Un mois et plus encore. Un mois que je tente de mettre de côté mon mauvais caractère pour passer à autre chose. Un mois parmi lequel il m’a fallu jongler entre mon rôle de père, mes matchs et ma relation encore officieuse avec Kalia. Un mois à ne plus savoir où donner de la tête mais un mois où j’ai continué de penser à elle. Elle me manque. Notre amitié me manque et je sais que je vais devoir passer outre ma rancœur pour accepter de la revoir. Les jours sont passés et j’ai compris petit à petit ses raisons. Ça n’a pas changé le fait que j’étais vexé voire même blessé qu’elle ne se soit pas confiée à moi alors que je l’ai fait si souvent avec elle. Néanmoins, j’ai vite réalisé que j’allais devoir faire un effort si je ne voulais pas la perdre définitivement. Casey fait partie de ma vie après tout, ce qui n’a rien à voir – ou presque – avec le fait que sa sœur soit ma meilleure amie depuis quasiment toujours. Malheureusement, entre mon envie de revenir vers elle et la réalité de ma vie se trouve un énorme fossé. Fossé creusé par la disparition de Kalia. Plus d’une semaine qu’elle a disparu. Plus d’une semaine que je deviens fou à ratisser toute la ville et ses alentours. Je ne perds pas espoir mais, putain, je vais finir par réellement y mettre le feu si ça continu ! La police n’a pas la moindre piste ce qui m’oblige à utiliser mes contacts les moins légaux pour tenter d’avoir des informations. Je n’ai pas grand-chose à chaque fois mais ça reste néanmoins des pistes que j’étudie à défaut de pouvoir faire autre chose. A un moment donné j’en viens à me dire que l’aide d’Eli pourrait m'être précieuse pour finalement refuser. C’est ma putain de fierté ça et la merde que mon grand-père m’a foutu dans le crâne avec les années. J’ai beau savoir qu’il me vend un tissu de mensonges à chaque fois, c’est ancré en moi : il faut détester les Wayne. Je dois détester le type qui rend heureuse la sœur de la femme que j’aime, monde de merde ! Mettre de côté une rancœur inculquée tôt ça ne se fait pas les doigts dans le nez, ça demande du temps et que j’arrête de me regarder le nombril pour ça ! Je lutte constamment, tous les jours, pour ne pas devenir complètement fou. Je lutte pour ne pas perdre pieds tout en sachant que la femme qui m’a toujours aidé à rester droit dans mes bottes est encore portée disparue. Plus les jours passent et plus je m’inquiète. Je deviens un ours mal léché à force. En revanche, le message que je reçois d’Emma tard dans la soirée de dimanche à lundi me fout un coup de massue supplémentaire. Comment cette fille fait pour savoir tout sur tout ? Ça m’échappe. Toujours est-il qu’elle m’informe que son cousin mais surtout Casey sont à l’hôpital et je crois que c’est la goutte de trop. Je fatigue des merdes qui ne cessent de s’accumuler en ce moment et je me déteste de ne pas avoir été plus présent pour Casey et Roxy. J’aurais aimé avoir besoin d’un autre électrochoc pour me bouger mais je mets définitivement de côté ma fierté et quitte ma maison. Je frissonne en réalisant qu’à cette heure-ci il fait un froid de canard dehors et je prends la direction de la clinique où se trouve Casey. Sur place, tout est calme et je présume que le personnel à demandé à ce qu’ils rentrent tous chez eux. « Bonsoir. » Dis-je une fois devant le bureau de l’accueil. L’infirmière en charge de l’entrée lève les yeux et rougit. Parfois j’oublie qu’être chez les Lakers me rend aussi populaire que le sont mes parents. « Je viens voir mademoiselle Lennox. Casey, elle a été amenée il y a quelques heures. » J’ai la voix qui tremble, une preuve de l’inquiétude qui me ronge. La jeune femme cherche malgré le fait que l’heure des visites soit passée. Elle me donne l’étage, le numéro de la chambre et me dit de filer avant qu’un médecin n’arrive. Je m’empresse de m’engouffrer dans l’escalier que je monte rapidement sans me fatiguer et je me fais aussi discret que possible jusqu’à sa chambre. J’entre sans frapper, la pièce éclairée que par une faible lumière. Casey est allongée sur son lit et je crois être devenu tout pâle en apercevant ses bleus sur son visage et ses bras. L’existence de types comme Jax et Danny m’échappent. Comment peut-on envisager l’idée de frapper une femme putain ? De se défouler à ce point sur elle ? Ça me rend malade mais je ravale mon incompréhension et la douleur de la voir ainsi pour aller m’installer près d’elle. Délicatement, je passe une main sur son front, dégage une main de cheveux, ce qui la réveille. « Salut. » Je chuchote en continuant de caresser son visage. Mon sourire est timide mais c’est tout ce que je peux lui offrir dans mon état. Ça commence à être trop pour moi : Kalia puis elle, est-ce que cette merde va s’arrêter un jour ?
