Cela faisait maintenant quelques jours qu’il s’était retrouvé seul avec Dahlia et que les choses avaient dégénérées, et il ne savait toujours pas quoi faire. Il avait évidemment pensé à en parler à ses amis les plus proches, mais il ne voulait pas que ça s’ébruite, et peu importe à quel point il avait confiance en eux, il ne pouvait pas prendre le risque. Rester à distance de Dahlia était déjà particulièrement compliqué, sauf que ça le serait d’autant plus si quelqu’un de l’extérieur venait à l’attendre, parce qu’il se ferait virer sans aucun remord. Dans un sens, il le mériterait, mais autant faire en sorte que ça n’arrive pas. C’est pour ces raisons que Carlos s’était renfermé dans le sport, n’hésitant pas à s’entrainer plus que nécessaire chez lui et à danser pour se détendre dès que l’occasion se présentait. Aujourd’hui était son jour de repos, Dahlia ayant prévu de rester chez elle toute la journée. Il était resté tranquille toute la matinée puis avait finalement invité Lexie chez lui pour faire un peu de sport en sa compagnie et danser sur leurs morceaux préférés, sauf que les choses ne s’étaient pas passées comme prévu.
Il venait tout juste de finir de s’entraîner avec Lexie et comptait se mettre à danser et l’inviter à se joindre à lui si elle le souhaitait, sauf que son téléphone sonna. Rien d’inquiétant, bien évidemment, sauf que c’était la sonnerie spécialisée qu’il avait pour Dahlia, sur son téléphone du boulot. Elle ne l’appelait jamais, c’était toujours par message, donc c’est qu’il y avait un problème. Il avait froncé les sourcils, coupant la musique et faisant signe à Lexie qu’il reviendrait assez vite. Dès qu’il avait décroché le téléphone, il avait à peine eu le temps de dire « Allo ? » que la voix de Dahlia avait résonné dans ses oreilles. Elle avait l’air paniquée, complètement hors de contrôle. Quelqu’un était rentré chez elle ? Dans son jardin ? Oh merde merde merde.
- Restes là où t’es, mets toi dans une pièce qui ferme, j’arrive.
Il retourna dans sa salle de sport, retrouvant Lexie assise par terre en train de l’attendre. Il n’attendit pas longtemps avant de prendre la parole, il n’y avait pas de temps à perdre.
- Y a un problème chez Dahlia, je dois y aller. Fais comme chez toi si tu veux, tu peux te servir de la douche avant de rentrer chez toi si tu préfères.
Il eut à peine le temps d’entendre le bon courage de la jeune femme qu’il était déjà en dehors de la salle de sport, en train de mettre ses chaussures. Malgré tout, il suivit le protocole et appela directement son patron. C’est ce que les règles indiquaient, dès qu’une situation comme celle-ci arrivait, il fallait prévenir son patron avant de partir chez la personne concernée. Il lui expliqua le peu d’informations qu’il avait sur la situation et écouta les recommandations de ce dernier. C'est au moment où il lui proposa d’appeler des renforts que Carlos reprit la parole.
- Pas de soucis Monsieur, je connais le protocole. Pour ce qui est des renforts, ce n’est pas nécessaire pour l’instant, il s’agit d’une seule personne de ce que j’ai compris. J’ai quand même le numéro d’urgence sur moi si nécessaire.
Il raccrocha dès qu’il avait eu l’occasion de le saluer et sortit de chez lui, courant directement chez la jeune femme. Au rythme auquel il avançait, il arriverait clairement chez elle d’ici 10 minutes. Son cœur battait à la chamade et ce n’était pas simplement à cause de l’activité sportive. Quelqu’un avait réussi à pénétrer dans le jardin de Dhalia, et ce malgré la sécurité qui avait été mise en place. Malgré qu’il lui ai dit de s’enfermer dans une pièce qui fermait à clé, il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour elle, et pas seulement comme un garde du corps. Après seulement quelques minutes, il arriva devant chez la jeune femme, réalisant à ce moment qu’il était encore en tenue de sport, c’est à dire un top et une paire de shorts. Peu importe. Il rentra directement, remarquant que le portail était entrouvert et fit le tour de la résidence. Rien à signaler, personne n’était là. Il finit par rentrer dans la maison, commençant déjà à être rassuré en voyant que la porte d’entrée était fermée à clé et fit le tour de toute les pièces, toujours rien à signaler et aucun signe d’infraction dans la villa. Il ressortit tout aussi vite, préférant refaire le tour du jardin pour être sûr qu’il ne ratait rien. Il referma le portail, le verrouillant par la même occasion puis se dirigea vers l’intérieur, allant directement vers la dernière pièce qu’il n’avait pas fouillé, celle qui était fermée à clé, donc celle dans laquelle Dahlia se trouvait. Il toqua doucement à la porte, prenant directement la parole pour ne pas la faire stresser, elle était déjà clairement en panique, ce n’était pas la peine d’aggraver la situation.
