Est-ce que je n'étais pas actuellement entrain de faire la plus grosse erreur de ma vie ? Peut-être. En réalité, je ne savais pas vraiment si je prenais la bonne décision mais quelque chose me poussait à le faire. Jamais, je n'avais été le genre à fuir et je n'avais pas la sensation que c'était ce que je faisais même si mes amis me disaient le contraire. Ma rupture avec Logan m'avait bien plus affecté que ce que j'avais montré. Je me sentais vide et j'avais l'horrible impression que ma vie ne faisait plus sens. C'était à la fois stupide et puérile, j'en avais pleine conscience mais pouvais-je vraiment contrôler mes émotions ? Personne ne le pouvait. J'avais décidé de m'engager dans la Navy, sur un coup de tête je le reconnaissais pleinement, et aujourd'hui était le jour J. Le départ. Je n'avais pas envie de dire au revoir à mes amis, spécialement pas à Matt qui ne cautionnait pas du tout mon engagement. Pourtant, je savais qu'une certaine liberté m'attendait en mer, qu'en tant qu'officier de la Navy, j'allais oublier mes problèmes à terre, du moins, c'était ce que j'imaginais. A quoi bon rester à Los Angeles si je ne pouvais plus avoir la vie que je voulais ? Sans elle, sans les sponsors, sans le but que je m'étais fixé, je n'avais pas d'issue.

Les yeux dans le vide, l'uniforme blanc sur le dos, je soufflais un coup avant d'attraper mon sac et de partir vers le port, au point de rendez-vous. Inutile de dire qu'une fois arrivé, j'allais écrire à Matteo et lui expliquer pourquoi, il était impossible pour moi de lui dire au revoir de vive voix. C'était sans doute lâche mais avec Logan, il était le seul à pouvoir me retenir, me faire changer d'avis. Etais-je si faible que ça ? Non, juste attaché à eux comme je ne l'avais jamais été de qui que ce soit. Je n'avais jamais eu de vraie famille et c'était ce qui avait toujours joué sur mon comportement. Détaché de tout et de tous, j'avais toujours voulu rester indépendant. Il fallait se rendre à l'évidence, je ne l'étais plus depuis un moment. J'envoyais, finalement, un sms à Matteo avant d'arriver au port sans vraiment savoir pourquoi. Je fermais les yeux, le temps du trajet parce que je n'étais pas apte à dire adieu au paysage de la côte Ouest, pas comme ça, à 70km/heure sans prendre le temps d'en apprécier la beauté. « Merci. » dis-je au chauffeur en descendant alors que ce dernier me remerciait de m'engager pour le pays. J'esquissais un léger sourire avant de m'avancer vers la ligne d'attente des nouveaux marins. « Aaron Evans, mon capitaine. » saluais-je en donnant mon papier, déterminant pour mon entrée à bord. Je signais un document et il m'indiquait qu'une fois le pied posé sur le bâtiment de combat, il était impossible de changer d'avis. J'acquiesçais et marchais vers les escaliers. Ma détermination ? Elle était là même si au fond de moi, il y avait une lueur d'hésitation. J'allais changer le cours de ma vie.

Les heures de garde à l’hôpital sont de plus en plus folles et surtout hors de notre contrôle en ce moment. C’est la dernière ligne droite avant de finalement accomplir mon rêve de devenir chirurgienne en cardiologie et comme j’ai négligé beaucoup mes études en ce moment, je tente du mieux que je peux d’être le plus souvent possible entre les murs de l’hôpital. Le boulot est tout ce qui me reste avec ma famille et ces derniers temps, je ne peux pas m'empêcher de penser encore plus au fait que je pourrais définitivement perdre l'homme de ma vie...

