Les dents de Naleya se refermèrent contre sa lèvre inférieure tandis que son regard s’ancrait dans celui de l’homme assis en face d’elle. Il ouvrit la bouche pour parler, mais négativement, la brune secoua la tête. Ce n’était pas une bonne idée d’argumenter avec elle. Il venait de la vexer. « Non. » Elle n’avait pas d’autres réponses à donner. « Ce détail, comme tu dis, ne sera pas changé. » Elle était catégorique et son regard ne laissait pas place au doute. « C’est la base du personnage. Tu as lu les bouquins ? » Sa question avait été légèrement hautaine et elle savait que son agente, Kelly, lui aurait tapé sur les doigts si elle l’avait entendu. « Lis-le et on en reparle. » C’est comme cela qu’elle avait claqué pour la porte afin de quitter l’édifice où l’équipe de scénaristes et elle se rencontraient plusieurs fois par semaine. À chaque fois, c’était la même chose. On tentait de dénaturer son œuvre et les rencontres se résumaient à des prises de tête, car personne n’arrivait à s’entendre sur la meilleure manière d’adapter les livres de Naleya. Elle ne regrettait pas d’avoir négocié pour être derrière l’écriture du script sinon elle n’aurait pas reconnu ses œuvres une fois à l’écran. Bref, tout ça pour dire que la mère de famille n’avait pas passé une bonne matinée et qu’elle était rentrée chez elle en colère. Au point où elle avait fait quelque chose qu’elle ne faisait jamais, c’est-à-dire du ménage. Sa cuisine et son salon n’avaient pas été aussi propre depuis longtemps. Même sa femme de ménage ne faisait pas briller autant ses comptoirs. Heureusement qu’elle avait un après-midi shopping avec l’une de ses bonnes amies qu’elle s’était faite en arrivant ici. Depuis, les deux femmes avaient du mal à se lâcher et elles passaient beaucoup de temps ensemble. Surtout depuis la séparation de Liv, Nala la soutenait autant que possible entre deux rencontres pour le boulot.

Naleya avait mis une jolie robe et elle s’était longuement coiffée avant de quitter sa demeure pour se rendre au point de rendez-vous. Elle avait hésité un instant entre prendre un uber ou sa voiture, mais elle avait finalement opté pour la seconde option. Elle avait envie de chanter à tue-tête dans sa Tesla pendant la route qui la séparait du Westside. C’est ce qu’elle fit et ça lui fit du bien. Elle avait besoin de se défouler et c’était une très bonne technique pour elle. Comme toujours, Nala fit tourner les têtes sur son passage. Elle n’avait pas l’habitude d’être autant reconnue. Lorsqu’elle vivait sur son île en Italie, ça arrivait de temps en temps, mais depuis qu’elle était à Los Angeles, elle ne s’était jamais sentie autant comme une célébrité. Elle ne savait pas si ça lui plaisait, mais aujourd’hui, elle sentait que ça allait l’importuner. Elle voulait profiter de son amie et de sa petite fille. Sans se soucier des autres, la brunette se dirigea vers Olivia qui lui fit la bise. « Salut toi! Peut-être juste un peu, je suis passée à deux doigts de vider cette boutique de chaussures en t’attendant. dit-elle sur le ton de la rigolade. Elle l’avait attendu moins d’une dizaine de minutes devant une boutique de souliers qui allait la faire craquer beaucoup trop rapidement. Elle était un être faible. « Je suis contente de te voir aussi. Tu es toujours aussi belle. » affirma l’écrivaine en passant une main délicate sur la pointe des cheveux d’Olivia. Très tactile, c’était une habitude pour elle. « Si on peut effacer ma matinée, on peut dire que je vais bien. Sinon je suis toujours prête pour une journée shopping. Tu peux compter sur moi ! » affirma la femme en déviant encore la tête vers la boutique de chaussures et une paire rouge beaucoup trop belle. « Et toi ? Comment tu te sens aujourd’hui ? » demanda-t-elle alors que son regard se tourna cette fois vers la poussette et qu’un large sourire se dessina sur ses lèvres. La femme se pencha vers la fillette pour lui dire : « Coucou ma magnifique ! J’espère que toi aussi tu es prête pour ta première journée shopping avec tatie Nala, car elle va te gâter. Oh que oui ! » Elle avait pris une voix légèrement enfantine pour s’adresser au bébé qui ne comprenait pas sûrement pas tout le sens de ses paroles, mais qui ne pourrait pas échapper aux nombreux cadeaux que l’écrivaine allait lui faire.