Totalement perdue. C'est ce que je j'ai ressenti lorsque j'ai ouvert les yeux dans cette chambre d'hôpital et que je n'ai reconnu ni mon lit que je partage avec Benvolio, ni cette chambre qui est désormais la nôtre depuis quelques semaines déjà. Si cela n'avait pas été de Roxy, Blake et de mes parents, je ne suis pas certaine que j'aurais réussi à rester dans ce fichu lit alors que tout ce que j'avais envie de faire était de d'aller voir mon petit-ami qui est dans un état critique et qui était sans doute lui aussi entouré de sa famille. J'apprécie tout ce soutien que nous avons et je ne sais honnêtement pas ce que je ferais sans mes proches durant une période aussi difficile que celle-ci, mais j'aimerais seulement être aux côtés de Ben et dormir dans ses bras alors que je sais que c'est pourtant impossible. Lorsque les heures de visites se sont officiellement terminées, il n'y a que Lou qui est restée avec moi puisqu'elle est de garde cette nuit et qu'elle se charge de mon dossier. Je lui ai demandé d'aller veiller sur Ben aussi et elle m'a évidemment obligé à dormir et à me reposer vu tout ce qui m'est arrivé. Des flashbacks de l'agression me sont évidemment revenus et je n'ai pas vraiment réussi à fermer l'oeil ou du moins à dormir énormément. Tout est encore trop frais dans ma tête et déjà que Jax arrivait très bien à me hanter la nuit des cauchemars qui ne cessait de revenir, c'est encore pire maintenant que le véritable cauchemar est arrivé. Tout est de ma faute, rien ne serait arrivé à Ben si je ne l'avais pas impliqué dans tout ça et plus j'y pense, plus c'est ce qui m'empêche de fermer les yeux en fait ou de dormir correctement parce que mes yeux sont fermés pour que je tente du mieux que je peux de me reposer. Je tente de m'empêcher de penser à une vie sans Ben parce que cette idée me fait juste beaucoup trop mal. En fait, ce n'est pas compliqué, j'ai seulement l'impression de souffrir encore plus juste à penser une seule seconde à l'idée de le perdre alors que je ne sais pas réellement comment il se porte. Lou m'a seulement dit qu'il était inconscient, mais je la connais suffisamment pour savoir qu'elle n'a seulement pas envie de tout me dire pour ne pas que je m'inquiète encore plus. En ce moment, tout ce que je veux c'est d'échanger ma place avec Ben parce qu'il ne mérite pas tout ce qui lui arrive. Je devrais être celle qui est inconsciente, je devais aussi être la personne qui reçoit ce couteau en plein dans le dos et pourtant, Ben a pris ma défense et voilà où il en est. Je n'ai même pas pu lui dire que je l'aime avant qu'il ne ferme les yeux et s'il ne se réveille jamais et que je ne lui ai jamais dit, je crois que je vais sans doute m'en vouloir toute ma vie. En fait, juste de penser qu'il pourrait... mourir, me donne mal au coeur. Et évidemment, mon sommeil est tellement léger que le simple fait de sentir une main se glisser sur ma joue me fait ouvrir les yeux. J'ai l'impression de rêver encore lorsque je vois Shiloh assis à mes côtés. Est-ce que je suis bien réveillée ou c'est encore mon inconscient qui pense à tout cela ? La dernière fois que j'ai vu Shiloh, il m'a bien fait comprendre qu'il avait besoin de temps et je lui en ai laissé même si cela m'a déchiré le coeur de devoir le faire. Je sais que je l'ai blessé et à vrai dire, c'est tout ce que je fais de mieux de toute façon, mais même si j'ai accepté de lui donner du temps, cela ne veut pas dire que j'ai accepté le fait de ne plus pouvoir lui parler et d'être cette amie que j'ai toujours adoré être pour lui. Donc réaliser qu'il est vraiment là... je dois admettre que ça me surprend. « Salut. » Ma gorge est sèche. J'ai mal à la tête, mal au niveau des côtes. Je sais que j'ai aussi des bleus un peu partout sur le visage et sur le corps et mon bras dans le plâtre m'empêche de le bouger correctement. « Hey... » Sans trop savoir pourquoi, une larme coule sur me joue et j'arrive à sourire très légèrement moi aussi. « Qu'est-ce que tu... fais ici...? » Que je demande par curiosité, mais surtout parce qu'il est tard.
J’ai une facilité à haïr le monde depuis quelques jours. C’est d’autant plus facile lorsque je réalise combien il semble être simple de s’attaquer à plus faible que soit, à pourrir des vies. Je ne suis pas un modèle, loin de là même ! Depuis des années je fais officieusement de grosses conneries pour protéger les gens que j’aime. Je reste mêlé au trafic de drogue dans lequel mon grand-père m’a entraîné de crainte que le pire se produise. Rares sont les personnes au courant, je peux même dire que Kalia est la seule à tout savoir – sans doute sa jumelle le sait-elle aussi. Il se peut qu’en vendant cette merde j’ai bousillé moi-même des vies parce que je suis aussi coupable que ceux qui sont au-dessus de moi mais jamais ça n’a été volontaire. Jamais je n’ai voulu blesser pour … eh bien blesser. Voir à quel point Casey est mal, à quel point son ex s’est défoulé sur elle, ça me donne la nausée. Ça me donne aussi envie d’aller le trouver et de lui faire comprendre ma façon de penser. Oh je ne dois pas être le seul et quelque chose me dit que Roxy doit être bien plus sur les nerfs que je le suis, mais je garde cette envie en moi malgré tout. Mais ça me fait d’autant plus penser à ma petite amie, à ce qu’elle doit subir alors que je peine à la trouver. J’ai failli à mon devoir. J’aurais dû la protéger, empêcher ce qui lui est arrivé, je ne l’ai pas fait. Je me déteste pour