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Cameron avait toujours été une personne que j’appréciais. Malgré nos caractères différents, nous avions tout de suite accroché, et je ne pouvais définitivement pas couper les ponts pour une broutille alors qu’il était au plus mal. J’avais beau être à contrecourant des relations sociales, il me paraissait stupide de faire la gueule à Cameron pour des choses qu’il avait dites sans peut-être même les penser. Les gens se sentiraient bien seuls si on se fâchait aussi rapidement pour des futilités. Aussi, j’avais après avoir laissé du temps au pilote, réitéré ma démarche en me présentant pour le voir et pas les mains vides. J’étais parfois maladroit, mais je voulais tenter d’être présent pour les personnes qui m’entouraient, histoire de m’intégrer, de me dire que malgré la famille Ellis qui était plus que dysfonctionnelle, je trouvais une vraie famille chez les Lennox. Eclatant de rire à la suggestion de mon beau-frère qui prétend qu’Oliana s’attaquerait à ses bijoux de famille s’il osait la contredire, je me mis à renchérir. « Cam, je pense que c’est la dernière chose à laquelle elle penserait ! Elle le regretterait ! » Leur relation en deviendrait platonique et il me semble que peu de gens parviennent à conserver un couple sans activité sexuelle régulière. Comme si tout s’enchainait parfaitement, la conversation dérive ensuite sur les enfants. Je ne sais si Oliana et Cameron ont l’intention d’en avoir prochainement, mais si j’avais plaisanté sur le sujet, je ne pensais pas non plus être père rapidement. La faute à des carrières bien chargées pour ma fiancée et moi-même. Nous étions tellement dévoués au boulot que songer à un enfant dans ces conditions était assez difficile. Roxy n’avait que trente et un an, nous avions le temps de le prévoir. Pour le peu que nous en avions discuté, ce n’était pas à l’ordre du jour. « Oh, Roxy est pas prête à avoir un enfant. On n’en a parlé qu’une fois, mais elle préfère profiter de sa carrière encore un peu. Ce que je comprends tout à fait. Moi ça ne me dérangerait pas maintenant, mais le pauvre gamin serait toujours confié à quelqu’un avec des parents au FBI… » Quoique comme je l’avais déjà signifié à ma fiancée, si les conditions venaient à changer ou qu’elle le souhaitait, j’étais prêt à sacrifier ma propre carrière pour le bien-être de ma famille. Les reconversions ne manquaient pas chez les agents. « Alors ces cookies ? » Que je demandai alors qu’il venait d’en attaquer un. Si en plus ils étaient mauvais, Cameron allait finir par croire que j’en avais après lui. Etre bouche bée à mon mariage et être prêt à gober les mouches en contemplant Roxy était une vision tellement drôle que je riais de nouveau. Cameron avait le don pour trouver le bon moment pour amuser la galerie. Mais plutôt que de renchérir cette fois, je lui avouais quelque chose de plus sérieux. « Oui, à ce sujet, je galère à les écrire car je sais pas si j’arriverais à dire des choses personnelles devant tout le monde comme ça… » J’étais tellement tétanisé à l’idée d’avouer à tous ce que je ressentais vraiment pour Roxy que je songeais à juste balancer une stupidité. Mais en même temps, je voulais aussi prendre le temps d’exposer mes sentiments à ma future femme, et je pensais même le lui écrire et lui laisser lire cette lettre avant la nuit de noces. Alors que j’avais émis la possibilité de tenir l’alcool plus que lui – ce qui ne s’en remettait qu’à mon mètre quatre-vingt-neuf car je n’étais pas un consommateur régulier, je me tournais en dérision en me présentant comme si je disais tout l’inverse de ce que j’avançais. « Et tu as devant toi un mec qui boit une bière tous les trois ans ! J’exagère à peine… » Fausse prétention et un éclat de rire pour achever mes bêtises. C’était drôle d’entendre Cameron rappeler ses origines et se différencier de nous alors qu’il vivait ici depuis de longues années. J’avais même tendance à oublier que les Lennox étaient Canadiens. « J’aime bien le bourbon, mais je n’en bois pas des masses. Honnêtement, je bois plus de vin qu’autre chose. Je peux remercier le mari de ma mère pour ça. » Il aimait tellement le vin français, que ma cave à vin n’était jamais vide et il en avait fait des réserves énormes pour notre vie durant. « Oui, ça pourrait être cool, même si je suis pas sûr que Roxy apprécie ce genre d’alcool. » A voir si ça valait le coup, parce que je ne voulais pas non plus commencer à boire régulièrement après le travail.