@Olivia Barnes & @Naleya Rosemary

Les chaussures étaient le péché-mignon de son amie ce qui fit sourire Naleya. Elle était dans la même situation. En fait, Nala avait beaucoup de péché-mignons surtout en ce qui attrayant aux vêtements et aux accessoires. Elle avait trois dressings complètement plein chez elle. Parfois, elle devait changer de chambre pour pouvoir terminer de s’habiller, car elle ne retrouvait pas un accessoire précis qu’elle souhaitait. Elle avait également énormément de chaussures et si elle rentrait dans cette boutique, elle allait craquer. « On aurait dû avoir quelqu’un avec nous aider à transporter nos paquets. Je sens qu’on va se faire plaisir. » Ça faisait combien de temps que l’auteure n’avait pas pris le temps de venir faire du shopping directement dans un centre commercial ? Depuis quelques mois, elle était tellement occupée qu’elle achetait seulement en ligne. Merci à ses enfants qui avaient pris le temps nécessaire pour tout lui apprendre. Maintenant, elle ne savait plus s’arrêter. Elle recevait des paquets à presque tous les jours. Une fois sur deux, ce n’était même pas pour elle, c’était pour faire plaisir à ses enfants qu’elle ne pouvait pas s’empêcher de couvrir de cadeaux.

Nala ne put retenir son rire lorsque son amie lui dit que c’était elle la plus belle et elle secoua négativement la tête en signe de désaccord. Sauf que ça risquait d’être un débat sans fin si les deux femmes se lançaient sur le sujet. Elle préféra plutôt être honnête avec son amie et lui dire qu’elle n’avait pas passé une très bonne matinée. Tout irait mieux maintenant qu’elle était ici avec Olivia. Elle allait rapidement oublier la prise de tête qu’elle avait eu. « Rien de grave, ne t’inquiète pas. Petits soucis au boulot. Ce n’est pas simple à tous les jours le cinéma. Ce n’est pas facile de travailler avec mon équipe de scénarisation. J’ai la sensation que beaucoup ne comprenne pas les personnages de mes bouquins. Ils veulent tout changer. » Elle était honnête avec son amie. Peut-être même un petit trop, mais tant pis. Ça faisait du bien à Naleya d’en parler avec quelqu’un. Elle gardait ça pour elle depuis des mois et ça commençait de plus en plus à la peser. « Mon éditeur est pratiquement un ange à côté. » ajouta-t-elle avec un sourire taquin sur les lèvres. Combien de fois Olivia l’avait entendu râler sur Joshua et de son manque de tact avec elle ? Beaucoup trop souvent pour comprendre qu’elle ne le portait pas du tout dans son cœur.

« Interdiction de penser à des choses négatives aujourd’hui. Nous sommes ensembles et nous sommes remplis de bonheur et d’optimiste. Deal ? » tenta-t-elle avec un large sourire pour son amie. Elles avaient déjà tellement de soirées à pleurer et à en parler devant les pires films de Netflix. Pour aujourd’hui, Naleya avait envie que son amie soit heureuse et qu’elle passe un bon moment. C’était important pour l’écrivaine. « Ne pas abuser ? Moi ? C’est mal me connaître, j’abuse tout le temps. Tu vas avoir besoin d’une seconde voiture pour tout ramener. » dit-elle en tirant une tête d’ange tout en continuant d’attirer l’attention du bébé avec ses doigts. « Plus sérieusement, arrête-moi si je vais trop loin. J’ai toujours du mal à connaître les limites du raisonnable. » Après tout, elle vivait une vie de luxe depuis si longtemps et elle ne se mettait aucune limite. Ses enfants n’avaient pas de limites non plus et Naleya les gâtait plus que nécessaire. « Tu crois que c’est vraiment une bonne idée de commencer par cette boutique ? » demanda l’auteure en observant à travers la vitrine. « Allez ! Je crois que c’est une excellente idée !! » ajouta-t-elle en passant son bras sous celui de son amie afin de l’attirer vers cette fameuse boutique qui risquait déjà de compliquer leur journée. Naleya risquait de craquer plus d’une fois.

@Olivia Barnes & @Naleya Rosemary