ça et je me trimbale ma culpabilité ici et là. C’est à croire que tout ce que je touche, je le détruis. Je suis un poison pour mon entourage et je suis trop égoïste pour m’éloigner. Ce n’est pas de cette façon que j’ai été élevé. Mes parents ont connu des difficultés dans leur vie et ils se sont relevés toujours plus forts, c’est ce qu’ils m’ont inculqué. Je sais que Kalia se relèvera si je reste auprès d’elle, je fais donc de mon mieux pour ne pas penser à ce que je peux lui apporter de mauvais. De toute manière je sais avoir besoin dans ma vie, autant que j’ai besoin de Casey. L’admettre alors qu’elle est couchée sur un lit d’hôpital, salement amochée, c’est à chier et même s’il vaut mieux tard que jamais, j’aurais aimé me bouger avant de la retrouver comme ça, alitée dans cette chambre aseptisée. Ma main sur son visage puis dans ses cheveux, je la vois qui bat des cils. Lentement, son regard se pose sur moi et j’y lis déjà la surprise et l’incompréhension. Etant donné notre dernière rencontre, ce n’est pas étonnant. « Hey... » L’entendre parler me soulage. C’est idiot puisqu’elle est consciente, mais je ne contrôle plus tellement tout ce que je ressens dernièrement. Seulement voir cette larme qui coule sur sa joue, merde ça me fout un coup ! « Qu'est-ce que tu... fais ici...? » Je passe mon pouce sous son œil pour effacer sa larme et pose ma main sur la sienne. Par chance je me suis installé du côté du bras qui n’est pas plâtré. « La véritable question serait plutôt de savoir pourquoi je ne serais pas ici ? » Je demande en continuant d’effleurer sa joue. Qu’importe ma rancœur, jamais je n’aurais pu garder mes distances après avoir appris son hospitalisation, je suis parfois un enfoiré mais je ne suis pas un monstre. « On m’a prévenu de ce qu’il s’est passé. Du moins que tu étais ici et j’ai pas réfléchi. » J’ajoute en haussant les épaules. « J’aurais aimé être là plus tôt, peut-être même lui mettre la main dessus et lui faire le double de ce qu’il t’a fait. » Ma violence fait rarement surface mais lorsque c’est le cas il est parfois difficile de m’arrêter. C’est pour ça que mon entourage sait que je risque d’aller jusqu’au meurtre lorsque je mettrai la main sur Danny. « Mais le plus important c’était de te voir. Je ne vais pas te demander comment tu te sens, seulement savoir si ça te va que je reste avec toi ? » Si elle veut se rendormir avec ma présence, je resterai. Je pourrais rester là jusqu’à ce qu’elle se réveille une nouvelle fois et se sente plus à même de parler un peu. Tout ce qu’elle voudra en fait.
Il est tard lorsque j'ouvre les yeux et que je vois Shiloh devant moi. Et si je ne savais pas déjà que je suis dans sur un lit d'hôpital en ce moment, je crois que je serait sans doute encore plus désorientée que je l'étais lorsque je me suis réveillée pour la première fois que j'ai compris que je n'étais pas dans mon lit. Heureusement, c'est Roxy et Blake qui sont venus me tenir compagnie et qui sont restés près de moi aussi longtemps qu'ils le pouvait tous les deux. Mes parents sont venus, Lou aussi et une partie des membres de la famille Sheridan qui me connaissent tous. Je sais que ce n'est pas une période facile pour eux en ce moment l'accident de Ben ne les aident sans doute pas à se porter mieux en fait. Tout est de ma faute et plus j'y pense, plus je me sens coupable d'avoir traîner Ben dans tout cela avec moi. En fait, si je ne lui avais pas parler de Jax rien de tout cela ne serait arrivé. Il ne m'aurait jamais proposé d'habiter avec lui, encore moins de prétendre de sortir ensemble, nos sentiments pour l'un et l'autre ne ce seraient pas développés et il n'aurait pas été présent pour accueillir Jax et pour prendre le coup de couteau à ma place. En fait, peut-être que je ne serais même pas là pour penser à tout cela si tel avait été le cas et je crois surtout que je ne me serait sans doute pas défendu parce que je n'ai jamais été apte à le faire avec lui. La preuve en est que le médecin m'a dit qu'en plus de mes nombreux bleus, mes marques sur le corps et mon bras dans le plâtre, j'ai aussi les côtes fêlées ce qui explique la douleur constante que je ressens... un peu partout en fait. J'ai l'impression que mon crâne va exploser tellement j'ai mal et pourtant je n'arrive pas à dormir et je sais que ce n'est pas seulement à cause des cauchemars que je fais depuis des mois, mais surtout parce que je sais que Ben est dans un état critique dans une autre chambre et que je ne peux ni le voir, ni être près de lui pour le moment. Tout le monde m'a dit de me reposer et m'a promis que j'irais le voir quand je vais aller mieux, mais ils devraient tous savoir que je suis beaucoup trop têtue pour patienter et que je vais tout de même insister à tous les jours pour y aller. Là il est trop tard et la moitié du personnel a quitté l'aile. C'est sans doute pour cette raison que Shiloh est présent alors que les heures de visites sont terminées et à vrai dire, je suis contente de ne pas être en train de rêver à ce moment puisque même si je sais que j'ai mérité tout ce qu'il m'a dit et surtout, tout le temps qu'il a pris avant de me reparler, Shiloh m'a terriblement manqué comme l'ami précieux qu'il a toujours été pour moi et ce, même si notre relation a aussi déviée un peu sur le plan sexuel pendant une certaine période. Larme coulant sur ma joue, j'ai mal, je souffre, j'ai envie que tout ce qui est arrivé soit un cauchemar et surtout, j'ai envie