Avatar : Pedro Pascal Messages : 749 Dollars : 65 Date d'inscription : 10/09/2020 Multicompte(s) : Benjamin Patterson, Peter Lloyd, Nicolae Townsend, Elliot Wilson, Keazy Brown, Lynn Parker, Nash Ortega, Jesus L. Diaz, Adrian Vacaresco Crédits : ichi Débarqué.e à Los Angeles depuis : Mai 2020 , j'habite : une maison à Brentwood . On me surnomme : Juan est déjà bien assez court comme ça , j'ai : 45 ans et je suis né.e le : 08 septembre 1975 . Je suis : divorcé et : homosexuel . Aujourd'hui, je suis : cardiologue, chef du service cardiologie d'UCLA Medical Center
Cela faisait longtemps. Cela faisait très longtemps. Cela faisait plusieurs semaines, plusieurs mois. Cela faisait plus d'un an, en réalité. Et. Ca. Faisait. Bien. Trop. Longtemps.
Le corps féminin contre le sien. Le parfum qui l'enivre presque. La sensation de ces cheveux qui viennent chatouiller la peau plus fine de son cou, qui s'accrochent à sa barbe de deux jours. Celle de son dos qui se colle contre son torse, de son haut fluide qui glissent contre sa propre chemise, la douceur de sa peau sous ses doigts qu'il enserre. L'électricité charriée par le sang qui semble rugir dans ses veines et frémir tout son corps. Et surtout, le contact du canon de son Glock sur la tempe de la jeune femme qu'il vient d'immobiliser par surprise.
« Je ne m'attendais certainement pas à être en si bonne compagnie ce soir... Une petite danse, mademoiselle ? Oh, pardon... Madame ? »
Le ton est amusé, ironique. Un rien cynique, peut-être. Et la voix si glaciale, comme jamais elle ne l'a entendu, contrastant avec ce souffle chaud qui vient s'écraser dans son cou.
Pourtant, tout cela, cette excitation, cette adrénaline qui le prenait à la gorge, ce n'était pas vraiment comme ça qu'il avait prévu de passer sa soirée. C'est le moins que l'on puisse dire. Il était sorti d'une journée harassante mais fructueuse avec l'intention d'aller boire un verre d'un bon whisky dans un bar à la musique sympathique. Il comptait bien sur son bagou habituel pour nouer quelques relations, pouvoir établir quelques discussions et, pourquoi pas, ne pas finir la nuit seul.
Ca aurait dû être une bonne soirée, oui. Et ça l'aurait été, s'il avait pris le chemin habituel pour se rendre de son appartement à son nouveau lieu de prédilection. Mais il avait eu envie d'innover, de découvrir un peu plus la ville dans laquelle il avait élu domicile un peu contre son gré. Question de nouveauté, déjà, parce qu'il aimait tout observer. Question d'instinct, surtout, parce que connaître toutes les possibilités de fuite pourrait, un jour, lui sauver la vie. Même s'il était en sécurité, ici, comme le lui avait dit et répété le FBI ! Mais ça, Matt n'en croyait pas un mot. Et sa sécurité passait toujours avant tout.
Et c'est peut être cette habitude d'être constamment en hyper-attention qui pourrait, ce soir, lui sauver la vie. C'était juste la vitrine d'un restaurant comme il y en avait des dizaines d'autres entre son nouveau bar préféré et sa résidence. C'était juste les silhouettes de clients des quelques tables occupées, prenant un dîner un peu tardif. C'était juste le profil d'une femme, seule, dont les cheveux volent légèrement alors qu'elle se tourne pour appeler l'une des serveuse.
Et c'est tout le corps de Matt qui s'était mis en alerte, c'était tous les signal d'alarme dans son esprit qui venaient de s'allumer comme autant de sapins de noël, bloquant entre ses lèvres l'air qu'il sifflotait jusqu'alors. Parce que cette femme, il la connaissait. Et la voir ici n'était vraiment, vraiment, vraiment pas une bonne nouvelle pour lui !
Ca n'avait pas toujours été le cas. Il se souvenait encore parfaitement de l'excitation qui avait pu être la sienne quand ils prévoyaient leurs rendez-vous. Il se souvenait encore bien trop du... reste, aussi, auquel il n'était absolument pas le moment de penser. Il se souvenait aussi parfaitement des circonstances dans lesquels il l'avait vu pour la dernière fois. Games of Throne, vous connaissez ? Les Noces Pourpres, plus précisément. Il en avait presque rit en voyant cet épisode !
Il n'avait plus vraiment envie de rire, maintenant. Parce que si elle était là, ça voulait dire qu'ils n'étaient sans doute pas très loin. Ils. Les McKeown. Les derniers membres de cette famille faisait étrangement partie de ces personnes de son passé qu'il n'avait absolument aucune envie de revoir. Et qui eux se feraient très certainement un plaisir de le voir disparaître de façon à ce que personne ne puisse jamais, lui, le revoir ! Ce qui serait, tout le monde serait très certainement d'accord avec ça, une perte énorme pour l'humanité.