- Dhalia ? C’est Carlos, j’ai fait le tour, tu peux m’ouvrir ?
Il ne lui forcerait pas la main, mais il préférait quand même pouvoir la voir. Il était familier avec l’angoisse, le stress, la panique même, c’est ce qu’il avait vécu à l’armée. Et il était hors de question qu’il laisse la jeune mannequin vivre ce genre de choses seule, surtout qu’il y avait encore plein de questions auxquelles elle devait répondre pour le dossier d’enquête et le renforcement de la sécurité chez elle.
Carlos ne pouvait pas y croire, son cœur battait à la chamade malgré que sa course soit finie, il avait clairement peur pour elle, et il était évident pour lui que ce n’était seulement une inquiétude professionnelle. Mais ce n’était pas du tout le moment de s’arrêter sur ce genre de choses. Il avait sécurisé la zone, et maintenant il devait aider Dahlia, l’aider à remonter la pente, à se remettre du choc plus que violent qu’elle venait de vivre. Il ne pouvait pas imaginer une seule seconde ce que ça faisait de voir quelqu’un dans son jardin, surtout quand on avait reçu autant de menaces qu’elle. Il espérait réellement que ce n’était qu’un paparazzi ou un fan qui voulait la rencontrer coûte que coûte. Si c’était quelqu’un qui voulait lui faire du mal, la donne serait complètement différente, et Carlos n’avait aucune idée de comment il réagirait. Il resta devant la porte quand cette dernière s’ouvrit et il n’eut même pas le temps de faire un pas que Dahlia était déjà dans ses bras, en train de pleurer. Il ne réfléchit même pas une seule seconde, l’enfermant entre ses bras et déposant un baiser sur son front. Il ne dit rien, se contentant de la laisser se détendre, la laisser extérioriser tout ce qu’elle avait ressenti ces dernières minutes. Après plusieurs minutes à lui avoir frotté le dos, il finit par prendre la parole.
- Je suis là, ça va aller Dahlia, ne t’inquiètes pas, il ne va rien t’arriver.
Sauf qu’il n’en avait aucune certitude. Evidemment, tant qu’il était là, il ne lui arriverait rien, il ne laisserait clairement pas ce genre de choses arriver. Sauf qu’il ne serait pas toujours là, si ? C’est pour ça qu’il devait vraiment encore plus sécuriser la villa, qu’elle le veuille ou non. Dès qu’il le pourrait, donc dès qu’elle se serait calmée, il contactera l’équipe en charge de ce genre de choses, car il était hors de question que la jeune mannequin reste plus longtemps à vivre dans un endroit qui n’était apparemment pas sécurisé, ou en tout cas pas assez. Il fallait qu’elle parle, qu’elle lui explique ce qu’il s’était passé, peu importe à quel point ce serait compliqué. Il ne l’avait jamais sentie aussi apeurée, aussi terrifiée et dépassée par les événements. Et pour être honnête, Carlos prenait clairement sur lui pour essayer de suivre un minimum le protocole, parce que s’il écoutait son instinct, il ferait juste tout ce qui était en son pouvoir pour l’aider et il serait bien plus mal que ce qu’il montrait actuellement. Sauf que l’aider, c’était aussi récupérer un maximum d’informations et faire en sorte que ce genre de choses n’arrive plus. Sans pour autant la lâcher, il finit par reprendre la parole, prenant la voix la plus douce possible, comme pour essayer de la ménager au maximum, même si la suite des évènements risquait de ne pas être simple pour la jeune femme.
- Dahlia ? Est-ce que tu es prête à m’expliquer ce qu’il s’est passé ?