d'éclater en sanglots, mais je n'ai pas la force de le faire. D'une main, Shiloh fait disparaître cette larme de sur mon visage tout en continuant de caresser ma joue délicatement. « La véritable question serait plutôt de savoir pourquoi je ne serais pas ici ? » Il a raison, mais il faut dire que j'ai aussi toutes les raisons du monde d'être surprise qu'il se trouve ici après tout ce qui s'est passé entre nous. Pourtant, Shiloh a aussi toujours eu un grand coeur et le voir ici ne m'étonne pas du tout. « Je... parce que j'ai été horrible avec toi... ? » Oui parce que même si cela fait plus d'un mois que toute cette histoire est arrivée, je n'ai pas oublié un seul détail de notre dispute et encore moins tous les regards qu'il m'a lancé. Et pour cette raison aussi je me sens coupable, mais je lui ai laissé le temps qu'il m'a demandé. « On m’a prévenu de ce qu’il s’est passé. Du moins que tu étais ici et j’ai pas réfléchi. J’aurais aimé être là plus tôt, peut-être même lui mettre la main dessus et lui faire le double de ce qu’il t’a fait. » Ça me touche de le voir ici alors qu'il a sans doute bien mieux à faire que d'être présent pour moi. Ce qui me blesse encore plus c'est de savoir que moi, je ne peux rien faire pour lui alors que Kalia a disparu et qu'il est probablement mort d'inquiétude. « Je... je sais... Roxy aussi a envie de le faire disparaître et j'ai... je veux juste qu'il me laisse tranquille... surtout Ben... » À cette pensée, une autre larme coule sur ma joue, puis une autre. Pourquoi il lui a fait ça ? Pourquoi est-ce que Ben est intervenu surtout. « Mais le plus important c’était de te voir. Je ne vais pas te demander comment tu te sens, seulement savoir si ça te va que je reste avec toi ? » Sa main sur la mienne, je tente de la serrer un peu plus pour lui faire comprendre que j'ai besoin de lui présentement. « Reste avec moi... s'il-te-plaît Shiloh... » Mes yeux larmoyants veulent absolument tout dire. Il ne peut même pas savoir ce que sa présence ici veut dire pour moi. Ça me touche énormément.
Le monde devient fou … enfin il l’est depuis des années, des siècles même, j’étais trop aveugle pour le réaliser pleinement. On ne peut pas dire que j’ai vécu dans ma bulle à moins que cette bulle soit vraiment merdique. Très tôt j’ai réalisé que notre société est souvent pourrie jusqu’à la moelle. C’est un constant combat dans tous les domaines mais c’est généralement pour la même raison : survivre. Riche ou pauvre, nous avons tous des merdes qui nous tombent dessus tôt ou tard, c’est le bon côté de la vie : personne n’est réellement épargné. Cependant, j’aurai préféré que certaines personnes le soient, des personnes comme Kalia et Casey. Toutes les deux sont des femmes bienveillantes avec un cœur si grand qu’elles nous donnent envie de les protéger du reste du monde. Elles méritent d’être épargnées et malgré ça on s’acharne sur elles, simplement parce qu’elles ont eu la malchance de tomber sur un homme malade. C’est le cas pour l’une comme l’autre et ça me rend fou. Je le suis un peu plus chaque jour, alors que les pistes concernant ma petite amie s’amenuisent et que je ne vois pas la lumière au bout du tunnel. Je le suis un cran au-dessus en voyant à quel point l’ex de Casey s’est défoulé sur elle. Ce monde me rend malade un peu plus tous les jours, c’est tout. Mais qu’importe la rancœur dont je suis capable ou même mon sang chaud, je ne tourne jamais le dos à une personne qui a besoin de soutien. Je ne peux pas tourner le dos à Casey sous prétexte que mon ego a mal pris ses secrets. C’est impossible et j’ai été mieux élevé que ça. J’ai mon caractère, c’est certain, mais mes parents m’ont appris à pardonner et à être bien plus altruiste que je ne l’ai été ces derniers temps avec elle. Je m’en veux, terriblement même. J’aurais peut-être pu être là plus souvent pour elle, l’écouter et … Je ne sais pas. Comme pour Kalia je me sens seulement impuissant face à cette situation. Essayer c’est déjà bien mais ce n’est pas assez pour moi. J’ai besoin de plus. J’ai besoin de les savoir en sécurité ces femmes qui font parties de ma vie. Retenant mon frisson en la voyant pleurer, je fais disparaître cette petite perle salée aussi vite que possible. Elle ne doit pas pleurer. Ni pour moi, ni pour l’enfoiré qui lui a fait du mal. « Je... parce que j'ai été horrible avec toi... ? » Incapable de m’en empêcher, je relis légèrement tout en secouant la tête de gauche à droite. « J’aurais tendance à dire que la personne qui a vraiment été horrible c’est moi, pas toi. » Assuré-je en caressant doucement sa joue. C’est moi qui n’ai pas voulu comprendre et c’est moi, encore une fois, qui ai mis des distances entre nous. Elle, elle n’a fait que se protéger pendant tout ce temps, je l’ai réalisé trop tard c’est tout. Maintenant à moi de me rattraper. « Je... je sais... Roxy aussi a envie de le faire disparaître et j'ai... je veux juste qu'il me laisse tranquille... surtout Ben... » Honnêtement, l’idée de m’allier à ma meilleure amie pour exploser Jax me tente grandement mais j’ai mon propre salaud à tuer – littéralement ! « Je n’ai pas de nouvelles de Ben. » Avoué-je avec un air désolé. En venant ici je pensais surtout à elle et demander des nouvelles de son petit ami ne m’a pas vraiment effleuré l’esprit. « Connaissant Roxy, elle ne le laissera pas sortir de prison et encore moins t’approcher. » Etant donné la double agression et la sœur agent fédéral, j’aurais tendance à dire que ce pauvre type est dans la merde et c’est tant mieux ! Sa tentative de serrer ma main me fait relever les yeux vers elle qui semble encore lutter contre la douleur et probablement le sommeil amené par la morphine qu’elle reçoit. « Reste avec moi... s'il-te-plaît Shiloh... », « Eh … » Je commence en voyant qu’elle est sur le point de pleurer. Caressant affectueusement son front et ses cheveux, je lui souris doucement. « Je reste là, d’accord ? Rendors-toi, Casey. Je te promets que je serais encore là à ton réveil. »
