux, loin du coeur, mais non. Ces batifolages auxquels nous avons cédé nous ont marqué, comme si nous l’avions été au fer rouge. Je ne m’en plains pas cela dit, ça nous a permis de retomber l’un sur l’autre par le plus grand des hasards et découvrir avoir une certaine passion commune pour le même genre de fantaisies qui, pourtant, auraient pu nous apporter des emmerdes au Mayan. Qu’est-ce que ça aurait été si nous avions été surpris en plein ébat dans les toilettes ? Je ne préfère même pas y penser même si je ne regrette pas une minute cette nuit-là ou même celle qui a suivi il y a quelques jours. J’aurais pu tout perdre ou du moins perdre une chance en or avec cette histoire de paternité mais, heureusement pour moi, WIll ne semble pas trop s’en formaliser. Je pense surtout qu’il tente de se convaincre qu’il ne peut pas être le père et il a probablement raison. Après tout, s’il est certain que nous nous sommes protégés toute la nuit, je dois lui faire confiance, pas au point qu’on me dise que l’amour rend aveugle, mais assez pour prouver que je crois en ce qu’il me dit. De toute manière je ne suis pas sûre que l’amour soit fait pour moi même si je l’évite depuis des années pour me protéger. Je ne saurais la vérité que si je me laisse aller, ce dont je ne suis pas certaine d’être capable pour le moment. Quoi qu’il en soit, de nouveau à l’aise avec le footballeur, je lui propose de rester avec nous un peu plus longtemps et qu’il accepte me fait réellement plaisir. « Ce serait plutôt dommage en effet. » Sourire au coin des lèvres, je me prépare à gagner l’eau un peu plus loin. Heureusement, le sable est assez plat ce qui va m’éviter de me tordre la cheville ou de voir Lily tomber malgré l’aide de Will qui accepte donc de prendre la petite main de ma fille qui, elle, glisse la sienne vers lui sans la moindre hésitation. Elle n’a pas peur des inconnus ce qui parfois pose des problèmes. Tous les trois nous avançons vers l’eau, l’air marin venant caresser mon visage et faire voler les cheveux blonds de Lily. Poussette coincée contre moi, la main libre de Will vient m’aider à la porter ce qui me soulage de mon fardeau. « Merci. » Assez proches de notre destination, je repose la poussette au sol et laisse les deux partir commencer leur chasse aux coquillages. Je les observe en cherchant la serviette apportée pour Lily que je pose sur le siège de la poussette puis je les rejoins tranquillement vers le sable mouillé. « Vous trouvez votre bonheur tous les deux ? » Demandé-je en en dégageant une mèche de cheveux venue me cacher la vue. Je m’approche de Lily, m’accroupi à côté d’elle et commence à regarder ce que les vagues rejettent. « J’ignorais que tu appréciais autant les enfants. T’as d’autres talents cachés ? » Je relève la tête pour regarder vers Will, une main en visière pour protéger mes yeux du soleil.

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J’ai l’impression que mon après-midi aurait pu prendre une toute autre tournure si j’avais véritablement appris être le père de cette adorable petite fille. Pas que je n’aurais pas aimé savoir être père, mais juste, comprendre que j’ai perdu deux ans de sa vie parce que je ne connaissais tout simplement pas son existence m’aurait probablement anéanti. J’ai passé toute mon adolescence et mon enfance à me battre pour protéger mes soeurs et mon frère de l’abandon de mon père, je n’ai certainement pas envie de faire croire à une petite fille que j’ai fais la même chose alors que pourtant, cet abandon n’aurait pas été volontaire. Je n’ai jamais compris d’ailleurs comment un parent peut décider de ne pas s’occuper de son ou de ses enfants simplement parce qu’il n’en a pas envie ou simplement parce qu’il est lâche. Mon père n’en a jamais été un pour moi ni pour les autres et dans ma tête, le seul parent que j’ai eu est ma mère. Même avant son décès, mon père était un gros connard de première et je le blâme lui aussi de ne rien avoir fait pour aider ma mère à l’époque. Elle n’était pas bien déjà mentalement - du moins, je crois - mais d’avoir en plus un connard de mari à ses côtés n’a certainement pas dû l’aider à se sentir mieux. À mes yeux, ils n’ont jamais véritablement été un couple et c’est sans doute pour cette raison