Il posa rapidement un regard sur la chambre de la jeune femme, hésitant quelques minutes sur le fait de la ramener jusqu’à son lit. Il se sentirait mieux si la jeune femme était assise, parce qu’il avait vraiment l’impression qu’elle n’allait pas tenir debout longtemps. Il finit par s’éloigner d’elle, très légèrement, gardant malgré tout un bras autour de sa taille, pour la soutenir mais également pour lui faire passer le message qu’il ne comptait pas la laisser, pas cette fois. Peu importe ce qu’il s’était passé dans la piscine la dernière fois, il était hors de question qu’il la laisse, il ne le supporterait pas et elle non plus.
- Viens, je pense qu’il vaut mieux qu’on aille s’asseoir.
Un simple regard sur la jeune femme lui brisa le cœur. Elle avait le visage marqué par les larmes qui n’avaient pas arrêté de couler le long de son visage et elle avait l’air complètement démolie. Toute la panique était présente sur le visage de la jeune femme, tout comme la fatigue que cette dernière avait causé. A en juger par sa tenue, elle devait être partie pour aller se coucher, mais sa nuit n’allait clairement pas être ce qu’elle avait prévu, il en était certain. Certes, ce qu’il faisait actuellement n’était pas complètement un travail de garde du corps, mais il s’en fichait. Il savait que son téléphone finirait par sonner quand son patron l’appellerait pour savoir si tout allait bien, mais il gèrerait ça le moment venu. Là, c’était Dahlia la plus importante, rien d’autre. En temps normal, il se serait clairement arrêté sur la tenue qu’elle portait, et ça l’aurait fait vriller. Mais là ? Il était bien trop sur ses gardes sur le fait qu’elle aille bien, que la lumière de dehors reste éteinte et qu’aucun bruit ne se fasse entendre pour penser au simple fait qu’elle portait uniquement un tee-shirt large et une culotte.
L’état actuel de Dahlia lui brisait le cœur, peu importe à quel point il était compréhensible. Quelqu’un avait envahi son espace privé, en plus de ça dans un moment où elle était particulièrement vulnérable, c’est à dire quand elle allait se coucher. Il n’avait aucune idée de quoi faire pour elle, à part être là comme il l’était déjà. Sauf qu’il avait cette constante impression que ce n’était pas suffisant, que la jeune femme avait été brisée de manière si rapide et violente qu’il n’y avait rien qu’il puisse faire, et cette sensation d’impuissance était insupportable. Mais une chose était sûre, il ferait tout son possible pour l’aider, il n’y avait pas d’autres options pour lui. Quand elle tomba sur les genoux, il resta avec elle, l’aidant à se relever et à se stabiliser sur ses jambes avant de l’amener jusqu’à son lit. Et une fois qu’elle y était, il la suivit, prenant simplement le temps de se débarrasser de ses chaussures avant de la rejoindre. Il se mit à côté d’elle et une ses mains rejoignit son bras, le caressant doucement pour la calmer. Son cœur se brisa un peu plus quand il la vit se cacher les jambes, c'était de sa faute. Elle était déjà brisée, mais elle prenait le temps de penser au fait qu’ils devaient maintenir une « distance professionnelle », sauf que ce n’était pas le moment, car dans tous les cas, la distance professionnelle en question avait été rompue dès qu’elle l’avait appelé. Pourquoi ? Parce que Carlos ne pouvait pas rester sans rien faire, il ne pouvait pas décemment la laisser comme ça, complètement brisée, il en serait incapable. Il écouta calmement son récit, ne disant rien pour ne pas la perturber, préférant qu’elle finisse de parler avant de prendre la parole, hors de question de l’interrompre. En même temps, il prit des notes dans sa tête, essayant de trouver une explication et un sens à ce qu’il s’était passé avant qu’il arrive, sauf qu’il n’avait pas assez d’éléments. Ce qui était sûr, c’est que la jeune femme avait été traumatisée, et le rouquin ne pouvait que la comprendre.
- Il n’a pas trouvé l’entrée de la maison. Quand je suis arrivé, il n’y avait plus personne, que ce soit dedans ou dehors. Et si ça peut te rassurer, la porte d’entrée de la villa était encore fermée à clé, il n’a pas essayé de la forcer.