Étendue tranquillement dans mon lit après une longue garde la veille, je fixe l'écran de mon téléphone portable en regardant sans réel but précis lorsque je reçois un texto de la part de Lou qui m'annonce qu'Aaron vient de prévenir Matt concernant son départ. Automatiquement, mes yeux sont remplis d'eau et je suis incapable de me contrôler. L'idée qu'il puisse partir sans même me dire aurevoir me fait l'effet d'un poignard planté en plein coeur et je ne peux tout simplement pas croire que c'est en train d'arriver. Je n'ai pas non plus envie qu'il disparaisse de ma vie sans savoir pourquoi j'ai rompu parce que c'était égoïste de ma part et que même si je l'ai fait pour sa sécurité, pour qu'il reste en vie et pour ne pas le perdre définitivement, j'ai le sentiment que l'effet est le même et que si je ne fais pas quelque chose tout de suite, il partira en m'oubliant à jamais... Si j'ai longtemps hésité à lui dire la vérité avant alors que j'étais prête à lui dire, aujourd'hui je suis convaincue que je n'ai pas d'autres choix. Je me lève du lit à une vitesse folle, enfile une jolie robe et des converses, puis sans plus attendre j'embarque dans ma voiture. Je suis nerveuse comme pas possible parce que je ne veux pas arriver et qu'il soit trop tard. Je vais vite, plus vite que la vitesse permise et tout ce que je souhaite c'est de ne pas me faire arrêter par la police. En peu de temps, j'arrive destination, me gare et ne prends même pas le temps de regarder autour de moi que je cours vers le port, me faisant immédiatement arrêter par un homme qui semble être hautement gradé. « Monsieur, je suis vraiment désolé, mais je dois passer, je dois parler à mon... petit-ami. » Dis-je non sans ressentir un petit pincement au coeur. Je n'ai pas envie de mentir, mais je ne peux pas non plus manquer ma chance avec Aaron. « Il est fort possible qu'il soit déjà à bord mademoiselle. » Les larmes aux yeux, je me retiens de ne pas pleurer et supplie presque l'homme de me laisser passer. Je n'ai pas besoin de rien dire qu'il me cède le passage et en relevant les yeux, je le vois, au loin alors qu'il est de dos. Je pourrais le reconnaître entre mille et je n'ai aucun doute, c'est bien lui, c'est Aaron. Courant le plus rapidement possible - je ne regrette pas d'avoir opté pour mes converses - et je cris : « AARON ! » C'est dit dans le plus grand des désespoirs parce que je veux qu'il m'entende, je veux qu'il s'arrête. « AARON ! » Je cours encore, m'arrête une fois près de lui alors que je suis à bout de souffle. Mon coeur pourrait exploser tellement mon rythme cardiaque est rapide et en le voyant se retourner vers moi, je fond complètement en l'admirant dans son uniforme tout blanc. Il est tellement beau bon sang ! « S'il-te-plaît... » Laisse-moi t'expliquer, laisse-moi t'embrasser. Je tente de reprendre ma respiration, me perd dans son regard, dans ses yeux magnifiques. Mon coeur manque presque un battement, tout est juste irréel dans ma tête. « Ne pars pas... » C'est égoïste, j'en suis consciente, mais je veux au moins qu'il m'écoute.

Lorsque j'avais décidé de m'engager, je n'avais pas réfléchi, j'avais agis sur un coup de tête. Je ne voyais que la porte de sortie que la Navy m'offrait, rien de plus. La fuite en avant, ce n'était pas moi, pourtant aujourd'hui, ça me semblait être ma meilleure option. Bon sang, je commençais à douter de tout, je détestais ça. Me retrouver là devant ce bâtiment de combat n'était sûrement pas ma place. Pourquoi est-ce que je n'avais pas écouté Matt ? Je n'en avais aucune idée. J'étais probablement trop têtu, à n'en faire qu'à ma tête comme un oiseau blessé refusant la moindre aide même si sa vie en dépendait. Je ne savais pas ou j'allais mais je savais qu'il était nécessaire que je laisse une partie de ma vie derrière moi... En somme, que je laisse Logan ici puisque vivre près d'elle, avoir de ses nouvelles sans pour autant comprendre pourquoi nous n'étions plus ensemble n'était plus vivable. Je mourrais à petit feu et ce n'était pas la vie que je voulais mener, je ne pensais en tout cas pas le mériter. J'inspirais profondément, rangeant mon téléphone au fond de ma poche puisque d'ici quelques minutes, il n'allait plus me servir. Soudain, j'entendais mon prénom et j'avais l'impression que cette voix était dans