Bref. Il s'égarait, un peu. Il s'égarait souvent, en ce moment, et sa présence à Los Angeles en était une preuve flagrante. Mais quoi qu'il en soit, la présence de cette femme était forcément une très mauvaise nouvelle pour lui. Sauf qu'il ne pouvait pas s'en occuper comme il l'aurait voulu. Pas comme ça. Pas en pleine rue, déjà, parce que ce n'était pas dit que le FBI le couvre encore s'il posait des problèmes aussi évidents. Et puis, surtout, il se devait d'avoir des réponses. Qui était au courant de sa présence à Los Angeles, depuis combien de temps, quand allaient ils arriver. Et elle, elle avait forcément toutes ces réponses.
Alors il avait attendu. Il avait prit un verre dans le bar d'en face, rangeant avec regret ses rêves d'une soirée tranquille, mais bien décidée à la remettre à plus tard – parce qu'il était bien entendu hors de question qu'elle ait raison de lui. Et puis il l'avait vu sortir. L'avait suivi, discrètement. Et, juste quand le moment était arrivé, quelques pas à peine après le restaurant...
Il l'avait saisit par le bras, l'avait attiré dans une ruelle déserte avant qu'elle ne puisse réagir. L'avait bloqué contre son corps, donc, son bras bloquant son corps, l'autre, celle du côté opposé à la rue animée, presque cachée dans l'ombre, tenant l'arme.
« Alors, Sio, qu'est-ce que tu fais là ? Comment est-ce que tu m'as retrouvé ? »
Sa voix était grave, proche de son oreille. Et s'il avait humé, au passage, son parfum qu'il ne connaissait que trop bien, ce n'était absolument pas par nostalgie. Non. Puis d'ailleurs, qui pourrait prouver que c'était vraiment arrivé ?
Le passé n'est jamais mort, il n'est même pas passé. ❦
⇜ code by bat'phanie ⇝
Juan Heredia
Land of the living
Signe Astro : Métier : Prénom : DianaJess
Avatar : Pedro Pascal Messages : 749 Dollars : 65 Date d'inscription : 10/09/2020 Multicompte(s) : Benjamin Patterson, Peter Lloyd, Nicolae Townsend, Elliot Wilson, Keazy Brown, Lynn Parker, Nash Ortega, Jesus L. Diaz, Adrian Vacaresco Crédits : ichi Débarqué.e à Los Angeles depuis : Mai 2020 , j'habite : une maison à Brentwood . On me surnomme : Juan est déjà bien assez court comme ça , j'ai : 45 ans et je suis né.e le : 08 septembre 1975 . Je suis : divorcé et : homosexuel . Aujourd'hui, je suis : cardiologue, chef du service cardiologie d'UCLA Medical Center
Il en a tenu, des femmes, dans cette position. Des hommes, aussi, d'ailleurs. En général, c'était très vite ennuyeux. Car très vite, on arrivait aux larmes. Et quelles que soient les supplications de sa cible – rarement, très rarement, on pouvait parler de victime, vu les personnes à qui il avait à faire - Christopher finissait par obtenir ce qu'il voulait. Cela pouvait se terminer par des aveux, quand c'était des informations qu'il se devait d'obtenir, et là, on atteignait rapidement au summum de la lassitude. Mais, le plus souvent, cela se finissait dans le sang, quand la cible devait être éliminée et là, même si l'acte en lui-même était d'une facilité que Christopher aurait pu qualifier d'enfantine, il y avait malgré tout cette montée d'adrénaline qui arrivait toujours au moment fatidique. Ce moment où son doigt était posé sur la détente. Ce moment où le métal cédait sous sa pression et où il savait, d'instinct désormais, qu'il devait bander ses muscles pour compenser l'effet de recul. Cet instant où tous les muscles de sa victime se tendaient, avant que le corps désormais sans vie ne s'effondre entre ses bras... Oh, oui, Christopher avait l'habitude de tout cela, presque une routine. Mais à croire que Matt, lui, était quelque peu rouillé par cette année d'inaction, par ce temps passer dans les locaux de transition du FBI, puis dans cette nouvelle vie trop tranquille.
Bien sûr, Matt s'était attendu à ce qu'elle proteste, à ce qu'elle se rebelle ; il n'y aurait jamais eu autant de passion entre lui et Siobhan si elle avait été de celles à s'effondrer à la première difficulté. Il s'attendait à ce qu'elle se débatte. A sentir son corps tenter se ruer contre le sien, à devoir s'arquer sur ses pieds pour compenser son mouvement trop violent. Il s'y était attendu. Il l'avait même espérer, un peu. Avait imaginé la scène, les yeux rivés sur la porte de ce foutu dinner. En avait dessiné chaque seconde dans son esprit, avec un peu de nostalgie. En contrôlant les battements trop insistants qui cognent dans sa poitrine - le contrôle. Plus que tout. Un contrôle dont il doit redoubler en entendant l'acidité dans sa voix, le venin qu'elle semble vouloir lui cracher à la figure. Et il doit se faire violence pour ne pas surenchérir – pas tout de suite. Qu'est-ce que ça lui avait manqué !