Il devrait lui parler du fait que son portail était entrouvert quand il était arrivé, mais il n’avait pas l’impression que ce soit le bon moment. C’était idiot, évidemment. Quelqu’un était rentré, le plus logique était qu’il soit entré par le portail, mais il ne voulait pas donner cette impression de non sécurité à Dahlia, elle ne le méritait pas, elle avait assez de choses à gérer comme ça. Bon, une chose était sûre, Dahlia n’irait surement pas à ses rendez-vous le lendemain, et il faudrait donc prévenir son agent, mais ça pouvait attendre non ? Carlos s’occuperait de passer le coup de téléphone quand elle serait mieux, qu’elle dormirait, ou simplement quand elle serait plus détendue et qu’il accepterait de s’éloigner sans s’inquiéter de ce qu’il pourrait se passer dans la tête de la jeune femme. Quand elle reprit la parole, le cœur de Carlos se brisa encore un peu plus. Elle le suppliait, ne voulait pas qu’il parte. Dans tous les cas, il était hors de question qu’il parte, il serait incapable de rentrer chez lui sans s’inquiéter pour la sécurité et la santé de la jeune femme, ce qu’il avait sous les yeux était bien assez convaincant sur le fait qu’il ne devait pas la laisser, ou en tout cas pas tout de suite. Il lui passa la main dans les cheveux avant de déposer un baiser sur sa tempe, reprenant ensuite la parole.
- Je vais rester, ne n’inquiètes pas. Il est hors de question que je te laisses seule dans un état pareil, ce serait trop m’en demander.
A vrai dire, même si elle lui avait demandé de la laisser, il n’était pas certain qu’il aurait pu accepter. Elle avait l’air exténuée, complètement sur les rotules à cause de ce qu’il venait de se passer. Surtout que si elle était déjà fatiguée avant que ça n’arrive, c’était encore pire maintenant. Il continua de lui passer la main dans les cheveux, hésitant à prendre la parole. Il ne connaissait que trop bien l’état dans lequel elle était, et s’endormir alors qu’elle était encore comme ça était une très mauvaise idée. Avant, il fallait qu’elle se calme, qu’elle extériorise, que ce soit par le biais de son corps ou de ses paroles, mais également qu’elle se change les idées. Il se releva légèrement, sans pour autant briser le contact entre eux deux, et reprit la parole.
- Par contre, désolé, mais tu ne peux pas dormir comme ça. Je suis plus que familier avec ce que tu vis actuellement, et crois moi que t’endormir dans cet état-là est une très mauvaise idée. Je te conseille de parler, ou de te défouler, n’importe quoi qui pourrait te faire du bien.
Evidemment, il était conscient qu’il se trahissait légèrement, parlant du fait qu’il avait vécu bien des choses négatives. Si elle lui posait la question, il serait bien obligé de lui expliquer la raison pour laquelle il avait quitté l’armée, et donc celle pour laquelle il était devenu garde du corps. Sauf qu’il ne voulait pas lui infliger ça, elle avait eu assez d’émotions négatives pour un bon moment, ce n’était pas la peine qu’elle se sente encore plus mal à cause du passif de son garde du corps.
Avec ce qu’il se passait actuellement dans la chambre, il savait qu’il allait devoir en parler à au moins un de ses amis, peu importe à qui tant que c'était des gens de confiance. Il ferait en sorte qu’il ou elle ne répète rien, mais il ne pouvait pas rester sans rien dire, sans rien faire, à se renfermer sur lui-même alors qu’il savait parfaitement que ça lui ferait encore plus de mal que s’il en parlait. Evidemment, ce serait dur de prendre la parole et de pleinement assumer le fait qu’il était attiré par sa cliente. Surtout que ce n’était pas juste de l’attirance, il le savait. La façon dont son cœur accélérait quand elle était contre lui, à quel point son cœur se serrait quand il repensait à sa réaction quand il l’avait repoussée dans la piscine, toutes ces choses là montraient clairement que ce n’était pas juste une attirance, il y avait plus. Mais c’était des choses qu’il n’avait pas le droit de se laisser ressentir, si ? Mais il ne pouvait pas le contrôler. Dahlia avait réussi à toucher quelque chose au fond de lui, quelque chose que personne n’avait jamais réussi à atteindre. Et qu'il ne veuille ou non, c’était d’autant plus dur d’accepter tout ça quand il savait que son métier lui interdisait de tenter quoique ce soit.