ma tête. Pourtant, l'homme face à moi me faisait signe de me retourner, ce que je fis. Logan était là. J'avais du mal à réaliser qu'elle courrait vers moi, totalement à bout de souffle. « Logan !? Qu'est ce que tu fais là ? » Je regardais autour de nous sans comprendre ce qui se passait réellement. Une part de moi avait peur de rêver et l'autre se demandait pourquoi elle était ici... Allais-je avoir les explications que je méritais depuis des semaines ? N'était-il pas trop tard ? Elle me demandait de ne pas partir et je baissais la tête avant de la regarder dans les yeux. « Je suis désolé, je dois partir... » C'était tout ce que je savais dire parce qu'en réalité je n'avais aucun argument valable si ce n'était de quitter ma souffrance. J'étais sans doute très con de croire que ma peine n'allait pas me suivre ou que j'aille... On pouvait devenir débile lorsque on avait le cœur brisé, je le réalisais. Au fond, j'avais l'impression que personne ne cherchait vraiment à me comprendre pas même Matteo. Il avait l'avis de Lou qui brouillait sa perception des choses et rare était le moment ou il avait envisagé que rester ici allait me détruire. Je ne lui en voulais pas pour autant, il ne pouvait pas se mettre à ma place, personne ne le pouvait même si je le voulais. Je sentais mon uniforme me compresser mais c'était sûrement le stress, l'angoisse et les émotions que je ressentais en voyant mon ex petite-amie devant moi. Même après une course sans fin, elle restait magnifique, le visage un peu rosé par la chaleur... Tout ce que j'aimais chez elle, même si la vérité était que j'aimais tout.

Je sais qu’il est trop tard pour le faire changer d’idée, que même si je suis ici, il ne repartira peut-être pas avec moi et que je vais simplement devoir le laisser partir sans rien dire, mais j’étais aussi incapable de rester chez moi sans au moins tenter de le faire changer d’idée et surtout, sans lui dire aurevoir s’il décide vraiment de changer de vie totalement et de partir. Tous mes proches m’ont donné des conseils bien différents les uns des autres et je ne sais plus qui écouter. D’un côté, on me dit de suivre mon cœur, de parler à Aaron et de ne surtout pas le laisser partir, de l’autre on me conseille de respecter sa décision. Le problème dans tout ça c’est que même si je sais que ce n’est pas nécessairement bien de vouloir l’empêcher de partir, je sais aussi que je ne peux pas le faire sans lui expliquer la raison de notre rupture. Cela ne va peut-être rien changer et sans doute qu’il quittera malgré tout, mais au moins j’aurais tout tenté. Me préparant donc à une vitesse folle, j’ai pris ma voiture – j’ai sans doute dépassé les limites d’ailleurs et j’ai pu arriver bien rapidement à l’endroit de départ pour tout ceux qui décident de s’engager dans la Navy. Pensant ne pas pouvoir aller plus loin alors qu’on m’arrête subitement, je supplie presque l’homme qui m’empêche de continuer mon chemin et il m’autorise à passer. J’ignore encore ce que je vais dire à Aaron ni même ce que je vais faire, tout ce que je sais c’est que je dois le voir avant qu’il quitte pour de bon et je sais très bien que ce sera sans aucun doute le moment le plus difficile de ma vie. Je n’ai jamais eu de difficulté à m’exprimer, j’ai toujours été honnête envers lui et depuis notre rupture, j’ai ce mensonge qui pèse sur ma conscience parce que je déteste ne pas dire la vérité, mais c’est encore plus douloureux lorsque c’est fait envers la personne pour laquelle je suis amoureuse. J’aime Aaron, je crois que je ne vais jamais cesser de l’aimer et je dois être forte, je dois combattre cette peur que mon père puisse lui faire du mal. Je ne veux plus qu’il mène ma vie, je refuse qu’il décide de la nature de ma relation avec l’homme de mes rêves et surtout, je préfère même ne plus l’avoir dans ma vie s’il est pour me faire davantage de mal. Il n’acceptera jamais ce qu’Aaron signifie pour moi et je sais que si mon ex petit-ami arrive à me pardonner, il est hors de question que je le lâche après toute cette histoire. Aaron et moi on s’aime réellement et s’il ne me déteste pas trop, j’ose espérer que notre amour est encore possible. À bout de souffle, je suis devant lui, plus beau que jamais dans son uniforme blanc. Complètement déstabilisée de voir ses yeux magnifiques, je