Je ricane, c'est plus fort que moi. Blake a entièrement raison : me priver de mes bijoux de famille est la dernière chose dont ma petite amie a envie. Moi aussi cela dit, mais c'est purement égoïste de ma part. Déjà je n'ai pas la moindre envie de souffrir, mais je ne veux pas non plus me priver du plaisir que m'offre une nuit avec le corps sublime d'Oliana. Nous n'en sommes pas encore à cette étape. Prenant notre temps, réapprenant à nous connaître et à nous faire confiance, je n'ai jamais envisagé de l'obliger à quoi que ce soit. Chaque chose en son temps de toute manière. « Oh oui, elle le regretterait mais pas plus que moi, je te l'assure. » Je continue d'en rire un petit peu même si je n'ai aucune envie d'envisager sérieusement la chose. Je n'irais pas jusqu'à dire que je suis un accro au sexe, ça n'en est pas loin pour autant. Particulièrement lorsque la personne qui me donne autant envie est la femme de ma vie, celle que je compte bien épouser un de ces jours … Le plus tôt sera le mieux. Malheureusement, ce n'est pas moi qui décide mais elle. Enfin, je préfère passer à autre chose et taquiner mon futur beau-frère concernant les enfants qu'il pourrait – ou non – avoir avec ma sœur adoptive. « Quel dommage ! Vous feriez des enfants tellement parfaits ! » Insisté-je sans cesser d'être taquin. « Plus sérieusement, je comprends parfaitement et vous avez raison. Prenez le temps qu'il vous faut pour ça, parce qu'un gamin ça demande en réaménagement total de vos emplois du temps … Enfin pour ce que j'en sais. » Soit pas grand-chose. Avec mes conquêtes il n'aurait pas été surprenant que je finisse avec un gosse sur les bras, par chance pour moi ça n'est jamais arrivé. Ou, si c'est le cas, la mère n'a jamais pensé à me prévenir et je préfère que ça reste comme ça. Grignotant les cookies généreusement offerts par Blake, j'admets qu'un peu de sucre ne fait vraiment pas de mal. « Merveilleusement bon, t'en veux ? » Le questionné-je en tendant les cookies dans sa direction. Après tout il serait dommage que je sois le seul à en profiter et sa venue me met de meilleure humeur que ce que j'ai pu penser au préalable. La conversation dérivant sur le mariage, je vois le sérieux apparaître sur son visage ce qui fait immédiatement disparaître mon air amusé. Il me confie alors avoir du mal à écrire ses futurs vœux et la raison me semble tout à fait normal. « Me demande pas de les écrire, je sais déjà pas comment je vais tourner les miens. » Admis-je en levant les yeux au ciel. « Sois seulement sincère, Blake. Commence à les écrire et ça viendra tout seul. Personne ne sera là pour te juger, en fait je pense même que tu vas faire pleurer pas mal de personnes dont Roxy. Fais-toi confiance, c'est tout. » Je tente de donner les conseils que j'aimerais entendre sans être sûr que ce soit les bons. De toute manière je n'ai pas la science infuse, je ne peux pas savoir si ce que je dis est juste ou non. « Petite chose va ! Tu vas te contenter de ça parce que, comme tu le sais, je vais avoir du mal à te porter si jamais tu finis ivre. » Je pourrais appeler Roxy à la rescousse mais je voudrais aussi préserver l'ego de mon ami et éviter d'admettre qu'un pauvre verre de whisky l'a mis au tapis. « C'est pas mal aussi le vin, à vrai dire je ne suis pas difficile malgré mes préférences. » Pour le whisky, ce que je n'ai pas besoin de préciser. Et puis, le vin passe mieux pour un mariage, ça évite de taper trop vite même si je propose malgré tout de donner une bonne adresse si jamais il est intéressé. « Pour l'apéritif dans ce cas, mais cela dit je connais aussi quelques personnes pour le vin, des cavistes qu'on avait contacté avec Ollie pour le mariage ... » Penser à ce mariage qui n'a jamais eu me fait moins mal qu'auparavant, ça ne veut pas dire que je me retiens de vider mon verre de whisky pour faire passer le goût amer que j'ai dans la bouche.