La main de Carlos finit par quitter le contact des cheveux blonds de Dahlia, mais le jeune garde du corps ne l’avait pas quitté des yeux malgré tout, il en était incapable. Il avait cette sensation que tant qu’il aurait un regard sur elle, elle serait en sécurité, peu importe à quel point il souffrirait de la situation. Sauf que malgré tout, il n’avait aucune idée d’à quel point la situation actuelle faisait du mal à Dahlia. Alors que son regard était fixé sur la jeune femme après qu’elle ai pris la parole, Carlos savait parfaitement ce qu’il avait en tête. Mais est-ce qu’elle ne risquait pas de le repousser parce qu’elle trouvait que c’était trop vis à vis de ce qu’il s’était passé la dernière fois ? Son téléphone finit par sonner, coupant court à ses pensées. Un simple regard vers l’écran lui confirma que c’était son patron, il devait attendre de ses nouvelles.
- Je dois prendre cet appel, j’arrive.
Il se releva, ne quittant pas la pièce pour autant, mais préférant marcher comme il le faisait bien souvent quand il était au téléphone, surtout dans une situation aussi tendue que celle-ci. Il décrocha et entendit directement son patron lui demander des nouvelles, une sorte de feedback et un résumé des quelques informations qu’il pouvait avoir.
- Alors, il y avait quelqu’un dans son jardin d’après ce qu’elle m’a expliqué, comme si la personne cherchait la porte d’entrée. Quand je suis arrivé il n’y avait plus personne, que ce soit dedans ou dehors. La porte d’entrée était encore verrouillée et elle n’avait définitivement pas été forcée. Par contre, le portail était entrouvert, il faudra définitivement changer le portail et essayer d’en prendre un bien plus sécurisé.
Il écouta les réponses de son patron qui le félicitait pour avoir fait preuve de sang froid dans une situation pareille, ce qui le fit rire intérieurement. Il n’avait pas du tout fait preuve de sang froid, mais c’était surement mieux que son patron pense ça, au moins ça enlèverait tout soupçon, pas vrai ? Il écouta les quelques questions qu’il lui restait et y répondit rapidement.
- Oui j’y suis encore, j’ai encore un tour à faire pour essayer de trouver de quelconques traces, même si je n'ai rien vu les deux premières fois. Et bien sûr, j’essaierai d’en apprendre plus quant à la personne qui est entrée dans le jardin. Vous aurez mon rapport dès demain, évidemment, et on fera tout ce qu’il faut pour rendre cette villa encore plus sécurisée qu’elle ne l’était déjà.
Après l’avoir salué, Carlos raccrocha et se rapprocha une nouvelle fois du lit. C’était idiot, mais il se sentait comme un imbécile d’avoir dit toutes ces choses là à haute voix, Dahlia allait définitivement penser qu’il restait pour son travail et non pas pour elle, ce qui était complètement faux. Evidemment, il allait définitivement devoir passer le jardin au peigne fin, mais il était hors de question qu’il le fasse dans l’immédiat. Pour autant, il ne se rassit pas sur le lit, il se contenta de prendre son téléphone personnel et d’aller sur sa liste de musiques. Il posa son regard sur la jeune femme avant de lui tendre la main, prenant ensuite la parole.
- J’ai une idée de quelque chose, en effet. La danse change complètement les idées, c’est ce que je fais toujours quand j’ai besoin de me détendre. Si ça te tente d’essayer, t’as qu’à te lever et je prendrais les choses en main. Si jamais tu as un style que tu préfères, dis le moi, j’aurais surement ce qu’il faut.
Il dépassait clairement les limites en l’invitant à danser, mais il s’en fichait. La jeune femme avait besoin de se changer les idées, et il espérait franchement qu’un peu de danse l’aiderait. Il avait tout ce qu’il fallait sur son téléphone au niveau musical, peu importe le genre qu’elle choisirait. Avec toutes ces années passées à danser dès que l’occasion se présentait, il avait apparemment atteint un niveau de danse assez respectable, même si ce n’était clairement pas son objectif premier. Son but n’avait jamais été de devenir danseur professionnel, et ce malgré le fait qu’il ai toujours été passionné. C’était un passe-temps pour lui, un moyen de se défouler et de se changer les idées, mais clairement pas un moyen de gagner de l’argent. Et avec un peu de chance, cela deviendrait aussi un moyen de calmer la jeune femme présente devant lui. En tout cas, c’est ce qu’il espérait actuellement.