comprends par son expression faciale qu’il ne s’attendait pas du tout à me voir ici et sa question me confirme que j’ai raison. « J-Je ne pouvais pas te laisser partir sans te dire… aurevoir… » En fait, je ne suis pas ici pour des adieux, je veux simplement tout lui expliquer dans l’espoir de le retrouver même si je sais que j’aurais dû le faire bien avant et qu’il est présentement trop tard pour me faire pardonner. Va-t-il vouloir le faire de toute façon ? Je n’ai pas voulu me battre pour nous, j’ai préféré le protéger au lieu de me protéger moi, au lieu de protéger notre couple et j’ai peur de ce qu’il pourrait me dire. Ses yeux plongés dans les miens, j’ai le cœur qui bat à cent mille à l’heure. Je suis nerveuse, je ne sais plus du tout quoi faire pour rester calme, pour trouver les bons mots, ceux qu’il mérite d’entendre finalement. « Laisse-moi t’expliquer Aaron… laisse-moi au moins cette chance même si je sais que je ne la mérite pas et qu’il est probablement trop tard… » Sans hésiter une seconde, je prends sa main et la serre dans la mienne. Une façon pour moi de le retenir, mais aussi d’avoir ce contact avec lui. Ce contact qui me fait immédiatement frissonner. « J’ai fais une erreur… et si tu veux tout de même partir après mon explication… je te promets que je vais respecter ton choix… » Même si son départ va forcément me briser le cœur en mille morceaux.

J'étais face à mon avenir sans savoir si c'était vraiment mon avenir. Est-ce que je n'avais pas été trop vite dans mes réflexions ? J'aurais probablement du écouter mes proches dont Matt. Trop tard, c'était trop tard désormais. Je soufflais alors que la voix de Logan me sortait de mes réflexions. Bon sang mais qu'est ce qu'elle faisait là ? Je regardais autour de moi, croisant quelques regards au passage. Ces marins semblaient m'envier et je les comprenais... Se faire appeler par une aussi jolie jeune femme que Logan, ça devait être leur rêve. Je mordais l'intérieur de ma joue ne sachant quoi répondre le temps de quelques secondes. Me souvenir de tout ce qu'on avait vécu n'était pas facile mais ça me rappelait aussi à quel point, j'étais vivant et surtout heureux. Tout ça était un peu un vieux souvenir même si il n'y avait pas des années entre notre avant et notre maintenant. J'aurais aimé tout changer mais je n'avais pas vraiment de contrôle sur les événements et peut-être qu'elle non plus finalement. « Log'... Je suis nul pour les adieux. » Ou les au revoir mais c'était la même chose. Je ne savais pas quand j'allais revenir et si les mois paraissaient des années sur un bateau, il en était de même sur terre. D'ici que je revienne, elle aurait probablement refait sa vie, laissant mon souvenir dans une boite loin dans ses souvenirs. Cette pensée m'arrachait une partie du cœur et je devais prendre sur moi pour ne pas exploser. Je reprenais mon souffle passant ma main dans mes cheveux. Je n'avais pas imaginé une seule seconde qu'elle allait venir et je réalisais que lui dire au revoir était juste impossible. Je relevais les yeux vers elle alors qu'elle me suppliait presque de l'écouter. C'était donc ça, il fallait que je quitte tout pour qu'enfin, Logan me parle, m'avoue ce qui l'avait poussé à mettre un terme à notre histoire. Je prenais son bras, doucement et l'emmenais à quelques mètres, à l'écart des autres et des potentielles oreilles indiscrètes. « Je crois qu'il n'est jamais trop tard. » Du moins, c'était ce que je pensais sur le moment, peut-être pas ce que j'aurais pensé quelques jours plus tôt. Peu importait. Sa main dans la mienne, je sentais un frisson me parcourir. L'effet était toujours le même tout comme mes sentiments. « On part dans 10 minutes mais je t'écoute. » J'aurais pu tourner les talons mais je savais, d'ors et déjà, que je l'aurais regretté pour le reste de ma vie. Mon ex petite-amie avait le droit de s'expliquer et je lui avais explicitement dit par message, que j'étais prêt à l'écouter. J'étais un homme de parole, je n'allais pas fuir maintenant. Gardant sa main dans la mienne, je sentais mon cœur battre la chamade comme si mes dernières étaient comptées. Cet effet n'était du qu'à Logan, sa beauté, sa voix, son regard, son intelligence au delà de tout. Elle me rendait vivant, tout bonnement vivant comme je ne l'avais jamais été.