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Ca me parait presque bizarre de parler des ébats de la famille de Roxy. Ce n’était pas un sujet sur lequel j’étais très ouvert. J’étais pudique sur mes sentiments et sur tout ce que ça impliquait. D’autant plus que Roxy était la seule à avoir réussi à me faire ressentir de forts sentiments. Les autres n’hésitaient pas à se confier sur ce genre de détails, moi je préférais garder le privé entre ma fiancée et moi sans pour autant l’empêcher d’en parler à qui que ce soit si elle en ressentait le besoin. Alors que Cameron m’avouait qu’il s’en mordrait bien plus les doigts qu’Oliana, je retins un petit rire avant de lui taper amicalement sur l’épaule. « L’amour rend aveugle, pas eunuque, ça devrait aller ! » Aux compliments de l’Ecossais, je songe un instant au fait d’avoir des enfants. A trente quatre ans, il est évident que j’y songe, et que j’aimerais bien être père. Toutefois, je refuse de mettre la pression à Roxy parce que ça n’est pas juste de penser à moi étant plus âgé. Elle est une femme qui a des rêves et une carrière au même titre que moi et je ne lui enlèverai pas ce plaisir. Compte tenu de notre profession compliquée aussi, il est important d’être sur la même longueur d’onde et de savoir ce que l’on fait. Et je la savais focalisée sur sa carrière et je respectais ce choix. « Merci… S’ils lui ressemblent ouais, ils seront parfaits. Je lui ai toujours dit que j’étais prêt à sacrifier ma carrière pour elle si elle me le demandait, mais elle s’y refuse, alors je crois que vous aurez des enfants avant nous. » Le mariage était en soi un grand pas en avant, révélant notre idylle au grand jour, nous qui avions toujours tenu à la garder secrète pour la protéger de certaines allégations notamment qui la viseraient en disant qu’elle fricotait avec un supérieur. Mais avant elle, ça n’était jamais arrivé. Elle était la personne dont j’avais besoin. A voir Cameron manger les cookies, je ne peux qu’esquisser un sourire. Il s’agit de choses simples, mais il y a peu, il était incapable de sourire ou même de m’adresser la parole. Alors qu’il m’en propose je décline en secouant la tête. « Non ils sont pour toi. » J’étais juste ravi qu’il les apprécie. Il est compliqué pour moi de me confier sur certaines choses, notamment personnelles ; j’ai toujours eu de la difficulté à le faire et alors qu’il tente de me rassurer en me faisant comprendre qu’il est un peu dans le même bateau, j’écoute son conseil qui m’apparait plus que bon, mais une chose me tire souci : la pudeur d’un tel moment. « Oui mais en même temps tu vois, ce que je ressens pour Roxy, les gens n’ont pas besoin de savoir. Pour moi c’est comme si on me demandait de me mettre nu devant tous. » Je ne veux pas avoir l’air ridicule, que ce soit trop ou pas assez. Il est essentiel pour moi que ma future femme soit juste la plus heureuse à l’entente de ces mots, mais je ne veux pas non plus que chacun envahisse mon espace privé. « Je vais y réfléchir. Je demanderais aussi à mon père ce qu’il avait écrit. » Pas sûr qu’il soit d’une grande aide cela dit vu son côté totalement loufoque. Lara m’avait conseillé aussi. Je finirais bien par faire quelque chose de correct. Cameron se remet à lancer des piques, à plaisanter, signe qu’il va bien mieux que la dernière fois que je l’ai vu, et ça me fait plaisir. J’éclate de rire, secouant la tête face à sa bêtise : « Je finirais pas ivre après un verre quand même ! » J’avais juste une hygiène de vie irréprochable parce que j’étais responsable de la sécurité du pays et que je ne plaisantais pas avec ça. Alors qu’il avoue qu’il apprécie aussi le vin, je renchéris en insinuant qu’il n’est qu’un mélange parfait pour l’alcool : « Normal, vous les écossais vous buvez au stade de fœtus ! Et en plus t’es Canadien, donc doublement ivrogne ! » Ce n’est pas vrai évidemment, il s’agit juste d’une boutade. Je songeais d’ailleurs que si je comptais faire une entorse au règlement le jour de mon mariage, je ne souhaitais pas non plus faire honte à Roxy en finissant complètement saoul. Quand Cameron mentionna le mariage qui n’avait pas eu lieu, je ne pus m’empêcher de poser sur lui un regard compatissant. Histoire de lui remonter le moral, je l’incitais à ne pas me donner son meilleur plan juste au cas où Ollie et lui se marieraient prochainement : « Tu ferais mieux de garder le bon plan pour le mariage, je suis sûr que vous finirez par vous passer la bague au doigt. » Tous deux étaient faits pour finir leurs jours heureux ensemble, ça ne faisait aucun doute.