Il s'était attendu à ce qu'elle proteste, oui, et il aurait été très certainement déçu que ça n'arrive pas. Mais il ne s'était certainement pas attendu à être désarmé aussi facilement ! Parce qu'alors qu'il avait ancré ses pieds au sol, qu'il s'apprêtait à devoir lutter pour contenir quelques assauts, il s'était retrouvé sans avoir le temps de comprendre comment la face écrasée contre les briques du mur de l'immeuble, l'épaule tordue, un bras coincé dans le dos. Et, surtout, le canon de sa propre arme enfoncé dans son dos.
Et Matt, soudain, a envie de rire. Là, le souffle coupé, épinglé contre le mur par le corps d'une femme dont il croit encore pouvoir deviner au travers de ses vêtements les courbes, il a envie de rire. « Comme si c'était le premier soir... » Il a du mal à parler, coincé comme il est, les poumons écrasés par un genou intrusif. Et pourtant, il ne peut pas s'en empêcher. Elle le menace. Elle pourrait le tuer, là, en quelques secondes à peine. Une pression sur la gâchette de cette arme – de SON arme – et tout pourrait être terminé. Et pourtant, il ne peut pas s'en empêcher. Il provoque. Et cela fait des mois qu'il ne s'est pas senti aussi vivant.
« A moi de te poser la même question. Christopher. » Christopher. Peut-être plus que rencontrer Siobhan ici, à Los Angeles, c'est entendre ce prénom ressurgit d'un passé à oublié qui le prend par surprise. Ca, et son souffle, juste contre son oreille. Il aurait pu l'oublier, elle, ce prénom, et toute cette vie ; c'est ce qu'il était censé faire, ce à quoi il s'employait. Mais, ce soir, le passé était bien décidé à ne certainement pas le laisser tranquille.
« On ne bouge plus mon mignon... Il fallait tiré voyons ! Après tout... Ce n'est pas comme si tu en avais pas l'habitude. A moins que tu es venue finir le travail d'il y a deux ans, quand tu as tué mon mari ! » Il ne comptait pas bouger, en réalité. Il pourrait tenter de se défendre, tenter de la désarmer à son tour. Récupérer son arme, son dû, et peut-être même la descendre, pour l'affront qu'elle lui a fait. Et tant pis pour les preuves, tant pis pour la protection, tant pis pour la vie tranquille.
Mais il n'en fait rien. Il reste là, sans bouger. Avec ce rire au bord des lèvres, plus fort de seconde en seconde, qui menace de s'échapper d'une seconde à l'autre. « Tu me connais, Sio, tu sais bien que je ne tire jamais pour rien. » Siobhan n'a jamais été une cible. Pas qu'il aurait hésité à tirer, alors. Mais ça n'avait pas été le cas. Et Christopher avait toujours mis un point d'honneur à ne pas tirer gratuitement, à ne pas tuer pour rien. Mais vu la situation actuelle dans laquelle se trouvait Matt, une toute petite partie de son esprit était bel et bien en train de se dire qu'il aurait peut-être dû. Ou peut-être pas.
« Je dois bien avouer que le Karma joue bien son jeu par moment. Tu ne sais pas à quel point j'ai envie de te faire la peau, Christopher. » « Je savais bien.... Que tu avais encore envie de ma peau, beauté. » Il a du mal à parler, tout de même, parce que le genoux dans son dos n'aide absolument pas. Et pourtant, il ne peut pas s'en empêcher. Il a envie de la sentir enrager. Il a envie de sentir sa prise plus fort encore sur lui. Et, peut-être même que l'espace d'un instant, il a envie de la sentir tirer. Pas qu'il ait envie de mourir, non. Pas plus que d'avoir mal. Mais parce qu'il avait l'impression de revivre, pour de bon, en entier ! Et parce qu'il savait qu'il pouvait avoir un peu de pouvoir sur elle. Assez pour lui donner si fort envie de le tuer.
« Alors, et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? » Il ne se débattrait pas. Il ne lui ferait pas ce plaisir. Lui reviendrait, ou non, la charge de le descendre.
Le passé n'est jamais mort, il n'est même pas passé. ❦
⇜ code by bat'phanie ⇝
Juan Heredia
Land of the living
Signe Astro : Métier : Prénom : DianaJess
Avatar : Pedro Pascal Messages : 749 Dollars : 65 Date d'inscription : 10/09/2020 Multicompte(s) : Benjamin Patterson, Peter Lloyd, Nicolae Townsend, Elliot Wilson, Keazy Brown, Lynn Parker, Nash Ortega, Jesus L. Diaz, Adrian Vacaresco Crédits : ichi Débarqué.e à Los Angeles depuis : Mai 2020 , j'habite : une maison à Brentwood . On me surnomme : Juan est déjà bien assez court comme ça , j'ai : 45 ans et je suis né.e le : 08 septembre 1975 . Je suis : divorcé et : homosexuel . Aujourd'hui, je suis : cardiologue, chef du service cardiologie d'UCLA Medical Center
Elle insiste, elle appuie. Il a mal, il en rit. Ou tu du moins est-ce un son approchant qui s’échappe de ses lèvres quand elle accentue sa menace. Approchant, mais pas tout à fait distinct non plus ; il a du mal à remplir ses poumons d’air sous la pression qu’elle exerce. Ce n’est même pas qu’il ne la prend pas au sérieux, non. Elle est dangereuse et il l'a toujours su. Et elle a toujours le canon de sa propre arme enfoncée dans son dos. Mais c’est plus fort que lui, il en rit. Même si ça pourrait lui coûter la vie.