Il y a quelques minutes à peine, tout était encore flou dans ma tête. Tentant du mieux que je le pouvais de dormir sans me réveiller constamment à cause des images trop présentes de Jax dans ma tête, j’ai ouvert les yeux en entendant non seulement sa voix, mais aussi en sentant sa main venir caresser doucement mon visage pour ne pas trop me brusquer. Je pensant halluciner la voix de Shiloh et pourtant, c’est bien lui qui se trouvait près de moi sans que je n’arrive à comprendre pour quelle raison. Pas un jour est passé depuis notre dernière conversation sans que le sentiment de culpabilité me ronge au point de m’en vouloir encore plus de ne pas m’être confiée à lui alors qu’il l’a toujours fait avec moi et que mise à part l’histoire de Ben et mon passé avec Jax, je lui ai toujours tout dit aussi. Je sais qu’il ne me demandait pas de tout lui dire, mais si je lui avais dit dès le départ pour ma fausse relation avec Benvolio, je crois que rien de tout cela ne serait arrivé. Je ne peux pas nier ne pas avoir été très triste de cette colère qu’il semblait éprouver envers moi et je pensais réellement avoir perdu un bon ami pendant tout ce temps, surtout que je n’avais plus aucune nouvelle de lui et que par respect, je voulais aussi lui laisser tout son temps pour accepter cette nouvelle, mais surtout me pardonner et revenir un jour vers moi. Le voir ici ça me fait non seulement chaud au cœur, mais cela ne me surprend pas non plus puisqu’il a toujours eu un cœur en cœur et que je vois bien que malgré tout ce que j’ai fait, cette part de lui ne change pas. Il n’était pas obligé de venir ici, surtout pas à cette heure et le voilà devant moi, tentant de comprendre autant que moi ce qui m’est arrivé, mais surtout pensant probablement la même chose que tous mes proches c’est-à-dire, de donner à Jax ce qu’il mérite ou de lui faire subir toute la douleur qu’il m’a fait subir ce soir, mais aussi pendant l’année où il a commencé à être violent avec moi lors de notre relation qui était pour moi, relativement bien jusqu’à ce qu’il n’ose poser la main sur moi. En fait, je pensais que cette relation était saine et je réalise surtout depuis que je suis officiellement avec Ben qu’il n’y avait absolument rien de beau entre Jax et moi. Malgré les nombreux démons que nous avons tous les deux à combattre, Ben est tout de même l’homme que j’aime – et à qui je n’ai encore rien dit de tout cela – et je sais qu’à deux, nous pouvons absolument tout vaincre. Et plus j’y pense, plus je me vois aller avec Benvolio et plus je comprends pour quelle raison Jax a toujours été jaloux maladif de lui-même si cela ne lui donne pourtant aucune bonne raison pour avoir agit ainsi avec moi. « J’aurais tendance à dire que la personne qui a vraiment été horrible c’est moi, pas toi. » Plus sensible que jamais auparavant, je regarde Shiloh en ayant tout de même le sentiment d’avoir merdé et d’être la fautive dans l’histoire. Pourtant, je sais que cela ne sert absolument à rien de se blâmer l’un et l’autre, le pire est déjà passé de toute façon non ? « Je crois surtout que borné comme nous sommes, on ne risque pas de finir par s’entendre là-dessus. » Dis-je faiblement même si je sais qu’il est toujours plus facile de vouloir porter le blâme que de le faire porter à quelqu’un d’autre, surtout à l’un de nos proches. Tentant à nouveau d’avoir des nouvelles de Ben, je comprends tout de suite qu’il n’en a évidemment pas pris avant de venir me voir et que sa priorité a été moi. « Je n’ai pas de nouvelles de Ben. » La dernière fois que j’en ai eu, il était dans une salle d’opération et ensuite on m’a dit de me reposé et de ne pas m’inquiéter ce que je n’ai pas fait de toute évidence. « Ça va.. je vais en avoir demain j’imagine… » Et très honnêtement, même si je suis épuisée, je sais que je ne risque pas d’arriver à dormir. « Connaissant Roxy, elle ne le laissera pas sortir de prison et encore moins t’approcher. » Oh ça je le sais déjà et même Blake ne risque pas de laisser personne s’approcher de moi, surtout pas si Roxy décide de faire sa propre justice avec Jax et qu’elle est soudainement mêlée à cette histoire, ce que je refuse évidemment. « C’est ce que je pense aussi… » Je ne suis pas d’une compagnie très agréable en ce moment. J’ai peur et je suis trop faible pour parler trop longtemps. Pourtant, je refuse que Shiloh quitte cette chambre, je ne veux pas être seule et j’imagine qu’il arrive à le lire tout de suite dans mon visage. « Eh … Je reste là, d’accord ? Rendors-toi, Casey. Je te promets que je serais encore là à ton réveil. » Caressant affectueusement ma joue, mes cheveux et mon front, je souris à nouveau très légèrement et après de nombreuses minutes – sans même lui répondre – je m’endors finalement, sans doute trop épuisée par les émotions et l’agression. Le lendemain matin, je me réveille en m’étouffant, la gorge beaucoup trop sèche, ce qui réveille Shiloh.