Je ne peux pas nier que sa visite me fait un bien fou. Les seules personnes que je vois régulièrement sont Oliana, Garrett et Oswald … Les deux dernières n’ayant pas vraiment le choix avec leur métier respectif. Si je peux rester terré dans mon appartement sans voir qui que ce soit à ruminer sur ma pauvre petite existence, je le fais sans la moindre hésitation. Pourtant, force m’est de constater que voir quelqu’un, discuter et même plaisanter me fait du bien. Ça ne veut pas dire que je vais recommencer à sortir et que je vais me sentir capable d’affronter le regard des autres ainsi que leur jugement, mais ça peut me pousser à faire des efforts. Pas à pas comme on dit. Et puis Blake à cette facilité à me détendre et à me faire oublier mes tracas que je ne peux que plaisanter avec lui et parler avec légèreté. « Hm, j’espère que t’as raison le cas contraire serait bien dommage. » Conclus-je en agitant la tête. Je doute qu’il soit très utile de nous étaler sur nos vies sexuelles. Ce n’est pas un sujet qui me dérange mais je n’ai pas la moindre envie d’en connaître trop concernant ma sœur. Je doute que Blake soit du genre à trop en parler de toute manière, mais quoi qu’il en soit autant passé à autre chose qui reste quelque peu dans la continuité du sujet précédent : les enfants. Je ne suis pas vraiment surpris de l’entendre admettre qu’ils n’ont pas prévu d’être parents tout de suite. Ils ont tous les deux une carrière assez importante et qui mérite d’être explorée avant de se poser et de penser à la mettre de côté pour élever des enfants. Je souris un peu plus de l’entendre dire que s’ils tiennent de leur mère ils seront parfaits mais je sens ce même sourire diminuer une fois qu’il est question de mes potentiels enfants avec Oliana. « Dis pas de conneries, ils seraient tout aussi parfaits s’ils héritaient de leur père. » Assuré-je sans la moindre hésitation. « Mais je ne parierai pas sur qui aura des enfants en premier, nous concernant c’est … compliqué. » Nous avons que deux options dont nous avons discuté bien avant l’accident : l’adoption ou une mère porteuse. Oliana ne peut pas être enceinte dans sa condition, ça pourrait la tuer et il n’en est pas question. Même si j’aurais adoré que nous puissions avoir nos propres enfants et la voir enceinte. Enfin, ce n’est pas un sujet sur lequel je compte m’étaler de toute manière. « Hm, je comprends oui. » Affirmé-je. De toute manière Blake est pudique sur sa vie privée, qu’il ne soit pas à l’aise quant au fait de s’exprimer sur ses sentiments pour Roxy n’est pas surprenant. Lorsqu’on le connait on comprend que ça ne signifie pas qu’il n’exprime pas son amour envers ma sœur comme il le faut, il n’a seulement pas envie de s’étaler aux yeux de tous. « Bon … Peut-être que je pourrais t’aider à tourner certaines phrases si tu as besoin mais je suis loin d’être un poète, je te préviens. » Je peux faire un effort ne serait-ce que par amitié. Lui me supporte bien malgré mon caractère de merde, je peux me montrer digne de son amitié. Continuant de grignoter mes cookies puisqu’il refuse d’en manger, je me remets à sourire. Il affirme qu’il ne sera pas ivre dès le premier verre, j’en doute un peu. En revanche, je ris plus franchement en entendant la suite. « Canadien par adoption uniquement ! » Je tiens à préciser en sirotant le contenu de mon verre. « Pour le reste t’as sans doute raison. » Bon ça tient tout de même plus du mythe que de la réalité mais autant plaisanter sur le sujet. De toute manière je ne suis pas du genre à me vexer lorsqu’on me dit être ivrogne puisque je sais que ce n’est pas le cas et qu’on ne le pense pas réellement. Je sais apprécier les différents types d’alcool sans pour autant me mettre une mine – hormis lorsque je vais mal mais il n’y a alors aucun plaisir à boire. « On verra bien … » Encore une incertitude à laquelle je n’ai pas envie de trop penser : le mariage avec Oliana qui a été repoussé. Terminant mon verre d’un coup, j’éprouve subitement le besoin de sortir prendre l’air. « Ça tient toujours ta proposition d’aller voir autre chose que les pièces de mon appartement ? J’ai besoin de changer d’air. » Même si ça veut dire mettre ma casquette et espérer qu’aucun journaliste ne nous repère, mais nous passerons par la sortie de secours juste au cas où.