que je n’ai jamais vraiment eu de modèle d’amour sur lequel me fier. Bon. De toute façon, j’ai réussi à me convaincre qu’il est impossible que je sois père et je préfère cette pensée puisque j’ignore complètement comment j’aurais pu réagir au fait de possiblement l’être. Je préfère me concentrer sur cet après-midi qui me semble bien plus intéressante que celle que j’avais prévu dans ma tête. Un coup de main à Emma avec la poussette, la petite Lily ne perd pas trop de temps en filer vers la mer et je la suis pour ne pas la laisser seule trop près de la mer. Je sais que ce n’est pas ma responsabilité, mais c’est presque instinctif. J’ai l’habitude avec les enfants et ce, même si je sais que je risque de ne jamais pouvoir en avoir qui m’appartienne. Restant un moment à ramasser des coquillages avec la petite fille, je souris et baisse mon regard vers Emma lorsqu’elle s’approche de nous. « Vous trouvez votre bonheur tous les deux ? » Pour plusieurs, cette activité pourrait sembler plutôt ennuyante, mais je trouve que c’est plutôt impressionnant de voir à quel point cette petite fille est heureuse pour une raison aussi banale que de trouver des coquillages. « On en a trouvé plusieurs, mais je dois faire approuver par ta fille avant de mettre dans le seau. Elle est plutôt difficile en affaires. » Je ne peux m’empêcher de rire à cette remarque puis ne quitte pas Emma du regard. Même avec du soleil dans les yeux et son petit front plissé elle reste magnifique. Je me secoue pourtant la tête pour retrouver un peu le fil de mes pensées lorsqu’elle me parle à nouveau. « J’ignorais que tu appréciais autant les enfants. T’as d’autres talents cachés ? » Faut dire qu’il y a très peu de gens qui sont au courant en fait. Je n’ai pas tellement l’habitude de m’ouvrir aux gens pour la simple raison que j’ai l’impression qu’ils vont finir par m’abandonner et que j’aurais investi trop de temps dans une relation qui ne mène à rien. Que ce soit amical comme autre chose d’ailleurs. « C’est pas une chose que je dis ou laisse voir à tout le monde en fait, mais oui, je les apprécient. Et des talents, j’en ai pas mal, mais y en a pas mal que tu connais déjà. » Dis-je un peu trop confiant, pensant d’abord à ceux que j’ai au lit - ou sur toute autre surface.

featuring @emma sheridan  

Les après-midi à la plage sont récurrents. Lily adore s'y rendre depuis qu'elle est tout bébé. Tout d'abord paniquée en sentant la sable sous ses pieds et voyant les vagues venir les lui lécher, elle adore ça maintenant et insiste régulièrement pour que nous y allions toutes les deux. Ça ne me dérange pas. J'aime sentir l'air de l'océan sur ma peau et l'odeur de l'iode, je ne saurais expliquer pourquoi. Ça me détend, c'est comme ça. Lily, elle, adore s'approcher de l'eau et ramasser à la fois des cailloux et des coquillages m'obligeant parfois à lui demander d'en abandonner pour ne pas finir ensevelis à l'appartement. Ce qui ne veut pas dire que je freine ses envie de venir ici. Et puis, il n'y a qu'à voir son large sourire pour céder et apprécier. Je ne passe pas assez de temps avec elle ou, du moins, c'est souvent l'impression que j'ai. Mon travail est prenant mais il me permet d'être certaine d'offrir un avenir à mon enfant. Les études aux États-Unis sont extrêmement chères, je tiens à m'assurer qu'elle puisse faire ce qu'elle veut lorsqu'elle sera en âge de choisir son chemin. Ce qui me prive d'être aussi souvent près d'elle que je le voudrais. Elle n'est pas malheureuse malgré quelques cauchemars depuis notre arrivée à Los Angeles, mais je suis mère poule au point de vouloir toujours plus pour son bonheur. Les voir tous les deux en train de farfouiller le sable c'est une belle image, une image qui me fait plus d'effets que ça ne le devrait. Un Will avec un enfant, ça ne peut qu'être charmant de toute manière, je suppose que ça ferait réagir n'importe quelle femme et que mes réactions sont normales. « On en a trouvé plusieurs, mais je dois faire approuver par ta fille avant de mettre dans le seau. Elle est plutôt difficile en affaires. » A mon tour de rire alors que Lily nous regarde tour à tour sans comprendre pourquoi les deux adultes que nous sommes sont en train de rire. « Elle a de qui tenir il faut dire. » Je me lance probablement des fleurs bien que je m'en sors très bien en affaire. C'est nécessaire dans mon travail tout comme le fait de ne pas me laisser marcher sur les pieds. En réalité, je ne suis pas sûre que le caractère soit héréditaire et si c'est le cas, j'espère qu'elle ne tiendra pas trop de moi non plus. Disons que je ne suis pas un modèle à suivre. Accroupie auprès de Lily, je les aide à trouver leur bonheur non sans m'intéresser à toutes ces choses que j'ignore à propos de Will, à commencer par le fait qu'il semble aimer les enfants.