Qu'est-ce que je fais ici ? Pourquoi est-ce que je n'ai pas été suffisamment forte pour lui parler avant d'en arriver là ? C'est comme un cri du désespoir, une dernière chance avant qu'il ne quitte réellement pour possiblement, ne plus jamais revenir. J'ignore combien de temps il peut être là-bas, combien de temps avant qu'il ne retrouve sa place à Los Angeles parce qu'à mes yeux, sa maison sera toujours ici, son coeur, l'être exceptionnel qu'il es sera toujours là, dans mes pensées, dans tout mon être, me consumant l'âme comme personne ne l'a jamais fait avant. C'est difficile d'être devant lui, de ne pas pouvoir lui sauter dans les bras, l'embrasser passionnément comme j'avais l'habitude de faire, ne pas le toucher, frôler sa peau, me caler dans ses bras, être juste bien. J'étais heureuse avec lui. Heureuse comme la petite-amie du plus beau mécanicien au monde, du meilleur futur pilote, de l'homme avec le plus grand coeur que je connaisse. Il me fait revivre Aaron, il me donne l'impression que je vaut la peine et je l'aime, je ne vais jamais cesser de l'aimer. « Je n'ai pas parlé d'adieux Aaron... je ne pourrais jamais te dire adieu... » C'est dit dans un doux murmure alors que mes yeux s'embrument et que je vois tous les autres hommes passer à nos côtés, incapable de ne pas regarder cette scène ou de me regarder moi, je l'ignore et de toute façon, ça m'importe peu. Le seul homme qui est important pour moi c'est lui. C'est ce regard charmeur, ce sourire qui me rend faible, ce sentiment de bonheur absolu qui m'envahit lorsqu'il est près de moi et ce, même si notre situation n'est pas la meilleure au monde en ce moment. Je le vois hésiter alors que je lui demande seulement d'avoir la possibilité de m'expliquer. Chose que j'aurais dû faire depuis bien longtemps j'en suis consciente. Parce que j'aurais dû me battre pour lui, avec lui. Me prenant à l'écart, il me dit qu'il n'est jamais trop tard, m'affirmant donc qu'il est prêt à m'écouter tout en me disant aussi qu'il lui reste dix minutes - ou plutôt, qu'il me reste dix minutes. « Si j'ai rompu avec toi c'est parce que... » Je prends une grande respiration, nerveuse comme pas possible, ma voix tremble et j'hésite, je n'arrive pas à trouver les bons mots. « ... je voulais te protéger, je ne voulais pas qu'il t'arrive quoique ce soit et si je ne l'avais pas fait tu aurais pu... j'aurais pu te perdre réellement. » Il aurait pu mourir et je sais que mon père en aurait été capable. Qu'il serait encore capable de le faire s'il apprend que je suis ici en fait... « J'étais terrifiée à l'idée qu'il puisse te faire du mal... mon... père. » Une larme coule le long de ma joue, ma voix déraille et j'ai de la difficulté à faire des phrases qui font du sens sans me perdre totalement dans les émotions. « J'ai jamais voulu te laisser tomber, j'ai jamais arrêté de t'aimer Aaron... t'es l'homme de ma vie, t'es ma vie, t'es l'autre moitié de mon coeur... » Je souffle, pleure un peu plus parce que les émotions sont trop fortes pour que je reste. « Je t'aime tellement que j'ai sacrifié mon bonheur... le nôtre pour ta sécurité et je sais que ça n'excuse rien, t'as le droit d'être en colère, t'as le droit de m'en vouloir, mais la seule chose que je regrette dans tout ça, c'est d'avoir perdu l'homme de ma vie, d'avoir trahi ta confiance, pas de t'avoir protégé.. jamais. » Même si je sais que j'aurais pu me battre avec lui pour éviter tout ça, mais je n'y ai pas vraiment réfléchi, pas du tout même. « Je suis désolé Aaron... »

C'était dingue de voir qu'il avait fallu que je m'engage dans la Navy pour que Logan revienne vers moi, enfin prête à me parler. Sa sœur m'avait presque fait une leçon de moral, il y avait quelques semaines et je devais avouer que je l'avais assez mal pris. Loryana se permettait des choses qui ne la concernait pas et avant de me dire comment agir, elle aurait du parler à Logan, clairement. Malgré ça, je n'avais pas de rancœurs envers mon ex petite-amie, elle n'était en rien responsable des agissements d'autrui même si elles étaient liées par le sang et la génétique. En réalité, j'avais commencé à croire que quelqu'un manipulait la jolie blonde depuis un moment et sans réellement en savoir plus, j'avais compris par le biais de Matt que je ne me trompais peut-être pas. Est-ce que j'allais vraiment monter sur ce bateau ? Est-ce