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Il est important de permettre à Cameron de rester positif, de sourire à la vie. Je sais que ça peut ne pas être évident, et je n’ai pas à me plaindre, j’ai la chance de n’avoir rien affronté de difficile dans ma vie. Sauf peut-être dernièrement, l’agression de Roxy qui reste un fait marquant, mais dont sa famille n’est pas au courant. Lui traverse une période complexe, et si je peux lui redonner le sourire un instant par des bêtises, je le fais volontiers. « L’espèce serait en voie d’extinction aussi ! » J’éclatais de rire mais je grimaçais ensuite, non certain que ma blague soit de bon ou mauvais goût, mais je ne risquais pas de choquer Cameron par mes dires au moins. Mais c’est un sujet délicat que je ne souhaite aborder avec personne. Ma vie sexuelle ne regarde que moi et ma partenaire, en l’occurrence ma fiancée. Même s’il existait un problème quelconque à ce niveau-là, j’aurais du mal à en faire part à qui que ce soit, même à un professionnel de santé. J’étais peut-être de la vieille école, mais je restais pudique. Par exemple, on ne me verra jamais sortir de la douche vêtu d’une serviette nouée autour de la taille si nous avons des invités à la maison. C’était impossible pour moi. En revanche, le sujet des enfants est plus aisé à aborder de mon côté même s’il s’agit d’un sujet sur lequel nous ne sommes pas totalement d’accord avec Roxy. La légère différence d’âge peut jouer sur ma façon de voir les choses, mais je reste plus respectueux de ses envies plutôt que des miennes. Je serais père lorsqu’elle l’aura décidé. Je retins un rire alors qu’il me confie que mes enfants seraient réussis s’ils me ressemblaient. « L’essentiel c’est qu’ils soient en bonne santé. » Cameron m’avoue alors que pour lui et Oliana ça reste compliqué. Il est vrai que l’état de santé délicat de la sœur de ma fiancée peut poser quelques problèmes. Me pinçant les lèvres, je réalise que c’est encore une épreuve pour eux, et je me demande où ils trouvent la ressource nécessaire pour avancer. Mais c’est admirable. « Tu sais, peu importe comment vous aurez des enfants, ils seront les vôtres, et ils auront de la chance d’avoir de tels parents. » Je lui offre un sourire rassurant, comme pour essayer de lui redonner le moral. Décidément, il nous est difficile d’avoir une conversation joyeuse. Je ne suis pas connu pour mes talents en psychologie, du moins quand il s’agit d’autres personnes que des criminels. En tout cas, Cameron semble d’accord pour m’apporter de l’aide sur mes vœux et j’apprécie véritablement son aide. Il a beau se dénigrer, je pense qu’il sera plus à même de me venir en aide que mon père par exemple. « T’en fais pas, je préfère qu’on le fasse tous les deux, sinon je vais finir par payer quelqu’un pour les écrire à ma place ! » Je plaisante, je ne le ferais évidemment pas parce que j’aurais l’impression de me foutre de Roxy. Cameron me corrige sur ses origines. Je sais évidemment qu’il n’est pas Canadien, mais c’était pour tenter de le faire passer pour un alcoolique plus que ce qu’il ne l’est. Ici, on dit souvent que les Canadiens boivent pour se réchauffer, à tort ou à raison, je ne suis pas allé vérifier. Je me contente de rire. Et puis je vois bien qu’il est pessimiste, et je lui pose une main rassurante sur l’épaule. « Ca va aller Cam, j’en suis sûr. » C’est pas le meilleur des réconforts. Heureusement, il semble enclin à sortir, et ça m’enchante. « Mais bien sûr, avec grand plaisir ! Besoin de prendre une quelconque précaution pour sortir ? » Je n’avais jamais eu à vivre dans le milieu dans lequel il vivait, et je m’estimais chanceux.