Il a toujours été un peu comme ça, Matt. Christopher. Ou quel que soit son vrai prénom. Conscient du danger, à tendance paranoïaque, parfois même à l’excès. Et pourtant allant au devant comme dans un jeu, comme un enfant s'imaginant braver des flots de lave alors qu’il saute simplement sur les coussins du canapé, étalés au sol pour l’occasion. Avec l’humour comme meilleure arme – ou presque, parce qu’en général, le gun restait dans sa main et pas dans celle qui le menaçait. Et menacé, il l’avait rarement été comme aujourd’hui, aussi impuissant, avec face – dos – à lui quelqu’un qui pouvait autant le détester. Le haïr, même. « Et toi ? Penses-tu me connaître assez pour que je sois capable de tiré ? »
Il n’en sait rien, en réalité. Il ne peut même pas lire ses yeux, coincé comme il est. Et lorsqu’il essaye de bouger un peu pour la voir, même pas pour se dégager, il sent immédiatement que c’est une mauvaise idée. A cause du genou et du Glock, déjà. A cause de son épaule tordue, ensuite. Et enfin à cause du béton contre lequel il est appuyé et qui, au moindre mouvement accroche sa joue, écorche sa peau – il va, très clairement, en garder une marque, et il devra très certainement trouver une bonne excuse pour l’expliquer quand il retournera sur son lieu de travail, lundi… si tant est qu’il survive à cette soirée, bien entendu. « Je n’en est absolument aucune idée. » Et pour la première fois de cette intense rencontre, il est honnête, sérieux. Il la connaît, oui, Siobhan, intimement, même, et les souvenirs de leurs rencontres sont toujours aussi frais dans ses souvenirs. Mais il ne sait pas ce dont elle est capable. Et vu la haine qu’il semble lui inspirer, il n’est pas dit que, si elle n’en était peut-être pas capable avant, leur petite entrevue ne lui ouvre la perspective de nouvelles capacités.
Sauf que non, elle ne tire pas. Pas tout de suite, en tout cas. Elle a l’air décidé à parler. Et parler, il sait faire. Presque aussi bien que tuer. « Si seulement ce que je rêve de faire avec ta peau était possible et légal, cela ferait bien longtemps que tu finirais en étoffe de cuir. » Le rire revient une fois de plus dans sa gorge, transformé en quinte de toux asthmatique au moment de franchir ses lèvres. Elle ne tire peut-être pas, mais elle a toujours une imagination débordante. A ces dépends, certes. Mais il ne peut aussitôt s’empêcher de répliquer : « Tu pourrais me garder auprès de toi toute ta vie… je ne te savais pas si attachée. »
Elle proteste, bien sûr, et si la provoquer l’amuse, il se rend bien compte que c’est aussi de plus en plus douloureux. Mais tant qu’il a mal, c’est qu’il est vivant, et qu’il peut mettre chaque instant à profit pour 1/ se sortir de cette situation et 2/ en apprendre le plus possible. Car l’information est la base de tout et, si elle est moins létale qu’une arme, elle n’en reste pas moins un élément essentiel de son métier – de son ancien métier, les informations qu’il recueille aujourd’hui n’ont à ce jour absolument rien de comparable avec celles de son ancienne vie. Et déjà, sans, sans doute, s’en rendre compte, Siobhan vient de lui en livrer une au moins qui est on ne peut plus précieuse : « Question numéro 1 : qu’est-ce que tu fais à L.A. Ce n’est pas la planque idéale pour un fugitif ! »
Donc, elle ne sait pas. Il l'a peut-être vraiment surprise tout à l’heure et, s’il se fie à ses mots, elle n’était même pas au courant de sa présence ici. Donc si elle ne sait pas, c’est qu’elle ne l’a pas retrouvé – pas cherché, il en doute, vu la rage dont elle fait preuve à son égard. Donc si elle ne l'a pas trouvé, c’est que le reste des McKeown n’est pas non plus au courant de sa localisation actuelle, ni eux, ni aucun de ceux qu’il a trahit – parce que le concept de famille, c’est un petit peu plus compliqué qu’un nom, là-bas… En tout cas, si personne à part maintenant Siobhan ne sait, il va presque finir par croire en l’efficacité de la protection du programme. Presque.
Parce que malgré tout, Siobhan et là. Et si Matt n’est clairement pas sorti d’affaire, déjà une partie de son esprit tourne à plein régime sur mes différentes possibilités qui s’offrent à lui : si elle est toujours en contact avec sa belle-famille, elle n’hésitera certainement pas à donner l’alerte. Et il n’aura alors que deux possibilités : prévenir son Marshall que son identité est compromise et donc devoir de nouveau s’adapter à une toute nouvelle vie ou la descendre. L’un et l’autre le laissent relativement mitigé. Avoir cette information est donc la première de ses priorités.