que je n'attendais tout simplement pas qu'elle me retienne ? Possiblement. Je la regardais et détournais le regard quelques secondes. Je ne pouvais pas non plus lui dire adieu, c'était impossible. « Qu'est ce que c'est alors ? » Tout ça, sa venue, ses paroles... j'allais avoir la réponse en tout cas c'était un peu ce qu'elle me promettait. Je me devais de l'écouter et si je faisais face devant tout le monde, au fond, j'allais boire ses paroles en espérant entendre ce dont je rêvais depuis notre rupture. Non, je n'avais pas envie de passer à autre chose, non, je n'avais pas envie d'aimer qui que ce soit d'autre sur cette putain de planète. C'était peut-être stupide mais c'était ma décision, ma vie et je ne laissais personne juger pour moi. Une fois à l'écart, je prenais une inspiration comme pour attendre le couperet qui allait tomber d'ici peu... Je fermais les yeux avant de les rouvrir pour ne plus quitter son regard. Elle était émue et elle devait probablement utiliser toutes ses ressources pour m'avouer ce qu'elle gardait depuis des mois. « Me perdre réellement ? » répétais-je sans pour autant vouloir la couper dans ses explications. Soudain, je réalisais que tout ça n'était que la machination de son père, cet homme infâme. Je serrais les dents passant mon pouce sur sa joue pour essuyer ses larmes. Je refusais de la voir dans cet état et je me foutais royalement de la distance qui aurait du être entre nous. « Pourquoi tu ne m'as rien dit ? » demandais-je presque bêtement. Si sa révélation était douloureuse, savoir que ses sentiments n'avaient jamais changé à mon égard me faisait un bien fou. Elle n'était que la victime de son paternel et de ses rêves de je ne savais trop quoi. « Je... Je suis choqué mais je ne t'en veux pas. » Comment pourrais-je de toute façon ? Je la prenais contre moi, avec le sentiment que je ne pouvais plus parler, en fait, je n'avais pas les mots si ce n'était des insultes envers son père. Ce n'était pas le moment pour ça, il fallait que je réalise tout ce qu'elle avait fait pour moi et accessoirement pour nous. « C'est un malade. » dis-je doucement avant de la regarder à nouveau. « Je suis désolé que tu aies eu à vivre ça. » chuchotais-je abasourdi par tout ce qui me tombait dessus.

Il me posait une question à laquelle je n'avais absolument aucune réponse. Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier si ce n'était pas des adieux ? Je l'ignore, mais je sais qu'il m'est impossible de parler d'adieux avec Aaron ou même d'y penser. « Je ne sais pas... le temps de te dire la vérité... ? » Je n'ai jamais voulu mettre fin à tout ça, à notre relation, à tout ce qu'il signifie pour moi alors pourquoi est-ce que je voudrais plus lui dire adieu ? Je n'en ai pas la moindre envie et je suis persuadée que lui non plus. Il tente d'éviter mon regard tout comme j'essaie de le faire parce que je sais très bien que si je me perds dans ses yeux, je vais avoir envie de l'embrasser, d'oublier tout ce que j'ai à lui dire alors que je sais très bien qu'il est temps de lui dire la vérité, de finalement lui faire comprendre que si je n'ai pas rompu avec lui, ce n'est pas parce que je ne l'aime plus, au contraire, c'est justement parce que je l'aime trop. C'est sans doute incompréhensible et la plupart de mes proches me disent tous depuis le début que je dois être honnête avec lui. Je sais que j'aurais dû l'être, mais je sais aussi exactement ce que mon père aurait pu faire et que tout ça aurait pu être fatal pour Aaron. J'aimais bien mieux savoir qu'il était encore en vie plutôt qu'il lui arrive quelque chose parce que j'ai été trop égoïste. Les yeux embrumés par mes larmes, je tente du mieux que je peux de lui expliquer tout ce qui me ronge depuis des mois, depuis que j'ai décidé de mettre fin à notre relation pour son bien à lui même si je suis aussi consciente que s'il est ici en ce moment, c'est parce qu'il était réellement prêt à partir, à tout quitter parce qu'il souffre de cette rupture, il souffre à cause de moi. Je vois bien l'incompréhension dans son regard et pourtant je continue ;a parler puisque je sais que si je m'arrête, je vais encore me défiler. » Parce que si je te disais quoique ce soit... il y avait plus de chance qu'il le découvre et ça aurait été risqué pour toi... » Je soupire, souffle un bon coup tout en tentant de faire disparaître