Ça fait du bien de rire et de plaisanter aussi naturellement. J’en oublie tout ce qui pouvait me mettre de mauvaise humeur ces derniers temps. Je n’y pense plus, uniquement focaliser sur ma conversation avec Blake et les âneries que l’on peut dire aussi facilement. J’admets avoir oublié à quel point il parvient à me mettre de bonne humeur, au même titre que mes proches. C’est si facile de broyer du noir, de se laisser aller dans les pensées négatives que je ne faisais plus attention au fait qu’ils me connaissent tous très bien et qu’ils savent de quelle façon m’aider à sortir la tête du trou. Je ris presqu’aux larmes de ce qu’on peut dire et ça me soulage. Ça me soulage vraiment même si les divers sujets de conversation que nous entamons ne sont pas forcément très joyeux ni même très agréables. Il y est tout de même question de doutes, de peur et d’avenir peu certain … Surtout dans mon cas. Je pourrais prétendre m’être fait à l’idée, ce n’est pas vrai. Nous avons tous toujours su que la vie d’Oliana ne tient qu’à un fil, depuis janvier je réalise encore plus à quel point. Ça peut se jouer en un clin d’œil et mon avenir partirait en fumée. Certains pensent savoir que je serais anéanti sans Ollie mais ils n’ont pas idée à quel point et ce que je serais capable de faire pour ne pas être séparé d’elle des années. Pas besoin du mariage pour savoir que je suis dévoué corps et âmes à cette femme. « Vous aurez au moins un super tonton pour s’assurer du bien-être de ces gamins ! » Je lui assure sans hésitation. J’aime les gosses, je trouve ça adorable et m’en occuper n’est pas un problème. Le risque est que je gâte un peu trop mes neveux et nièces et qu’ils me détestent pour ça. « Je sais bien mais il y a des choses que j’aurais aimé être capable de lui offrir. » Pourtant, nous en sommes très loin de tout ça. Nous apprenons encore à nous faire de nouveau confiance et elle apprend à m’aimer pour la seconde fois sans le moindre souvenir de la première. Des enfants ce n’est pas dans nos projets même s’il m’arrive d’y penser plus souvent que je ne le voudrais. En ayant assez des sujets franchement déprimants, je préfère ne focaliser sur les vœux de Blake et lui promettre de l’aider. Ça ne sera pas du grand art mais au moins je pourrais l’aider comme lui m’aide. Ce n’est pas grand-chose, j’en ai bien conscience, ça reste mieux que rien. Je ris doucement à l’idée qu’il puisse vraiment payer quelqu’un pour l’aider puis je préfère une note un peu plus joyeuse et m’assurer que sa proposition d’aller faire un tour dehors tient toujours. « Parfait ! Et non, j’attrape ma veste et on file ! » Pas besoin de prendre la voiture ou de demander à Garrett de jouer son rôle de garde du corps, nous pouvons sortir tranquillement sans qu’une masse de journalistes ne nous tombe dessus. Je ne peux pas promettre qu’il n’y aura pas quelques clichés de nous sur internet, mais ça devrait être tranquille et de toute manière j’ai bien trop besoin de prendre l’air pour laisser ces désagréments me garder enfermés chez moi.