La voir ainsi me rend malade. Abîmée, malheureuse … brisée. C’est le mot d’ordre dernièrement ce qui me donne facilement la nausée. Ce que je déteste par-dessus tout c’est l’impuissance que je ressens ces derniers jours et plus particulièrement à la voir ainsi, couchée sur ce lit d’hôpital après avoir subi une agression supplémentaire qu’elle ne méritait pas ! Je me sens coupable aussi. J’ai mis de la distance entre nous, je lui ai imposé ma rancœur alors que j’aurais pu être là pour elle, quel ami ça fait de moi hein ? J’ai développé un certain don pour l’autocritique dernièrement, c’est presque systématique au réveil : je me flagelle mentalement. Qu’importe si on me répète que je ne peux pas tout contrôler, que je ne pouvais rien faire et que j’en fais même déjà assez, pour moi ça ne suffit pas. Ça me rend fou et mes proches savent que lorsque je penche vers la folie, il est difficile de m’arrêter et de m’en sortir. Je sais que c’est la raison principale pour laquelle ils essayent tous de m’aider. Ils s’inquiètent. Ils ont peur de ce que je pourrais faire et pour être tout à fait franc, j’ai parfois peur moi aussi, peur de moi-même. Le sang chaud, je ne l’ai pas tout le temps mais une fois ma colère en marche, difficile de l’arrêter, y compris lorsqu’elle est tournée vers moi comme actuellement. J’ignore si je mérite le pardon de Casey, je sais toutefois que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour le mériter réellement. Ça veut dire mettre ma fierté de côté et admettre que j’ai eu tort. Bien que ça ne soit pas facile pour mon orgueil, je sais admettre lorsque je dépasse les limites et que je laisse mon ego prendre le dessus. C’est parce que ce dernier a été sérieusement touché que j’ai autant mal pris la situation, je le reconnais et je le ferais de vive voix si Casey le veut. Pour l’instant, ça n’est pas ma priorité. « Je crois surtout que bornés comme nous sommes, on ne risque pas de finir par s’entendre là-dessus. » Ces sages paroles me font doucement sourire. Casey me connait parfaitement, autant que je la connais. Je n’irais pas dire que je la connais sur le bout des doigts et qu’elle sait tout de moi, mais depuis le temps certaines choses sont ancrées. Et elle a entièrement raison sur le fait que nous allons passer notre temps à récupérer la faute vis-à-vis de notre dispute. C’est plus fort que nous. « On va passer à autre chose dans ce cas, ça va devenir un peu répétitif autrement, tu ne penses pas ? » Question rhétorique puisque ce sera le cas, nous le savons tous les deux. Passant donc à autre chose, j’admets ne pas avoir de nouvelles de son petit ami et pendant un instant je me sens coupable de ne pas avoir pris le temps de m’y pencher un peu plus. Ben est aussi le cousin d’Emma, la meilleure amie de mon petit frère, j’aurais probablement dû faire un effort … « Ça va... je vais en avoir demain j’imagine… » J’approuve d’un mouvement de la tête ne sachant pas trop ce que je peux ajouter de plus. Je suppose que vu son entêtement, elle ne lâchera pas les médecins tant qu’elle n’en saura pas plus. A sa place, j’agirais de la même manière. « C’est ce que je pense aussi… », « Il ne te fera plus de mal. » Je prends le risque de dire en passant encore ma main sur son visage. Sa sœur va y veiller et elle ne sera pas la seule. Il n’y a pas énormément de justice dans ce bas monde mais, fort heureusement, il y en a tout de même un minimum. Casey subitement en panique, je l’apaise, lui assure de rester près d’elle et très rapidement elle s’endort. Je m’installe un peu plus confortablement sur le fauteuil et je finis par m’assoupir. Depuis la disparition de Kalia je suis incapable de dormir correctement. Mes nuits sont agitées ne faisant que des cauchemars. Je dors d’un sommeil léger et peu réparateur, ce qui me permet de l’entendre gesticuler dans son sommeil. Ma main trouve la sienne et elle se calme. Ce n’est que tôt le lendemain matin, avant même le passage des infirmières, que je l’entends tousser. Sorti de mon court sommeil, je me lève lui servir un verre d’eau que je l’aide à boire. « Tu te sens mieux ? » Je lui demande en reposant son verre sur la tablette après quoi j’embrasse le sommet de sa tête.