« C’est pas une chose que je dis ou laisse voir à tout le monde en fait, mais oui, je les apprécient. Et des talents, j’en ai pas mal, mais y en a pas mal que tu connais déjà. » De nouveau je ris et, de nouveau, Lily me regarde en fronçant ses petits sourcils bien dessinés. « C'est vrai mais ne change pas de sujet, Henstridge. C'est dommage que tu ne laisses pas les gens voir ce côté de ta personnalité même si je suppose que c'est une façon de te préserver. En tout cas, ils doivent bien te le rendre ces enfants. » Affirmé-je. Il suffit de voir la confiance qu'à directement eu ma fille en lui pour le deviner. « T'as jamais pensé à te poser et avoir tes propres enfants ? »

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J’ai toujours aimé être près de l’eau, je ne sais pas du tout d’où cette passion pour l’océan ou la mer me vient puisque je suis né à New-York et que ma famille habitait dans un quartier bien loin d’une plage il faut dire. Nous n’avons jamais été très fortunés faut dire et les activités de ce genre, on en faisait pas vraiment. Pourtant, je me suis toujours senti libre près de l’eau, comme si l’immensité de l’océan me fascine sans trop savoir pourquoi et donc, habiter à Los Angeles depuis deux ans, je dois dire que j’en profite pas mal même si j’habite Beverly Hills. Faut dire que ce n’est pas tellement long me rendre à la plage si j’en ai vraiment envie. De passer mon après-midi avec Emma et Lily à Venice Beach, ça risque d’être tranquille et surtout, je vais pouvoir me reposer et c’est vraiment ce dont j’ai besoin pendant mes vacances. Autant pendant la saison j’adore bouger, autant je veux aussi profiter un peu de ce temps hors saison pour me reposer. Bon, ça ne m’empêche pas de continuer à courir et à m’entraîner à la maison par contre, mais je crois que je ne vais jamais pouvoir arrêter complètement de le faire. Ça fait partie de moi depuis tellement d’années maintenant, impossible d’arrêter ça du jour au lendemain. Dès qu’Emma vient nous rejoindre, je lui fais comprendre que sa fille est difficile quant au choix de coquillages que je peux faire et ça fait automatiquement rire sa mère. Forcément, elle doit le savoir, mais de voir ce sourire sur son visage lorsque j’en trouve un qui lui convient, ça vaut aussi de l’or. Cette petite fille est absolument adorable. Faut dire que je ne suis pas non plus tellement difficile devant les enfants. Je les apprécie tous et c’est un peu inné chez moi la confiance qu’ils me donnent, même si je n’arrive pas à comprendre pourquoi. C’est comme ça c’est tout. « Elle a de qui tenir il faut dire. » Forcément, je ne peux pas m’empêcher de sourire à cette phrase. Je ne la connais peut-être pas parfaitement, mais je sais qu’Emma a un fort caractère et si sa fille est comme ça, c’est peut-être un peu à cause d’elle. Bon, elle reste tout de même adorable alors ça ne me dérange pas du tout. « Faut croire qu’elle a vraiment toutes tes qualités. » Dis-je en passant ma langue sur mes lèvres, continuant tout de même ma petite mission aux coquillages sous le regard approbateur de Lily qui regarde encore les coquillages que je choisis et pose dans son seau. Accroupi à côté de la petite fille et d’Emma, je regarde la jeune femme devant moi alors qu’elle me pose des questions sur moi ce qui en soit, n’est pas une mauvaise chose. J’aime bien apprendre à la connaître aussi alors ça ne me gêne pas tellement de répondre à ses questions. « C'est vrai mais ne change pas de sujet, Henstridge. C'est dommage que tu ne laisses pas les gens voir ce côté de ta personnalité même si je suppose que c'est une façon de te préserver. En tout cas, ils doivent bien te le rendre ces