« Tu sais, Sio, pour que ce genre d’interrogatoire soit efficace, il faut que la personne que tu menaces est réellement peur. Il ne te l'a pas appris, ton beau-père ? Tu devrais le lui demander. » Il insiste, sans trop en avoir l’air mais sans qu’elle ne puisse le laisser échapper, sur ce surnom par lequel il l’appelait dans l’intimité de leurs rendez-vous. « Que dirais-tu, plutôt, d’aller prendre un verre ? Je suis sûr qu’on peut discuter. Je te laksse même le Glock. » Parce que non, il n’a pas peur de mourir, Matt, pas plus qu’il n’en avait peur quand il s’appelait encore Christopher. Il n’en a aucune envie, que l’on soit bien clair. Il aime la vie, plus que tout, peut-être. Mais il n’a pas peur de la quitter. Parce que la Mort fait partie de sa vie, et ce depuis si longtemps qu’il se souvient à peine avoir vécu sans. Parce que la Mort est toujours présente et qu’il sait bien qu’un jour, après l’avoir tant donné, c’est lui qui finirait par recevoir son baiser. Et s’il ne l’attend pas précisément, il ne la redoute pas non plus, comme une Amante qui, il le sait, ne le quittera jamais.
Alors non, il n’a pas peur de Siobhan. Et il est même prêt à lui donner certaines informations. Certaines, seulement : « Mais si je te dis ce que je fais là, crois-moi, je disparaîs. » Et ça pourrait être l’une de ses plaisanteries de plus, lui qui n’arrête pas de la provoquer. Ce sont pourtant les mots les plus vrais qu’il ait prononcé de la soirée. S’il révèle quoi que ce soit et que cela revient aux oreilles de son Marshall, c’est le déménagement, voire pire, l’exclusion. Et la situation actuelle est bien trop confortable pour qu’il puisse y renoncer. Si on exclut l’immobilisation, le genou, son épaule, le gun et le mur. Mais sans exclure Siobhan. Et encore moins le fait de se sentir si vivant désormais.
Le passé n'est jamais mort, il n'est même pas passé. ❦
⇜ code by bat'phanie ⇝
Juan Heredia
Land of the living
Signe Astro : Métier : Prénom : DianaJess
Avatar : Pedro Pascal Messages : 749 Dollars : 65 Date d'inscription : 10/09/2020 Multicompte(s) : Benjamin Patterson, Peter Lloyd, Nicolae Townsend, Elliot Wilson, Keazy Brown, Lynn Parker, Nash Ortega, Jesus L. Diaz, Adrian Vacaresco Crédits : ichi Débarqué.e à Los Angeles depuis : Mai 2020 , j'habite : une maison à Brentwood . On me surnomme : Juan est déjà bien assez court comme ça , j'ai : 45 ans et je suis né.e le : 08 septembre 1975 . Je suis : divorcé et : homosexuel . Aujourd'hui, je suis : cardiologue, chef du service cardiologie d'UCLA Medical Center
« Je doute que tu veuilles vraiment savoir ce qu’il y a dans mes rêves… » C’est lâché dans un marmonnement suintant l'ironie, tout en même temps plus sérieux et presque menaçant. Parce que le jeu rencontre ici un point de réalité qui cache bien plus que tout le reste. Avec les rêves, on parle de l’intime, et l’intime chez Matt est bien peu reluisant. Il sait, il est certain qu’elle le fait exprès, pour l’entendre répondre et avoir une bonne occasion pour enfoncer un peu plus profondément arme et genou dans son dos, tordre un peu plus son épaule dont les tendons protestent déjà. Et il pourrait lui en donner le plaisir, parler des heures de ses rêves, réels ou fictifs. Il pourrait même parler d’elle, mêlant un peu d’imagination à beaucoup de souvenirs. Ou il pourrait parler des autres, de ceux où il se trouve entièrement d’un sang qui n’est pas le sien. De ceux que tant de personnes, de gentils habitants de L.A., par exemple, n’en fermerait plus l’œil si elles n’en savaient même pas le quart. Il pourrait. Mais, cette fois, sans qu’il ne sache vraiment pourquoi, c’est comme si quelque chose le retient.
Sans doute parce qu’il a d’autre affaires à voir qui nécessitent en grande partie de ne pas rester coincé contre ce mur de béton, à se râper la joue et à abîmer sa tenue qui, sans être hors de prix, a été néanmoins assez savamment travaillée pour qu’il regrette l’état dans laquelle Siobhan est en train de la mettre. Et il compartimente dans l’une de ses nombreuses petite boîte l’idée même de rêve.
Il retient même le rire qui lui monte de nouveau aux lèvres quand il évoque les McKéown. Sujet visiblement sensible s’il en juge par la réaction de Siobhan et ses mots dont il se fait un plaisir de souligner l’incohérence : « Si seulement des fois tu pouvais fermer ta gueule… Cela m'arrangerai. » « Il faudrait savoir, le but n’était pas que je parle justement ? » Sans rire, donc, mais quand même avec cette pointe de moquerie dans la voix. Il note, et il sait qu’elle sait désormais, que c’est un sujet à ne pas aborder. Ce qu’il se fera le plaisir de faire, bien sûr, le moment venu.