les larmes qui coulent sur mes joues. « Je te connais suffisamment pour savoir que tu aurais voulu te battre... et je sais que j'aurais dû t'en parler, mais j'aurais jamais pu survivre s'il t'avait fait du mal... » Et je sais qu'il va m'en vouloir, il aurait tous les droits de le faire, mais je devais faire le bon choix pour sa sécurité, c'est tout ce qui m'importait et c'est encore le cas maintenant. Aaron m'assure qu'il ne m'en veut pas tout en me prenant dans ses bras. Pendant une fraction de secondes, j'ai l'impression d'arrêter de respirer, mais cette étreinte me fait un bien fou, c'est tout ce dont j'avais besoin en fait. Passant mes bras autour de lui, je cale ma tête contre son torse et me sens juste bien pendant un moment, comme s'il n'y avait que lui et moi. « Je suis désolé de t'avoir fait vivre ça... de te faire souffrir depuis notre rupture... tu ne méritais pas ça... » Soufflais-je en relevant ma tête vers lui, tentant de contrôler mes larmes, mais sans succès. « Et désolé que mon père soit un taré... » Même si ça... c'est hors de mon contrôle. « Mais ça n'a jamais voulu dire que j'ai arrêté de t'aimer... je ne pourrais jamais le faire. »

Logan voulait m'expliquer. M'expliquer quoi ? Je ne savais pas trop, peut-être la raison de tout ça. C'était fou de voir comment les choses avaient tourné. On était passés d'un petit couple heureux à plus rien et sans même que je ne vois le mur venir. Je me l'étais pris en pleine tête tout comme les coups des sbires de son père... J'aurais largement pu tout encaisser pour elle et si je ne m'étais pas vengé de lui, c'était simplement pour ne pas la faire souffrir. A quoi bon me battre avec lui ? Tomber dans la violence, à ce moment précis, n'aurait été que donner de l'eau à son moulin de haine. C'était difficile mais je m'étais fait une raison, du moins jusque là. Ce que j'allais entendre allait me faire vriller à coup sur mais je prenais sur moi, inspirant comme pour me donner la force de ne pas hurler de colère. « La vérité... » répétais-je en lui donnant la possibilité de tout me dire. Je ne savais pas quand est-ce que je devais partir mais c'était sûrement imminent. L'effort était incommensurable pour Logan et je le voyais à ses yeux embués de larmes. Allait-elle réussir à parler, à mettre en ordre ses idées et sentiments ? Je l'espérais. « Plus risqué que me faire tabasser ? Je m'en suis remis, ton père est un taré mais j'ai tenu bon. » dis-je pour me défendre. J'avais agi de la meilleure des façons, du moins c'était ma vision des choses. J'avais pris sur moi comme jamais mais à entendre ce qu'elle me confiait, je savais que mes nerfs allaient lâcher. Cet enfoiré avait tout prévu pour nous séparer, avant même que je ne pose un pied chez lui pour déjeuner. Il était manipulateur, digne des pires films de mafia italienne. Je mordais ma joue intérieure et secouais la tête en passant une main dans mes cheveux. Je devais prendre sur moi encore un peu au moins pour elle. Je l'avais pris dans mes bras ne supportant pas de la voir aussi mal... Je l'aimais plus qu'il ne l'aimait ou en tout cas, je l'aimais d'une meilleure façon. « Tu as cru que c'était le mieux à faire... » dis-je alors qu'à sa place, qu'aurais-je fait ? Je n'en avais aucune idée. Je ne pouvais pas la juger, après tout, elle n'avait que tenter de me sauver des griffes de son père. « Ce n'est pas ta faute mais il faut vraiment que tu t'éloignes de lui, il va te nuire comme il nuit à toutes les personnes qui l'entoure. » Et j'étais plus que sérieux, il était impensable qu'elle continue à le laisser dicter sa loi sur elle ou sur sa famille. « Moi non plus... et tout ça, mon départ... c'était juste pour oublier mais pas sur que ce soit la solution. » Surtout maintenant, je regardais derrière moi et je faisais signe au matelot que je ne montais pas, d'un geste de main. Il était hors de question que je m'engage et que je laisse Logan ici, seule et vulnérable. Je reprenais mes esprits, je n'avais rien à faire sur un bateau de guerre et encore moins dans la Navy... Mon avenir était ailleurs à Los Angeles et si j'en avais douté, ce n'était plus le cas aujourd'hui. « Je crois qu'on a encore trop de choses à se dire pour que je parte... » J'esquissais un léger sourire laissant place à interprétation même si c'était sans doute plutôt clair. Je voulais qu'on se retrouve.