Il n’aurait jamais dû lui proposer de danser avec lui, il le savait parfaitement. Mais malgré tout, il n’avait pas pu s’en empêcher. La jeune femme avait l’air complètement dépassée et perdue, mais surtout détruite psychologiquement. Il ne pouvait pas la blâmer, quelqu’un venait de s’immiscer dans son intimité, ce qui était déjà compliqué de base, mais en plus elle était complètement exténuée en ce moment, en tout cas de ce qu’elle avait dit. S’il avait agi en suivant le protocole comme prévu, il serait venu, aurait tout vérifié, aurait cherché des indices dans le jardin puis serait parti après avoir posé plusieurs questions à Dahlia. Sauf qu’il ne pouvait pas suivre le protocole actuellement. Il préférait qu’elle se calme avant qu’il ne pose d’autres questions, surtout qu’il ne supportait pas de la voir comme ça. Personne ne méritait de vivre ce genre de choses, surtout pas quand on a seulement 23 ans comme elle. Elle était encore jeune, ça se sentait à sa joie de vivre qu’il semblait impossible de détruire, ou en tout cas jusqu’à aujourd’hui.
Quand la main de la jeune femme rentra en contact avec la sienne, il fut obligé de quitter ses pensées. Il se retrouva rapidement debout face à elle alors qu’elle prenait la parole. Carlos mentirait s’il disait que son cœur n’avait pas fait un bond dans sa poitrine au moment où elle lui parla d’un slow. En lui proposant de danser, il avait accepté le risque qu’elle décide de choisir cette danse-là parmi toutes celles qui existaient. Pourtant, il ne baissa pas pour autant les bras et ne la repoussa pas, pas cette fois. Il reporta un regard sur son téléphone, arpentant du regard les nombreuses musiques qui étaient à sa disposition, tout ça sans lâcher sa main. Il ne releva le regard vers elle qu'une fois qu'il avait trouvé la musique qui lui semblait être parfaite.
- Alors ce sera un slow.
A peine avait-il dit ça qu’il avait posé le téléphone sur le lit après avoir appuyé sur play, laissant sa main droite dans la main gauche de la jeune femme avant de poser sa main gauche au niveau de sa taille. Rapidement, les premières notes de la chanson « Unchained Melody » se firent entendre dans la chambre alors que Carlos commençait à danser, en profitant pour guider la jeune femme. Sauf que quand il avait choisi la chanson, il n’avait pas pensé aux paroles qui allaient résonner dans l’appartement. Une chanson qui parlait clairement d’amour, de passion et en partie de désespoir vis à vis de cet amour. Dans un sens, Carlos avait le sentiment que cette chanson correspondait parfaitement à ce qu’il ressentait quand il était avec elle. Il avait ces sentiments qui se bousculaient par dizaines, son corps n’avait qu’une envie, qu’il crie à la jeune femme « I need your love » comme le faisait le chanteur des Righteous Brothers.
« I’ve hungered for your touch ». C’était parfaitement ce qu’il ressentait, ce que son corps lui demandait dès qu’il était dans la même pièce que Dahlia, que ce soit pendant les photoshoots ou quand ils n’étaient que tous les deux. Et depuis qu’il avait eu le droit à son toucher, en cette fin de journée dans la piscine, son corps en demandait encore plus, comme si Dahlia était quelque chose dont il ne se lasserait jamais. Sauf que c’était vrai, il avait le sentiment qu’il ne se lasserait jamais de la jeune femme, ou en tout cas pas avant un moment. Alors que les notes de musiques continuaient de se faire entendre, accompagnées par la voix du chanteur, Carlos continuait de danser, étant à la fois trop proche mais aussi trop éloigné de la jeune femme à son goût. Mais il ne fit rien, ne cherchant pas à se rapprocher ou quoi, ne voulant pas la brusquer, pas après ce qu’il s’était passé la dernière fois, c’était hors de question. Mais ce moment était le leur, c’était un moment que Carlos considérait comme hors du temps, et bon sang qu’il l’appréciait déjà après seulement quelques secondes.