Sauf si elle l'abat comme un vulgaire animal malade dans cette ruelle, ce qui peut toujours arriver. Il sait qu’elle peut le faire à tout instant et qu’il augmente lui-même les probabilités à force de provocations, mais ça ne le fait pas dévier. Déjà, parce qu’il n’est silencieux que quand il juge que la situation l’exige ; lorsqu’il tue, le plus souvent. Mais même si elle l'a désarmé si facilement, même si elle le menace avec sa propre arme, il n'a pas envie de tuer Siobhan – pas pour le moment, en tout cas.
Et puis il sait aussi, professionnel entrainé, qu’on tue moins facilement quelqu’un qui parle, même s’il dit ce qu’on ne veut pas entendre. Oh, il ne parle pas des gémissements et des supplications, de ce qui l’irritait lui-même au point de ne lui donner qu’une envie, celle d’en finir au plus vite. Non-paiement, il parle de discours construits, de paroles claires et censées. Parce qu'elles font d’autant plus ressortir le fait que la personne est humaine et que les mots, toujours, sont les plus belles preuves de cette humanité. Cela ne l'a pas empêché, lui, de descendre des cibles avec un discours construit, mais avec toujours un peu plus de regrets que pour les pleurnicherards. Mais lui, au contraire de Siobhan, a le sang-froid, de celui qui gèle un peu plus le cœur à chaque battement.
Ce n’est pas le cas de Siobhan. Il la connaît bien assez pour savoir qu’elle peut en faire preuve, de sang-froid, mais celui qui coule dans ses veines doit largement atteindre les 37°, la température de la vie. Il n'y a qu’à voir la rage qu’elle a fait sienne quand elle l'a reconnu et qu’elle contient au prix, il en est certain, de brillants efforts. Il n'y a qu’à voir comment elle se contient de ne pas lui faire mal, de ne pas le blesser aussi profondément que lui a pu le faire en abattant Sean sous ses yeux.
De la haine, voilà ce qu’elle ressent à son égard. De cette haine emplie d’une passion qu’il lui connaît si bien et qui résonne en lui. De la haine qui pourrait avoir raison de sa vie mais qu’il préfère sans aucune hésitation à l’indifférence. Et chaque seconde qui passe l’éloigne un peu plus, pour ce soir, d’une mort certaine.
Même si, très honnêtement, Matt ne s’attendait pas à ce qu’elle capitule aussi rapidement. Dire qu’il est surpris qu’elle accepte sa proposition d’une discussion plus civilisée dès sa première proposition est un euphémisme qui serait encore bien en deçà de la réalité. C’est en grande partie pour cela qu’il ne bouge pas quand elle relâche un peu la pression, quand elle lui donne pourtant, dans une fenêtre de quelques millisecondes, une possibilité pour retourner la situation. Pour cela, et puis parce que pour le moment, il n'a pas envie de se battre avec elle, ce qui arriverait inexorablement. Déjà parce qu’il lui découvre des qualités de combat qu’il ne lui connaissait pas et qu’il n’est pas tout à fait sûr de vouloir en tester l’ampleur – pas tout à fait sûr de gagner. Ensuite, parce qu’il est certain qu’elle peut être une source d’informations précieuses, même à son insu. Et puis parce que la montée d’adrénaline qu’il a ressentie lorsqu’elle l'a plaqué contre le mur, menacer avec son arme, immobiliser avec son genou, est en train de retomber ; ne reste que, dans son cœur encore battant, le plaisir des souvenirs qui ressurgissent.
Il la laisse faire, donc, parce qu’il n'a pas réagi assez vite, mais aussi parce qu’il veut lui montrer sa bonne foi. Il la laisse faire, immobile mais certainement pas silencieux, d’autant plus lorsqu’elle approche de certains points sensibles de son anatomie – sa fouille est complète : « Ne t’en fais pas, tout est parfaitement à sa place de ce côté-là. » Avec toujours ce même sourire qui doit l'exaspérer. Et de rajouter, alors qu’il fait bouger un peu son épaule, masse son coude dans l’espoir de rapidement en faire disparaître les fourmillements causés par une trop longue immobilisation : « Tu fais ça comme une experte… si je ne te connaissais pas, je penserai même que tu es flic. » Parce qu’il a subi bien assez de fouille, entre sa première arrestation plus d’un an auparavant et son départ des locaux du FBI pour Los Angeles, pour connaître par cœur leurs gestes. Pourtant, il n'y croit pas, à cette phrase lancée en l’air. C’est juste une façon de chercher une réaction de sa part, une de plus. Parce qu’il la connaît assez pour ne pas se poser la question, n’est-ce pas ?