Je sais que si j’avais parlé, rien ne serait arrivé à Ben et il irait bien. Au lieu de ça, il est dans le coma et je ne sais même pas comment il va ni même s'il va s'en sortir. Je sais que j'ai été une horrible petite-amie et qu'il ne serait pas dans cet état si j'avais fait ce qu'il fallait au bon moment. Pourtant, j'ai été stupide, je n'ai pensé qu'à moi et au fait que personne n'allait me croire si je portais plainte et je ne l'ai pas fait. Et maintenant... maintenant Ben est entre la vie et la mort parce qu'en plus d'avoir tout fait pour me défendre, il s'est fait poignarder alors que c'est moi qui aurait dû recevoir ce coup de couteau. Jax voulait se débarrasser de moi et faire souffrir Benvolio de cette façon, il ne voulait pas que personne puisse m'avoir si lui ne pouvait pas. Ayant toujours été jaloux de Ben, je suis pourtant persuadée qu'il n'est pas du tout déçu que ce soit lui qui soit présentement dans un état critique et ce, même s'il est très probablement en prison en ce moment. Ce n'est pas une question que je me pose. Je n'ai pas envie de savoir où il est puisque je sais que Roxy et Blake vont se charger de lui et du fait que plus jamais, il ne va pouvoir me toucher. Je suis en sécurité maintenant, mais même si je sais qu'il ne peut plus me toucher, j'ai tout de même l'impression qu'il arrive encore à m'atteindre et que plus jamais ma vie ne sera la même. La preuve est que mes ecchymoses et mes blessures sur mon corps me font souffrir plus que jamais et que je sais que les cauchemars sont bien loin d’être terminés. Il est peut-être dans une cellule quelque part à Los Angeles, mais il est encore bien trop présent dans mon esprit, sur mon corps… Je me sens sale, j’ai l’impression d’être une moins que rien et si ça ne tenait qu’à moi, je prendrais la place de Ben n’importe quand pour savoir que lui est en vie. Certes, je sais très bien qu’il serait probablement la moitié de lui-même tout comme je le suis en ce moment. Sans lui, je ne suis rien et je sais très bien que s’il reste plus que vingt-quatre heures inconscient, je vais tout faire pour aller le voir, peu importe l’état dans lequel je suis. Je n’aime pas être loin de lui, je n’ai jamais aimé cela et ce, même lorsque nous n’étions pas en couple alors maintenant, tout est amplifié. Shiloh à mes côtés, je n’aime pas voir cette peur dans ses yeux et surtout, je déteste encore plus voir comment il me regarde dans toute cette détresse. Je crois que l’on pourrait m’arracher le cœur de la poitrine et cela me ferait sans doute moins mal que toute la souffrance qui m’habite en ce moment en pensant à mon amoureux, en revoyant mon ami que je n’ai pas vu depuis un mois, en me rappelant de tous les coups que Jax m’a donné et des insultes qu’il m’a craché au visage. Je n’en peux plus, j’ai mal, je veux juste que tout s’arrête, que j’ouvre les yeux à nouveau et que tout cela ne soit qu’un mauvais rêve. « On va passer à autre chose dans ce cas, ça va devenir un peu répétitif autrement, tu ne penses pas ? » Nous sommes beaucoup trop têtus tous les deux que je suis certaine que cela ne mènerait absolument à rien alors vaut mieux ne plus rien dire à ce sujet. L’important c’est qu’il soit ici, qu’il soit présent pour moi alors que je ne pensais plus avoir le droit qu’il le soit encore un jour après ce que j’ai fait. Même si sa présence me rassure, des larmes coulent encore sur mes joues incapable de m’arrêter. J’ai trop mal, j’aimerais que Shiloh arrive à me calmer, mais je sais que malheureusement il ne peut pas le faire. « Il ne te fera plus de mal. » Est-ce que c’est vraiment le cas ? Est-ce que je suis réellement hors danger maintenant ? « Je l’espère tellement… » Je pensais que c’était le cas lorsqu’il y a été la première fois et pourtant, il y a eu un vice de procédure. Le suppliant presque de rester avec moi et de ne pas m’abandonner, Shiloh me rassurer et me demande de me reposer. Ma nuit de sommeil est pourtant courte et agitée encore hantée par Jax et tout le mal qu’il m’a fait. Tellement qu’en ouvrant les yeux en m’étouffant, je panique à nouveau à l’idée de ne voir personne avant de poser les yeux sur Shiloh qui est sur le fauteuil à mes côtés. Il est encore tôt. Les heures de visites n’ont pas encore débuté et voilà qu’il s’approche de moi, me donne de l’eau pour m’aider avec ma gorge trop sèche et pose un baiser sur ma tête. Ma main attrape la sienne et je glisse mes doigts entre les siens, la serrant un peu plus fort tout en le regardant droit dans les yeux, mes larmes encore trop prêtes à couler. « Tu te sens mieux ? » Je me mordille la lèvre pour tenter de ne pas encore me laisser trop emporter par mes émotions et serre un peu plus sa main. « Pas vraiment… mais merci d’être là… » Il ne peut pas savoir à quel point sa présence me touche profondément. « J’ai mal… » Aux côtes, mais aussi à mon bras, mon coeur et un peu partout… « J’ai tellement mal Shiloh… » Dis-je presque dans le désespoir alors que ma détresse peut très probablement se lire sur mon visage.