« Wait for me, wait for me, I’ll be coming home, wait for me ». Ce genre de choses qu’il aimerait tant lui dire, qu’il pourrait lui dire s’ils étaient dans une situation normale. Sauf que ce n'était pas le cas, ils n’étaient pas dans une situation traditionnelle, il n’avait pas le droit de lui dire ce genre de choses. Il n’avait pas le droit de la mener en bateau alors que lui même ne savait pas ce qu’il voulait. Enfin si, il savait ce qu’il voulait, mais il ne pouvait pas se permettre de l’avoir, son travail était bien trop important pour lui. Il ne pouvait pas se retrouver sans travail, donc il devrait faire des sacrifices. Sauf que là, maintenant, tout de suite, alors que la jeune femme était dans ses bras pendant qu'ils dansaient, ces sacrifices lui paraissaient être une torture. Evidemment, il pourrait lui dire de l’attendre, attendre qu’il ne soit plus son garde du corps, qu’il ai d’autres clients, mais il ne pouvait pas se le permettre. Déjà parce qu’il ne voulait pas quelqu’un d’autre que lui la protège, l’inquiétude pourrait potentiellement le rendre fou, surtout maintenant qu'il avait vu ce que les gens étaient capables de faire pour atteindre la jeune femme. Mais aussi parce qu’il ne pouvait pas lui dire de l’attendre. Elle n’avait que 23 ans, elle avait toute la vie devant elle, tout ce temps dont elle pouvait profiter, et Carlos ne prendrait pas la décision de lui enlever.
« Are you still mine ? » Sauf qu’elle ne serait jamais sienne, jamais. Ils savaient pertinemment tous les deux qu’ils ne pouvaient pas se le permettre. Qu’est-ce qu’il se serait passé s’il l’avait rencontrée autrement et qu’elle n’était pas sa cliente ? Les choses auraient été bien plus faciles, mais peut être qu’il n’y aurait pas eu cette connexion entre eux. Ce qu’il y avait entre eux, c’était quelque chose que Carlos considérait comme fort, mais aussi comme normalement indestructible. Mais malgré tout, le moindre geste de travers lui donnait également l’impression qu’il pouvait détruire tout ce qu’il y avait entre eux, comme il l’avait fait cette fois-là dans la piscine. Il n’était pas idiot, il savait que quelque chose avait été brisé à ce moment là, et il n’en était pas fier. Il avait à la fois brisé le cœur de la jeune femme, mais également le sien. Il avait beau se dire que c’était nécessaire, ce n’était pas suffisant pour enlever cette culpabilité qui le rongeait depuis.
« Oh my love, my darling ». Ces cinq mots pourtant si simples le touchaient en plein cœur. Il ne savait, il y avait peu de chances qu’il trouve quelqu’un d’autre que Dahlia, ou en tout cas il n’y aurait pas cette connexion, ni cette alchimie qu’il ressentait et qu’il pensait être incapable d’inventer. Pourtant, il devait trouver quelqu’un d’autre, et elle aussi. Leur relation était destinée à l’échec, pas vrai ? Il préférait se le dire, plutôt que de donner des faux espoirs à la jeune femme. Sauf qu’en dansant comme ça avec elle, est-ce qu’il ne le faisait pas déjà ? Il ne se voyait pas appeler qui que ce soit d’autre « my love », peu importe où il irait chercher. Sauf qu’il le devait, pour le bien de la jeune femme et celui de sa propre carrière. Il ne serait pas bon pour elle, elle mériterait quelqu’un qui n’a pas besoin de se cacher, quelqu’un qui peut profiter de son temps avec elle comme il le souhaite, sauf qu’il ne serait jamais cette personne.
« I need your love, I need your love ». A l’entente de ces paroles, il sentit son cœur se serrer alors qu’il continuait de danser avec la jeune femme, essayant de ne pas laisser paraître sur son visage tout ce qu’il se passait dans sa tête actuellement. Sauf que sa tête n’était pas la seule partie de son corps à être chamboulée, tout son corps l’était. Il ne s’en était même pas rendu compte, mais le temps de cette simple chanson, leurs deux corps s’étaient rapprochés encore plus qu’ils ne l’étaient déjà. Et pour une fois, Carlos s’en fichait. Il savait que ça lui ferait bien plus de mal que de bien à long terme, mais il était incapable de ne pas profiter, juste cette fois. Mais qu’est-ce que Dahlia ressentait pendant ce temps là ? Il n’en avait aucune idée, il avait peur de regarder son visage, que leurs regards se rencontrent et qu’il soit incapable de se contrôler. Sauf que dans un sens, il ne se contrôlait déjà pas, il lui avait proposé de danser alors que c’était loin d’être une bonne idée, surtout venant de lui qui avait parlé de distance professionnelle quand ils s’étaient tant rapprochés la dernière fois. Il venait de se tirer une balle dans le pied, il le savait. Mais pour une fois ? Il s’en fichait.