« Je n’ai pas besoin de ton arme... Par contre, je préfère rester prudente en gardant les munitions. » Un petit signe de tête, pour marquer son assentiment quant à sa prudence. Lui non plus n’a pas besoin d’arme, mais il espère qu’elle est assez consciente de cela pour ne pas croire que l’absence de simples munitions pourrait l’arrêter, en cas de besoin. Et d’ailleurs, alors qu’il remet en place la veste désespérément froissée par l’intervention précédente en place il, rangeant son précieux Glock par la même occasion, il la voit dissimuler derrière une poubelle ce qu’il identifie rapidement comme un cran d’arrêt. « Je le laisse là, je préfère que si on se voit, il n’y ai pas d’armes, je pense que tu peux comprendre. » Une fois de plus, il approuve, et plonge lui-même la main dans la poche intérieure de sa veste pour en sortir, sans geste brusque afin de ne pas l’effrayer et prendre le risque d’une réaction violente alors que la situation semble un peu s’apaiser, son portefeuille : « Sage décision… Tiens, je pense que tu as oublié ça. » Et, le doigt posé par réflexe sur le nom qui apparaît sur ses nouveaux papiers d’identité, Matt extirpe d’une couture de l’objet trois balles qu’il lui tend, main ouverte, paume vers le haut. Trois balles qu’elle n’aurait pas pu trouver, même en ouvrant elle-même le portefeuille ; il a réalisé leur cachette en prenant bien garde à ce qu’elles ne puissent pas être repérable pour toute personne ne sachant pas qu’elles s’y trouvent – ou par, bien sûr, un appareil à détecteur de métaux ou à rayons X, le genre que Matt s’efforce bien souvent d’éviter.
Ces trois balles, il sait bien que c’est loin d’être prudent de s’en débarrasser, surtout quand il prévoit de passe du temps avec quelqu’un qui, quelques minutes à peine auparavant, à avouer rêver de lui faire la peau. Mais il n’a pas envie de considérer Siobhan comme une ennemie, pas ce soir, en tout cas. Et s’il veut arriver à l’adoucir un peu, il sait qu’il doit faire preuve de bonne foi. Et c’est ce qu’il fait, en lui confiant ses trois dernières munitions.
« Bon, on fait quoi, on y va ? J’aimerai pas passer ma nuit dans cette ruelle. » Matt lui fait signe de la précéder, même s’il prend garde à rester assez dans son champ de vision pour qu’elle ne pense pas qu’il puisse ni s’attaquer à elle, ni tenter de fuir. Il n’en a aucune intention, ni de l’un, ni de l’autre. Et alors qu’ils marchent tous deux ainsi dans les rues de la ville des Anges, au milieu de la foule des passants, parents pressés de rentrer au bureau après une journée qui s’éternisent, fêtards entre deux lieux de débauches, simple flâneur ou touriste, Matt se fait la réflexion qu’ils ont presque l’air normaux. Que quiconque pourrait les croiser et s’interroger sur leur présence ici ne verrait en eux que deux amis sortis boire un verre, deux collègues après une dure journée, deux amants profitant de la douceur d’un été finissant… L’idée l’amuse, s’imaginer ce que chacun peut penser alors que, comme à son habitude, il observe chaque visage, toujours aux aguets sous son apparente décontraction. Pour autant, cette fois, il ne s’en ouvre pas à Siobhan ; elle semble elle-même un peu calmée et nul doute que, vu la tension qui règne entre eux, elle n’en rirait pas vraiment.
Alors, contrairement à son habitude, Matt reste silencieux jusqu’à leur arrivée au bar ; le même, d’ailleurs, que celui duquel il a observé les portes du diner. Et alors qu’il passe à côté de la table à laquelle il était installé, il la lui désigne, d’un geste nonchalant, sourire en coin aux lèvres : « On voit très bien le diner d’en face, d’ici. » Puis, comme s’il ne venait absolument pas de lui sous-entendre qu’il l’avait surveiller d’ici-même un peu plus tôt, il continue, le ton léger : « Vas t’installer, je reviens avec nos verres. Un Wapplesky, c’est bien ça ? » Parce que non, ça non plus, il n’a pas oublié. Et sans attendre son assentiment, déjà, il se détourne. La soirée n’est absolument pas ce qu’il avait prévu au départ. Mais chaque minute qui passe semble la rendre de plus en plus intéressante.
Le passé n'est jamais mort, il n'est même pas passé. ❦
⇜ code by bat'phanie ⇝
Juan Heredia
Land of the living
Signe Astro : Métier : Prénom : DianaJess
Avatar : Pedro Pascal Messages : 749 Dollars : 65 Date d'inscription : 10/09/2020 Multicompte(s) : Benjamin Patterson, Peter Lloyd, Nicolae Townsend, Elliot Wilson, Keazy Brown, Lynn Parker, Nash Ortega, Jesus L. Diaz, Adrian Vacaresco Crédits : ichi Débarqué.e à Los Angeles depuis : Mai 2020 , j'habite : une maison à Brentwood . On me surnomme : Juan est déjà bien assez court comme ça , j'ai : 45 ans et je suis né.e le : 08 septembre 1975 . Je suis : divorcé et : homosexuel . Aujourd'hui, je suis : cardiologue, chef du service cardiologie d'UCLA Medical Center
« Tu sais bien que je n’ai d'yeux que pour toi, Sio. » Il sourit, quand elle le traite de voyeur ; ce n'est clairement pas le pire qu'elle ait pu lui dire aujourd'hui et quelque chose lui dit que, s'ils sont amenés à se revoir après cette soirée, elle lui dira sans doute bien pire encore. Il ne va certainement pas commencer à s'en formaliser maintenant.