« Je l’espère tellement… » Personne ne la laissera tomber, pas cette fois alors que nous sommes tous au courant. La justice est parfois bien étrange, même injuste, mais s’il faut que nous la fassions nous-même alors nous le ferons. Je connais assez bien Roxy pour savoir qu’elle ne laissera plus jamais Jax lever la main sur sa petite sœur. Je sais aussi que son beau-frère, Blake, tient également à elle. Ça fait déjà deux personnes membres des forces de l’ordre pour la protéger. S’ajoute à eux tous ses proches dont Ben et moi faisons partie. Peu importe si j’ai été distant dernièrement, je ne laisserais pas une nouvelle agression la concernant être impunie. Et je suppose que Casey me connait bien assez pour ne pas avoir besoin que je le lui dise à voix haute. De toute manière elle est bien trop épuisée pour lutter plus longtemps. Lui promettant de rester avec elle cette nuit, je la regarde qui repart dans les bras de Morphée avant moi-même d’y sombrer. Comme toutes mes nuits depuis la disparition de Kalia mon sommeil est agité. Je ne dors pas sur mes deux oreilles et encore moins d’un sommeil réparateur. C’est ce qui me permet de l’entendre s’agite dans la nuit puis tousser au réveil. Elle boit à petites gorgées, aidée par mes soins avant que je ne m’installe sur le bord du lit et ne lui demande comment elle se sent. Elle doit être vaseuse avec les médicaments qu’elle reçoit ce qui ne veut pas dire que je n’ai pas à m’assurer qu’elle va mieux de façon générale. Sa main serre fermement la mienne, ça me donne un bon début de réponse. Une réponse assez négative j’imagine. « Pas vraiment… mais merci d’être là… » Sourire désolé dessiné sur mes lèvres, je me penche embrasser son front chaud et me redresse. « T’as pas besoin de me remercier. » Ayant été un ami en carton depuis quelques temps, je ne peux pas continuer sur cette voie. Je ne peux pas laisser ma culpabilité continuer de me ronger et encore moins continuer de supporter la distance que je nous ai imposé. « J’ai mal… J’ai tellement mal Shiloh… » Devenant un peu plus pâle de secondes en secondes, je me redresse bien que sa main refuse de quitter la mienne. « Tu veux que j’aille chercher une infirmière ? Elle pourra peut-être te soulager un petit peu ? » Mon instinct me dit de ne pas attendre sa réponse et de sortir le faire, mais je veux être certain que c’est ce qu’elle souhaite. J’ai lu de la terreur quand elle s’est endormie, craignant d’être toute seule, je refuse que Casey ressente ça une seconde fois.
J’ignore si Shiloh a eu raison ou non de réagir de cette façon lorsqu’il a appris que je lui ai menti au sujet de Ben surtout qu’il ne l’a pas appris de ma bouche, mais bien d’une autre personne. Je sais par contre que je devais lui laisser le temps qu’il me demandait pour encaisser la nouvelle, mais surtout pour tenter de comprendre pourquoi je lui ai menti alors que j’ai toujours pris l’habitude de lui dire toute la vérité sur tout. Il a toujours été un grand confident tout comme j’ai toujours été présente pour lui pour l’écouter lorsqu’il n’allait pas bien. Au-delà du sexe, il était aussi un ami extraordinaire et j’ai vraiment cru avoir tout perdu le jour où il a appris cette trahison. Je crois que j’étais tellement concentrée à tenter de vivre la révélation de mon agression et de toute cette histoire avec Jax que je n’ai même pas pris le temps de réellement penser au mal que j’ai pu lui faire, mais de le voir ici alors que j’ai besoin de lui plus que jamais, ça me touche au plus profond de mon cœur brisé. La détresse dans mes yeux lui fait comprendre que je ne veux pas qu’il parte, que j’ai besoin de savoir qu’une personne est à mes côtés même si je dors puisque même si on m’a dit que Jax est en prison, j’ai tout de même peur qu’il revienne et qu’il termine ce qu’il voulait me faire. Ce coup de poignard n’était évidemment pas destiné à Ben et même si je suis certaine qu’il est plus que satisfait de l’avoir touché lui, il refuse qu’un autre homme que lui me touche et déteste particulièrement Ben puisqu’il a toujours été jaloux de lui. J’ai peur et je crois que cette crainte constante ne partira pas de sitôt même si je sais que je suis en sécurité. Savoir que Shiloh est présent avec moi, ça me rassure même si je sais que mon sommeil ne sera certainement pas réparateur. Fermant doucement les yeux après m’être assurée qu’il reste avec moi, je dors à peine quelques heures, j’ai un sommeil plus qu’agité à cause des cauchemars et j’ouvre les yeux très tôt le matin en toussant, la gorge complètement sèche. Shiloh s’occupe évidemment de moi sans hésiter et je me sens coupable de l’avoir fait dormir sur un fauteuil peu confortable et de le réveiller alors qu’il a sans doute autant besoin de dormir que moi. Le remercier est donc ma façon à moi de lui faire comprendre ma reconnaissance même si ce n’est pas suffisant à mes yeux. « T’as pas besoin de me remercier. » Je sais que oui et que je devrais faire même bien plus que le remercier simplement, mais mes options sont très limitées en ce moment comme je viens à peine de vivre l’expérience la plus traumatisante de ma vie et que j’arrive à peine à bouger. « Je me rattraperai en sortant de cet hôpital. » Même si je n’ai aucune idée de comment je vais faire. Peut-être des pâtisseries ou bien un truc encore plus gros, mais je ne sais pas quoi. Ma douleur est plus forte que jamais et si mes blessures physiques me font mal, celles qui me torturent l’esprit sont encore bien pire. Des larmes coulent à nouveau sur mes joues et je vois l’inquiétude dans les yeux de Shiloh. « Tu veux que j’aille chercher une infirmière ? Elle pourra peut-être te soulager un petit peu ? » Je lui fais signe que non de la tête et je tente de chercher du mieux que je peux mes mots, mais je n’y arrive pas. Je n’ai pas besoin d’une infirmière, je préfère avoir mal partout ailleurs, mais je veux arrête de ressentir la douleur à l’intérieur de ma poitrine, je veux arrêter de pleurer, de penser, je veux tout arrêter. « Je ne pense pas qu’une infirmière peut arrêter ce genre de douleur… » Je suis pathétique à regarder. Je n’arrive pas à arrêter de pleurer et en plus j’ai juste besoin d’être rassurer. « Je ne lui ai jamais dit que je l’aime… » Dis-je en relevant la tête vers lui, prenant sa main dans la mienne. « Je suis vraiment stupide… »
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Mer 20 Mai - 16:34