Aaron souhaite la vérité depuis tellement longtemps et je n'arrive pas à lui dire parce que j'ai peur de ce qui pourrait lui arriver. C'est vrai que c'était peut-être égoïste de ma part de ne rien lui dire, mais au fond, c'était aussi en priorité pour son bien à lui parce que je l'aime de tout mon coeur et que tout ce que je veux c'est qu'il puisse vivre sa vie comme il le veut. C'est un peu pour cette raison que j'ai aussi hésité à lui parler en apprenant son départ puisque je sais pertinemment que le désir de s'engager dans la Navy est sans doute réel et je ne veux pas l'empêcher de réaliser ses rêves par ma faute. Pourtant, ce n'était pas non plus envisageable de le laisser partir sans au moins lui dire la vérité et surtout, sans lui faire mes adieux. C'est une chose impossible à imaginer pour moi puisque je sais que je ne peux pas laisser Aaron quitter Los Angeles pour toujours, mais si c'est ce qu'il souhaite, il est hors de question que je l'empêche de le faire parce que je l'aime justement. « Il ne parlait pas seulement de te tabasser à nouveau... il parlait de pire Aaron... je pouvais pas prendre ce risque-là. » Oui parce que je sais très bien que quelques coups, il aurait pu les encaisser et ce, même si moi je me suis énormément inquiété de ses blessures la dernière fois. Les émotions à fleur de peau, je tente du mieux que je peux de lui faire comprendre ce que mon père a fait et malgré ma volonté de ne pas pleurer, je me laisse un peu trop emporter dans mon discours, tentant du mieux que je peux de lui expliquer absolument tout ce qui est arrivé. « Je sais que tu ferais tout toi aussi pour me protéger alors j'imagine que tu... peux comprendre ? » Dis-je doucement, souhaitant surtout que ce soit toujours la cas et qu'il aurait fait la même chose pour moi, c'est-à-dire ; absolument tout. « Je ne veux plus le voir, je ne veux plus entendre parler de lui et surtout, je ne veux pas le laisser contrôler ma vie... mon avenir... c'est toi Aaron et personne ne pourra se mettre entre nous si tu... le veux bien toi aussi... » J'ignore ce que tout ça veut dire puisque je ne sais même pas s'il m'aime encore, mais je veux au moins tenter de recoller les morceaux que j'ai moi-même cassé entre nous et je veux surtout lui prouver que je l'aime plus que n'importe qui. « Tu sais que si c'est vraiment ce que tu veux... je ne veux pas me mettre entre ton rêve et toi, mais... je ne veux pas non plus que tu te sauves de toute ta vie à cause de moi... » Tête baissée, j'ose à peine le regarder, mais je vois tout de même qu'il fait signe à un autre homme qu'il n'embarquera pas sur le bateau. Osant finalement relever mes yeux vers lui, je souris timidement en l'entendant, comme une gamine, comme la Logan de notre "première rencontre". « Je crois aussi qu'on a beaucoup de choses à se dire et... » Je m'approche tranquillement et surtout très timidement de lui pour murmurer : « T'es sexy en uniforme... » Sourire aux lèvres, je ne lâche pas ses yeux du regard, comme hypnotisé par les siens.