Au bar, il commande rapidement leurs deux boissons, jouant de ses doigts sur le comptoir. Il se sent pressé de retourner à la table, sans trop comprendre pourquoi. Peut-être pour ne pas prendre le risque de la laisser s'échapper. Après tout, il n'a pas encore obtenu toutes les réponses à ses questions, et s'il affiche toujours ce sourire qu'elle juge aujourd'hui insupportable, il reste bien conscient du danger qu'elle représente pour sa vie. Et sa vie, il y tient.
Et puis il y a l'excitation. Celle de l'attrait du danger, moins immédiat que dans la ruelle, certainement, mais tellement délicieux. Celle de jouer sur les mots, sur les détails, d'arriver à obtenir ce qu'il veut en marchant sur le fil si fin de la vérité, ne pouvant trop en dévoiler tout en pensant qu'il la suit pour arriver lui-même à ses fins. Il savait, en changeant de vie, que tout cela lui manquerait. Il n'imaginait pas, en retrouvant aujourd'hui des bribes de ce qu'il avait été, que ce serait à ce point.
Dès qu'il a récupéré sa commande, Matt embrasse la salle d'un coup d’œil et repère immédiatement Siobhan, qu'il rejoint non sans avoir jouer un peu des coudes pour se frayer un chemin parmi les clients de l'établissement. Ils auraient pu choisir un endroit plus discret, un endroit où il y aurait moins de monde ; mais le monde, actuellement, c'est un peu sa garantie de sécurité. Et puis, il n'y a pas plus discret qu'un endroit plein de monde, justement, de ces endroits où il faut lever la voix pour passer au-dessus du brouhaha ambiant. De ces endroits où les mots qu'ils prononceront, pour quiconque ne seraient pas proches et, de plus, particulièrement attentif, ne seront que syllabes noyées au milieu de dizaines d'autres conversations. Et de nouveau, il se fait naturellement plus charmeur quand il pose le verre devant sa comparse de soirée, lui adressant un signe de tête à se remerciements : « A votre service, madame. ».
Et il n'est pas le seul, à jouer à ce jeu-là. Siobhan joue aussi, même si elle n'en a peut-être pas conscience. Siobhan, qui répond à ses provocations, quasiment à chaque fois. Siobhan, qui s'installe, les coudes sur la table, la tête entre les mains. Siobhan, qui le fixe. Siobhan, qui n'a pas changé. Et Siobhan, qui attaque avant même d'avoir entamé sa boisson. Et à ce moment-là, Matt a l'impression de n'avoir jamais autant eu à remercier son sang-froid. Parce que lui, sa boisson, il l'a entre les mains. Lui, sa boisson, il en a déjà bu une gorgée. Et il ne doit qu'à son self-control à toute épreuve le fait de ne pas simplement le recracher sur la table alors qu'elle profère son petit discours.
Et au lieu de ça, il sourit, toujours, alors qu'il l'entend donner sa conclusion : « Mais comme dirait mon oncle, fis toi toujours à l'hypothèse la plus improbable... » « Un homme très sage, ton oncle... Mais il me semble pourtant qu'il y a une solution que tu n'as pas envisagée. » Il reprend une gorgée de son cocktail, Matt. Cela lui permet de se donner une contenance, de laisser passer un silence de circonstance. Cela lui permet surtout d'avoir le temps de laisser son cerveau fonctionner à toute vitesse, remettre des éléments en place pour pouvoir lui donner une réponse qui peut correspondre à ses questionnements, sans pour autant lui dire la vérité.
Parce que la vérité, elle est là, dans les mots de Siobhan. Parce qu'il ne sait pas comment, mais elle a déjà deviner. Il le savait déjà, avant, mais Siobhan est quelqu'un d'intelligent. Et elle vient de lui prouver à quel point son esprit affûté pourrait être, actuellement un danger pour lui. Il a été imprudent en se dévoilant à elle, là où son Marshall l'a mis en garde il ne sait combien de fois sur l'interdiction totale de rentrer en contact avec son ancienne vie. Pour autant, il était à son sens bien plus dangereux de laisser planer le doute d'un possible retour de la famille McKeown – ou, du moins, de ce qu'il en restait aujourd'hui.
« Tu n'as pas pensé à une possibilité pourtant évidente. Matt relance, jouant avec le liquide sombre de son Whisky-coca – une hérésie, à son sens, mais vu la piètre qualité des Whisky que l'on trouvait dans ce type d'établissement, mieux valait en cacher le goût – avant de relever les yeux vers Siobhan, une lueur de malice au fond des yeux. Tu crois vraiment que Christopher est mon vrai prénom? »
L'entraîner sur une autre piste, donc, en espérant qu'elle morde à l'hameçon. Mais il pouvait lui donner du grain à moudre. Sans totalement lui dire la vérité, lui en donner des bribes, et attiser sa curiosité.
« Et toi, alors, qu'est-ce que tu fais à L.A. ? » Parce qu'il n'est pas dit qu'il soit le seul, ce soir, à se faire interroger.