enfants. » J’ai tenté de changer de sujet et de dévier vers mes talents face au sexe de façon subtile puisque nous sommes tout de même devant une gamine de deux ans, mais elle a vu clair dans mon jeu et revient à la charge avec ses questions. « Ce n’est pas que je ne laisse pas personne voir cette facette de moi, c’est simplement que je ne me vante pas de ce que je suis parce que je n’ai pas envie qu’on pense que j’aime les enfants pour mon image et que je vais les visiter à l’hôpital pour ça. Ça fait partie de moi c’est tout. » Dis-je en haussant les épaules simplement, un sourire aux lèvres. « T'as jamais pensé à te poser et avoir tes propres enfants ? » Je me racle la gorge à sa question et plonge mon regard dans le sien. « Hm.. j’ai toujours voulu des enfants, mais je ne sais pas si un jour ça arrivera alors, je profite et passe du temps avec ceux de mes proches. »

featuring @emma sheridan  

« Faut croire qu’elle a vraiment toutes tes qualités. » Je pourrais le contredire mais quelque chose me dit que c'est inutile, qu'il me tiendra tête. Il va tenir à m'assurer que ma fille a hérité de mes qualités sans souligner le fait que j'ai aussi pas mal de défauts, des défauts dont il ne semble pas avoir conscience. Mais de toute manière comment le pourrait-il sachant que nous avons passé deux années sans nous voir ? Nous ne nous connaissons plus tellement, voire plus du tout. C'est au temps de nous permettre de corriger ça, au temps de nous aider à mieux nous connaître alors, en attendant, j'accepte le compliment détourné puisque c'est bien de ça dont il s'agit. Tous les deux accroupis autour de Lily, nous continuons de chercher des coquillages qui pourraient satisfaire les goûts de mademoiselle la difficile. Nous avons l'occasion de rattraper ce fameux temps perdu, de discuter en toute tranquillité et dans un lieu agréable, propice à la tranquillité. Il tente pourtant de détourner le sujet mais ce serait mal connaître mon entêtement ainsi que mon envie d'en savoir plus sur monsieur Will Henstridge, célèbre quaterback des 49ers. Ça me fait tout de même sourire de le voir tenter de passer à autre chose, de détourner vers le sexe bien que ce soit discret pour protéger les oreilles innocentes de ma fille. « Ce n’est pas que je ne laisse personne voir cette facette de moi, c’est simplement que je ne me vante pas de ce que je suis parce que je n’ai pas envie qu’on pense que j’aime les enfants pour mon image et que je vais les visiter à l’hôpital pour ça. Ça fait partie de moi c’est tout. » D'un mouvement de la tête, je lui fais comprendre que je vois ce qu'il veut dire. De nos jours il est tellement simple de faire passer un véritable acte de charité pour quelque chose de moins noble que je ne saurais pas étonné qu'un journaliste le fasse avec Will. C'est idiot mais nous vivons entourés de ces derniers. « J'imagine que tu as raison même si je persiste à croire que tu n'as pas à te cacher et puis c'est très noble et altruiste de rendre visite à ces enfants. » Ça se fait régulièrement, c'est vrai, je doute toutefois qu'il le fasse parce que ça se "fait" justement. Il le fait parce qu'il a bon cœur. Il le fait parce qu'il apprécie les enfants et qu'il aime être près d'eux, non pas parce que ça peut lui donner bonne réputation ou parce que tout le monde agis ainsi dans le monde dans lequel il travaille. « Hm ... j’ai toujours voulu des enfants, mais je ne sais pas si un jour ça arrivera alors, je profite et passe du temps avec ceux de mes proches. » Maintenant que je sais qu'il aime les enfants et que je l'ai vu à l'aise avec ces derniers – du moins avec mon enfant – je ne suis pas surprise de l'entendre admettre vouloir avoir les siens un jour. « Oh arrête, je doute qu'un gars comme toi finisse sa vie seul. Ça prend parfois du temps mais je suis certaine que tu trouveras la femme qui te donnera toute une ribambelle de bébés géants. » Amusée de le taquiner sur sa taille, je lui adresse un large sourire et décide de me relever pour étirer mon dos. J'aime beaucoup l'idée que notre discussion se fasse aussi facilement et puisque nous avons tout le reste de l'après-midi, je sais que nous allons continuer à parler tout en nous taquinant en profitant du soleil, de la plage et de Lily.